La ménopause avec Aude Hayot

La ménopause
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Bonjour, bonsoir à toutes les personnes qui nous écoutent. Je suis en compagnie d’Aude Hayot, avec qui nous allons parler pour cet épisode hebomadaire de la ménopause, notamment à travers ton podcast La fin des règles. Aude, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites.

Bonjour Esthel, merci pour cette invitation. Aujourd’hui, je me définis comme podcasteuse, c’est mon métier et c’est mon occupation principale. Je suis en train de devenir une spécialiste de la ménopause, un sujet que je ne connaissais pas lorsque j’ai démarré le podcast, c’était justement tout l’intérêt. Mais aujourd’hui, oui, j’en ai une bonne connaissance effectivement.

Qu’est-ce que la ménopause et l’andropause ?

Très bien. Nous allons donc aborder directement le cœur du sujet, car j’apprécie sur Matrimone Féministe de définir les termes clés pour les personnes qui nous écoutent, afin qu’elles puissent avoir une compréhension claire du sujet dès le début. Ainsi, qu’est-ce que la ménopause ? J’aimerais également te poser la question concernant l’andropause. C’est grâce à toi que j’ai découvert ce terme, car je l’avais vu dans l’un de tes posts sur LinkedIn. Il me semble pertinent de définir ces deux termes afin que chacun puisse repartir avec le même niveau de connaissance sur la ménopause et l’andropause.

La ménopause est généralement définie comme l’arrêt des menstruations pendant 12 mois, hors contexte de grossesse bien sûr. Toutefois, on peut la décrire plus précisément comme le phénomène physiologique survenant chez les femmes entre 45 et 55 ans, qui marque la fin de la production d’ovocytes et d’ovules. À la naissance, les femmes disposent de 500 000 à 1 million d’ovocytes, mais ce nombre chute en dessous de mille à la fin de la période reproductive. Cette étape est la troisième grande phase hormonale de la vie des femmes, après la puberté et les grossesses, et entraîne un profond bouleversement hormonal.

Ainsi, c’est la phase de la périménopause qui est souvent la plus significative, plutôt que la ménopause en elle-même, car cette dernière représente la fin de cette période de transition. On considère qu’une femme est ménopausée lorsqu’elle n’a plus de règles. Même si des symptômes peuvent encore persister, ils tendent à s’atténuer progressivement. Le début des symptômes de la périménopause peut être très perturbant, car de nombreuses femmes ignorent qu’il s’agit de cela et peuvent croire qu’elles deviennent folles ou qu’elles souffrent d’un début précoce d’Alzheimer.

Tout un éventail de pensées traverse l’esprit des femmes, car aujourd’hui l’information concernant la ménopause n’est pas suffisamment répandue dans la société. Cette absence d’information est d’ailleurs observée aussi chez les médecins. 

Concernant l’andropause, ce terme n’est pas apprécié par la communauté médicale, car il est directement calqué sur le mot ménopause, sans signification claire.Les médecins préfèrent utiliser le terme DALA, qui signifie Déficience Androgénique Liée à l’Âge, et qui désigne la baisse de la testostérone. 

Encore une fois, il s’agit d’une question hormonale mais cette fois-ci chez les hommes. Cette diminution de la testostérone peut commencer plus tôt chez certains hommes, aux alentours de 45-50 ans. Elle se manifeste par des symptômes tels que des bouffées de chaleur, des troubles érectiles ou de la fatigue. Cependant, elle finit par se produire chez la majorité des hommes vers 70-80 ans, période où elle est moins mise en avant, car elle se mélange avec d’autres symptômes du vieillissement, tout comme cela peut se produire avec la ménopause.

Quels sont les symptômes de la ménopause et de la périménopause ?

Merci beaucoup pour ces définitions, elles sont très claires. Puisque cet épisode est dédié à la ménopause, nous allons maintenant aborder les symptômes. Quels sont donc les symptômes de la ménopause, ou même de la périménopause, afin d’aider les femmes à mieux comprendre ce qu’elles vivent ?

Nous avons identifié 34 symptômes différents pouvant être liés à la ménopause. Je ne vais pas tous les énumérer, car cela n’aurait pas beaucoup de sens, mais les plus fréquents incluent, bien entendu, les bouffées de chaleur, qui sont souvent évoquées, ainsi que leur corollaire, les sueurs nocturnes. 

Quant à moi, je n’ai jamais eu de bouffées de chaleur, mais je les imagine un peu comme le personnage de Jack-Jack dans Les Indestructibles : ce bébé qui devient une boule de feu en un instant, puis revient à la normale, souriant et calme. J’imagine que les bouffées de chaleur ressemblent à cela, une sorte d’inflammation intense qui envahit tout le corps jusqu’à la tête, avant de s’estomper.

Les sueurs nocturnes, quant à elles, sont décrites comme une sorte de douche sans eau. Les femmes qui en souffrent se retrouvent souvent trempées de sueur, au point d’avoir froid, leurs vêtements étant mouillés et collants. Elles doivent parfois changer les draps en pleine nuit, ce qui les réveille et les empêche ensuite de retrouver le sommeil. 

Il existe aussi des symptômes émotionnels, particulièrement déstabilisants. Le plus difficile à vivre est souvent ce qu’on appelle le « brouillard cérébral ». Il s’agit d’une sensation où l’on a l’impression de ne plus pouvoir penser clairement, d’oublier ce dont on parlait à l’instant avec quelqu’un. On perd littéralement le fil de la conversation, et cela donne l’impression de souffrir d’une démence précoce. Pourtant, ce phénomène est tout simplement dû aux modifications physiologiques du cerveau en raison du changement hormonal.

Elles n’ont pas seulement un impact sur l’utérus ou les ovaires, comme on pourrait le penser en raison de la vision actuelle de la santé des femmes, mais elles affectent également la physiologie du cerveau. Cela signifie que certaines zones du cerveau s’activent différemment par rapport aux autres moments de la vie, entraînant des modifications qui ne sont pas d’ordre psychologique, mais bien physiologiques.

Il est inapproprié de dire à une femme qu’elle devrait consulter un psychologue ou un psychiatre pour ce genre de manifestations, ou de lui prescrire des antidépresseurs si cela n’apporte aucune amélioration. Ce n’est pas la bonne réponse face à ce type de symptômes liés à la ménopause. Parmi ces manifestations, on retrouve aussi des sautes d’humeur et parfois de l’agressivité. Cela peut même aller jusqu’à prononcer des gros mots pour un rien, une situation que certaines femmes ont déjà connue pendant la grossesse. Il s’agit d’une désinhibition totale du langage.

Les sautes d’humeur peuvent être comparées à un état maniaco-dépressif : on est euphorique sans raison apparente, puis soudain, une sensation de dépression s’installe en milieu de journée, sans cause compréhensible. Les crises d’anxiété sont également fréquentes, et ces symptômes sont particulièrement déroutants. D’après mon expérience et les nombreux témoignages de femmes que j’ai recueillis, il ne faut pas se contenter de subir ces symptômes liés à la ménopause. Ils révèlent souvent un déséquilibre dans le corps, qu’il convient de traiter, et ils peuvent aussi être des signes avant-coureurs de maladies futures.

On observe des liens entre ces symptômes de la ménopause et des risques accrus de maladies cardiovasculaires ou de diabète. Cependant, on peut aussi les envisager sous un angle positif : c’est peut-être le moment de s’affirmer, de dire qui l’on est vraiment. Ces sautes d’humeur peuvent aider à oser des choses qu’on n’aurait pas osé faire à d’autres moments de la vie, comme apprendre à dire non. J’aime beaucoup cette vision de la ménopause, je la trouve très juste et porteuse de sens.

Oui, c’est effectivement un processus d’empowerment féminin : prendre le contrôle de sa vie, agir et ne plus se laisser dicter des règles. Vivre pleinement qui l’on est.

En écoutant tous ces symptômes, je réalise combien de femmes ignorent encore l’existence de certains d’entre eux. Il est donc essentiel de libérer la parole à ce sujet, et je suis très heureuse que tu sois avec nous aujourd’hui.

Comment vivre au quotidien avec ces symptômes ?

Cela m’amène à me poser une question : comment fait-on pour vivre au quotidien avec ces symptômes ? Comment rééquilibrer son corps face à la ménopause ? Quelle est la réponse appropriée à ces manifestations ? Je reprends les termes que tu as employés pour approfondir le sujet.

Aujourd’hui, il existe un grand débat sur cette question, en particulier en ce qui concerne le traitement hormonal de la ménopause. Il y a véritablement une division dans la société à ce sujet.

Dans les années 1930, on a découvert les hormones et commencé à les utiliser pour traiter divers maux, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. On s’est rendu compte que la prise d’œstrogènes avait un effet sur la ménopause, et ces hormones ont été massivement prescrites aux États-Unis. Cependant, il s’est avéré que les administrer par voie orale n’était pas une bonne idée, et les prescrire sans progestérone était encore pire, car cela augmentait le risque de cancer de l’utérus.

À tâtons, on a finalement élaboré ce que l’on appelle aujourd’hui le traitement hormonal « à la française », qui consiste en une association d’œstrogènes administrés sous forme de crème, donc en application locale, plutôt qu’orale, car cela est néfaste pour le foie. Ce traitement est souvent utilisé pendant la ménopause pour soulager certains symptômes. Bien que je ne sois pas médecin, j’ai lu que cela protège mieux la fonction hépatique.

On y associe de la progestérone dite micronisée, un terme qui semble indiquer que ce traitement est naturel. L’association des deux est considérée comme la méthode la plus saine. Cependant, dans les années 1990, les Américains ont mené une vaste étude sur une décennie pour comprendre ce qui fonctionnait ou non concernant le traitement hormonal de la ménopause.

En 2002, ils ont tiré des conclusions hâtives, affirmant que les femmes sous traitement hormonal mouraient de maladies cardiovasculaires ou développaient des cancers du sein. Ils ont donc décidé de tout arrêter, pensant avoir fait une erreur. Toutefois, quelques années plus tard, ils ont reconnu s’être trompés, car les femmes traitées n’étaient pas les bonnes candidates, et ils n’avaient pas adopté le traitement à la française, ce qui rendait leurs conclusions erronées.

Le traitement hormonal a un véritable impact positif pour les femmes et il n’est pas associé aux risques que l’on avait identifiés au départ. Toutefois, les médias se sont emparés de la première nouvelle concernant les risques, mais ils n’ont pas relayé la seconde information qui les corrigeait. Nous sommes maintenant 20 ans plus tard, et pendant cette période, les femmes ont été largement détournées du traitement hormonal pour la ménopause, par crainte du cancer du sein.

Cette peur n’est pas rationnelle, car elle ne correspond pas à la réalité des études scientifiques publiées au cours des 20 dernières années sur le traitement hormonal de la ménopause. Bien entendu, tout médicament comporte des risques, mais les femmes ont une vision faussée de ce traitement. Cela me peine, car beaucoup de femmes me disent qu’elles n’envisageraient jamais de prendre un traitement hormonal. Je leur demande alors comment elles gèrent leur vie quotidienne, notamment si elles souffrent de troubles du sommeil et autres symptômes de la ménopause.

Certaines femmes m’expliquent qu’elles prennent des compléments alimentaires pour essayer de soulager leurs symptômes liés à la ménopause, mais elles reconnaissent que cela ne fonctionne pas toujours aussi bien qu’elles l’espéraient. Bien sûr, quelques-unes parviennent à calmer leurs symptômes grâce à des tisanes, des plantes ou divers compléments. Elles adaptent leur propre méthode, mais cela ne marche pas pour tout le monde. Il appartient à chacune d’explorer ce qui peut lui convenir pour mieux vivre la ménopause.

Cependant, beaucoup refusent par principe de demander à leur médecin si le traitement hormonal serait une option pour elles. Parfois, ce sont même les médecins eux-mêmes qui, sans enquête approfondie, leur disent qu’elles ne peuvent pas en bénéficier. Nous sommes, à mon avis, au début d’une révolution concernant la santé des femmes. C’est un véritable combat pour moi aujourd’hui.

Pourquoi le traitement de la ménopause a mauvaise presse ?

En tout cas, c’est un très beau combat, bravo pour cela, et merci de nous avoir expliqué cette chronologie de manière condensée pour que tout le monde puisse repartir avec le même niveau de connaissances. Cela m’amène à formuler une hypothèse : peut-être que si le traitement hormonal pour la ménopause a mauvaise presse, cela pourrait être en lien avec tout ce qu’on a entendu au sujet de la pilule contraceptive.

Oui, exactement, et j’ai ressenti la même chose. Cela fait cinq ans que je ne prends plus la pilule, car je me suis aperçue, à titre personnel, que la pilule progestative que je prenais avait complètement supprimé ma libido. Ne plus prendre de pilule a été totalement libérateur pour moi, et je pense que cette expérience influe sur la perception des femmes concernant les traitements hormonaux.

En interrogeant des médecins, j’ai compris que la pilule bloque le fonctionnement naturel du corps, alors que les hormones pour la ménopause viennent supplémenter le corps avec la quantité nécessaire pour chaque femme. Cette supplémentation est unique à chaque femme, permettant ainsi de préserver les bienfaits que les œstrogènes apportent à l’organisme. Il est donc important de ne pas mettre ces deux traitements sur le même plan.

La pilule contraceptive intervient de manière brutale en bloquant tout, tandis que les hormones liées à la ménopause compensent une déficience naturelle. Et à 50 ans, en sachant que l’espérance de vie est encore longue, il est important de maintenir le corps en bonne santé pour éviter une dégradation de la qualité de vie plus tard. C’est vraiment dans cette perspective que je vois les choses : prendre soin de notre corps en vue des nombreuses années qui suivent.

Personnellement, je n’ai pas encore atteint cette étape, mais ce sont les jalons que je pose pour anticiper les effets de la ménopause sur ma santé.

Pourquoi la ménopause est-elle encore tabou ?

C’est vraiment essentiel ce que tu fais, tu prépares ton corps et ta vie en amont. Merci pour ces précisions concernant les hormones de la ménopause, qui semblent être plus en harmonie avec le fonctionnement naturel de notre corps, contrairement à celles de la pilule, qui perturbent davantage. C’est un point essentiel que tu soulèves.

Pourquoi la ménopause est-elle encore si peu discutée, alors qu’il s’agit d’une étape normale dans la vie de toutes les femmes ?

Une des raisons pourrait être liée à l’invisibilité des femmes après 50 ans. Elles sont souvent perçues différemment, et la représentation dans les médias, notamment au cinéma, joue un rôle important. Prenons l’exemple des films Disney : les femmes d’un certain âge sont souvent dépeintes comme des sorcières ou des marâtres. Elles incarnent presque toujours le rôle de la méchante, sauf dans des films plus récents comme Vaiana, où la grand-mère a un rôle magnifique. Mais c’est un film très récent, et pendant longtemps, l’imaginaire collectif a été façonné par cette vision négative des femmes âgées.

Cette idée remonte à bien plus loin dans l’histoire. On trouve de nombreux écrits où les femmes qui n’ont plus leurs règles sont décrites comme gardant des « humeurs mauvaises » à l’intérieur de leur corps, capables de transmettre ces humeurs à un enfant simplement en le regardant. Des croyances délirantes, certes, mais qui ont, à mon avis, façonné durablement notre imaginaire collectif concernant les femmes âgées.

Les films comme ceux de Disney reflètent bien cette vision de la femme après la ménopause : une sorcière, une marâtre, ou une femme malveillante qui jette des sorts aux enfants. Cette vision contribue à leur donner le rôle de la « mauvaise femme » dès qu’elles atteignent un certain âge. Parce qu’elles cessent de saigner, on imagine qu’elles retiennent quelque chose de nocif en elles, du « sang empoisonné » qui finit par les empoisonner elles-mêmes. Ce type de représentation a longtemps façonné la manière dont on perçoit la ménopause dans notre société.

Et cela se retrouve aujourd’hui dans la société, avec l’invisibilisation des femmes de plus de 50 ans. Lorsqu’on observe la difficulté qu’elles rencontrent pour trouver un emploi, on constate que c’est un problème commun aux hommes et aux femmes seniors. Mais le culte de la jeunesse et de la beauté que nous avons développé accentue ce phénomène. En ce qui concerne la ménopause, elle devient un symbole supplémentaire de cette dévalorisation, où l’apparence et l’âge priment sur tout.

Une femme de 50 ans se voit souvent imposer l’injonction de conserver un visage aussi lisse que si elle en avait 30. Si elle ne correspond pas à ces normes esthétiques, sa valeur semble diminuer aux yeux de la société. La ménopause, avec ses signes visibles, est alors perçue comme une perte de valeur, car une femme qui ne peut plus enfanter est souvent considérée comme n’ayant plus de rôle social en tant que productrice de bébés. Cette vision réduit la femme à sa seule capacité de procréer.

Les femmes associent souvent, parfois malgré elles, leur féminité à leur capacité à procréer. Lorsqu’elles ne peuvent plus avoir d’enfants, certaines se demandent : « Suis-je toujours une femme ? » C’est une question que beaucoup se posent, malgré l’évidence de la réponse. Ce questionnement est alimenté par une société qui envoie des messages contraires et cela nécessite un travail sur soi pour se réapproprier sa féminité.

Il y a tellement d’injonctions qui pèsent sur les femmes, en particulier concernant la beauté. Cela concerne aussi les hommes, certes, mais le regard sur les femmes est souvent plus sévère. Une femme de plus de 50 ans est parfois perçue comme « périmée » par certains stéréotypes, alors qu’un homme du même âge est vu comme élégant, avec une certaine classe. Ce double standard est difficile à comprendre.

Tout cela relève des représentations sociales. Ce n’est qu’une question de regard, et c’est à nous de changer notre perception des choses.

Pourquoi as-tu lancé ton podcast ?

Oui, je suis tout à fait d’accord. Nous avons aussi besoin de rôles modèles et de discussions comme celle-ci, car elles sont essentielles. En parlant de discussions, tu t’es toi-même lancée dans l’aventure du podcast. C’est intéressant, car tu mentionnais en début d’épisode que tu ne connaissais pas vraiment le sujet. Qu’est-ce qui t’a poussé à t’intéresser à cela ? Tu as déjà commencé à l’expliquer, mais pourrais-tu me donner un peu plus de contexte ?

Pourquoi ai-je lancé ce podcast ? Cela vient de mon histoire personnelle. J’ai trois enfants, qui ont aujourd’hui 7, 10, et 13 ans. Je pense que lorsque j’avais 41 ou 42 ans, je suis allée consulter ma gynécologue après avoir eu mes trois enfants, en me demandant quelle serait la prochaine étape. À l’horizon, la ménopause se profilait, mais je ne savais pas trop quoi faire. Alors, je l’ai interrogée, et sa seule réponse a été : « Vous avez bien le temps. » En réalité, elle n’a pas répondu à ma question, mais je comprends qu’elle avait seulement 15 minutes avant le prochain patient.

Malgré tout, je suis repartie avec mes interrogations et une certaine frustration. J’ai donc commencé à me renseigner par moi-même sur la ménopause, et j’ai découvert qu’il n’existe pas de consensus clair sur la prise d’hormones. Ma mère souffre d’ostéoporose et s’est fracturé plusieurs vertèbres, ce qui signifie que je suis également à risque. En poursuivant mes recherches, j’ai appris que le traitement hormonal de la ménopause est la meilleure prévention contre l’ostéoporose. Les autres traitements sont moins efficaces que ce traitement préventif.

Il était donc évident que j’avais tout intérêt à envisager le traitement hormonal pour la ménopause, mais la question restait : pour combien de temps ? La Haute Autorité de Santé recommande une durée maximale de 5 ans, mais j’ai rencontré un gynécologue qui m’a dit que Jane Fonda prenait des hormones toute sa vie. Cela m’a fait réfléchir.

Et qu’il fallait suivre cette voie. Mais en réalité, il n’y a pas de consensus. Comment est-il possible qu’il n’y ait pas de consensus sur un sujet aussi central que la ménopause ? C’est de là que tout est parti. Au même moment, je constatais que le tabou des règles était en train de tomber, notamment en entreprise, et je me suis dit : si on peut faire exploser le tabou des règles, il n’y a aucune raison que l’on ne puisse pas briser le tabou de la ménopause. C’est ainsi qu’a germé l’idée de questionner les femmes pour qu’elles partagent comment elles vivent cette période de leur vie liée à la ménopause.

Avec les années qui passaient, entre 41 et 44 ans, je me suis posée de nombreuses questions : comment sera ma vie à 50 ans ? Aujourd’hui, je me sens encore jeune, mais pas tout à fait, et en même temps, pas encore vieille. Comment vivrai-je la ménopause à 50 ans ? Ce que je n’ai pas encore accompli, est-ce que je pourrais le réaliser plus tard ? Est-ce qu’il sera trop tard ?

Le fait d’aller rencontrer ces femmes et de les écouter m’a totalement libérée. Cela a été un parcours de transformation incroyable. J’ai réalisé à quel point ces femmes sont heureuses, libres, et affranchies du regard social. Elles sont désormais centrées sur elles-mêmes, et c’est, à mon sens, une parole inspirante et pleine de force.

Qu’est-ce que l’ostéoporose ?

Merci pour tout cet exposé. Cela me fait rebondir sur ce que tu viens de dire. Tout d’abord, qu’est-ce que l’ostéoporose pour les personnes qui nous écoutent et qui ne savent pas ce que c’est ? Ensuite, j’aimerais que tu continues à nous parler de ce que cette transformation personnelle, via tous ces témoignages, t’a apporté. Enfin, tu expliquais que le tabou des règles a explosé en entreprise, mais pourquoi la ménopause reste-t-elle encore un sujet tabou ? Oui, ça fait trois questions !

Pour répondre à la première question, l’ostéoporose est une fragilisation des os. Avec l’âge les os deviennent plus fins et se cassent plus facilement. C’est la raison pour laquelle, à 90 ans, il est fréquent de se casser le col du fémur, ce qui est un accident classique mais souvent difficile à surmonter. L’ostéoporose peut aussi affecter d’autres os, comme ceux des poignets.

La solidité des os peut être mesurée grâce à un examen appelé ostéodensitométrie, qui permet de voir leur résistance. Après la ménopause, il est essentiel de protéger ses os. Le meilleur moyen de le faire est de pratiquer du sport à impact, comme la marche ou la course, car la natation, par exemple, n’a pas d’effet sur la densité osseuse.

Si l’on souhaite éviter un traitement hormonal pour la ménopause, ou si on n’y a pas accès, une approche hygiéno-diététique peut être une bonne alternative. Cela implique beaucoup de sport et une alimentation saine, ce qui peut aider à préserver les os. Cependant, cela demande un investissement personnel que tout le monde n’est pas prêt à faire, d’autant que nous avons tous des vies bien remplies et qu’il n’est pas toujours facile de passer beaucoup de temps dans une salle de sport.

Il est néanmoins nécessaire de maintenir une activité physique régulière. À partir de la cinquantaine, si l’on n’a pas encore commencé à faire du sport, c’est le moment idéal pour s’y mettre. Si on en a déjà fait, il ne faut surtout pas arrêter, car cela aide à conserver une bonne santé osseuse.

On fait exploser le tabou des règles mais pas celui de la ménopause ?

Aujourd’hui, on parle de congé menstruel, même si cela n’a pas encore été adopté en France, contrairement à l’Espagne. Je trouve que les femmes plus jeunes, autour de 25-30 ans, n’hésitent pas à dire : « Aujourd’hui, j’ai mes règles. » Ce n’était pas du tout ainsi que j’ai été éduquée, mais je trouve qu’elles ont totalement raison. Elles sont les rôles modèles d’aujourd’hui, cette génération qui met la question du corps de la femme au centre des discussions.

Ce qu’elles soulignent, c’est que notre corps est différent de celui des hommes : nous avons un utérus, nous ne sommes pas des machines, et notre fonctionnement est cyclique, influencé par des hormones. Les hommes ont sans doute aussi des aspects de leur corps à découvrir, mais nous, en prenant conscience de notre propre corps, refusons désormais de mettre ces réalités sous silence.

Il est important de reconnaître notre cycle et nos différences tout en luttant pour l’égalité salariale et l’égalité patrimoniale. Nous devons utiliser nos propres moyens, en respectant notre corps tel qu’il est, sans aller à l’encontre de son fonctionnement naturel. Oui, la ménopause fait partie de la vie, et nous devons surmonter le stigmate qui entoure cette étape, plutôt que de la percevoir comme une honte. Assumer sa ménopause, c’est dire : « Oui, je suis ménopausée, et c’est normal. »

Moi-même, je ne suis pas encore ménopausée, donc je ne sais pas exactement comment je réagirai lorsque cela arrivera. Mais je crois fermement que c’est vers cela qu’il faut tendre. Cependant, ce n’est pas gagné. C’est un chemin difficile, et je comprends parfaitement les femmes qui disent : « Il n’est pas question que je parle de ma ménopause. » Elles ont raison de se méfier, car la société n’est pas encore prête à entendre ce discours.

Quelles transformations ton podcast t’a apporté ?

Juste avant de rebondir, il y avait une dernière question que j’avais posée : quelles transformations personnelles ces discussions avec toutes ces femmes t’ont apportées ? Bien sûr, à l’instant T, car il est évident qu’il y en aura d’autres à venir.

Pour moi, la transformation a été avant tout de découvrir des femmes qui s’assument pleinement et qui sont à l’aise dans leur corps, malgré les changements liés à l’âge et à la ménopause. Il y a de tout dans ces témoignages. Par exemple, j’ai souvent abordé la question de la chirurgie esthétique

Dans un épisode, j’ai discuté avec Sylvie, qui a 65 ans. Elle m’a confié être allée voir un chirurgien esthétique, et il lui a demandé une photo d’elle plus jeune. Elle a trouvé cela absurde, car ce médecin ne l’avait jamais vue avant, et là, à 65 ans, il ne voyait qu’une version d’elle-même qu’elle ne pouvait plus changer. Elle s’est alors dit : « C’est trop tard. » Son message était clair : si vous avez envie de faire de la chirurgie esthétique, faites-le à 55 ans ou avant, quand vous y pensez. Ne repoussez pas indéfiniment cette décision.

Il est important de noter que, plus que la chirurgie, il s’agit souvent de soins esthétiques. Beaucoup de femmes aujourd’hui optent pour des injections d’acide hyaluronique, entre autres. Personnellement, je ne connais pas bien ce milieu, mais cela m’a ouvert les yeux sur la diversité des choix que font les femmes pour rester en accord avec leur apparence, surtout à un âge où la ménopause apporte aussi des changements visibles.

J’ai également eu une conversation avec Claire Fournier, qui m’a raconté qu’elle avait fait enlever la ride du lion, cette ligne entre les sourcils, car lorsqu’elle passait à la télévision, elle avait toujours l’air sévère. En réalité, elle était simplement concentrée, en train de lire ses notes. Son dermatologue lui avait dit de ne rien dire à personne, même pas à son mari, car son travail était si léger et naturel que personne ne le remarquerait. 

Mais ce côté « je ne vais pas le dire » est tellement malsain. Cela crée une comparaison entre les femmes, où l’on croit que tout est naturel, sans savoir que certaines ont eu recours à des interventions esthétiques. C’est un peu comme les débats d’il y a 20 ans autour des femmes qui se faisaient refaire les seins : si tu ne le dis pas, les autres femmes s’imaginent que tout est naturel, sauf chez elles. 

Je suis totalement d’accord avec toi, c’est toxique de ne pas parler de ces chose. Nous sommes des êtres humains, et partager nos expériences peut inspirer et créer de l’empathie. Dire « oui, je suis passée par là aussi » ou « je vais peut-être y passer un jour » peut aider à normaliser ces conversations. Le silence ne fait que renforcer l’idée fausse que personne ne vit ces transformations. Les réseaux sociaux jouent un rôle clé ici, même si je trouve qu’Instagram s’est amélioré.

Il est vrai qu’il est difficile de comparer des expériences de vie totalement différentes, avec des valeurs différentes. Mais la comparaison reste un réflexe humain, malheureusement. Et cela devient encore plus complexe quand on parle de transformations physiques liées à des étapes comme la ménopause, car chaque femme la vit de manière unique.

Les inégalités en entreprise pour les femmes

Ce que tu dis me fait penser à une autre question concernant les femmes en entreprise. J’ai l’impression qu’on demande aux femmes de se comporter comme des hommes dans ce milieu, en s’attendant à ce qu’elles soient aussi performantes, sans prendre en compte leurs spécificités. Les femmes ont un cycle menstruel, peuvent vivre des grossesses, et c’est d’ailleurs la grossesse qui provoque 80% des inégalités salariales. Malheureusement, il y a trop peu de mesures mises en place en entreprise pour prendre en compte ces réalités. C’est triste de voir qu’on ne valorise pas la spécificité des femmes dans ces contextes.

Il est essentiel de reconnaître que les femmes sont différentes, mais ces différences sont complémentaires, pas inférieures. Il est normal d’accueillir et d’accepter cette diversité, même si tout le monde ne le perçoit pas ainsi. Pour moi, il est naturel de valoriser ces différences car elles sont une richesse et non une faiblesse.

Les hommes sont de plus en plus prêts à accepter cette réalité. Nous en sommes encore au début de cette prise de conscience, même du côté des femmes. Mais je n’ai aucun doute que les choses avanceront. Pendant longtemps, les femmes étaient si peu nombreuses à accéder à des postes au sein des comités de direction qu’elles devaient se conformer aux codes masculins pour y parvenir. Aujourd’hui, la situation a changé, et nous sommes dans une phase où nous revendiquons la possibilité d’y arriver à notre manière, tout en intégrant nos spécificités.

Cette période de changement est l’occasion d’introduire davantage de « féminin » dans le monde du travail, et cela inclut la reconnaissance des réalités.

Que signifie la fin des règles pour toi ?

C’est encourageant de voir que la société évolue, et c’est une bonne chose. Pour revenir à ce que tu disais sur ton podcast, j’y pense et je fais quelques allers-retours. Ton podcast s’appelle La fin des règles. Que signifie ce titre pour toi ?

Pour moi, La fin des règles signifie à la fois la fin des règles menstruelles et la fin des règles que l’on accepte et que l’on s’impose. C’est un moment de retour à soi, où l’on commence à vivre pour soi. Après la ménopause, on ne vit plus uniquement pour les enfants si on en a eu, mais on se recentre sur ses propres rêves et désirs. C’est une forme de libération, à mon sens.

C’est ainsi que nous pouvons trouver nos propres rôles modèles, nous inspirer les unes les autres et gagner en confiance, car cette étape marque le début d’une nouvelle phase dans nos vies.

Quelles solutions pour les entreprises ?

Peut-être qu’une solution pour les entreprises serait de mettre en avant des rôles modèles au sein de leurs équipes pour montrer l’exemple. Qu’en penses-tu ? As-tu d’autres solutions que tu conseillerais aux entreprises pour mieux intégrer la question de la ménopause ?

Oui, je pense que les entreprises doivent créer une culture accueillante pour la ménopause, où les femmes se sentent à l’aise d’en parler et que cela ne tombe pas comme un sujet embarrassant. Cela implique que tout le monde soit informé des symptômes, de ce qu’elle représente, de ses impacts sociaux, et des préjugés qui l’entourent. Simplement en posant ces questions sur la table et en les réfléchissant, on peut mieux les appréhender. Cela passe donc par la sensibilisation de tous les collaborateurs.

Ensuite, sur un plan plus concret, pour les femmes qui portent des uniformes, il serait utile de veiller à ce qu’ils ne soient pas en polyester, d’offrir la possibilité d’ajouter ou de retirer des couches de vêtements, ou encore de fournir un accès à un ventilateur ou à des fenêtres ouvertes. Ce sont des ajustements simples, mais qui peuvent faire une grande différence. Par ailleurs, beaucoup de femmes en télétravail trouvent cela très confortable lorsqu’elles ne se sentent pas bien, et cela est souvent bien accepté. Toutefois, il ne s’agit pas de généraliser cette pratique, car cela peut distendre les liens au sein de l’entreprise.

C’est intéressant. Est-ce que tu accompagnes les entreprises sur ces sujets ? Tu aurais beaucoup à leur apporter.

Oui, tout à fait. J’organise des ateliers de sensibilisation, soit pour les femmes, afin de libérer la parole, soit pour les équipes des ressources humaines, pour les aider à comprendre les enjeux, notamment les discriminations potentielles lors de l’embauche de femmes en période de ménopause. J’organise également des sessions pour les managers, afin qu’ils connaissent les symptômes et soient attentifs aux besoins des collaboratrices, sans tomber dans les petites moqueries, qui, je pense, appartiennent au passé, mais il faut rester vigilant.

Peux-tu approfondir un peu plus sur ces ateliers de sensibilisation ? Comment aides-tu les femmes à libérer leur parole, et comment ces ateliers se déroulent-ils pour sensibiliser les entreprises ?

Bien sûr. J’installe des groupes de parole où je commence par fournir des informations de base, similaires à ce que j’ai partagé aujourd’hui : replacer la ménopause dans un contexte social et culturel, rappeler les symptômes principaux, et donner des statistiques. Ces données aident à montrer aux entreprises l’importance de fidéliser leurs collaboratrices car aujourd’hui, il y a un véritable enjeu à ce niveau.

Pourquoi les femmes quittent leurs postes ou refusent des promotions pendant la ménopause ?

En Angleterre, ils ont mené de nombreuses études et sondages sur ce sujet, bien que nous n’ayons pas encore de chiffres français. Cependant, les données du Royaume-Uni sont révélatrices, car ils ont environ 10 ans d’avance sur ce sujet. Il y a 20% des femmes qui refusent une promotion à cause des symptômes de la ménopause, et 10% d’entre elles quittent carrément leur emploi.

Cela montre que la ménopause n’est pas un petit sujet. Les conséquences sont sérieuses : une baisse de revenus pour ces femmes, ce qui signifie qu’elles n’auront pas une retraite à taux plein. Cela a un impact sur le « matrimoine » comme tu le dis, et entraîne des répercussions en chaîne. Il est donc important de garder ces femmes en emploi et de leur fournir les moyens de travailler sereinement car cela affecte une génération entière.

Comme je te le disais, quand tu ne dors pas bien la nuit à cause des symptômes de la ménopause, tu n’es pas vraiment en état de faire plus que ce que tu fais déjà. Si tu fais semblant que tout va bien alors que tu es en train de surnager, c’est épuisant.

Si on fait un parallèle avec les femmes enceintes, elles sont visibles au travail, entre 25 et 35 ans, avec un ventre qui grossit, et elles sont souvent accueillies avec bienveillance par leur hiérarchie.

Si elles oublient une réunion ou font face à des oublis liés à la grossesse, cela est souvent compris et accepté. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour les femmes en ménopause, dont les symptômes sont invisibles.

Parce que c’est la culture qui veut ça, c’est les préjugés qu’on a en soi et contre lesquels il faut lutter. Il faut reconnaître que cela fait partie de la culture dans laquelle nous évoluons, et ce sont des préjugés enracinés qu’il est nécessaire de déconstruire. Toutefois, on ne peut pas blâmer individuellement les gens pour cela, car c’est profondément intégré dans nos sociétés.

Quand il s’agit de la ménopause, les gens ne comprennent pas vraiment ce que cela implique. Ils s’attendent à ce qu’une femme de 50 ans soit aussi performante et efficace qu’elle l’était auparavant. Si elle commence à dire qu’elle a des pertes de mémoire ou des difficultés à se concentrer, cela est souvent très mal perçu. Les femmes qui occupent des postes à responsabilités sont particulièrement sous pression, car ces symptômes liés à la ménopause ne sont pas acceptés dans un contexte où l’on attend d’elles une performance constante.

Ainsi, elles font tout pour masquer ce qu’elles traversent et essaient de faire croire que tout va bien, alors que ce n’est pas le cas. Quand une promotion se présente, elles ne se sentent pas en état de prendre plus de responsabilités, mais elles n’osent pas dire pourquoi elles refusent. Un cercle vicieux et malsain s’installe, car la ménopause reste un sujet tabou.

Cela me fait penser aux femmes qui souffrent de règles très douloureuses au travail. Elles aussi masquent leur douleur, font semblant que tout va bien, parce que la culture du travail les a poussées à ne pas montrer leur souffrance. Elles craignent que cela nuise à leur carrière, qu’on leur mette des bâtons dans les roues. Ce genre de comportement est encore répandu dans les entreprises qui ne sont pas bienveillantes ou accueillantes envers les réalités des femmes.

Trouver des entreprises qui accueillent ces changements et sont sensibles aux besoins des femmes, des minorités et des individus en général reste un vrai défi. C’est un sujet de fond qui mérite d’être abordé pour créer un environnement de travail plus inclusif et bienveillant.

Comment savoir si l’entreprise est accueillante pour toi ?

Je ne sais pas si tu aurais des conseils à donner à une femme qui se pose la question : comment savoir si une entreprise est bienveillante et peut accueillir des réalités comme la ménopause ou des règles douloureuses ? Quelles seraient les clés pour le découvrir avant de s’engager dans cette entreprise ?

Aujourd’hui, en France, il n’y a pas encore d’entreprises qui ont mis en place un congé spécifiquement pour la ménopause, mais il y a des avancées. Certaines entreprises ont instauré des congés sans justification, qui peuvent être utilisés pour des situations comme l’endométriose, des règles douloureuses, ou même des symptômes liés à la ménopause. Ces congés permettent aux employés de prendre un jour de repos sans avoir à expliquer en détail la raison, ce qui est une avancée formidable.

Je suis tout à fait d’accord, c’est vraiment une belle initiative. Le fait de ne pas avoir à se justifier est essentiel, car ces sujets peuvent être encore tabous. Parler de son corps, de ses symptômes liés aux règles ou à la ménopause avec son employeur n’est pas toujours évident, et on peut comprendre pourquoi. Ces congés offrent une sorte de compromis, permettant à chacun d’utiliser ces jours de manière appropriée, sans pression.

Cela permet aussi aux femmes de mieux gérer ces situations sans avoir à entrer dans des détails personnels avec leur employeur. C’est un pas vers plus d’inclusivité et de bienveillance en entreprise.

Comment traverser la ménopause dans les meilleures conditions ?

C’est une excellente question. Même si nous avons déjà parlé du sport et de la gestion physique, il est également important d’aborder la santé mentale. Ce sujet mérite d’être exploré, car il joue un rôle indispensable dans cette période de vie.

La santé mentale est effectivement un point clé pendant la ménopause. Comme je l’ai mentionné plus tôt, les changements hormonaux affectent la physiologie du cerveau, ce qui impacte directement la stabilité émotionnelle. Pendant la ménopause, cette stabilité est souvent perturbée. Toutefois, cela fait partie du processus naturel dans le corps d’une femme, et après quelques années, les choses reviennent généralement à la normale. Il n’y a donc pas toujours besoin de surmédicaliser ce passage.

Cependant, pendant cette période, c’est quelque chose de très difficile à vivre, tant pour soi-même que pour son entourage, comme l’ont souligné de nombreux témoignages. Les femmes qui étaient déjà sujettes à la dépression ou qui ont vécu un postpartum difficile sont plus à risque de souffrir de dépression pendant la ménopause. Dans ces cas-là, le traitement hormonal peut s’avérer d’une grande aide pour réguler l’humeur et apporter un soutien essentiel.

La prise en charge de la santé mentale est donc tout aussi importante que les aspects physiques, et les femmes doivent se sentir soutenues dans cette démarche.

Quels sont les témoignages qui t’ont le plus marqué ?

Oui, je vois. On se fait une boucle avec ce que tu disais tout à l’heure. Et ça me fait penser aussi parce que tu parles de témoignages. C’est quoi les témoignages dans ton podcast qui t’ont le plus marqué ?

Il y a beaucoup d’épisodes que j’adore. Le tout premier, je n’étais pas encore très bonne, moi c’était mon premier, avec Dominique Lévy qui a été directrice générale Ipsos et qui raconte comment elle a fait une carrière en tant que femme dans le boy’s band, c’est ok, je suis arrivée au COMEX d’une grosse boîte, je suis devenue directrice générale, mais finalement je l’ai fait avec les codes masculins.

J’ai trouvé qu’elle avait eu un regard sur son parcours, qui était très juste et très riche, j’ai adoré cet épisode et j’ai eu énormément de retours.

Après dans les plus récents il y en a plein que j’adore, il y en a un avec Sarah qui parle du développement impersonnel.

Elle parle de l’impasse qu’il y a à vouloir toujours chercher à aller mieux à tout prix et comment il faut se décentrer, arrêter de mettre l’égo au centre de tout pour vraiment aller mieux, si c’est ça qu’on veut. Et en dehors de ça, on a parlé de l’amour, et c’est un épisode aussi que j’ai trouvé incroyable.

Un épisode que j’ai fait récemment avec une experte, elle est médecin en médecine sexuelle et elle parle de testostérone pour les femmes. Là hyper novateur parce que c’est vrai que les femmes en France prennent pas de testostérone. Et elle explique dans quel cas elle en prescrit et ça aussi ça a été vachement, ça a vachement plu, mais sinon plein d’autres épisodes que j’adore.

Développe cette histoire de testostérone pour les femmes

Ah oui, bien sûr, je peux en parler un peu plus. Dans cet épisode de podcast, ce qui m’a vraiment frappée, c’est que j’ai découvert beaucoup de choses que j’ignorais sur la testostérone chez les femmes, en particulier en lien avec la perte de libido pendant la ménopause. En plus des autres symptômes, il y a souvent une sécheresse vaginale qui peut rendre les rapports sexuels douloureux, et l’absence d’œstrogènes dans le corps contribue à cet assèchement. Certaines femmes n’ont plus du tout envie de relations intimes, notamment à cause des symptômes physiques et émotionnels. J’ai même eu une auditrice qui m’a confié qu’elle avait l’impression que sa vie amoureuse était terminée.

Certaines femmes se contentent de cette situation, mais d’autres aimeraient retrouver une vie intime plus active. Même avec un traitement hormonal classique pour la ménopause, associant progestérone et œstrogènes, cela ne suffit parfois pas à raviver le désir sexuel. C’est là que la testostérone entre en jeu. Ce que beaucoup ignorent, c’est que la testostérone est l’hormone clé du désir sexuel, même chez les femmes. Bien que les femmes aient naturellement environ 10% de la quantité de testostérone que les hommes possèdent, une supplémentation peut aider à retrouver une libido comparable à celle qu’elles avaient auparavant.

Si des femmes qui nous écoutent prennent déjà des hormones pour la ménopause et constatent une perte de désir sexuel, elles pourraient se renseigner sur l’apport en testostérone. Cela pourrait faire une réelle différence. Mais en France, c’est encore compliqué.

Aujourd’hui, en France, la testostérone n’est pas prescrite pour cette indication avec une autorisation officielle de mise sur le marché. C’est seulement en Australie que c’est considéré comme une indication normale pour les femmes. Même si des sociétés savantes internationales ont recommandé son usage dans ce cadre, la France accuse un certain retard, tout comme avec la gestion de la ménopause en général. Les recommandations en France n’ont pas été mises à jour depuis 2014, malgré l’évolution de la littérature scientifique, ce qui n’est pas normal.

C’est assez frappant de voir à quel point la science avance plus vite que les institutions dans ce domaine. Pour répondre à ta question, non, ce n’est pas sous forme de pilule. La testostérone se prend sous forme de crème, que l’on applique sur la peau. Ce mode d’administration permet une absorption progressive et contrôlée.

Pourquoi les recommandations pour la ménopause n’ont jamais été mises en place ?

Ok, mais attends, par contre, comment ça se fait qu’il y a un tel décalage ? Pourquoi les recommandations ne sont pas mises en place ? Pourquoi ça ne date que depuis 2014 alors qu’il y a eu plein de littérature ?

C’est de la politique. J’ai fait un épisode avec Laurence Rossignol, qui est sénatrice, qui a permis le passage dans la constitution de l’IVG. Une femme incroyable. J’ai vu que dans le rapport sur la santé des femmes au travail, parce qu’il y a eu un rapport qui est paru l’année dernière. Il y avait parmi les recommandations de mettre à jour les recommandations de la haute autorité de santé sur la ménopause, ça fait partie des choses à faire, où ça en est. 

Elle m’a dit, moi j’ai saisi le ministre, mais bon le ministre il a encore changé, alors il faut que je ressaisisse le nouveau ministre. Parce que ça, c’est plus entre nos mains, il faut en parler, il faut continuer à en parler pour que ça bouge.

Comme tu dis, il faut continuer à en parler pour que ça bouge. Comme ça, les politiques, on espère qu’ils vont prendre ce sujet au sérieux, parce que c’est la vie en fait, c’est normal.

Le mot de la fin

Je vous recommande d’aller écouter La fin des règles, découvrir les témoignages de ces femmes parce que je trouve que même plus jeune, même si vous avez 35 ans, il y a des choses à saisir et à aller sentir de ces parcours de femmes qui parlent avec une très grande liberté. 

Un épisode que j’ai fait à l’hôpital le 2ème avec Ray Gagnereau, qui raconte ça avec beaucoup de franchise. Moi je trouve que c’est des beaux rôles modèles ces femmes et que c’est important qu’elles soient découvertes autrement que par l’image que la société porte sur elles, qu’elles puissent être leur propre porte-parole. 

C’est normal que je m’en sois préoccupée après la quarantaine, et même beaucoup de gens me disent que je m’en préoccupe beaucoup trop tôt, ils ont très certainement raison, c’est des sujets qu’on aborde à 50, j’ai pas de raison de le faire avant, mais je trouve ça bien d’être préparé. J’avais discuté avec Pascale Lambroso, qui m’avait dit qu’elle avait entendu cette phrase, qu’il avait beaucoup remarqué, qu’elle disait, la ménopause ça se prépare à 40 ans. Il faut 10 ans pour se préparer à la ménopause. Donc en fait, c’est un peu ce que je fais, et oui, je pense que c’est ce qu’il faut faire.

Oui c’est vrai que ça fait un vrai cheminement intérieur qui est bénéfique pour pour toutes et tous aussi puisque les hommes doivent se mobiliser sur ce sujet pour qu’ils nous comprennent et souvent je pense que se préparer, c’est juste avoir accès à ces témoignages, entendre des femmes plus âgées parler d’elles. 

Ils le font, ils sont très à l’écoute moi, je trouve les hommes. J’ai des auditeurs qui m’écrivent. Vraiment, c’est incroyable. J’ai fait un premier épisode avec un homme qui sort dimanche, qui parle d’andropause. Il y a une vraie demande des hommes de comprendre ce que c’est que cette histoire de ménopause pour les femmes.

C’est trop bien, hâte de t’écouter aussi ce nouveau épisode qui va sortir prochainement. Et encore une fois, c’est toujours plein d’espoir de savoir que ça intéresse tout le monde. Parce que c’est comme ça qu’on pourra avancer main dans la main, pour une société plus juste et plus égalitaire.

Qui sont tes rôles modèles ?

Pour continuer avec les dernières questions que je peux te poser, qui sont tes rôles modèles ? J’imagine toutes les personnes que tu as interviewées dans ton podcast, mais si tu devais en sélectionner.

D’abord, Laurence Rossignol parce qu’effectivement, je trouve que c’est une femme qui a le bon positionnement. Pendant l’interview, je lui ai demandé ce en quoi elle croyait, c’était quoi un futur désirable pour elle, c’était comment elle voyait l’avenir. Et elle m’a dit, avec la guerre avec la Russie, avec les trucs, etc., on a l’impression qu’on laisse un monde en piteux état, mais en fait, il y a un truc qui a vraiment bouleversé le monde, c’est le féminisme.

Il y a vraiment une raison de se réjouir, c’est le féminisme. Et j’ai adoré qu’elle dise ça, je me suis dit elle a tellement raison, c’est vraiment notre victoire, ce qu’on a réussi à faire.

C’est important de la célébrer, de la mettre en avant. Parce que si on ne célèbre pas les choses bien, c’est vrai que dans notre société actuelle, c’est vrai qu’on se focalise surtout sur tout ce qui est négatif et pas sur les avancées qui sont faites. Et je pense que pour rediriger vers une meilleure société, le féminisme et toutes les célébrations qu’on peut faire, c’est hyper essentiel. Laurence Rossignol, tu as d’autres personnes en tête ?

Une femme que j’aime beaucoup aussi, Catherine Barba, parce que je l’ai rencontrée à l’occasion d’une formation que j’ai faite chez Envi et je trouve qu’elle est rayonnante et qu’elle apporte énormément de confiance, d’énergie, incroyable.

Quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui nous écoutent ?

J’ai réfléchi à un livre que je pouvais vous recommander de lire. C’est Uterus de Leah Hazard. C’est un bouquin fait par une anglaise qui est sage-femme et qui a fait une recherche sur l’histoire de cet organe méconnu à travers le temps et au pouvoir extraordinaire. Il y a un chiffre que j’ai tiré de ce livre qui m’a marquée. C’est qu’elle s’est rendue compte qu’il y a eu 15 000 études faites sur le sperme et le spermatozoïde et 400 études faites sur les fluides menstruels

Il y a encore un réservoir de connaissances à aller chercher pour soigner les femmes qui est fantastique. Il faut se dire qu’on ne peut aller que mieux avec toute la science qui cherche, qui est devant nous à les déterrer, à les exploiter.

Qu’est-ce que tu as retenu sur le pouvoir de notre utérus ?

Elle dit qu’on fait des transplantations de cœur, on fait des transplantations de tonnes d’organes, de reins, enfin surtout de reins en fait. Mais on n’a jamais pensé à faire des transplantations massives d’utérus et qu’il n’y a pas de raison en fait. Qu’on ne transplante pas des utérus à des femmes qui ont des utérus dysfonctionnels pour qu’elles puissent avoir des enfants, c’est un des exemples que je donne de ma lecture mais c’est un très beau livre, c’est vraiment un livre que j’ai adoré lire récemment.

Merci beaucoup pour cette recommandation, elle sera dans la description pour les personnes qui veulent aller explorer le sujet. Parce que moi aussi ça m’intéresse, je pense que je vais aussi aller me l’acheter.

Que signifie le terme féminisme pour toi ?

C’est déjà qu’aujourd’hui on a accès à une égalité juridique, ce qui n’était quand même pas gagné, parce que ma mère me rappelle souvent qu’elle-même, elle n’avait pas un compte en banque à son nom et que le jour où elle a découvert qu’elle ne pouvait pas ouvrir un compte en banque, elle est tombée des nues, c’était dans les années 60, c’était la vie de ma mère. Aujourd’hui, elle a 80 ans, donc c’est ça vraiment, elle l’a vécu. Mais aujourd’hui, il faut qu’on atteigne l’égalité patrimoniale, enfin matrimoniale si on veut, c’est vraiment l’enjeu.

L’égalité salariale, l’égalité de la capacité d’investissement, c’est à mon avis un gros enjeu. Et pour moi, le sujet principal, c’est effectivement la santé des femmes aujourd’hui. C’est d’avoir une égalité d’accès à la santé, une égalité de possibilité avec nos corps tels qu’ils sont, corps d’homme, corps de femme.

Je te rejoins totalement sur cette définition. C’est vrai que ça me paraît toujours assez dingue qu’il y a 100 ans les femmes n’avaient pas acquis les droits tels qu’on a maintenant et qu’ils nous paraissent normaux. Donc c’est vrai qu’il faut remettre l’église au centre du village, cette constatation, puisque la société a vraiment fait un vrai bond géant en très peu de temps au final et que c’est chouette.

Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?

Alors, moi, je pense à Mona Chollet, que j’adorerais inviter aussi d’ailleurs. Ces livres m’ont beaucoup apporté aussi, beaucoup ouvert les yeux. Sorcières, La puissance invaincue des femmes.

C’est vrai que je ne l’ai pas lu, il faudrait que je le mette dans ma PAL. Mais c’est vrai que Mona Chollet, c’est une personne féministe, une autrice féministe très connue et qui apportait beaucoup à part ses livres, donc c’est très chouette.

Merci beaucoup pour cet épisode, c’était très enrichissant, on a appris plein de choses et je vous dis à toutes les personnes qui nous écoutent, ciao, à la prochaine !

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