Bonjour, bonsoir aux personnes qui nous écoutent, je suis en compagnie de Thérèse Sayarath avec qui nous allons parler du sujet, la beauté de la vie (anciennement la beauté et ses injonctions).
Mais avant de lui laisser la parole, je voudrais rendre un femmage tout particulier à Clémence Mouelle-Moukouri, la présidente de l’association Find Yourself. C’est grâce à son événement, le mois de l’Empowerment, que j’ai eu l’occasion de rencontrer mon invité du jour.
Thérèse, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites.
Coucou, je m’appelle Thérèse, j’ai 38 ans et j’habite à Paris. Je suis une femme française d’originaire du Laos, de la Chine et du Vietnam. J’ai grandi en région parisienne et aujourd’hui, je suis musicienne-artiste. Je suis aussi styliste et directrice artistique et je fais aussi beaucoup d’actions engagées, notamment auprès de la jeunesse sur le sujet du vivre ensemble.
Comment T’es-tu approprié le sujet de la beauté ?
Très intéressant tu fais des choses très diversifiée c’est génial j’aime trop on aura l’occasion de dérouler tout ça dans notre épisode sur la beauté de la vie, mais avant vu que le sujet du jour c’est la beauté et ses injonctions, comme je le fais en début de chaque épisode (féminisme éducatif oblige), j’aimerais que tu nous définisses les termes beauté et injonction et aussi partager ton expérience de pourquoi tu as commencé à t’intéresser à ces sujets-là.
Ma définition de la beauté, c’est une sorte d’alignement entre le corps, la tête et le cœur. Pour moi, être belle ou beau, c’est être en accord et alignée sur ces trois points-là.
Une injonction pour moi, c’est une sorte de norme qu’a créé un système qui nous fait dévier de notre propre beauté pour essayer de se coller à une beauté qui a été fabriquée de toutes pièces, qui a été inventée.
Et l’injonction pour moi, c’est cette espèce de distance entre soi et cette norme imaginaire et qui en général fait souffrir.
Je ne sais pas si je me suis intéressée à la beauté ou si la beauté s’est imposée à moi, cette question, parce que je pense que de mes plus jeunes tendres souvenirs, tendres ou moins tendres d’ailleurs, on nous a toujours complimentés ou pas complimentés dans ce sens.
Dès qu’on est tout petit, “oh elle est jolie” ou pas d’ailleurs, ou “oh elle est ceci ou elle est cela”, etc. Et j’avais l’impression que lorsqu’on nous disait pas qu’on était jolie, c’est qu’on était autre chose et cette autre chose déviait de ce qui était attendu de nous en termes de beauté.
Et consciemment, je m’y suis intéressée un petit peu plus tard quand je pense que j’ai cherché à plaire, c’était plus l’éveil, j’ai envie de dire, du désir, de la sexualité, etc. qui a commencé à me faire me poser des questions sur ce qui était beau et ou désirable et je me suis rendu compte que tout ce qui était proposé à l’époque, en tout cas dans les médias, moi je suis née en 1986, était assez loin de ce que je pouvais être moi, et notamment à cette époque.
Et c’est à partir de ce moment-là que j’ai conscientisé que la beauté était un standard qui n’était peut-être pas forcément universel et qu’il fallait se construire différemment pour réussir à se sentir valorisé d’une certaine façon et à trouver sa beauté quelque part.
La construction des normes de beauté
C’est très clair ce que tu me dis et pendant que tu parlais ton expérience notamment quand tu étais petite fille ça me fait penser que c’est surtout les petites filles qu’on dit qu’elles sont jolies et les garçons ils ont pas cette norme qui s’impose à eux, eux ils sont vigoureux, ils sont aventuriers.
Mais on dit pas un garçon tu es très beau aujourd’hui enfin c’est quelque chose de très dans les codes d’une société patriarcale puisqu’en général la femme repose sur la beauté et enfin même la beauté c’est vrai que c’est très présent dans la vie d’une femme.
J’ai l’impression, c’est mon ressenti personnel qu’une femme avec le temps, enfin je schématise et vulgarise pour les personnes qui nous écoutent, et c’est vraiment pas ma pensée, mais c’est pour expliquer, une femme qui vieillit, ça va devenir une vieille peau on va dire, alors qu’un homme qui vieillit se bonifie avec le temps, comme un bon vin on va dire, et c’est très très bizarre.
C’est clair, c’est vrai que quand on est jeune, effectivement, il y a cette espèce de caractéristique où on dit aux petites filles qu’elles sont belles et à force de leur dire, elles attendent aussi ça comme un compliment.
Et c’est terrible parce qu’effectivement, c’est exactement ce que tu dis. Les petits garçons, on leur dit qu’est-ce que tu es fort, qu’est-ce que tu cours vite, qu’est-ce que ceci ou cela.
Et dans leur vie, ils attendent un peu moins probablement qu’on leur dise qu’est-ce que tu es beau, etc. Pour se sentir exister. Alors, ça fait toujours plaisir, évidemment. Mais j’ai l’impression que oui, nous, on en a besoin presque pour exister parce que la société est une raison d’être.
Fais de cette beauté une raison d’être pour les femmes. Et qu’on sert qu’à ça. Exactement.
Oui complètement c’est triste vu comme ça on est là comme une rose on va dire et quand on est fané bon bah c’est fini enfin je trouve ça vraiment triste qu’on soit arrivé là mais ça me fait aussi penser ce que tu dis courir ça me fait directement penser à courir comme une fille parce qu’un garçon il court mais une fille elle court comme une fille et moi je me dis mais what ? Comment en est-on arrivé là ?
Et ça me fait penser à ma question, comment toi tu penses que les normes à la beauté se sont-elles construites et cette différence, enfin filles et garçons, pourquoi la femme on met plus en avant la beauté chez elle que chez les hommes ?
Je trouve que c’est une question assez difficile parce que quelque chose me dit qu’il y a un truc qui est lié à notre biologie en tant qu’être humain. Au fait, oui, il fut un temps, en tout cas c’est l’histoire qu’on nous a racontée.
On sait de plus en plus que c’est de moins en moins vrai, mais on a été élevés dans cette idée qu’à l’époque les hommes préhistoriques, ils allaient chasser et puis les femmes restaient tranquillement dans la grotte et puis ils ramenaient de quoi manger, etc. pour pouvoir perpétuer la race quelque part. C’était un petit peu ça, perpétuer l’espèce.
Et peut-être que c’est ce mythe-là qui a, comment dire, entretenu le fait que la femme est quelque chose de plus fragile, qui est quelque chose qui, un être qui se doit quelque part d’être attractif, désirable, etc., pour que l’homme ou les hommes puissent rentrer bien au chaud et pouvoir justement perpétuer cette espèce.
Chose qui à mon sens est un peu erronée mais en tout cas moi je sais que c’est un peu avec ce mythe que j’ai grandi et oui je pense que c’est tout est-ce que ça va réellement plus loin qu’une histoire très très banale et probablement inventée d’autres pièces je me demande.
C’est une réflexion intéressante que tu nous partages et pour apporter un peu les lumières aux personnes qui nous écoutent, qui ne sont pas forcément au courant de ces sujets, parce que le sujet de la préhistoire c’est des sujets aussi qui m’avaient intéressé et de ce que j’avais compris c’est le 19e siècle quand il y a eu tout ce qui est archéologie et compagnie à son plein essor, bah il y a eu les archéologues de l’époque c’était des hommes et ils se sont dit on va calquer parce que c’était comme ça c’était la société, la femme elle travaillait pas, c’était l’homme qui rapportait l’argent.
Bien sûr, il y avait des exceptions mais on va dire en grande majorité c’était quand même une société très différente de ce qu’on connaît actuellement et ils ont été très biaisés et ils étudiaient toute l’archéologie avec leur prisme, leur biais et ils ne pouvaient pas concevoir un seul instant que les femmes pouvaient avoir un rôle actif dans la société.
Et maintenant avec les études plus poussées qu’on a menées, parce que maintenant on a même plus de connaissances, plus de choses, plus de moyens, plus de technologies, on comprend que pas mal de choses, et notamment par rapport à la préhistoire, j’avais lu qu’en fait la chasse aux mammouths, ce n’était pas grand-chose dans la vie préhistorique, et finalement ce qui apportait le plus dans ce qui nourrissait le plus les familles, c’était plus la chasse, la cueillette.
C’était des cueilleurs et des cueilleuses et on n’avait pas besoin d’être, je pense, de sexe masculin pour aller cueillir des baies. Je ne pense pas que les baies soient dangereuses ou nécessitent une force extraordinaire.
Après je me dis aussi que j’essaie de me mettre dans la psychologie et de me dire que ça doit être difficile quand même de se dire que la femme a le pouvoir de donner la vie et que quelque part je comprends face à la beauté de la vie, pourquoi peut-être des hommes aient pu inventer un mythe pour pouvoir exister à travers ça.
Parce que le pouvoir de donner la vie, il est quand même surnaturel presque, j’ai envie de dire. C’est pourtant ce qu’il y a de plus naturel au monde, mais à la fois, c’est presque divin. Il représente la beauté de la vie.
Et comment ne pas se sentir petit, comment ne pas se sentir inutile dans une société quand on n’est pas capable soit finalement d’engendrer le vivant. Et je me dis que souvent quand j’analyse la psychologie au niveau individuel.
Et je me demande si à l’échelle de l’histoire, à l’échelle de l’humanité, il n’y a pas quelque chose de cet ordre-là aussi qui pourrait exister.
C’est hyper intéressant ce que tu nous partages justement sur la beauté de la vie, c’est amusant parce que j’avais aussi cette réflexion à un moment parce que bah c’est vrai que comme tu dis c’est un pouvoir quand même surnaturel qui incombe aux femmes et pas aux hommes et d’un côté dans un sens je trouve ça triste parce qu’au final.
Tout le monde peut exister, donc ce n’est pas parce qu’on donne la vie qu’on doit être discriminée… ça me fait penser à la superbe bande dessinée de Blanche Sabbah et Sandrine Mirza, l’histoire de France au féminin, qui explique un peu tout ce qui s’est passé et tout ce que les femmes ont dû subir.
C’est une part de vérité que tu nous partages, après je pense qu’il y en a d’autres parce qu’on a la complexité du monde mais je pense que c’est vrai que le fait de donner la vie c’est ça aussi qui discrimine les femmes et d’ailleurs justement au travail ça me fait penser 80% des inégalités salariales ça provient du congé maternité.
C’est parce que les femmes donnent la vie qu’elles sont discriminées parce qu elles peuvent pas et travailler et donner la vie et je trouve ça un peu dommage dans le sens où on ne prenne pas en compte la spécificité de la femme et qu’on fait tourner la société qu’autour de la spécificité de l’homme, même la femme et d’autres minorités, alors que je trouve ça assez injuste de ne pas pouvoir inclure tout le monde.
Oui, c’est une façon de créer des règles qui sont tournées à l’avantage des personnes qui n’enfantent pas, parce qu’elles ont probablement pu travailler plus vite, plus tôt. Et donc, ce sont créer des règles qui étaient à leur image, plutôt que de penser des règles qui feraient du bien à une société tout entière. Et d’ailleurs, on voit les travers que ça engendre aujourd’hui. Finalement, est-ce qu’on peut se passer de la liberté de la moitié de l’humanité ?
Ça crée plein de mouvements, évidemment les personnes qui sont oppressées tentent de récupérer une certaine forme de pouvoir, de pouvoir exister simplement. Ça crée des contrariétés de l’autre côté et finalement on finit par se battre parce qu’à la base on n’a pas pensé à tout le monde.
Et c’est ce qui se passe sur toutes les luttes finalement. Ce n’est pas bien compliqué, c’est juste que quand on pense à soi avant de penser aux autres, ça crée des conflits. Quand on pense plus collectif, chose qui manque beaucoup à notre époque je trouve, et bien on apaise des conflits. On anticipe des conflits et on reconnait la beauté de la vie.
Je te rejoins tellement là-dessus sur la beauté de la vie parce que c’est vrai qu’on pourrait résoudre, je pense, la majorité des conflits avec plus de bienveillance et d’empathie et de compréhension de l’autre ou même essayer de comprendre l’autre parce qu’en fait c’est vrai on se bat mais genre parce qu’on ne se comprend pas, il y a des guerres et tout parce que c’est l’essence même de l’incompréhension de l’autre, au lieu de se concentrer sur la beauté de la vie.
Comment respecter et aimer la différence de l’autre ?
Ça me fait directement penser à tout ce qui est lié à la transidentité, parce que ce sont des personnes qui revendiquent d’exister, parce qu’ils sont des personnes trans en tant que telles, et il y a des gens qui disent non, tu n’existes pas, enfin c’est ultra violent et c’est parce qu’ils manquent vraiment de l’empathie, de la compréhension, alors que si on se comprenait, ça irait tellement mieux et on apprécierait la beauté de la vie.
Tu sais c’est amusant parce que là je prends mon téléphone et ce matin j’ai écrit sur Threads une toute petite phrase qui disait “True love : certains, certaines donnent des leçons sur l’amour vrai ou naturel alors qu’elles ne seraient même pas capables d’aimer leur propre enfant si elles aimaient différemment”.
Et je trouve ça fou, de pouvoir donner des leçons comme ça sur l’amour, sur l’identité, sur toutes ces choses-là, alors qu’on n’est pas capable d’accepter l’altérité. Moi, quelque part, dans cette question de compréhension que tu abordais tout à l’heure, je me dis, il faut accepter aussi parfois de ne pas comprendre, mais de respecter. Cela fait partie de la beauté de la vie.
Parfois, on ne peut pas comprendre et c’est ok de ne pas comprendre. Il y a peut-être des personnes homosexuelles qui ne peuvent pas forcément comprendre l’hétérosexualité mais ce n’est pas grave, elles les laissent exister. Alors que l’inverse n’est pas toujours vrai et c’est triste. L’objectif ce n’est pas qu’on soit tous pareils, ce serait horrible et la beauté de la vie ne serait pas célébrée.
Et je trouve que les gens l’oublient beaucoup. Ils se sentent menacés, alors que les gens… Enfin, hier, j’ai vu des stories de La Marche et ça m’a fait… Je n’étais pas à Paris, donc je n’y étais pas, mais ça m’a fait rire parce qu’effectivement, le rassemblement était peace. J’ai une amie qui a écrit en story : “Est-ce que c’est ça qui vous fait peur, la France ? Des gens avec des cheveux colorés qui sont là en train de scander des slogans qui sont mignons et tout, franchement ?”
C’est profond ce que tu nous dis sur la beauté de la vie, t’as raison dans ta réflexion de dire qu’il faut accepter de ne pas comprendre mais respecter l’autre, tout simplement. Mais d’ailleurs ça me fait penser, si jamais t’as des clés par rapport à ça, comment toi tu peux faire, si jamais il y a quelque chose que tu comprends pas, mais comment tu pourrais donner comme conseil pour respecter, même si tu comprends pas, pour les personnes qui nous écoutent et qui peuvent avoir des difficultés là-dessus et qui ne reconnaissent pas la beauté de la vie.
Je pense notamment par exemple si jamais ça arrive, il y a des familles qui n’acceptent pas par exemple l’homosexualité de leur enfant ou la transidentité, c’est des choses qui peuvent arriver pourtant ils aiment très fort leurs enfants et par moment ça peut être un conflit interne après il y a énormément d’autres sujets mais c’est celui qui me vient en tête donc quel conseil tu pourrais donner pour au moins apaiser tout ça et aller vers un amour simple, simple et inconditionnel pour aimer la personne telle qu’elle est ? et valoriser la beauté de la vie.
Je pense que, et je ne m’exclus pas de l’équation, mais j’y travaille, c’est de prendre conscience qu’en tant qu’être humain on a pour habitude de se concentrer sur les choses qui nous séparent, les choses qui nous chagrinent. Au lieu de se concentrer sur ce qui nous rassemble pour la beauté de la vie. Je pense qu’entre un parent cis, hétérosexue,l et une personne trans, peut-être bisexuelle, enfin je prends vraiment des exemples au hasard.
Il y a peut-être un monde qui les sépare au niveau du genre, au niveau de l’orientation sexuelle, au niveau de ce genre de questions-là. En revanche, je pense que ces personnes peuvent avoir un milliard d’autres choses en commun et que c’est ça le propre des êtres humains aussi, c’est de réussir à se ressembler, se rassembler sur certains points et accepter la différence sur d’autres. C’est ça qui fait la beauté de la vie. Et moi aujourd’hui, c’est même pour ça que parfois je me rappelle que tu vois, en faisant de l’action culturelle, je vais souvent dans des villes, dans des villages, dans des écoles où je sais que je suis dans un terreau qui ne pense pas forcément comme moi à la base.
Mais je viens justement montrer patte blanche et leur dire regardez je suis un être humain il y a plein de choses en commun : si ça se trouve on écoute la même musique, si ça se trouve on aime manger les mêmes choses, alors ok on vote pas du même bord mais est-ce que c’est grave ? C’est toute la beauté de la vie. Le droit de vote existe et les gens ont le droit de se présenter et faire de la politique moi je respecte qui tu votes et ce n’est pas parce qu’on vote pas la même personne que je ne te considère pas en tant qu’être humain. C’est le propre de la beauté de la vie.
Et moi ce qui me fait peur c’est justement les personnes qui, de tout bord, mais qui considèrent les autres comme plus humains dès lors qu’ils ne pensent plus ou pas comme eux. Cela va à l’encontre de la beauté de la vie. Et je trouve que c’est extrêmement dangereux parce qu’en fait on ne pourra jamais mettre tout le monde d’accord et si on a envie d’éradiquer une partie de la population qui ne pense pas comme nous, moi ça me rappelle de sombres heures de l’histoire. Et je ne suis pas pour.
Et c’est d’ailleurs ce qui se passe aujourd’hui entre Israël et la Palestine et puis beaucoup d’autres endroits dans le monde que je pourrais citer 10 milliards. Mais c’est la non-tolérance de l’altérité qui induit ça. Et c’est de là justement pour en revenir à ton sujet que partent justement ces questions de beauté, ces critères. De qu’est-ce qui est la norme que ce soit pour la beauté, la beauté de la vie ou pour autre chose.
C’est qu’on n’accepte pas la différence et on s’empêche d’y voir des qualités parce qu’on pense que ça nous diminue nous alors qu’en fait ce n’est pas le cas. Au contraire, ça enrichit le monde, cela en fait la beauté de la vie.
Pourquoi les humains créent de la haine ?
Je suis tellement en phase avec ce que tu me dis sur la beauté de la vie. Et comme tu dis, on est des êtres humains, et on est sur terre, pour pas beaucoup de temps, 100 ans si tout se passe très bien. Peut-être que je me pose trop de questions, mais je ne comprends pas pourquoi, en si peu de temps sur terre, on ne cherche pas à créer de l’amour autour de soi, et plutôt à contribuer à la beauté de la vie, pourquoi on crée de la haine, à quoi ça sert concrètement la haine ?
Moi j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui est en rapport justement avec la mort, le fait de la nier. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui, très jeunes, n’ont pas conscience de la mort et ça n’existe pas. Alors que cela fait partie de la beauté de la vie. Et d’autres qui ont tellement peur de mourir quelque part et que cette peur n’est tellement pas exorcisée qu’ils la rabattent sur plein d’autres choses. Ils ont l’impression que perdre du pouvoir, c’est mourir un peu.
Ça, je pense que ça génère des angoisses qui sont énormes. Ça génère des angoisses qui sont énormes quand tu as peur de l’extinction individuelle ou de ta dite race ou de ton groupe social, etc. tu deviens violent alors qu’on va tous mourir et on va tous finir dans le même état c’est-à-dire en sac d’os dans la terre ou dans une urne, que sais-je, avec les différentes traditions, etc.
Mais je veux dire, on finit réduit en poussière de toute façon et on a tendance à l’oublier effectivement, on a tendance à courir derrière une forme d’immortalité qui pourrait finalement être comblée par l’amour. Cela contribue à la beauté de la vie. Pour moi, c’est vraiment l’angoisse de mort qui suscite tant de violences. Et qui engendre pour le coup la mort. On est un peu bête en tant qu’être humain.
J’adore ce que tu dis sur la beauté de la vie, je suis tellement en phase avec toi. En plus, ce sont des sujets qu’on ne parle pas trop et moi ça me plaît de parler de ces sujets-là parce que je suis très consciente de la mort parce que j’ai failli mourir plusieurs fois quand j’étais petite. Donc c’est sûr que ce sont des choses que je conscientise depuis longtemps et cela fait plaisir d’en parler et je suis aussi complètement d’accord avec toi parce que j’ai l’impression qu’on veut maîtriser le temps.
On ne peut pas maîtriser le temps, personne ne peut, personne n’a trouvé la baguette magique et même s’il y a des personnes comme Elon Musk et compagnie qui cherchent des remèdes à tout prix pour ne plus vieillir, ce n’est pas possible. C’est le processus de la beauté de la vie.
Exactement. On est face à notre finitude devant la beauté de la vie, et l’être humain ne l’accepte pas et trouve tous les moyens possibles et imaginables pour outrepasser la mort, que ce soit, je n’en sais rien, le botox, que ce soit, que c’est des compléments alimentaires, que ce soit des stages de yoga qu’on va payer 3000 balles pour n’ aller rien manger et boire que du bouillon. Enfin, no shade, je veux dire, j’ai plein d’amis qui l’ont fait et tout.
Mais tout ça, c’est pour échapper à la mort. Et c’est exactement le sujet de mon album. Et justement parce que comme je me suis fait transplanter en 2022, moi aussi j’ai cru que j’allais mourir à un moment donné et ça te met face à toutes ces questions existentielles et ça te fait relativiser en me disant mais il n’y a rien de grave là, profite de la beauté de la vie.
C’est l’amour qui m’a fait survivre. C’est l’amour qui a fait que mon corps s’est remis aussi vite. C’est l’aide des gens, c’est accepter l’aide des gens, c’est s’autoriser à la demander qui fait qu’à un moment donné, on se sent justement humain, pas isolé et plus apaisé aussi. Plus tu te sens soutenu et aimé, moins t’as de haine en toi. Et pour se sentir aimé, parfois on arrive à le faire soi et parfois faut s’aider aussi des autres. C’est la beauté de la vie.
Et c’est difficile de se rendre compte que peut-être qu’on ne s’autosuffit pas parce que le mythe du capitalisme, il réside de là. Il met tout le pouvoir du bonheur des êtres humains dans leurs propres mains. En gros, si tu veux, tu peux. Et si tu n’y arrives pas, c’est que tu es nul. Et ça rend les gens fous.
Ça les rend fous parce que ça ne dépend pas de nous. Il y a une part évidemment qui dépend de nous. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut tout le temps accuser la météo, son voisin, son père. Enfin, il n’y a pas que ça non plus. Mais tout ne dépend pas de nous. Et c’est ce qui fait la beauté de la vie. Une catastrophe naturelle ne dépend pas de nous. Notre biologie, notre ADN ne dépend pas de nous. Il y a énormément de choses qui ne dépendent pas de nous. Le système tel qu’il est fait, le fait d’avoir une sorte de sexisme, machisme intégré ne dépend pas forcément de nous.
Et tout notre travail pour moi sur la beauté de la vie, c’est justement d’avoir conscience de tout ça pour trouver nos réponses, nos propres réponses et être en accord avec et c’est un travail d’une vie mais je trouve que c’est ça qui amène de la beauté dans le monde je veux dire la beauté au sens noble du terme certes on parle de l’apparence physique mais pas que pour moi la beauté ça transcende vraiment tout ça, c’est le corps, la tête, le cœur. Et voilà, je trouve que ça se joue à ce niveau-là la beauté de la vie. Et je crois que tous nos gouvernements, etc., font en sorte qu’on puisse justement, le moins possible, atteindre ça, parce que la liberté fait peur aux gens qui gouvernent.
L’immortalité de la musique et Comment développer l’amour de soi ?
Par rapport à tout ce que tu m’as dit sur la beauté de la vie, je vais poser plein de questions parce que je trouvais ça très intéressant et j’aime trop rentrer en profondeur comme ça dans les sujets de la beauté de la vie, c’est des choses qui me font vibrer, c’est pour ça que j’ai aussi un podcast dans un sens parce que j’aime trop ça. Et pour rebondir sur tout ce que tu nous disais et poser des questions en parallèle.
Pour revenir au sujet de la mort, ça me fait penser que vu que toi tu es musicienne, tu crées des albums etc. et je trouve que la musique en elle-même c’est quelque chose d’intemporel, ça surpasse la mort parce que c’est des choses qui vont rester dans la vie des gens, qui vont se transmettre de génération en génération, donc c’est un beau cadeau que tu fais à l’univers, c’est la beauté de la vie.
Parce que moi je suis pas de musique, mais que tu fais et que tous les musiciens, musiciennes, chanteurs, chanteuses, toutes les personnes de cette industrie font à l’univers et je trouve ça vraiment incroyable. Donc franchement, bravo. C’est génial. En plus, je sais que tu abordes la beauté de la vie, c’est des sujets hyper importants que tout le monde sera amené à se poser, en tout cas.
Et pour rebondir aussi avec deux ou trois questions, déjà, tu parlais d’amour de soi, donc comment on fait pour le développer, comment les autres peuvent le développer avec autrui, et aussi, si tu veux répondre à cette question évidemment, tu t’es fait transplanté du foie, j’avais suivi tes stories sur Instagram et si tu peux aussi nous en parler si jamais tu es d’accord pour raconter aussi ton expérience à ce sujet de la beauté de la vie.
Alors effectivement, dans la beauté de la vie, c’est vrai que j’ai trouvé la musique comme moyen justement d’immortalité. Je pense que c’est quelque chose que j’ai conscientisé et qui j’espère fait le moins de mal possible aux autres. Et ça m’a justement appris aussi, comment dire, ça m’a appris à m’aimer un petit peu plus parce que je pense que la possibilité de s’exprimer et de se sentir entendu, vu et compris, c’est quelque chose d’essentiel dans ce monde et que tout être humain, je pense, est à la recherche de ça. Tout le monde n’a pas la même façon de le trouver, de le ressentir, etc. Mais je crois que la quête de la beauté de la vie se trouve à ce niveau-là.
Chercher le chemin le plus direct vers une forme de reconnaissance de ses pairs, de se sentir comprise et comprise, de se sentir pas seul, de se sentir aimé, je pense que c’est ce qui permet de s’aimer aussi. Et de trouver son chemin sur la beauté de la vie. Je pense qu’il y a aussi l’idée de s’accepter tel qu’on est, en ayant conscience de ce qu’on considère soi-même comme des qualités et des défauts, et de se dire qu’on peut chercher à améliorer ses défauts, qu’on peut chercher à mettre en avant ses qualités et qu’on peut aussi se dire que pour ce qui nous va pas ou ce qui est compliqué à changer, voire impossible, c’est juste comme ça. Et je pense que de réussir à se l’appliquer à soi.
Moi en tout cas, ça m’a permis de l’appliquer aux autres, c’est-à-dire des plus tolérantes aussi. De me dire, telle ou telle chose ne me va pas chez quelqu’un mais après tout, il est comme ça et puis c’est tout. Ce n’est pas cool, j’ai le droit de le signifier si je n’aime pas ça, mais je n’ai pas le droit de vouloir changer la personne de force et encore moins de vouloir l’annuler. Ça, ça ne marche pas.
Et après, il y a aussi tout plein de méthodes qui sont possibles à chacun et chacune de trouver son truc pour la beauté de la vie. Moi, ça a été la musique, ça a été beaucoup de lecture aussi, de séances de psy. Je sais que c’est beaucoup par la parole et par les mots que je me soigne. Et le psychologue m’a aussi beaucoup beaucoup aidé. Enfin, ma psychologue, c’est quelqu’un de génial. J’en ai eu plusieurs dans ma vie. J’ai testé plein de méthodes différentes jusqu’à trouver la personne avec laquelle je me sens le plus à l’aise.
Et voilà, j’avais essayé avant ça la sophrologie, j’avais essayé plein de choses. Et parmi toutes ces techniques, une aussi qui marche très bien et qui ne coûte pas d’argent, parce que tout le monde n’a pas les moyens d’aller chez le psychologue, c’est d’aller marcher dans la nature. Je pense qu’en tant qu’urban, parfois on oublie que l’être humain n’est pas fait pour ça, et même s’il y a énormément de choses qui sont géniales pour la beauté de la vie.
Moi j’habite à Paris et j’adore cette ville, ça foisonne, ça bouillonne. Tu peux faire tout ce que tu veux ici, enfin sauf aller à la plage, mais globalement tu as une offre incroyable, intellectuelle, culturelle, gastronomique, tout ça. Mais c’est vrai que parfois, aller dans la nature, voir des arbres, voir le ciel, sentir la nature et sentir qu’en fait on appartient à ce tout qui est le monde, la planète, enfin tu vois, et se sentir petit aussi par rapport à la beauté de la vie.
Je trouve que ça fait du bien de pouvoir s’oublier un peu aussi, de se rendre compte qu’on n’est pas si important et que moi c’est ça que j’aime quand je vais faire de la randonnée, c’est de me rendre compte que je suis qu’une petite poussière et que mes problèmes ne sont pas bien graves finalement et que la terre continuera de tourner et ça m’apaise de savoir que la terre continuera de tourner même si j’arrive pas à faire ceci ou cela. Le principe même de la beauté de la vie.
Donc voilà, je pense que c’est une quête, la beauté de la vie que chacun et chacune devrait avoir de justement trouver la façon de se rapprocher de soi à travers l’autre aussi. Pour moi, la beauté de la vie, c’est un aller-retour permanent entre son intérieur et l’extérieur. Comment j’arrive à me réfugier chez moi et me sentir bien avec moi ? Comment je vais chercher des choses chez les autres ? Comment je prends congé des autres aussi ? Comment j’apprécie ma propre compagnie ? C’est trouver l’équilibre entre ces différents points qui permettent de se sentir apaisé, aligné et apprécier la beauté de la vie. Il y avait une autre question, je crois, après.
Parle-nous de ta transplantation de foie
Oui je répondrai quand on aura tout fait mais c’est très intéressant ce que tu nous as dit et la dernière question par rapport à tout ça c’était la transplantation de foie.
Ah oui, et bien ma transplantation, c’est dû à une maladie héréditaire que j’ai héritée de ma mère et ça s’appelle la polykystose hépatorénale. En gros, en substance, j’ai des kystes, enfin, j’avais des kystes dans le foie, beaucoup, beaucoup, et j’ai des kystes dans les reins. Ces kystes sont bénins, mais ils grossissent à une vitesse qui est propre à chaque malade.
Et comme moi je suis une grande originale, c’est aller très très vite chez moi. Voilà, en général les gens se font plutôt opérer autour de 60, 50, 60 ans et moi c’est à 35 ans qu’on m’a dit que ça commençait à devenir un peu chaud et c’est à 37 ans que je me suis fait transplanter. Et j’ai eu peur mais j’ai eu une chance incroyable, je me suis rendu compte que déjà j’avais la chance d’être en France. Vive la beauté de la vie. Je pense que beaucoup l’oublient. On se plaint beaucoup de notre pays qui effectivement a plein de défauts. Mais justement, comme je disais tout à l’heure un peu plus haut, on se concentre beaucoup sur les défauts et ce qui nous contrarie et non sur la beauté de la vie.
Alors qu’il y a énormément de choses dans ce pays qui tiennent encore la route et qu’il faudrait apprendre à préserver, à voir, à chérir pour la beauté de la vie. Je pense que si j’avais été dans un autre pays avec la même pathologie, je ne sais pas si j’aurais survécu, soit parce que j’aurais probablement été trop pauvre pour me payer des soins, soit parce que le pays n’aurait pas été suffisamment avancé au niveau technologique et au niveau hospitalier pour pouvoir me soigner, me guérir.
Et je me suis rendu compte aussi que notre corps humain était un truc incroyable. C’est vraiment la beauté de la vie. Enfin, franchement, enfin, on m’a changé un foie, quoi. C’est quand même un truc de malade. Et aujourd’hui, j’ai une qualité de vie qui est meilleure qu’avant ma transplantation, c’est la beauté de la vie. Malgré les antirejets que je prends tous les jours, malgré toutes les contraintes que je peux avoir au quotidien dans ma vie, les médocs, je porte toujours le masque. Moi, l’ère Covid ne s’est jamais vraiment arrêtée.
Et voilà, et se rendre compte justement de cette universalité et de l’humanité qu’on peut avoir, parce que la personne qui m’a donné mon foie, je ne sais pas qui c’est, parce qu’on n’a pas le droit de le savoir dans le droit français, et je ne sais pas de quelle couleur cette personne était, ce qu’elle votait, ce qu’elle mangeait au petit déjeuner, qui elle aimait ou pas aimait, mais je ne sais que cette personne m’a sauvé la vie. Merci pour la beauté de la vie.
Et elle et tout le personnel hospitalier qui se bousculent pour venir sauver des vies de gens qui ne connaissent même pas. Je trouve ça incroyable de conscientiser tout ça et de se dire bah on est capable de choses incroyables quand même en tant qu’être humain. On n’est pas capable que de guerre, etc. C’est ça la beauté de la vie. Et je trouve que ce sont des histoires qui, la mienne comme celle de plein d’autres, mais qu’il est nécessaire de mettre en avant parce qu’aujourd’hui je trouve qu’on manque de ça.
On est beaucoup basé sur nos différences et sur justement encore une fois ce qui nous sépare et on est dans des cases de est-ce que tu es lgbtqia plus z120 ? ou est-ce que tu es un peu moins que ça ? Et non on est des êtres humains et on peut se sauver la vie les uns des autres, et c’est fabuleux quoi, c’est la beauté de la vie.
Et sentir qu’on est un tout et que quelque part notre immortalité elle peut se jouer aussi à travers ça tu vois t’imagines la personne elle est décédée parce qu’en fait un foie ça ne se transplante que sur une personne qui s’en va. Je ressens ainsi la beauté de la vie. Et bien cette personne là elle vit à travers moi encore et j’ai beaucoup changé depuis l’opération et je sais pas si c’est simplement l’épreuve de la vie qui m’a qui a fait bouger des choses chez moi ou si c’est peut-être un bout de cette personne qui m’apporte une forme d’apaisement parce que peut-être que c’était une personne moins angoissée que ce que je suis au quotidien. C’est mon hypothèse par rapport à la beauté de la vie.
Je ne saurais jamais mais c’est là et justement ça je trouve que c’est beau c’est la beauté de la vie à l’état pure c’est ce qu’on est capable de fabriquer en tant qu’être humain et que à date moi je connais pas ailleurs et ça faut le cultiver quoi
C’est très beau, très philosophique tout ce que tu nous dis sur la beauté de la vie et ce que je retiens de tout ce que tu as pu nous dire c’est qu’il faut avoir de la gratitude. C’est hyper important la gratitude envers soi, envers les autres, envers la vie, envers l’univers, envers tout parce que ça devrait être notre moteur de vie. Ressentir de la gratitude fait partie de la beauté de la vie.
Plutôt que comme tu disais se mettre des bâtons dans les roues, ne pas se comprendre, plus se concentrer sur la différence comme tu disais plus que se concentrer plus sur qu’est ce qu’on peut apporter parce qu’un être humain on est merveilleux tout le monde est merveilleux à sa façon. Cela résume bien ma pensée sur la beauté de la vie.
Donc, comme tu disais sur la beauté de la vie, il y a mille et une choses à sa portée. Ce n’est pas parce qu’on est différent qu’on ne peut pas être complémentaire d’une certaine mesure. Donc, je trouve ça incroyable la beauté de la vie. Et c’est vrai que c’est vraiment la beauté de la vie à l’état pur. Enfin, on revient à ce sujet, c’est le thème de l’épisode, j’aime beaucoup la tournure de notre conversation.
Par rapport à ce que j’ai dit, moi je suis aussi reconnaissante pour cette personne, pour le foie qui t’a été transplanté, parce que sans ça, peut-être qu’on ne serait pas là en train de discuter, peut-être qu’il n’y aura pas de personne qui nous écouteront actuellement. La vie, elle tient qu’à un fil. C’est important de le reconnaître pour la beauté de la vie.
Et c’est ça, il ne faut pas que les gens l’oublient, tu vois, dans la chanson Mala vida que j’avais écrite avant ma transplantation parce que j’avais peur de mourir et que je voulais laisser en tant que témoignage au monde si jamais j’étais amené à disparaître. Il y a une phrase qui dit le temps, c’est celui qu’on prend. Merci de me l’avoir dit. Et c’est vrai que cette maladie, elle m’a appris à apprécier chaque seconde qui passe, tu vois. Profiter à 100% de la beauté de la vie.
Là il n’y a pas longtemps j’ai sorti un titre aussi qui est dans l’album qui s’appelle No Right Time et elle dit qu’il n’y a pas de bon moment pour mourir et de ce fait il n’y a pas de bon moment pour vivre pleinement et voilà faut vivre chaque instant quoi croquer dans une pomme c’est cool et contribue à la beauté de la vie.
Je me souviens qu’après l’opération, je me suis réveillée en réanimation, et j’étais branchée de partout, je ne savais plus respirer par moi-même, je ne savais plus aller aux toilettes par moi-même, je n’arrivais plus à me lever, à marcher, etc. Et tu te rends compte de la préciosité des choses qui font la beauté de la vie ?
Toutes ces choses qui ont l’air complètement normaux, naturels, mécaniques, mais c’est un immense cadeau. Quand je suis sortie de l’hôpital et que je suis rentrée chez moi, je n’arrivais même pas à m’allonger dans mon lit. On n’y pense même pas quand on s’allonge dans son lit. C’est un cadeau du ciel, la beauté de la vie, de pouvoir se mouvoir, interagir avec des gens, aimer.
Alors, c’est normal d’être en colère à des moments. Je ne dis pas que la colère nous a été donnée par la nature. Il faut l’exploiter aussi. Mais ce que je veux dire, c’est qu’on est toujours à la recherche de cet équilibre, les émotions, il faut toutes les vivre, pas rester que dans la colère et la haine parce que sinon, c’est horrible et la beauté de la vie s’amoindrit.
Et moi je crois vraiment que la vie c’est ça, c’est la recherche de l’équilibre des choses qui nous ont été offertes pour la beauté de la vie. C’est comme ça qu’un plat est bon, c’est quand il est équilibré. C’est quand il n’est pas trop piquant, pas trop acide, pas trop sucré, pas trop gras. C’est ce qui fait qu’il est à la fois bon dans la bouche et à l’intérieur de notre corps. Et ce qui va nous nourrir nous fera du bien, pour la beauté de la vie.
Voilà, il ne va pas faire plaisir qu’à l’extérieur, qu’à une partie. Pour moi, c’est vraiment de la recherche. Oui, c’est ça, d’équilibre permanent, qui est très ténu, presque impossible à atteindre, je dirais. Mais le mouvement de la beauté de la vie, c’est de le chercher. Ce n’est pas forcément de le trouver.
Oui c’est notre trésor personnel qui est en nous et dans les autres et qu’en fait il faut rassembler ce trésor parce que finalement ça fait : plus d’amour, plus de joie envers toutes et tous donc c’est vraiment magnifique comme cadeau du ciel la beauté de la vie, comme tu dis et je pense vraiment que par exemple, les personnes comme nous qui ont frôlé la mort, je pense que c’est peut-être comme ça qu’on est plus consciente de la valeur de la vie et qu’on se rend compte que tout peut être différent, du jour au lendemain tout peut basculer.
Et en tout cas, bravo d’avoir dû tout réapprendre, car ça a dû être aussi un cheminement un peu compliqué. Parce que, par exemple, s’allonger, comme tu disais, personne ne se remercie. On ne se dit pas, c’est trop cool, on s’allonge, on peut… C’est vrai que c’est une habitude, c’est normal, on n’apprécie pas la beauté de la vie de cette manière-là.
Oui on le prend pour acquis. Comme tout plein d’autres choses dans la vie, comme la sécurité sociale, comme, je ne sais pas, le fait de pouvoir aller à l’école gratuitement, etc. Tout ça, on le prend pour acquis. Et ce n’est pas acquis. Justement, on le voit avec le monde d’aujourd’hui que ça change, on essaie de nous ôter beaucoup, beaucoup de choses. De plus en plus de droits et de devoirs, de pouvoirs démocratiques et moi je trouve que c’est quelque chose qui ne me va pas. Tout mon travail aujourd’hui autour de la beauté de la vie se situe dans le fait de conscientiser les choses et d’aider d’autres personnes à conscientiser les choses.
Moi je n’ai pas de réponse à apporter aux gens, j’ai que des questions. Moi j’essaie déjà de trouver mes propres réponses, ce n’est déjà pas simple. Si je peux poser des questions pour que les personnes trouvent leurs propres réponses, ça je pense que c’est cool. Si je peux semer la graine de dire, bah on n’est peut-être pas pareil mais moi je ne déteste pas. Et que ces personnes-là finissent par se dire la même chose, je pense que c’est cool aussi. Et contribue à la beauté de la vie.
Et après je te dis tout ça sur la beauté de la vie, je ne suis pas du tout bisounours, je ne suis pas du tout en mode peace and love, tout le monde va s’aimer, etc. J’ai conscience de la nature humaine. On est issu d’un environnement où il a fallu survivre, on est compétitif, c’est un peu la loi de la jungle, tu vois.
Utilisons notre énergie pour le bien du collectif
Mais justement, en tant qu’être humain, la beauté de la vie c’est le pouvoir qu’on a, c’est la capacité de régulation, d’intellectualisation et de production. Ce qui fait qu’en fait, aujourd’hui on produit tellement de nourriture, on ne devrait même plus avoir peur de mourir. Mais on a quand même peur et on n’ose pas partager avec les gens. Non, la nourriture en surplus, on fait quoi ? On la jette. On ne la distribue pas dans les pays qui meurent de faim. Mais je ne parle même pas des pays qui meurent de faim. En France, les surplus, on commence à peine à mettre en place des dispositifs pour pouvoir redistribuer.
Et encore, c’est assez timide. Je trouve ça fou. Je trouve ça fou à quel point la volonté de domination dépasse les bornes. Parce que je comprends qu’elle existe. Mais moi, à mon sens, en tant qu’être humain, ce qu’on est capable de faire, c’est cadrer tout ça. Et pour que ce soit vivable, pour tout le monde. L’idée, ce n’est pas qu’on soit tous à égalité. Moi, ça, personnellement, j’y crois pas forcément. Après, il y a des gens qui y croient. Et tant mieux, tant mieux, parce qu’il faut des avis qui soient différents pour faire société, et cela fait la beauté de la vie.
Mais je crois vraiment que d’essayer de trouver un système où on peut à la fois garder une forme de liberté et donc pour moi de libéralisme mais que ce soit quand même calibré et un minimum contrôlé ce serait cool parce que là c’est n’importe quoi on peut pas avoir des gens aussi riches et d’autres gens qui ont tellement mais tellement rien c’est juste pas possible.
Encore une fois franchement on est totalement en phase toutes les deux sur la beauté de la vie parce que je pense vraiment pareil que toi et c’est vrai qu’on prend l’exemple de la nourriture mais je me suis toujours dit : le problème, ça ne vient pas du nombre de milliards d’êtres humains qui existent, le problème, ça vient de la répartition de ce qu’on en fait.
On a le pouvoir, avec toute la nourriture qu’on produit, de nourrir toute l’humanité, mais plusieurs fois ! Je n’ai pas les chiffres, mais je sais que c’est des chiffres astronomiques, de gaspillage. Enfin, même tout ce qui est vêtements, textiles… C’est de la folie, et c’est vrai que je ne comprends pas.
C’est vrai, pourquoi on ne met pas toute notre énergie dans tout ce qui est réemploi, réutilisation, don, tout simplement. Pourquoi le jeter ? Pourquoi ne pas le donner à la place ? Ce sont plein de choses à casser dans la mentalité. Et ce que tu disais par rapport à planter des graines, c’est aussi une de mes missions avec ma Matrimoine Féministe, planter des graines de conscience féministe justement pour contribuer à la beauté de la vie.
Parce que je pense que c’est ça la beauté de la vie : le pouvoir le plus puissant et qui pourra faire changer les mentalités, c’est qu’il y a des personnes qui ne sont pas au courant de tous ces sujets. Ce qui est normal, parce qu’il y a tellement de sujets sur Terre, même moi, même toi, par contre je pense qu’on ne sera jamais au courant de tous les sujets de l’humanité, ça c’est clair !
Mais au moins pouvoir orienter nos réflexions et après, comme tu disais, on se pose des questions. Et après ça amène à d’autres questions et ainsi de suite et après on trouve sa voix, on trouve la voix pour les autres, on trouve une voix pour l’humanité. Notre contribution à l’humanité c’est quelque chose de grandiose car ça va être plus grand que nous, ça va nous porter et ça va porter, ça va aider plein de gens et c’est chouette de pouvoir aider des gens. C’est ce qui fait la beauté de la vie, en particulier la mienne.
Je suis bien d’accord. Ça me fait du bien aussi par rapport à la beauté de la vie. Enfin, je me rends compte qu’à travers mon parcours, et justement je parlais d’action culturelle tout à l’heure, mais je me sens heureuse quand les gens que j’accompagne se sentent heureux et qu’ils accèdent quelque part à une meilleure compréhension d’elles eux-mêmes. Enfin, c’est beau de voir les gens se rapprocher de soi. Il y a quelque chose d’assez magique, je trouve dans la beauté de la vie. Donc si jamais à notre petite échelle on arrive à déclencher ça chez d’autres, moi je me dis que ça vaut le coup pour la beauté de la vie.
Impactons la vie des gens sur les réseaux sociaux
Mais oui, et d’ailleurs, pendant que tu me dis ça, ça me fait vraiment penser aux réseaux sociaux dans le sens où… Les réseaux sociaux, ce n’est pas évalué sur la qualité mais sur les interactions qu’en font les autres. Si tu as 10 000 likes, ah ton post il est bien ! Si tu en as 5, ah ton post il est nul.
Alors que, bah non, enfin c’est la valeur ajoutée que tu peux apporter, on s’en moque des likes, l’important c’est que tu puisses impacter de la vie d’au moins d’une personne, c’est déjà merveilleux, suffisant, bien sûr tu ne sauras pas forcément si la personne ne commente pas, que sais-je, sur les réseaux sociaux il y a beaucoup de personnes qui regardent les posts mais qui prennent pas le temps de commenter mais ce n’est pas grave.
Tu vas forcément toucher quelqu’un par rapport à ça et je trouve ça un peu dommage de se faire une telle fixette sur des chiffres, surtout en plus un nombre de followers, enfin il y a une certaine distance, un follower, par exemple je ne sais pas, tu 5000 abonnés et tu dis oh c’est nul, mais tu as quand même 5000 êtres humains qui te suivent, c’est incroyable !
C’est fou oui. L’autre fois, je me suis dit que, effectivement, si on mettait tous les gens qui me suivent sur Insta dans une seule pièce, elle serait vraiment très, très grande.
Et c’est merveilleux, c’est beau de se rendre compte de ce genre de sujet. Donc je pense que oui, comme tu disais, les gens, ils n’apprécient pas les choses à leur juste valeur. Et peut-être qu’on a tendance à apprécier les choses une fois qu’on les a perdues, parce que je ne sais pas, imagine que tu as 5000 abonnés et que tu perds tout, là tu vas dire, ah mais oui, j’avais 5000 abonnés, j’ai tout perdu parce qu’Instagram m’a supprimé mon compte, enfin tout peut arriver. Je n’espère pas pour les personnes qui nous écoutent qui ont une communauté et qu’Instagram supprime tout.
Par rapport à ma position sur les réseaux sociaux, c’est vrai que ce n’est pas bien de mettre tous les oeufs dans le même panier. Instagram c’est bien mais il ne faut pas que Instagram pour porter notre voix sur les canaux. Par exemple, avoir un site internet, faire de la musique, il faut mettre notre voix un peu partout. Parce que sur Instagram c’est vrai qu’on est dépendante de l’algorithme, ou même sur tous les réseaux sociaux.
Complètement. Franchement, oui. Pour moi, honnêtement, je trouve que les réseaux sociaux, ce sont des outils incroyables et c’est comme ça que j’ai commencé mon projet. Moi, j’ai commencé en 2020, donc autant te dire que sans les réseaux, ils n’existeraient pas. Mais il n’y a quand même rien de mieux que la vraie vie.
Je crois que les gens oublient parfois franchement l’impact qu’on peut avoir en allant dans une école ou en faisant un concert et en discutant avec quelqu’un genre face à face tu vois après un live c’est tellement plus fort que de s’envoyer des messages sur instagram. C’est la beauté de la vie. Enfin même si les messages sur Instagram c’est cool, c’est mieux que rien mais c’est un mode pour moi par défaut quand on ne peut pas rencontrer les gens en vrai.
Oui, c’est clair, tout ce qui est musique, concert, enfin, ça se vit l’expérience avec les autres. Ce n’est pas du tout pareil d’écouter sur Spotify et d’être avec d’autres gens qui vivent la même expérience que toi au même moment. Tu partages un souvenir collectif, un souvenir avec la personne avec qui tu t’amènes ou même avec toi-même. C’est un moment fort qui construit la beauté de la vie. C’est vraiment merveilleux et c’est vrai que, notamment si tu parles du 2020 mais pensé au Covid forcément, au Covid c’est vrai que c’était plus compliqué ces rapports, on était tous derrière des écrans.
Et il y avait une partie de l’humanité qui était perdue, les nouvelles technologies c’est bien mais ça ne doit pas prédominer l’humain, ça doit pas être sur en avant de l’humain. Du coup pour profiter de la beauté de la vie, faites des câlins !
C’est ça la beauté de la vie. Et puis il y a quand même des études qui disent que pour être en bonne santé mentale et affective, il faut quand même 7 câlins par jour, donc ce n’est pas sur les réseaux que ça va se passer, tu vois. Faites des câlins, exactement.