Erika et les princes en détresse avec Yatuu

Erika et les princes en détresse
Sommaire

Bonjour et bienvenue à toutes et tous ! Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Yatuu, autrice de bande dessinée dans ce podcast hebdomadaire.

Nous allons parler de sa série Erika et les princes en détresse. Je suis ravie de t’avoir à mon micro, car j’ai adoré les tomes 1 et 2. J’ai même fait découvrir la série à mon père et j’attends le tome 3 avec impatience !

Je te laisse te présenter comme tu le souhaites.

Merci beaucoup ! Alors, bonjour à tout le monde ! Je suis Yatuu, autrice de bande dessinée. J’ai commencé en 2010 avec un blog BD, yatuu.fr, où je partageais mes expériences, notamment celle de stagiaire exploitée en agence de publicité. Ces récits ont rencontré un fort succès, et j’ai finalement pu les publier sous forme d’album, mon premier édité en maison d’édition.

Par la suite, j’ai publié plusieurs albums abordant des thématiques sociétales, comme le mal-logement, le harcèlement de rue ou encore les stéréotypes de genre.

Après plusieurs années en maison d’édition, j’ai choisi de me lancer en auto-édition pour ma BD actuelle, Erika et les princes en détresse. Avec mon compagnon Brice, nous avons financé les deux premiers tomes grâce à des campagnes Ulule, qui ont rencontré un succès impressionnant. Le tome 2 a été financé en 90 minutes, atteignant 5000 préventes en trois semaines. Une expérience incroyable ! En octobre prochain, nous lançons le tome 3, après plusieurs années de travail et de préparation.

Le pitch de la BD

Merci pour ta présentation ! Nous aurons sûrement l’occasion d’approfondir ton passage de la maison d’édition à l’auto-édition. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore Erika et les princes en détresse, peux-tu nous en faire un résumé ?

Bien sûr ! Erika et les princes en détresse raconte l’histoire d’Erika, une princesse guerrière, dans un monde où les rôles de genre sont inversés : les femmes détiennent tous les pouvoirs. Erika rêve de succéder à sa mère sur le trône, mais pour cela, elle doit obligatoirement se marier. Pour elle, c’est hors de question. Afin de prouver qu’elle est digne de régner seule, elle reçoit une mission : sauver des princes en détresse.

C’est le point de départ de son aventure !

Dès que j’ai découvert ce pitch, j’ai eu envie de lire la BD ! C’est un concept original qui permet de prendre du recul sur notre société et ses stéréotypes.

Oui, c’est exactement l’objectif. En renversant les rôles, je voulais mettre en lumière des situations absurdes et questionner les rapports hommes-femmes dans notre société. Dans le royaume d’Erika, les filles sont fortes et combatives, tandis que les garçons expriment leurs émotions et assument leur sensibilité. Et c’est totalement légitime !

Je voulais proposer un regard différent sur ce que la société attend de nous. Un garçon a le droit d’être émotif, et une fille peut être forte et ambitieuse. Dans le tome 2, par exemple, j’évoque un prince qui rêve d’être soignant, un métier interdit dans ce monde matriarcal. Il veut se battre pour réaliser son rêve.

De son côté, Erika comprend peu à peu qu’il n’est pas si différent d’elle. Il ne se résume pas à son statut de prince en détresse. Finalement, peu importe le genre, l’important est d’avoir la liberté de choisir son destin.

J’ai adoré découvrir toutes les références et les détournements dans ta BD ! Par exemple, la scène où les personnages visitent une galerie de femmes inspirantes, avec des figures comme GalilaLéonard de Vannesau ou encore Itacrate.

Oui, nous avons poussé la logique d’inversion des genres jusqu’au bout ! Je voulais que cet univers ne se limite pas à un simple retournement de situation, mais qu’il propose aussi une réflexion plus large sur les normes et les attentes imposées aux individus.

Et que dire des clins d’œil humoristiques ? J’ai adoré le passage avec le méchant roi et son admiration pour Philippe Etchoubès, le meilleur cuisinier du royaume.

Oui ! J’ai voulu intégrer Philippe Etchebest sous une forme détournée, en lien avec Blanche-Neige et son univers pâtissier. Les lecteurs l’ont immédiatement reconnu et ont beaucoup ri. C’était un vrai plaisir de voir les réactions !

Une représentation normale des règles dans la BD

J’adore ton travail, et en suivant ton compte Instagram, j’ai remarqué que tu partages des planches du tome 3 pour teaser sa sortie. Un élément qui m’a particulièrement marquée dans ces premières planches, c’est la manière dont Erika a ses règles de façon totalement normale. Son écuyer, Pita, nettoie sa culotte menstruelle sans aucun tabou, comme si c’était un geste parfaitement banal. C’est une scène forte qui m’a vraiment plu.

Oui, c’était très important pour moi d’intégrer cette scène dans Erika et les princes en détresse et de parler des règles sans détour. Dans ce monde, c’est quelque chose de totalement normal. Le personnage a ses règles, elle se change, et on passe à autre chose.

Même un prince à côté d’elle constate simplement la situation et n’en fait pas une histoire. C’est exactement le message que je voulais transmettre : ce n’est pas un sujet tabou.

Je sais que de nombreux enfants vont lire cette BD, et je veux leur montrer que les règles ne doivent pas être une source de honte. L’idée, c’est que les enfants puissent en parler librement avec leurs parents. En ajoutant ce type de scène, j’espère contribuer, à ma petite échelle, à faire évoluer les mentalités.

Je ne prétends pas révolutionner quoi que ce soit, mais je pense que chaque détail compte. Si ça peut planter une graine de réflexion, alors c’est déjà une victoire.

Le pouvoir des représentations dès l’enfance

Oui, c’est une vraie veille féministe que tu sèmes à travers ton travail, et c’est tellement important ! Tu déconstruis les tabous et les stéréotypes de manière ludique et accessible.

D’ailleurs, je me souviens d’un moment que tu avais partagé sur Instagram : ta nièce, en découvrant Erika, n’avait pas conscience que c’était une fille. Pour elle, Erika ne pouvait être qu’un garçon.

Oui, ça m’a marquée aussi ! Elle voyait un personnage en train de porter un garçon, et dans sa perception, cela ne pouvait être qu’un garçon qui porte. Lorsqu’on lui disait qu’Erika est une fille, elle ne voulait pas y croire.

Elle avait seulement 4 ans, et cela montre à quel point les stéréotypes se construisent très tôt. C’est aussi pour cela que je fais cette BD, pour proposer une autre vision du monde aux enfants.

L’impact des stéréotypes sur notre société

C’est crucial, car ces représentations influencent nos choix. Dès l’enfance, les filles intègrent l’idée qu’elles ne peuvent pas tout faire, tandis que les garçons répriment leurs émotions pour paraître plus forts.

Exactement ! Une petite fille peut se censurer en pensant que certains métiers ne sont pas pour elle, car elle ne voit pas d’exemple féminin. De la même manière, un petit garçon va éviter de parler de ses émotions par peur de ne pas être assez viril.

Même des choses aussi simples que les couleurs entretiennent ces idées : rose pour les filles, bleu pour les garçons. Ces schémas persistent dans les jouets, les vêtements et les attentes sociales.

Malheureusement, ces stéréotypes sont encore bien ancrés, et leur déconstruction est longue. Heureusement, on avance, petit à petit.

L’origine d’Erika et les Princes en détresse

J’aimerais en savoir plus sur la création de Erika et les princes en détresse. Pourquoi as-tu voulu écrire cette BD ? Quel a été ton cheminement ?

Avant de créer Erika et les princes en détresse, je réalisais surtout des BD inspirées du monde réel, avec des histoires de tranche de vie. J’ai eu envie de changer d’univers et de me lancer un nouveau défi.

Cette BD rassemble mes valeurs les plus fortes tout en proposant une histoire drôle et attachante. J’avais aussi très envie de créer un récit d’aventure qui ne soit pas ancré dans notre réalité.

J’ai adoré travailler sur mes anciennes BD en maison d’édition, mais celle-ci est particulièrement chère à mon cœur.

C’est une BD d’heroic fantasy, mais c’est aussi la plus personnelle que j’ai écrite. J’y mets beaucoup de moi-même, et je ressens énormément d’émotions en la créant.

Il y a des scènes qui me font rire, et d’autres qui me font pleurer. Ces personnages font partie de moi, et aujourd’hui, ils font partie de ma vie.

Erika, une héroïne qui te ressemble ?

Ça ne m’étonne pas du tout ! On sent que cette BD est très intime. J’adore d’ailleurs les petits clins d’œil que tu glisses sur Instagram, où on voit Erika et toi discuter ensemble.

Oui, c’est vrai que je la mets souvent en scène avec moi-même ! Dans mes publications, je me représente avec les cheveux rouges, ce qui peut porter à confusion, car beaucoup pensent qu’ils sont roses. Mais dans ma palette, c’est bien du rouge.

D’ailleurs, j’ai lu que Erika et les princes en détresse comptera neuf tomes en tout. Peux-tu nous en dire plus sur la suite ?

Combien de tomes pour Erika et les Princes en détresse ?

Tu avais mentionné que la série pourrait compter neuf tomes, mais récemment, tu as précisé que ce nombre pouvait varier. Peux-tu nous en dire plus ?

J’ai déjà écrit les grandes lignes de l’histoire jusqu’à la fin, mais je garde une certaine marge de manœuvre sur le nombre de tomes. J’estime actuellement qu’il y en aura entre huit et dix, selon le développement de l’intrigue et des personnages.

Dans Erika et les princes en détresse, j’ai envie de prendre le temps de développer chaque arc narratif sans me limiter à un nombre précis de pages. Si un tome supplémentaire est nécessaire pour bien raconter l’histoire, alors je préfère l’ajouter plutôt que de tout condenser.

L’un des grands avantages c’est la maîtrise totale de la narration. Je sais ce que je veux raconter, mais je préfère me laisser de la flexibilité. Si certains arcs nécessitent plus d’espace, je préfère ajouter un tome plutôt que de précipiter l’histoire.

Aujourd’hui, la série représente déjà plus de 1000 pages. En réalisant ce calcul récemment, j’ai été impressionnée par l’ampleur du projet. Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais je suis déterminée à aller jusqu’au bout.

Les personnages principaux de l’univers

Puisque Erika et les princes en détresse repose sur une galerie de personnages variés, peux-tu nous présenter ceux qui accompagnent Erika dans son aventure ?

Erika est entourée d’une équipe de compagnons aussi drôles qu’attachants, qui apportent chacun leur personnalité unique à l’histoire.

  • Pita, son écuyère, est une jeune fille gentille et naïve, mais une cuisinière exécrable. Si quelqu’un critique ses plats, elle entre dans une rage incontrôlable et devient surpuissante.
  • Bucéphale, son destrier, est un obsédé de la propreté. La moindre trace de saleté le fait partir en vrille, ce qui crée des situations absurdes au fil des tomes.

Son voyage est ponctué de rencontres avec des personnages hauts en couleur, parfois alliés, parfois adversaires, mais toujours porteurs de messages sur les stéréotypes et la place des genres dans la société.

L’intrigue repose sur les missions confiées à Erika : secourir des princes en détresse à travers plusieurs royaumes. Ces princes sont souvent maltraités, disparus ou ensorcelés, et chaque sauvetage réserve son lot de surprises.

Le personnage préféré de Yatuu

Parmi tous ces personnages, as-tu un préféré dans Erika et les princes en détresse ?

Si je devais choisir un personnage préféré, ce serait sans hésiter Erika. Elle me ressemble beaucoup, notamment par son fort sens de la justice.

Ce que j’aime particulièrement dans Erika et les princes en détresse, c’est qu’Erika n’est pas parfaite dès le départ. Elle peut être bornée et impulsive, mais elle apprend à écouter les autres et évolue progressivement au fil de l’histoire.

Les personnages préférés des lecteurs

Je comprends totalement ! Et du côté des lecteurs, quels sont leurs personnages préférés dans Erika et les princes en détresse ?

En dédicace, j’ai été surprise de constater que Bucéphale, le cheval d’Erika, est souvent cité comme le personnage favori des lecteurs.

Ce qui plaît dans Erika et les princes en détresse, c’est justement cet équilibre entre des personnages forts et des touches d’humour. Bucéphale, par exemple, apporte un côté burlesque qui contraste avec le sérieux de certaines situations.

Un autre personnage apprécié dans Erika et les princes en détresse est Kaylane, la maîtresse d’armes. Elle incarne une dragueuse invétérée, un rôle généralement réservé aux hommes dans les récits classiques.

Elle bouscule les codes, car il est rare de voir une femme tenir ce rôle dans une BD. Habituellement, c’est toujours un homme qui joue les grands séducteurs. Avec elle, j’ai voulu inverser les rôles, et je trouve ça très drôle à écrire !

L’une des forces c’est justement cette inversion des rôles. Chaque personnage défie les attentes traditionnelles et permet de remettre en question les normes de genre.

C’est aussi pour cela que les lecteurs s’attachent aux personnages. Certains trouvent en Erika une héroïne inspirante, d’autres se reconnaissent dans les princes en détresse, qui veulent exister au-delà de leur rôle imposé.

Un détournement des codes pour bousculer les perceptions

Dans Erika et les princes en détresse, l’inversion des rôles est un moyen efficace pour faire réfléchir sur les normes de genre. Un exemple marquant est la maîtresse d’armes, Kaylane, qui reprend des codes habituellement réservés aux hommes.

Dans le tome 1 de Erika et les princes en détresse, il y a une scène où Kaylane combat un homme et, au fil de l’affrontement, elle le déshabille progressivement. Cette scène a beaucoup fait réagir, alors qu’elle est directement inspirée d’un passage du film Zorro avec Antonio Banderas, où l’homme fait exactement la même chose à une femme.

Ce qui est intéressant, c’est que dans Zorro, cette scène était vue comme drôle et anodine, alors que dans Erika et les princes en détresse, la situation inversée dérange davantage. Cela met en lumière le poids des stéréotypes et comment certains codes sont acceptés différemment en fonction du genre des personnages.

L’un des piliers c’est l’utilisation de l’humour pour pointer du doigt ces absurdités. Loin d’être une BD militante au ton sérieux, l’histoire invite plutôt à réfléchir tout en s’amusant.

Les enfants y verront une aventure amusante, tandis que les adultes capteront les clins d’œil et la critique sociale sous-jacente. Ce double niveau de lecture permet à Erika et les princes en détresse de toucher un large public.

Les contes revisités dans Erika et les Princes en détresse

Dans le tome 1 de Erika et les princes en détresse, tu t’es inspirée du conte de Blanche-Neige pour créer Blanc en Neige et les sept naines.

L’un des moments marquants du tome 1, c’est lorsque le prince découvre la maison des sept nainesInstinctivement, il se met à faire le ménage, à cuisiner, à préparer une tarte, sans même réfléchir, simplement parce qu’il est chez des inconnues.

Ce passage de Erika et les princes en détresse est une réplique exacte de ce que fait Blanche-Neige dans le conte original. Pourtant, en inversant les rôles, la scène prend une dimension absurde et met en lumière des comportements intégrés comme normaux.

L’idée derrière Erika et les princes en détresse est de montrer ces incohérences en les transposant aux hommes, afin de susciter une prise de conscience tout en faisant rire.

Un univers inspiré du jeu vidéo et du manga

L’univers visuel est particulièrement riche, avec des décors détaillés et colorés qui rappellent certains jeux vidéo.

Dès le début de Erika et les princes en détresse, on plonge dans un monde où chaque royaume a son propre style graphique et sa propre atmosphère. Certains lecteurs ont comparé la ville à un univers vidéoludique, tant les détails sont travaillés.

Ce souci du graphisme et de l’ambiance renforce l’immersion des lecteurs et fait de Erika et les princes en détresse un véritable manga français en couleur.

Le rôle de Brice dans Erika et les Princes en détresse

Ton compagnon Brice t’accompagne énormément dans la création et la gestion de Erika et les princes en détresse. Peux-tu nous en dire plus sur son rôle ?

Avant de travailler à plein temps sur Erika et les princes en détresse, Brice était directeur artistique en agence de publicité. Il a donc un œil affûté sur la création visuelle, ce qui est un atout précieux pour la BD.

Aujourd’hui, il s’occupe de nombreux aspects essentiels :

  • Il donne son avis sur les dessins et l’histoire.
  • Il gère la logistique et la paperasse administrative liée à l’auto-édition.
  • Il s’occupe de l’envoi des colis et de la relation avec les imprimeurs.
  • Il crée les maquettes des livres et gère les campagnes Ulule.

Le codex des royaumes sur Tipeee

En plus de son travail sur la BD, Brice développe un projet annexe pour Erika et les princes en détresse : le codex des royaumes.

Chaque mois, sur Tipeee, les abonnés peuvent découvrir une fiche détaillée sur l’univers de la BD. Ces fiches explorent les personnages, les lieux, les monstres et les événements marquants, enrichissant encore plus l’histoire.

Travailler en couple sur Erika et les Princes en détresse

Travailler en couple sur un projet aussi intense qu’Erika et les princes en détresse, ce n’est pas forcément évident. Comment gérez-vous cet équilibre ?

Beaucoup de gens pensent que travailler avec son compagnon peut être compliqué, mais pour nous, c’est la configuration parfaite.

Nous sommes tous les deux casaniers, nous passons beaucoup de temps ensemble et cela ne nous pose aucun problème. Au contraire, cela nous permet d’être hyper efficaces et de nous soutenir mutuellement sur toutes les étapes du projet.

Même à deux, le travail reste énorme. Entre la création des tomes, la gestion des commandes, l’animation des réseaux sociaux et les campagnes de financement, nous avons des journées très chargées.

Mais voir Erika et les princes en détresse être bien reçu par le public, sentir l’enthousiasme des lecteurs et savoir que notre univers plaît autant, c’est ce qui nous motive à continuer.

Toutes les étapes de création d’un tome

Créer un album de Erika et les princes en détresse en auto-édition demande une implication totale et une gestion de A à Z du projet. Contrairement aux auteurs publiés en maison d’édition, ici, tout repose sur une seule personne (ou presque).

Avant de coucher une seule ligne sur le papier, il y a beaucoup de réflexions en amont. Je me mets à la place des personnages, j’imagine leurs émotions, leurs intentions, et c’est à partir de ces ressentis que l’histoire prend vie.

Une fois ce travail mental accompli, je rédige les grandes étapes sous forme de schéma, avant de détailler petit à petit chaque scène.

Quand l’histoire est bien en place, je réalise le storyboard, une version brouillon du tome qui me permet de visualiser la mise en page et le rythme narratif.

Ensuite, il faut repasser sur chaque page pour l’encrage, puis une nouvelle fois pour la mise en couleur. Étant donné qu’un tome de Erika et les princes en détresse fait environ 300 pages, c’est un travail colossal qui nécessite une organisation rigoureuse.

Une fois toutes les pages finalisées, il faut relire et traquer les fautes d’orthographe. Pour le tome 3 j’ai embauché une correctrice professionnelle, ce qui m’a enlevé un énorme poids mental.

Enfin, il y a toute la partie maquette, indispensable avant d’envoyer le livre à l’impression. Et ça, c’est sans compter les nombreuses fois où je modifie et recommence certaines parties, parce que je ne suis jamais totalement satisfaite !

Le perfectionnisme : un piège dans la création

Quand on crée une œuvre comme Erika et les princes en détresse, il est très facile de tomber dans un cycle sans fin de modifications.

Même quand un tome est terminé, j’ai tendance à revenir dessus et à vouloir changer des choses. Des fois, ce sont des petits détails ridicules, comme un ajustement de 5% d’opacité sur une couleur.

J’en parle souvent à Brice, qui me rappelle qu’il faut savoir s’arrêter. Sinon, je pourrais recommencer éternellement sans jamais avancer sur le prochain tome de Erika et les princes en détresse !

Une des choses qui m’a longtemps stressée, c’était les fautes d’orthographe. J’ai fait des cauchemars à cause de ça, surtout pour le tome 2 ! À chaque relecture, on trouvait une nouvelle faute, et c’était angoissant.

Grâce à l’aide d’une correctrice, je sais que le tome 3 sera parfait, et je pourrai l’envoyer à l’impression sans stress.

La traduction et la publication sur Webtoon

L’univers ne s’arrête pas à la France ! J’ai tenté une publication en anglais sur Webtoon, et l’accueil a été très positif.

J’ai traduit et publié le premier tome sur Webtoon, pour voir comment le public anglophone réagirait. Le retour des lecteurs a été très encourageant, et j’ai reçu beaucoup de messages positifs.

Pour l’instant, seul le tome 1 est disponible en anglais, mais je réfléchis à traduire les tomes suivants. Cela représente un travail énorme, car il ne suffit pas juste de traduire, il faut aussi adapter l’humour et certaines références culturelles pour que le message passe bien auprès d’un public international.

Si la demande continue à être forte, j’aimerais que Erika et les princes en détresse puisse trouver son public à l’étranger, mais pour le moment, la priorité reste la sortie des prochains tomes en français.

La traduction et la publication en anglais

L’aventure ne s’arrête pas à la France ! Grâce à l’éditeur de mon tout premier livre en maison d’édition, « Moi, 20 ans, diplômée, motivée, exploitée », la BD a pu être traduite en anglais.

Avant de publier officiellement Erika et les princes en détresse en anglais, j’ai voulu tester l’accueil du public anglophone en mettant le premier tome sur Webtoon. C’était une plateforme nouvelle pour moi, mais je voulais voir comment la BD serait perçue en dehors de la France.

Les retours ont été très encourageants, même si je ne connaissais pas bien le fonctionnement de Webtoon à l’époque. J’ai reçu beaucoup de messages de lecteurs étrangers qui me demandaient quand sortirait le tome 2 en anglais.

La bonne nouvelle, c’est que le tome 2 est désormais traduit ! J’ai reçu un premier exemplaire la semaine dernière, et il devrait être publié très bientôt. Je dois encore discuter avec mon éditeur pour fixer une date officielle de sortie.

Pour l’instant, Erika et les princes en détresse est disponible en anglais, principalement au Royaume-Uni. Mon objectif serait d’élargir encore plus la diffusion, mais cela demande des moyens et une bonne stratégie de distribution.

Même si cela reste un projet à ma petite échelle, je trouve ça incroyable de voir ma BD exister en plusieurs langues, surtout en étant en auto-édition.

Pourquoi passer de la maison d’édition à l’auto-édition ?

Avec ton parcours en maison d’édition, pourquoi avoir choisi l’auto-édition pour Erika et les princes en détresse ?

Quand j’ai présenté Erika et les princes en détresse, une maison d’édition était intéressée, mais elle voulait en faire un seul tome. Pour moi, c’était impensable : j’avais imaginé tout un univers, une histoire qui devait se développer sur plusieurs volumes.

Même si l’éditeur avait accepté de publier plusieurs tomes, il aurait toujours eu le pouvoir d’arrêter la série à tout moment. J’ai vu trop d’auteurs contraints de conclure leur histoire prématurément, et je ne voulais pas prendre ce risque.

L’autre gros problème de la maison d’édition, c’est la rémunération. Vivre uniquement de la BD en édition classique, c’est très compliqué.

En maison d’édition, un auteur touche des droits d’auteur uniquement après avoir remboursé son avaloir. L’avaoir, c’est la somme avancée par l’éditeur pour permettre à l’auteur de réaliser son livre. Cela peut prendre 6 mois, 1 an, voire plus avant que le livre soit rentable et que l’auteur commence à percevoir des revenus.

Le problème, c’est que beaucoup d’auteurs ne touchent jamais de droits d’auteur parce que leurs livres ne dépassent pas le seuil de rentabilité. Personnellement, après six albums en maison d’édition, je n’ai jamais touché de droits d’auteur.

Avec Erika et les princes en détresse, c’est la première fois que je suis réellement rémunérée pour mon travail. Grâce aux soutiens sur Tipeee et Ulule, je peux continuer à créer sereinement, sans avoir le couteau sous la gorge.

Je suis extrêmement reconnaissante envers toutes les personnes qui soutiennent le projet. Sans elles, je ne pourrais pas faire ce que je fais aujourd’hui.

Le succès inattendu de « Pas mon genre »

Tu as publié plusieurs BD en maison d’édition, dont « Pas mon genre », qui abordait aussi la question des stéréotypes de genre.

À un moment, l’éditeur a décidé d’arrêter la commercialisation du livre et voulait détruire les stocks restants. Il m’a proposé de les racheter, ce que j’ai fait immédiatement. Il restait près de 300 exemplaires.

Je les ai alors mis en vente sur ma boutique en ligne, en expliquant aux lecteurs que c’étaient les derniers exemplaires disponibles.

Ce que je ne savais pas, c’est que la BD allait se vendre en un temps record. En trois heures seulement, tout le stock avait disparu ! Il y avait même tellement de commandes que ma boutique en ligne a buggé.

Ce succès m’a énormément touchée, surtout que « Pas mon genre » a été une des inspirations principales pour Erika et les princes en détresse.

Un concept né à la fin de Pas mon genre

C’est amusant de voir comment une idée peut émerger d’un simple détail. À la toute fin de Pas mon genre, ma dernière BD en maison d’édition, j’avais dessiné une scène où une princesse guerrière sauvait un prince prisonnier d’un dragon.

C’était une manière humoristique de conclure cette BD sur les stéréotypes de genre, mais en la dessinant, quelque chose a fait tilt. Cette inversion des rôles m’a fascinée, et j’ai commencé à imaginer un univers entier basé sur ce principe. C’est ainsi qu’est née Erika et les princes en détresse.

Ce qui était au départ une simple idée de fin de BD est devenu un univers entier qui occupe aujourd’hui tout mon temps. Avec Brice, nous travaillons à plein temps dessus. Entre la création des tomes, la gestion des campagnes Ulule et la production de contenus pour la communauté, Erika et les princes en détresse est devenu bien plus qu’une BD : c’est un projet qui nous fait vivre et qui nous passionne.

Pouvoir raconter une histoire d’heroic fantasy, y injecter de l’humour et des valeurs féministes, tout en offrant un bon moment de lecture, c’est exactement ce que je voulais faire.

La campagne Ulule pour financer Erika et les Princes en détresse

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, Ulule est une plateforme de financement participatif. Le principe est simple : les gens peuvent soutenir un projet en participant à sa précommande. Si l’objectif est atteint, le projet voit le jour. Sinon, tout le monde est remboursé.

C’est grâce à Ulule que nous avons pu financer les précédents tomes et c’est aussi sur cette plateforme que nous lançons la campagne pour le tome 3.

Ce que les gens voient, c’est une campagne qui dure trois semaines. Mais en réalité, il nous faut six mois de préparation en amont. On ne se contente pas de dire « Précommandez le livre », on veut immerger les gens dans une aventure.

Pendant la campagne du tome 2, on avait imaginé un système de progression : plus les gens précommandaient, plus Erika avançait dans sa quête et affrontait de nouveaux ennemis. Ce concept a été très bien accueilli, et nous avons voulu reprendre cette idée pour le tome 3.

Cette fois-ci, Erika devra sauver un nouveau prince en détresse, et les contributeurs pourront suivre l’histoire en direct à travers des animations et des visuels inédits.

Pour cette campagne, j’ai réalisé 54 illustrations, avec 20 personnages animés112 expressions faciales différentes, et de nombreux décors. Il a fallu découper chaque personnage en morceaux (bras, jambes, pupilles, etc.) pour les animer et rendre l’aventure plus immersive.

C’est un travail colossal, mais on adore ça. Bien sûr, pendant la campagne, il y aura du stressde la fatigue, mais aussi beaucoup d’excitation à voir le public réagir en direct à tout ce que nous avons préparé.

Pourquoi passer par Ulule plutôt qu’une maison d’édition ?

En maison d’édition, j’aurais beaucoup moins de contrôle sur mon travail. Par exemple, quand j’ai présenté Erika et les princes en détresse, une maison d’édition était intéressée mais voulait le faire en un seul tome.

C’était impensable pour moi : j’avais tout un univers à développer, et je savais que l’histoire nécessitait plusieurs tomes.

En plus de la liberté créative, l’auto-édition me permet de vivre de mon travail, ce qui n’était pas le cas en maison d’édition.

Dans l’édition classique, les auteurs ne touchent des droits d’auteur qu’après avoir remboursé leur avaloir. Beaucoup ne gagnent jamais rien, et c’était mon cas malgré six albums publiés.

Avec Erika et les princes en détresse, c’est la première fois que je suis réellement rémunérée grâce aux soutiens sur Ulule et Tipeee. Cela me permet de créer sans pression, sans avoir à faire des compromis artistiques.

Un projet qui repose sur la communauté

Nous avons la chance d’avoir une communauté bienveillante et engagée, qui nous soutient dans chaque étape du projet.

Nous espérons que la campagne Ulule du tome 3 rencontrera le même succès que les précédentes. Mais à chaque lancement, il y a toujours une part d’incertitude. On ne sait jamais comment le public va réagir.

Ce qui est sûr, c’est que nous mettons tout notre cœur dans ce projet et que nous espérons continuer cette aventure encore longtemps.

Quand on prépare un nouvel opus d’Erika et les princes en détresse, il ne s’agit pas juste de dire : « Je vous promets que le tome va être bien ». Non, je veux le montrer. Je veux prouver aux lecteurs que nous mettons toute notre énergie dans la qualité du livre.

Nous aimons prendre le temps de bien faire les choses, et c’est ce souci du détail qui rend chaque tome d’Erika et les princes en détresse aussi spécial.

Erika et les Princes en détresse en dessin animé ?

Depuis les premières dédicaces, beaucoup de lecteurs nous disent : « Mais ce serait génial d’avoir Erika et les princes en détresse en dessin animé ! ».

C’est une idée qui me fait rêver, mais ce genre de projet est très complexe à mettre en place, surtout en auto-édition. Peu de BD parviennent à être adaptées, et encore moins quand elles ne sont pas issues de grandes maisons d’édition.

Mais ce serait incroyable. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, Erika et les princes en détresse prendra vie sur nos écrans !

Les campagnes Ulule

Ce qui est amusant, c’est que nous avons déjà fait un pas vers l’animation avec les campagnes Ulule. Lors de la campagne du tome 2, nous avions introduit un narrateur épique, qui donnait une dimension encore plus immersive à l’histoire.

Pour la campagne Ulule du tome 2, nous avons eu la chance incroyable d’avoir Pierre-Alain de Garrigues comme narrateur. Il a accepté de prêter sa voix au compteur, et le résultat était juste incroyable !

Il a enregistré tout son texte en seulement 15 minutes, et dès la première prise, tout était parfait. J’étais choquée par son talent, et super reconnaissante qu’il ait accepté de participer à notre aventure.

Sa voix donnait un ton épique et drôle aux vidéos de la campagne. Pendant toute la durée de Ulule, il racontait notre histoire, comme un vrai conteur d’aventure.

Sera-t-il de retour pour la campagne du tome 3 ?

Suspense ! Je ne peux rien révéler pour le moment, mais les lecteurs devront suivre la campagne pour le découvrir.

Nous allons lancer la campagne Ulule mi-octobre. Beaucoup de gens pensent qu’il s’agit juste d’un moyen de vendre le livre, mais en réalité, c’est bien plus que ça.

Ulule permet de financer l’impression, mais surtout de savoir combien d’exemplaires commander. Plutôt que de devoir deviner un nombre d’impressions, je peux adapter la production en fonction du nombre de précommandes.

Une fois la campagne terminée, nous envoyons tout à l’imprimeur, et la logistique commence :

  • Fabrication des livres
  • Réception des exemplaires
  • Préparation des colis
  • Signatures et dédicaces

Tout ça prend du temps, ce qui explique pourquoi les livres seront livrés en 2025.

L’une des choses dont je suis la plus fière, c’est que le tome 3 est déjà terminé à 100% avant même le lancement d’Ulule.

Je voulais absolument éviter d’avoir à revenir sur le tome après la campagne. Dès que les précommandes seront closes, on passe directement à l’impression.

Des goodies pour remercier la communauté

Chaque campagne Ulule est l’occasion de remercier les contributeurs avec des goodies exclusifs. Pour le tome 2, nous avions proposé :

  • Des tatouages temporaires
  • Des magnets Erika
  • Des cartes postales
  • Une figurine en papier à construire

Cette année, nous avons prévu une surprise pour les goodies. J’annoncerai la semaine prochaine de quoi il s’agit. Je suis curieuse de voir comment cela va être reçu !

Créer et gérer une campagne Ulule, c’est un travail colossal, et ça occupe toute mon énergie mentale. Il faut penser aux livres, aux goodies, aux expéditions, et bien sûr éviter les erreurs.

Pendant la campagne du tome 2, cela me prenait tellement d’espace dans la tête que j’en rêvais la nuit. J’ai même fait un cauchemar où j’avais promis aux contributeurs des mini-hamburgers… mais qu’ils arrivaient froids ! J’étais horrifiée parce que j’avais garanti qu’ils seraient servis chauds.

Dans un autre rêve, je livrais des raviolis aux huîtres de Bretagne, ce qui n’a aucun sens… Bref, à voir ce que mon cerveau va m’inventer pour la campagne du tome 3 !

Mot de la fin

Si j’ai une leçon à tirer de cette aventure avec Erika et les princes en détresse, c’est qu’il faut oser essayer.

Se lancer dans l’auto-édition était un énorme pari, mais je ne voulais pas regretter de ne pas avoir tenté. Peut-être que cela ne marche pas toujours, mais il faut se donner une chance de réussir.

  • Pour celles et ceux qui souhaitent découvrir Erika et les princes en détresse, voici où vous pouvez commander les tomes :
  • Tome 1 et tome 2 disponibles sur notre boutique en ligne : shop.yatou.fr
  • Tome 3 en précommande sur Ulule en octobre
  • Toutes les infos sur l’univers sur notre site officiel : erikaprincendetresse.com

Mes rôles modèles

Les personnages qui m’ont inspirée sont ceux du manga Bakuman. C’est l’histoire de deux jeunes passionnés de manga qui se donnent à fond pour réaliser leur rêve.

J’aime leur énergie, même si parfois ils vont trop loin, au point de mettre leur santé en danger. Pour moi, réussir ne doit pas se faire au détriment de son bien-être.

Mes ressources

Si je devais recommander des lectures, je citerais :
Arthée
Reine d’Égypte
Les Carnets de l’Apothicaire

Ces mangas mettent en avant des femmes fortes et indépendantes, ce que j’adore. Les Carnets de l’Apothicaire, par exemple, propose un personnage qui ne tombe pas dans les schémas classiques de romance. Elle est brillante et focalisée sur son travail, ce qui change des héroïnes traditionnelles.

Un grand merci à la communauté !

Je suis immensément reconnaissante envers toutes les personnes qui suivent Erika et les princes en détresse et qui soutiennent le projet, que ce soit sur Ulule, Tipeee, ou simplement en partageant la BD.

L’aventure continue, et j’ai hâte de partager la suite avec vous !

Ma vision du féminisme

Quand on parle de féminisme, beaucoup de gens se font des idées fausses. Pour moi, c’est très simple : le féminisme, c’est l’égalité entre les genres.

C’est tout. Il ne s’agit pas de dominer les hommes, ni d’un mouvement extrême. C’est juste une question de droits égaux entre les femmes, les hommes et toutes les identités de genre.

Si ce message était mieux compris, il n’y aurait pas autant de débats inutiles. C’est fondamental et pourtant, trop souvent oublié.

Avec Erika et les princes en détresse, j’essaie justement d’amener cette réflexionsans donner de leçons, mais en questionnant les rôles de genre avec humour et aventure.

Un coup de cœur Webtoon à découvrir

Si vous cherchez une lecture qui casse les stéréotypes, je recommande Colossal de Diane Truc. C’est un webtoon génial, qui raconte l’histoire d’une fille issue d’une famille aristocratique, mais qui se passionne pour la musculation.

L’histoire est originale, bien écrite et elle change des clichés habituels qu’on peut retrouver dans les mangas ou webtoons classiques. Je le recommande vraiment !

Merci à toutes et tous !

Ce podcast était un vrai plaisir à enregistrer ! Un grand merci aux personnes qui nous écoutent, et un immense merci à toutes celles et ceux qui soutiennent Erika et les princes en détresse.

Retrouvez les tomes 1 et 2 sur notre boutique en ligne : shop.yatou.fr
Le tome 3 sera en précommande sur Ulule en octobre
Toutes les infos sur l’univers sur notre site officiel : erikaprincendetresse.com

J’espère que vous avez apprécié cet échange, et que vous serez au rendez-vous pour la suite des aventures d’Erika et les princes en détresse.

À très bientôt !

Informations complémentaires

Rôles modèles et ressources

  • Personnages de Bakuman (manga sur deux jeunes mangakas déterminés à réaliser leur rêve)
  • Arthée
  • Reine d’Égypte
  • Les Carnets de l’Apothicaire
  • Colossal de Diane Truc

Retrouvez Yatuu

Sur son site internet : shop.yatou.fr
Erika et les princes en détresse : erikaprincendetresse.com

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