Être maman solo entrepreneuse avec Manon Verbeke

Être maman solo entrepreneuse - Manon Verbeke
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Bonjour, bonsoir aux personnes qui nous écoutent. Je suis en compagnie de Manon Verbeke, avec qui nous allons parler du sujet « être maman solo entrepreneuse ». J’ai eu la chance de rencontrer Manon en vrai, le 23 février 2024, lors du gala Elevate de Geneviève Gauvin. Manon, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites pour cet épisode maman solo entrepreneuse. Cet épisode fait partie de la section Podcast de Matrimoine Féministe.

Bonjour à tous. Je suis designer indépendante depuis plus de 10 ans. Je pense que je fais ma 11e année d’indépendance cette année. Et aujourd’hui, j’accompagne les indépendants du web à mettre en œuvre leur identité visuelle en ligne, créer des outils et tout un tas de choses basées sur Canva et les IA pour leur faciliter la vie. J’ai effectivement deux enfants, comme tu l’as dit, je suis maman solo entrepreneuse.

Qu’est-ce que cela implique d’être maman solo entrepreneuse ?

Merci pour cette présentation et pour rentrer dans le vif du sujet, qu’est-ce que cela implique d’être une maman solo entrepreneuse ?

Alors déjà, je vais juste qualifier solo parce qu’il y a pas mal de solos différents qu’on peut entendre sur le web et des fois des combats entre les vrais solos et les pas vrais solos. Actuellement, je suis à demi solo, c’est-à-dire que j’ai mon fils, mon jeune fils de plus de trois ans et demi qui est en garde alternée et ma fille qui est à 100% chez moi, qui est encore un bébé.

Qu’est ce que ça change dans un quotidien de maman solo entrepreneuse ? Clairement, ça change tout. Le calendrier, les priorités, donc la manière dont on s’organise et aussi la marge d’imprévus qu’on met dans nos projets quand on est entrepreneur. C’est vraiment les deux choses pour moi qui sont vraiment importantes. C’est cette capacité à gérer le bazar conséquent d’avoir des enfants.

Parce que ces petites choses-là, ça tombe malade tout le temps et ça a aussi des gardes, on ne peut pas toujours les mettre dans les espaces communs quand ils sont malades, il y a des maladies, beaucoup de maladies qu’il faut gérer. Et donc ça demande une gestion du calendrier qui est vraiment différente quand on n’a que soi comme maman solo entrepreneuse contrairement à si on a un partenaire.

Avoir des enfants signifie beaucoup d’imprévus

Merci pour ces précisions. C’est vrai que ce que je comprends pour être maman solo entrepreneuse, il faut être hyper flexible, il faut s’adapter en permanence, parce qu’un enfant, comme tu dis, tombe malade très souvent. Je n’ai pas d’enfant, mais d’après ton discours, c’est vrai que c’est un changement d’emploi du temps. Surtout, si tu as des clients, tu as des choses à faire , c’est vrai qu’avoir des enfants, c’est beaucoup d’imprévus, je suppose.

Là, typiquement, au moment où on se voit pour cet épisode de podcast maman solo entrepreneuse, cette semaine, ma nounou est souffrante. Ça lui arrive rarement, mais quand ça arrive, c’est une semaine qu’il faut gérer et trouver des solutions au maximum pour pouvoir maintenir, par exemple, ce rendez-vous. La semaine d’avant, c’était moi et ma fille. Il y a eu une otite et un autre truc, une maladie virale à l’école.

Concrètement, ma marge de manœuvre que je pensais bonne et sécurisante pour mes clients a littéralement explosé en 15 jours. Et c’est un éternel recommencement d’être maman solo entrepreneuse. À chaque fois que je rattrape mon retard, à chaque fois, il y a à nouveau un truc qui vient chambouler le quotidien et questionner le rythme qu’on avait déjà réussi à mettre en place.

Ce que j’entends, vu que tu es maman solo entrepreneuse, je me dis que c’est peut-être plus facile pour rattraper ce retard qu’en étant salariée, puisque c’est toi qui organises tes journées, tu peux travailler, enfin en salariée on va dire, on travaille 5 jours par semaine, toi tu peux potentiellement travailler les week-ends si vraiment il y a une urgence ou pas du tout.

Oui, après le week-end en tant que maman solo entrepreneuse j’ai les deux enfants avec moi. Donc ce que je peux faire c’est travailler quand ils dorment mais la vérité c’est qu’entre le moment où il récupère de la garde et le moment où ils s’endorment, je n’arrête pas une seconde et je suis littéralement vidée quand arrive 21h30 et que les deux sont couchés et qu’il faut encore préparer les sacs pour le lendemain, les repas, repasser un coup dans la cuisine parce qu’on a tout laissé en plan parce qu’il y avait une crise.

Donc quand je travaille le soir, c’est vraiment parce que j’en ai envie et j’essaye toujours de garder ça à l’esprit : si tu travailles le soir parce que tu n’as pas le choix, pour une raison X ou Y, c’est qu’il y a une faille dans ta planification. Donc je travaille le soir que quand j’en ai envie. En tout cas, c’est mon mojo de maman solo entrepreneuse. Et je t’avoue qu’en ce moment, ça m’arrive de travailler le soir parce que je n’en ai pas envie. C’est un peu compliqué là.

Arrives-tu à avoir du temps pour toi ?

Mais quelle énergie les parents et encore plus les parents solos, et toi en tant que maman solo entrepreneuse peuvent déployer, parce que toi tu assumes peut-être une double journée de travail, mais seule, en tant que maman solo entrepreneuse donc ça doit être encore plus difficile dans ton quotidien, et je me demandais est-ce que tu arrives quand même à avoir de temps en temps des moments pour toi où c’est compliqué vu qu’ils sont tout petits encore ?

Pour le moment, je pense que je suis une très mauvaise élève.

Je lis partout, c’est presque un peu culpabilisant qu’il faut penser à soi, qu’il faut prendre du temps pour soi pour pouvoir être un bon parent. La réalité, c’est qu’aujourd’hui, je me sens incapable en tant que maman solo entrepreneuse, de laisser une heure de plus mes enfants à la garderie ou chez la nounou alors qu’ils y sont déjà pour des journées qui sont harassantes pour pouvoir moi aller faire mon sport ou je ne sais pas quoi.

En tant que maman solo entrepreneuse, je n’arrive pas à me faire passer avant eux. Donc pour le moment, je suis très mauvaise élève, clairement, mais je le vis bien. Je me l’autorise à être mauvaise élève.

C’est important ce que tu dis pour ce podcast maman solo entrepreneuse, on ne peut pas être une super maman parfaite, on n’est que des êtres humains et de toute façon c’est important de partager ces difficultés que tu peux avoir, parce que je me suis sûre qu’il y a des mamans qui nous écoutent qui elles aussi doivent culpabiliser parce qu’elles n’arrivent pas à prendre ce temps pour elles, mais comme tu dis tu es en phase avec tout ça, c’est l’essentiel je pense.

Je suis très consciente que j’aurais bien besoin de ça, mon corps, ma tête, le fait d’être maman solo entrepreneuse en aurait vraiment besoin, de retourner plus régulièrement chez la psychologue, de prendre du temps pour faire du sport, de bouger mon corps. La réalité, c’est que le seul moment où j’arrive à me l’autoriser, c’est sur mon temps de travail et actuellement, mon temps de travail, je suis déjà sur un temps de travail qui est très bas, une quantité de travail qui est très bas.

Je suis à moins de 24 heures semaine et je n’arrive pas à faire moins de manière à générer le revenu suffisant pour faire vivre mon foyer. Donc ce qui passe à la trappe, c’est la psy et le sport, ça tombe bien, ça coûte cher. Donc ça allège le budget de maman solo entrepreneuse. Si je prends ce temps pour aller faire du sport et voir la psychologue, ça me coûte de l’argent en soi. Ça me coûte de l’argent de faire garder les enfants ou de ne pas travailler si je le fais sur mon temps de travail.

Et en plus de ça, ça me coûte de la culpabilité de me dire pas que je passe pas ce temps avec mes enfants, parce que j’en passe plein du temps de qualité avec mes enfants, mais que mes enfants qui sont déjà fatigués par leur journée restent une à une heure et demie de plus loin de la maison où ils peuvent se reposer.

Oui je comprends complètement ce que tu veux dire et ça me fait penser à l’épisode que j’avais vu avec Thérèse Sayarath où on parlait aussi de comment prendre soin de sa santé mentale et dans les solutions gratuites qui est à disposition pour tout le monde c’est aller se balader, peut-être balader en forêt avec de la nature parce que je me dis ça peut être ressourçant après je sais pas si tu as de la nature à proximité de chez toi immédiate.

J’ai plutôt fait le choix d’habiter en centre-ville pour la gestion et faciliter des conduites et tout ça. Mais oui, clairement, le truc qui fonctionne bien, d’autant que le beau temps commence à revenir légèrement, de marcher pour aller chercher les enfants. En tant que maman solo entrepreneuse, je me suis malheureusement un peu éloignée avec la séparation. Maintenant, je suis à un bon 20 minutes à pied de l’école et de la nourrice. Et donc marcher, à l’aller, me permet au moins d’avoir cette demi-heure de pause où on marche et le cerveau peut un peu faire le tri, passer à autre chose, faire un espace tampon.

C’est super, en tant que maman solo entrepreneuse tu as quand même dans ta journée quand tu vas aller chercher tes enfants ce temps pour toi, tu es en train de marcher et je pense que petit à petit, je te le souhaite, quand les enfants grandiront et que tu arriveras mieux à gérer tout ça, que tu puisses prendre plus de pauses et pouvoir continuer à passer du temps aussi avec toi-même.

Clairement, l’organisation se défait et se refait continuellement quand on a des enfants en fonction de ce qui change, et beaucoup de choses changent très vite, surtout en étant maman solo entrepreneuse. Et je ne m’inquiète pas du tout, sauf que là, c’est un moment où je n’ai pas ce temps-là, mais c’est aussi mes choix. Et je l’aurai peut-être à un autre moment, bientôt, on verra.

Ton cheminement pour être maman solo entrepreneuse

Je voulais aussi rebondir sur notre épisode maman solo entrepreneuse, parce que quand j’avais discuté avec toi, j’ai vu, ou j’ai vu sur LinkedIn, je ne sais plus exactement, que tu étais maman solo entrepreneuse par choix. Donc, si tu pouvais nous expliquer ton cheminement de maman solo entrepreneuse pour les personnes qui nous écoutent.

C’est effectivement moi qui ai choisi de rompre, avec le père de mes enfants, environ au moment de l’annonce de ma grossesse. C’est mon choix d’être maman solo entrepreneuse. Je me suis pris un coup de massue quand j’ai cherché mon premier logement toute seule avec deux enfants, enfin un enfant et enceinte d’un autre, en étant indépendante. C’était la première fois où je me retrouvais à chercher un logement en tant qu’adulte et pas en tant qu’étudiante ou jeune active où j’avais vraiment mes parents derrière moi qui montrent patte blanche.

Et ça a été incroyablement dur d’être dans cette situation de maman solo entrepreneuse. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je ne m’estimais pas précaire, je ne m’estimais pas comme une mauvaise locataire. Et j’ai fini par trouver un logement par quelqu’un qui m’a fait confiance, mais clairement, tous les dossiers me passaient sous le nez. On me disait même, vu que vous êtes maman solo entrepreneuse ne cherchez pas, ne déposez même pas de dossier. Là, on a trois dossiers de CDI, on ne vous prendra même pas.

J’allais dans les agences, on me disait on n’a aucun bien pour vous, là ça va être compliqué parce que les propriétaires c’est eux qui choisissent qui ont le dernier mot et ils ne vont pas vous prendre vous maman solo entrepreneuse. Donc moi qui ai un caractère fort de femme indépendante, de me retrouver à un moment donné avec cette image de ok j’ai vécu des trucs compliqués. Ça a été dur de me séparer. Je me retrouve maintenant maman solo entrepreneuse enceinte et personne ne veut de moi. Et je suis dans les stats, ça a été dur à assumer d’être maman solo entrepreneuse.

Et puis après il a fallu trouver des solutions pour survivre en tant que maman solo entrepreneuse. Donc j’ai investi auprès d’une coach parce que j’étais une boule d’hormones et d’émotions et j’étais incapable de regarder droit et je gérais déjà le quotidien et avec la coach ça m’a offert des espaces vraiment très ponctuels mais suffisant, des espaces dans lesquels on pouvait créer de la stratégie, créer des plans d’action, où elle m’aidait à dépiler et aller vite et à être concentrée sur ces moments-là. Parce que le reste du temps, je dormais beaucoup, énormément, j’avais vraiment besoin de me reposer en tant que maman solo entrepreneuse.

Il y avait une belle canicule. Et donc, grâce à la coach, j’ai fait en sorte de construire un plan pour ma grossesse et pour la suite qui me permet de pouvoir travailler ces 24 heures seulement avec les enfants et d’avoir mon rythme actuel de maman solo entrepreneuse.

Comment sécuriser ses finances en étant maman solo entrepreneuse ?

En tout cas bravo, c’est très courageux d’avoir pris cette décision de devenir maman solo entrepreneuse et de te retrouver à tout recommencer pour un logement. Je suis très contente que tu aies réussi à trouver un propriétaire qui t’a fait confiance. Parce que oui, en tant qu’indépendante, c’est vrai que ça doit être très difficile. Parce que même si tu as de bons revenus, c’est vrai que le système est mal fait de favoriser les CDI plutôt que les indépendants, c’est un autre sujet.

Et je suis contente que tu aies pu être accompagnée de cette coach parce qu’elle t’a permis d’avoir du recul sur ta situation de maman solo entrepreneuse et de pouvoir mettre en place des choses pour pouvoir sécuriser tes arrières et notamment de façon financière.

Et comment fait-on quand on est maman solo entrepreneuse pour sécuriser ses finances ? Est-ce que tu peux partager tes apprentissages, puisque j’imagine qu’il y a peut-être des mamans solos qui nous écoutent et qui ont du mal à joindre les deux bouts, donc si ça pouvait potentiellement les aider dans cette démarche ?

Ça faisait très longtemps que je faisais de la prestation de service et je voulais commencer à décorréler mes revenus de mon temps de travail. J’ai très rapidement créé une formation et je l’ai vendu en lancement, ça m’a demandé beaucoup d’énergie concentrée en très peu de temps. Et c’est quelque chose que j’ai réussi à faire parce que j’avais cet engouement et cette urgence, et je pense que je ne l’aurais pas fait, ou en tout cas pas aussi vite, si je n’avais pas eu cette sensation d’urgence de maman solo entrepreneuse.

Mais clairement, ce n’est pas la panacée pour tout le monde et ce n’est pas quelque chose que je recommanderais. Encore hier, il y a quelqu’un qui m’a demandé, comme tu es maman solo entrepreneuse, est-ce que tu me recommandes de faire comme toi ?

Et honnêtement, je n’en suis pas certaine en tant que maman solo entrepreneuse, parce que j’avais déjà une grosse audience. J’avais une audience à plus de 10 000 abonnés sur LinkedIn à ce moment-là. Et malgré tout, les revenus générés pendant ce lancement n’ont pas suffi à rendre viable l’entièreté de mon congé maternité. Parce que mon objectif de maman solo entrepreneuse, c’était de faire en sorte que mon congé maternité ne me coûte pas d’argent à mon entreprise.

Parce qu’évidemment, en tant qu’indépendants maintenant, on est indemnisé pour notre congé comme n’importe quel salarié. Néanmoins, pendant ce temps-là, l’entreprise continue à fonctionner, à avoir des charges.

Et qui plus est, comme mon activité de maman solo entrepreneuse repose et mon acquisition de clients repose à 100% sur la création de contenu, il était important pour moi que mon activité continue à tourner, en tout cas ma création de contenu continue à tourner, de manière à ne pas revenir dans une entreprise vide de toute asset, vide de clients potentiels, vide de prospects et devoir recommencer et d’avoir un délai avant de retrouver du chiffre d’affaires.

Donc mon objectif de maman solo entrepreneuse, c’est juste de ne pas perdre d’argent sur le côté entreprise. Et ça a été limite parce que c’était vraiment un pari. Ça a fonctionné, mais c’était quand même juste. Et je pense sincèrement que la meilleure chose à faire, c’est de questionner sa rentabilité et questionner ses offres avant toute chose, si on est en prestation.

En questionnant ça, j’ai pu identifier des offres qui étaient écologiques pour moi et qui étaient pertinentes pour ma cible. Et ces offres, j’ai commencé à les mettre en place avant mon congé maternité.

Et je les ai reprises dès que je suis revenue et c’est vraiment ce qui me porte et qui fait que ça fonctionne aujourd’hui en bossant aussi peu pour une maman solo entrepreneuse, enfin on s’entend, c’est des journées intenses. Et donc en identifiant quelles étaient mes offres vraiment qu’il fallait que je jette ou que je refonde parce que je perdais de l’argent, je faisais du social sur ces offres.

Et en faisant le parallèle entre ce que mes clients avaient besoin et ce que moi, j’avais besoin écologiquement, j’ai trouvé la meilleure offre pour moi. Et je crois que c’est ça qu’il faut faire comme travail de maman solo entrepreneuse. Et vraiment, je pense qu’adjoindre quelqu’un qui nous aide à prendre du recul, que ce soit une coach qu’on paye ou des copains entrepreneurs ou des femmes qui sont passées par là avant nous, peut-être.

C’est hyper intéressant ce que tu nous dis en tant que maman solo entrepreneuse, ça me rappelle des cours d’école de commerce, je ne me rappelle plus trop le truc, mais je me rappelle que l’offre dont tu lui parles, c’est une offre vache à lait, ce que je comprends, ce qu’elle te rapporte de l’argent avec un minimum d’efforts, elle n’est pas trop chronophage.

Après, j’avoue que je ne sais plus du tout les autres termes sur cette matrice, mais je sais que c’est quelque chose d’assez connu et je suis très contente pour toi que tu aies pu trouver cet équilibre pour pouvoir vivre sans être dans le stress, parce que surtout avec des enfants. Les enfants ça coûte cher en plus j’imagine, donc pas évident.

Les enfants, ça coûte cher oui. Je t’avoue, je crois que j’avais lu une statistique, un truc dans les 36 000 euros dans les 6 premières années de vie. Sources : “Voilà combien un enfant coûte à ses parents, d’après une étude britannique” avec Elle et “How much does it cost to raise a child in the UK?” via l’étude MoneyFarm)

Depuis que je suis maman solo entrepreneuse, mon objectif est de tenir mes fins de mois et ne pas avoir à prendre dans mes réserves, parce que quand je prends dans mes réserves, c’est le signal que ça va pas, j’ai dû faire plus de 25% sur mon revenu que je me verse, tout en passant d’un 35 heures à un 25 heures.

Et ça, c’est mon objectif de l’année de maman solo entrepreneuse, c’est de réussir à continuer à me verser ce revenu-là jusqu’à la fin de l’année. Pour tenir en tant que maman solo entrepreneuse.

Je te le souhaite en tout cas et c’est un vrai travail d’équilibre que tu fais. C’est sportif être maman solo entrepreneuse !

Ça me fait penser parce que vu que tu as deux enfants, je voulais potentiellement que tu puisses comparer tes deux expériences, tes deux congés maternité que tu as eu. Après ce que j’avais compris en lisant sur LinkedIn, ton premier congé maternité ne s’est pas bien passé non plus. Je ne sais pas si tu étais salariée à ce moment-là.

J’ai été salariée six mois à la sortie du congé parental. Le premier congé maternité, il s’est très bien passé pour moi et très mal passé pour mon entreprise. C’était le Covid. Ça a fait de moi une maman anxieuse. J’étais très anxieuse. On ne savait pas ce que ça avait comme impact sur les fœtus. On ne savait pas ce que ça avait comme impact sur la femme enceinte.

Il y avait très peu de statistiques, on entendait des choses… J’ai autour de moi des gens qui sont gynécologues et donc on entendait des choses et d’autres et ce n’était vraiment pas évident. Donc ça c’était un peu anxiogène mais moi je restais à la maison, il a fait exceptionnellement beau, je restais au jardin. J’ai beaucoup cousu.

Moi, ça allait, personnellement. Mais ma boîte, pendant ce temps-là, mon salarié était en chômage partiel. J’avais des stagiaires qui étaient là en stage, qui étaient en télétravail, que je voyais tous les jours. On faisait des visios, on travaillait ensemble. Et mon activité, à ce moment-là, était concentrée à 100% sur le fait d’animer des ateliers de démarche design dans les lieux comme des institutions publiques, des mairies, des centres sociaux, pour questionner la fracture numérique et inventer des nouveaux dispositifs sur place avec les usagers.

Qui dit fracture numérique dit aussi fracture sociale, qui dit fracture sociale dit des problèmes de santé liés, des personnes en difficulté physique comme des seniors, et mon activité n’a pas pu du tout reprendre. C’était la même chose pour les restaurants. Tant qu’on était interdits de se réunir à plus de quatre personnes, c’était impossible pour moi de réunir et de travailler.

Je n’avais pas beaucoup de choix. Soit je créais une nouvelle offre, une nouvelle cible, je refondais tout mon truc, mais j’étais enceinte, j’étais fatiguée. Soit je serrais les fesses, je faisais en sorte de tenir mon entreprise à flot, de payer les charges.

Il y a eu pas mal d’allègements pour les entrepreneurs, allègements URSSAF, mise en pause des prélèvements URSSAF. On pouvait demander une aide exceptionnelle pour les indépendants. Il y avait le chômage partiel pour les salariés. Concrètement, j’ai tenu l’entreprise à bout de bras le temps qu’il fallait. J’ai rendu les bureaux. J’ai laissé partir mon salarié qui voulait partir en PVT dès la réouverture des frontières.

A la sortie de mon congé parental, j’ai accepté un CDD pour remplacer un ami qui partait en congé parental. Ça a été ma seule et unique expérience de CDD, six mois dans une entreprise à mi-temps. Et voilà, l’histoire de comment j’ai été salariée six mois pendant toute ma vie indépendante.

D’accord oui, j’avais une partie juste dans ce que j’avais vu. Et comment ça a été ton expérience de salarié avec tes enfants ? Est-ce que ça a changé quelque chose ou pas ?

J’avais un enfant à cette époque-là qui était tout petit. C’était un déchirement de le mettre chez la nourrice. J’avais passé six mois avec lui. C’était très dur. Mais je savais aussi que c’était important pour lui de voir d’autres personnes, d’autres enfants.

J’étais à mi-temps et j’étais aussi à mi-temps en télétravail. Donc j’y allais sur place, je me déplaçais un jour par semaine pour aller dans l’entreprise à la ville, à la grande ville. Et sur place, je devais tirer mon lait. Mais globalement, ça n’a pas été une expérience douloureuse parce que j’avais négocié ce temps-là, c’est-à-dire que le reste du temps, le reste de la semaine, je passais avec mon fils ou à continuer à travailler sur mon entreprise à moi. Parce que je ne voulais pas perdre ça, je voulais continuer à faire en sorte que dans quelques mois, je puisse reprendre mon activité d’indépendante.

C’était une entreprise qui avait de la méthode de design, de la recherche hyper intéressante pour moi. Donc concrètement, le seul point négatif, c’était que le projet sur lequel je travaillais, je ne l’avais pas choisi. C’était la première fois dans ma vie que je me retrouvais à ne pas choisir le client. Moi, je n’aurais pas choisi ce client. Je ne l’aurais pas signé.

Explique-nous le congé maternité et le congé parental

Oui toute expérience est bonne à prendre, ça nous forge par la suite. Et ça me fait penser, parce qu’on a parlé de congé parental et congé maternité, donc vu que j’ai un féminisme éducatif, si tu pouvais nous expliquer la différence entre les deux pour les personnes qui écoutent ce podcast maman solo entrepreneuse.

Donc le congé maternité, c’est celui qu’on a quand on est enceinte, qui a une durée minimale quand on est indépendante. J’ai peur de dire une bêtise, mais je crois que c’est huit semaines minimum. Si on ne s’arrête pas complètement huit semaines, on n’a pas le droit à nos indemnités.

Donc le congé maternité qui est aujourd’hui composé de deux parties, une partie qui est fixe qu’on reçoit à moitié au début et à moitié à la fin, et au milieu des indemnités journalières qui sont corrélées au nombre de jours qu’on prend en arrêt. Et on attend de nous qu’on ne travaille plus. Donc on s’engage, on signe un papier comme quoi on arrête de travailler sur notre entreprise.

Je le dis ici tout haut et fort en tant que maman solo entrepreneuse, c’est impossible quand on est indépendant, il y a des choses qui continuent à fonctionner, on continue à demander notre TVA, moi j’avais des formations donc je continuais à vendre. Quand j’ai appelé les services, ils me disaient, comme preuve on vérifie votre chiffre d’affaires. Non, ça n’a aucun sens. Donc les informations étaient contradictoires. On n’a aujourd’hui toujours pas vraiment d’infos là-dessus.

Concrètement, c’est le congé maternité. Aujourd’hui, on est indemnisé comme un salarié normal environ, si tant est qu’on a fait au moins un certain chiffre d’affaires l’année d’avant qui est très bas. Il me semble que c’est 4000 euros. Donc, logiquement, à moins de tomber enceinte la première année d’indépendance ou sur une année un peu de césure où on est sans droit, logiquement, ça passe.

Et après, il y a le congé parental qui n’a aucun rapport avec le statut qu’on a. Le congé parental, c’est une aide de l’État qui est l’équivalent de l’aide qui te donne si tu veux mettre ton enfant placé chez une nourrice ou une crèche. Tu peux aussi faire le choix de prendre cette aide pour toi et de ne pas mettre ton enfant dans un service, mais de le garder et donc d’être compensé pour cette garde.

Au maximum, tu peux prétendre à 400 euros d’aide pour garder ton enfant. Et si le père et la mère prennent leur congé parental en même temps, ce n’est pas 400 euros x 2, c’est 200 euros chacun. Si tu prends ton congé à 50%, si tu poses un mi-temps, par exemple, tu ne touches que 200 euros.

Donc ce qu’on a fait, c’est que moi, j’ai fait mon congé maternité pendant que mon conjoint, à ce moment-là, faisait un congé parental à 50%. Donc, il touchait son salaire à 50%, quand même. Et puis après, quand il a fini son congé parental, moi, j’ai enchaîné avec un congé parental à 80%. Ça faisait une petite aide, ou à 50%, ça faisait une petite aide, mais ce n’est clairement pas là-dessus que tu peux compter pour vivre. Enfin, c’est vraiment compliqué d’être maman solo entrepreneuse en congé parental.

Ça c’était le congé parental. Ce que je dis là ne sera peut-être plus du tout vrai l’année prochaine puisqu’il est en train d’être refondu pour être plus juste et permettre à tous ceux qui veulent le prendre de le prendre. Parce qu’actuellement c’est impossible avec ce montant-là de prendre ton congé parental.

Mais comme il a l’air d’avoir un souci de place en crèche et en assistante maternelle, ils sont en train de le refondre pour que ce soit plus facilitant pour toutes les personnes qui n’ont pas de système de garde, que ce soit vraiment pas un problème financier derrière.

Quand on est dans ton cas maman solo entrepreneuse ou entrepreneuse, dans ton congé maternité, c’est l’argent que toi tu économises et après il t’est reversé en deux parties ou je ne sais pas, l’État peut donner une aide ou alors je n’ai rien compris.

Entièrement l’État. C’est normalement la caisse primaire d’assurance maladie qui te le verse à toi quand tu es salarié ou qui te le verse à toi quand tu es indépendant, en lieu et place de ton entreprise.

Et également pour rebondir à la suite que tu disais dans notre épisode maman solo entrepreneuse, c’est vrai que les sommes pour les congés parentaux, ce n’est rien du tout !

Non, c’est l’enfer. Comparativement, le congé maternité, au final, quand je mets tout bout à bout et que je refais, parce qu’il y a la grosse somme au début, la grosse somme à la fin et l’indemnité, quand je mets tout bout à bout et je mensualise, je touchais environ 2000 euros de congé maternité par mois, ce qui est bien plus confortable que les 400 euros.

J’espère que quand il sera refait, les sommes seront plus confortables pour pouvoir vivre, parce qu’avec 400€, rien que si tu habites sur Paris, ça ne peut même pas te faire le prix de ton loyer.

Non mais c’est sûr. C’est impossible de prendre ça tout seul. Tu n’as pas le choix que de faire garder ton enfant. Et puis quand tu fais garder ton enfant, les aides sont différentes et elles sont beaucoup plus importantes. L’Etat donne plus d’argent pour m’aider à payer la nounou que s’il m’en aurait donné pour que moi je le garde à la maison.

Forcément, les gens vont plus se diriger vers une nounou parce que ça leur coûtera moins d’argent si tu fais des comparatifs. C’est bon à savoir et on reste sur le qui-vive pour le projet, pour la refonte du congé.

Si tu n’as pas le choix, que tu es sur des finances un peu serrées, c’est clairement le meilleur choix.

Quelle est ton expérience par rapport à l’allaitement

Et également peux-tu nous partager ton expérience de maman solo entrepreneuse par rapport à l’allaitement, car je me dis que ça peut être aussi très intéressant pour les auditeurs et auditrices.

Concernant l’allaitement avec mon fils, je l’ai allaité jusqu’à 2 ans et 8 mois. C’est ce qu’on appelle un allaitement prolongé, je le dis pour celles et ceux qui ne le savent pas forcément, le sevrage naturel de l’enfant humain se situe approximativement aux dents de lait, d’où le nom dents de lait.

Et donc c’est entre 3 ans et 6 ans que logiquement l’enfant humain a choisi d’arrêter le lait. Nous on a continué jusqu’à 2 ans et 8 mois et c’est moi qui ai demandé d’arrêter à mon fils parce que je fatiguais avec la grossesse. Ça a été dur pour lui. Quand je travaillais à la maison, sauf quand j’étais un peu en entreprise, j’avais la chance de pouvoir facilement tirer mon lait avec une pompe et de ne pas le faire trop souvent et que ce ne soit pas trop avilissant, parce que ça devient vite une logistique assez folle quand il faut conserver son lait et tout ça.

Pour ma fille, en tant que maman solo entrepreneuse, on en est à huit mois. Mais on n’est plus sur de l’allaitement exclusif parce que j’ai eu un problème médical qui n’est pas rare. Mais par contre, j’ai eu un abcès qui est rare. Et un abcès, n’impacte pas logiquement la capacité à allaiter. Mais clairement, ça a impacté ma production et je n’arrive pas à revenir à une production équivalente. Donc on est passé en partie au lait en poudre.

Tu dis que c’était une vraie logistique de conserver son lait, donc si tu pouvais nous en dire un peu plus pour l’épisode être maman solo entrepreneuse.

Je mesure bien la chance que j’ai d’être indépendante, de travailler chez moi, d’être maman solo entrepreneuse. J’ai mon tire-lait qui est juste là, derrière le micro. Et dès que je sens que c’est l’heure, j’appuie, je branche et j’ai le frigo en bas. À côté de ça, le droit du travail, il y a des choses qui ont été mises en place dedans, mais ce n’est quand même pas incroyable. C’est-à-dire que le droit du travail autorise les femmes à tirer leur lait sur leur lieu de travail, mais en dehors de leurs horaires de travail.

C’est-à-dire que pendant qu’elles tirent leur lait, elles ne sont pas rémunérées. Donc ce n’est pas comme une pause repas, c’est une coupure dont elles ont du travail. Donc ça, c’est le Code du travail. Après il y a ce que chaque entreprise fait, il y a les réalités sur le terrain. Par exemple, quand j’ai tiré mon lait en entreprise, jamais on m’a dit qu’à cet horaire-là, tu n’es pas payée. J’en avais pour 20 minutes, évidemment que cette entreprise me laissait faire.

Et la logistique de devoir mettre ton lait dans des petits pots, dans le frigo, commun avec tout le monde, des packs de glaciaire, de le récupérer le soir, de le transporter en métro, si tu n’es pas commercial sur les roues ou dans la voiture, ça c’est vraiment beaucoup de logistique. Si tu veux réussir à faire un allaitement et poursuivre ton travail, et c’est la raison numéro une pour laquelle en France, la durée moyenne de l’allaitement, c’est trois mois, c’est la durée du congé maternité.

Alors que dans des pays où le congé maternité dure six mois, la durée moyenne de l’allaitement, c’est six mois, c’est vraiment hyper lié. Parce que c’est compliqué. Et autour de moi, je connais très peu de personnes qui ont allaité leur enfant, passé les trois mois. J’en connais aussi beaucoup qui ont fait juste les tétées d’accueil.

Mais il est clair que le truc de « j’ai repris le travail, on est passé au biberon », je n’ai aucune envie de tirer mon lit dans ma voiture ou dans les toilettes, je l’ai entendu mais tellement de fois.

Ça ne m’étonne pas, c’est très compliqué. En tout cas, je suis contente pour toi que tu avais pu trouver à cette époque-là une entreprise conciliante, parce que j’imagine que ce n’est pas toujours le cas, malheureusement.

Je ne suis pas en poste dans une usine, j’avais une salle de pause. Il y a des conditions privilégiées qui font qu’on peut faire ces choix-là. Et ce n’est pas possible pour tout le monde et donc vraiment, je veux l’appuyer.

Et toujours pour causer dans le système, enfin pour l’allaitement, c’est quoi les bénéfices de l’allaitement comparé à une maman qui ne fait pas d’allaitement pour personne qui nous écoute et potentiellement tu parlais de tétée d’accueil, donc si tu peux nous expliquer ce que c’était.

Ah oui, c’est la toute première tétée quand l’enfant vient au monde et qui lui donne le colostrome qui est une sorte, pas de lait mais de corps gras très riches en choses bonnes pour le bébé, notamment les corps gras qui vont l’aider à tenir et reprendre un peu de plume après l’accouchement et des anticorps qui vont l’aider à passer les premiers jours.

Les bénéfices de l’allaitement sont doubles, mère-enfant. Enfant, il y a tout ce qui est anticorps, ça on le dit souvent. Et passé six mois, il y a un autre stade d’anticorps qui se transmet encore. Et pour la mère, il y a une grosse diminution des risques de cancer du sein. Et l’autre truc pratico-pratique, honnêtement, c’est les hormones. C’est-à-dire que quand tu allaites, tu as un shoot d’hormones à un moment donné.

Peut-être que je vais éclairer les gens. Quand tu allaites, il y a le bébé qui téte et le lait ne vient pas forcément tout de suite. Sauf au démarrage où tu as vraiment beaucoup de lait, tu es comme une vache à lait, ça coule, vous voyez comme dans les films. Sinon au bout d’un moment, le corps se met dans une production qui s’appelle autocrine et donc tu n’as plus ton lait qui coule tout le temps comme ça. Donc le bébé téte et ça fait venir le lait au bout de quelques secondes. Au moment du déclenchement du lait qui arrive, il est déclenché par des hormones.

Et c’est des hormones du plaisir, des hormones du bonheur qui sont diffusées pour toi et aussi pour le bébé. Et dans ces hormones, il y a tout un tas de choses qui te font dormir. C’est-à-dire que moi, même encore maintenant, quand ma fille me téte, je me prends un coup de barre systématiquement. Et donc en pleine nuit par exemple, cela t’aide à te rendormir immédiatement dès lors qu’il y a ce relâchement d’hormones, toi et le bébé, on se rendort facilement. Beaucoup plus que s’il faut préparer un biberon, même s’il est sur le coin de la table, donner le biberon, s’asseoir, faire le rot et remettre le bébé à coucher.

Quand on valorise son sommeil comme moi, c’est l’argument numéro un. Et le dernier petit argument que j’aime beaucoup, c’est que dans le lait, il y a des antidouleurs. Très peu, un peu comme dans notre salive, il y a un tout petit peu de dérivés qui ressemblent un peu à des dérivés morphiniques. Et donc, il y a ça dans le lait. Quand ils se font mal, quand ils ont mal aux dents, c’est toujours sympa de donner un peu de lait pour faire du bien.

Waouh mais merci pour ces bénéfices, c’est vrai que je n’en avais pas du tout conscience, c’est vrai que c’est incroyable quand même de diminuer les risques de cancer du sein, de permettre de dormir, c’est incroyable ! Pourquoi on ne nous apprend pas ça à l’école ?

C’est pour ça qu’à côté de ça, moi, j’entends tout à fait les arguments des femmes qui veulent récupérer leur corps, qui ne veulent pas être une vache à lait, enfin tous ces arguments qu’on a bien entendu. Et je comprends en tant que maman solo entrepreneuse.

Mais pour moi, en tant que féministe, de maman solo entrepreneuse c’est évident que si on n’a pas de contre-indication et qu’on valorise ces éléments-là comme moi, c’est une super solution. Après, on n’a pas tous la capacité de faire. Et quand bien même, d’ailleurs, je le dis quand même, même si c’est juste une tétée par jour, matin et soir, parce que la journée, on passe au lait en poudre, même comme ça, ça réduit quand même les risques de cancer.

Hyper intéressant de le savoir dans cet épisode, maman solo entrepreneuse. Après, de toute façon, chacune, on est libre de faire ce qu’on veut de notre corps. Et du moment qu’on est en adéquation et que ça nous correspond à nous, c’est l’essentiel.

Et qu’on a toutes les infos aussi sur comment ça fonctionne, comment on peut s’organiser, ici en tant que maman solo entrepreneuse. On n’a pas beaucoup d’imaginaire de l’allaitement. Je trouve en tout cas que dans notre génération, on a très peu vu nos parents, nos tantes, nos amies le faire.

Oui, je suis complètement d’accord avec toi et surtout que ça me fait penser que même, vu que c’est quelque chose qui n’est vraiment pas du tout répandu, quand il y a des femmes qui font un allaitement en public, il peut y avoir des musées ou que sais-je qui leur interdisent d’accès, ou elles ne se sentent pas à l’aise, c’est vrai que c’est quelque chose qui n’est pas acté encore dans la société.

Et c’est vrai que je ne comprends pas dans le sens où c’est quand même quelque chose de naturel, enfin c’est normal, en fonction si tu n’as pas de contre-indication et si tu en as envie évidemment, et c’est vrai qu’il manque encore ça dans notre société.

Oui, c’est encore un peu compliqué. Tu vois, par exemple, il existe des dispositifs un peu de cape de pudeur qui permet de cacher le sein pendant qu’on fait allaiter son enfant. Donc concrètement, l’enfant allaite sous un linge.

Et autant je trouve ça hyper important que les femmes qui se sentent pudiques puissent allaiter en public grâce à ces dispositifs, autant je suis en colère contre la société qui fait qu’aujourd’hui pour allaiter son enfant quelque chose qui est fait pour, donc avec le sein qui fait pour allaiter des enfants et pas pour exciter des hommes.

On se retrouve à ce que ces femmes doivent se cacher, acheter des dispositifs en tissu avec des arceaux à mettre sur elles. S’il vous plaît, pourquoi est-ce que c’est devenu si compliqué ? Et pourquoi est-ce qu’on devrait se cacher ?

Quelles sont les injonctions qui pèsent sur les femmes ?

Oui, c’est hyper important ce que tu soulignes dans ce podcast maman solo entrepreneuse, parce qu’on met de la honte sur les femmes et on les hypersexualise en permanence, alors que ça je pense que c’est à cause de tout ce qui est publicité, tout ce qui est porno, tout ce qui est société au sens large on va dire, et ça m’amène à penser à une question, quels sont les autres injonctions qui pèsent sur les femmes ?

Oula, combien de temps il reste dans le podcast maman solo entrepreneuse ? Déjà rien que l’injonction de porter la charge mentale du foyer vs ton travail, ton bien-être, de continuer à faire du sport, tu vois ce qu’on m’a parlé au démarrage, cette injonction à s’occuper de soi et à être une bonne personne avant même d’être une bonne maman, avant même d’être une bonne entrepreneuse, c’est déjà énorme.

Et ce qui concerne la charge mentale, ce qui est étonnant c’est que d’être seule aujourd’hui à m’occuper des enfants, c’est quasiment pareil. Ça, par contre, c’est incroyable en tant que maman solo entrepreneuse.

J’ai eu beaucoup moins de stress. J’ai eu d’autres stress, parce que maintenant, il faut que je partage l’information avec un coparent et plein de choses comme ça. Mais juste de me dire, en tant que maman solo entrepreneuse j’ai l’information et il y a uniquement moi qui a l’information et c’est bon et ça roule. Je n’ai pas besoin de la partager. Je sais où elle est. C’est moi qui gère mes trucs. D’un coup, ça m’a semblé à la fois hyper libérateur et en même temps hyper oppressant.

J’avais des pensées intrusives comme maman solo entrepreneuse : s’il m’arrête quelque chose, qu’est-ce qui se passe ? Je pense que tous les parents ont ces pensées intrusives. Cette injonction-là d’être un bon parent, je pense qu’elle porte énormément sur les femmes.

Et ce qui me fait un peu peur d’ailleurs, c’est que de plus en plus d’injonctions dont on s’était libérées reviennent à travers des choses discrètes mais insidieuses par exemple l’écologie, qui va remettre de la charge au foyer sur la femme. Parce que qui sait qui fait les compotes maison ? Qui sait qui fait les emballages non jetables ? Qui sait qui va à la Biocoop ? Qui sait qui fait le bio compost ? Qui fait le granola à la maison ? Ce sont les femmes.

Toutes ces micro tâches du quotidien, qui c’est qui s’occupe d’acheter sur les vêtements d’occasion des enfants et de remettre en vente les vêtements des enfants ? C’est toujours les femmes. Donc, je pense qu’il y a plein d’injonctions qui traînent en tous les sens et qu’il y a plein de choses auxquelles il faut faire attention. Ne pas tomber à nouveau dans des mauvais ressorts.

Oui, c’est hyper intéressant ce que tu nous dis dans ce podcast maman solo entrepreneuse et ça fait complètement écho avec mon premier épisode avec Elena Petit Aznar sur la parentalité, parce qu’on parlait aussi des injonctions d’être un bon parent et en particulier d’être une bonne mère, parce que c’est vrai que c’est plus les femmes, à qui on attend qu’elles fassent la bonne cuisine pour les enfants, qu’elles fassent toutes les tâches, toutes les corvées.

Et c’est vrai qu’il faut que les choses changent, après il y a de plus en plus d’hommes qui prennent en charge ces sujets, car si on revient en arrière à l’époque de nos grands-parents, que sais-je, ça a quand même beaucoup évolué, c’est super !

Mais clairement, il y a un double standard quand même. La barre, pour être un bon père, elle n’est pas très très haute, qu’on se le dise.

J’ai vu une très bonne bande dessinée hier, une bulle qui disait : c’était un papa avachi dans le canapé, avec les enfants endormis autour de lui, et qui disait, bah ça s’est très bien passé la journée sans toi aujourd’hui ma chérie, ma mère elle est venue, on a mangé des pizzas, on a mangé des glaces, on a regardé la télé et on a fait des courses de je sais pas quoi avec des batailles d’oreiller.

Je ne vois vraiment pas pourquoi tu dis que c’est compliqué de garder les deux enfants toute la journée d’habitude.

Être un bon père, des fois, tu as l’impression que la barre est sacrément basse.

Je suis complètement d’accord avec toi et clairement, on donne beaucoup plus la responsabilité aux femmes, sûrement parce que c’est les femmes qui portent l’enfant, mais c’est vrai qu’être un parent, avoir un enfant, ça se fait à deux. Donc je suis d’accord que c’est assez triste qu’on en soit arrivés là et si ça avait été l’inverse, une femme avachie sur le canapé à manger des pizzas, tout de suite on l’aurait jugé, .

Ton enfant a mangé des pizzas ? Quelle mauvaise mère. D’ailleurs, cette répartition inégalitaire de la charge mentale, ça se crée à partir du congé maternité. À partir de ses premiers jours d’arrivée de vie, se créent déjà des habitudes et des routines. Par exemple, que ce soit la femme qui emmène le bébé chez le pédiatre, fais que c’est la femme qui crée un lien médical avec l’enfant.

C’est la femme qui a le pédiatre, qui a les informations de doctolib et ce genre de choses, tu vois. Et donc tout ça se construit dès les premiers jours d’arrivée du bébé et d’où l’importance des congés parentaux partagés pour le papa, les 21 jours là.

Je suis d’accord avec toi et j’avais la statistique que j’ai mise dans mon premier article, donc je la remettrai ici, que 80% des inégalités salariales, ça provient du congé maternité sans surprise (Source : World Economic Forum’s Global Gender Gap Report 2022)

Je ne peux pas en parler, je ne suis pas salariée, je suis maman solo entrepreneuse.

C’est sûr, mais après bon, c’est quand même terrible, il faut que la société évolue.

C’est vrai que le temps passe bien vite et c’est chouette, mais je pense qu’on va se diriger tranquillement vers la conclusion de l’épisode maman solo entrepreneuse, parce que, les épisodes durent en général une heure sur Matrimoine Féministe.

Le mot de la fin “maman solo entrepreneuse”

Quel serait le mot de la fin par rapport à tout ce qu’on s’est dit sur cet épisode maman solo entrepreneuse ?

Je me rappelle des éléments qui m’ont marquée sur finalement comment se préparer à ça quand on est indépendante, parce que c’est vraiment ce que moi j’ai vécu en tant que maman solo entrepreneuse.

Et donc, je garderais ce conseil, tu vois, dans le mot de la fin maman solo entrepreneuse, je dirais que quand on est entrepreneur et parent, encore plus quand on est solo, encore plus quand on est maman, maman solo entrepreneuse, de s’entourer de personnes, à la fois dans sa vie de parent, à la fois dans sa vie d’entrepreneur, qui nous aident à garder un peu pied ou à questionner nos choix, parce qu’être entrepreneuse, être parent, ça fatigue.

Être entrepreneuse, quand on est enceinte, les hormones, ça déconcentre, ça permet de ne pas avoir toujours les idées claires. Et dans le même temps aussi après, être parent, ça fatigue et ça crée les mêmes symptômes. On n’a pas toujours les idées claires. Donc je pense qu’avoir ces binômes de responsabilité, des groupes où on peut discuter entre entrepreneurs, où on peut s’accompagner dans les décisions, difficile ou moins difficile, c’est hyper important.

Oui, je suis d’accord avec toi, c’est important de bien s’entourer pour aussi apprendre des expériences des uns et des autres, parce que c’est toujours enrichissant et prendre ce qu’il y a de bon pour soi quoi. Encore plus quand on est maman solo entrepreneuse.

Qui sont tes rôles modèles maman entrepreneuse ?

Et toi, qui sont tes rôles modèles potentiellement de mère entrepreneuse ou maman solo entrepreneuse ?

Écoute, c’est une bonne question parce que je ne me suis jamais posé cette question de manière, tu sais, additionnelle, genre mère entrepreneuse. Parce que pour moi, c’est vraiment deux choses différentes.

Je ne peux pas quitter cet épisode maman solo entrepreneuse sans citer deux personnes, Geneviève Gauvin et Nina Ramen, mais pour deux raisons complètement différentes. Et je ne partage pas du tout leur manière de gérer leur parentalité. Moi, j’ai une autre vision et c’est carrément ok.

Mais les deux n’ont pas peur de faire des choix avec lesquels elles se sentent alignées. Geneviève Gauvin a beaucoup voyagé avec son enfant et donc elle a créé un modèle d’entrepreneuriat qui fonctionne pour elle et sa famille et qui leur a permis de vivre ça en famille.

Nina Ramen a eu un enfant récemment et elle, par contre, a très rapidement dit que la maternité, autant avoir un enfant, lui plaisait, la famille lui plaît. Par contre, le rôle de mère ne lui plaît pas. Et donc, la manière de gérer son business, d’organiser sa vie, lui permet de pouvoir être épanoui au quotidien.

Et donc, pour ces deux personnes, je ne suis pas sûre que ce soit des rôles modèles de mères entrepreneuses, mais en tout cas d’entrepreneuses qui assument leurs décisions, leurs besoins, leurs envies et qui créent le modèle qui est adapté pour elles.

Oui c’est hyper important ce que tu dis parce que sinon il faut des modèles pour tout le monde et c’est super qu’elles puissent trouver ce fonctionnement qui les arrangent. Ce serait hyper intéressant de les interviewer sur Matrimoine Féministe pour échanger parce qu’elles sortent du lot.

Par rapport à ce que disait Nina Ramen, c’est qu’il y a beaucoup de femmes qui n’osent pas dire que le rôle de mère ne leur convient pas par peur du regard des autres, par peur d’être jugé par la société tout simplement. C’est hyper intéressant d’aller voir comment elle a eu ce cheminement et comment elle l’applique dans son quotidien et comment elle s’assume parce que l’important c’est d’être aligné avec soi.

Quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui nous écoutent ?

Dans la suite des questions de cet épisode maman solo entrepreneuse, quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui nous écoutent ?

Si tu as besoin de rigoler en tant que parent-entrepreneur, par exemple, je te conseillerais la newsletter : Les parents qui bossent (anciennement parent-entrepreneur) qui permet de lire des bribes d’histoire et donc c’est écrit pour un parent-papa et donc ça a le mérite d’avoir un autre regard sur la parentalité.

Eh ben écoute, j’ai envie de dire de manière très autocentrée ma newsletter ou mon site internet sur lequel on peut trouver des articles de blog sur ce sujet, sur comment j’ai construit mon congé maternité. Et le super podcast de Geneviève Gauvin, Effrontée pour toutes les femmes qui n’ont pas peur d’assumer leurs envies business et leur caractère.

Ce sont de super ressources très variées et très complémentaires à la fois. Trop bien, merci de ces partages. Il me reste encore deux petites questions pour cet épisode maman solo entrepreneuse.

Que signifie le terme féminisme pour toi ?

Ça, j’aurais dû me préparer pour cet épisode maman solo entrepreneuse. Pour moi, le féminisme, c’est un mouvement qui vise à aller chercher plus d’équité, plus d’égalité entre les femmes et les hommes. Et j’ai même envie de dire que c’est un mouvement qui, j’espère, n’existera plus quand ma fille sera adulte. J’ai un petit doute, mais tu vois, pour moi, c’est le genre de mouvement dont l’objectif, c’est de ne plus servir.

Si les enfants de ma fille ne savent plus ce que c’est le féminisme parce qu’il n’y en a plus besoin, franchement je serais la plus heureuse du monde. Dans les gènes, dans le fonctionnement, on saura exactement ce que c’est.

Je suis tellement d’accord avec toi moi aussi, j’espère clairement qu’on n’aura plus besoin du féminisme parce que l’égalité et l’équité seront atteintes. C’est beau. J’aimerais bien vivre dans un monde comme ça.

Continue ton podcast. On y est presque. Merci beaucoup pour ce que tu fais avec ce podcast.

Compte sur moi ! Ça me fait très plaisir d’interviewer plein de femmes avec des parcours différents. Je vais aussi interviewer deux hommes. C’est vrai que j’aimerais interviewer plus d’hommes, mais j’ai eu beaucoup de femmes qui ont répondu à mon appel, donc let’s go !

Ça viendra. Les personnes qui nous écoutent actuellement avec maman solo entrepreneuse, si vous voulez être interviewé, c’est possible. Vous pouvez me contacter et on verra comment on s’organise.

Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?

Au micro, moi j’aimerais bien voir Jean-Baptiste de Tourris, c’est celui qui écrit la newsletter parents entrepreneur. Et il a en plus, il a une entreprise à impact social et je le trouve incroyablement engagé dans sa prise de position, à la fois de parent qui fait au mieux, dans toute son imperfection, et à la fois d’entrepreneur qui fait au mieux, dans toute son imperfection.

Je ne le connaissais pas du tout avant que tu m’en parles, donc j’irai regarder sur LinkedIn et ce sera avec plaisir de l’interviewer.

Alors il a changé le nom de sa newsletter, je viens de le voir. Et la newsletter s’appelle Les parents qui bossent. Maintenant, pour être, j’imagine, un peu plus inclusive de toutes les situations de travail.

Trop bien, en tout cas, merci encore pour notre échange. J’ai passé un très bon moment pour parler de maman solo entrepreneuse et j’espère que les personnes qui nous écoutent aussi, même si je n’en doute pas, et merci elles et eux d’avoir écouté cet épisode maman solo entrepreneuse jusqu’au bout. Ciao, ciao tout le monde.

Merci beaucoup pour cet épisode maman solo entrepreneuse. A bientôt Esthel !

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Les sources de l’épisode “maman solo entrepreneuse”

  • 80% des inégalités salariales proviennent du congé maternité.
    Source : World Economic Forum’s Global Gender Gap Report 2022
  • Un enfant coûte 36 000 euros dans les 6 premières années de vie. Sources : “Voilà combien un enfant coûte à ses parents, d’après une étude britannique” avec Elle et “How much does it cost to raise a child in the UK?” via l’étude MoneyFarm)

Les rôles modèles et ressources mises en avant dans “maman solo entrepreneuse”

  • Geneviève Gauvin et son podcast Effrontée
  • Nina Ramen
  • La newsletter Les parents qui bossent
  • La newsletter et le site internet de Manon Verbeke

Retrouvez Manon Verbeke, maman solo entrepreneuse

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