Tes livres jeunesse inclusifs avec Sylvie Li

Tes livres jeunesse inclusifs - Sylvie Li
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Bonjour, bonsoir aux personnes qui nous écoutent, je suis en compagnie de Sylvie Li, avec qui nous allons parler de ses livres jeunesse inclusifs sur mon podcast Matrimoine Féministe. Mais avant de lui laisser la parole, je voudrais rendre femmage à Clémence Mouellé-Moukouri, la présidente de l’association Find Yourself. C’est grâce à son événement, le mois de l’Empowerment, que j’ai eu l’occasion de rencontrer mon invitée du jour et de connaître ses livres jeunesse inclusifs. Sylvie, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites dans cet épisode les livres jeunesse inclusifs .

Tout d’abord, je voudrais te remercier, Esthel, de cette invitation pour parler de livres jeunesse inclusifs. Je suis une autrice de livres jeunesse inclusifs. J’ai déjà publié deux albums qui sont Léo et son papi aux super pouvoirs. Celui-là, il existe en version français, français-chinois ou français-teochew.

Et également, le premier album de mes livres jeunesse inclusifs, c’est La conception de Léo avec la PMA. Ce sont des livres jeunesse inclusifs avec un Eurasien qui a deux mamans. Je suis également référente du Pôle éducation et prévention de l’association des jeunes Chinois de France.

Je milite contre le racisme anti-asiatique et la haine anti-LGBT. J’ai également été très active au sein des enfants d’Arc-en-Ciel, l’association qui accompagne les personnes LGBT dans leur parcours de PMA, dans leur parcours de parentalité tout court. Je suis également business analyst en 4-5e. Donc voilà, et maman d’un petit garçon conçu avec la PMA.

C’est quoi les livres jeunesse inclusifs ? Pourquoi les avoir écrits ?

Merci pour ta présentation pour cet épisode livres jeunesse inclusifs, c’est très clair. Et pour commencer cet épisode, car j’aime bien, vu que moi je fais du féminisme éducatif, commencer par présenter le sujet. Qu’est-ce que c’est des livres jeunesse inclusifs et pourquoi les as écrits ?

Alors les livres jeunesse inclusifs c’est qu’on inclut un héros ou des personnages qui font partie d’une ou des minorités. C’est dans un objectif d’inclusion de ces personnages là qui représentent la société. Pour ma part, mon fils a trois ans, il a dit à ma femme et à moi, deux maman c’est trop, je veux qu’une seule maman et un papa. Quand il m’a dit ça, ça m’a fait très mal parce que cet enfant là je l’ai vraiment désiré, j’ai vraiment fait un parcours du combattant à l’étranger à l’époque où la PMA n’était pas encore autorisée pour les lesbiennes.

Avec ma femme on a fait plusieurs allers-retours en Belgique tout ça et quand mon fils du haut de ses trois ans me dit ça je me suis dit waouh ça fait mal et en gros il exprimait surtout son besoin de se conformer à la norme dominante avec un papa et une maman. Il voulait appartenir au groupe avec ses copains, il se rendait compte que c’était le seul enfant à ne pas avoir de papa.

Et ça a vraiment cheminé dans ma tête, ça m’a beaucoup travaillé et j’ai commencé à chercher des livres jeunesse inclusifs qui racontent la PMA des lesbiennes aux enfants. J’ai trouvé très peu de livres jeunesse inclusifs et ce que je trouvais ne me satisfaisait pas assez et je me suis dit, tiens Sylvie, autant que tu écrives l’histoire de ton aventure en Belgique pour que ton enfant, un jour ou l’autre, puisse avoir une meilleure compréhension de sa conception.

C’est vraiment comme ça qu’en tant que responsable d’applications informatiques, n’ayant jamais fait d’études littéraires, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis lancée dans l’écriture de livres jeunesse inclusifs en commençant par la conception de Léo avec la PMA. Et vraiment ce qui m’a vraiment touché c’est mon fils quand il a vu la première page de couverture qui était juste imprimée en A4 juste avant l’impression par l’imprimerie il a dit c’est moi et ça m’avait vraiment touché je me suis dit tiens c’est cool j’ai déjà atteint mon objectif qui était de permettre à mon fils de s’identifier à un héros qui lui ressemble.

Un héros très asiatique et qui a deux mamans. C’est vraiment pour l’aider à mieux grandir parce qu’on se doute bien qu’un livre, c’est l’un des premiers médias que les enfants peuvent regarder. La télé, les écrans, c’est un peu trop jeune. Mais les livres jeunesse inclusifs c’est un média très intéressant pour que les enfants puissent découvrir le monde, se construire, construire leur identité.

Les médias, les livres jeunesse inclusifs en particulier ont deux rôles : miroirs et fenêtres c’est pour ça que moi je suis vraiment contente de me lancer dedans parce que ça permet à des enfants de se découvrir s’ils appartiennent à une famille LGBT donc LGBT c’est lesbienne, gays, bisexuels, transgenres, donc c’est toute personne qui s’identifie à cette communauté-là.

Les familles LGBT ne sont pas assez représentées dans la littérature jeunesse et quand on n’est pas représenté, on ne se sent pas exister dans l’imaginaire collectif. J’ai eu du mal à me projeter à devenir mère en tant que lesbienne parce que j’ai grandi avec des histoires de lesbiennes qui se finissaient mal à chaque fois et ça se finissait toujours par une des deux lesbiennes qui se suicide ou qui est écrasée ou qui lui arrive quelque chose même dans Buffy et les vampires.

Le seul épisode où tu vois le couple lesbien ça se finit mal à la fin de l’épisode et pendant très longtemps je me suis dit que la représentation c’est hyper important pour se construire, construire notre identité et si on est en manque de représentation, c’est plus difficile de s’accepter. Nous avons besoin de livres jeunesse inclusifs qui nous ressemblent.

C’est une très belle présentation dont tu nous as faite pour cet épisode livres jeunesse inclusifs, bravo encore pour cette démarche que ce soit pour ton fils, pour les autres enfants, pour montrer que c’est possible, pour inspirer, donner confiance. Je me dis que les rôles modèles c’est quelque chose de super important, surtout que ça fait écho à toi, sa propre histoire personnelle où malheureusement tu n’as pas pu te construire avec des rôles modèles des femmes lesbiennes positives ou elles ont une vie de couple tout à fait qui se passe bien.

Donc là c’est chouette de pouvoir offrir des livres jeunesse inclusifs aux enfants parce que ça peut clairement leur construire des nouveaux imaginaires et leur montrer qu’il n’y a pas que l’hétérosexualité, il y a plein d’autres facettes dans ce monde et c’est hyper important de le valoriser et franchement bravo.

Ton premier livre sur votre parcours de PMA

Je tiens à cœur de pouvoir expliquer les termes pour que tout le monde puisse repartir avec la meilleure compréhension même si tu n’as pas de connaissances, ici dans cet épisode les livres jeunesse inclusifs. Je voudrais revenir sur un de tes livres jeunesse inclusifs, avec ton premier livre avec la PMA et pour que tu nous définisses qu’est-ce que la PMA ? Aussi, je me disais depuis quand les lesbiennes ont accès à la PMA, pourquoi avant ce n’était pas le cas. Je me dis que c’est intéressant de creuser ce genre de sujet pendant notre échange les livres jeunesse inclusifs.

Alors PMA signifie procréation médicalement assistée et maintenant les médecins préfèrent utiliser AMP, assistance médicale à la procréation. En gros, la PMA était avant tout réservée aux couples hétéro-infertiles et grâce à la mobilisation de plusieurs associations féministes et de familles d’associations de famille LGBT comme la PGL et des enfants d’arc-en-ciel notamment et bien la loi de bioéthique du 2 août 2021 autorise les femmes seules et les femmes lesbiennes en couple à bénéficier d’un parcours de PMA et de bénéficier de inséminations artificielles et de fécondation in vitro, FIV ou IAD avec d’honneur.

Et la loi de bioéthique a été trop résumée par les médias comme la loi PMA pour toutes. Et pourtant, c’est une loi qui est beaucoup plus complexe, qui est en réalité décomposée en cinq piliers. Et il y a la PMA avec les conditions de remboursement, par la sécurité sociale. Il y a également la RCA, la reconnaissance conjointe anticipée, qui permet à la mère sociale qui ne porte pas l’enfant de pouvoir devenir la mère légale dès la naissance de l’enfant. Et ça, cette filiation nouvelle, ce nouveau mécanisme de filiation reste très méconnue de la part des lesbiennes.

A cause de ce raccourci, APMA pour toutes, point. Non, il y a également la RCA, reconnaissance conjointe anticipée. Anticipée, ça veut dire avant l’insémination ou avant la FIV, il faut aller chez le notaire, obtenir un acte authentique de RCA.

Il y a également trois autres piliers que je ne vais pas expliquer aujourd’hui, mais c’est pour dire vraiment que la loi de bioéthique est beaucoup plus complexe. La PMA est autorisée à l’étranger pendant très longtemps, depuis les années 80 jusqu’à aujourd’hui et même aujourd’hui. Il y a des femmes seules et des lesbiennes qui continuent à partir à l’étranger.

Pendant très longtemps c’était des voyages en Espagne ou en Belgique parce que ce sont les pays limitrophes pour envisager de concevoir un enfant et comme je le dis à chaque fois un parcours de PMA c’est une aventure humaine pour concevoir la vie mais sans garantie de succès avec tout l’ascenseur émotionnel que l’on peut vivre avec les échecs qui peuvent être successifs.

On ne sait jamais quand est-ce que Dame Nature va nous autoriser à être mère, parent et c’est pour ça que je dis c’est hyper important d’être bien accompagné et c’est pour ça que moi ce livre La Conception de Léo avec la PMA c’est un de mes livres jeunesse inclusifs qui s’adresse à la fois aux enfants pour comprendre comment on fait un bébé sans papa mais avec un donneur. Et ça permet également aux adultes avec la deuxième partie de comprendre la loi de bioéthique.

J’ai vraiment cherché à vulgariser cette loi de bioéthique dans mon premier livres de livres jeunesse inclusifs, à expliquer le bilan suite à sa première bougie et également donner toutes les informations que moi j’aurais voulu avoir pour faire ce parcours de PMA et bien je les ai ajoutés dans la deuxième partie. Donc c’est vraiment un livre deux en un.

Et parce que j’étais vraiment très en colère quand j’ai vu que le Ministère de la Justice n’avait pas fait son devoir de vulgarisation de la loi, qu’il y avait beaucoup de personnes dans le milieu judiciaire qui ignoraient également les modalités d’application de la loi et même au niveau du corps médical qui n’accueillait pas forcément correctement cette nouvelle patientèle que sont les femmes seules et les femmes lesbiennes.

C’est vraiment un livre riche et qui est soutenu par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, la JCF et les enfants d’Arc en ciel. C’est un livre qui est auto édité. C’est mon souhait parce que quand j’avais soumis le manuscrit avec les illustrations à la maison d’édition de On Ne Compte Pas Pour Du Beurre, le livre il était trop abouti, les illustrations n’étaient pas conformes à la charte graphique de la maison d’édition, donc elles m’ont recommandé soit de le publier, parce que j’avais vraiment bien avancé, soit de faire appel à elle mais sans les illustrations. J’ai donc préféré mener mon projet de livres jeunesse inclusifs par moi-même.

Merci beaucoup pour tous ces éclaircissements dans le cadre des livres jeunesse inclusifs. Moi-même, j’en apprends plein de choses avec toi. Je ne connaissais pas du tout la RCA, la reconnaissance conjointe anticipée avec le fait d’aller chez le notaire. C’est assez frappant qu’on ne soit pas plus au courant de ce genre de choses. Et oui, comme tu dis, c’est vrai que les médias, je pense qu’ils restent en surface, alors que ce serait hyper intéressant de faire venir des personnes comme toi qui connaissent le sujet. C’est aussi pour ça que tu es invitée aussi pour Matrimoine Féministe.

Je trouve ça tellement important de partager cette connaissance avec nous dans cet épisode les livres jeunesse inclusifs, 2021 c’est vrai que c’est quand même très récent, mais c’est hyper important de sensibiliser et bravo aussi cette deuxième partie d’un de tes livres jeunesse inclusifs qui comprend toutes les explications, toute la vulgarisation qui ont été nécessaires dès le début pour que tout le monde puisse repartir avec avec les clés donc clairement j’invite les personnes à à se renseigner et à regarder acheter tes livres jeunesse inclusifs

C’est vraiment nécessaire parce que comme tu le dis beaucoup de personnes hétéro ne se rendent pas compte du parcours du combattant. On est en 2024 et la loi reste encore théorique pour beaucoup d’associations. Les délais d’attente restent très longs. Ce qu’avait dit une des personnes qui avait milité pour la loi avait simplement dit que les femmes ont surtout gagné le droit d’être sur des listes d’attente.

Et oui parce qu’on a ouvert la PMA a deux nouveaux publics, les femmes seules et les femmes lesbiennes, mais sans forcément augmenter les moyens pour accueillir ces nouveaux publics, il y a des embouteillages, il y a des goulots d’étranglement et il n’y a pas assez de dons, dons de sperme ou dons d’ovocytes et c’est encore plus criant pour les personnes non blanches.

Moi par exemple d’origine asiatique, en France, il y a le principe de l’enfant doit ressembler à ses parents. C’est le même principe qui s’applique en Belgique et on appelle ça l’appariement des gamètes, sur la base du phénotype des deux parents. Donc il y a le médecin biologiste qui essaye d’identifier la couleur des cheveux, la couleur de peau, la couleur des yeux, la taille, l’origine ethnique, etc.

Quand vous avez très peu de dons, parce qu’on est en France, il y a plus de dons de personnes blanches que de personnes d’origine asiatique ou noire, etc. Nous on a un délai d’attente encore plus long et pourtant notre fertilité atteint un pic à 25 à 27 ans et ensuite la fertilité ne fait que baisser et c’est toujours ce dilemme de est-ce que je bénéficie de la gratuité de la PMA mais avec un délai plus ou moins long ?

Ou bien je me dis ok, pas de PMA gratuite, je prends tout à ma charge et ensuite je fais un parcours de PMA plus rapide à l’étranger avec tout ce que ça inclut, épuisement, stress, etc. Parce que les voyages, les retours, c’est onéreux et ça demande beaucoup d’énergie. Prendre la route ou prendre le Thalys pour aller en Belgique, par exemple, c’est très épuisant.

Les dons de sperme et d’ovocytes

Merci beaucoup pour ces précisions pour cet épisode livres jeunesse inclusifs et j’aimerais rebondir par exemple, imaginons qu’il y a des personnes qui nous écoutent, ils aimeraient bien faire un don de sperme ou un don d’ovocyte mais ils ne savent pas comment s’y prendre, quelle est la procédure à suivre ?

La procédure à suivre est simple. Allez dans un centre de PMA le plus proche de chez vous et les centres de PMA figurent sur le site web de l’Agence de Biomédecine. La majorité des centres de PMA publics sont dans des grands hôpitaux des APHP.

Donc c’est plus facile de faire un don de sperme que de faire un don d’ovocytes. Un don d’ovocyte nécessite de faire une stimulation hormonale tout ça. Et sachez qu’avec la loi de bioéthique, le don n’est plus anonyme.

Ça veut dire que l’enfant qui a des conçus avec un don ou double don, il peut à sa majorité faire appel à une commission d’accès aux origines pour avoir des informations non identifiantes ou de la part de son donneur ou de sa donneuse et c’est depuis septembre de l’année dernière.

Ok, c’est super intéressant, c’est vrai que je pense que ça peut aider les personnes qui écoutent notre épisode les livres jeunesse inclusifs. En tout cas oui c’est chouette, ça permet aux enfants de comprendre leur origine, parce que j’imagine que ça peut être potentiellement compliqué, parce que t’as envie de savoir potentiellement à qui ressemble l’autre partenaire, donc c’est pas mal.

Nous sommes dans une phase transitoire avec ancien don et nouveau don. La personne qui fait le don peut donner plus ou moins d’informations. J’ai là par exemple dernièrement échangé avec une lesbienne qui a fait un don dans vos sites, elle a écrit une lettre.

Et cette lettre là va être conservée pendant 18 ans minimum et si un jour des enfants issus de son don souhaiteraient avoir des informations et bien cette lettre pourra être ouverte uniquement à l’enfant qui a fait la demande. Il y a des personnes qui donnent moins d’informations.

Donc ça se trouve, il ne faut pas créer trop d’espoir non plus. Et c’est ça qu’on insiste beaucoup, c’est que le donneur peut donner plus ou moins d’informations. Et s’il donne des informations, c’est des informations non identifiantes. Et si on donne trop d’espoir à l’enfant, il peut y avoir beaucoup de déceptions également.

Et nous dans notre démarche, notre fils, il est né d’un don anonyme. Ça signifie qu’il n’aura ni lui, ni nous, n’auront jamais accès à l’information. Et on dit à chaque fois, qu’il est le fruit de l’amour de ses deux mamans. Être parent, c’est aimer son enfant, l’éduquerprendre soin de lui au quotidien. C’est vraiment le même concept que adopter son enfant.

Adopter un enfant, on est quand même parent, alors qu’on n’a pas porté biologiquement l’enfant dans son corps. Si on fait une démarche d’adoption, on se sent pleinement parent parce qu’on s’occupe de lui, on l’aime, on est malheureuse quand il a un chagrin.

C’est vraiment l’idée de grandir. Donc pour moi, cette idée de donneur, c’est OK, il y a eu un acte généreux de sa part. Sinon, les couples socialement stériles que sont les lesbiennes et les perses et les gays, on ne pourrait pas fonder nos familles. C’est un geste généreux, mais il n’en demeure pas moins que la mère qui n’a pas porté l’enfant ou le père qui n’a pas donné son patrimoine génétique, on est quand même des parents à part entière.

C’est ce qu’on dit faire famille autrement, les nouveaux modèles de famille qui ont toujours existé, c’est juste qu’ils étaient davantage invisibilisés avant. Les lesbiennes ont toujours eu la possibilité de faire des inséminations artisanales avec des pipettes tout ça.

C’est très beau ce que tu nous dis et je suis tellement d’accord avec toi, il y a vraiment une différence entre le géniteur ou la génitrice, et le parent qui vont vraiment élever l’enfant et que ce n’est pas parce que tu donnes, on va dire, la graine ou que sais-je que tu vas pouvoir assumer derrière les responsabilités d’un parent et c’est très beau ce que tu dis que votre enfant il est le fruit de votre amour.

L’amour, la base pour les enfants

Je partage complètement ton point de vue là dessus et de toute façon l’amour, il n’y a que ça comme base qu’il faudrait donner aux enfants et peu importe les modèles familiaux. Des fois je ne comprends pas trop pourquoi il y a des personnes qui jugent les personnes qui sont lesbiennes, gays, trans, alors que du moment que l’enfant est de l’amour je pense que c’est juste ça dont il a besoin, ils sont aimés, compris. soutenu, qu’on sache que ses parents sont là pour lui, je pense que c’est ça le plus important et il n’a rien besoin d’autre.

Après oui, il a besoin de comprendre comme ton fils, il ne comprenait pas pourquoi il avait deux mamans et pas un papa et une maman, donc c’est important de lui expliquer à travers les livres jeunesse inclusifs. Mais une fois qu’on lui donne ses clés de compréhension, après il peut se construire et il peut mener sa vie de façon paisible.

Moi, je suis toujours sidéré de voir qu’on peut poser 36 000 questions à un couple de personnes de même sexe pour savoir s’ils sont aptes à faire un projet de parentalité, etc. Et en même temps, on a dans la société des enfants qui naissent plus ou moins par accident dans des couples, au sein des couples hétéro avec un papa qui est violent, maltraitant ou je ne sais quoi. Et là, pour le coup, il n’y a pas eu de question. Ça s’est fait naturellement et oups.

Donc, mettre les deux être autant critiqués avoir autant d’aprioris sur la parentalité des personnes LGBT alors que pour nous c’est vraiment parcours du combattant, des enfants vraiment désirés parce que, je le dis régulièrement, se vouloir parent, c’est avant tout un parcours très cérébral parce que la société nous renvoie tellement peu d’images de papa gay, maman lesbienne, tout ça.

Tous ces nouveaux rôles modèles de papa gay, maman lesbienne, c’est très récent. D’abord, s’autoriser à devenir mère lesbienne, c’est tout un cheminement cérébral avec la question de représentation. Et ensuite, le jugement. Quand j’ai annoncé à ma mère que j’étais enceinte, j’ai eu au lieu d’avoir de la joie de la part de ma mère, elle m’a dit mais comment il va grandir sans figure paternelle ? Donc sur le coup j’étais trop triste de voir, qu’au lieu de se réjouir pour moi de ma grossesse, j’ai dû subir un interrogatoire.

En gros, c’était toutes les inquiétudes et projections d’angoisse de ma mère vers notre enfant, vers notre modèle familial. Avec ma femme, je devais justifier en disant, mais tu te rends pas compte, maman, ça fait 40 ans ou 60 ans d’études sociologiques, psychologiques qui ont été faites en Amérique, au Canada, aux États-Unis sur oui, les enfants des familles LGBT vont bien.

J’ai dû tout lui dire et tout lui expliquer et lui expliquer que ma femme agirait en tant que parent et qu’elle a été tout à fait légitime à être parent. Mais ça, quand j’ai vécu l’annonce de cette grossesse, je voulais que ma mère, n’importe qui à qui on annonce la grossesse, normalement, c’est de la joie. Quand j’ai pas eu cette joie là qui a éclaté chez ma mère, mais direct, toutes les questions, je me suis dit c’était hyper violent. Waouh je me suis dit bon ok première bataille, mais ça a été super dur. Et finalement après une fois que l’enfant est né, et bien ce n’était plus une question, ça s’est passé plus facilement.

J’envoie aux personnes qui nous écoutent, si jamais ils sont dans la même situation que toi, tu as pu l’être, tout mon soutien, et je t’envoie mon soutien. Même si maintenant ça va mieux, mais oui je pense que clairement la réaction de ta maman et potentiellement la réaction des personnes qui nous écoutent si jamais ils sont dans cette même situation que toi je pense c’est parce qu’il y a vraiment un poids énorme de l’hétéronormativité dans notre société qui fait qu’on imagine que c’est le seul modèle possible et que c’est forcément le bon modèle alors qu’au final on est des êtres humains.

On n’est pas des copiés collés, on a nos propres aspirations, nos propres désirs, nos propres attirances. Là c’est mettre tout le monde dans le même sac alors que forcément, on est chacun et chacune unique à sa manière. Donc oui c’est important de pouvoir être pleinement soi-même et c’est chouette que de nos jours les choses évoluent et encore comme tu dis un long parcours à faire mais j’ai quand même de l’espoir sur le fait qu’on avance dans quelque chose où ça devient plus, la norme des familles autres que hétéro.

Même si ça prend du temps, il y a des petites graines qui se sèment et je pense que clairement c’est l’éducation qui pourra faire changer les choses et qui pourra planter des graines, je dis des graines d’éveil féministe pour pouvoir changer les mentalités et aller vers une société plus juste, plus égalitaire, tout ce qu’on veut parce qu’il n’y a que comme ça qu’on pourra avancer un pas à la fois quoi.

Tout à fait et ça prend beaucoup de temps et il y a régulièrement des backlash, des retours de bâtons et c’est ça qui est inquiétant. Retour de bâtons par exemple, là il y a une montée de l’extrême droite avec le gouvernement de Melloni en Italie.

Comment tu peux expliquer les backlashs justement ?

Ce qui s’est passé l’année dernière, c’est qu’il y avait des mairies qui avaient autorisé l’ajout du nom de la mère sociale sur l’acte de naissance. Ce sont des mairies qui étaient OK avec le fait d’avoir des familles avec des mamans.

Mais c’est vrai qu’il n’y a pas de loi proprement dite qui autorise, qui légalise la famille lesboparentale en Italie. Et avec la montée de l’extrême droite, avec la mise en place du gouvernement Meloni, il y a eu un retour de bâton. C’est qu’il y a plusieurs mairies qui ont dû

effacer la mère sociale d’une quarantaine ou soixantaine de actes de naissance. C’est très angoissant parce qu’on se dit, est-ce que ça peut nous arriver, nous en France ?

Ce qui est sûr, c’est que si on a fait un parcours avec une adoption plénière, pour l’enfant, par la mère qui n’a pas porté l’enfant et qui a été donc ratifié proprement dans le cadre de la loi française. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Mais on ne sait pas ce qui peut arriver avec la montée de l’extrême droite en France.

Donc nos droits des personnes LGBT, droits des personnes immigrées, les droits, ça change, c’est progressiste, mais on ne sait jamais si on peut revenir en arrière. Moi, je suis toujours très choquée de voir qu’aux États-Unis, dans certains États très conservateurs, mes livres jeunesse inclusifs font partie des livres interdits. Et même celui-là, même celui-là, il serait interdit parce qu’il représente des Asiatiques. Il y a des états très conservateurs qui font, qui veulent faire un retour en arrière, famille traditionnelle,

Moi je suis juste extrêmement choquée. J’avance à mon échelle. Je fais des interventions en milieu scolaire en présentant mes livres jeunesse inclusifs. Je fais des interventions auprès des enfants avec mes livres jeunesse inclusifs. J’essaye d’aller à la rencontre des enfants pour leur expliquer, toi, tu as la chance d’avoir un papa, une maman. Et mon fils, il a la chance d’avoir deux mamans. Et nos deux familles sont au même pied d’égalité.

C’est ce que j’explique à travers une des illustrations qui représente la diversité des familles avec l’amour créé des familles. C’est ce que j’utilise quand je fais les interventions en milieu scolaire. Donc, tu as différents types de famille. J’explique aux enfants et au début ils peuvent rigoler, tu vois il y a un enfant avec un drapeau arc-en-ciel, LGBT, etc.

Puis après quand je leur explique tout le chemin que j’ai parcouru, parcours du combattant, les vies familiales, etc. Ils comprennent que c’est sérieux et que oui, les familles, on est tous au même niveau. Je fais de la sensibilisation avec mes livres jeunesse inclusifs et quand je vois des petites, quand je vois des yeux qui brillent après, c’est super. Ça prend du temps.

Oui, forcément tes livres jeunesse inclusifs sont un excellent support. C’est vrai que j’avais entendu parler de ce qui s’était passé en Italie, ça m’avait fait vraiment froid dans le dos. Je trouvais ça tellement horrible. Enfin, même si c’est pire qu’horrible, je n’ai même pas un mot pour définir à quel point le monde peut être complètement fou, complètement barré. Mais parce que malheureusement, comme tu dis, nos droits peuvent être sans cesse remis en question.

Et en tout cas, c’est super ce que tu fais en faisant de la sensibilisation avec tes livres jeunesse inclusifs des interventions parce qu’au final, il faut se poser la question, quels enfants on veut laisser à cette planète ? Et si c’est des enfants qui ont pu être sensibilisés à ces questions, c’est des personnes qui vont avoir de l’impact et qui vont faire les choses pour un meilleur monde, pour une meilleure société, que ce soit sociale, environnementale, et c’est hyper important cette sensibilisation que tu fais avec tes livres jeunesse inclusifs.

Moi ce que je dis, ce que j’observe sur LinkedIn, c’est qu’il y a beaucoup de diversité et inclusion en entreprise. C’est super qu’il y ait eu des associations comme l’autre cercle, fasse signer des chartes sur les droits des personnes LGBT au sein des grandes entreprises, des petites entreprises, tout ça. Mais avant d’être employé, avant d’être salarié, avant d’être entrepreneur, on est enfant.

On est enfant et c’est quand c’est déjà adulte, c’est déjà très difficile de déconstruire. Pourquoi est-ce que je fais des interventions au niveau des enfants avec mes livres jeunesse inclusifs ? C’est que les enfants, on peut encore leur faire changer facilement d’avis. On peut encore leur expliquer que c’est super bien d’être ouvert d’esprit avec en exemple des livres jeunesse inclusifs. On a plus d’idées ensemble. La différence, c’est une richesse, etc. C’est pour ça que j’aime travailler avec des enfants pour leur expliquer à travers mes livres jeunesse inclusifs.

La préservation du teochew

Les langues, c’est hyper important. Le français, c’est bien, mais les autres langues, c’est très important aussi. La richesse culturelle, c’est ce qu’on ne peut pas nous retirer. J’aime étudier avec les enfants, travailler avec leurs enfants parce que je sais que j’ai encore cette possibilité de leur montrer la beauté du monde que l’on peut construire ensemble.

Et je ne l’ai pas dit en introduction, c’est que j’ai grandi dans un environnement multiculturel, multilingue. Le français était la quatrième langue que j’apprenais à l’entrée en maternelle. J’avais trois langues qui étaient parlées à la maison. Le teochew, qui est ma langue maternelle, et dont là je porte le t-shirt des jeunes teochew de France. C’est une langue en voie de disparition.

Au sein de la diaspora teochew, ici, au UK, dans plein de diasporas du monde, le teochew est en voie de disparition. Le mandarin est ma deuxième langue et ensuite le laotien, mes parents se disaient des secrets en laotien. Mais le fait d’être multilingue, c’est une richesse incroyable. Quand mon fils est né à l’hôpital, je l’ai pris dans mes bras et je lui ai fait la promesse de ne lui parler qu’en chinois mandarin. Je voulais au moins transmettre une des langues que mes parents m’avaient transmise parce que je ne voulais pas couper cet héritage. Je trouvais que c’était trop dommage. J’ai aussi voulu le faire dans mes livres jeunesse inclusifs.

Je lui ai fait la promesse de lui parler en chinois-mandarin pour qu’il puisse être bilingue en français et en chinois et pour le coup pour moi c’était vraiment un défi de vie parce que je devais toujours continuer à apprendre cette langue pour pouvoir la transmettre et pour que ça soit le plus naturellement possible pour mon enfant et quand j’ai cherché des livres. Je n’ai pas trouvé de livres jeunesse inclusifs. Il y a l’imagerie du Père Castor mais ce n’était pas suffisant pour moi parce que les fruits et légumes c’était des fruits et légumes occidentaux.

J’aime bien aller à l’épicerie chinoise, à Tempérer ou à Paris Store, et là-bas il y a une pléthore de fruits d’Asie du Sud-Est, d’Afrique, tout ça. Et bien, tous ces fruits et légumes, la majorité n’était pas dans le Père Castor. C’est pour ça que je me suis lancée dans ma première imagerie bilingue, qui est l’imagerie bilingue des fruits et légumes. Il fait partie des livres jeunesse inclusifs.

C’est mon premier imagier que j’ai conçu en été 2021. Ça venait d’un besoin personnel de transmission via des livres jeunesse inclusifs. Et c’est pour ça que j’ai d’abord commencé à écrire des images bilingues. C’est parce que je me suis dit que si c’est utile pour moi, ça peut être utile pour d’autres familles de la deuxième génération. Si j’ai ce besoin, je ne connais pas tout le vocabulaire, je cherche pour moi.

N’importe quel autre parent de la deuxième génération pourrait être dans la même démarche et donc trouver mes livres jeunesse inclusifs utiles. C’est vraiment comme ça que je me suis autorisée à écrire, c’est que le vocabulaire me manquait et quand j’ai publié le deuxième livres jeunesse inclusifs en français, chinois-mandarin, j’ai directement été à la porte des jeunes teochew en disant il s’agirait de traduire ces livres jeunesse inclusifs en teochew et ils étaient trop heureux.

On m’a dit mais c’est ce que j’attendais de toi en tant qu’autrice et ensemble avec trois traducteurs au sein des jeunes teochew et bien ils ont traduit Léo et son papi aux super pouvoirs et ils sont fiers que ce livre soit publié c’est le premier album français teochew du monde entier. Il a fallu attendre 2023 pour que ça soit publié, mais c’est pour la diaspora, c’est pour la préservation de cette langue pour les générations futures, mes livres jeunesse inclusifs.

Waouh c’est vraiment très beau, très fort, tout ce que tu nous dis et je trouve ça vraiment beau, merveilleux que tu aies voulu transmettre un bout de ton identité à ton enfant et à tous les autres enfants qui se retrouveraient dans cette situation-là avec tes livres jeunesse inclusifs.

Comme tu dis la différence est une richesse et c’est vrai que si on prend pas soin de son héritage qu’on peut avoir il peut malheureusement disparaître et c’est ce qui arrive avec le teochew. Et moi je ne connaissais pas du tout ce que c’est le teochew donc c’est quoi la différence entre le teochew et Mandarin par exemple ?

Le teochew est une langue originaire du sud-est de la Chine, de la région de Chaoshan. Il y a une cinquantaine de langues chinoises en Chine. On appelle ça des dialectes, s’il n’y a pas de retranscription écrite, je crois. Et bien, le teochew, il y a bien des idéogrammes et également une transcription phonétique qu’on appelle le PUC-HIM et c’est incroyable de voir qu’il y a cette écriture là que moi j’ai découvert pour la première fois avec les jeunes teochew de France.

C’est une langue qui est beaucoup parlé au sein de la première vague de Diaspora, parce que les teochew sont nombreux à avoir immigré vers l’Asie du Sud-Est. Donc on trouve beaucoup de teochew au Vietnam, au Cambodge, au Laos, en Thaïlande.

il y a eu des vagues successives vers l’Europe, vers la France. Déjà, sachez que Chinatown de France, c’est la plus grande communauté asiatique, je crois, d’Europe. Le Chinatown de Paris 13ème, c’est l’une des plus grosses communautés d’Europe. C’est l’histoire avec les Boat People, avec les Khmer, les Khmer Rouge, les réfugiés d’Asie du Sud-Est qui sont venus et ensuite, dernièrement, les vagues d’immigration chinoises depuis la Chine continentale.

Teochew et Chinois-Mandarin, c’est comme Breton et Marseillais ou l’Occitan. C’est vraiment deux langues différentes. Ce qui est vraiment fascinant avec la langue chinoise, c’est qu’on peut parler plein de langues chinoises différentes, mais on partage une même écriture quasiment. Il y a des caractères qui sont spécifiques aux teochew, il y a des caractères qui sont spécifiques aux cantonais, mais n’importe qui peut lire le journal s’il a assez étudié, s’il a étudié assez le chinois-mandarin. Et c’est ça qui est fascinant car c’est l’inverse.

Nous, habituellement, on peut parler, mais on ne sait pas forcément tout écrire. Et donc, en chinois, on peut parler plein de dialectes différents, mais on a une même écriture commune. Et moi, quand j’ai entendu ça, je me suis dit wow, faut quand même savoir écrire.

Ton deuxième livre Léo et son papi aux super pouvoirs

Le livre audio, et ça c’est une très grande fierté, ce sont les voix de mon père, ma mère, la mienne, je fais la voix de Léo et la voix d’un autre personnage. En gros, j’ai eu du mal à trouver des personnes pour la réalisation du livre audio, parce que ce n’est vraiment pas évident de trouver des personnes qui parlent teochew. La voix d’un grand-père, la voix d’une grand-mère, c’est de la première génération. C’est pas évident de convaincre une mamie ou un papi d’enregistrer. J’ai dit à mes parents, est-ce que vous seriez d’accord pour m’aider à faire un de mes livres jeunesse inclusifs en format audio ?

J’étais très contente de les impliquer parce que dans le livre qui fait partie des livres jeunesse inclusifs, ce sont des grands-parents modèles. C’est-à-dire que dans le livre, la grand-mère a dit, je suis fière de toi Léo. Et mes parents ne nous ont jamais dit ça. Quand ma mère a fait le livre audio et qu’elle a dû le prononcer, j’ai ressenti beaucoup d’émotions parce qu’en gros, à travers l’exercice, elle a dit quelque chose qu’elle ne nous a jamais dit à ses trois enfants et je trouvais ça très beau. J’utilise l’écriture comme une forme de catharsis.

Wow c’est vraiment encore une fois puissant tout ce que tu nous dis et c’est vrai que moi même je n’ai pas eu de connaissance de la subtilité de la langue chinoise après c’est vrai que quand tu es occidentaux peut-être que tu dis en Chine tu parles chinois alors que non c’est beaucoup plus subtil mais vu qu’on comprend pas on connaît pas c’est chouette que tu puisses nous expliquer tout ça et c’est aussi très chouette pour le livre audio où tes parents ont fait les voix enfin c’est un projet qui devient familial en fait tes livres jeunesse inclusifs et tout donc je trouve ça super

C’est ça. Moi j’étais vraiment trop contente. Déjà ils sont au courant des coulisses de mes livres jeunesse inclusifs. Chaque fois je tiens au courant ma famille, ma petite sœur, mon grand frère, c’est vraiment la dream team, mon beau frère. Et ensuite, quand j’ai dit à mes parents, est-ce que vous pourriez le faire, etc. Ils ont dit oui, on a fait plusieurs séances d’enregistrement pour un de mes livres jeunesse inclusifs et c’est juste incroyable.

Et quand j’en dis maman tu te rends pas compte ? Ils ont acheté ce livre, ils ont dédié ce livre à leurs grands-parents. Tu te rends compte du pouvoir des livres jeunesse inclusifs ? Ou à leurs petits-enfants, etc. ou à leurs enfants. Donc, j’étais très, très touchée de voir que ce livre-là avait une portée universelle.

Oui surtout que le message est vraiment puissant parce que ton deuxième livre qui fait partie des livres jeunesse inclusifs parle des grands-parents et justement c’est les grands-parents de Léo qui ont pris les devants, qui ont fait les voix, donc je trouve que ça fait une jolie boucle, un joli cercle vertueux en vrai.

C’est ça. J’ai voulu rendre hommage à mon père dans un de mes livres jeunesse inclusifs parce que je ne l’ai pas dit, mais mes parents sont venus clandestinement en France. Donc avec la loi immigration là, même pas en rêve, ils n’auraient pas pu venir. Donc ils sont venus clandestinement en France dans les années 70, 80, dans l’espoir d’un avenir meilleur.

Et même si mon père a très souvent été réduit au statut d’exilé, à ne faire que des métiers d’ouvrier, magasinier, voilà, il m’a transmis d’immenses richesses immatérielles, le plurilinguisme. Moi je parle couramment trois langues, mon père en parle six ou sept donc c’est incroyable. Six langues asiatiques, le français et la créativité et la débrouillardise.

La débrouillardise ça c’est vraiment l’ADN de mon père, il a toujours appris la débrouillardise parce qu’ il a grandi avec très peu de choses, étant obligé de commencer à travailler dès 15 ans, il a appris à faire beaucoup de choses avec peu de moyens. Ce qui était vraiment intéressant pour moi, c’est le côté bricolageMon père, il s’est construit une maison, une vraie maison en brique parce qu’il avait fait une extension de notre maison. C’est impressionnant. Électricien, plombier, tout ça sans CAP, sans études, juste avec l’apprentissage autodidacte.

Je voulais lui rendre hommage tôt ou tard avec mes livres jeunesse inclusifs et quand j’ai eu cette idée d’un papi qui transforme un simple carton en une maison ça coulait de sources, la transformation d’un simple carton en une maison c’est la métaphore de ce que fait mon papa et moi c’est parce que quand j’étais petite mon père m’avait offert un bureau et ensuite je voulais ajouter un meuble par dessus et je devais être au collège. Et il m’a dit bah, dessine moi le meuble Sylvie et je te le ferai. Wow, j’ai pris une feuille A4. J’ai dessiné et j’ai donné mon dessin à papa. Et deux semaines après, j’avais mon meuble.

Et je trouvais ça incroyable. Il avait amélioré. Il avait même ajouté des lampes avec un interrupteur, tout ça. Et ça, pour un enfant de 12 ans, 13 ans, ça m’a beaucoup marqué. Parce que je me dis, wow, à chaque fois, mon papa, quand il faut sortir les encombrants, lui, il fait le tour du pâté de maison, il récupère plein de meubles, tout ça. Et qu’est ce qu’il en fait ? Il recycle, il redonne une vie à ses meubles qui allaient finir à la déchetterie.

Ça m’avait marqué parce que c’était sa routine. Et chez mes parents, il y a beaucoup de meubles qui sont composés de bois recyclés, d’objets qui allaient finir à la déchetterie. Il leur a donné une deuxième vie.

Le mot de la fin sur les “livres jeunesse inclusifs”

Wow, vraiment impressionnant ton papa. Après je me dis souvent que ce n’est pas notre métier, nos études qui nous définissent, mais c’est plus notre valeur qui on est en tant qu’être humain. Enfin j’avoue que j’aurais aimé encore continuer de dérouler cette discussion avec toi, mais c’est vrai que là on se rapproche doucement vers la conclusion. Donc c’est vrai que le temps passe très vite, c’était très intéressant de parler avec toi sur les livres jeunesse inclusifs. Qu’est-ce que tu pourrais dire comme mot de la fin sur les livres jeunesse inclusifs par rapport à tout ce qu’on s’est dit ?

Alors, comme mot de la fin, je dirais, si vous faites un parcours de PMAfaites-vous accompagner parce que c’est hyper important. Soyez curieux les livres jeunesse inclusifs sont un instrument c’est un objet politique parce que entre ce que l’on nous fait voir ou ne pas voir en fonction des maisons d’édition.

Choisir un livre parmi les livres jeunesse inclusifs c’est important de le choisir correctement, parce qu’il y a encore beaucoup de livres qui ne sont pas des livres jeunesse inclusifs et qui véhiculent des stéréotypes sexistes, des stéréotypes racistes, etc. Donc choisissez les albums avec soin. Et pour le coup, je vous recommande le compte Instagram et le site web de Charline qui s’appelle Mon Fils en Rose. C’est vraiment intéressant tout le travail sur les livres jeunesse inclusifs qu’elle a réalisé sur la bibliothèque de Bouchou. Je dirais diversité et inclusion, c’est avant tout dès l’enfance, parce que malheureusement les enfants peuvent être très normatifs.

On ne naît pas raciste, on le devient. On ne naît pas homophobe, lesbophobe, transphobe, on le devient à cause de son environnement, à cause de ce que l’on voit. Et c’est pour ça que moi, je fais toutes ces interventions là dès le plus jeune âge pour sensibiliser avec mes livres jeunesse inclusifs. Je ne fais pas de wokisme. Je veux simplement dire que toutes les familles sont au même pied d’égalité. Et les livres jeunesse inclusifs sont un outil pour expliquer cela.

La différence est une richesse. Je fais vraiment toutes ces démarches pour une société plus inclusive, moins discriminante. C’est ça mon message dans cet épisode : les livres jeunesse inclusifs. Et si vous êtes victime de discrimination, contactez le défenseur des droits. Ça c’est hyper important aussi.

Qui sont tes rôles modèles asio-descendants

Merci beaucoup pour cette conclusion des livres jeunesse inclusifs qui est très belle. Je ne sais pas à quoi rajouter par rapport à ça parce que j’ai trouvé vraiment parfaite donc merci. Et pour continuer la suite de mes questions, qui sont tes rôles modèles asio-descendants ?

Asio-descendants, je dirais que j’apprécie beaucoup le travail sur les livres jeunesse inclusifs de Charline de mon fils en rose asio-descendante non-binaire. J’aime beaucoup également le travail qu’effectue Armanda de Slash Asian et de son équipe. Lou Eve, qui est lesbienne, asio-descendante adoptée. J’aime beaucoup également.

Grace Ly de Kiffe ta race. Finalement, il y a de plus en plus de rôles modèles asio descendants et heureusement qu’on se fait de plus en plus visible, même si ça reste difficile. Et Émilie Tran Nguyen pour son documentaire “Je ne suis pas chinetoque”. Sinon moi je suis de plus en plus impliquée en tant que responsable éducation et prévention de la GCF dans la lutte contre le racisme anti-asiatique. Petit à petit, je connais de plus en plus de personnes militantes et ça fait du bien.

Dernièrement, j’ai fait la connaissance de Estelle Mi, qui est une des fondatrices de l’association Génération Panasiatique. J’aime également beaucoup le travail de Thu-An, de Bissai Media. D’ailleurs, Bissai Media vient de lancer une campagne de crowdfunding pour FASB. Et le premier numéro porte sur les langues d’origine et la diversité culturelle. Je soutiens leur campagne.

Ok, trop bien. Ça en fait des rôles modèles pour notre épisode les livres jeunesse inclusifs. C’est très chouette. Merci du partage. Et d’ailleurs, c’est marrant parce que Charline, justement, je l’interviewerai également sur mon podcast. Mon fils en rose, je trouvais ça très chouette la façon dont elle abordait les choses et j’avais aussi rencontré grâce à Clémence. Donc c’est trop bien.

Quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui nous écoutent ?

Et pour continuer, quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui écoutent les livres jeunesse inclusifs ? Je sais que tu as pu commencer par parler du documentaire. Je ne suis pas Chinetoque, mais je ne sais pas si tu en as d’autres.

L’association Les Enfants d’Arc en ciel, pour le parcours de PMA. Que vous soyez maman solo ou couple lesbienne ou PMA tout court. Sachez qu’un couple sur quatre hétéro est concerné par la PMA à cause des problèmes d’infertilité.

Les ressources conseillées sur les livres jeunesse inclusifs par mon fils en rose.

J’aimerais t’y voir, c’est la nouvelle collection dirigée par Sarah Ghelam, qui est une chercheuse qui a réalisé un mémoire sur la représentation des personnes non blanches dans la littérature jeunesse. Elle a vraiment fait un travail incroyable dessus et j’apprécie. Quand je dis que le livre est un objet politique, c’est que le fait de faire voir ou ne pas voir, ça concerne toute la chaîne du livre.

La chaîne du livre avec l’auteur, maison d’édition, diffuseur, les médias, tout ça. Si j’ai choisi de faire le livre en auto-édition uniquement, c’est parce que j’ai appris que les maisons d’édition classiques ont beaucoup plus de mal à donner la chance à des enfants de deuxième génération à être publiés.

C’est pour ça que je me suis dit tu as l’habitude de te battre, tu publies ton livre et tu verras ce que ça donne. Les gens te tendent la main tant mieux, les gens te tendent pas la main, tant pis. Donc c’est vraiment dans cette démarche là, quand j’ai entendu le discours de Charline et de Grace que je me suis dit il y a encore un autre parcours du combattant à vivre et c’est celui de l’auto édition.

Donc, je le fais avec beaucoup de sérieux. Mes livres jeunesse inclusifs sont écrits avec beaucoup de sérieux et beaucoup d’amour. Ils sont soutenus par des grosses associations. Donc ce n’est pas parce que c’est de l’auto édition que c’est moins qualitatif. C’est juste que le système de la chaîne du livre en France, il est tel qu’il est. Il y a des médiathèques qui refusent de prendre mes livres jeunesse inclusifs, même en don. Et pourtant, ils sont utiles.

Ce sont des médiathèques qui me disent, mais nous, on a une politique d’achat spécifique ou bien, etc. Moi, ça me sort les yeux de la tête quand j’entends ça, parce que ce sont des livres jeunesse inclusifs qui permettent à des enfants de mieux se construire sur le plan identitaire, qui permettent de lutter de manière préventive contre les LGBT-phobies et le racisme anti-asiatique. Et pourtant, me disent maintenant, on ne veut pas de votre livre.

Donc ça, c’est juste édifiant. Je me dis, c’est le système actuel. C’est pour ça que j’ai arrêté de me battre auprès des médiathèques qui ont cette vision très traditionnelle. L’auto édition, on ne le fait pas de cœur. À la base, c’est parce qu’on a essuyé des refus. Si les gens ne comprennent pas, ce n’est pas grave.

Merci de ton partage et ta sensibilisation à travers cet épisode les livres jeunesse inclusifs au sujet de l’auto-édition parce que c’est quand même important pour les personnes qui nous écoutent de comprendre pourquoi l’auto-édition et qu’est-ce qui fait le marché du livre, en quoi c’est compliqué, donc merci pour ça. Et il me reste deux dernières questions pour les livres jeunesse inclusifs.

Que signifie pour toi le terme féminisme ?

Alors pour moi, féminisme, si je devais résumer pour cet épisode les livres jeunesse inclusifs, c’est avoir les mêmes droits que les hommes, être sur un même pied d’égalité en tant que femme. On ne demande pas à ce que les femmes soient plus élevées ou soient mieux reconnues que les hommes. Non, c’est simplement qu’on soit au même pied d’égalité et qu’on reconnaisse également toutes les difficultés à être femme dans une société patriarcale.

Même si on représente la moitié de la population mondiale, on n’a pas le même degré de visibilité dans les médias. Malheureusement, on n’accède pas aussi facilement aux postes de direction dans les sociétés. C’est tout un monde incroyablement patriarcal qui est difficile de trouver sa place. Dans lequel c’est très difficile de trouver sa place en tant que femme.

Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?

Ensuite pour cet épisode des livres jeunesse inclusifs, qui est-ce que j’aimerais au micro de Matrimoine Féministe dans une optique de sororité. J’aimerais que tu puisses inviter Sabine Vu, la fondatrice et la présidente de Les Lumidacieuses. C’est une association de femmes lumineuses et audacieuses qui cherchent à lutter contre le sexisme, à déconstruire les stéréotypes liés au genre et je pense que tu as beaucoup de choses à voir, à échanger avec elles.

Et Sabine Vu c’est une femme lumineuse elle est vraiment solaire et elle a des enfants métis ce qu’elle me dit en rigolant c’est qu’elle dans sa famille c’est trois continents regroupés parce que son mari est français d’origine vietnamienne, elle a des origines africaines et ces enfants ils sont métis avec des yeux bridés et ils sont très beaux. Mais ils sont également victimes de racisme. Si j’ai une seule personne, c’est Sabine Vu que je te nommerai.

Merci beaucoup pour cet épisode des livres jeunesse inclusifs, j’espère que j’aurai l’occasion de l’interviewer. Je n’en doute pas mais c’est vrai que vu que j’ai beaucoup d’épisodes, il faudra que je puisse m’organiser, ce serait avec grand plaisir. En tout cas, merci beaucoup pour cet échange, j’ai trouvé cela superbe. Comme tous mes échanges sur Matrimoine Féministe.

C’était très enrichissant et je suis sûre que les personnes qui ont écouté des livres jeunesse inclusifs ont appris plein de choses. Merci également aux personnes qui nous écoutent actuellement d’avoir écouté jusqu’au bout cet épisode livres jeunesse inclusifs. Cœur sur vous.

Merci beaucoup Esthel, merci aux auditeurs des livres jeunesse inclusifs. A bientôt !

Ciao ciao tout le monde !

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Les sources de l’épisode “livres jeunesse inclusifs”

Les rôles modèles et ressources mises en avant “livres jeunesse inclusifs”

  • Charline de mon fils en rose
  • Armanda de Slash Asian
  • Lou Eve
  • Grace Ly de Kiffe ta race
  • Émilie Tran Nguyen pour son documentaire “Je ne suis pas chinetoque”
  • Estelle Mi, qui est une des fondatrices de l’association Génération Panasiatique
  • Thu-An, de Bissai Media
  • L’association Les Enfants d’Arc en ciel, pour le parcours de PMA
  • J’aimerais t’y voir, c’est la collection dirigée par Sarah Ghelam

Retrouvez Sylvi Li, autrice de livres jeunesse inclusifs

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