Bonjour, bonsoir à toutes les personnes qui nous écoutent pour ce podcast hebdomadaire. Je suis en compagnie de Rabab Chenanfa, avec qui nous allons parler de la santé des femmes. Rabab, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites, pour que chacun comprenne ton parcours et ton engagement.
Bonjour Esthel, et merci beaucoup de m’avoir invitée sur ton podcast. Pour me présenter en quelques mots, je suis Rabab, rédactrice web SEO et créatrice de contenu sur LinkedIn, et je me spécialise dans l’accompagnement des entrepreneurs en lien avec l’empowerment et la santé des femmes.
Cela signifie concrètement que je les aide à créer du contenu destiné à développer leur visibilité, à renforcer leur audience, et à augmenter leurs ventes. Je tiens également à mentionner que je suis maman, car cela fait pleinement partie de ma vie et de mon engagement autour de la santé des femmes. Maman de deux enfants, une fille de trois ans et demi et un garçon de presque six ans.
C’est un aspect important, car cela a beaucoup influencé le changement de vie que j’ai entrepris ces dernières années, ainsi que mon implication dans ces thématiques. Que dire d’autre ? J’ai toujours été très curieuse et intéressée par les moyens d’améliorer le quotidien des femmes et de contribuer à la santé des femmes. Enfant, j’avais l’habitude de questionner mes parents sans relâche, de demander « pourquoi » et de remettre en question l’ordre établi pour voir comment les choses pouvaient évoluer.
Quel est l’état des lieux de la santé des femmes ?
Merci pour ta présentation, nous aurons l’occasion d’approfondir tout ce que tu viens de nous partager. En effet, ce que j’aime bien faire au début de chaque épisode de Matrimoine féministe, étant donné qu’il s’agit d’un féminisme éducatif, c’est poser quelques bases sur le sujet afin que tout le monde reparte avec les mêmes clés de compréhension, quel que soit son niveau. Et donc, vu que notre sujet est la santé des femmes, j’aimerais savoir quel est l’état des lieux actuel de la santé des femmes.
Alors, concernant la santé des femmes aujourd’hui, il y a beaucoup de choses à aborder. Je vais essayer de rester synthétique. Tout d’abord, la santé des femmes inclut plusieurs aspects : la santé physique, la santé mentale, et pour moi, un point majeur, la santé gynécologique et menstruelle, ainsi que le bien-être sexuel. Ce sont des domaines essentiels. Concernant la santé des femmes, il y a eu des progrès notables. Commençons par les points positifs avant de mentionner les aspects critiques. Par exemple, la mortalité maternelle a diminué de manière significative.
Durant l’accouchement, on est loin des décès fréquents liés aux complications post-partum que l’on observait jusqu’au début du 20e siècle. En France, par exemple, on dispose d’une bonne prise en charge pour ce qui est de la contraception, car de nombreux moyens contraceptifs sont remboursés à 100 % pour les femmes de moins de 26 ans, ce qui représente une avancée en matière de santé des femmes.
Au-delà de 26 ans, c’est plus complexe : la prise en charge est partielle, voire inexistante, ce qui montre les limites du système actuel. Un autre aspect positif est la meilleure représentation des femmes dans les essais cliniques, ce qui permet de mettre sur le marché des médicaments mieux adaptés à la santé des femmes.
Cependant, cette évolution est très récente. Aux États-Unis, il a fallu attendre les années 90 pour que les essais cliniques incluent davantage de femmes, et en Europe, cela n’a été effectif qu’à partir des années 2000. C’est assez alarmant. À ce sujet, un livre intitulé Pilules Roses, écrit par Juliette Ferry-Danini, est sorti l’an dernier, et il aborde ces enjeux.
Elle parle du Spasfon, un médicament prescrit aux femmes, notamment pour les douleurs menstruelles, alors qu’il a été testé sur des hommes. Cela a créé une véritable polémique. On observe donc quelques améliorations en cours dans ce domaine, mais il reste des défis importants pour la santé des femmes.
Les principaux problèmes rencontrés par la santé des femmes incluent encore une inégalité en termes de prise en charge et de perception. En effet, un rapport de Santé publique France, publié en février ou mars 2024, révèle que les femmes se perçoivent globalement en moins bonne santé que les hommes, alors qu’elles vivent en moyenne plus longtemps, adoptent une meilleure hygiène de vie, consomment moins d’alcool et de tabac. Cela souligne un enjeu essentiel pour la santé des femmes.
Selon Santé publique France, cette situation pourrait être liée à des environnements de travail peu adaptés à la santé des femmes, en particulier la santé menstruelle, et aux risques psychosociaux, car les femmes sont plus susceptibles de développer des dépressions et d’autres troubles psychologiques. Ces facteurs montrent l’importance de prendre en compte la santé des femmes de manière plus globale.
Un autre élément majeur est la charge mentale et domestique, souvent supportée de manière inégale par les femmes. À l’échelle mondiale, la santé des femmes est aussi impactée par un accès parfois restreint aux soins, des discriminations fondées sur le sexe, et des violences gynécologiques, heureusement de plus en plus dénoncées. Ces difficultés sont souvent exacerbées par des tabous et des pratiques culturelles, comme l’excision, et par la honte associée dans certaines cultures à la santé sexuelle des femmes.
Pourtant, avec environ 51 % de la population en France constituée de femmes, il n’y a aucune raison pour que les choses n’évoluent pas dans le bon sens. La prise de conscience et les actions en faveur de la santé des femmes progressent, et il est essentiel de continuer dans cette voie.
Les entreprises et les femmes
Merci beaucoup pour le tableau que tu nous as transmis. Je le trouve très complet, et il peut vraiment offrir des clés et des bases aux personnes qui nous écoutent, surtout à celles qui ne maîtrisent pas encore ces sujets. Ce partage est précieux, merci encore pour cela. En t’écoutant, plusieurs réflexions me sont venues, notamment concernant les entreprises. C’est vrai qu’on demande souvent aux femmes d’être productives comme si elles n’avaient pas de spécificités liées à la santé des femmes, en ignorant par exemple les cycles menstruels ou la capacité à donner la vie, qui sont des réalités que les hommes, ou les personnes ne s’identifiant pas en tant que femmes, ne vivront jamais.
Cela m’a toujours surprise que les entreprises ne mettent pas en place des aménagements permettant aux femmes de concilier leur identité avec leur vie professionnelle. Certaines choses évoluent, mais il reste encore beaucoup à faire pour intégrer pleinement les besoins spécifiques liés à la santé des femmes dans les entreprises. Ce manque de prise en compte m’a vraiment marquée.
Autre sujet qui m’a frappée, c’est le fait que le Spasfon, utilisé pour la santé des femmes, n’ait été testé que sur des hommes. Ce problème n’est d’ailleurs pas limité à la santé, il est systémique dans la société. Par exemple, les airbags et les ceintures de sécurité ne sont pas conçus pour les femmes, car les tests sont majoritairement réalisés sur des hommes. Ce manque d’inclusivité dans les tests soulève des questions importantes sur la sécurité et le bien-être, et il est nécessaire de lever le tabou autour de ce sujet. Comment se sentir véritablement en sécurité si la santé des femmes n’est pas prise en compte dans ces dispositifs de manière adéquate ?
Et enfin, concernant ce que tu disais également, les actes de violences gynécologiques et les tabous culturels commencent à être davantage abordés, car de plus en plus de voix s’élèvent pour traiter ces sujets. Je trouve cela très positif. Merci de l’évoquer, car il est essentiel de sensibiliser le public à ces questions de santé des femmes. Ce sont des thématiques importantes qui méritent toute notre attention. Voilà pour mes quelques commentaires.
Merci, oui, effectivement, il se passe des choses positives en ce moment. La parole se libère, et de plus en plus de femmes, mais aussi d’hommes, s’impliquent. Heureusement, des hommes commencent à comprendre qu’il est important de s’intéresser à la santé des femmes, de parler de leurs droits, car tout cela est étroitement lié. Oui, il faut en parler, car c’est uniquement ainsi que nous pourrons faire progresser les choses pour la santé des femmes.
Je suis tout à fait d’accord avec toi ; les hommes sont de véritables alliés dans ce combat. En fait, j’aime rappeler que, sans leur implication dans certaines luttes, il est peu probable que nous aurions obtenu des droits aussi essentiels que le droit de vote ou le droit à l’avortement. Il est donc important qu’ils se sentent concernés et sensibilisés. Alors, à tous ceux qui nous écoutent, et particulièrement aux hommes, vous êtes les bienvenus dans ce combat féministe qui est ouvert à toutes et à tous. Le féminisme n’est pas uniquement l’affaire des femmes, et il est fondamental de mettre cela en lumière pour avancer sur les questions de santé des femmes et d’égalité.
Pourquoi tu t’es intéressée à ce sujet sur la santé des femmes ?
Pourquoi me suis-je intéressée à la santé des femmes ? Honnêtement, je l’ai mentionné au début en me présentant, mais je pense que ce déclic est venu lorsque je suis devenue maman. Il s’est passé quelque chose en moi. Avant cela, je ne me posais pas vraiment de questions ; je fonctionnais comme la société me demandait de le faire. Je remplissais mes obligations, j’assumais mes responsabilités, et puis, ça passait ou ça cassait. Mais quand je suis devenue maman, tout a changé, et c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience de l’importance de la santé des femmes.
À partir du sixième mois de ma première grossesse, j’ai été menacée d’accouchement prématuré. J’ai dû rester alitée et immobile pour donner à mon bébé la chance de continuer à se développer dans les meilleures conditions possibles. Malheureusement, j’ai tout de même accouché prématurément. Cela a été une épreuve difficile car je n’avais pas eu le temps de me préparer correctement, ni de suivre les cours de préparation à la naissance qui sont normalement prévus dans les deux derniers mois. Cette expérience m’a vraiment marquée et m’a fait réaliser combien la santé des femmes mérite d’être mieux soutenue et préparée.
Après l’accouchement, nous avons passé plusieurs semaines en service néonatal pour que mon fils puisse grandir suffisamment et être prêt à sortir de l’hôpital. Ce fut une période très sombre de ma vie. Avec le recul, je sais maintenant que j’ai traversé une dépression post-partum. Cette épreuve, bien que difficile, m’a ouvert les yeux sur le manque de soutien et d’information auxquels les femmes font face en matière de santé, qu’elle soit physique, gynécologique, ou mentale.
Par la suite, j’ai eu un deuxième enfant, et cette fois, les choses se sont mieux passées, car j’étais mieux préparée. Cependant, j’ai aussi vécu un burn-out, un mélange de burn-out maternel et professionnel. Cet épisode m’a encore plus sensibilisée à l’importance d’être bien informée sur la santé des femmes et de ne pas se culpabiliser pour ce que l’on traverse. Il est essentiel de normaliser ces expériences et de cesser de ressentir de la honte sur certaines choses qui peuvent nous arriver. Bref, je me suis donc intéressée à tout cela.
Entre-temps, je suis devenue rédactrice web indépendante. Et de fil en aiguille, je me suis retrouvée à enregistrer un épisode de podcast – qui n’est pas encore sorti, donc je n’en dirai pas trop – mais qui portait sur le sujet des règles en entreprise. On m’a interviewée pour recueillir mon témoignage, car c’est un aspect important de la santé des femmes en milieu professionnel.
L’experte qui intervenait était Éloïse Bouillot. C’est ainsi que nous sommes restées en contact, cela remonte déjà à plus d’un an. En mars dernier, Éloïse m’a recontactée pour participer à la création d’une vidéo en soutien à un projet de loi sur la santé menstruelle, qui devait être présenté ce même mois. Nous avons réalisé une vidéo avec plusieurs personnes engagées sur le sujet de la santé menstruelle, et je me suis dit que si nous n’informons pas les gens – femmes comme hommes – de l’importance de ces sujets, beaucoup resteront dans l’ignorance.
Les femmes, d’une part, peuvent ne pas comprendre à quel point il est important de parler de ces sujets sans honte, et de chercher des informations si nécessaire. Pour les hommes, c’est l’occasion de prendre conscience de ce que les femmes peuvent ressentir dans leur corps, en particulier durant les règles. Cette sensibilisation est essentielle pour améliorer la compréhension autour de la santé des femmes en entreprise.
Il est très difficile de travailler dans une entreprise et de faire comme si de rien n’était lorsque l’on peut souffrir de règles extrêmement douloureuses. Cela fait partie des nombreux aspects qui m’ont sensibilisée à la santé des femmes, et cela s’est accentué récemment avec des problèmes de santé menstruelle, comme un syndrome prémenstruel intense qui me déclenche des états proches de la dépression chaque mois.
Et là, ça a duré presque deux ans. Puis, c’est tombé : la sage-femme qui assure mon suivi gynécologique. Je lui raconte ma vie et elle me parle de périménopause. Je la regarde, surprise, et elle me dit : « Oui, vu ce qui se passe, c’est bien ça. » J’avais déjà abordé ce sujet avec mon médecin généraliste en lui demandant si les bouleversements que je ressentais chaque mois pouvaient être liés à la périménopause.
Il m’avait répondu que non, parce que j’ai moins de 45 ans, donc cela ne pouvait pas être ça, selon lui. On imagine souvent que les médecins savent tout, mais ce n’est pas toujours le cas. Les âges donnés sont des moyennes, donc forcément, certaines femmes y seront confrontées plus tôt, et d’autres plus tard. Cela m’a fait réaliser, une fois de plus, le manque d’informations que l’on a autour de la santé des femmes.
Encore une fois, c’est un sujet auquel je m’attelle. J’avais vraiment envie de chercher des informations et, encore plus, de les transmettre. Voilà comment j’en suis arrivée là, je crois, après une explication de 15 minutes !
Merci pour toute cette présentation, c’est vraiment très intéressant. Je vais rebondir sur ce que tu as dit. Je suis heureuse que tu sois sortie de cette période difficile avec ton fils né prématurément. Je n’ose même pas imaginer combien cela a dû être dur et complexe, surtout pour un premier enfant, et sans préparation.
Tout est arrivé si vite, et avec un bébé prématuré, sa santé est une priorité absolue. L’inquiétude que quelque chose puisse lui arriver doit être énorme. On dirait que devenir maman a éveillé toutes ces réflexions pour toi. Enfin, je ne suis pas maman, donc je fais des suppositions, mais je suis heureuse que tu aies pu surmonter cette épreuve et avancer, notamment dans ce domaine de la santé des femmes.
Pourquoi tu as eu un accouchement prématuré ?
Et du coup, j’ai plusieurs questions en lien avec mon approche de féminisme éducatif, pour poser un peu les bases à l’attention des personnes qui nous écoutent. Comme moi, je suis déjà sensibilisée à ces sujets, mais je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde. J’ai donc plusieurs questions, et peut-être que tu pourrais nous éclairer avec des définitions.
Par exemple, pourquoi y a-t-il un risque d’accouchement prématuré, comme ce que tu as vécu ? Tu as aussi mentionné la dépression post-partum et le burn-out maternel ; quelle est la différence entre ces deux termes ? De même, pourrais-tu nous expliquer ce qu’est le syndrome prémenstruel (SPM) et la périménopause ? Oui, ça fait beaucoup de définitions, mais je pense que ça peut vraiment aider à comprendre ces aspects de la santé des femmes.
Bien sûr, je suis là pour répondre, mais tu pourras me rappeler les questions au fur et à mesure ! Alors, concernant la menace d’accouchement prématuré, c’était totalement nouveau pour moi à l’époque. Je ne savais pas ce que cela signifiait, alors comme beaucoup, j’ai cherché des informations en ligne. À l’époque, c’était il y a six ans, et les informations n’étaient pas aussi abondantes qu’aujourd’hui. Je me demandais vraiment pourquoi cela m’arrivait, cela me semblait tellement injuste. La santé des femmes est complexe, et dans mon cas, cela s’est avéré lié à mon utérus, qui est particulièrement contractile.
En effet, mon utérus réagit très rapidement en se contractant, sans raison apparente. Mais pendant la grossesse, ces contractions fréquentes posent problème, car elles exercent une pression sur le col de l’utérus et peuvent le faire s’ouvrir. Cela doit absolument être évité, car le col doit rester fermé jusqu’à la fin de la grossesse pour protéger le bébé de toute contamination possible. C’est pour cela que j’ai dû rester alitée. Cependant, je sais qu’il existe d’autres raisons pouvant mener à des menaces d’accouchement prématuré ; la santé des femmes étant influencée par de nombreux facteurs.
Je sais que d’autres facteurs peuvent aussi être en cause, comme des problèmes de tension, notamment la prééclampsie pendant la grossesse, ou encore le diabète gestationnel, qui survient exclusivement pendant la grossesse. Ces conditions peuvent également augmenter le risque d’accouchement prématuré, ce qui illustre bien la complexité de la santé des femmes durant cette période.
Ensuite, tu m’as demandé à propos de la dépression post-partum. Pour moi, cela a été comme une véritable bombe. Je pense que c’était en partie lié aux événements des mois précédents, comme la menace d’accouchement prématuré qui m’a plongée dans une panique totale, avec la peur constante de perdre mon petit garçon. Ces épreuves ont impacté profondément ma santé des femmes, me laissant dans un état de fragilité extrême.
Je n’ai pas pu me préparer à l’accouchement, et mon bébé est arrivé avant même que je sois prête. D’ailleurs, je tiens à remercier l’émission Les Maternelles, car les rares informations que j’avais à ce moment-là, je les avais apprises grâce à eux. J’étais alitée à la maison, souvent seule car mon mari travaillait et n’était de retour qu’en fin de journée. C’était difficile pour mon moral et n’a pas aidé mon état d’esprit, ce qui montre combien la santé des femmes nécessite un accompagnement et un soutien durant des moments aussi critiques.
L’accouchement en lui-même a été un véritable choc. Je pense avoir vécu une sorte de stress post-traumatique. Les semaines passées à l’hôpital après la naissance de mon fils m’ont plongée dans un sentiment profond de culpabilité, comme si c’était ma faute. Bien sûr, c’est irrationnel, mais il m’a fallu du temps pour l’accepter et me dire qu’aucune mère ne souhaite voir son enfant arriver trop tôt. Mais malgré cela, je m’enfermais dans cette bulle sombre, épuisée physiquement et moralement, avec un sentiment de douleur intense, aussi bien dans mon corps que dans mon âme, ce qui illustre bien les enjeux de la santé des femmes après la naissance.
En plus de tout cela, je devais m’occuper de mon bébé, que j’essayais d’allaiter malgré sa prématurité. Cela n’a pas été simple, car il était très fatigué et avait du mal à se nourrir. Puis, quand nous sommes rentrés à la maison, mon mari a dû reprendre le travail après seulement 11 jours, car le congé paternité était encore très court à l’époque. Plus le temps passait, plus je m’enfermais dans cet état d’isolement.
Ta dépression post partum
Je me revois encore dans cet état d’isolement, voyant tout en noir, avec l’impression d’être piégée, incapable. C’est cela, la dépression post-partum : une dépression profonde qui te déconnecte de la réalité. Tu te sens incapable de prendre ta place de maman, et le lien avec ton bébé ne se crée pas, malgré tout l’amour que tu ressens. C’est le pire aspect de cette épreuve, qui touche si souvent à la santé des femmes.
L’amour était bien là, mais je ne savais pas comment l’exprimer, comment l’ancrer dans mon quotidien. Je m’occupais de mon fils, mais c’était comme si j’étais un robot épuisé, tant physiquement que moralement. Je me sentais incapable, avec l’impression que je n’y arriverais jamais. J’avais vu mon médecin généraliste, et bien que mon fils ait été prématuré, je n’avais pas eu de sage-femme à domicile pour m’accompagner. Je devais me déplacer seule au centre PMI (Protection Maternelle et Infantile), où j’ai rencontré plusieurs spécialistes de la santé des femmes, mais aucun n’a posé le diagnostic de dépression post-partum.
En plus, je n’osais pas en parler, enfermée dans une culpabilité et une honte profondes, faisant semblant que tout allait bien, que j’étais une maman épanouie. Puis, petit à petit, j’ai commencé à parler à mon mari et à une amie. Certaines personnes comprenaient, heureusement, mais d’autres, non. Cela a été très dur, notamment quand une amie m’a regardée comme une extraterrestre en me disant qu’elle adorait passer tout son temps avec ses enfants et ne comprenait pas mon besoin de prendre du temps seule pour me reposer. Cette réaction a décuplé ma culpabilité, alors même que je traversais une période difficile en termes de santé des femmes.
Finalement, une amie bienveillante m’a conseillé de consulter sa psychologue. Je me suis dit qu’au point où j’en étais, je n’avais rien à perdre.
Je suis donc allée consulter la psychologue, un peu en dernier recours, et c’est elle qui m’a confirmé que je vivais bien une dépression post-partum. Je l’ai vue pendant quelques mois, et peu à peu, les poids que je portais ont commencé à s’alléger. J’ai pu réaliser que mon petit garçon grandissait bien, qu’il était en bonne santé, et que tout allait bien pour lui. Je prenais soin de lui, et cela suffisait.
Aujourd’hui encore, même en en parlant, l’émotion remonte facilement. La dépression post-partum est un sujet essentiel en matière de santé des femmes, car il n’est pas normal de se sentir mal après la naissance de son enfant et de ne pas pouvoir se connecter avec son rôle de mère. Il faut en parler, c’est essentiel.
Ensuite, il y a eu le burn-out. Cela m’est tombé dessus l’année de naissance de ma fille, vers la fin de l’année, lorsque j’ai repris le travail. C’était un cumul d’épreuves, car j’essayais d’être à la fois une « super maman » et une « super employée ». Mais en réalité, c’est humainement ingérable de vouloir exceller sur tous les fronts. Je travaillais souvent de 8 heures du matin à 20 heures le soir.
Le soir, je rentrais pour assumer une seconde journée à la maison, mais avec un sentiment de culpabilité car mon mari avait souvent déjà couché les enfants. Je n’avais parfois que le temps de leur faire un rapide bisou avant de devoir les laisser. Le burn-out, pour moi, a été le résultat d’un ensemble de pressions et de responsabilités, particulièrement intense dans le contexte de la santé des femmes, où les attentes sont nombreuses. J’essayais de tout concilier, même au niveau de l’alimentation de mes enfants, voulant qu’ils mangent bien, ce qui ajoutait une charge mentale supplémentaire.
Je préparais des repas super équilibrés, faits maison. Mais il y a des choses sur lesquelles j’ai fini par revenir. À un moment donné, j’ai dû choisir entre continuer à faire tout cela pour les enfants ou prendre le temps de me reposer. J’ai décidé de privilégier mon repos, car cela me permettrait d’avoir plus d’énergie pour eux par la suite. Le burn-out est un épuisement à la fois physique et moral, au point de ne plus pouvoir faire grand-chose, même prendre soin de soi devient difficile. Cette épreuve m’a vraiment confrontée aux limites de la santé des femmes face aux attentes de perfection dans tous les domaines.
J’étais dans un état de fatigue extrême, littéralement malade d’épuisement. Il a fallu que je prenne du temps pour moi. Cela a duré quelques mois où, chaque jour, je m’occupais des enfants le matin, puis, lorsqu’ils étaient à l’école ou à la crèche, je me reposais toute la journée.
Je me consacrais à des activités qui me faisaient du bien, comme lire, me promener, et me retrouver. Le soir, je retrouvais mes petits pour m’occuper d’eux. Heureusement, pendant toute cette période, je n’étais pas seule. Mon mari était là pour assumer sa part, et même si tout n’était pas parfait, j’ai eu la chance d’avoir son soutien. C’est essentiel, surtout dans les périodes où la santé des femmes est mise à rude épreuve.
Qu’est-ce que le SPM et la périménopause
Alors, le SPM, ou syndrome prémenstruel, est cette phase du cycle qui précède les règles. Chez certaines femmes, cela passe presque inaperçu, mais chez d’autres, les symptômes sont très marqués, parfois plus pénibles que les règles elles-mêmes. Il peut s’agir de symptômes physiques tels que douleurs utérines, douleurs au dos, aux seins, migraines, et aussi de symptômes psychologiques intenses. Pour ma part, cela impliquait des sauts d’humeur, de l’agressivité, de l’irritabilité, de l’anxiété, et même des épisodes dépressifs pendant quelques jours avant les règles. C’est une période où la santé des femmes peut être mise à rude épreuve, avec des émotions qui montent et descendent comme un ascenseur émotionnel.
La préménopause, quant à elle, est toute la période de bouleversements hormonaux qui précède la ménopause. Elle est associée à une série de symptômes variés ; il paraît qu’il en existe environ soixante différents. Chaque femme expérimente cela à sa manière, et cela peut vraiment varier, comme une sorte de loterie des symptômes. Heureusement, je n’ai pas tout, mais j’en suis encore au début. La préménopause peut durer plusieurs années avant d’atteindre la ménopause, où l’absence de règles pendant plus d’un an marque officiellement cette transition. Cette période, avec ses chamboulements hormonaux et ses symptômes, est un autre exemple de la complexité de la santé des femmes.
Merci beaucoup pour ton témoignage ! C’est vrai que cela rend bien compte de la chronologie de ta vie, et chaque question semble correspondre à une étape importante de ton parcours.
Ton cheminement pour être entrepreneuse
C’était une présentation assez atypique, où tu nous partages des définitions en racontant ton expérience personnelle. J’ai trouvé ça vraiment chouette, car un beau message se dégage de tout cela. Ce que je retiens de ce que tu as partagé, c’est l’importance d’être bien entourée et de prendre soin de sa santé mentale avec le soutien d’une psy ou d’une autre personne de confiance. C’est essentiel pour notre développement personnel et pour donner la priorité à soi-même. En effet, pour prendre soin des autres, il faut d’abord s’occuper de soi, et cela est particulièrement important en matière de santé des femmes.
C’est exactement ce dont nous parlions avec Marie-Agnès Canerby dans l’épisode sur l’endométriose. Je suis totalement en phase avec toi sur l’importance de la santé mentale, d’autant plus pour les femmes. Comme tu l’as souligné, nous avons souvent une charge mentale plus élevée, cherchant à être la super maman, la super employée, la super femme, en réponse à des injonctions sociétales. Pourtant, il est essentiel de se libérer de ces attentes et d’apprendre à être soi-même. Pour cela, il faut se connaître, et cela passe par du temps passé avec soi-même, un élément important pour la santé des femmes.
Ce cheminement prend du temps mais est nécessaire. J’invite tout le monde à s’accorder ce temps, car c’est un cadeau précieux qui nous permet ensuite de passer du temps de qualité avec notre entourage, dans nos relations et au travail. Dans notre société, tout va très vite, influencé par le capitalisme qui nous pousse à produire toujours plus. On oublie souvent de se poser, alors que le repos est essentiel pour naviguer dans le tumulte de la vie, et qu’il permet de revenir plus fort par la suite.
Cela m’amène à te poser une question : tu étais salariée et maintenant tu es entrepreneuse ou freelance, si je ne me trompe pas. Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours et comment tu as fait ce cheminement vers une redirection professionnelle, pour trouver ta propre liberté et t’organiser selon tes besoins ?
Oui, c’est exactement ce qui s’est passé. Après le burn-out, je me suis dit que je ne pouvais plus retourner dans le monde du salariat. L’univers de l’entreprise ne correspondait pas à la vie de maman que je voulais mener. Je n’avais pas envie de m’épuiser au travail chaque jour pour ensuite rentrer trop fatiguée et ne pas pouvoir passer du temps de qualité avec mes enfants.
Être présente pour eux était important, mais comme tu le dis, il est aussi essentiel de ne pas trop en faire. J’ai réalisé que j’avais besoin de moments pour moi afin de mieux fonctionner et d’apprécier davantage les moments passés avec mon mari et mes enfants. Cette prise de conscience fait partie intégrante de ma réflexion sur la santé des femmes et sur l’équilibre à trouver.
Le statut d’indépendant, ou freelance, ou entrepreneur… Il faudrait que tu fasses un épisode là-dessus pour expliquer les différences ! Au début, je ne pensais pas forcément à ce statut, mais je me suis demandé ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Ce qui est revenu à l’esprit, c’est ce qui me rendait heureuse plus jeune : j’aimais écrire, faire des recherches, synthétiser et transmettre. Ce sont des activités qui ont toujours compté pour moi, et c’est comme cela que je suis devenue rédactrice web. Pour la première fois, j’ai envisagé de travailler à mon compte et de ne plus dépendre d’un employeur, ce qui s’inscrivait dans mon projet de santé des femmes et de qualité de vie.
À ce moment-là, mes enfants étaient encore petits, la plus jeune n’avait même pas un an. J’ai donc décidé de me lancer en tant qu’indépendante, d’être ma propre patronne, et de prendre en main mon parcours professionnel. Je voulais cesser d’être une simple spectatrice de ma vie professionnelle, avec cette conviction que si je réussis, tout viendra de moi, et si j’échoue, ce sera de ma propre responsabilité, sans dépendre de facteurs extérieurs comme un supérieur toxique ou des collègues difficiles.
C’est juste moi, qui avance en assumant mes choix. J’avais besoin que mon agenda soit plus souple pour éviter tout stress inutile, surtout à ce moment-là de ma vie. Je n’avais aucun modèle entrepreneurial dans ma famille ; je suis fille d’ouvriers immigrés et je pars de loin, avec mes propres bagages. Mais je me suis dit : « Allez, lance-toi, pourquoi pas ? » Cette démarche s’inscrit aussi dans ma vision de la santé des femmes, où l’équilibre de vie et l’indépendance jouent un rôle clé.
Et je ne regrette pas ce choix. Aujourd’hui, même si je ne vis pas encore de mon activité comme je le souhaiterais, je suis bien partie et je reste optimiste. J’ai toutes les clés en main pour atteindre mes objectifs. Pour l’instant, je n’envisage pas de revenir au salariat, mais, comme on dit, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Ce qui compte avant tout pour moi, ce sont les valeurs et le message.
Donc, pourquoi pas, si un jour je trouve une entreprise où je me retrouve vraiment, avec une mission commune, surtout si cela permet de faire avancer les choses pour les femmes. La santé des femmes et leur bien-être sont des valeurs qui m’importent profondément, et ce serait le seul contexte dans lequel je pourrais envisager de revenir dans une structure.
Se reconnecter à son enfant intérieur
C’est hyper intéressant tout ce que tu partages. Ce que je retiens, c’est que tu as réussi à te reconnecter à ton enfant intérieur en retrouvant des passions que tu avais plus jeune, et c’est vraiment beau. Je pense que notre enfant intérieur a beaucoup à nous dire sur qui nous sommes.
Pour moi aussi, Matrimoine féministe est né de cette connexion avec mon enfant intérieur, avec la petite Esthel. Je crois que chacun de nous a des expériences marquantes dans son passé, des éléments qui peuvent guider notre futur. Faire ce pas de côté pour analyser cela est essentiel, car il peut nous apporter des réponses précieuses, même en matière de santé des femmes, qui dépend souvent de la connexion que nous avons avec nous-mêmes.
Je trouve aussi formidable que tu aies réussi à te construire en tant qu’entrepreneuse malgré l’absence de modèles familiaux dans ce domaine. Et de ce que je comprends, l’essentiel pour toi est de trouver du sens dans ce que tu fais. Même si tu es entrepreneuse aujourd’hui, tu restes ouverte au salariat si tu trouves une mission qui te parle.
Nous sommes une génération en quête de sens, de missions qui ont un impact sociétal ou environnemental. Nous voulons agir pour un monde meilleur. Et comme tu le dis, chacun peut agir à son échelle ; il n’est pas nécessaire d’avoir une communauté de 50 000 abonnés pour impacter la vie des autres. Si on parvient déjà à toucher une seule personne, c’est essentiel et, en fin de compte, cela contribue à l’amélioration de la santé des femmes, car ce sont des actions porteuses de bien-être et de changement.
Je crois beaucoup aux petites graines que l’on peut semer. Personnellement, je sème des graines d’éveil féministe, et chacun d’entre nous a ses propres graines à semer, celles qui résonnent en nous et que nous avons envie de partager.
C’est vrai, on peut tous faire quelque chose, même si cela semble insignifiant ou minime. Comme tu le dis si bien, cela peut représenter beaucoup pour une seule personne. Et qui sait, peut-être que cela contribuera à une chaîne de changements mondiaux. Soyons folles, rêvons grand !
Oui, complètement ! Nous avons raison de rêver grand, c’est important. Dans un monde où tant de choses peuvent mal tourner, l’espoir est essentiel. Sans espoir, il est difficile d’avancer, et cela s’applique aussi à des sujets comme la santé des femmes, qui mérite une vision positive pour continuer de progresser.
Cela me fait penser à la question du climat. Si on se dit que la planète est condamnée et qu’il n’y a plus rien à faire, cela ne motivera personne à agir. Mais si l’on croit que des changements sont possibles, et que l’on se mobilise ensemble, alors on peut espérer un impact réel. Il faut créer de nouveaux récits qui soient positifs, car cela permet de nourrir l’espoir et d’inspirer des actions concrètes.
Ces nouveaux récits, ces nouvelles inspirations et aspirations, peuvent mener à tant de choses. Il est important que nous soyons les porte-parole de ces sujets, en matière de climat, de société, et aussi de santé des femmes.
Est-ce que la santé mentale est raciste ?
Oui, moi aussi, je trouve ça super, et je suis vraiment contente pour toi d’avoir entrepris dans ce domaine. Ta réflexion m’amène d’ailleurs à une question, car tu as mentionné que tu étais fille d’immigrés et d’ouvrier. Est-ce que, selon toi, la santé des femmes est raciste ?
Alors, c’est un sujet qui m’intéresse depuis peu. Avant, je ne m’étais jamais posé la question, probablement parce que je n’avais jamais été exposée à des informations qui l’évoquaient. Pourtant, avec des parents algériens, c’est un sujet qui pourrait me toucher directement. J’ai commencé à m’y intéresser après avoir assisté à un webinaire sur LinkedIn, où deux intervenantes dirigeant des entreprises dans le secteur de la FemTech en parlaient. Il s’agissait d’Amandine Deslandes de Fem tech Connect et Audrey Bouyer de Wounded Woman.
Leur présentation portait surtout sur la gestion d’une entreprise dans la FemTech, mais à un moment, Audrey a mentionné une différence dans la cicatrisation entre femmes blanches et noires. On sentait leur gêne en abordant ce sujet sensible, mais la question était posée : existe-t-il des différences ethniques qui influencent la santé des femmes, notamment dans les soins ?
Je n’étais pas au courant de ces différences selon la couleur de l’épiderme. Cela m’a vraiment intriguée, alors j’ai commencé à lire quelques articles. Je ne prétends pas être une experte ou une médecin, mais ma curiosité m’a poussée à creuser. J’ai découvert qu’en France, il n’y a pratiquement aucune étude sur ce sujet, ou très peu, pour comprendre et corriger ces disparités en matière de santé des femmes.
En effet, des études ont été menées, mais principalement au Royaume-Uni et aux États-Unis. On y a découvert, par exemple, que les femmes noires avaient un risque plus élevé de décès suite à des complications de grossesse ou d’accouchement comparé aux femmes blanches. Aux États-Unis, ce risque est quatre fois plus élevé pour les femmes noires, ce qui est loin d’être négligeable et soulève des questions importantes sur la santé des femmes.
Pourquoi cette différence ? Il pourrait y avoir des facteurs génétiques, mais d’autres facteurs entrent également en jeu, comme des biais existants chez certains soignants. Par exemple, il existe ce qu’on appelle le « syndrome méditerranéen ». Ce terme décrit un préjugé selon lequel, lorsqu’un patient vient du Maghreb ou d’Afrique, on suppose qu’il exagère ses symptômes, pensant que les cultures méditerranéennes tendent à dramatiser ou à s’exprimer plus fort. Ce biais peut entraîner une prise en charge moins attentive, en minimisant les douleurs rapportées, ce qui est bien évidemment problématique pour la santé des femmes de ces communautés.
Des faits divers ont récemment illustré cette réalité, avec des personnes décédées faute d’une prise en charge adéquate, et où ce type de biais a été pointé du doigt. Cela montre que, d’un côté, des explications ethniques et génétiques peuvent exister, mais de l’autre, il y a clairement un problème de racisme et de discrimination qui influence la santé des femmes.
C’est triste et préoccupant. Comment améliorer concrètement la situation ? Ce problème dépasse le cadre de la santé des femmes, touchant aux discriminations existantes en France et ailleurs. Il reste beaucoup de travail à accomplir dans ce domaine, c’est certain.
Qu’est-ce que la femtech ?
Merci de nous parler de ce sujet important. Comme tu le dis, il y a un vrai manque d’information, voire une absence totale, surtout dans les médias traditionnels. On peut parfois retrouver ces informations dans les médias féministes, mais rarement ailleurs. Et pourtant, c’est un sujet majeur, notamment en France où très peu d’études sont menées. En théorie, cela devrait changer, car des constats sont déjà faits. Pour trouver des solutions, il est nécessaire de mener des recherches ; sinon, comment avancer sur ces enjeux de la santé des femmes ?
Pour les personnes qui nous écoutent, ce serait peut-être utile de définir ce qu’est la FemTech, car tout le monde ne sait pas forcément de quoi il s’agit. La FemTech regroupe des entreprises qui développent des solutions et des services spécifiquement dédiés à la santé des femmes. Cela peut concerner des domaines variés, comme la santé physique et mentale, ou différents moments de la vie d’une femme, par exemple les menstruations, la grossesse, le post-partum, et la préménopause.
La FemTech propose aussi des solutions pour des maladies gynécologiques telles que l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques, ou encore le cancer du sein. Tout ce qui touche de près ou de loin la santé des femmes est un champ d’action pour ces entreprises.
En ce qui concerne le « syndrome méditerranéen », cela rappelle en effet un problème plus général : on a tendance à ne pas croire les femmes, surtout les femmes racisées. C’est un vrai sujet : pourquoi cette méfiance ? C’est pourtant la base de la relation soignant-soigné d’écouter le patient, peu importe son origine ou sa position sociale. Après tout, il existe un serment d’Hippocrate que les médecins prononcent en fin d’études, non ?
En France, le secteur de la FemTech prend de l’ampleur petit à petit. Il y a des progrès, mais c’est encore insuffisant comparé à des pays comme les États-Unis, où le gouvernement a investi dans la recherche en santé des femmes. C’est une initiative formidable, et on peut se demander quand la France suivra cet exemple.
Selon les estimations, le marché mondial de la FemTech pourrait atteindre 100 milliards de dollars d’ici 2030, ce qui est considérable. C’est un secteur avec un réel potentiel économique. Alors pour toutes les personnes disposant de fonds, c’est le moment d’investir dans la FemTech ! En France, les avancées sont encore timides, mais prometteuses.
Il existe un collectif Femtech en France, qui a publié des chiffres et une cartographie du secteur. Actuellement, on compte environ 140 entreprises de FemTech en France, répertoriées par thématiques de santé, ce qui permet d’avoir une vue d’ensemble très visuelle et informative sur la santé des femmes. En 2023, le secteur a généré un chiffre d’affaires de 42 millions d’euros, ce qui reste modeste, surtout quand on considère que les femmes représentent la moitié de la population française.
Il y a donc un potentiel financier considérable. Si l’argument humain ne suffit pas, l’argument économique est bien là : il y a des opportunités à saisir pour investir dans la santé des femmes. Une amie sur LinkedIn a même fait une remarque pertinente en se demandant si parfois, la misogynie ne prend pas le pas sur le capitalisme. C’est une question intéressante et révélatrice de l’importance de changer les mentalités.
C’est hyper intéressant et profond, tout ce que tu nous dis. On a vraiment l’impression que, comme beaucoup de projets dans la FemTech sont portés par des femmes, les investisseurs hésitent, comme s’ils ne croyaient pas autant aux projets menés par des femmes comparé à ceux portés par des hommes.
Je me souviens d’une histoire, je ne me rappelle plus des noms, mais deux entrepreneuses avaient tellement de mal à obtenir des investissements qu’elles ont créé un homme fictif pour représenter leur projet. Étonnamment, une fois ce faux « leader » masculin en place, elles ont reçu des financements. C’est révoltant, car à compétences égales, le potentiel d’une entreprise devrait être jugé de la même manière, qu’elle soit fondée par une femme ou un homme, surtout quand on parle de santé des femmes.
Je suis entièrement d’accord ; il reste encore beaucoup à déconstruire et à sensibiliser. C’est un véritable travail d’éducation. Prenons un exemple simple : en français, on nous apprend que « le masculin l’emporte sur le féminin », et cela m’avait choquée quand j’étais enfant. C’était mon premier élan féministe. Ce genre de règles crée des inégalités dès le plus jeune âge, et si on n’inculque pas aux enfants l’égalité entre les genres, cela influence leur vision du monde. Cette éducation, ou son absence, affecte aussi la manière dont on aborde des sujets comme la santé des femmes, car les schémas de pensée sont ancrés tôt et persistent.
Quand on réalise enfin que notre vision de la vie est influencée par ces croyances inculquées par la famille et la société, on comprend que cela pèse lourdement sur nous. Et même à 30 ans, il peut falloir des années pour déconstruire ces schémas. Cette déconstruction prend du temps, et c’est pour cela qu’avec mon podcast, j’essaie de planter des graines de réflexion féministe, notamment pour soutenir des causes comme la santé des femmes.
Le mot de la fin
Je trouve notre discussion enrichissante, tout comme tous les épisodes de Matrimoine féministe. J’aime garder un peu de temps pour la conclusion, car j’ai toujours quelques questions finales que je pose à chaque invité…
Comme question finale, quel serait ton mot de la fin par rapport à tout ce qu’on a abordé ?
Le mot de la fin ? Je dirais : faites-vous confiance. N’écoutez pas ce que les autres disent, surtout si cela vous culpabilise ou vous fait sentir mal ; cela signifie sûrement que ce n’est pas ce qu’il vous faut. Écoutez votre petite voix intérieure, faites-vous confiance. Vous avez le pouvoir de faire de votre vie ce que vous souhaitez, de rechercher votre bonheur, car c’est notre but à toutes et à tous. Être heureux et, surtout, être libre et s’assumer pleinement. Alors, écoutez-vous, que ce soit dans vos choix de vie ou même en matière de santé des femmes.
Une très belle conclusion, en effet. Prendre le pouvoir sur sa vie, c’est essentiel.
Qui sont tes rôles modèles ?
Alors, mes rôles modèles… Oui, j’en ai quelques-uns. Je pense tout de suite à des femmes qui ne sont plus parmi nous, comme Simone Veil et Gisèle Halimi. Pour moi, ce sont vraiment des femmes qui ont dédié leur vie à celle des autres femmes, et je trouve cela extrêmement humble. C’est difficile de traduire l’expression anglaise « it humbles me », mais c’est vraiment ce que je ressens.
Et pour des femmes qui sont toujours vivantes, il y a bien sûr Michelle Obama. Elle est pour moi une source d’inspiration incroyable. Être la First Lady des États-Unis, en tant que femme noire, et assumer ce rôle avec autant de classe et de justesse, c’est vraiment remarquable. Elle continue d’inspirer aujourd’hui. J’apprécie aussi Titou Lecoq pour ses livres, notamment Les grandes oubliées de l’histoire, qui m’a beaucoup touchée, surtout que je suis historienne de formation, donc ce genre d’ouvrages sur la santé des femmes et leurs droits résonne particulièrement en moi.
J’ai également des rôles modèles qui sont investies dans leur vie de famille et qui en parlent sans tabou. Par exemple, Agathe Lecaron des Maternelles, comme je l’évoquais tout à l’heure, ainsi que l’humoriste Elodie Arnoux, qui a fait un spectacle génial, Féconder, où elle aborde la parentalité et la maternité avec beaucoup d’humour et de franchise. J’apprécie vraiment quand on parle de ces sujets sans langue de bois.
Merci pour ces partages ! Ce sont toutes des femmes extraordinaires qui méritent d’être valorisées et mises en lumière. Cette sororité est précieuse. J’aime aussi l’idée d’« adelphité », qui inclut également les hommes, car même si les femmes ont souvent manqué de modèles dans de nombreux domaines, il est important d’avancer ensemble.
Quelles ressources tu recommanderais aux personnes qui nous écoutent ?
Je sais que tu as mentionné Pilules Roses de Juliette Ferry-Danini et Les grandes oubliées de l’histoire de Titou Lecoq. En ce moment, je consomme surtout des podcasts, notamment quand je vais chercher ma fille à la crèche – ça me permet de rentabiliser le trajet.
J’apprécie le podcast La fin des règles d’Aude Hayot, que j’ai commencé à écouter il y a environ un an et demi, quand je me suis sentie plus concernée par la santé des femmes en lien avec la ménopause. Ce podcast ne parle pas seulement de ménopause, mais de toute la période de la « midlife » : ce moment où, en atteignant la quarantaine, on peut se sentir mise de côté par la société en termes de désirabilité, alors qu’on n’est ni « vieille » ni invisible. J’aime beaucoup la finesse avec laquelle elle aborde ces sujets.
J’écoute aussi Matrimoine féministe ! J’ai écouté le premier épisode sur la parentalité la semaine dernière, un sujet qui me touche particulièrement, et j’ai beaucoup aimé. J’ai vu qu’un nouvel épisode est sorti ce matin, que je compte écouter dans la semaine. J’ai hâte d’entendre les autres épisodes aussi. Et puis, j’apprécie également Chroniques du sexisme ordinaire de Marine Pérotine, un format de podcast où les épisodes sont courts, ce qui est pratique et percutant.
Merci pour ton soutien, c’est adorable ! Je suis ravie que mes épisodes t’aient plu, et c’est amusant que tu mentionnes Aude Hayot et Marine Pétroline, car elles sont justement invitées dans Matrimoine féministe également.
Qu’est-ce que le féminisme pour toi ?
Super nouvelle ! Alors, qu’est-ce que le féminisme pour moi ? Je pense que j’ai déjà un peu répondu à cette question en abordant d’autres sujets, mais pour moi, le féminisme, c’est surtout la liberté d’être soi.
Je communiquerai évidemment sur mes réseaux sociaux lorsque ces épisodes sortiront. Quant aux deux dernières questions, qu’est-ce que le féminisme signifie pour moi et qui aimerais-je voir au micro de Matrimoine féministe ?
Pour moi, la liberté d’être soi est valable pour les femmes comme pour les hommes. C’est pourquoi je trouve important de rappeler que le féminisme ne concerne pas que les femmes. Si les femmes peuvent être libres d’être elles-mêmes, alors les hommes le peuvent aussi, en assumant leur sensibilité et leur authenticité. Et surtout, c’est la liberté d’être une femme dans une société qui nous permet de vivre nos rêves sans subir des injonctions et des pressions, sans tous ces carcans qui ont pesé sur les femmes depuis des siècles. En fin de compte, le féminisme, pour moi, c’est juste la liberté d’être.
Merci pour cette belle question.
Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?
Alors, qui aimerais-je voir au micro ? Je pense à deux personnes que j’admire beaucoup. La première Vigdis Morisse Herrera qui est la CEO de Globe Speaker, une plateforme d’apprentissage de langues. Cette année, elle a également créé une plateforme appelée Opale, dédiée aux victimes de violences conjugales. Opale propose une évaluation de l’ampleur des violences conjugales subies et des solutions pour accompagner les victimes. Elle utilise son histoire personnelle pour faire avancer les choses, ce que je trouve vraiment admirable, surtout en matière de santé des femmes et de soutien aux victimes.
L’autre personne est Joséphine Goube, la CEO de Sistech, une ONG qui aide les femmes réfugiées à trouver du travail dans le domaine de la tech grâce à des programmes de mentorat. Si tu as l’occasion d’inviter ces deux femmes sur ton émission, cela promet d’être très enrichissant, car elles œuvrent toutes deux pour des causes importantes en lien avec l’autonomisation et la santé des femmes.
Merci pour ces recommandations ! Je note pour inviter Vigdis et Joséphine Goube ; ce serait formidable de pouvoir échanger avec elles sur tous ces sujets. Merci à toi pour cet échange vraiment top, et merci aux personnes qui nous ont écoutés jusqu’au bout. Je vous souhaite une belle journée, soirée, après-midi, ou nuit, où que vous soyez. À la prochaine, ciao ciao !
Merci beaucoup !
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Ses rôles modèles et ressources mises en avant
- Simone Veil
- Gisèle Halimi
- Michelle Obama
- Les grandes oubliées de l’histoire avec Titou Lecoq
- Agathe Lecaron des Maternelles
- Elodie Arnoux, qui a fait un spectacle Féconder
- Pilule Rose de Justine Ferry et Les grandes oubliées de l’histoire de Titou Lecoq
- Le podcast La fin des règles d’Aude Hayot
- Matrimoine féministe
- Chroniques du sexisme ordinaire de Marine Pétroline
Retrouvez Rabab Chenanfa
Episodes complémentaires
- Reconnaître l’endométriose avec Marie-Agnès Caderby
- Le bien-être menstruel avec Eloïse Bouilloud
- La ménopause avec Aude Hayot