Le leadership féminin avec Clémentine Kuhn

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Bonjour, bonsoir à toutes les personnes qui écoutent ce podcast hebdomadaire.

. Aujourd’hui, je suis en compagnie de Clémentine Kuhn, avec qui nous allons parler du leadership féminin. Clémentine, je te laisse te présenter comme tu le souhaites.

Bonjour Esthel, merci beaucoup de me recevoir pour parler de leadership féminin. Je m’appelle Clémentine Kuhn, j’ai 38 ans, je suis mariée et maman de deux petites filles. J’ai fondé une entreprise qui s’appelle Les Éffrontées, avec laquelle je fais deux choses : d’un côté, j’organise des résidences pour femmes afin de les aider à faire avancer leurs projets ; et de l’autre, j’accompagne des entreprises dans leurs programmes de diversité et d’inclusion, intégrés à leurs initiatives RSE.

Qu’est-ce que le leadership féminin ?

C’est passionnant tout ça, bravo pour ce que tu fais ! Pour introduire l’épisode, j’aimerais qu’on commence par la base : qu’est-ce que le leadership féminin ?

C’est une excellente question, et elle m’a permis de réfléchir à nouveau à cette notion en préparant notre échange. Ce que je trouve intéressant, c’est qu’il n’existe pas une seule définition du leadership féminin.

Quand on parle de leader masculin, on pense souvent à un archétype, parfois caricatural, qu’on n’a pas forcément envie de transposer au féminin, car il ne nous ressemble pas et ne nous fait pas rêver.

Le leadership féminin, selon moi, est encore en construction. Il manque de rôles modèles, de figures inspirantes auxquelles se référer. Pour moi, c’est un leadership écologique, au sens premier du terme : il ne s’agit pas de copier le modèle masculin, mais de s’appuyer sur ses propres forces, sur ses ressources intérieures, et de les mettre au service d’un leadership authentique et durable.

Oui, c’est une très belle définition. Ce que je comprends, c’est que le leadership féminin se co-construit, à la fois à partir de nos ressources personnelles et de l’environnement humain qui nous entoure. C’est aussi une façon d’avoir de l’impact, sans tomber dans la logique du toujours plus, mais en cherchant un équilibre entre performance et bien-être.

Tout à fait. On ne peut rien construire sans prendre en compte ses limites, son énergie, sa santé. C’est essentiel de rester dans un cadre qui respecte son corps, son rythme et ses besoins réels.

Le leadership féminin, pour moi, repose vraiment sur le fait de s’appuyer sur ce que l’on est, sur ce qu’on aime faire et sur ce qu’on sait faire, plutôt que d’essayer de ressembler à un modèle imposé.

C’est une très belle manière de compléter cette idée. Et ça me fait penser à une autre question : en tant que femmes, on a souvent des croyances limitantes plus fortes que les hommes. Alors comment les identifier et surtout les dépasser pour exprimer pleinement son potentiel ?

Je crois que la première étape, c’est de prendre conscience qu’elles sont là… et qu’elles ne vont pas disparaître. Il faut accepter qu’elles font partie de nous, sans les laisser décider à notre place.

Quand on ressent une peur, une inquiétude, une impression de ne pas être légitime, il faut apprendre à se dire : « ok, je t’entends, merci pour la mise en garde, mais c’est moi qui décide d’avancer. ». C’est ça, le leadership féminin : ne pas nier ses doutes, mais agir malgré eux.

Oui, donc il s’agit de changer notre perception des croyances, de prendre du recul. Mais concrètement, comment fais-tu, toi, quand une croyance te freine ? Parce que parfois, elles sont tellement ancrées qu’on a beau vouloir avancer, on n’y arrive pas

Justement, c’est dans ce « mais » que se cache la croyance limitante. Il faut se demander : qui parle ?d’où vient cette voix ?qu’est-ce qu’elle raconte vraiment ?
C’est un travail personnel, bien sûr, mais je crois aussi profondément à la force du collectif. L’effet miroir d’un groupe, le soutien des autres femmes, leurs regards bienveillants, tout cela aide énormément à déconstruire les blocages. Quand on voit que d’autres croient en nous, on finit par croire en soi. Et c’est, je crois, l’un des piliers du leadership féminin.

Incarner le changement qu’on veut voir dans le monde

Ok, oui, je comprends l’idée du leadership féminin. Et ça m’amène à deux questions : toi, comment tu incarnes le changement que tu veux insuffler dans le monde ? Et puis, tu parlais du collectif tout à l’heure — en quoi est-il bénéfique ? Comment peut-il stimuler la créativitéfavoriser les idées et entretenir la motivation, plutôt que de rester seule ?

C’est une question à la fois intimidante et essentielle. Quand je dois prendre une décision, j’aime me demander : « qu’en penserait la petite Clémentine de 7 ans ? Et qu’en pensera la grande Clémentine de 97 ans ? ». Cela m’aide à prendre du recul et à replacer les choses dans une vision à long terme, ce qui me semble fondamental dans le leadership féminin.

Je me demande aussi : « quelle est la portée de ma décision à court terme ? Et à long terme ? ». Et surtout : « est-ce que je décide dans mon intérêt personnel ou dans l’intérêt du collectif ? ». Les deux ne sont pas incompatibles, mais se poser cette question aide à rester alignée et à donner du sens à ses choix.

Trouver un équilibre entre soi et le collectif

Quand tu me demandes où j’en suis dans mon cheminement, je ne prétends pas toujours faire les meilleurs choix — je ne suis pas un être de lumière (rires). Mais cette réflexion m’aide à clarifier mes intentions.
Mon parcours a été itératif, avec des ajustements, des déconstructions.

J’ai compris que certaines décisions, plus coûteuses sur le moment, sont en réalité des cadeaux pour la moi du futur. Et qu’en pensant à l’intérêt collectif, je me fais aussi du bien : ce n’est pas une contrainte, c’est une manière d’être en lien avec les autres.

Dialoguer avec ses différentes parts

J’adore ton idée de parler à ton enfant intérieur et à ta grand-mère intérieure. C’est la première fois que j’entends ça, et je trouve ça brillant. Ça permet de cultiver la sagesse tout en gardant la joie, la curiosité et l’élan.

Et ce que j’entends aussi, c’est cette capacité à choisir des efforts qui ont du sens, dans une société où tout est rapide, où l’effort est dévalorisé, et où les réseaux sociaux amplifient notre besoin de plaisir immédiat.

On est souvent tenté par le gain instantané : un scroll sur TikTok, un repas sur Uber Eats…
Et dans ce contexte, c’est difficile de retrouver le goût de la lenteur, de la persévérance et de l’effort durable.

Retrouver le goût de l’effort

Je suis d’accord. Notre cerveau a besoin de dopamine, de petites récompenses pour avancer. C’est pour ça que j’applique souvent la stratégie des petits pas : quand une montagne me semble trop haute, je la découpe en étapes accessibles, et à chaque étape, je m’accorde une petite victoire. C’est une approche douce mais efficace du leadership féminin, parce qu’elle valorise à la fois le plaisirla progression et la constance.

Pour qu’une transformation fonctionne, il faut qu’elle soit désirable.
On ne peut pas vivre uniquement dans l’effort ou la contrainte. Projeter les choses avec joie, avec envie, avec une vision inspirante, c’est le point de départ de tout changement durable.

Faire des choix uniquement fondés sur la difficulté ne tient qu’un temps. Mais si on trouve, à chaque étape, une source de satisfactionde sens ou de fierté, alors on nourrit une énergie positive. Et c’est, je crois, ce qui fait la force profonde du leadership féminin : avancer avec exigence, mais aussi avec douceur.

Manifester ce qu’on veut incarner

Ce que tu dis me fait penser à la manifestation, dans le sens où il s’agit d’incarner celle qu’on veut devenir. Je crois beaucoup, moi aussi, que notre intérieur reflète notre extérieur, et inversement. C’est important de rêver grand, mais aussi de rester raisonnable dans les petits pas, pour ne pas se mettre trop de pression, j’imagine.

Et justement, toi, comment tu t’organises par rapport à ces jalons ? Est-ce que tu as une méthode, un outil, peut-être un Notion, ou autre chose, pour suivre les étapes que tu te fixes ? Et comment faire quand on n’atteint pas ses objectifs ?

Transformer une vision en réalité

Ce que je prône avec le leadership féminin, et en quoi je crois profondément, c’est que transposer une vision en quelque chose de concret, c’est un métier à part entière. Pour moi, tout commence par une vision claire, une compréhension précise de là où on veut aller. Ensuite, il faut apprendre à traduire cette vision dans le réel — et ça, c’est une compétence.

Quand on a une idée forte, un projet qu’on a envie de lancer, mais qu’on ne sait pas par où commencer, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner. Souvent, c’est notre perfectionnisme ou nos croyances limitantes qui nous freinent : peur de ne pas savoir, de ne pas être à la hauteur, de mal faire.

J’accompagne beaucoup de femmes entrepreneuses, et je leur dis souvent : passez 80 % de votre temps à faire votre vrai métier, celui dans lequel vous excellez, plutôt que d’essayer de tout faire seules. Le leadership féminin, c’est aussi ça : savoir s’entourerdéléguertrouver les bons appuis.

Découper la montagne en étapes atteignables

Mon métier, au fond, repose sur cette capacité à prendre une vision et à la transformer en action. C’est toujours la même logique : prendre la montagne et la découper en petites étapes faciles à atteindre, actionnablesconcrètes. Penser en termes de priorités, de ressources, de relai humain ou matériel. C’est une façon d’avancer avec méthode, sans perdre de vue le sens ni la direction.

La genèse des Éffrontées

C’est passionnant cet épisode sur le leadership féminin. Tout ce que tu dis montre bien que ton métier te permet d’aider d’autres femmes à avancer. J’aimerais qu’on revienne justement sur Les Éffrontées, ton projet, pour mieux comprendre ce que c’est.

Au départ, Les Éffrontées, c’était le lieu que je cherchais pour moi, et que je n’ai pas trouvé. Quand tu demandes à un ou une entrepreneuse pourquoi elle a créé son projet, dans 90 % des cas, la réponse est la même : « J’avais besoin d’un produit ou d’un service, il n’existait pas, alors je l’ai créé. »
C’était exactement ça.

Et je me suis dit que j’étais la bonne personne pour le faire, parce que mon métier, c’est justement d’accompagner les gens à concrétiser leurs idées. J’avais envie de dédier cette expertise aux femmes, pour les aider à développer leurs projets avec confiance et structure.

Une maison pour les femmes et leurs projets

Au départ, j’avais cette idée d’une maison, c’est pour ça que sur les réseaux, je m’appelle Maison des Éffrontées. Je voulais un lieu physique où les femmes pourraient déposer leur charge mentale, venir se mettre au vert quelques jours, et se concentrer uniquement sur leur projet.

Concrètement, elles y trouveraient un espace calmedes repas préparésun accompagnement sur mesure, et des ressources adaptées à la taille de leur projet. Le but, c’était qu’elles puissent se recentrer, sans les bruits du monde extérieur, et pour cultiver leur leadership féminin.

Une méthode fondée sur l’équilibre

De là, j’ai imaginé une méthode de travail basée sur trois piliers : le cerveau gauche, le cerveau droit et le corps. Avant chaque résidence, je demande aux participantes de clarifier leur projet : ce sur quoi elles veulent travailler, leurs freinsleurs blocagesleur raison d’être, et les interconnexions qui existent entre tout ça.

Une fois sur place, l’objectif est de faire de la place :

  • de la place dans l’agenda, car libérer une semaine entière, c’est déjà un exploit ;
  • de la place dans le budget, car s’investir dans soi-même est un véritable engagement ;
  • et de la place concrète, grâce à un lieu pensé pour la concentration et la sérénité.

Pendant une semaine, elles viennent travailler leur projet sous toutes ses dimensions — pratiques, émotionnelles et stratégiques — dans une démarche profondément humaine et alignée, fidèle à l’esprit du leadership féminin.

Le triptyque : cerveau gauche, cerveau droit et corps

Alors, pour simplifier, même si ce n’est pas une approche scientifique, je parle souvent de cerveau gauche et de cerveau droit. Le cerveau gauche, c’est le raisonnement logique, l’analyse, la structure : on prend son projet, on en fait une feuille de route, on se demande comment passer du point A au point B.

Le cerveau droit, lui, correspond à la créativité, à l’idéation, à la capacité d’imaginer autrement. L’idée, c’est d’aider les femmes à muscler ce ressort, à développer leur imagination, à dépasser les obstacles en sortant des cadres habituels, et à ne plus rester bloquées dans ce syndrome du hamster dans sa roue.

Et puis, comme on en parlait au début de l’épisode sur le leadership féminin, il y a le corps. Pour avoir accompagné beaucoup d’entrepreneuses et d’entrepreneurs, j’ai vu beaucoup de burn-out. On surestime souvent ses capacités, on se persuade qu’on peut absorber n’importe quelle charge de travail parce qu’on est passionnée. On se dit : « c’est mon projet, donc je peux travailler 16 heures par jour, 7 jours sur 7 ». Mais dans les faits, ce n’est pas soutenable dans la durée.

Faire de la place pour que le projet prenne vie

Il faut donc réfléchir à ce qui nourrit l’énergie : le sommeil, l’alimentation, le mouvement, le temps de récupération. C’est essentiel pour tenir dans la durée. À la fin d’une résidence, les participantes repartent avec un plan d’action concret et réaliste. Quand elles franchissent le portail de la maison, elles savent exactement quelles sont les étapes suivantes.

Mais l’enjeu, c’est que la dynamique ne retombe pas. C’est là que le collectif joue un rôle central : pendant la résidence, une sororité se crée. Les femmes se soutiennent mutuellement, partagent leurs avancées, leurs doutes, et il y a cette forme d’accountability — une responsabilité partagée qui pousse à continuer d’agir et à cultiver son leadership féminin.

Et puis surtout, nous, on ne les lâche pas. On accompagne dans la durée, pour que la transformation perdure et que le projet ne reste pas juste une jolie parenthèse. Ce n’est pas une retraite de yoga ni une semaine de vacances, c’est une expérience de transformation durable, qui change une posture intérieure. C’est d’ailleurs un très bel exemple de leadership féminin : avancer dans l’action, mais avec écoute, équilibre et bienveillance.

Les clés d’un projet de transformation réussi

Oui, de ce que je comprends, c’est vraiment un programme à 360° axé sur le leadership féminin. Et je trouve ça fascinant de mener de front toutes ces dimensions : le cerveau, le corps, la créativité. Souvent, quand on entreprend, on met la détente et la santé de côté, alors qu’elles sont essentielles pour ne pas s’épuiser. Et je trouve que ton approche permet justement de créer une bulle d’air, de se reconnecter à soi, loin des écrans et du bruit permanent.

Du coup, d’après ton expérience, quels sont les points communs des projets de transformation qui réussissent vraiment ?

Pour moi, un projet de transformation réussi repose sur plusieurs piliers. D’abord, il faut une vision claire : savoir où on vace qu’on veut atteindre, et ce qu’on est prête à laisser derrière soi. Il y a souvent un travail de deuil à faire — celui de certaines illusions ou fantasmes initiaux — pour clarifier l’objectif réel.

Ensuite, il faut une lucidité totale sur ses moyens. On parle souvent des limites humaines, mais dans un collectif, il faut aussi anticiper les conflits d’intérêts, les zones d’ombre, ou simplement le manque de bande passante. Se demander : « qui va piloter ce projet ? »« à qui vais-je m’adresser ? »« de quoi ai-je besoin pour avancer ? ». Cette réflexion stratégique fait partie intégrante du leadership féminin, car elle implique vision, discernement et collaboration.

Enfin, il faut accepter la marge d’erreur. Le succès, c’est un processus itératif, fait d’échecs, de détours et d’ajustements. Il faut être à l’aise avec cette courbe de progression non linéaire, avec ses hauts et ses bas.

En résumé : Un projet de transformation réussi, c’est une vision clairedes moyens lucidesune équipe solide et une posture ouverte au changement.

L’échec comme étape de la réussite

Oui, c’est passionnant et en lien avec le leadership féminin, et ça me fait penser à l’échec, qui reste encore tabou dans notre société, surtout peut-être en France. On parle beaucoup de succès sur les réseaux sociaux — des réussites, des parcours exemplaires — mais très peu des échecs. Pourtant, échouer, c’est aussi apprendre, c’est une étape essentielle dans tout parcours de transformation.

J’imagine que le fait d’entendre des témoignages sincères, des récits où les gens partagent leurs doutes et leurs erreurs, peut aider à dédramatiser cette notion.

Oui, tu as raison, mais j’ai le sentiment que les choses évoluent. On reste souvent dans des silos, des entre-soi numériques, donc on ne voit pas toujours la réalité dans son ensemble. Mais j’observe, dans certaines communautés — notamment celles que je côtoie — que le mythe du succès permanent commence à tomber.

Chez les femmes que j’accompagne, par exemple, certaines viennent pour écrire un livre. Et l’un des premiers mythes qu’on déconstruit, c’est celui de l’écrivain inspiré qui pond un roman de 500 pages d’un seul jet, comme dans les films.

Dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça. On écrit un peu chaque jour, on échoue, on réécrit, on doute. C’est pareil dans le sport ou dans l’entrepreneuriat : personne ne devient championne ou cheffe d’entreprise sans reprises, pauses, erreurs et ajustements. Le leadership féminin, c’est aussi ça : accepter la vulnérabilité et comprendre que la progression n’est jamais linéaire.

Sortir du mythe du contrôle absolu

J’ai l’impression qu’on entend de plus en plus d’autres récits, plus authentiques, moins basés sur la toute-puissance et la performance parfaite. Et ça fait du bien, car le leadership féminin repose aussi sur cette capacité à montrer les coulisses, à assumer la fragilité comme une force.

Oui, je suis d’accord. Ça dépend des réseaux aussi. Sur LinkedIn, par exemple, on voit encore beaucoup de success stories lissées. C’est un peu, comme tu dis, le réseau de la grande tape dans le dos. Même un poste anodin peut y être transformé en récit héroïque. Sur Instagram, je trouve qu’il y a un peu plus de vulnérabilité, mais LinkedIn reste un espace où l’image de réussite est très codifiée.

Retrouver sa légitimité

Et justement, puisqu’on parle de projets, comment on fait pour se sentir légitime à incarner son projet ? Prenons une femme qui veut écrire un livre, mais qui n’a jamais écrit auparavant : comment peut-elle croire en elle, sans tomber dans la comparaison ou le syndrome de l’imposteur ?

C’est une excellente question, et c’est un sujet universel : tout le monde, à un moment ou un autre, ressent ce manque de légitimité. Mais je crois que la première étape, c’est de remettre à leur place ses croyances limitantes et de muscler son audace. Une fois que tu as fait ce travail et que tu es alignée avec ta raison d’être, tu es exactement là où tu dois être.

C’est ce que les Japonais appellent l’ikigai : l’intersection entre

  • ce que tu aimes faire,
  • ce que tu sais faire,
  • ce dont le monde a besoin,
  • et ce pour quoi on est prêt à te rémunérer.

Quand ton projet coche ces cases, et que tu avances malgré tes doutes, tu es légitime de fait. Et plus tu avances, plus tu reçois des retours concrets — de clients, de pairs, de proches — qui viennent renforcer ce sentiment et te donnes plus de légitimité pour incarner ton leadership féminin.

Une boîte à ressources pour renforcer la confiance

Je conseille souvent aux femmes que j’accompagne de garder une trace de ces retours positifs. Moi-même, j’ai littéralement une boîte ressources : chaque fois que je reçois un message bienveillant, un remerciement, un feedback inspirant, je le garde. C’est une manière de matérialiser la reconnaissance et de nourrir sa confiance dans les moments de doute.

Parce que la légitimité, ce n’est pas seulement un état intérieur. C’est aussi une énergie partagée : on s’auto-valide, mais on s’appuie aussi sur la force du collectif et sur la reconnaissance des autres. Et ça, c’est profondément lié au leadership féminin : une légitimité qui se construit dans la relation, pas dans la solitude.

J’adore cette idée de boîte doudou. C’est vrai que dans les moments de coup de mou, pouvoir relire tout ce qu’on a accompli, tous les messages positifs reçus, ça redonne de la force. C’est une façon de se reconnecter à sa valeur, surtout quand on a tendance à minimiser ses réussites.

Cultiver l’audace au quotidien

La compilation des petites victoires et des accomplissements est essentielle. On le sait toutes : une mauvaise critique peut parfois peser plus lourd que quinze bonnes. Alors il faut vraiment stocker le positif, garder une trace concrète de tout ce qui nourrit la confiance, comme un ancrage.

Clairement. Et tu parlais justement de travailler son audace — comment on fait, selon toi, pour la développer et accéder à son plein potentiel ?

Pour moi, il y a deux leviers principaux. Le premier, c’est de se créer un persona, une version de soi renforcée. Quand je prends la parole en public ou sur les réseaux, je ne suis pas « Clémentine, 38 ans, mariée, maman de deux enfants ». Je deviens la fondatrice des Éffrontées, avec tout ce que ce nom véhicule d’impertinence et de courage.

C’est un peu comme enfiler une cape symbolique : plus je convoque ce personnage, plus je me rends compte qu’en dessous, c’est quand même moi. Et ça, c’est très puissant. Parce qu’à force d’incarner cette posture, elle devient naturelle. C’est d’ailleurs un excellent exercice de leadership féminin : apprendre à endosser sa propre puissance sans attendre la validation extérieure.

S’entourer du bon support system

Le deuxième levier, c’est d’avoir un support system solide. Et ce ne sont pas toujours les proches qui remplissent le mieux ce rôle. Quand on est écrivaine, on n’a pas forcément des écrivains autour de soi.
Quand on est entrepreneuse, nos amis ne comprennent pas toujours les enjeux, les risques, les montagnes russes émotionnelles.

Et puis, il faut le dire, nos proches peuvent parfois projeter leurs peurs sur nous — la peur qu’on échoue, qu’on se blesse, qu’on souffre. C’est humain, mais ce n’est pas toujours stimulant. C’est pour ça que je crois profondément à la sororité : s’entourer de femmes audacieuses, qui sont parfois encore plus ambitieuses pour nous que nous-mêmes.

Quand on échange avec des femmes qui nous disent : « Je crois en toi, je sais que tu peux le faire », on finit par y croire aussi. C’est un effet miroir très fort, qui muscle l’audace et permet de dépasser ses propres limites. C’est tout l’esprit du leadership féminin : avancer ensemble, s’inspirer mutuellement et oser davantage grâce aux autres.

Réaliser son plein potentiel

Atteindre son plein potentiel, c’est d’abord être au bon endroit. Ça rejoint ce que je te disais : quand on a une vision claire, qu’on a fait tomber certains fantasmes et qu’on travaille sur ce qu’on aime fairece qu’on sait faire et ce qui fait sens, alors on crée un alignement qui donne une force incroyable.

Et pour moi, il faut travailler équitablement les trois piliers dont je parlais :
le cerveau gauche (la stratégie, la structure),
le cerveau droit (la créativité, l’intuition)
et le corps (l’énergie, l’équilibre).
Ces trois dimensions sont aussi importantes qu’un bon business plan ou un budget bien ficelé.

Enfin, je crois qu’il faut désacraliser le plan B. Penser sans cesse à sa porte de secours, c’est entretenir le scénario de l’échec. Il vaut mieux se concentrer sur le scénario du succès, celui qu’on veut réellement appeler à soi. C’est un vrai changement de posture, mais aussi une clé du leadership féminin : croire que notre réussite est légitime, et la construire consciemment.

Incarner son personnage pour oser

C’est passionnant ce que tu dis en lien avec le leadership féminin. Quand tu parlais de te créer un personnage, ça m’a fait penser à Beyoncé, qui a fait la même chose avec son alter ego Sasha Fierce, pour pouvoir s’assumer sur scène. C’est fou de se dire que même Beyoncé a dû passer par là pour oser pleinement.

Je ne savais pas pour Beyoncé, mais je trouve ça génial ! Ma référence, à moi, c’est plutôt Sophie-Marie Larrouy, la podcasteuse. Elle expliquait que lorsqu’elle faisait des interviews en public, elle entrait vraiment dans un rôle. Et ça m’a beaucoup parlé.

Oui, on joue un rôle, mais ce n’est pas de la fausseté. C’est une façon de se grandir, de se mettre dans une énergie de puissance. Sur les réseaux, on critique souvent le manque d’authenticité, mais endosser un rôle, c’est aussi une stratégie de confiance.
Parce que parfois, pour incarner son leadership féminin, il faut d’abord faire semblant d’y croire un peu, avant de réaliser qu’on l’était déjà.

La force du collectif et la capacité à se réinventer

Oui, complètement. Et par rapport à ce que tu disais sur le fait d’être bien entourée, je crois que c’est essentiel de s’entourer de personnes qui nous tirent vers le haut, qui incarnent déjà là où on veut aller. Si on veut que notre projet atteigne un nouveau palier, il faut côtoyer des gens dont les projets ont déjà explosé ou des femmes qui incarnent pleinement leur leadership féminin.

C’est comme un effet miroir positif : leur réussite nourrit la nôtre, et inversement. Et puis, la sororité, le partage d’expériences, tout cela fait grandir les deux côtés — celle qui débute comme celle qui a plus d’expérience. Parce qu’au fond, rien n’est jamais acquis, et chaque nouvelle étape demande de se réinventer.

Et justement, comment fait-on pour trouver la méthode qui nous correspond dans notre projet, quand il y a mille possibilités ? Comment savoir ce qui a du sens pour nous ? Et surtout, comment oser arrêter un processus quand on sent qu’il ne nous convient plus, même s’il “fonctionne” ?

Nourrir sa créativité pour sortir de l’autopilote

Je crois que ça revient à muscler sa créativité. Souvent, on est comme des hamsters dans leur roue : on court d’une urgence à une autre, sans prendre le temps de souffler ni de regarder plus haut. Or, c’est dans ces moments de hauteur qu’on puise de nouvelles idées et de nouvelles perspectives. Et ça, clairement, ça se travaille.

Certaines personnes ont peut-être plus de disposition naturelle à la créativité, mais personne n’est condamné à ne pas l’être. Un cerveau créatif, c’est avant tout quelqu’un qui nourrit sa curiosité, qui varie ses sources d’inspiration, qui ose expérimenter. Et c’est pour cette raison que j’ai voulu adjoindre à mes accompagnements traditionnels (coaching, RSE, stratégie, etc.) des approches plus ludiques et expérientielles.

Quand j’accompagnais des entrepreneurs sur des sujets de finance ou de stratégie, j’étais déjà celle qui disait : « Et si on faisait un atelier d’écriture ? Un jeu ? Un exercice de design thinking ? »
Parce que ça aide à sortir du cadre, à dépasser sa propre vision et à aller plus loin.

Quand je propose ça à des entreprises, il y a deux réactions :

  • soit des sourcils qui se lèvent (avec un air de “elle est sérieuse ?”),
  • soit des yeux qui s’illuminent.

Mais à chaque fois, le résultat est là : on avance plus vite et plus joyeusement.On se décentre, on collabore autrement, et on redonne à la réflexion une dimension vivante et inspirante — ce qui, à mon sens, est une composante essentielle du leadership féminin.

La prise de parole : entre peur et puissance

C’est hyper intéressant cette thématique du leadership féminin, et je pense aussi qu’on peut s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, surtout si on ne peut pas encore se faire accompagner. Partager ses idées, échanger entre entrepreneusestester ensemble de nouvelles approches… c’est en itérant qu’on finit par trouver son propre rythme. D’ailleurs, tu parlais de prise de parole tout à l’heure — comment faire, quand on est entrepreneuse timide, pour présenter son projet avec confiance, voire pour convertir ou attirer des opportunités ?

C’est une super question, et un sujet universel pour le leadership féminin ! Je pense à une résidente que j’ai accompagnée, une ancienne avocate, brillante, qui avait remporté plusieurs concours d’éloquence. Elle donne aujourd’hui des masterclasses pour apprendre aux femmes à prendre la parole et à occuper l’espace.

Et elle dit toujours une phrase qui m’a marquée : “La peur de parler en public est la deuxième peur la plus répandue au monde — juste après celle de mourir.”

C’est vertigineux, mais c’est vrai. La prise de parole, surtout quand il s’agit de parler de soi ou d’un projet personnel, peut être terriblement intimidante. Mais la bonne nouvelle, c’est que ça s’apprend.

L’objectif, c’est d’arriver à un point où, quand on te tend un micro, ta réaction n’est plus “vite que ça finisse”, mais “génial, j’ai l’occasion de partager quelque chose qui compte pour moi.” Parce que parler de son projet, même si on le connaît par cœur, ne veut pas dire qu’on en parle bien — ça se travaille.

Trouver sa propre voix

Il n’y a pas de secret : il faut préparer, répéter, ajuster. Je pense souvent à Steve Jobs — pas la référence la plus féministe, certes — mais il illustre bien le propos. Derrière ses 30 secondes de pitch parfait, il y avait des centaines d’heures de travail.

Et je crois qu’il ne faut pas copier le style des autres. La clé, c’est de trouver sa propre voix, son ton naturel, celui qui résonne avec qui on est. Même pour moi, qui anime souvent des conférences, la peur est toujours là. Mais elle devient une énergie, pas un frein.

C’est aussi ça, le leadership féminin : accepter la vulnérabilité, mais monter quand même sur scène. Pas pour être parfaite — pour être présente, vraie, et inspirante.

Incarner le changement avec joie et sororité

Je ne ferai peut-être pas un TEDx demain sur le leadership féminin, mais je le travaille, vraiment. Parce que savoir parler de son projet avec conviction et plaisir, c’est incontournable.

Oui, tu as raison. On oublie souvent que rien n’arrive sans travail.
On voit quelqu’un parler brillamment en public, et on se dit : « J’aimerais trop faire pareil », sans imaginer les heures d’entraînement derrière.
Donc bravo d’avoir relevé l’exercice du podcast avec cet épisode sur le leadership féminin, c’est un très beau premier pas vers ton futur TEDx.

(rire) Très clairement, c’est un excellent entraînement ! Et surtout, merci beaucoup pour notre échange du jour sur le leadership féminin.

Le mot de la fin sur le « leadership féminin »

Alors, pour conclure cet épisode sur le leadership féminin, quel serait ton mot de la fin ?

D’abord, merci à toi, Esthel, de donner la parole aux femmes. C’est essentiel, surtout à celles qui veulent transitionner vers un futur plus désirable, plus joyeux.

Et puis, j’aimerais dire un mot à toutes les personnes qui nous écoutent dans cet épisode du leadership féminin. L’engagement, ce n’est pas un concept figé. Ça peut être donner du tempsde l’énergiesoutenir un projet, mais c’est surtout une façon d’incarner le changement au quotidien. Prenez soin de vous, prenez soin des autres, et en particulier des femmes autour de vous. Soyez alliées et sorores — c’est aussi ça, le leadership féminin : s’élever ensemble.

Et puis, posez-vous cette question : Quel est ce truc que j’ai absolument envie de faire dans ma vie ? Qu’est-ce qui me fait rêver, le dimanche soir, dans mon canapé. Et qu’est-ce que je fais, concrètement, pour que ça arrive ?

Je crois que tout commence là. Et si certaines veulent échanger sur ces sujets de leadership féminin, je serai ravie d’en parler avec elles.

Qui sont tes rôles modèles ?

C’était un vrai plaisir de t’avoir à mon micro pour parler de leadership féminin. Et pour prolonger un peu, j’ai encore une question : qui sont tes rôles modèles ?

J’y ai beaucoup réfléchi, parce que c’est une question classique, mais pas si simple. Pour moi, les premières “effrontées”, ce sont des femmes pionnières : Joséphine BakerMarie CurieSimone de Beauvoir, ou encore Frida Kahlo — de grandes inspirantes.

Et puis, il y a les contemporaines, celles qui font bouger les lignes aujourd’hui : Lauren BastideSalomé Saqué, et tant d’autres.

Mais mes vrais rôles modèles, ce sont aussi les femmes du quotidien. Celles que je rencontre, que j’accompagne, authentiques, puissantes, vraies. Des badass silencieuses qui incarnent le leadership féminin sans le revendiquer, juste en étant elles-mêmes.

Oui, je suis d’accord. Le leadership féminin c’est aussi qu’on peut toutes et tous être des rôles modèles à notre échelle.

Quelles ressources recommanderais-tu ?

Et pour continuer, quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui écoutent ce podcast sur le leadership féminin ?

Alors ça, j’en ai plein ! J’ai même une bibliothèque idéale que j’appelle ma petite roulotte, que j’emmène avec moi pendant les résidences.
Chaque femme qui vient apporte un livre qu’elle aime et en fait cadeau aux Éffrontées.
Ça crée une bibliographie vivante, qui grandit à chaque expérience.

J’écoute aussi beaucoup de podcasts. Évidemment celui-ci (rires), mais aussi La Poudre, ou Les Gens qui doutent, qui parle des processus de création et d’écriture — c’est passionnant. Et j’écoute aussi des chroniqueuses drôles et impertinentes, comme Marina Rollman ou Morgane Cadignan sur France Inter. L’humour, pour moi, fait partie intégrante du leadership féminin : il désarmerelie, et libère la parole.

Oui, c’est vrai, tu proposes une belle diversité de ressources : de quoi se nourrirapprendrerire et se détendre.

Exactement. Et je dirais aussi que c’est important de se nourrir par la lecture, y compris à travers ce qu’on lit à nos enfants. On peut changer les imaginaires, en remplaçant certains livres par d’autres, plus ouverts et inclusifs. C’est aussi une forme de transmission du leadership féminin, dès le plus jeune âge.

Que signifie le terme féminisme pour toi ?

Oui, la société évolue, et on le voit notamment avec la jeunesse, les nouvelles générations qui questionnent différemment les rapports entre les sexes. J’ai deux dernières questions pour conclure : Que signifie le terme féminisme pour toi ? Et qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?

Le féminisme, pour moi, se résume en deux mots : rechercher l’égalité. Ni plus, ni moins.
C’est une quête d’équilibre, de justice, et d’inclusion — et je crois que c’est aussi une des racines profondes du leadership féminin.

Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?

Quant à la personne que j’aimerais voir à ton micro, ce serait quelqu’un qui œuvre pour l’égalité dans la sphère de l’éducation. Des personnes qui travaillent au contact des enfants, dans les écoles, les crèches, les centres de loisirs ou les PMI. Pas uniquement des penseurs ou des experts, mais des acteurs et actrices du terrain, qui vivent au quotidien cette transformation de la société.

Oui, tu as raison. Ce serait passionnant d’interviewer des personnes du terrain, celles et ceux qui éveillent les consciences dès le plus jeune âge. Je vais me pencher là-dessus, il y a sûrement plein de belles voix à faire entendre sur ces sujets.

Exactement, des gens qui ouvrent le chemin de l’égalité avec les plus jeunes, et qui participent, à leur manière, à construire une société plus juste et inclusive.

Merci beaucoup, Clémentine, pour ton temps, ta sincérité et ton énergie inspirante. C’était un vrai plaisir d’échanger avec toi, et merci aussi à toutes celles et ceux qui nous ont écoutés jusqu’au bout cet épisode sur le leadership féminin.

À très bientôt dans un nouvel épisode de Matrimoine Féministe.

Un immense merci à toi, Esthel. C’était un vrai bonheur de prendre ce temps de réflexion, de partage et de sororité autour du leadership féminin.

Merci de créer cet espace de parole bienveillant et d’encourager ce leadership féminin qui, je crois, est en train de redessiner les contours du monde professionnel et personnel. Merci à toutes et à tous, et à très bientôt !

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Ses rôles modèles et ressources mises en avant dans l’épisode sur le leadership féminin

  • Joséphine Baker
  • Marie Curie
  • Simone de Beauvoir
  • Frida Kahlo
  • Lauren Bastide, 
  • Salomé Saqué,
  • Les femmes du quotidien.
  • La bibliographie vivante de la Maison des Effrontées
  • La Poudre
  • Les Gens qui doutent

Retrouvez Clémentine et sa thématique du leadership féminin

Épisodes complémentaires à écouter à l’épisode sur le leadership féminin

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