Bonjour, bonsoir à toutes celles et ceux qui nous écoutent. Aujourd’hui, je suis en compagnie de Raphaëlle Bodig, avec qui nous allons parler de livres féministes dans ce podcast.
Avant de lui laisser la parole, je souhaite rendre un hommage particulier à Julie Marangé, présidente de Feminist in the City. C’est grâce à sa formation Powerful Feminist Training que j’ai eu l’occasion de rencontrer mon invitée du jour.
Raphaëlle, je te laisse te présenter dans cet épisode des livres féministes comme tu le souhaites.
Bonjour, je m’appelle Raphaëlle, j’ai 34 ans. Pour me présenter, il me semble essentiel de me situer dans mon contexte social. Je suis une femme cisgenre, blanche, hétérosexuelle et issue d’un milieu relativement aisé. Il me paraît important de préciser ces éléments, car ils influencent ma manière de percevoir le monde et d’y évoluer.
Mon identité ne se résume pas uniquement à mon activité professionnelle. Ce qui me définit le mieux, c’est mon engagement associatif. Je fais partie d’une association féministe qui s’appelle Dis bonjour sale pute – nous aurons peut-être l’occasion d’en parler. C’est à travers mes engagements militants que je me reconnais et que je me positionne dans le monde.
J’apprécie particulièrement ta manière de te présenter, car elle met en lumière un point essentiel. Lorsqu’on pose la question « Que fais-tu dans la vie ? », cela peut être déstabilisant pour certaines personnes. Tout le monde n’exerce pas un métier épanouissant ou n’a pas d’activité professionnelle à un moment donné de sa vie. Pourtant, notre valeur ne devrait pas être déterminée par notre travail. Ce qui importe, c’est notre engagement, nos actions, et ce que nous apportons à la société.
Qu’est-ce que des livres féministes ?
Pour débuter cet échange, j’aimerais que tu nous expliques ce qu’est la lecture de livres féministes et que tu précises quel type de lectrice tu es.
C’est une question vaste ! Pour y répondre, il me semble essentiel de définir d’abord ce qu’est le féminisme. Ma compréhension du féminisme a évolué au fil de mes lectures de livres féministes, de mes engagements et de mes rencontres.
À la définition la plus basique, le féminisme est un mouvement qui vise l’égalité entre les genres. Toutefois, cette approche binaire reste limitée. Pour moi, le féminisme est une vision du monde qui aspire à ce que chacun puisse vivre dignement et librement. Il inclut bien sûr l’égalité des genres, mais aussi d’autres luttes interconnectées comme l’antiracisme, l’antivalidisme et la justice sociale.
Une lecture féministe ne se limite donc pas aux ouvrages qui traitent explicitement du féminisme. Elle peut concerner des essais historiques, politiques ou sociétaux, dès lors qu’ils permettent une remise en question des normes établies. Personnellement, je lis beaucoup d’essais écrits par des autrices féministes qui traitent de thématiques variées :
- Les violences faites aux femmes,
- L’histoire des grandes figures féministes,
- Les dynamiques de pouvoir et d’oppression.
Je pense qu’une lecture féministe ne consiste pas seulement à lire des ouvrages engagés. C’est aussi adopter une grille de lecture critique sur le monde et prendre en compte des perspectives marginalisées.
Je trouve ta définition extrêmement enrichissante et elle résonne totalement avec ma propre vision du féminisme, qui est un féminisme intersectionnel. Ce que j’entends à travers tes propos, c’est qu’il est essentiel de sortir de sa zone de confort et de se confronter à des problématiques qui ne nous concernent pas directement.
Par exemple, étant toutes les deux des femmes blanches, nous ne connaissons pas l’expérience de la discrimination raciale vécue par une femme noire ou une femme asiatique. Lire des livres féministes issus de ces perspectives permet d’acquérir une meilleure compréhension des réalités vécues par d’autres et, à terme, d’être en mesure d’agir face aux injustices.
Depuis quand lis-tu des livres féministes et qu’est-ce que cela t’apporte ?
Avant que tu nous présentes tes livres féministes préférés, peux-tu nous dire depuis combien de temps tu en lis et ce que cela t’a apporté ?
Je dirais que cela fait environ quatre à cinq ans que je lis des livres féministes. Je suis quelqu’un de très méthodique, presque scolaire, dans ma manière d’aborder mes lectures. J’aime prendre des notes et je préfère écrire à la main, car cela me permet de mieux mémoriser les informations.
Lorsque j’ai commencé à m’intéresser aux livres féministes, j’ai eu une approche très académique : j’ai voulu lire les classiques fondateurs en premier. Ce que, avec le recul, je ne recommande pas nécessairement. Ces ouvrages ont été écrits dans des contextes historiques très différents, et la pensée féministe a énormément évolué depuis.
J’ai par exemple commencé par Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. C’est une lecture essentielle, mais elle peut être difficile d’accès en raison de son style d’écriture et du contexte dans lequel elle a été rédigée. Aujourd’hui, je privilégie davantage des essais contemporains, écrits par des autrices qui prennent en compte les enjeux actuels du féminisme intersectionnel.
Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir
Le premier livre féministe que j’ai lu était un incontournable. Par la suite, j’ai progressivement diversifié mes livres féministes. Ce qui est intéressant avec ce type d’ouvrages, c’est qu’ils contiennent souvent des notes de bas de page qui recommandent d’autres livres féministes, des documentaires, des podcasts… Cela permet d’élargir son horizon et d’approfondir certains sujets.
Aujourd’hui, ce qui me donne envie de lire un livre peut venir de sources très variées : une discussion, un post sur les réseaux sociaux ou encore une référence trouvée dans une lecture en cours.
Lorsque l’on pense aux livres féministes, on imagine souvent les ouvrages des pionnières du mouvement, comme Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. Pourtant, ces livres peuvent être difficiles d’accès. À l’époque où ils ont été écrits, leurs autrices devaient adopter une approche scientifique et rigoureuse pour être prises au sérieux dans un monde qui les ignorait.
Aujourd’hui, le féminisme s’est démocratisé et il existe des livres bien plus accessibles, écrits dans une démarche pédagogique et engagée. Cela permet à un plus grand nombre de personnes de s’approprier ces réflexions et d’y trouver du sens.
L’un des chapitres les plus marquants de Le Deuxième Sexe est consacré à la biologie. Ce passage, écrit en 1949, semble aujourd’hui illisible tant il est technique et daté. Pourtant, à l’époque, de nombreuses jeunes femmes ont découvert ce livre à 16 ans et cela a été une révélation pour elles.
Aujourd’hui, un texte aussi complexe ne serait plus adapté aux nouvelles générations. De plus, il est important de replacer Simone de Beauvoir dans son contexte social : elle était blanche, aisée et issue d’un milieu intellectuel privilégié. Son féminisme était marqué par son époque et ses propres angles morts.
C’est pourquoi je ne recommanderais pas nécessairement de commencer par ce livre. Comme beaucoup, on risque d’abandonner en cours de route, ce qui serait dommage lorsque l’on cherche à découvrir des livres féministes plus accessibles et plus représentatifs de la diversité actuelle.
Ce livre est souvent cité pour sa phrase emblématique :
« On ne naît pas femme, on le devient. »
Cette citation, bien que célèbre, est en réalité plus longue et plus nuancée que ce que l’on retient généralement. Son message principal est de montrer que la féminité est une construction sociale.
La pensée straight de Monique Wittig
À partir de cette réflexion, certaines penseuses féministes ont poussé l’analyse encore plus loin. Monique Wittig, militante féministe lesbienne des années 1960-1970, a notamment repris cette idée pour affirmer que les lesbiennes ne sont pas des femmes.
Cette phrase peut paraître choc, mais elle repose sur une analyse critique du rôle social attribué aux femmes. Selon Monique Wittig, être une femme dans notre société signifie assumer des fonctions spécifiques :
- Entretenir une relation hétérosexuelle,
- S’occuper du bien-être d’un homme,
- Avoir des enfants,
- Gérer le foyer,
- Soutenir la carrière d’un homme.
Les lesbiennes, ne correspondant pas à ces attentes, échappent à cette définition normative de la féminité. Cette analyse propose donc une vision du féminisme différente de celle de Simone de Beauvoir et montre à quel point la pensée féministe a évolué au fil des décennies.
Ce qui est fascinant avec les livres féministes, c’est leur capacité à nous amener à explorer d’autres perspectives. On peut commencer par un livre, puis être guidé vers d’autres autrices qui apportent des angles de vue variés et complémentaires.
Par exemple, la pensée de Monique Wittig est bien différente de celle de Simone de Beauvoir, mais ces deux figures ont contribué à questionner et déconstruire des normes profondément ancrées.
Lire ces ouvrages permet d’enrichir sa réflexion, de comprendre des réalités différentes et de mieux saisir les enjeux féministes actuels.
Développer un esprit critique nécessite de replacer les idées dans leur contexte historique et social. Ce qui est fascinant dans les écrits de Monique Wittig, c’est qu’elle reprend des concepts féministes bien établis pour les pousser encore plus loin. Cette évolution du féminisme permet d’élargir la réflexion et d’explorer d’autres perspectives.
L’un de ses livres féministes majeurs, La Pensée straight, rassemble plusieurs textes essentiels, dont la célèbre phrase « Les lesbiennes ne sont pas des femmes ». Ce livre propose une analyse profonde et radicale des rapports de pouvoir et des oppressions, en établissant des liens entre féminisme et lutte des classes. Toutefois, son style et sa complexité peuvent le rendre difficile d’accès. Bien qu’il soit moins connu que Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, il apporte une perspective précieuse et stimulante à celles et ceux qui souhaitent aller plus loin dans leur réflexion.
Quels livres féministes lire pour commencer ?
Quand on commence à s’intéresser au féminisme, il peut être difficile de savoir par où commencer. Certains ouvrages sont très théoriques et peuvent décourager les nouvelles lectrices et lecteurs. Heureusement, il existe aujourd’hui de nombreux livres féministes plus accessibles, qui permettent d’aborder ces sujets avec une approche progressive et pédagogique.
J’ai mis de côté trois livres que je considère comme d’excellents points de départ pour toute personne souhaitant découvrir le féminisme sans être spécialiste du sujet.
En finir avec les violences sexistes et sexuelles – Caroline De Haas et Nous Toutes
Ce livre est un manuel d’action, conçu pour fournir des informations concrètes sur les violences faites aux femmes. Il comprend des statistiques, des conseils pratiques et des recommandations sur la manière de réagir lorsqu’une personne confie avoir été victime de violences. Accessible et essentiel, c’est un livre à mettre entre toutes les mains.
Sans patriarcat – Mathilde Morrigan
L’autrice, qui tient le compte Instagram Without Patriarchy, propose une approche accessible et illustrée du féminisme. Chaque chapitre s’articule autour d’une phrase clé : « Sans patriarcat, les choses seraient différentes ». C’est un ouvrage facile à lire, qui permet de prendre conscience des oppressions systémiques et d’explorer la réalité d’être une femme dans notre société.
Dis bonjour sale pute – Emanuela Todorova
Ce livre, écrit par la fondatrice de l’association du même nom, se concentre sur le harcèlement de rue. Il est conçu de manière à pouvoir être lu par petits morceaux, avec des doubles pages indépendantes contenant des chiffres, des illustrations et des références culturelles. Ce format le rend particulièrement adapté aux jeunes lecteurs et lectrices, notamment les adolescent·es qui découvrent le féminisme.
Ces trois livres féministes sont des introductions idéales aux problématiques sexistes et patriarcales. Ils ne traitent pas encore en profondeur des autres formes d’oppressions comme le racisme ou l’antivalidisme, mais ils constituent une première approche essentielle pour comprendre pourquoi les féministes sont en colère et comment agir concrètement.
Livres pour agir contre les violences sexistes et sexuelles
Les livres féministes accessibles permettent de mieux comprendre des mécanismes complexes, notamment en ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles. Par exemple, un cliché très répandu sur les violences conjugales consiste à se demander « Pourquoi ne part-elle pas ? ». Ce genre d’affirmation simpliste masque la réalité des dynamiques d’emprise, des contraintes économiques, du danger encouru en cas de départ, et du manque de soutien pour les victimes.
Avoir accès à des ouvrages pédagogiques aide à mieux saisir ces réalités et à donner des clés de compréhension aux personnes qui ne vivent pas ces situations directement.
Un autre sujet abordé dans certains livres féministes est celui du harcèlement de rue. Il existe aujourd’hui plusieurs méthodes pour aider celles et ceux qui en sont témoins à intervenir sans se mettre en danger.
Un bon exemple est la formation sur les 5D (Distraire, Déléguer, Documenter, Diriger, Dialoguer), qui permet de réagir face à une situation de harcèlement. Cette initiative, développée en collaboration avec la Fondation des Femmes, propose des ressources accessibles en ligne et des formations animées par des militantes féministes à travers la France. Ces outils sont mentionnés dans plusieurs ouvrages, notamment dans ceux cités précédemment, et permettent d’apporter une dimension pratique aux réflexions féministes.
L’un des aspects intéressants des livres féministes, comme En finir avec les violences sexistes et sexuelles ou Dis bonjour sale pute, est qu’ils ne se contentent pas d’exposer les problèmes. Ils proposent également des solutions concrètes, avec des conseils sur la manière de réagir lorsque quelqu’un nous confie être victime de violences.
Ces ouvrages incluent souvent :
- Les numéros d’urgence et contacts d’associations,
- Des recommandations sur quoi dire et comment réagir,
- Des pistes d’action pour soutenir les victimes et agir collectivement.
Souvent, lorsqu’on prend conscience de l’ampleur des injustices sexistes, on se sent démuni. On se demande « Que faire ? ». Ces livres permettent de répondre à cette question en donnant des moyens d’agir, à la fois individuellement et collectivement.
L’action collective est essentielle pour faire avancer les luttes féministes. Si les livres féministes permettent de sensibiliser, il est tout aussi important de passer à l’action. Un bon exemple est celui des fresques féministes, comme la fresque du sexisme ou la fresque de l’équité, qui proposent des pistes d’action concrètes à mettre en place dans la vie quotidienne.
Ces initiatives montrent que chaque action compte et que c’est ensemble que l’on peut faire bouger les choses. Participer à des fresques, des formations ou des événements engagés permet de transformer la prise de conscience en action, et ainsi de contribuer à des changements réels.
L’art et l’engagement féministe
L’art est un excellent moyen de sensibiliser et de mobiliser autour des enjeux féministes. Par exemple, certaines associations organisent des festivals engagés mêlant tables rondes et créations artistiques collectives.
Lors d’un événement, une œuvre collective a été réalisée à partir de témoignages anonymes. Les participant·es étaient invité·es à écrire un mot, une idée ou un témoignage sur un papier, qui était ensuite suspendu au milieu des autres. Ce type d’initiative permet de libérer la parole, de partager des expériences, mais aussi de proposer des idées d’action.
Si l’engagement individuel a un impact, il prend toute sa puissance lorsqu’il est collectif. Participer à des événements engagés, des actions de sensibilisation ou des initiatives artistiques permet de ressentir la force du collectif et de se sentir moins isolé dans ses convictions.
Les réseaux sociaux peuvent donner l’illusion d’une bulle féministe, mais rien ne remplace le lien humain et la mobilisation sur le terrain. C’est en se reconnectant aux autres que l’on construit des mouvements forts et solidaires.
L’importance du collectif dans l’engagement féministe
Les réseaux sociaux sont un outil formidable pour diffuser des idées féministes, mais ils ont aussi leurs limites. Derrière les écrans, les militant·es peuvent parfois être déshumanisé·es, recevant des vagues de haine et de harcèlement. Ce phénomène rend essentiel le retour au collectif, à la solidarité réelle, hors des écrans.
Créer du lien humain est un levier puissant pour se sentir soutenu·e, mais aussi pour agir de manière plus efficace. L’engagement associatif est une façon de sortir de la solitude de l’activisme digital pour transformer ses convictions en actions concrètes.
S’engager dans une association féministe est une démarche qui demande du temps et de l’énergie, surtout lorsque l’on traite de sujets lourds comme les violences sexistes et sexuelles. Ces thèmes peuvent être éprouvants, mais agir en collectif permet de voir les résultats concrets des actions menées.
Le sentiment d’appartenance à une communauté militante est également enrichissant :
- Il permet de rencontrer des personnes partageant des valeurs communes.
- Il offre l’opportunité d’apprendre de nouvelles perspectives et de grandir ensemble.
- Il donne de la force pour continuer à se battre sans s’épuiser seul·e.
Les livres féministes jouent aussi un rôle essentiel dans cet engagement. En plus de nourrir la réflexion, ils donnent souvent envie d’agir. Lire permet de remettre en question sa vision du monde, d’identifier des biais et de comprendre les mécanismes d’oppression à l’œuvre dans la société.
La lecture ne se limite pas à une réflexion individuelle. Elle peut être un déclencheur d’action, un point de départ vers un engagement concret.
En bon père de famille de Rose Lamy
Au moment de cet échange, l’affaire du procès des viols de Mazan fait l’actualité. Ce scandale met en lumière des violences extrêmes : pendant plusieurs années, un homme a drogué sa femme et proposé à des inconnus de la violer. Plus d’une cinquantaine d’hommes ont été identifiés, et beaucoup d’autres restent anonymes.
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est que les accusés sont des « messieurs tout le monde ». On retrouve toutes les catégories socio-professionnelles, tous les âges et toutes les origines sociales. Cela déconstruit le mythe du monstre isolé : les violences sexistes et sexuelles ne sont pas l’œuvre de criminels exceptionnels, mais d’hommes ordinaires, souvent perçus comme respectables dans leur entourage.
Dans ce contexte, le livre En bon père de famille de Rose Lamy est une lecture essentielle. L’autrice, qui tient le compte Instagram « Préparez-vous pour la bagarre », y analyse comment la société excuse et banalise les violences faites aux femmes.
Elle explique comment nous avons tendance à catégoriser les agresseurs en « monstres », créant ainsi une distance confortable avec la réalité. En réalité, les violences sont le fait d’hommes ordinaires : des pères de famille, des collègues, des voisins.
Ce livre est particulièrement percutant parce qu’il :
- Déconstruit l’image du violeur comme un inconnu dans une ruelle sombre,
- Met en lumière la violence des hommes dits « respectables »,
- Explique comment le système judiciaire et médiatique minimise ces crimes.
En bon père de famille est un ouvrage qui se lit rapidement et qui permet d’avoir une vision plus juste des violences sexistes. Il apporte une analyse précieuse sur le poids des normes patriarcales, et met en lumière des mécanismes de domination insidieux.
Cette affaire a eu un impact international, bien au-delà de la France, car elle est représentative des violences systémiques que subissent les femmes dans le monde entier. À travers ce livre, Rose Lamy rappelle une chose essentielle : ces violences ne sont pas une exception, elles sont tristement banalisées.
Le procès des viols de Mazan met en lumière une réalité glaçante : au lieu de protéger les victimes, le système judiciaire et médiatique tend souvent à les remettre en cause. Gisèle Pellicot, la victime de cette affaire, subit des questions injustes et déplacées, alors qu’il ne fait aucun doute qu’elle n’était pas consentante.
Ce type de procès révèle à quel point la culture du viol est ancrée dans la société. L’existence même d’un débat autour du consentement d’une femme qui dormait illustre le dénigrement systématique de la parole des victimes.
Un parallèle intéressant est fait avec une vidéo expliquant le consentement à travers la métaphore du thé. Cette approche permet de mieux comprendre à quel point le consentement est une notion claire, qui ne devrait pas prêter à débat. Pourtant, lorsqu’il s’agit des violences sexuelles, cette évidence semble disparaître.
L’un des aspects les plus troublants de cette affaire est que l’agresseur principal était un homme « ordinaire », perçu comme sympathique dans son entourage. Ce constat est fondamental, car il rappelle que les violences sexuelles ne sont pas l’œuvre de monstres isolés, mais bien d’hommes banals, intégrés à la société.
Un fait encore plus inquiétant est que l’annonce postée sur internet pour recruter des violeurs a été vue par des centaines de personnes, et pourtant, personne ne l’a dénoncée. Certains ont simplement trouvé cela « malsain » sans pour autant prendre de mesures.
Ce constat rejoint l’analyse de Rose Lamy dans son livre En bon père de famille, où elle explique comment la société tend à minimiser les violences en les attribuant à des individus marginaux. En réalité, ces violences sont structurelles, elles sont le fait d’hommes intégrés et respectés, et elles sont tolérées par l’inaction collective.
L’impact des procès médiatisés sur l’opinion publique
Les féministes ne découvrent rien avec cette affaire. Cela fait des années qu’elles alertent sur le fait que :
- Les violences conjugales et sexuelles ont majoritairement lieu dans la sphère privée,
- Les agresseurs sont souvent des hommes ordinaires,
- L’impunité de ces crimes repose sur l’inaction et la complaisance du système.
Cependant, ce type de procès médiatisé joue un rôle essentiel dans la prise de conscience du grand public. Comme pour l’avortement, dont le droit a évolué après des procès emblématiques, ce genre d’affaire peut contribuer à changer l’opinion publique et à faire avancer la lutte contre les violences sexistes.
Malgré l’horreur de ce qu’elle a vécu, Gisèle Pellicot a choisi de témoigner, contribuant ainsi à faire avancer la cause. Il aurait été compréhensible qu’elle préfère rester dans l’ombre, mais elle a décidé de retirer sa plainte contre son époux pour permettre au procès d’avoir lieu et ainsi empêcher que d’autres femmes subissent la même chose.
Cette force est un exemple de résilience et de courage. Son combat montre combien il est crucial d’écouter et de croire les victimes, mais aussi d’agir collectivement pour que ces violences cessent.
Les livres féministes sont des outils indispensables pour comprendre la réalité des violences sexistes et sexuelles. Ils permettent non seulement de déconstruire les clichés et les biais sociétaux, mais aussi de proposer des solutions et des pistes d’action.
En lisant des ouvrages comme En bon père de famille, on réalise à quel point ces violences sont systémiques et intégrées à notre société. La prise de conscience est la première étape vers le changement, mais elle doit être suivie d’actions concrètes.
Sensibilisation aux violences sexuelles et à la soumission chimique
L’affaire du procès des viols de Mazan met en lumière un sujet encore trop méconnu : la soumission chimique. Cette méthode consiste à droguer une personne à son insu pour en abuser sexuellement. Grâce au témoignage de Gisèle Pellicot, cette affaire contribue à une prise de conscience collective sur ces violences invisibles.
Les livres féministes sont des outils précieux pour comprendre ces réalités et se protéger. De nombreux ouvrages abordent les violences sexuelles et la culture du viol, permettant aux lecteur·ices d’identifier les mécanismes d’oppression et les stratégies pour y faire face.
En choisissant de témoigner publiquement, Gisèle Pellicot aide à protéger d’autres victimes potentielles. Son courage met en lumière l’importance de sensibiliser aux risques liés aux violences sexistes, et les livres féministes sont une ressource essentielle pour approfondir cette réflexion.
Les livres féministes jouent un rôle crucial dans la sensibilisation aux violences. Lire des témoignages permet de mieux comprendre les réalités vécues par les victimes, d’éveiller la conscience collective et de développer l’empathie.
Ces récits permettent de :
- Prendre conscience de l’ampleur des violences sexistes,
- Se sentir moins seul·e en tant que victime ou survivant·e,
- Comprendre les mécanismes de domination et leurs conséquences.
Les livres féministes sont indispensables pour donner une voix aux victimes et déconstruire les stéréotypes autour des violences sexuelles.
MeToo, au-delà du hashtag par 9 autrices
Le mouvement MeToo, qui a explosé en 2017, est l’un des plus grands exemples de prise de parole collective sur les violences sexuelles. Grâce aux témoignages massifs sur les réseaux sociaux, il a permis de montrer que ces agressions sont systémiques et non des cas isolés.
Cependant, il est essentiel de rappeler que MeToo existait bien avant 2017. Ce mouvement a été lancé par Tarana Burke, une militante afro-féministe, pour dénoncer les violences sexuelles subies par les jeunes filles noires aux États-Unis. C’est seulement lorsque l’actrice Alyssa Milano a tweeté le hashtag que MeToo a pris une ampleur mondiale.
Les livres féministes sont essentiels pour comprendre l’histoire et l’évolution de ce mouvement, mais aussi pour analyser ses limites et ses perspectives.
Un ouvrage incontournable sur ce sujet est Moi aussi, MeToo, au-delà du hashtag, coordonné par Rose Lamy. Ce livre, écrit par plusieurs autrices féministes, explore les impacts du mouvement MeToo sur différentes communautés et met en lumière les enjeux intersectionnels du féminisme.
Parmi les contributrices de cet ouvrage, on retrouve :
- Rokhaya Diallo, qui analyse l’impact de MeToo dans une perspective afro-féministe,
- Camille Froidevaux-Metterie, qui parle du rapport au corps dans le féminisme,
- Lexie, militante trans, qui apporte un regard critique sur l’inclusivité du mouvement.
Les livres féministes comme celui-ci permettent de comprendre les avancées de MeToo, mais aussi les luttes qui restent à mener pour inclure toutes les voix, y compris celles des femmes racisées, trans et précaires.
Même si chaque victime a son propre vécu, les livres féministes révèlent que ces expériences s’inscrivent dans un schéma systémique. Ces témoignages sont essentiels pour créer de la solidarité et montrer que ces violences ne sont pas des cas isolés, mais une réalité structurelle.
Grâce à ces récits, on comprend que :
- Les violences sexistes et sexuelles sont omniprésentes,
- Les agresseurs sont souvent des hommes ordinaires, intégrés à la société,
- La parole des victimes est encore trop souvent minimisée ou remise en cause.
Les livres féministes permettent aussi d’identifier des solutions, d’expliquer comment agir face aux violences et d’encourager la création d’espaces de soutien et d’entraide.
L’un des rôles majeurs des livres féministes est d’aider celles et ceux qui ont subi des violences à se sentir moins isolé·es. En lisant les récits d’autres survivantes, une victime peut comprendre qu’elle n’est pas seule et que d’autres ont vécu la même chose.
Cela permet également de montrer qu’il est possible de s’en sortir, de trouver du soutien et de se reconstruire grâce à la solidarité féministe.
Les livres féministes sont donc un levier essentiel pour libérer la parole, sensibiliser et donner des clés pour agir.
Les espaces de parole et de soutien pour les victimes
Il existe aujourd’hui de nombreuses initiatives féministes permettant aux victimes de violences sexistes et sexuelles de se retrouver et de s’exprimer en toute sécurité. Certaines associations organisent des tables rondes en non-mixité, souvent réservées aux femmes et aux personnes non-binaires, pour faciliter la parole des victimes sans la présence d’hommes cisgenres.
Ces cercles de parole n’excluent pas pour autant les hommes victimes de violences, mais permettent de traiter ces problématiques dans des espaces distincts, mieux adaptés aux spécificités des oppressions vécues.
Les livres féministes jouent également un rôle essentiel dans la libération de la parole. Ils permettent aux victimes de se reconnaître dans des récits similaires, de mieux comprendre les mécanismes de domination, et d’obtenir des outils pour surmonter ces épreuves.
Certaines initiatives digitales permettent aussi aux victimes de trouver du soutien et d’échanger avec d’autres personnes ayant vécu des expériences similaires.
Par exemple, le compte Instagram Collective aide les victimes à identifier d’autres personnes ayant subi des violences de la part du même agresseur. Dans les affaires de violences sexuelles, les preuves sont souvent difficiles à obtenir, car les agressions se déroulent généralement sans témoins. Regrouper plusieurs témoignages contre un même individu renforce les chances d’obtenir justice.
D’autres plateformes comme Meuf Paris ont créé des espaces sécurisés, notamment une application permettant aux femmes d’échanger en dehors des réseaux sociaux classiques, souvent pollués par le harcèlement en ligne.
Ces initiatives, combinées aux livres féministes, permettent de créer des réseaux de solidarité, d’apporter des ressources précieuses aux victimes et de leur offrir des pistes pour agir.
L’importance du savoir dans l’empowerment féministe
« La connaissance est une forme de pouvoir. » Cette phrase résonne particulièrement dans les luttes féministes. Plus on comprend les structures d’oppression, plus on est capable de les identifier et de les combattre.
Les livres féministes sont donc un levier puissant d’empowerment. Ils permettent de :
- Comprendre les dynamiques du patriarcat et ses conséquences,
- Identifier les mécanismes de la culture du viol,
- S’outiller pour mieux réagir face aux injustices,
- Renforcer sa confiance et son sentiment de légitimité.
Lire sur ces sujets permet de reprendre du pouvoir sur sa propre vie et d’être mieux préparé·e à agir pour soi-même et pour les autres.
L’apprentissage ne doit pas rester individuel. Partager des livres féministes, des articles et des ressources permet d’élever les autres, de sensibiliser son entourage et de créer une culture du consentement et du respect.
Les livres féministes ne sont pas seulement une source d’information, ils sont aussi un moyen de transmission, qui permet de diffuser les idées et de changer les mentalités.
Livres pour déconstruire l’hétérosexualité, la transidentité
Jusqu’ici, les livres féministes mentionnés étaient principalement écrits par des autrices blanches. Ce constat illustre un phénomène courant : naturellement, on a tendance à se tourner vers des auteur·ices qui nous ressemblent.
Il est donc essentiel de faire un effort conscient pour diversifier ses lectures et inclure des perspectives issues d’autres communautés. Le féminisme ne peut être pleinement intersectionnel que si l’on s’intéresse aux vécus et analyses de personnes issues de différentes origines sociales et raciales.
Des livres féministes comme Moi aussi, MeToo, au-delà du hashtag permettent justement de découvrir des voix diverses et d’enrichir sa compréhension des oppressions croisées.
Un ouvrage particulièrement intéressant pour remettre en question les normes patriarcales est Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ? de Léanne Alestra.
Léanne Alestra, militante féministe et lesbienne, propose dans ce livre une réflexion percutante sur l’éducation des hommes hétérosexuels et leur rapport aux femmes. Elle y explore notamment :
- Comment les hommes sont socialisés à dominer et non à aimer,
- Pourquoi le patriarcat ne les pousse pas à développer de réelles compétences émotionnelles,
- Comment les femmes lesbiennes perçoivent les dynamiques de couple hétérosexuel.
L’autrice tient également le compte Instagram Mécréantes, où elle publie des analyses engagées et des réflexions sur le féminisme et les relations de pouvoir.
Son podcast, bien que composé de peu d’épisodes, est une ressource précieuse pour approfondir certaines questions abordées dans son livre.
Ce type de livres féministes pousse à remettre en question des normes bien ancrées et à repenser notre rapport aux hommes et aux relations hétérosexuelles.
Le modèle dominant du couple hétérosexuel est profondément ancré dans nos sociétés : mariage, enfants, maison… C’est une norme si omniprésente qu’il est difficile d’imaginer d’autres possibles. Pourtant, certains livres féministes permettent de prendre du recul sur cette vision du couple et d’explorer d’autres perspectives.
Le livre Sortir de l’hétérosexualité de Juliette Drouard, une personne non-binaire, est un excellent point de départ. Très court et accessible, il propose une réflexion sur la façon dont nos sociétés sont structurées autour du couple hétérosexuel.
L’un des passages marquants de ce livre est son introduction, où l’auteur imagine un extraterrestre débarquant sur Terre et à qui l’on devrait expliquer la notion de genre. En quelques pages, cet exercice révèle l’absurdité des constructions sociales liées au genre et à l’hétérosexualité.
Ce type de livres féministes aide à remettre en question ce que l’on considère comme « naturel » et à explorer d’autres modèles relationnels possibles.
Un autre ouvrage essentiel est Une histoire de genre de Lexie, militante trans connue pour son compte Aggressively Trans. Ce livre explore les transidentités sous différents angles, notamment à travers :
- L’histoire de l’art et des représentations du genre,
- Les rôles de genre dans différentes civilisations,
- Les évolutions des identités trans à travers le temps.
Ce type de livres féministes est essentiel pour sortir d’une vision binaire et occidentale du genre. Il permet aux personnes cisgenres de mieux comprendre les réalités des personnes trans et d’adopter une approche plus inclusive du féminisme.
Le mécanisme du privilège blanc de Estelle Depry
Les livres féministes ne se limitent pas aux questions de genre et de sexualité, ils permettent aussi de mieux comprendre les autres systèmes d’oppression, notamment le racisme systémique.
Le livre Le mécanisme du privilège blanc de Estelle Depry est un excellent ouvrage pour analyser le rôle que jouent les personnes blanches dans le maintien des inégalités raciales. Son objectif est clair : expliquer comment, même involontairement, les personnes blanches participent au racisme structurel et proposer des actions concrètes pour devenir un·e meilleur·e allié·e.
Ce livre est conçu comme un manuel pratique, avec des tutoriels et des conseils clairs sur :
- Comment reconnaître son privilège blanc,
- Pourquoi et comment lutter activement contre le racisme,
- Comment éviter d’adopter des comportements oppressifs, même involontaires.
Les livres féministes de ce type sont essentiels pour élargir sa compréhension des oppressions croisées, en intégrant une perspective intersectionnelle dans son engagement féministe.
Résister de Salomé Saqué
L’un des principes fondamentaux du féminisme est que tout est politique. Les luttes féministes ne peuvent être dissociées des dynamiques politiques mondiales, notamment face à la montée de l’extrême droite.
Ces dernières années, on a observé une montée inquiétante des régimes autoritaires, avec des politiques particulièrement hostiles aux droits des femmes, des personnes LGBT+ et des minorités. Des pays comme la Pologne, la Hongrie ou l’Italie ont adopté des lois régressives, notamment contre l’avortement et les droits des personnes trans.
Aux États-Unis, le retour de Trump au pouvoir s’accompagne d’un programme misogyne, raciste et LGBTQIA+phobe. Ces évolutions doivent alerter toutes les personnes engagées dans les luttes féministes et antiracistes.
Un ouvrage récent qui permet de mieux saisir ces enjeux est Résister de Salomé Saqué. Ce petit livre, vendu à 5 euros, est conçu pour être accessible à toutes et tous et permettre de comprendre les stratégies de l’extrême droite et leurs conséquences sur les droits des minorités.
Ce livre est idéal pour :
- Faire un état des lieux des reculs démocratiques dans le monde,
- Comprendre pourquoi les féministes sont en première ligne face aux gouvernements autoritaires,
- Obtenir des arguments solides pour déconstruire les discours d’extrême droite.
Les livres féministes comme Résister permettent de mieux comprendre l’évolution des politiques réactionnaires et d’agir en conséquence pour protéger les droits fondamentaux.
Comment diversifier ses lectures ?
Après avoir exploré ces nombreux ouvrages, une question se pose : comment diversifier ses lectures féministes ?
Beaucoup de personnes se tournent naturellement vers des livres féministes écrits par des autrices qui leur ressemblent. Cela peut entraîner une vision partielle des oppressions, car chaque vécu est influencé par :
- L’origine sociale et raciale,
- L’orientation sexuelle et l’identité de genre,
- Le niveau d’éducation et d’accès aux ressources.
Faire un effort conscient pour lire des autrices racisées, des personnes LGBTQIA+ et des militantes d’autres horizons est essentiel pour développer une vision féministe plus globale et plus inclusive.
Les livres féministes abordent une multitude de sujets qui ne se limitent pas aux violences sexistes. Voici quelques thématiques à explorer :
- L’impact du colonialisme sur les femmes racisées,
- Les liens entre féminisme et écologie (écoféminisme),
- Les questions de handicap et féminisme.
Prendre conscience de ses biais dans ses lectures est un premier pas vers un engagement plus riche et plus nuancé.
L’un des enseignements fondamentaux du féminisme est le développement de l’empathie. Comprendre les oppressions et les injustices que vivent d’autres personnes nécessite un effort conscient, notamment lorsqu’on ne les subit pas soi-même.
Les livres féministes sont un formidable levier pour développer cette empathie, car ils permettent d’écouter des récits de vie différents du nôtre et d’élargir notre compréhension du monde.
Cela peut se faire à travers :
- Les témoignages et récits personnels,
- Les essais qui analysent les oppressions systémiques,
- Les romans engagés qui abordent les discriminations sous un prisme narratif.
Les livres féministes sont donc bien plus que des sources de savoir : ils sont des outils puissants pour apprendre à se mettre à la place des autres et construire une société plus juste.
Dans nos habitudes de lecture, on a souvent tendance à se tourner vers des autrices et auteurs qui nous ressemblent, que ce soit en termes d’origine, de parcours ou de vision du monde. Faire un effort conscient pour lire des perspectives différentes, notamment celles de personnes racisées, LGBTQIA+ ou en situation de handicap, permet d’éviter une vision biaisée du féminisme.
Une fois ce premier effort fourni, il devient plus naturel de diversifier ses sources, car ces lectures apportent de nouvelles références qui permettent d’élargir encore plus notre horizon. Les livres féministes offrent ainsi une porte d’entrée vers d’autres luttes et permettent d’adopter une approche plus intersectionnelle.
Le racisme et le sexisme sont souvent alimentés par la peur de l’inconnu. La montée de l’extrême droite repose sur une instrumentalisation de ces peurs, en présentant l’autre comme une menace plutôt qu’une richesse.
Les livres féministes permettent de déconstruire ces discours, en apportant des faits, des analyses historiques et des témoignages qui montrent comment les oppressions se construisent et se perpétuent.
Il est essentiel de comprendre l’histoire et les mécanismes sociaux pour mieux saisir pourquoi les discriminations existent et comment elles perdurent. Le racisme et le sexisme ne sont pas de simples « malentendus » entre les individus, mais des systèmes profondément enracinés dans nos sociétés.
Les livres féministes permettent de relier les oppressions du passé aux injustices actuelles, et d’apporter des solutions concrètes pour lutter contre elles.
Le mot de la fin « livres féministes »
Apprendre, que ce soit à travers les livres féministes, les podcasts ou les documentaires, est une démarche essentielle pour déconstruire les stéréotypes et les injustices. Chaque nouvelle information intégrée permet de mieux comprendre le monde et d’être plus apte à agir et sensibiliser son entourage.
L’empathie, combinée à la connaissance, crée un cercle vertueux :
- Plus on en apprend, plus on comprend les autres.
- Plus on comprend, plus on agit.
- Plus on agit, plus on contribue à un monde plus juste.
Les livres féministes sont donc bien plus que de simples ouvrages : ils sont des déclencheurs de prise de conscience et des outils d’émancipation.
Même avec un engagement féministe fort, il est important de remettre en question ses propres biais et d’élargir constamment ses références. Lire des autrices racisées, des personnes LGBTQIA+ ou des féministes issues de contextes différents permet de construire un féminisme plus inclusif et plus nuancé.
Les livres féministes doivent refléter la diversité des expériences, car il n’existe pas un seul féminisme, mais bien plusieurs visions complémentaires.
En résumé, le féminisme invite à remettre en question nos certitudes et à affiner notre esprit critique. Cela passe par :
- La lecture de livres féministes,
- L’écoute des témoignages des personnes concernées,
- La remise en question de nos propres privilèges,
- L’élargissement de nos références pour inclure toutes les voix du féminisme.
En nous ouvrant à des récits différents des nôtres, nous devenons plus empathiques, plus informé·es et plus engagé·es. Cette démarche est un engagement en soi, car elle permet de lutter contre les stéréotypes et les préjugés, tout en contribuant à un féminisme plus inclusif et solidaire.
Que ce soit par les livres féministes, les podcasts ou les échanges humains, l’apprentissage est un moteur essentiel du changement. Se former et se cultiver est une manière d’agir : chaque nouvelle lecture, chaque témoignage écouté, chaque réflexion partagée est une pierre ajoutée à l’édifice d’un monde plus égalitaire.
Tes rôles modèles
Lorsque l’on parle de rôles modèles, on pense souvent à des figures médiatiques et publiques qui portent des valeurs fortes et qui s’engagent sur le terrain des droits humains. Parmi elles, Salomé Saqué, Paloma Moritz et Rima Hassan sont des personnalités qui inspirent par leur travail journalistique et militant.
Salomé Saqué et Paloma Moritz, par exemple, rendent les enjeux féministes, écologiques et sociétaux accessibles à toutes et tous. Elles jouent un rôle fondamental dans la diffusion d’une information de qualité, loin des biais des médias traditionnels.
De son côté, Rima Hassan fait preuve d’un courage impressionnant en continuant son travail malgré les menaces et la haine qu’elle reçoit quotidiennement. Elle reste droite et déterminée à défendre les valeurs qui lui semblent justes, notamment en droit international.
Au-delà des figures publiques, les rôles modèles peuvent aussi être des personnes que l’on côtoie au quotidien. Les membres d’une association, les militant·es de terrain, ou encore les proches qui s’engagent dans les luttes féministes et sociales sont des sources d’inspiration précieuses.
Parfois, ces personnes ne sont pas visibles médiatiquement, mais leur engagement impacte profondément leur entourage. Observer des personnes qui, malgré leurs propres difficultés et traumatismes, s’investissent pour le collectif, est une source de motivation et de force.
Les livres féministes permettent d’ailleurs souvent de découvrir ces parcours inspirants, qu’ils soient issus de militantes connues ou d’anonymes qui partagent leurs expériences de lutte et de résilience.
Ressources féministes
Si la lecture de livres féministes n’est pas accessible à tout le monde, notamment par manque de temps ou de moyens, il existe d’autres façons de s’informer, comme les podcasts.
Parmi les incontournables, on retrouve :
- Kiffe ta race de Rokhaya Diallo et Grace Ly, qui aborde les questions raciales et identitaires en France.
- Les productions de Binge Audio, qui ont notamment publié Sortir de l’hétérosexualité, l’un des livres féministes mentionnés précédemment.
Ces formats permettent d’approfondir les réflexions féministes tout en s’adaptant à un mode de vie souvent chargé.
Les médias traditionnels ne couvrent pas toujours les sujets féministes avec rigueur et nuance. C’est pourquoi les médias indépendants et les créateurs de contenus engagés sont des sources précieuses d’information.
Des journalistes indépendants publient régulièrement des vidéos accessibles gratuitement sur YouTube, abordant des questions féministes, écologiques et sociales sous un angle pédagogique et approfondi.
Explorer ces ressources permet d’élargir ses connaissances, de découvrir de nouvelles perspectives et de s’engager dans des débats actuels avec des bases solides.
Les livres féministes restent un excellent moyen de structurer et approfondir ses connaissances, mais ils peuvent être complétés par des formats audio et vidéo, pour une approche plus accessible et diversifiée.
Ta définition du féminisme
L’un des messages clés du féminisme est que chacun·e avance à son rythme. Il n’y a aucune obligation de lire tous les livres féministes d’un coup, ni même de tout connaître sur chaque sujet.
L’essentiel est de suivre ses intérêts, d’explorer les thématiques qui résonnent en soi, et de se former progressivement. Certains pourront plonger directement dans des essais complexes, tandis que d’autres commenceront par des témoignages accessibles ou des contenus numériques.
Il est également important de rappeler que l’accès aux livres représente un budget, et tout le monde n’a pas les moyens d’acheter régulièrement des ouvrages. Heureusement, des solutions existent :
- Les bibliothèques publiques,
- Les prêts entre ami·es,
- Les comptes Instagram et les blogs qui diffusent des extraits et analyses.
Les livres féministes ne doivent pas être perçus comme une obligation, mais plutôt comme un outil parmi d’autres pour s’informer et évoluer.
La définition du féminisme évolue avec l’expérience et les apprentissages. Plus on s’informe, plus on comprend que le féminisme ne se limite pas à une opposition entre les genres, mais qu’il s’inscrit dans une lutte globale pour la dignité et l’égalité.
Les livres féministes permettent justement d’explorer les différentes facettes de cette lutte, qu’il s’agisse de :
- L’égalité des genres,
- L’intersectionnalité et la lutte contre le racisme,
- Les droits LGBTQIA+,
- Les inégalités économiques et sociales.
Adopter une vision large du féminisme, c’est comprendre que toutes ces luttes sont liées. C’est pourquoi il est essentiel de multiplier les lectures et les échanges, pour enrichir sa réflexion et agir en connaissance de cause.
L’un des messages les plus forts de cette discussion est que l’apprentissage est une forme d’engagement. Que ce soit à travers les livres féministes, les podcasts, les médias indépendants ou les échanges humains, chaque pas vers la connaissance permet de :
- Comprendre les mécanismes d’oppression,
- Développer son esprit critique,
- Renforcer son empathie envers les autres,
- Devenir un·e acteur·rice du changement.
Il est important de s’écouter, d’apprendre à son rythme et selon ses moyens, sans pression ni culpabilité.
Le féminisme ne se vit pas seulement dans les lectures et la réflexion personnelle, il se partage et se transmet. Chaque discussion, chaque recommandation de livres féministes, chaque échange contribue à sensibiliser de nouvelles personnes et à faire avancer les luttes pour l’égalité.
Finalement, le savoir est un outil d’émancipation, et plus nous nous informons, plus nous sommes capables de remettre en question les injustices et d’agir pour un monde plus juste.
Le féminisme ne peut se limiter à une opposition entre les hommes et les femmes. Il est essentiel d’intégrer les autres oppressions systémiques qui façonnent la société et impactent les femmes différemment :
- Les inégalités économiques,
- Le racisme et les discriminations systémiques,
- Le validisme,
- Les discriminations liées à l’identité de genre et à l’orientation sexuelle.
Un féminisme authentique et efficace doit être inclusif et prendre en compte ces différents axes.
Les livres féministes jouent un rôle essentiel pour comprendre ces différentes dimensions, en offrant des analyses approfondies et des témoignages variés qui montrent comment ces luttes sont interconnectées.
Le féminisme, dans sa forme la plus large, vise à garantir une vie digne pour tout le monde. Il ne s’agit pas seulement d’égalité entre les genres, mais aussi de justice sociale et de respect des droits fondamentaux pour toutes et tous.
Les livres féministes permettent de déconstruire les normes sociales oppressives et de donner des clés pour agir concrètement afin d’améliorer la condition des femmes et des minorités.
Dans les combats féministes, il est également nécessaire de prendre soin de soi. L’activisme, la lecture et l’apprentissage sont essentiels, mais ils doivent s’accompagner d’une reconnexion au corps et au bien-être.
Un exemple inspirant est Viviane, créatrice du compte Instagram Danse.Avec.Le.Feu, qui utilise la danse intuitive comme outil thérapeutique et féministe.
Son approche permet de :
- Se réapproprier son corps, souvent soumis à des injonctions et des critiques,
- Prendre de la place dans l’espace, contrairement aux normes qui nous poussent à nous faire discrètes,
- Exprimer ses émotions et ses blessures à travers le mouvement,
- Se libérer des traumatismes passés en travaillant sur le rapport au corps.
Militer pour les droits des femmes implique souvent de traiter des sujets lourds et parfois traumatiques. Il est donc essentiel d’équilibrer cet engagement avec des espaces de bienveillance et de réparation.
Les livres féministes, les podcasts et les vidéos informatives sont une chose, mais le corps aussi a besoin d’être pris en compte. Des pratiques comme la danse thérapie, le yoga ou la méditation peuvent être des outils précieux pour renforcer son engagement tout en protégeant sa santé mentale.
Ce podcast nous rappelle qu’il est essentiel de suivre son propre cheminement dans l’apprentissage du féminisme. Il n’y a pas d’obligation de tout savoir immédiatement, ni de tout comprendre en une seule lecture.
Les livres féministes sont des ressources puissantes pour structurer sa pensée et déconstruire les oppressions, mais ils doivent être accompagnés d’une réflexion personnelle et d’actions concrètes.
À travers cette discussion, nous avons découvert de nombreuses références féministes, exploré des thématiques variées et réfléchi à l’importance d’élargir ses perspectives.
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Ses rôles modèles et ressources mises en avant dans l’épisode livres féministes
- Salomé Saqué
- Paloma Moritz
- Rima Hassan
- Kiffe ta race
- Les productions de Binge Audio
- Danse avec le feu
Retrouvez Raphaëlle et ses livres féministes
Sur Instagram
Épisodes complémentaires de livres féministes à écouter
- Erika et les princes en détresse avec Yatuu
- L’égalité filles garçons avec Elisabeth Roman
- Une librairie jeunesse féministe avec Stéphanie Daniel
- Le roman La Vie En Turquoise avec Élise Giraudau
- Tes livres jeunesse inclusifs avec Sylvie Li
- Le petit guide fun et simple du féminisme avec Samantha Feitelson