Bonjour et bonsoir à toutes les personnes qui nous écoutent. Aujourd’hui, je suis en compagnie de Nina Senoyer, avec qui nous allons aborder les sujets de mompreneur et de son parcours concernant la procréation médicalement assistée (PMA).
Merci beaucoup Esthel pour cette invitation, je suis ravie d’être ici. Je m’appelle Nina, j’ai 31 ans, j’habite à Vitry-sur-Saint-Bourg. Je suis en couple et nous avons deux enfants.
Notre fille Billie, qui a trois ans et demi, et notre fils Roméo, qui est encore très jeune, puisqu’il a huit mois. Pour ma part, je suis mompreneur : rédactrice web spécialisée en SEO, consultante en SEO et ghostwriter sur LinkedIn. Je travaille principalement avec des mères souvent débordées, pour les aider à améliorer leur chiffre d’affaires grâce à un site internet hautement optimisé ainsi que des publications LinkedIn percutantes.
La place des mompreneur dans le monde du travail
Ok, très clair. Avant de revenir et de rebondir sur ce que tu me dis, je pensais que c’était intéressant de pouvoir commencer ce podcast mompreneur et parcours de PMA en abordant la place des femmes dans le monde du travail, avec quelques chiffres et données à partager. Tu es libre de répondre comme tu le souhaites.
Alors effectivement, c’est un sujet sur lequel j’aime bien prendre la parole dans mes publications, car il y a toujours des chiffres intéressants à analyser. Un chiffre dont j’ai parlé assez récemment, bien que l’étude date de 2020, et qu’il serait intéressant de revoir en 2024, c’est que 67 % des mères et dirigeantes de TPE-PME gagnent moins de 1 500 euros par mois.
Je trouve ce chiffre complètement surprenant, et en même temps, il s’explique assez facilement. Il s’explique par le fait que les femmes ont beaucoup trop de charges mentales. En général, ce sont elles qui dirigent les familles monoparentales. On sait que 85 % des familles monoparentales sont gérées par des femmes.
Il n’est donc pas surprenant de savoir qu’une mompreneur a énormément de charges mentales, ce qui la prive souvent de l’espace et du temps nécessaires pour bien gérer son entreprise. Cela explique aussi qu’elles ont moins de temps pour réseauter. Les femmes réseautent moins,c’est un fait, comme l’indique une étude réalisée par “Bouge ta boîte« , que vous pouvez facilement trouver en ligne.
Les femmes réseautent moins que les hommes parce qu’elles considèrent, je pense, qu’elles sont moins à l’aise avec cet exercice. Elles se sentent moins à l’aise avec ces sujets et pensent souvent qu’elles n’ont pas le temps de réseauter, estimant que c’est une perte de temps à cause de leur surcharge mentale et des nombreuses autres responsabilités à côté. Ainsi, elles réseautent moins, ce qui freine la croissance de leur entreprise, et par conséquent, elles gagnent moins d’argent.
On sait également que les femmes sont beaucoup moins à l’aise avec le sujet de l’argent et des finances. C’est un domaine dont elles parlent difficilement. Ces femmes développent souvent leur entreprise avec leurs fonds personnels, ce qui, évidemment, limite leur croissance. Quand on monte sa boîte en se basant sur ce que l’on a sur son compte en banque, on ne peut pas aller très loin. Cela conduit à la création de plus petites entreprises, et donc à des revenus moindres.
Le dernier point expliquant ce chiffre est l’absence de modèles pour les femmes entrepreneures. C’est un véritable problème. Il existe bien des figures d’inspiration fortes, mais elles ne sont que rarement françaises. Quand on interroge les femmes sur leurs modèles dans le monde entrepreneurial, on a du mal à en citer, ou bien on mentionne des femmes américaines comme Oprah Winfrey, par exemple. Bien sûr, ces figures sont impressionnantes, mais elles sont américaines. En France, il manque des modèles grand public quand on est mompreneur.
Tout cela contribue à expliquer pourquoi ce chiffre m’a bouleversée. Je trouve incroyable de me dire que plus d’une femme sur deux, dont beaucoup de femmes qui se lancent comme mompreneur, gagne moins que le SMIC en créant son entreprise. Cela fait partie des sujets que j’aime aborder et populariser pour essayer, à ma petite échelle, de sensibiliser un peu plus les consciences sur ces problématiques, notamment la place des femmes dans le monde du travail.
Qu’est-ce que la charge mentale ?
C’est vraiment très intéressant tout ce que tu nous dis. Je voudrais juste rebondir sur le terme charge mentale, car j’imagine qu’il y a des personnes qui nous écoutent et qui ne savent peut-être pas ce que cela signifie. Donc, si tu pouvais nous expliquer, en nous donnant des exemples, pour qu’une personne qui ne connaît pas ce terme puisse se dire en écoutant le podcast mompreneur et parcours de PMA : « Ah oui, maintenant j’ai compris, c’est cela la charge mentale. »
Oui, bien sûr. Alors, la charge mentale est un concept très large et elle ne signifie pas la même chose pour tout le monde. Pour une mompreneur, par exemple, cela peut encore prendre une dimension différente. En gros, c’est cet espace mental occupé par des problématiques qui sont, en général, gérées par une grande majorité de femmes.
Par exemple, prendre les rendez-vous chez le pédiatre pour les enfants, passer ensuite à la pharmacie pour récupérer l’ordonnance du pédiatre, puis penser aux courses sur le chemin du retour. Est-ce que j’ai bien tout noté sur la liste de courses ? Est-ce que j’ai pris la carte vitale pour la pharmacie ? Pour une mompreneur, cela s’ajoute souvent à la gestion quotidienne de son entreprise.
Voilà, ce sont toutes ces pensées, toutes ces tâches qui occupent beaucoup d’espace dans l’esprit d’une femme et qui, en général, ne sont pas aussi présentes dans l’esprit de l’homme ou du partenaire. Cela peut également inclure les tâches domestiques, les tâches administratives, et bien d’autres responsabilités.
Ce qui est intéressant avec la charge mentale, c’est que, même dans des couples où l’on pense qu’elle est bien répartie, qu’elle est égalitaire parce que le conjoint fait la vaisselle et sort les poubelles, en réalité, elle n’est pas toujours partagée de manière équilibrée. Et lorsque l’on creuse vraiment la question, on peut faire des tests en ligne — j’en ai moi-même fait un, c’était très intéressant.
On se rend compte qu’il y a encore beaucoup de choses qui pèsent sur la charge mentale des femmes, y compris quand on est mompreneur, malgré les apparences. Donc, on en parle beaucoup en ce moment, et cela ne se limite pas uniquement aux tâches ménagères ou aux corvées, mais englobe tout ce qui concerne l’éducation des enfants, leur scolarité, les loisirs, la gestion des comptes, en plus des tâches domestiques et des rentrées d’argent.
Comment se libérer de sa charge mentale ?
Oui, c’est vrai que c’est un véritable problème de société qui commence à émerger dans de nombreuses conversations. À ce sujet, je me demandais si tu avais, pour les femmes qui nous écoutent, des conseils, par exemple pour une femme, que ce soit une mompreneur ou non, qui souhaiterait se libérer de sa charge mentale ? Comment pourrait-elle s’y prendre ? Toi, comment fais-tu ?
Alors, comment je fais ? Je délègue certaines choses. Je délègue ce que je ne peux pas faire seule ou, en tout cas, ce qui m’impose trop de charge mentale si je le fais seule. En tant que mompreneur, j’accepte d’investir de l’argent, par exemple dans du coaching, comme je le fais actuellement pour vraiment structurer mes offres, travailler mes offres, et mes pages de vente.
Ce sont des choses que je pourrais faire seule, mais cela occupe tellement d’espace mental que, en tant que mompreneur, je préfère être accompagnée par une personne dont c’est la spécialité. Cela me permet d’être guidée dans cet exercice et de ne plus avoir à tout gérer seule. Donc ça, ça va vraiment être de me faire accompagner.
C’est aussi un conseil que je donne de manière humble, car je pense qu’il faut être prudent dans la manière de donner des conseils. Disons que je le fais ici exceptionnellement. Mais je pense que pour une mompreneur, se faire accompagner et déléguer certaines tâches permet vraiment de se libérer d’une partie de la charge mentale.
Par exemple, on me délègue souvent la rédaction de publications LinkedIn. Il y a beaucoup de femmes, notamment avec une vie de mompreneur, qui n’ont pas le temps, car elles doivent gérer une entreprise. Écrire trois posts sur LinkedIn par semaine peut les épuiser. Elles me délèguent donc cette tâche, ou parfois leur SEO, parce qu’elles manquent de temps.
À l’inverse, moi, en tant que mompreneur, je délègue la structuration de mes offres, etc. En réalité, je ne délègue pas totalement, mais je co-construis avec d’autres pour plus de facilité. C’est une méthode que je peux recommander. J’avais autre chose en tête, mais cela m’a échappé pendant que je parlais. Cela me reviendra peut-être plus tard, et je pourrai y revenir. Mais voilà déjà un premier conseil simple de mompreneur qui peut aider beaucoup de femmes.
Parle-nous de ton métier de rédactrice SEO et ghostwriter
Oui, c’est un excellent conseil de se faire accompagner, surtout dans l’aventure entrepreneuriale ou même au quotidien, en fonction des tâches que l’on doit accomplir. Je suis tout à fait d’accord avec toi. Tu as mentionné ton métier de rédactrice SEO et ghostwriter, donc si tu peux nous en dire un peu plus et nous expliquer en quoi cela consiste.
Oui, bien sûr. Alors, la rédaction web SEO. Le SEO, déjà, pour expliquer cet anglicisme qu’on entend souvent sans toujours savoir ce que cela signifie, veut dire Search Engine Optimization. En gros, cela consiste à créer du contenu sur son site internet qui plaira à Google, ou plus généralement aux moteurs de recherche, de manière à ce que ces derniers remontent notre site et son contenu dans les premiers résultats.
L’objectif par exemple est d’écrire du contenu qui soit à la fois agréable à lire pour les lecteurs, prospects ou futurs clients qui visitent le site, et qui réponde aux critères des moteurs de recherche. Cela permet de valider l’expertise de la personne, prouvant que son contenu apporte de la valeur ajoutée et est de qualité, ce qui fait remonter son site dans les résultats de Google.
L’objectif du SEO, c’est donc d’obtenir plus de trafic sur son site, ce qui génère en général plus de visibilité, plus de clients et, en conséquence, plus de ventes. C’est une approche qui, selon moi, est très complémentaire au SEA (Search Engine Advertising), c’est-à-dire la publicité payante sur Google, comme Google Ads. Cela peut offrir une combinaison puissante.
Le SEA permet de remonter rapidement dans les résultats de recherche en achetant des mots-clés, tandis que le SEO est un travail à plus long terme. Il est organique et naturel. Une fois que le site est bien positionné grâce au SEO, on n’a plus besoin de payer pour maintenir cette position.
Quant au ghostwriting sur LinkedIn, je me suis un peu emballée sur le SEO, mais j’écris également des posts sur LinkedIn à la place de mes clientes. En général, je commence par optimiser leur profil LinkedIn après un audit, et ensuite, je publie à leur place. Pour une mompreneur qui manque de temps, cela peut être une grande aide. Je publie des posts une, deux ou trois fois par semaine, selon le budget et les besoins de la cliente.
L’empouvoirement des femmes sur les réseaux sociaux
Très clair. Et donc, d’après ce que j’avais compris, ta particularité est de prôner l’empouvoirement des femmes par les mots. Peux-tu nous expliquer comment tu t’y prends ? Par exemple, si une mompreneur ou une femme souhaite se lancer sur les réseaux sociaux, sur LinkedIn, ou dans le blogging, comment pourrait-elle s’y prendre pour bien se mettre en avant et s’empouvoirer, je pense que c’est le bon terme ?
S’empouvoirer, effectivement. Allez, allons-y, on peut franciser ce mot. C’est vrai qu’on parle souvent d’empowerment, et moi-même j’utilise ce terme alors que je pourrais dire « empouvoirement », car cela fonctionne aussi très bien. En fait, mon constat – et je n’invente rien, je ne réinvente pas la roue – est que la force d’un texte bien ficelé, la force d’un discours, ou tout simplement la force de la rhétorique et de l’écriture de vente, est extrêmement puissante. Pour une femme, maîtriser ces aspects est fondamental.
On dit souvent qu’une image vaut mille mots, et c’est vrai, mais le texte, le pouvoir des mots et l’émotion qu’ils véhiculent sont extrêmement puissants. Souvent, mes clientes, qui partagent pour beaucoup une vie de mompreneur, ont des idées géniales, des projets très impactants, souvent dédiés aux femmes, à leur corps, au féminisme et à cet engagement. Mais elles n’arrivent pas à les exprimer correctement à l’écrit.
Elles ne maîtrisent peut-être pas les codes du SEO, ou ceux de LinkedIn, ce qui est normal, car c’est un véritable métier. Ou bien elles manquent tout simplement de temps, un problème fréquent chez une mompreneur. Résultat : elles n’occupent pas la place qu’elles méritent. C’est quelque chose qui me frustre énormément, et c’est pourquoi je souhaite les aider, en créant des textes impactants et empouvoirants, parce que je crois fermement en la puissance des mots.
Aujourd’hui, on est très focalisés sur le visuel, le design, l’ergonomie des sites, ce qui est important. Une mompreneur a besoin d’un site qui soit à la fois joli et intuitif, parce que si un site est lent ou mal conçu, les visiteurs partent. Mais malgré tout, je pense qu’il ne faut pas négliger la puissance du texte.
Parfois, quand je vois les sites de mes clientes, souvent mompreneur dans leur approche, ils sont vides. Il n’y a pas de mots, rien. C’est dommage, car le texte est aussi important que le design pour transmettre un message. Et puis, Google ne peut pas comprendre un site qui n’a pas de contenu textuel. Google ne sait ni voir ni entendre, il sait seulement lire.
Google ne lit que les mots que l’on lui fournit. Si un site est vide, même avec un projet de mompreneur super puissant et des idées géniales, Google ne s’y intéressera pas. C’est pourquoi je prône l’importance de créer du contenu fort, avec de la valeur ajoutée, pour que Google nous remarque, tout comme nos prospects sur LinkedIn.
Il faut créer du contenu qui raconte une histoire, qui reflète l’expérience personnelle. L’expérience de mompreneur, par exemple, est souvent très riche, et cela peut devenir une force sur le web. Google adore les contenus uniques, l’utilisation du « je » et du « nous », le storytelling.
Donc tout cela pour dire que, pour moi, l’empouvoirement par les mots consiste à raconter son histoire, à créer du contenu unique qui intéresse les prospects, qui capte l’attention des lecteurs, et qui fait émerger la marque personnelle de chacune.
Ce que tu dis sur les sites internet vides de contenu, cela me parle tellement, car lorsque j’ai lancé la première version de mon site internet Matrimoine Féministe en janvier 2023, je m’étais uniquement concentrée sur le design. En fin de compte, mes articles faisaient à peine 300 mots, et il n’y avait aucune valeur ajoutée. En 300 mots, que peux-tu vraiment dire ? C’est souvent une erreur de négliger le contenu écrit.
Je me suis fait accompagner par mon webmaster, Francis, qui m’a sensibilisée au fait que Google apprécie les longs textes. Plus c’est long, mieux c’est pour Google. Il m’a montré à quel point un site doit refléter son expertise et partager ses valeurs.
Créer du contenu à forte valeur ajoutée permet non seulement d’inspirer d’autres personnes, mais aussi d’éveiller les consciences. Une femme peut être coincée dans son prisme, surtout sur les réseaux sociaux comme Instagram ou LinkedIn, où l’on consomme souvent le même type de contenu. Sortir de ce schéma et se démarquer peut inciter les gens à suivre et à s’engager.
Ouais, exactement. Et créer du contenu unique permet aussi de te différencier de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, c’est extrêmement important. Je n’ai rien contre ChatGPT, je m’en sers tous les jours comme assistant, mais jamais il ne remplacera un contenu unique et authentique. Google, d’ailleurs, lutte activement contre les contenus générés par l’IA.
Google veut du contenu personnel, avec des pronoms comme « je » et « nous », parce que cela montre que ce n’est pas généré par une IA. Un contenu créé par une personne, basé sur son expérience personnelle, sera toujours plus valorisé. Google cherche à garantir que les internautes puissent faire confiance aux résultats qu’il propose.
Et pour cela, il faut du contenu authentique, créé par des humains, pas des machines. Et puis, comme tu l’as mentionné plus tôt, il y avait un autre point, mais il m’a échappé…
Comment débuter la création de contenu ?
Cela me fait penser, quels conseils donnerais-tu à une personne qui souhaite se lancer dans la création de contenu ? Comment commencer ? On peut se sentir un peu perdu, en se demandant ce qu’on pourrait raconter, comment le faire, par où commencer. Cela peut être intimidant, notamment avec la peur d’être jugé. Comment se défaire de tout cela ?
C’est une question très intéressante. Prendre la parole sur les réseaux sociaux peut effectivement être intimidant, car on a l’impression de s’exposer. Pour une mompreneur, cela peut sembler encore plus complexe, car elle doit jongler entre ses responsabilités professionnelles et personnelles. Il y a souvent cette peur de partager trop de sa vie privée. Mais je pense qu’il existe un juste milieu. Raconter sa vie pour le plaisir, pourquoi pas ? C’est une façon de communiquer.
Il y a beaucoup de blogueuses sur Instagram qui partagent leur quotidien. Instagram n’est pas vraiment le réseau que j’exploite, mais lorsque je prends la parole sur LinkedIn et que j’écris des posts visibles sur des sujets polarisants comme le féminisme, la maternité ou la place des femmes dans le milieu du travail, j’essaie toujours de me demander en quoi cela va intéresser la personne qui me lit. Pour une mompreneur, c’est important de savoir comment son contenu résonne avec sa cible.
Chaque post doit avoir une intention. Par exemple, est-ce que ce post va m’aider à trouver de nouvelles clientes ? Est-ce qu’il va permettre à mes prospects, notamment ma cliente idéale la mompreneur, de s’identifier à moi, et ainsi créer un lien de confiance ? Je pense que c’est une bonne façon de se poser la question : de quoi puis-je parler qui va intéresser et toucher ma cible ?
Parler des douleurs de ta cible, en l’occurrence ta cliente idéale la mompreneur, peut être un bon point de départ. Par exemple, je parle souvent des inégalités entre hommes et femmes dans le monde du travail, ou encore des difficultés à reprendre le travail après un congé maternité. Pour une mompreneur, jongler entre la gestion de son entreprise et la vie de famille est un défi constant, avec toute la charge mentale que cela implique.
Pour trouver des idées, ce n’est pas sorcier. Il suffit d’être attentif à ce qui se passe autour de nous. Pour une mompreneur, ses propres expériences peuvent être une mine d’idées : des impayés, des appels clients qui se sont mal passés, ou tout simplement les défis de la gestion quotidienne. On peut aussi s’inspirer des livres, des podcasts, des conversations avec des clients ou des mentors. Les avis clients sur Amazon, par exemple, sont aussi une excellente source de contenu.
Le plus difficile, je pense, c’est de se distinguer du simple créateur de contenu. Dire que « la guerre, c’est mal », tout le monde sera d’accord, mais aller au fond du sujet et offrir une perspective unique, c’est ce qui permet de se démarquer. Une mompreneur doit chercher à apporter de la valeur ajoutée dans ses posts, en offrant des opinions ou des conseils qu’on ne voit pas partout.
Cela permet de sortir de la masse et d’éviter les contenus répétitifs, comme les « 3 conseils pour écrire un post LinkedIn » que l’on voit partout. Pour une mompreneur, il est important d’aller au-delà des bases et de proposer des astuces concrètes, comme « comment créer une accroche qui retient vraiment l’attention ». C’est cela qui rendra un post vraiment différent et impactant sur les réseaux sociaux, que ce soit sur LinkedIn ou même sur Instagram.
Quelle est ton histoire sur la maternité ?
Oui, de ce que je retiens de tout ce que tu nous as dit, c’est que pour créer du contenu, on peut partager nos apprentissages, donner notre avis ou se spécialiser sur certains sujets. Et du coup, par rapport à cela, ce que tu disais sur LinkedIn, tu racontes ton histoire notamment en lien avec la maternité. Nous, et moi en particulier, ainsi que les personnes qui nous écoutent, aimerions beaucoup entendre ton histoire à ce sujet.
Oui, bien sûr. Moi, j’ai deux enfants, qui ont trois ans et demi et huit mois. Ce sont deux bébés issus d’embryons congelés, ils viennent tous les deux de la même souche, fabriqués en 2019, après trois ans de galère pour avoir des enfants et un an et demi en PMA à Paris. En tant que mompreneur, jongler entre la maternité et d’autres responsabilités a été un vrai défi.
Je dis toujours que je n’ai « que » trois ans de galère derrière moi pour avoir mes enfants, ce qui est très peu par rapport à des femmes, y compris celles qui ont le statut de mompreneur, qui peuvent lutter pendant sept ou dix ans, parfois plus. Elles ont tout mon respect. Pour moi, ces trois ans étaient déjà un véritable parcours du combattant, interminable.
Pendant un an et demi, j’étais en errance médicale. J’avais alors 24 ans et j’ai perdu mes règles sans comprendre pourquoi. Il a été très difficile de poser un diagnostic. J’ai été mal diagnostiquée plusieurs fois, notamment avec un soi-disant syndrome des ovaires polykystiques, ce qui n’était pas le cas.
Quand je suis finalement arrivée en PMA en 2019, à la clinique Diaconesses à Paris, on m’a diagnostiqué une aménorrhée hypothalamique en quelques secondes. Mais la PMA est un processus long et frustrant. On est dépendant de ses ovulations, ce qui signifie qu’on ne peut avancer que mois après mois. Parfois, une simple erreur de dosage peut faire perdre un mois entier, et c’est là où le mental est mis à rude épreuve.
Nous avons finalement eu notre FIV après un protocole d’ovulation avec une pompe que je devais me planter dans le ventre tous les trois jours. C’était un enfer. J’ai eu ma ponction d’ovocytes en octobre 2020, mais mon corps a trop réagi aux hormones, provoquant une hyperstimulation. Nous avons dû tout arrêter pendant trois mois, ce qui était très difficile à vivre, surtout pour une mompreneur qui doit tout planifier.
En janvier 2020, j’ai eu mon transfert d’embryon, et ça a fonctionné du premier coup. Ma fille est née en octobre 2020. Nous avions encore quatre embryons congelés, et après réflexion, nous avons décidé de les garder pour un deuxième enfant. Il est souvent difficile de reprendre le travail après la maternité, mais nous avons décidé de tenter à nouveau la PMA plutôt que d’essayer naturellement.
En septembre 2022, j’ai eu le transfert de mon fils, et là aussi, ça a pris du premier coup. Roméo est né en juillet 2023. J’aime bien penser que ce sont presque des jumeaux, car ils ont été créés au même moment, juste décongelés avec deux ans et neuf mois d’écart. Gérer deux enfants tout en poursuivant une carrière est un véritable défi.
Je suis vraiment heureuse que notre parcours ait abouti, car ces trois années ont été un véritable calvaire. Comme tu l’as dit, certaines personnes, comme ta maman, ont dû attendre sept ans, ce qui demande une patience et une résilience incroyables. Je suis admirative de ces femmes, y compris de celles qui se revendiquent en tant que mompreneur, qui persévèrent dans un tel parcours.
Ma maman aussi a fait de la PMA, mais elle m’a finalement eut naturellement. Elle a eu une sorte d’intuition que c’était le bon moment, et ça l’était. Elle a toujours eu ce côté un peu « sorcière », comme je le dis souvent.
Il y a tellement d’histoires comme celle-ci, et même si on entend parfois « arrête d’y penser et ça marchera », c’est très difficile de ne pas y penser quand on est dedans. Pour une mompreneur, c’est omniprésent. Cela te prend tout ton corps, tout ton esprit. Tu t’endors en y pensant, tu te réveilles avec ça. Chaque examen, chaque prise de sang te rappelle constamment la situation.
Les protocoles PMA sont épuisants. Moi, je me piquais seule, mais certaines femmes ne peuvent pas. Elles doivent faire appel à des infirmières ou demander à leur partenaire. Et quand cela ne fonctionne pas, c’est un véritable effondrement. La patience et la résilience nécessaires dans un tel processus sont immenses.
Et en France, nous avons la chance que tout cela soit pris en charge. Pour une mompreneur, cela fait une énorme différence, car la PMA peut être financièrement inaccessible dans d’autres pays. Nous avons une chance incroyable que tout cela soit gratuit ici.
Les conseils pour commencer une PMA
Cela ne m’étonne pas. Par rapport à ce que tu disais, je me demandais si tu avais des conseils à donner aux parents, y compris pour la mompreneur que tu étais, qui débutent un parcours de procréation médicalement assistée (PMA). Quels conseils pourrais-tu leur donner pour les aider à y voir plus clair ?
Quel conseil je pourrais donner ? C’est une excellente question. Est-ce qu’on peut vraiment donner des conseils dans ces moments-là ? C’est une question que je me pose. Je conseillerais surtout de s’écouter. Si on n’a pas envie d’en parler, alors on n’en parle pas. Si on ne veut pas répondre aux questions, on ne répond pas. Pour une mompreneur, par exemple, qui jongle déjà avec sa carrière et ce processus, c’est important de mettre des limites.
Il faut aussi clarifier les choses avec l’entourage. Souvent, les proches ne savent pas comment se positionner et font des maladresses. Ils posent des questions qui peuvent être lourdes à supporter, parce qu’il faut y répondre. Donc, il est crucial de poser des limites claires, sans hésitation, avec un entourage qui est généralement bienveillant, mais qui ne comprend pas toujours les enjeux. C’est particulièrement vrai quand on est mompreneur et qu’on doit gérer à la fois la pression professionnelle et les attentes familiales.
Chaque parcours est unique, et il est difficile de donner des conseils universels. Dire des choses comme « ne t’inquiète pas, ça va marcher » peut être mal perçu et très difficile à entendre. Chaque situation est tellement différente. Il vaut mieux dire : « Vous n’êtes pas seuls, c’est dur, et on le sait. » Pour une mompreneur qui jongle avec tant de responsabilités, ces mots peuvent faire toute la différence.
Et surtout, si vous avez envie d’en parler, entourez-vous de personnes qui ont vécu la même chose. Que vous soyez mompreneur ou non, il est important de trouver du soutien dans son entourage, ou dans les cercles de parents disponibles dans les centres de PMA. Parler à un psychologue peut aussi être d’une grande aide. Les centres de PMA offrent souvent des accompagnements psychologiques, et il faut en profiter. Il est important de parler si on en a envie, mais seulement à des personnes qui comprennent véritablement les enjeux.
C’est trop facile de dire « arrête d’y penser, ça va marcher », comme si cela fonctionnait de cette manière. C’est comme dire à quelqu’un de triste « arrête d’être triste ». Pour les parents, ces remarques peuvent être encore plus culpabilisantes, car elles impliquent que le problème vient d’elles, alors que ce n’est absolument pas le cas.
Il est extrêmement difficile de ne pas penser à tout cela quand on est en plein dedans. Surtout pour une mompreneur qui gère déjà une charge mentale importante avec son entreprise, le fait de constamment se concentrer sur la PMA est inévitable. Cela prend toute la place dans la tête, dans le corps, et on ne peut simplement pas « arrêter d’y penser ».
Je suis d’accord. Le conseil que tu donnes de bien s’entourer est essentiel. Pour une mompreneur, qui doit jongler entre la gestion de son entreprise et les attentes familiales, il est important de ne pas ajouter de pression supplémentaire en parlant de sujets délicats. Cela me fait penser à ces questions intrusives que les amis ou la famille posent parfois, comme « C’est pour quand, les enfants ? »
C’est une question extrêmement difficile à entendre pour une mompreneur qui pourrait être en plein parcours PMA ou qui a des difficultés à concevoir. Cette simple question peut raviver toute la tristesse et la frustration liées au processus, même si elle n’est pour rien dans ce qui se passe. C’est pour cela que poser ce genre de questions peut être très frustrant et culpabilisant pour elle.
Exactement. Selon moi, on n’aborde ce sujet que si la personne concernée en parle d’elle-même. Je sais à quel point ce sujet peut être douloureux. Je connais des personnes qui sont passées par la PMA, et je n’aborde jamais la question à moins qu’elles ne le fassent d’abord. Je ne veux pas entrer dans cette intimité douloureuse sans qu’elles ne le souhaitent.
Qu’est-ce qu’une aménorrhée hypothalamique ?
Je comprends. Cela me fait penser à ce que tu disais tout à l’heure, tu parlais du fait que tu n’avais plus tes règles. Peux-tu nous expliquer ce que c’est exactement ? Je suis sûre qu’il y a des auditrices, peut-être même mompreneur, qui peuvent avoir cela sans le savoir.
On appelle cela une aménorrhée hypothalamique ou aménorrhée secondaire. Je ne maîtrise pas le sujet à 100 %, mais en gros, il existe des aménorrhées primaires, comme lorsqu’on n’a plus de règles, par exemple lors de la ménopause ou pendant l’allaitement, des phénomènes physiologiques qui s’expliquent par la lactation, etc.
Puis, il y a les aménorrhées secondaires hypothalamiques, qui sont plus liées à la sphère cérébrale. Celles-ci surviennent souvent après un traumatisme ou un excès de sport. Le cerveau, en réponse, entre en mode « mécanisme de défense » et désactive des fonctions qu’il juge non essentielles à la survie, comme l’ovulation.
Le corps se concentre alors sur le maintien des fonctions vitales, comme faire fonctionner les organes essentiels. Par contre, tout ce qui est considéré comme « moins important » pour la survie, comme les cycles menstruels, la croissance des cheveux, des ongles, ou encore avoir une belle peau, est mis de côté. Ce mécanisme est similaire à ce qu’on peut observer chez des personnes traumatisées, des marathoniennes, ou même en étant sous stress constant.
Quand on souffre d’aménorrhée hypothalamique, on peut également avoir des cheveux et des ongles cassants, ressentir une grande fatigue, avoir toujours froid, car le corps met en pause tout ce qui n’est pas essentiel. C’est ce que j’ai vécu. Mon corps a stoppé l’ovulation, et j’ai eu d’autres symptômes comme des cheveux abîmés, une grande sensibilité au froid, et peu d’énergie, ce qui est fréquent chez les femmes, y compris quand on subit un stress prolongé comme mompreneur.
Dans mon cas, cela s’explique par plusieurs facteurs. Ma mère avait eu un cancer, et j’avais un contexte de vie très compliqué à ce moment-là. Mon corps m’a envoyé le message : « Pas de bébé pour l’instant. Il y a trop de choses à régler avant. » C’est mon interprétation, bien sûr, et c’est très personnel, mais c’est ce que j’ai ressenti. Mon corps me disait que ce n’était pas le bon moment pour une grossesse.
Sortir d’une aménorrhée hypothalamique est un processus long et complexe. On perd ses règles assez facilement, mais les retrouver prend beaucoup de temps. Il faut envoyer les bons messages au corps, et cela peut prendre des mois, voire des années. C’est une épreuve qui demande beaucoup de patience et de résilience.
Comment as-tu diagnostiqué cette aménorrhée ?
C’est vraiment un sujet complexe et propre à chaque femme. Avais-tu fait un test pour diagnostiquer cette aménorrhée ? Comment cela s’est-il passé ?
J’ai fait une batterie de tests en PMA. Le diagnostic est en fait assez courant et, je pense, plus répandu qu’on ne le croit. J’ai passé des prises de sang et des échographies. Tous mes niveaux hormonaux, comme les œstrogènes, étaient au ras des pâquerettes, quasiment inexistants. En gros, mon corps était en veille.
Le diagnostic a été posé très rapidement. Une fois l’aménorrhée hypothalamique détectée, il y a plusieurs options. On peut te donner des hormones de substitution, souvent sous forme de pilule, pour recréer des cycles. Ces hormones n’induisent pas l’ovulation, mais elles permettent au moins d’envoyer les bonnes hormones dans le corps afin d’éviter des complications à long terme, comme l’ostéoporose, qui peut survenir chez une mompreneur ou toute autre femme ayant un faible niveau hormonal.
Ensuite, il y a la stimulation hormonale, qui passe souvent par des piqûres ou des cachets, des traitements pas très agréables. Mais c’est nécessaire pour relancer le corps et tenter de retrouver un équilibre. Pour moi qui suis passée par-là en tant que mompreneur par ce type de traitement, le défi est de concilier cela avec la gestion de leur entreprise et de leur vie quotidienne.
C’est quoi l’ostéoporose ?
Ah, c’est quoi l’ostéoporose ? Je comprends, ce n’est pas forcément un terme que tout le monde connaît. En gros, quand on n’a pas assez d’oestrogènes dans le corps — l’oestrogène étant l’hormone qui domine la première phase du cycle menstruel, notamment chez les femmes, cela peut poser problème. L’oestrogène monte jusqu’au quatorzième ou quinzième jour du cycle, et c’est une hormone féminine essentielle.
Quand on manque d’oestrogène, le corps peut devenir un peu « sec », pour simplifier, et nos os aussi. L’ostéoporose, en gros, c’est une fragilisation des os. Encore une fois, je ne suis pas médecin, mais pour simplifier, les os deviennent plus vulnérables et fragiles. Cela peut se produire aussi chez une femme qui allaite longtemps son enfant, car pendant l’allaitement, le niveau d’oestrogène reste très bas, ce qui peut affecter la santé des os.
Quand on n’a pas de règles, que ce soit pour des raisons hormonales ou à cause de conditions comme l’aménorrhée, on ne produit pas assez d’oestrogène, et cela peut entraîner une forme d’ostéoporose. C’est pourquoi il est important de surveiller cela, surtout quand tu es mompreneur et que tu dois concilier santé avec responsabilités professionnelles et familiales.
Tu es devenue féministe avec la maternité
Merci d’avoir pris le temps d’expliquer cela, et ne t’inquiète pas, tu fais de ton mieux pour vulgariser des sujets assez complexes. Le temps passe vite en discutant, et j’ai encore des questions à te poser, donc je vais changer un peu de sujet.
Quand j’ai vu tes posts sur LinkedIn, tu disais que c’est en devenant mompreneur que tu es devenue féministe. Cela m’intéresse beaucoup d’entendre ton témoignage à ce sujet.
Oui, bien sûr. C’est un post qui avait résonné avec beaucoup de femmes parce que le féminisme est un sujet qui m’a toujours interpellée, mais que j’ai vraiment vécu dans ma chair à partir du moment où je suis devenue mère, et cela pour plusieurs raisons.
D’abord, j’ai expérimenté le congé maternité, qui est extrêmement court. Je fais partie des femmes qui étaient vraiment contentes de reprendre le travail, mais j’ai aussi la chance d’être mompreneur, d’avoir un métier que j’adore, ce qui est un luxe que toutes les femmes n’ont pas. J’ai eu la possibilité de confier mes enfants à une nounou ou à la crèche, ce qui est un privilège énorme. Mais je réalise que pour la plupart des femmes, le congé maternité en France est trop court, et cela peut être un vrai traumatisme.
À côté de cela, le congé paternité a longtemps été quasi inexistant. Pendant des années, c’était 11 jours, ce qui est ridicule. Aujourd’hui, c’est passé à 28 jours, mais ce n’est pas obligatoire dans toutes les entreprises. Il y a encore beaucoup de progrès à faire, et c’est en devenant mère que j’ai vraiment pris conscience de ces inégalités, surtout en comparant avec d’autres pays comme ceux du Nord de l’Europe. En tant que mompreneur, jongler avec ces réalités m’a ouvert les yeux sur le fossé à combler.
J’essaie aussi d’élever mes enfants en dehors des stéréotypes de genre, mais je réalise que c’est très difficile. Ma fille ne jure que par les princesses, les licornes, et les robes, alors que je ne l’ai jamais poussée dans cette direction. En tant que mompreneur, je trouve cela fascinant de voir à quel point ces influences extérieures sont présentes, même quand on essaie de les éviter.
Je me rends compte que même si je voulais habiller mes enfants de manière neutre en termes de genre, ils finissent quand même par adopter certains stéréotypes. Cela m’a montré à quel point les influences sociales sont profondes, et c’est un aspect qui m’a fait réfléchir davantage sur les rôles de genre. C’est vraiment en devenant mère, et en tant que mompreneur, que j’ai été confrontée à ces questions.
La maternité m’a également fait prendre conscience des défis auxquels les femmes font face dans le monde du travail. En tant que mompreneur, la charge mentale est décuplée. J’ai mon entreprise à gérer, mais aussi mes deux enfants, et c’est un défi constant. Mon espace de travail, mes listes de tâches, tout est un mélange entre le professionnel et le personnel, et cela m’a vraiment sensibilisée aux inégalités que vivent les femmes dans leur quotidien.
Enfin, il y a cette pression constante de la société sur la façon dont tu élèves tes enfants. Que tu allaites ou non, que tu reprennes le travail rapidement ou que tu prennes un long congé parental, il y aura toujours des critiques. En tant que mompreneur, j’ai ressenti cela de plein fouet.
Mais ce qui m’a aussi beaucoup marquée en tant que mompreneur, c’est la force du lien que l’on crée avec d’autres femmes, qu’elles soient mères ou non. Cette sororité est très puissante, surtout pour les femmes qui partagent des expériences similaires. Il y a une solidarité entre nous qui est vraiment belle. Être une mompreneur et une femme, c’est extraordinaire, et je suis tellement fière de faire partie de cette communauté.
La maternité a été ma porte d’entrée vers le féminisme. C’est un chemin personnel, bien sûr, mais c’est ce qui m’a vraiment ouvert les yeux sur ces inégalités. En tant que mompreneur, c’est un sujet qui me passionne et que j’adore partager avec d’autres femmes.
Ouais, cela s’entend dans ta voix. C’est vraiment inspirant, et je trouve ça magnifique que tu sois si passionnée. Je pense que c’est quelque chose qui peut résonner avec beaucoup de femmes qui elles aussi, vivent ces défis au quotidien. Ton témoignage peut vraiment toucher celles qui sont dans une situation similaire.
Et oui, je pense que c’est en voyant ces inégalités de manière concrète, dans ta propre vie, que tu es devenue féministe. C’est quelque chose qui résonne vraiment.
Le mot de la fin
J’avais vu un chiffre, dont j’avais justement discuté avec la première invitée de mon podcast, Elena Petit, qui n’est pas une mompreneur. On avait parlé de parentalité, et j’avais trouvé un chiffre sur internet qui disait que 80% des inégalités femmes-hommes proviennent du congé maternité.
Ouais, ça ne m’étonne pas du tout. Cela ne me surprend vraiment pas, car déjà, on porte l’enfant pendant neuf mois. Et puis, quand le co parent est un homme, il reste avec nous pendant 11 jours, ou maintenant 28 jours s’il peut, avant de retourner travailler. Pendant ce temps, on se retrouve seule avec notre enfant pendant minimum deux mois et demi. Certaines femmes, par exemple, essaient de prolonger à quatre, cinq, voire six mois, parfois plus.
Ma meilleure amie, qui est aussi mompreneur, a trois enfants et les a gardés chacun au moins un an. Le lien créé entre la mère et l’enfant pendant cette période est différent. Je ne dis pas du tout que les pères ne créent pas de lien avec leur enfant. Ce n’est pas là où je veux en venir, et ce n’est pas ce que je pense. Mais, forcément, une inégalité au sein même du foyer se crée à partir de ce moment-là. La mère passe plus de temps avec l’enfant pendant que le père reprend rapidement le travail.
Il y a aussi une inégalité qui se manifeste au niveau du retour au travail. 71% des femmes estiment qu’elles sont mal accompagnées après leur congé maternité. Après être parties pendant 2-3 mois, elles se sentent parfois exclues ou mises à l’écart des décisions importantes. C’est un problème énorme. Plus d’une femme sur deux dit ne pas réussir à retrouver pleinement sa place à son retour. C’est un chiffre délirant que je lis en tant que mompreneur.
Le congé maternité, bien que absolument nécessaire, tel qu’il est géré en France, contribue largement aux inégalités. Pour moi, c’est vraiment le berceau de beaucoup de ces inégalités. Le modèle actuel devrait être révisé, en s’inspirant de nos voisins nordiques, qui répartissent le congé parental sur six mois, avec un mois pour le père et un mois pour la mère. Cela crée une vraie égalité, et permet aux pères de prendre leur place dès le départ. Beaucoup de pères ne demandent que cela.
Mon conjoint, qui a eu la chance de pouvoir travailler en télétravail, aurait aimé rester plus longtemps avec nous. Cela nous a permis de mieux gérer ensemble, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. De nombreux pères souhaiteraient pouvoir rester plus longtemps pour être plus présents dès les premiers mois. Alors, non, ce chiffre ne me surprend pas du tout, Esthel.
En tout cas, avec ta réponse, je trouve que ça fait une belle conclusion sur notre épisode mompreneur et parcours de PMA par rapport à tout ce qu’on s’est dit. On va maintenant passer aux quelques dernières questions que j’ai à te poser avant de clôturer cet épisode mompreneur et parcours de PMA, qui a été hyper enrichissant. J’ai beaucoup aimé échanger avec toi. Voici donc mes dernières petites questions.
Qui sont tes rôles modèles ?
Qui sont, pour toi, les rôles modèles de femmes entrepreneures ? Parce que tu disais en début d’épisode que les femmes manquent souvent de rôles modèles. Donc toi, quelles sont les femmes qui t’inspirent ?
Alors, j’en ai deux qui m’inspirent beaucoup. La première est une Anglaise, et désolée de contrarier ce que j’ai dit plus tôt sur les rôles modèles non francophones, mais moi aussi, je suis très inspirée par les anglophones. C’est une femme qui s’appelle Ella Mills, très connue pour son blog Deliciously Ella, ainsi que pour l’entreprise qu’elle dirige sous cette même marque. Je trouve cette mompreneur vraiment puissante.
Elle a une histoire incroyable et elle gère son entreprise familiale avec son mari. Elle est à la tête d’un véritable empire de la food, avec un blog, des livres de cuisine, un Instagram très soigné, et ils ont même ouvert un restaurant à Londres. Je la suis depuis longtemps et j’ai pu la voir progresser, atteindre ses objectifs comme une véritable queen. Ce qui me touche encore plus, c’est qu’elle est aussi mompreneur, avec deux filles. Sa première fille est née deux jours avant la mienne, donc je me sens connectée à elle, même si elle n’a aucune idée que j’existe.
Je l’ai suivie tout au long de sa grossesse et de sa maternité, et je la vois aujourd’hui jongler entre sa vie de famille, sa vie de femme et sa vie d’entrepreneuse. Elle gère tout avec une telle puissance. Elle a un podcast, elle fait mille choses à la fois, et je me dis : « Wow, quelle force ». Elle reconnaît ouvertement avoir une super nounou qui l’aide avec ses filles, et elle l’assume totalement en disant que sans cette aide, elle n’en serait pas là où elle est. J’adore sa simplicité et en même temps sa force. Elle incarne vraiment ce qu’une mompreneur peut accomplir.
Le deuxième modèle qui m’inspire énormément, c’est Nina Ramen. Elle est une copywriter très influente sur LinkedIn, et je la suis depuis longtemps. Elle aborde des sujets très proches des miens, et nos engagements et sensibilités se rejoignent. Ce qui m’inspire chez elle, c’est sa manière de parler de la maternité de façon complètement différente de la mienne. En tant que mompreneur, j’adore cela, car elle apporte une fraîcheur à ces discussions.
Nina n’a pas peur de mettre les deux pieds dans le plat et d’aborder les tabous de la maternité, comme l’ennui qu’on peut ressentir, ou la répartition des tâches dans le couple. Elle a récemment posté une vidéo sur Instagram qui a fait le buzz, et elle a même reçu des insultes. Mais elle continue avec courage et aborde la maternité sous des angles peu vus ailleurs. J’admire énormément cette force, et en tant que mompreneur, je trouve cela d’autant plus impressionnant.
Donc voilà, mes deux rôles modèles, en tant que femme, entrepreneure et mompreneur, sont Ella Mills et Nina Ramen. Elles représentent pour moi des exemples de ce que nous pouvons accomplir, tout en restant authentiques et courageuses.
Quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui nous écoutent ?
Très beau modèle. Du coup, il reste trois dernières questions, et il faudra les faire en deux minutes trente. Parce que oui, les podcasts sur Matrimoine Féministe durent une heure, donc j’essaie de m’en tenir à ce timing. Alors, quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui nous écoutent ? Que signifie le terme féminisme pour toi ? Et qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?
Je vais aller très vite. Concernant les ressources, je dirais qu’il faut surtout éviter d’en écouter trop, surtout pour ne pas surcharger notre charge mentale. Surtout en tant que mompreneur, il y a tellement de hacks, de tips, d’astuces partout sur LinkedIn ou Spotify qu’on risque de s’éparpiller. Moi, par exemple, je me suis abonnée à la newsletter de Yara Men, et j’écoute les podcasts de ma coach en stratégie digitale, Lola Lattard, qui sont très intéressants.
Je recommande de choisir une ou deux sources, max, pour éviter de se cramer le cerveau. En tant que mompreneur, c’est important de rester concentrée et de ne pas trop se disperser. Et quand j’ai vraiment envie de nourrir mon esprit, j’écoute des podcasts plus intellectuels, qui alimentent ma réflexion et m’inspirent pour mes posts. Mon émission préférée au monde est le podcast de France Inter Grand Bien Vous Fasse, que j’adore et que je recommande vivement.
Que signifie le féminisme pour toi ?
Que signifie le féminisme pour moi ? Pour moi, le féminisme signifie la pluralité. Il y a autant de façons d’être féministe qu’il y a de femmes pour l’incarner, et c’est ce que j’adore. Comme je te disais tout à l’heure, je me sens un peu comme une observatrice dans tout ça. J’aime bien regarder comment différentes femmes, y compris des mompreneurs, expriment leur féminisme.
Je trouve que des femmes comme Aya Nakamura sont ultra-féministes, tout autant que Caroline Fourest, Titiou Lecoq, ou même Kim Kardashian. Il y a aussi le phénomène des « tradwives » qui cartonne aux États-Unis. Ces femmes, qui prônent un retour aux valeurs traditionnelles, se revendiquent également comme féministes, bien que cela soit à l’opposé de ce que j’incarne. Pourtant, je trouve cela fascinant, car cela montre que le féminisme est multiple, même pour une mompreneur.
C’est cette pluralité que j’adore. Je regarde toutes ces expressions de féminisme sans juger, en essayant simplement de comprendre comment chaque femme, y compris une mompreneur, l’incarne à sa manière. C’est vraiment passionnant.
Et pour répondre à la question suivante, qui j’aimerais voir au micro de Matrimoine Féministe ? Il y a tellement de femmes inspirantes, mais je pense à la fondatrice de Maison Mère, Emilie Friedli. C’est une coach géniale avec qui je travaille, et elle fait beaucoup pour les femmes, y compris pour des mompreneurs. Elle les aide à se réconcilier avec des sujets parfois délicats comme l’argent, le business, et l’organisation, afin de les aider à franchir un cap dans leur entreprise et à être plus à l’aise avec les questions financières. Je crois qu’on a besoin de femmes comme elle, et je suis sûre qu’elle serait parfaite pour ton podcast.
Merci beaucoup d’avoir répondu à ces dernières questions. Je n’ai pas le temps de rebondir, car voilà, c’est déjà la fin de l’épisode. Ça a été un plaisir de partager cette discussion avec toi. Je mettrai tous les liens où l’on peut te suivre pour les personnes qui souhaitent échanger plus largement avec toi.
Plaisir partagé. Ciao, ciao tout le monde.
Merci. Très chouette comme échange.
Informations complémentaires
Les rôles modèles et ressources mises en avant dans “mompreneur et parcours de PMA”
- Ella Mills
- Nina Ramen
- Podcast de Lola Lattard
- Le podcast de France Inter Grand Bien Vous Fasse,
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Episodes complémentaires
La parentalité avec Elena Petit Aznar