Bienvenue dans ce tout premier épisode du podcast hebdomadaire des Podcast Matrimoine Féministe. Je suis ravie d’être avec Eléna Petit Aznar aujourd’hui pour parler de la parentalité. Pour moi, c’est un sujet qui me semble important car 80% des inégalités femmes-hommes proviennent du congé maternité. Source : World Economic Forum’s Global Gender Gap Report 2022. Je te laisse la parole Elena !
Je suis une féministe convaincue J’ai toujours été consciente des inégalités femmes-hommes depuis que je suis toute petite. J’ai à cœur de vouloir les combler d’une manière ou d’une autre sur la parentalité. J’ai eu une carrière en conseil en finance, à Paris et à Madrid, qui s’est bien passée, mais qui ne donnait pas le sens que je cherchais, et je pense que je manquais aussi beaucoup de rôles modèles.
C’est aussi en commençant à travailler que je me suis rendue compte des inégalités homme-femme au travail et j’avais besoin de trouver un projet qui me permette d’avoir un impact pour les femmes et qu’on en finisse avec ces inégalités dans le monde professionnel comme aujourd’hui dans la parentalité notamment.
Quelle est la situation des femmes et des mères au travail ?
Je trouve cela beau le fait que tu te sois reconvertie parce que tu ne trouvais pas de sens dans la finance. Maintenant tu en as avec ton projet illa dans le domaine de la parentalité. Je te laisse présenter la situation des femmes et des mères au travail et ensuite ton projet.
Je pense qu’on peut résumer la situation en un mot qui est perfection. On veut des femmes qu’elles soient parfaites, qu’elles travaillent comme si elles n’avaient pas d’enfants et qu’elles soient des mères comme si elles n’avaient pas de travail, ce qui n’est pas possible et ce qui crée beaucoup d’injonctions contraires dans la parentalité.
En discutant avec des femmes au travers de mon projet, je me suis rendu compte qu’il y avait un mot qui revenait beaucoup, qui était le mot culpabilité. Parce qu’on a une culpabilité quand on est une femme envers tout le monde et tout le temps, envers soi-même, envers son entreprise, envers son enfant, envers son couple même parfois. Tout cela est créé par une société qui nous donne des millions d’injonctions contraires pour qu’on soit des femmes complètement épanouies et surtout réalisées.
On a grandi dans une génération qui nous a dit qu’on pouvait tout avoir. C’était un peu la posture de nos mères. Comme on avait tous les droits, le féminisme était fini. Cette injonction de “on peut tout avoir”, on peut être une bonne mère, une parfaite épouse, une girl boss au travail, être entrepreneuse, être big boss… Tout cela va créer une charge qui va avoir un vrai impact sur notre santé mentale.
Je discute aussi avec des entreprises qui se sont rendu compte que les RPS (les risques psychosociaux) sont plus élevés chez les femmes mères que chez les hommes. Tout simplement parce qu’en fait, au-delà du travail, elles ont énormément de responsabilité avec la parentalité et beaucoup trop de choses à faire.
On nous a dit “vous pouvez devenir des boss au travail” mais on ne nous pas enlevé de charges à la maison. On doit faire plus de tâches ménagères que les hommes. On doit s’occuper majoritairement de l’éducation des enfants. Mais en même temps, il faut qu’on soit au travail autant que les hommes et qu’on travaille parfois même plus pour prouver qu’on mérite notre place.
Il y a des attentes et des injonctions qui sont devenues intenables pour les femmes au travail. On voit d’ailleurs des pays faire un retour en arrière. Par exemple avec le mouvement “Trades Wives” au États-Unis. Ce mouvement est exactement l’emblème de cela. On a dit aux femmes “vous pouvez tout avoir” et il y a des femmes qui ont dit “non, on ne peut pas”.
Elles vont retourner vers le côté plus traditionnel pour avoir moins de pression et moins de charge mentale. Je pense qu’il faut vraiment trouver des solutions aujourd’hui dans les entreprises et la société pour la parentalité, afin de rééquilibrer davantage les tâches.
Présente-nous ton projet Illa ?
J’ai décidé de créer illa par rapport à la parentalité. Pour moi c’est venu avant de me rendre compte de tous les problèmes sociétaux. Ça a été d’abord des expériences personnelles et professionnelles. Déjà au niveau de mon travail, quand je suis rentrée en conseil financier, il faut savoir que je suis rentrée à peu près à 50-50 avec les hommes. Donc on avait autant de femmes au premier niveau qui rentraient que d’hommes.
Cette égalité n’avait pas été le cas pendant très longtemps. Aujourd’hui, heureusement, c’est le cas et c’est top. Mais malheureusement, à 30 ans, il y avait un gros plafond de verre et il y avait beaucoup de femmes qui partaient. Nous projeter en tant que femmes, c’est très compliqué parce qu’on n’a plus de rôle modèle. On ne peut pas vraiment s’identifier à quelqu’un dans l’entreprise. Ce qui limite beaucoup les possibilités de carrière, malheureusement.
Ensuite au niveau perso, donc moi je ne suis pas mère personnellement mais j’ai eu des amies qui sont tombées enceintes et qui ont eu des mauvaises expériences au travail par rapport à la parentalité, notamment lors du retour du congé. C’est souvent un sujet très épineux et je me suisrendu compte qu’il y avait un vrai souci et je pense que le gros déclic pour moi ça a été en septembre dernier.
Il y a une économiste qui s’appelle Gloria Goldin qui a gagné le prix Nobel d’économie, pour ses études sur les inégalités professionnelles homme-femme. Elle a démontré sur à peu près 200 ans d’histoire américaine, qu’aujourd’hui, les hommes et les femmes ne sont pas égaux au niveau professionnel. Pas à cause des études, ce qui était le cas avant, mais à cause de la première grossesse. C’est quelque chose qu’on appelle la pénalité maternelle. Dès que les femmes tombent enceintes, elles perdent 2% de salaire et les hommes gagnent 3% de salaire. Cet écart, suite à la parentalité, est un écart qui va se creuser pendant une trentaine d’années, et les femmes ne vont jamais réussir à recouvrir.
Je me suis rendue compte qu’aujourd’hui, si on voulait agir, il ne faut pas penser à la maternité ou à la parentalité comme un sujet personnel, mais vraiment voir la parentalité comme un sujet sociétal et vraiment impliquer les entreprises. Ce sont les entreprises qui ont le pouvoir aujourd’hui de créer un changement pour les femmes et les hommes qui sont dans leurs équipes.
Je fais du conseil pour ces entreprises, justement, pour leur permettre d’améliorer leur politique de la parentalité. Et je suis en train de créer en parallèle une plateforme d’accompagnement à la parentalité pour les entreprises et pour les femmes. Il y aura un double côté, pour aider les RH et les managers à mieux accompagner leurs salariés, et pour aider les femmes et les hommes à mieux se projeter en tant que parents et dans leur carrière.
Les évolutions de notre société
C’est une très très belle présentation que tu nous as faite sur la parentalité. Je suis totalement d’accord avec toi que la société évolue et que forcément les combats d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui. D’un côté, c’est super, ça me fait penser aux gens qui disent que le féminisme c’était mieux avant. C’est juste que c’était d’autres problématiques sociales. Avant, on n’avait pas le droit de vote, on n’avait pas le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’accord de son mari.
C’est quand même dingue de se dire qu’en si peu de temps, en 100 ans, on est arrivé à un stade où on a eu ces égalités-là. Moi j’aime parler d’égalité et de liberté. Pour les libertés, il faut qu’il y ait beaucoup moins d’injonctions qui pèsent sur les femmes, parce qu’en fait c’est souvent elles qu’on attribue à la maternité encore aujourd’hui, même avec une société évoluée. Même si les choses commencent à évoluer doucement mais sûrement et que c’est chouette d’avoir plus de personnes impliquées dans le sujet de la parentalité comme toi qui veulent changer les choses avec impact.
Pour les tâches tu parlais de répartition des tâches ménagères j’avais vu ces statistiques sur internet : Environ 93 % des femmes salariées effectuent régulièrement des tâches ménagères non rémunérées (quotidiennement ou plusieurs fois par semaine), contre 53 % des hommes salariés, soit un écart de participation entre les sexes de 40 p.p. ; à titre de comparaison, l’écart entre les sexes pour la garde des enfants est de 13 p.p. (Source : European Institute for Gender Equality, 2021)
Parce que c’est vrai que l’écart, il est encore conséquent, même si de plus en plus, d’hommes et femmes sont sensibilisés sur le sujet de la parentalité et qu’on essaye de faire des efforts chacun de notre côté, cela diffère en fonction des cultures, en fonction de l’éducation reçue.
Le plafond de verre pour les femmes avec la carrière et la parentalité, c’est une réalité. Tu parlais du retour de congé maternité et ça me fait penser à une amie. Elle avait rejoint une entreprise de marketing, ce n’était pas prévu qu’elle tombe enceinte, mais en fait elle est tombée enceinte et son employeur l’a vraiment très mal pris. Il lui a mis des bâtons dans les roues par la suite.
Elle a eu un enfant, oui, et alors ? Au lieu de lui mettre des bâtons dans les roues et la mettre au placard par la suite, cela aurait été mieux de reconsidérer la chose. Elle a été complètement dégoûtée. Elle s’est reconvertie, elle a changé de métier, elle est devenue prof, elle est très heureuse, donc si elle m’écoute, elle se reconnaîtra. Petit coucou à ma petite Noëlle.
C’est pour ça que je trouve que le sujet de la parentalité est important et ce que tu défends, c’est bien, même c’est beau. C’est une belle chose, il faut impliquer davantage les entreprises sur la parentalité, car des managers comme ça, il y en a encore beaucoup de nos jours.
On pourrait se faire réflexion oui, les choses on évolue, les mentalités, mais cela évolue à rythme assez lent dans tout l’ensemble de la société. Donc c’est vrai que c’est des choses un peu complexes et surtout que les parents sont confrontés à pas mal de défis qui doivent du coup jongler entre vie pro, vie perso de façon
Tu disais que les femmes, en fait, on veut qu’on soit des superwomen et tout. C’est comme ça que c’est dit dans la société. Alors qu’au final, on ne valorise pas forcément le fait d’être une femme ordinaire. Une femme ordinaire, c’est une femme qui est contente de sa vie, qui épanouit, qui n’est pas une Simone Veil ou que sais-je, une Marie Curie, ce sont des femmes hyper inspirantes, mais en fait, il faut aussi se comparer par rapport à une autre échelle.
Moi, par exemple, je veux pas devenir une scientifique, donc je ne peux pas m’identifier à Marie Curie. Et encore Marie Curie et Simone Veil ce sont des femmes qui sont vraiment très mises en avant c’est pour ça que je parle d’elles, parce que tout le monde les connaît, mais il y a encore plein d’autres femmes, ça c’est aussi un autre débat, qui font plein de choses et qui ne sont pas forcément mises en avant dans notre société, c’est aussi le but de Matrimoine Féministe, de valoriser ces femmes-là, mais c’est aussi de valoriser l’impact que chacun et chacune, on peut faire à notre échelle, donc c’est aussi pour ça que je voulais aussi t’interviewer sur la parentalité, parce que toi comme moi, comme tous les autres invités du podcast, on agit à notre échelle, et ça, je trouve que c’est ça le plus important pour pouvoir inspirer et montrer aux autres que c’est possible.
Tout commence par une étape. On ne va pas tout de suite faire la chose qui va changer le monde, bien sûr. Je pense que c’est à force de petites étapes et de petites gaines dans les entreprises notamment, dans la société aussi, qu’on va réussir à vraiment obtenir l’égalité. L’égalité des congés, par exemple, la paternité, la maternité, ce serait une étape.
Le problème actuel de la parentalité dans les entreprises
Mais je pense qu’aujourd’hui, notre gros problème en France, c’est que les entreprises ne s’impliquent pas assez sur la parentalité et souvent se limitent au cadre légal. Le cadre légal n’est pas suffisant parce qu’aujourd’hui, une femme, elle a plein de protections justement contre les discriminations, contre le fait d’être renvoyée quand elle est enceinte ou quand elle est en congé. Ça c’est super.
Mais dans les faits, on se rend compte que ça ne va pas marcher, que les entreprises ou les managers ont toujours trouvé des moyens d’abuser de leur position. Parce que ce qu’il faut réellement, c’est un changement de mentalité.
On peut toujours renvoyer une femme le jour même où elle rentre de congé maternité, on trouve une faute grave, et voilà. La réalité, c’est qu’il faut pousser les entreprises à investir dans la sensibilisation de leurs équipes, de leurs managers en premier, pour qu’ils comprennent ce que ça veut dire la parentalité, ce que c’est de devenir parent aujourd’hui, que d’être mère, ça ne veut pas dire qu’elles ne vont pas revenir dans l’entreprise ou qu’elles vont être dix fois moins impliquées, pas du tout.
Je pense au contraire que les entreprises qui réintègrent vraiment les mamans, une fois qu’elles ont leurs enfants, c’est des entreprises qui les fidélisent vraiment sur le long terme, parce qu’on sait qu’il n’y en a pas beaucoup des boîtes qui le font.
Aujourd’hui, pour moi, le gros, gros, gros sujet, ça va être vraiment de pousser ça dans le monde professionnel pour plus qu’il y ait des histoires comme ta copine, mais comme beaucoup, beaucoup d’autres femmes. C’est pas pour rien qu’un tiers des femmes aujourd’hui disent que l’annonce de leur process est très mal passée au niveau de son manager. Source : Culture Shift)
C’est quand même délirant de se dire que pour 1 femme sur 3, ça a posé un problème d’être enceinte. Ce n’est pas du tout le cas pour les hommes sur la parentalité.
Pourquoi ? Pour moi, ce n’est pas tellement une question de congé maternité. Partir trois mois d’une entreprise, il y en a plein qui le font, que ce soit pour des vacances, que ce soit pour une année sabbatique ou autre. Ça existe. Le gros souci, c’est que les entreprises se disent une fois que la femme va être mère, elle ne va plus en avoir rien à faire de son boulot. On va la perdre vraiment sur le long terme et ça ne va pas marcher pour nous. Et c’est faux.
Il faut sensibiliser sur la parentalité. C’est une chose que je propose aussi, de sensibiliser, former sur la parentalité, faire des conférences pour qu’il n’y ait plus de stéréotypes, qui malheureusement sont aussi hérités des anciennes générations parce que les managers qui ont 45 ans, eux n’ont pas du tout vécu la même société qu’on vit aujourd’hui. Leurs femmes en majorité ne travaillaient pas.
Aujourd’hui, je crois que c’est à peu près 81% des couples qui sont biactifs où les deux parents travaillent. Donc c’est une question qui va se poser de plus en plus. On ne peut pas l’éviter, il faut juste que tout le monde le comprenne et voit comment on peut créer des entreprises où ce n’est pas anormal d’avoir un enfant et où même c’est un chemin naturel et que beaucoup de salariés vont vivre et donc il faut juste préparer la parentalité.
Quelle est la différence entre congé maternité et congé paternité ?
Je te rejoins par rapport à tout ce que tu as dit sur la parentalité. Ça me fait penser que les hommes, je schématise, mais ils ont un peu l’injonction inverse. Une femme, comme tu dis, ça va être oui, elle va plus pouvoir s’occuper de son entreprise parce que du coup, elle a son enfant.
Mais l’homme, au contraire, ça va plus être super, c’est lui le padré de la maison. Du coup, il faut qu’on lui augmente son salaire parce que c’est lui qui va ramener l’argent à la maison parce que la femme, elle va forcément être à mi-temps ou moins travailler que lui. Ce sont des stéréotypes sur la parentalité à déconstruire.
Je me dis qu’il y a des gens qui ne sont pas forcément au clair sur la différence entre congé maternité et congé paternité, donc si tu veux aussi revenir dessus, je pense que ça pourrait être pas mal pour les personnes qui écoutent ce podcast sur la parentalité.
Alors en commençant par la fin : le congé maternité pour les femmes, pour celles qui ont l’enfant qui accouchent. Donc il est aujourd’hui de 16 semaines, il peut être rallongé après d’un congé parental, qui est encore autre chose qui en plus est en train d’être refait par le gouvernement, donc je ne vais pas m’étendre sur le congé parental.
Mais en tout cas, le congé maternité, c’est 16 semaines, 6 semaines normalement avant l’accouchement et 10 semaines après. Le congé paternité, c’est pour le coparent, donc homme ou femme, qui a eu l’enfant. Et pour lui, ça va être un congé de 28 jours, dont 7 jours obligatoires. Les 28 jours ne sont pas pris par tous les pères.
En plus, cela dépend de leur posture, mais généralement, par exemple, les cadres dirigeants ne prennent pas du tout les 20 jours. Ça pose problème aussi de ne pas prendre son congé parce qu’il y a un problème d’égalité dans le couple qui s’installe très rapidement quand les deux parents n’ont pas le même congé.
Est-ce que tu as des actions concrètes de sensibilisation aux entreprises que tu donnes pour que l’on puisse se rendre compte de l’impact de ton travail ?
Alors par exemple, une chose que moi je propose sur la parentalité, c’est de sensibiliser sur les stéréotypes de genre. C’est exactement ce que tu disais il y a deux minutes. C’est qu’en fait, tu vas avoir des injonctions contraires entre les hommes et les femmes liés à la parentalité.
Donc généralement les femmes, les injonctions qu’elles vont avoir c’est qu’il faut être une bonne mère donc il faut se libérer du travail. Mais en même temps au travail il faut être là alors que ce n’est pas possible parce qu’elles doivent aller chercher par exemple leur enfant à la crèche.
Du coup pour les managers, ce serait de comprendre en quoi les stéréotypes qu’ils ont inclus sur les femmes les poussent à agir différemment avec elles. Par exemple, quand elles deviennent mères, il y a beaucoup de managers qui commencent à leur enlever la charge de travail en disant que c’est pour les aider, mais en réalité, ça les freine et ça les met aussi parfois au placard.
J’ai eu des témoignages par exemple de femmes à qui on avait retiré des clients pendant leur congé maternité, en leur disant « mais non, tu ne vas pas pouvoir t’occuper de ces clients-là », sauf que c’était des femmes qui étaient payées principalement aux variables. 2 tiers environ de variable, donc c’est du salaire qu’elles perdent directement.
Ça c’est très mauvais. Il ne faut pas prendre de décision pour les femmes. Les femmes choisissent ou pas de prendre plus de temps pour leur famille ou de continuer leur carrière comme elles le souhaitent. Ce qu’il faut surtout, c’est avoir des discussions ouvertes avec elles sur leur rapport à la parentalité.
Et du côté des hommes, les stéréotypes, c’est typiquement une phrase qu’entendent beaucoup d’hommes au travail. Mais est-ce que tu dois vraiment aller chercher tout ton enfant ? C’est pas ta femme qui s’en occupe ? Donc c’est l’inverse. Là il faut faire très attention parce que plus on empêche des hommes d’être présents pour leur famille, plus c’est les femmes qui prennent derrière. Il faut vraiment donner la possibilité aux hommes de s’impliquer comme ils le souhaitent.
Ça veut dire prendre leur congé en totalité et ne pas les rendre un petit peu coupables en disant, mais franchement, tu n’as pas besoin des 28 jours, ta femme peut s’en sortir toute seule, ce qui n’est pas vrai. Ou alors leur dire, non, tu ne vas pas partir à 18 heures pour la crèche parce qu’en fait, c’est ta femme qui devrait s’en occuper.
Il ne faut pas traiter les femmes et les hommes différemment après un congé et dans la parentalité. Il faut prendre en compte que ce sont des parents qui ont eux-mêmes créé leur planning et qu’il faut le respecter.
Qu’est-ce que c’est un bon parent ?
Ça me fait penser à une question, le fait d’être un bon parent, on y revient, on a commencé à y discuter avec la parentalité, mais du coup toi, qu’est-ce que c’est pour toi être un bon parent comparé à ce qu’on peut voir dans la société ?
Alors, bon parent, c’est un bon terme parce qu’en fait souvent on ne parle pas de bon parent, on parle de bonne mère ou de bon père, sachant qu’il n’y a pas du tout la même connotation derrière. Je pense que c’est un mot qui est hyper chargé. Être une bonne mère, c’est juste impossible aujourd’hui. Il y a beaucoup trop d’injonctions.
C’est quelque chose qu’on véhicule aussi via les réseaux sociaux et je pense que le gros problème vient de là, c’est qu’on a montré sur les réseaux sociaux des exemples de bonne mère, qui font des repas tuperroirs tous les midis pour leurs enfants, bien sûr complètement bio, végétariens et sans additifs, qui lisent des histoires et qui fabriquent des jeux, ou jouent toute la journée avec leurs enfants, sachant qu’elles ont quand même un travail, c’est pas possible.
Alors que côté papa, généralement un bon papa c’est très très simple. C’est un papa qui va chercher ses enfants de temps en temps à la crèche, qui joue un peu avec eux. Donc pour moi, ce truc d’être une bonne mère ou un bon père ça a plus trop de sens. Je pense que d’être un bon parent ça a plus de sens déjà parce que ça casse les stéréotypes de genre sur la parentalité.
Par contre, je pense que pour être un bon parent, et c’est quelque chose que souvent les gens ne réfléchissent pas forcément à ça, c’est d’être d’abord bien avec soi-même. C’est d’être en bonne santé, physique et mentale. Parce qu’il y a beaucoup de parents aujourd’hui qui pensent que pour être un bon parent, il faut être présent 100% du temps pour ses enfants, tout gérer pour eux. En réalité, si vous êtes au bord de la dépression, vos enfants vont le sentir et ça ne va pas faire de vous des super bons parents.
Vous allez au contraire être certainement plus énervé, plus irritable et ne pas arriver à communiquer. Il faut savoir s’écouter, je pense qu’il faut être résilient parce que c’est ça en premier qu’on veut apprendre à ses enfants. Pour être un bon parent, il faut aussi se mettre en priorité, il faut savoir être égoïste des fois. Et juste se dire non, là j’ai besoin de prendre une journée pour moi off, pas pour m’occuper de mes enfants, juste pour m’occuper de moi et je serai mieux après et je serai du coup un meilleur parent.
Comment prendre soin de soi ?
Ça fait vraiment sens pour moi parce que je pense que la santé mentale est un sujet tabou de nos jours. Même si on en parle plus, ce n’est pas forcément intégré pour tout le monde et ce que tu dis c’est que s’occuper de soi ça permet aussi de se prémunir contre le burn-out parental. Est-ce que que tu aurais d’autres conseils pour prévenir du burnout parental parce que du coup prendre soin de soi c’est super mais prendre soin de soi ça veut tout et rien dire
Prendre soin de soi dans la parentalité, je pense que ça veut dire accorder la même importance à son bien-être qu’à celui de son enfant. Par exemple, quand on est une jeune mère, c’est super de faire attention à ce que son bébé soit bien, parce que c’est normal, on a envie qu’il soit bien. Il faut aussi juste prendre des jours pour soi, donc trouver un moyen de garde, commencer la crèche plus tôt parce que son bien-être va vraiment passer au travers de son enfant.
Il y a un nombre d’histoires incroyables de femmes qui ont vécu des difficultés, par exemple professionnelles ou personnelles, et leur enfant était tout le temps malade à ce moment-là. En fait, l’enfant ressent aussi ça. Donc il ne faut juste pas mettre de côté son propre bien-être sous prétexte qu’on a une autre personne à gérer. Ça, je pense que c’est la première chose à faire quand on se sent mal.
Il ne faut pas hésiter à trouver des solutions pour appeler des amis, sortir de chez soi, appeler un psy. Se dire je vais faire quelque chose et ne pas laisser la situation se détériorer. Parce que malheureusement, il y a presque un million de parents aujourd’hui qui sont en burn-out parental. Ce n’est pas pour rien.
Donc le burn-out parental, juste pour rappel, c’est un état un peu d’épuisement, alors physique, émotionnel, psychologique, qui est lié à la parentalité et aux nombreuses injonctions que peuvent avoir les parents aujourd’hui. Cela peut être assez difficile à vivre parce que ça peut créer un sentiment de détachement vers son enfant, donc pas du tout facile à vivre pour un parent bien sûr, et des symptômes dépressifs.
Je pense qu’il faut absolument prendre soin de soi en mettant son bien-être à la hauteur du bien-être de son enfant ou de son conjoint. Je pense qu’il faut aussi très bien s’entourer. C’est souvent ce qui manque aux personnes qui souffrent de burn-out, c’est qu’en fait, elles ne trouvent pas de soupape de décompression. Elles n’arrivent pas forcément à parler avec leur entourage parce que leur entourage n’arrête pas de leur donner des conseils non sollicités sur la parentalité, ce qu’il faut toujours éviter, je pense.
Il faut plus essayer d’écouter les gens plutôt que de leur donner plein de conseils à tort et à travers sur comment gérer une situation, la parentalité. Après, maintenant, il existe aussi des groupes de soutien en ligne, en physique, pour essayer de trouver des parents qui vivent la même chose.
Enfin, en fait, je pense qu’il faut vraiment faire un travail mental, et ça peut être avec un psychologue, pour essayer, quand on devient parent, de renoncer à la perfection dans la parentalité. J’en parlais avec une mère, il y a quelques jours, qui me disait que je me suis sentie hyper coupable parce que mon enfant a mangé des pâtes pendant deux jours.
Et je me dis, oui, mais en fait, il y a des moments où ce n’est pas possible autrement. En plus, c’était une maman solo, donc elle avait plein de choses professionnelles à faire, ce qui est normal, elle est toute seule, donc elle doit quand même pouvoir avoir un salaire. Mais en même temps, elle s’en voulait vachement parce que son enfant, du coup, elle avait un peu moins le temps de s’en occuper. En fait, ce n’est pas grave, il faut juste renoncer au fait que ça va être parfait la parentalité, à l’image des réseaux sociaux, ça il faut oublier.
Je pense que déjà quand on apprend à lâcher prise là-dessus, ça aide énormément et il faut relativiser et prendre de la hauteur, prendre de la hauteur sur ce qui se passe et sur à quel point c’est grave ou pas. Finalement la perfection n’est souhaitable pour personne donc je pense que c’est le principal à retenir.
C’est une belle conclusion de dire qu’il faut renoncer à la perfection parce que comme tu dis, on a tendance à trop culpabiliser dans la parentalité, c’était le terme que tu utilises au début d’épisode. Et c’est vrai par rapport à ce que tu dis sur les réseaux sociaux, c’est que c’est vrai que j’ai constaté dans les commentaires, après c’est les réseaux sociaux on va dire tout le monde met son grain de sel.
Franchement c’est pas sollicité mais les réseaux sociaux encore plus que pour tout et c’est vrai que peu importe ce que tu fais en fait tu seras toujours critiqué par quelqu’un qui pense différemment de toi, qui a une vision du monde différente de toi donc je suis complètement en phase avec toi et aligné sur le fait que du moment que toi ça te corresponde en fait c’est l’essentiel tu peux pas faire exactement la même routine que ton voisin, ta voisine ou que les gens du entourage parce que c’est pas possible parce que chacun a son propre système de valeur, son propre système de pensée, sa propre vision de la parentalité.
Qu’est-ce que la dépression postpartum ? Est-ce que cela existe pour les hommes ?
Pour s’appliquer à soi, c’est aussi important de se connaître et de se faire accompagner pour pouvoir aider à dépasser tout ça et être en phase avec la parentalité. Comme on parlait de burn-out parental, je me disais que ça pourrait être aussi intéressant d’évoquer la dépression postpartum et d’expliquer aux personnes qui écoutent ce podcast sur la parentalité, ce que c’est. Est-ce que ça existe aussi pour les hommes ?
Ça existe complètement pour les hommes et c’est très peu connu et c’est problématique parce qu’en plus c’est 1 homme sur 10. Donc c’est énorme. On en connaît forcément qui ont eu des dépressions post partum. Alors je tiens à dire que je ne suis pas médecin avant, que tout ce que je dis je l’ai trouvé sur des sites officiels et que ce sont des données vérifiées.
La dépression postpartum est une anxiété très très intense qui survient après l’accouchement. Alors généralement, elle peut être confondue, et c’est là où il y a un gros souci aujourd’hui de dépistage, c’est qu’elle est confondue avec le baby blues.
Le baby blues est quelque chose de très normal, c’est une réaction hormonale à l’accouchement que les femmes ont. Donc généralement, dans les quelques jours après, elles vont pleurer, elles vont avoir des changements d’humeur, des états émotionnels assez compliqués et changeants, disons. Donc ça, c’est normal. C’est quelque chose de classique et ça va généralement disparaître dans les 2 semaines après l’accouchement.
La dépression, elle arrive généralement à la suite du baby blues mais peut arriver beaucoup plus tard, jusqu’à un an après. Donc il faut faire attention pendant une bonne période. Et elle, par contre, c’est un tout autre sujet. Donc c’est une dépression qui touche les hommes et les femmes dans la parentalité. 20% des femmes, 10% des hommes.
Elle se caractérise par un sentiment d’être complètement dépassée, de ne pas réussir forcément à créer un lien avec son enfant, d’avoir des doutes sur sa capacité à prendre soin d’un nouvel être vivant, ce qui est normal aussi, parce que c’est une toute nouvelle chose la parentalité, généralement, pour les deux parents.
Il y a beaucoup de choses nouvelles qui arrivent en même temps et donc pour les parents ça peut être très difficile. On sait aujourd’hui aussi malheureusement que la dépression post partum est la première cause de mortalité postnatale chez les femmes avec les maladies cardiovasculaires qui sont à peu près au même niveau.
Donc c’est énorme, il faut vraiment prendre conscience du fait que ça affecte beaucoup de femmes. Il y a à peu près 1 femme sur 20 aussi qui, après l’accouchement, a des pensées suicidaires. Et c’est quelque chose qui est très tabou dans la parentalité parce que l’accouchement aujourd’hui et le fait d’avoir un enfant, c’est considéré comme le plus beau moment de sa vie, c’est génial, qu’on l’a voulu pendant parfois des années avant d’avoir été enceinte, puis on l’a voulu pendant 9 mois.
Et donc la réalité peut être très différente de ce qu’on avait anticipé. Et donc cela crée un sentiment de culpabilité, de tristesse immense chez les femmes et les hommes. Et parfois, ça peut être très difficile d’en parler juste avec ses amis, avec sa famille, ou même avec un psychologue parce qu’on n’a pas envie de se l’admettre, mais c’est hyper nécessaire pour justement éviter les taux de suicide qu’on a aujourd’hui. Donc moi, ce que je recommanderais, c’est encore une fois d’en parler avec son entourage. Il y a des numéros publics. Je crois que le 31-14, il y a une hotline pour discuter de ces sujets-là.
Et puis il y a un psychologue. Je pense aussi que malheureusement le personnel soignant aujourd’hui manque de formation sur ce sujet là. Donc même si on va voir un psychologue, des fois il faut peut-être aller en voir plus parce qu’eux ils ne sont pas hyper au courant de ce qu’est la dépression post partum. Il y a un vrai manque de formation de toute façon sur ce sujet là, sur le sujet de la parentalité.
Ce que je trouve bien par contre c’est qu’il y a de plus en plus de sages-femmes qui font leur routine avec le bébé, parce que généralement il y a des sages-femmes qui viennent à domicile suivant après l’accouchement pour peser le bébé, s’assurer que tout va bien et tout, certaines font aussi le travail de de checker l’état émotionnel de la mère et du père et ça je trouve ça génial et je pense qu’il faut que ce soit quelque chose qui soit beaucoup plus installé pour juste prévenir les premiers symptômes et savoir rapidement, et poser un diagnostic rapidement sur le mal, parce que ça peut être traité. On peut prendre des médicaments, mais on peut aussi juste faire de la thérapie pour son rapport à la parentalité.
Quelle est la différence entre le postpartum et le burnout parental ?
En tout cas, tu m’apprends quelque chose sur la parentalité avec la sage-femme qui vient faire des routines pour le bébé et également pour checker la santé mentale. C’est vrai que je n’étais pas du tout au courant. C’est très bon à savoir. Mais du coup, ce que je me demandais, c’est quoi vraiment la différence entre le postpartum et le burn-out parental ? Est-ce qu’il y a une différence ou c’est la même chose ?
Je pense que la dépression post partum est vraiment limitée à la première année. Le burn-out parental, ça va être beaucoup plus sur toute la durée de vie. Ça peut être quand l’enfant rentre en maternelle, quand il est plus âgé aussi. Je pense que les symptômes vont être un peu différents. Je pense que le burn-out parental, c’est aussi une conjonction d’un stress lié au travail, d’un stress lié aux enfants, de peut-être des couples qui vont un peu moins bien suite à la parentalité.
Qu’est-ce que le regret parental ?
Merci de ces précisions sur la parentalité. Je suis d’accord aussi avec toi sur le fait que la grossesse, l’accouchement, c’est ultra tabou. Comme tu disais, c’est censé être le plus beau jour de ta vie, c’est un truc merveilleux qui se passe, tu donnes la vie, etc. C’est vrai que c’est très tabou le postpartum, mais ça me faisait penser que le regret maternel ou paternel aussi, c’est quelque chose de tabou. Donc si jamais tu veux aussi expliquer cela pour les personnes qui écoutent ce podcast sur la parentalité.
Complètement. C’est quelque chose de très difficile dans son rapport à la parentalité. Je crois qu’il y a eu un livre, en tout cas, il y a eu une série de témoignages, il y a très récemment, d’une journaliste qui a interrogé des femmes et des hommes qui regrettent d’être parents. Alors, ça ne veut pas dire qu’on n’aime pas son enfant, pas du tout, mais qu’en fait, on ne se rendait pas forcément compte de ce que c’est impliqué d’être parent sur son quotidien, sur le fait qu’on ne puisse pas exactement faire ce qu’on veut quand on veut, parce qu’on a des responsabilités énormes, nécessairement.
Il y a des parents qui se sont exprimés sur le fait que s’ils avaient bien compris ce que ça voulait dire, ils n’auraient peut-être pas décidé de devenir parents. Je pense que ça c’est très lié aussi au fait que pendant très longtemps ce n’était pas une question de devenir parents, c’était une obligation.
C’était quelque chose de logique, il n’y avait pas trop de choix, la parentalité était quelque chose de répété au niveau de la société. C’est vrai que quand on en parle avec la génération de nos parents, ce n’est pas une question vraiment qui se sont posées d’être parents, c’est juste normal d’avoir une famille. Je pense qu’on est une génération qui se la pose un peu plus et encore plus avec la crise climatique, les changements économiques et toute la peur et l’anxiété que ça entraîne.
On se pose beaucoup plus la question de est-ce qu’on veut vraiment avoir des enfants dans le monde d’aujourd’hui ou pas. Donc ça remet un peu en question les choses, la parentalité et je pense que c’est très bien parce que tout le monde n’est pas fait pour être parent, tout le monde n’a pas envie d’être parent et ça ne devrait pas être quelque chose de tabou au niveau sociétal. Comme le regret parental, je veux dire c’est en entendant parler des personnes qui expliquent vraiment ce que ça veut dire d’être parent qu’on sait si on veut l’être ou pas finalement.
Quels sont les défis des parents d’aujourd’hui ?
Par rapport à ce que tu viens de dire, je vais rebondir avec des questions sur la parentalité. Qu’est-ce que ça implique d’être parent ? C’est quoi les défis des parents d’aujourd’hui ?
Alors les défis des parents aujourd’hui, il y en a plein, plein, plein. Je pense que déjà, le gros sujet, c’est la conciliation vie familiale, vie pro, qui est beaucoup plus compliquée qu’il y a 40 ans, vu qu’aujourd’hui, la plupart des couples sont au travail tous les deux. Et ont tous les deux des carrières et veulent tous les deux mener une vie professionnelle, personnelle et familiale, ça devient beaucoup plus compliqué de trouver un équilibre entre tout ça. Donc ça, je pense que c’est le premier gros défi.
Ensuite, il y a simplement une gestion du temps liée au fait qu’on soit très occupé et des ressources financières. Alors aujourd’hui, on est en plus dans une économie qui ne va pas très bien, beaucoup d’inflation. Il y a plus de pauvreté aussi certainement qu’il y a quelques années et je pense que tout ça, ça a créé une grosse anxiété pour les parents de donner à leurs enfants les mêmes opportunités qu’eux ont pu avoir.
Il y a aussi beaucoup plus d’inégalités dans la parentalité. Ne pas avoir les ressources pour offrir à ses enfants des études, une bonne éducation, c’est aussi source de stress, je pense. Et à ça s’ajoute, en plus, la révolution du monde numérique qui n’a pas aidé, je pense, les parents. Parce qu’aujourd’hui, même si on essaie de protéger ses enfants en leur offrant un très joli cadre de vie finalement, il y a tellement de risques online comme la pornographie, le harcèlement en ligne, les images des réseaux sociaux qu’on ne peut pas contrôler et qui pour moi sont très difficiles à gérer pour les parents.
Il y a un énorme sujet aujourd’hui pour les parents pour trouver des solutions dans la parentalité, pour s’assurer que leurs enfants ont une vraie sécurité. C’est quelque chose que le gouvernement travaille. C’est aussi quelque chose que pas mal d’associations et de boîtes veulent promouvoir. Je pense que c’est un gros sujet pour les prochaines années.
Qu’est-ce que les child free ?
Les personnes qui ne veulent pas d’enfant s’appellent les childfree. Donc si tu veux aussi nous en dire plus sur le sujet, ça serait avec plaisir.
Sur le mouvement des child free, j’avais écouté un podcast et c’était une femme qui expliquait que dans les années 70, quand une femme ne voulait pas avoir d’enfant, on la qualifiait en gros d’hystérique ou on lui donnait une autre maladie mentale. On expliquait le fait qu’elle ne voulait pas d’enfant parce que son instinct maternel était considéré comme secondaire.
C’était quelque chose de très réel, de très ancré. Si une femme n’avait pas cet “instinct maternel”, c’est forcément qu’elle avait un gros souci chez elle. On lui donnait tout de suite une maladie qu’on sortait du chapeau, l’hystérie étant la plus répandue.
Aujourd’hui, on a compris que le fait de ne pas vouloir des enfants et d’être childfree, c’est aussi normal. Parce que juste le nombre de choses qu’il faut faire pour avoir un enfant aujourd’hui, c’est délirant. Rien que quand on tombe enceinte, on doit déjà trouver une place pour la crèche, puis on doit trouver une place pour la maternelle.
Sachant que maintenant, il y a des écoles primaires qui font carrément des entretiens. Des entretiens avec des enfants pour être sûrs qu’avant la primaire, ils savent lire. On est dans un autre monde parce qu’il y a une espèce de peur dans la parentalité que ses enfants n’aient pas accès aux meilleures opportunités.
On veut tout faire pour que ce soit le cas, mais des fois, quitte à leur mettre une pression complètement dingue et donc à se mettre aussi une pression complètement dingue en étant parent pour que son enfant soit surperformant. Il faut juste donner un peu plus de latitude, je pense, et être un peu plus calme.
Pour moi, avoir des enfants, ne pas avoir des enfants, c’est un choix personnel, il n’y a pas besoin d’y attacher un stigma particulier ou de trouver des espèces de maladies ou des choses qui expliquent que les gens n’aient pas envie d’avoir d’enfants ou ils ont envie d’en avoir. L’instinct maternel, de toute manière, n’existe pas. L’instinct paternel non plus, c’est des choses qui sont créées et qui s’alimentent dans la société.
Tu as très bien répondu à ma question et je suis totalement d’accord avec toi sur le fait que l’instinct maternel et paternel, ça n’existe pas. Donc c’est bien d’avoir cette discussion pour pouvoir libérer la parole sur la parentalité parce que c’est vrai que c’est des choses qui sont encore très ancrées de nos jours et surtout que par exemple je sais que ma cousine Christelle est childfree. Je sais qu’elle peut avoir des réactions de la société ou de ses proches qui lui demandent mais tu ne vas pas le regretter ? tu ne vas pas changer d’avis ? Alors que c’est son choix
On veut toujours contrôler le choix, les vêtements, enfin tout contrôler chez les femmes et ça c’est vraiment dommage alors que je pense que s’il y a plus de bienveillance dans ce monde et que si chacun et chacune on essayait mieux de se comprendre, je pense que ça débloquerait pas mal de situations en tout cas.
C’est clair, mais c’est exactement ce que tu dis sur la parentalité. Souvent, on demande aux femmes, aux hommes, est-ce que tu ne vas pas le regretter ? Mais qu’est-ce qui se passe si je regrette d’être parent ? Ce n’est pas pire de regretter d’être parent ? Justement, il y a un côté où peut-être, peut-être qu’à 50-60 ans, elle se dira, j’aurais bien eu des enfants.
Mais ça se trouve, elle pourrait aussi être dans le sens inverse. Et à 50-60 ans, on se dira, en fait j’ai pas eu la vie que je voulais, j’aurais peut-être mieux fait de pas avoir d’enfant. Ce qui n’est encore une fois pas contre les enfants en soi. Il y a beaucoup de parents qui ont un regret sur la parentalité mais qui aiment profondément leurs enfants. Je pense qu’il faut juste ne pas essayer d’attacher sa vision des choses et de ce qu’on pense à quelqu’un d’autre qui n’a pas du tout les mêmes.
Des conseils pour faire face à la révolution numérique ?
Je suis complètement en phase de nouveau. Je voulais juste revenir sur tout à l’heure ce que tu disais sur la révolution numérique. Et du coup, si tu avais des conseils, même si tu n’es pas encore dans la parentalité.
Écoute, je ne sais pas si j’ai énormément de conseils parce que honnêtement, je trouve que pour l’instant, il n’y a pas beaucoup de choses qui ont été faites pour vraiment limiter les risques. Parce que la protection parentale sur les ordinateurs, par exemple, qui serait le premier conseil classique, je ne suis pas sûre qu’elle marche beaucoup. Moi, j’avais quand même une actrice qui m’avait fait rire et j’avais trouvé ça intelligent. Alors, j’ai oublié son nom. Une actrice américaine qui, en gros, n’a pas autorisé les réseaux sociaux à ses enfants avant leurs 16 ans.
Vu que c’était pas très accepté, parce que généralement les enfants, quand on leur dit « tu n’as pas le droit », ça ne passe pas. Donc elle leur avait dit « tu as le droit si tu me trouves une étude qui prouve les bienfaits des réseaux sociaux sur les enfants ». Et comme bien sûr il n’en existe pas, parce que ce n’est pas le cas, et ben en fait les enfants ont accepté qu’il n’y aurait pas de réseaux sociaux avant qu’ils soient plus âgés.
J’ai trouvé ça pas mal. Parce que finalement quand on explique et qu’on intègre les enfants dans la décision, c’est beaucoup moins vécu comme : c’est pas juste on limite mes libertés et je me sens isolée, parce qu’il y a aussi des enfants qui se sentent isolés. Au contraire, ça leur permet de comprendre pourquoi est-ce que les parents font ça et pourquoi est-ce que c’est pas du tout du tout bon pour eux. Et ça évite du coup qu’ils le fassent en cachette.
Ah mais j’adore l’argument qu’elle a pu sortir cette actrice, je trouvais ça vraiment hyper intéressant et surtout qu’en plus ça permet à l’enfant, en plus de tout ça, de développer son propre esprit critique et de faire des choix en conscience. Je pense que c’est aussi ça un des défis des parents, c’est de permettre aux enfants de faire ça, de faire leur choix, leur vie en fonction de leur valeur, être aligné. Donc c’est important dans la parentalité.
Qu’en est-il de la parentalité en entreprise ?
Bon là il reste 15 petites minutes. Je ne sais pas si tu veux aborder des sujets en particulier qu’on n’a pas déjà évoqués. On peut continuer sur un nouveau sujet en lien avec la parentalité pendant une dizaine de minutes et après on fait la conclusion.
Je pense qu’on n’a pas beaucoup évoqué encore la parentalité entreprise.Il y a quelque chose que je veux transmettre aux boîtes, s’il y a des RH et des chefs d’entreprise qui écoutent ce podcast sur la parentalité, c’est qu’il ne faut plus aujourd’hui réfléchir à la parentalité sans réfléchir à l’axe égalité femmes-hommes, parce que c’est lié, c’est même interdépendant, c’est le principal objectif de la politique de la parentalité. Je dis ça parce que j’étais très surprise en contactant des entreprises de me rendre compte qu’il y avait des entreprises qui traitaient les deux sujets individuellement, comme si ça n’avait pas de lien.
C’est un peu bête parce que finalement aujourd’hui l’objectif d’une politique parentale bien exécutée c’est d’être inclusive et de défendre l’égalité homme-femme. Donc ça veut dire permettre aux femmes de continuer leur carrière quand elles sont mères, ce qui aujourd’hui n’est pas du tout le cas vu qu’on sait 1 femme sur 2 quitte son emploi ou réduit son temps de travail dans l’année de naissance de son enfant, c’est énorme.
Ça veut dire que clairement on n’y est pas du tout au niveau égalité de fait, je parle pas d’égalité de droit, là on est vraiment dans l’égalité de fait dans la société, les femmes ne peuvent pas encore mener carrière et parentalité sereinement, et même généralement c’est elles qui vont prendre les temps partiels, les congés parentaux, même les congés enfants malades.
C’est quelque chose qui dans les entreprises doit vraiment être su et pour proposer aux femmes des alternatives, qui ne soient pas des alternatives pour moi j’appelle ça de retrait. C’est toutes les mesures qu’on va proposer aux femmes pour qu’elles se retirent progressivement de la vie professionnelle. Donc leur donner un 50% sans choix, leur dire que le congé parental c’est que pour les femmes.
Généralement, ce n’est pas dit comme ça, mais on fait bien sentir si des hommes veulent s’absenter même pendant tout leur congé paternité, c’est mal vu, donc un congé parental, j’imagine même pas. Il faut permettre aux hommes de prendre leur place au sein du foyer. Je pense qu’il faut vraiment faire ce travail-là, donc vraiment sensibiliser les managers, encore une fois, et toutes les équipes pour que ce soit juste naturel.
Je pense que le gros sujet aussi, ça va être de vraiment accompagner le retour. On en a un peu parlé sur la parentalité. Le retour, c’est un énorme sujet aujourd’hui et c’est le plus gros problème. C’est la plus grosse barrière pour que les femmes reprennent leur carrière tranquillement. Ça se joue en quelques mois généralement. C’est pour ça qu’il y a autant de femmes qui partent la première année parce que le retour se passe généralement pas très bien. Je ne sais pas si t’as entendu parler de l’étude de l’APEC qui est sortie récemment.
Il y a une étude de l’APEC,qui est sortie sur le retour de congés maternités des femmes cadres. Ce qu’il disait, c’est que pour les femmes cadres, 50% des femmes ont eu un retour de congés maternités difficile. 1 femme sur 2, ça se passe mal. 71% des femmes pensent qu’elles ne sont pas suffisamment accompagnées par leur entreprise pendant cette période.
C’est énorme, ça veut dire que pour la majorité des femmes, la parentalité ce sera un moment qui ne se passera pas super bien et qui sera vraiment déterminant pour la suite de leur carrière. Donc pour moi aujourd’hui, il faut que les entreprises comprennent, que ce moment-là, il doit être réfléchi.
C’est vrai que les générations précédentes ne connaissaient pas trop ce problème de la parentalité, vu qu’il y avait beaucoup d’hommes qui travaillaient. On n’avait pas besoin de penser au retour de congé maternité. Aujourd’hui, la moitié des salariés sont des femmes. 80% d’entre elles, elles vont tomber enceintes à avoir des enfants, une voire plusieurs fois.
Donc il faut vraiment arrêter de penser le retour de congé comme un retour “à la normale” c’est-à-dire que les entreprises voient une femme partir, voient la femme revenir de congé et se disent c’est tout pareil, c’est la même personne, elle a les mêmes responsabilités, elle a les mêmes problématiques, donc on n’a pas besoin de faire d’ajustement. En fait c’est complètement faux. Les parents quand ils partent en congé, il y a quelque chose qui change forcément puisqu’ils ont un enfant, ils ont peut-être leur deuxième, leur troisième, il y a des choses qui changent avec la parentalité.
Donc pour moi, il faut commencer à penser le retour comme un re-onboarding. Comme quand on accueille des nouvelles personnes dans l’entreprise, on fait un re-onboarding des parents pour les aider à se projeter, pour les aider à moins stresser, à mieux envisager leur rôle de parent et leur carrière.
Ça se fasse de manière plus simple et surtout plus réfléchie qu’aujourd’hui, juste les pousser dans le monde professionnel en disant, il faut que tu sois performant comme avant, à 100% dès le premier jour, que tu n’aies pas de problème, que tu n’aies pas de problème de garde, ça, ce sera juste impossible. Ça va mettre une pression monstrueuse sur les salariés et ils vont devoir partir parce que ce n’est pas faisable. Il faut être un peu réaliste quand même. Il y aura forcément un problème de mode de garde, il y aura forcément un jour où l’enfant sera malade. Donc, il faut prendre la parentalité en considération.
Je pense que pour faire tout ça, ça ne peut pas forcément se faire qu’en interne. Il faut vraiment faire appel à des cabinets de conseils. Parce que ça demande beaucoup de formation, beaucoup de compréhension du sujet. C’est compliqué de demander à un DRH, qui a déjà mille choses à faire, d’en plus se former exactement sur comment gérer un retour de congés, comment gérer sur la suite, la parentalité etc.
Tu aurais un exemple de re-onbording pour les parents ?
Tu parlais de re-onboarding pour les parents, je trouve ça vraiment très pertinent comme idée sur le sujet de la parentalité. Est-ce que tu aurais un déroulé d’onboarding, par exemple, qui pourrait être bien pour les parents ? Bien sûr, ce sera adaptable en fonction de chacune des situations et de la parentalité, mais pour donner une idée pour les personnes qui écoutent ce podcast sur la parentalité, de savoir qu’est-ce que ça consiste, un re-onboarding des parents, par exemple.
Alors, un re-onboarding, c’est déjà donner la possibilité aux parents de se projeter. C’est faire un parcours un peu clair pour tout le monde qui soit envoyé à la personne avant qu’elle rentre. Soit on lui envoie un document écrit, soit on l’appelle pour lui expliquer ce qui va se passer rien que son premier jour.
Parce qu’en fait, une grosse anxiété des femmes, c’est d’arriver le premier jour, elles viennent de laisser leur enfant à la crèche pour la première fois, donc hyper stressant, et elles arrivent au travail, on dirait que personne n’a remarqué qu’elles étaient parties, personne n’est là pour les accueillir, elles ne savent pas du tout ce qu’elles vont faire pendant la journée, des fois elles n’ont même plus leur matériel, donc vraiment catastrophique.
Un re-onboarding sur la parentalité, c’est faire un petit événement, un petit cadeau, peu importe, quelque chose qui prouve qu’on est content que la personne soit là, même si c’est juste organiser un café de bienvenue. Ensuite, c’est lui dire à l’avance qu’est-ce qui va se passer le premier jour, donc si elle doit récupérer ses affaires à un endroit, quelles tâches elle va avoir, prévoir aussi un entretien.
Alors il y a un entretien de retour qui est légal,aujourd’hui qui doit être fait dans ce principe de re-onboarding. Malheureusement, il n’est pas fait pour beaucoup de femmes, donc il faut vraiment le faire parce que c’est quelque chose d’obligatoire. Cet entretien peut aborder toutes les questions que la femme se pose sur son retour au travail.
Ça permet de simplifier les premiers jours et les premières semaines de se projeter. On peut bien sûr aller toujours plus loin et moi je pense qu’il y a besoin d’aller plus loin aujourd’hui dans la parentalité en proposant par exemple des programmes de buddy ou de mentorat.
Ce sont des programmes où quand la personne revient dès le premier jour elle est assignée à une personne qui elle aussi est parent et qui est là pour l’aider si elle a des problématiques personnelles ou professionnelles et qui veut un petit peu une décharge émotionnelle. Quelqu’un à qui parler dans l’entreprise s’il y a quelque chose qui se passe mal. Par exemple, le premier jour, faire un déjeuner avec cette personne pour parler de comment s’est passé le congé, la parentalité, de comment se passe le retour, si on a déjà des sentiments un petit peu compliqués. Ça peut déjà beaucoup aider la femme ou l’homme à se projeter sur les prochaines semaines.
Ce qui est légal et obligatoire également c’est la visite médicale qui doit être organisée par l’ERH et pour être sûr que la personne est apte à revenir au travail, mentalement et physiquement.
Parfait, merci d’avoir répondu à tous ces points. J’aime beaucoup l’idée du programme Buddy Mentores, surtout que ça peut être encore plus pertinent si c’est organisé avec quelqu’un qui est parent lui aussi, ou elle aussi au moins pour s’organiser. Si ces personnes ont des conseils à donner, ça pourra être beaucoup plus parlant en tout cas pour quelqu’un qui a déjà des enfants.
Oui, complètement. Et parents depuis pas trop longtemps. Parce que je pense que quand c’est des personnes qui ont été parents il y a 20 ans, c’est plus du tout les mêmes questions. Donc en fait, ça va être trop éloigné. Donc il faut des parents récents. C’est mieux.
Complètement, merci de cette précision. Là, il nous reste quelques minutes pour conclure sur la parentalité. Déjà tu peux potentiellement dire le mot de la fin sur la parentalité et après je passerai avec les trois dernières questions.
Le mot de la fin sur notre échange “la parentalité”
J’espère vraiment qu’il y a des entreprises qui écoutent ce podcast sur la parentalité et qui prennent le sujet aujourd’hui à bras-le-corps parce que j’ai eu beaucoup d’entreprises qui m’ont répondu que la parentalité ce n’était pas une priorité pour l’instant pour eux.
Pour moi c’est une priorité la parentalité si vous voulez construire des entreprises diverses et aujourd’hui c’est hyper important de faire des boîtes qui soient vraiment inclusives pour les femmes. Et donc ça veut dire pour les mères parce qu’il y a cette grosse barrière à 30 ans qui va être difficile à percer si on n’a rien qui est mis en place pour les femmes à ces moments-là de leur vie et pour les hommes aussi.
N’hésitez pas à me contacter si vous vous posez des questions sur la parentalité, bien sûr, et si vous voulez être accompagné. Mais je pense que déjà en interne, vous pouvez faire une réflexion sur comment est-ce que vous pouvez aider les femmes, même les interroger, faire des entretiens, profiter d’une pause café pour leur demander de leurs ressentis. Ce sera déjà un super pas en avant.
Très belle conclusion et je mettrai tous les liens qui te concernent dans la description de l’épisode pour les personnes qui veulent aller plus loin sur le sujet de la parentalité.
Quels sont tes rôles modèles sur le thème de la parentalité ?
Alors sur les rôles modèles, c’est une bonne question. Sur les rôles modèles, moi j’ai été très inspirée en montant mon projet sur la parentalité, par une femme qui s’appelle Kate Ryder qui a monté mes événements cliniques aux États-Unis.
Tout son projet sur la parentalité, ça a été de créer une clinique pour les femmes, pour accompagner la grossesse et le postpartum, à une époque où aux États-Unis le taux de mortalité des femmes à l’accouchement est en train d’augmenter. C’était complètement dingue, c’était il y a maintenant 10 ans, ça a été monté en 2014.
Maintenant c’est une startup qui vaut plus d’un milliard, donc c’est vraiment génial, qui a été soutenu par énormément d’entreprises américaines, parce qu’ils se sont rendu compte qu’il fallait accompagner vraiment les femmes pendant cette période au niveau santé mentale, santé physique et tout ça. Et moi, c’est quelque chose que j’ai envie de voir arriver en France. Je serais plus que ravie si les entreprises françaises comme les entreprises américaines prenaient vraiment le sujet de la parentalité au sérieux.
Et je pense que sinon, du côté français, il y a une femme qui m’a pas mal inspirée qui s’appelle Thi Nhum An qui a écrit un livre qui s’appelle La Reprise, justement sur la reprise du congé. Elle a vécu un licenciement économique après une grossesse et c’est un peu ce qui l’a amené à se poser la question de comment est-ce qu’on gère les femmes au retour de congés maternités dans les entreprises et plus généralement dans la société. Et la réponse est mauvaise. Donc elle en a fait un livre sur la parentalité qui est super. Et donc voilà, je trouve ça très inspirant.
Quelles ressources tu recommanderais aux personnes qui nous écoutent ?
Pour les parents qui cherchent des infos, je crois que l’émission Les Maternelles est top, moi toutes les femmes que j’ai eu au téléphone m’ont dit c’est ma bible, ça m’aide beaucoup dans mon rapport à la parentalité. Et sinon je trouve ça pas mal aussi, il y a pas mal de chaînes Instagram qui sont lancées par des sages-femmes pour donner plein de conseils déculpabilisants bien sûr aux femmes sur comment gérer la grossesse et le postpartum au mieux.
Notamment sur le post partum parce que c’est encore un sujet qui n’est pas du tout assez abordé au niveau médical et qui est hyper important parce que c’est là où il y a des dépressions, il y a des gros problèmes sur la parentalité.
Que veut dire le terme féminisme pour toi ?
Alors le féminisme, du coup, c’est l’égalité homme-femme. Ça n’a pas d’autre définition. C’est vraiment l’égalité, et pour moi, de fait. C’est-à-dire que l’égalité, on en discutait au début. La lutte pour l’égalité a beaucoup évolué.
Au début, c’était une lutte d’égalité de droit, que les femmes puissent ouvrir un compte bancaire, qu’elles ne soient pas obligées de se marier, qu’elles puissent disposer librement de leur corps. On est encore en train d’évoluer sur cette question-là, c’est pas encore fini.
Mais je pense que ce qui manque aussi beaucoup aujourd’hui, c’est une égalité de fait, donc c’est-à-dire ne pas être discriminé au travail quand on tombe enceinte, mais aussi ne pas être harcelé dans la rue 100% du temps quand on sort, ne pas avoir des indications constantes pour être une femme, une vraie femme ou une femme parfaite. C’est ça pour moi le féminisme aujourd’hui.
C’est très beau tout ce que tu viens de me dire. Merci encore en tout cas d’être intervenu sur le podcast Matrimoine Féministe sur le sujet de la parentalité. Cette conversation a été très enrichissante, j’aurais aimé qu’elle dure plus longtemps mais malheureusement ce n’est pas possible. Mais en tout cas avec plaisir potentiellement pour refaire des épisodes ensemble. Au plaisir, ciao ciao !
Moi aussi. Yes, trop bien. Merci beaucoup Esthel et au plaisir d’échanger à nouveau sur le sujet de la parentalité. Ciao.