Bonjour, bonsoir aux personnes qui écoutent ce podcast sur la psychologie transculturelle. Je suis en compagnie de Mélanie Vijayaratnam, avec qui nous allons parler de psychologie transculturelle.
Mais avant de lui laisser la parole, je voudrais rendre un femmage tout particulier à Clémence Mouellé Moukouri, la présidente de l’association Find Yourself. C’est grâce à son événement, le mois de l’Empowerment, que j’ai eu l’occasion de rencontrer mon invité du jour. Ceci étant dit, Mélanie, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites.
Bonjour tout le monde, moi c’est Mélanie Vijayaratnam, je suis docteure en psychologie transculturelle clinique et fondatrice du Média Les Mondes de Parvati.
Super merci pour cette petite présentation pour notre épisode de psychologie transculturelle.
Je pense que notre échange va se dérouler en deux parties. Une première partie autour de la psychologie, vu que c’est ton métier, et une deuxième partie autour de la psychologie transculturelle, puisque c’est aussi tes origines et c’est ce que tu insuffles dans ton média, dans tes consultations.
La psychologie et la psychologie transculturelle
En tant que féminisme éducatif, c’est important de définir les termes clés du sujet, donc j’aurai quelques petites questions pour mon épisode sur la psychologie transculturelle. Et notamment, première pour aborder le sujet, c’est qu’est-ce que la psychologie et du coup la psychologie transculturelle ?
La psychologie, c’est une science qu’on appelle une science humaine, qui est différente de ce qu’on appelle les sciences dures, les mathématiques, la science physique par exemple, ou tout ce qui est physique chimique par exemple.
La science humaine s’impose à tout ce qui est en lien avec l’humain. Et la psychologie s’intéresse à tout ce qui est en lien avec le fonctionnement psychique humain. C’est-à-dire tout ce qui est invisible, tout ce qui est à l’intérieur de toi, dans ta carapace qui est ton corps.
Tout ce qui est à l’intérieur de ton cerveau, tes émotions, ton fonctionnement, ton caractère, la manière dont tu as grandi, ton identité, pourquoi est-ce que tu te positionnes comme ci ou comme ça, et toutes les psychopathologies qui sont les maladies en lien avec la psychologie justement.
Ok, très clair. Et du coup, la nuance avec la psychologie transculturelle ?
Alors la nuance avec la psychologie transculturelle, finalement ce n’est pas une nuance, c’est une complémentarité. La psychologie transculturelle, elle va s’intéresser à tout ce que je t’ai évoqué auparavant, mais avec l’aspect culturel des individus, qui est très important le background culturel.
La différence entre psychologie, psychothérapie et psychiatrie
Merci pour ces précisions pour ce podcast sur la psychologie transculturelle. On aura le temps de dérouler tout ça dans la deuxième partie consacrée à la psychologie transculturelle. Pour continuer avec mes petites questions d’introduction dans le sujet, c’est quoi la différence entre psychologue, psychothérapie et psychiatrie ?
Oui c’est une question qui est très importante parce que quand on dit qu’on est psy finalement ce n’est pas très précis. Il y a beaucoup de personnes qui font des confusions entre ces trois termes que tu évoques parce qu’effectivement ce n’est pas évident de savoir quand on n’est pas de ce domaine-là, de savoir quelle est la différence.
J’ai envie de dire déjà la première différence c’est une différence de parcours universitaires. Le psychologue, le psychothérapeute, le ou la d’ailleurs, le ou la psychiatre sont des professionnels de santé mentale mais ils n’ont pas la même fonction c’est-à -dire qu’ils ne prennent pas en charge les patients et les patientes de la même manière.
La première grande différence on va dire entre le psychologue, le ou la ou psychologue, le ou la psychiatre c’est le fait qu’il y en a un, une qui va être un médecin alors que le psychologue, la psychologue ne va pas forcément être médecin.
Déjà dans la formation c’est très important parce que d’un côté tu vas avoir un professionnel qui va justement faire des diagnostics, prescrire des médicaments, c’est le cas du psychiatre, et une autre personne, un autre professionnel qui justement va être plutôt là pour accompagner via une approche non médicamenteuse. C’est mon cas en tant que psychologue. Donc ça c’est la différence principale entre psychologue et psychiatre.
Ensuite, il y a ce terme psychothérapeute. Les deux peuvent être psychothérapeutes. Psychothérapeute, finalement, c’est la manière d’utiliser un médiateur, pour soigner le patient. Ça peut être l’hypnose. Dans ce cas-là, la personne va être hypnothérapeute. Ça peut être l’art. Dans ce cas-là, la personne va être artérapeute, etc.
D’ailleurs quand je t’entends parler, ça me fait penser à une amie qui m’a donné un terme de psychologue ESMR ou quelque chose comme ça. Mais je ne sais pas du tout ce que ça signifie exactement donc tu peux aussi définir ce terme. Après je ne sais même pas si c’est le mot que j’utilise mais…
Oui je pense que tu veux parler de EMDR qui est une méthode, une méthode qui sert à prendre en charge les traumatismes à travers justement le mouvement oculaire, le mouvement des yeux. Donc il y a certains thérapeutes qui sont spécialisés dans cette méthode-là qui vont permettre à leurs patients patientes de justement traiter, travailler, explorer leur traumatisme. Chaque professionnel va avoir son approche, sa spécificité pour accompagner ses patients.
Comment on fait pour trouver le bon spécialiste pour soi ?
Merci pour la précision pour ce podcast sur la psychologie transculturelle, c’est très important. Ça mène forcément à ma prochaine question de cet épisode sur la psychologie transculturelle. Comment on fait pour trouver le bon spécialiste pour soi ? Comme tu l’as si bien évoqué, tout le monde a sa propre spécificité, donc ce n’est pas évident de savoir quelle spécificité est la bonne pour nous.
J’ai envie de dire qu’il faut expérimenter. C’est très important. Alors, ça va paraître bête, mais j’ai envie de dire, c’est comme quand tu vas faire un massage ou quand tu vas chez le coiffeur. C’est-à-dire que la première fois que la personne te fait une coupe qui ne te correspond pas, ça ne veut pas dire que tu vas tout arrêter et que tu ne vas plus jamais te couper les cheveux de toute la vie.
On va réessayer, on va aller dans un autre salon de coiffure, on va faire une autre prestation, pareil pour les massages. Et là, on va se dire, ah il y a un feeling qui passe avec cette personne-là. Quelque part, c’est pareil quand on consulte.
Nous ce qu’on appelle le feeling dans notre jargon, c’est le transfert, le contre-transfert. C’est cette dynamique qu’il y a durant les consultations. Souvent ça se joue déjà, les bases de ce transfert contre-transfert se jouent dès la première consultation. C’est-à-dire, est-ce que je me sens bien en tant que patiente avec cette psychologue ? Et est-ce que moi, en tant que psychologue, j’arrive à trouver justement la demande de ma patiente ou de mon patient ?
Je pense que c’est très important de pouvoir justement se questionner sur comment je me sens dans ce cadre-là. Alors ça peut être en visio, ça peut être en présentiel, dans ce cabinet-là, avec cette thérapeute-là. Je vais parler au féminin parce que je vais parler de mon expérience en tant que psychologue transculturelle et de mon expertise au sein de mon cabinet.
Ce “feeling”, ce contre-transfert-transfert, c’est très important. Et je pense que pour trouver le bon thérapeute ou la bonne thérapeute, en tout cas celle qui est alignée à soi, c’est important de définir la demande. Pourquoi est-ce que je vais consulter ? Qu’est-ce que je recherche ? Qu’est-ce que je veux comprendre ? Qu’est-ce que je veux travailler ? Qu’est-ce que je veux guérir ? Parce qu’il y a des personnes qui viennent, alors souvent sur adressage d’un médecin par exemple, qui peuvent venir mais qui ne savent même pas pourquoi ils viennent.
Ces personnes-là c’est plus compliqué à la fois pour la personne, à la fois pour la thérapeute mais pourquoi vous venez à quoi ça sert de venir donc il faut bien identifier ce n’est pas obligatoire de faire une psychothérapie mais c’est important ça fait sens pour la personne concernée.
Pour trouver la bonne personne, la bonne thérapeute, je dirais pour résumer qu’il faut expérimenter. Alors parfois on le trouve du premier coup, et tant mieux, mais parfois c’est plus compliqué. Moi à titre personnel, quand j’étais étudiante, je crois que j’ai consulté 4 à 5 psychologues pour justement savoir avec qui je me sens bien et pour finalement trouver la personne qui me corresponds.
La psychologie coûte cher ?
Merci beaucoup pour tous ces éclaircissements pour cet épisode sur la psychologie transculturelle. De ce que je comprends, c’est important de faire une introspection de soi un peu en continu pour voir est-ce que ça nous convient, est-ce que c’est aligné. Mais du coup, ça m’amène aussi à deux questions pendant que tu parlais qui me sont venues à l’esprit.
La première, c’est par exemple une personne qui n’est jamais allée voir un psy. Quels seraient les bénéfices, si on peut appeler ça comme ça, l’enrichissement qu’elle pourrait avoir en allant voir un psy, parce que si elle ne connaît pas et que potentiellement elle n’a pas non plus l’argent pour y aller, ça peut être difficile.
Et aussi la question de l’argent, est-ce qu’il y a des aides pour aller voir un psy sans que ça coûte trop cher ? Parce que j’imagine qu’il y a tout type de budgets et je pense qu’il y a aussi des personnes qui ont fait une très bonne introspection d’elles-mêmes, mais qui le porte-monnaie ça ne va pas suivre et du coup elles ne peuvent pas forcément avancer sur ce chemin-là.
Oui alors je vous précise juste quand on va parler de psy dans cet épisode on va parler de psychologue puisque je suis psychologue alors effectivement la question de l’argent en lien avec la psychothérapie, je pense que c’est un gros stéréotype j’aimerais bien déconstruire ce stéréotype-là parce que quand on parle de psychothérapie je crois que tout de suite on imagine le psy dans son cabinet libéral avec sa consultation.
60 euros c’est mon cas ce sont les tarifs que je pratique mais ce n’est pas la seule modalité de prendre en charge sa santé mentale avec un psychologue. Il faut que les personnes sachent qu’il y a plein de modalités qui existent dans les maisons de santé dans nos communes par exemple les prises en charge psychologiques sont limitées, c’est 8 à 10 consultations mais elles sont totalement prises en charge donc vous n’avez rien à payer dans les CMP, les centres médicaux psychologiques, ce sont des structures qui sont rattachées à des hôpitaux.
Pareil qui se retrouvent dans certaines communes ou plus largement dans certains départements. Par rapport à la maison de santé, les prises en charge psychologiques sont totalement gratuites. Après effectivement, il peut y avoir une liste d’attente qui peut être plus ou moins longue. C’est pareil, d’ailleurs, en cabinet libéral, parfois on n’a pas une consultation rapidement, il peut y avoir une attente plus longue.
Il peut y avoir aussi des associations qui sont centrées sur la santé mentale aussi, des associations qui peuvent proposer des groupes de parole. Je pense par exemple à des associations comme tu sais des structures comme la maison des femmes où il y a des professionnels de santé mentale mais pas que qui peuvent justement accompagner les femmes notamment dans ce cas-là qui ont besoin de soutien psychologique.
Je pense que c’est très important de déconstruire ce cliché de la psychothérapie ça coûte cher parce que je crois qu’il y a beaucoup de personnes qui n’osent pas consulter parce que les personnes se voient déjà en train de se ruiner.
Une psychothérapie, même si la séance peut paraître chère dans un cabinet libéral, l’idée ce n’est pas de se voir tous les deux jours, ce n’est pas se voir toutes les semaines. On fait un travail qualitatif et pas quantitatif. La temporalité, dans ma manière de fonctionner, d’accompagner mes patients patientes, moi ce que je propose c’est vraiment des thérapies à la carte. C’est mes patients, mes patients qui choisissent quand est-ce qu’ils veulent où elles veulent revenir me voir.
Et ça c’est très important que ces personnes qui viennent me consulter se saisissent de leur espace, et que je leur dis pas bon on se voit la semaine prochaine et entre aujourd’hui et la semaine prochaine peut-être qu’il ne se sera rien passé, peut-être qu’elles auront pas décanté ces personnes par rapport à ce qu’on s’est dit en consultation. Alors je ne sais pas si je réponds bien à la question que tu m’as posée dans le cadre de notre échange sur la psychologie transculturelle.
Qu’est-ce que la psychothérapie peut apporter ?
Tu as commencé à répondre pour cet épisode sur la psychologie transculturelle par rapport à la question de l’argent. Et la deuxième question pour la première partie de l’épisode sur la psychologie transculturelle, tu commences aussi à y répondre, c’était par rapport aux apports d’une séance de psy pour quelqu’un qui n’est jamais allé et qui ne comprend pas trop ce que c’est.
On a commencé à aborder le sujet avec le fait de décanter la séance, parce qu’il y a pas mal de réflexions aussi à prendre en soi par rapport à tout ce qu’on dépose en séance, parce que c’est des choses aussi très émotionnelles. Et c’est déjà bien de se décharger de tout ça mais si tu veux continuer dans cette lignée, vas-y.
Oui je vais repréciser effectivement par rapport à ta seconde question. Qu’est-ce que la psychothérapie peut apporter ? Alors encore une fois, c’est compliqué de faire des généralités parce que moi je travaille vraiment avec la singularité. Chaque personne est unique et en plus au sein d’une même psychothérapie, c’est plusieurs séances de psychologie, au sein d’une même psychothérapie les séances elles sont très très différentes.
Pendant une séance on va parler d’identité, par exemple pendant une autre séance on va parler de la famille, pendant une autre séance il se sera passé un événement qui fait qu’on va centrer l’accent là-dessus. Donc c’est très compliqué pour une thérapeute, pour une psychologue, pour la psychologue que je suis, de faire des généralités. Mais je vais essayer de te répondre en donnant justement dans cet épisode quelques billes de réflexion. Qu’est-ce que ça peut apporter ? Alors je pense que ça va dépendre justement de la situation de la personne.
Est-ce que la personne a vécu un événement qui a été un déclencheur dans sa vie actuellement, qui fait qu’elle ait un besoin de soutien ponctuel, peut-être. Je pense par exemple à une personne qui a connu un deuil dans la famille, ou un traumatisme, ou un accident. Alors ce n’est pas forcément des événements malheureux, ça je précise aussi.
Les personnes peuvent aussi consulter quand il y a des événements heureux dans la vie. Parce qu’ il y a un trop-plein d’émotions par exemple. Je viens d’accoucher, j’ai besoin d’extérioriser parce qu’il y a trop de choses qui se passent en moi, j’ai envie de comprendre. Il peut y avoir des événements déclencheurs.
Après il y a aussi des personnes qui viennent consulter par curiosité. C’est-à-dire là j’ai par exemple 25 ans, je viens de finir mes études et j’ai envie de faire le point par rapport à ma vie jusqu’à maintenant et j’ai envie de savoir ce que je veux mettre en place pour avancer dans ma deuxième partie de la vie. Ça va vraiment dépendre de la situation de la personne après il y a des personnes qui vont venir par exemple en couple dans ces cas-là ce sont des personnes qui vont essayer de détricoter un petit peu ce qui se passe dans le couple pour essayer de mieux se comprendre et mieux vivre ensemble.
Il y a des parents qui viennent consulter pour leurs enfants, alors il y a tous les cas de figure finalement parce qu’ils perçoivent chez leurs enfants par exemple un trouble du comportement ou quelque chose qui a changé chez leurs enfants.
En psychologie transculturelle, on va y venir après, ce qui se passe aussi c’est l’inverse. Ce sont les enfants, qui sont adultes, qui demandent une consultation en psychologie transculturelle pour leurs parents, qui sont migrants, parce qu’eux n’ont pas pris l’habitude de prendre soin de leur santé mentale, en tout cas tel qu’on la conçoit ici, en France notamment.
Tu vois il y a plein de configurations qui sont possibles, mais moi mon travail le plus important c’est de remettre du sens à chaque fois, de se dire votre fille a pris une consultation en psychologie transculturelle pour vous madame, mais vous qu’est ce que vous en pensez ? Est-ce que vous connaissez la psychologie transculturelle? Et qu’est ce que vous en pensez ? Qu’est ce que ça vous évoque ? Toujours mettre le ou la patiente au centre de sa prise en charge. Encore plus en psychologie transculturelle. Moi c’est comme ça que je conçois les choses, peut-être qu’un autre collègue te dira les choses autrement et c’est tout à fait ok.
Mais je crois qu’effectivement on travaille beaucoup avec ce qu’on appelle l’alliance thérapeutique, c’est en lien avec ce qu’on a dit tout à l’heure sur notre épisode sur la psychologie transculturelle, c’est que moi j’ai besoin que la personne en face, justement, elle soit totalement consentante, c’est très important s’il y a des personnes qui peuvent venir en consultation sans avoir du tout envie de parler à une autre personne, donc là c’est compliqué puisque moi je travaille beaucoup avec la parole, donc si la personne ne veut pas me parler et qu’elle est énervée, c’est compliqué de tenir une consultation.
Mais en plus d’être consentante avec la psychologie transculturelle, c’est important qu’elle comprenne pourquoi on fait ça. On n’est pas juste là pour parler, parce que sinon on pourrait parler dans un café, ou voilà, autour de viennoiserie, tout ce que tu veux. Non, il y a un cadre spécifique. On parle pour soigner, et ça c’est très important.
Merci pour ces explications pour notre podcast sur la psychologie transculturelle encore une fois, je trouve ça très clair et de ce que je comprends de la psychologie (et de la psychologie transculturelle) c’est comme si on avait une pelote de laine en nous et la psychologue elle va aider à dérouler cette pelote et faire des liens entre des événements que nous on n’a pas forcément donc c’est vrai que c’est ultra intéressant parce que ça permet une prise de recul et soigner par la parole c’est quelque chose de très fort et encore plus en psychologie transculturelle.
Pourquoi la santé mentale est encore tabou ?
Et ça m’amène aussi à la question pour notre podcast sur la psychologie transculturelle parce que tu parles de soigner par la parole, mais j’ai quand même l’impression que la santé mentale, ça reste encore tabou, malgré la libération de la parole à ce sujet, parce que soigner par la parole, il peut y avoir des personnes qui peuvent dire, si c’est juste parler, autant faire ça avec une amie ou dans un café pour reprendre un peu tes propos. Et c’est des choses qui ne sont pas encore très connues.
Et alors que par exemple, je ne sais pas, on est malade, on prend un médicament, il n’y a pas de souci. Enfin, un rhume, c’est quelque chose d’acté.
Mais par exemple, la santé mentale, c’est difficile. Et ça me fait aussi penser pour les hommes aussi, c’est encore plus difficile avec tout le poids de la société patriarcale où on réprime leurs émotions, ils ne peuvent pas pleurer pour la société.
Parce que sinon, c’est mal vu, c’est une fillette. Alors que c’est tout à fait normal et naturel de pleurer et ça aide de pouvoir décharger tout ça et c’est vrai que je voudrais entendre parler de ce sujet là dans le cadre de notre échange sur la psychologie transculturelle.
Alors je crois que moi, on combat finalement en tant que professionnelle de santé mentale et à travers mon média Les Mondes de Parvati, c’est un peu déconstruire ces stéréotypes qu’on a. Premier stéréotype, on l’a évoqué auparavant, c’est vraiment le lien entre l’argent et la psychothérapie. Deuxième stéréotype, je crois que c’est ce mot tabou. C’est un mot qui est quand même assez nouveau dans la société. Il y a beaucoup de tabous en ce moment. Et en même temps, ces tabous c’est nous qui les avons créés, je crois.
J’en parlais justement quand on s’est rencontré, toi et moi, à l’occasion du mois de l’Empowerment proposé par Find Yourself, il y a une question toute bête, qu’on pose tous les jours. Salut, ça va ? Et combien on a de chances de dire à la personne qui nous pose cette question, bah franchement ça ne va pas aujourd’hui, je ne me sens pas bien, je me sens déprimée, il c’est passé tel ou tel événement dans ma famille…
Non, on ne le dit pas et on ne peut pas le dire à n’importe qui non plus. Alors quand c’est votre psychologue qui vous pose cette question vous avez votre espace de parole on n’est pas là pour parler avec un filtre ou avec un masque social donc on est là justement pour parler vraiment sans filtre en toute transparence. Dans la société je trouve que c’est beaucoup plus compliqué parce que la plupart du temps 90% du temps on dit ça va alors que ça ne va pas forcément toujours.
Et ça va, ça ne veut rien dire. Ça ne veut pas dire qu’il y a un grand soleil tous les jours. Et puis même si vous osez dire, ça ne va pas trop, qu’est-ce que la personne peut répondre ? La personne n’a pas forcément d’outils. Donc c’est une question qui est un peu piège. Ce tabou, il est présent dans la société parce qu’on l’a construit. Il suffit de regarder un peu les programmes scolaires des petits, des enfants. On ne parle jamais de psychologie, de santé mentale, alors que c’est hyper important.
Je vais prendre un exemple, tu sais le film Vice Versa 2 en ce moment au cinéma je trouve que c’est super intéressant ce genre de film et je trouve que malheureusement il faut attendre alors je ne sais pas quand est-ce que le premier est sorti mais je crois qu’il y a pas longtemps après 2020.
Je crois que le premier c’était il y a 9 ans de mémoire. Ça remonte quand même entre 6 et 9 ans. C’est quand même assez loin le premier Vice Versa.
Alors je pensais que c’était plus récent, mais effectivement 6 ou 9 ans ça reste quand même récent. Je trouve que par rapport à tout ce que Disney et Pixar ont pu produire comme dessins animés, c’est quand même un des premiers dessins animés où on parle vraiment de la psychologie, de ce qui se pèse dans notre tête, dans notre cerveau, et je trouve que c’est super.
Mais malheureusement, il faut attendre tout ce temps-là, toutes les générations d’enfants qui n’ont pas pu se nourrir de ces dessins animés-là, qui se sont nourris d’autres dessins animés qui sont super, mais où on met en scène des animaux, il se passe beaucoup de choses finalement, il y a beaucoup de psychologie, même dans d’autres dessins animés, mais pas de manière aussi explicite. Et je disais ça parce que je trouve que c’est important qu’on ait des supports.
Malheureusement, aujourd’hui ça commence, mais pendant longtemps, et même encore aujourd’hui, ça manque finalement. C’est-à-dire, c’est les enfants, dès la maternelle, on leur apprenait justement ce que c’est la psychologie, comme tu disais, ne pas réprimer les émotions, parce que c’est très important.
Et dans Vice Versa, on voit très bien que finalement les émotions, c’est une équipe. On a besoin de tout le monde, je pense que c’est très important de leur inculquer ça, parce que ce qui se passe à l’heure actuelle, c’est qu’on devient adulte, il se passe beaucoup de choses, parce qu’entre la vie de l’enfance et la vie adulte, il y a beaucoup de challenges aussi, sauf qu’on n’arrive pas à faire face ou à cohabiter avec ce qui se passe à l’intérieur de nous. Et ça, ça peut être dangereux.
Je pense que c’est important de déconstruire ce tabou, parce que si on se dit que c’est un tabou, on ne va pas y aller.
Il y a très peu de personnes qui vont combattre ce tabou, se dire « non, on n’en parle pas ». Alors-là, on en parle dans un contexte occidental, mais c’est encore pire dans certaines cultures, se dire « il faut être fort, il faut être viril, il ne faut pas montrer qu’on est faible ».
Parce que souvent, on met en lien la psychologie, la santé mentale avec la faiblesse à tort comme si c’était une vulnérabilité alors qu’on est tous vulnérables à un moment donné de sa vie c’est même pas vulnérable au sens de faible on a le droit c’est notre équilibre.
Tu ne peux pas être forte toute ta vie et tu ne peux pas moi je pense que c’est ce qu’on appelle le faux self en psychologie c’est que si tu vois une personne très forte moi en psychologie je sais d’avance qu’il y a quelque chose derrière c’est un masque social.
Il faut toujours un équilibre. Voir une personne très forte, ça veut dire que tu ne la vois pas à 100% de son authenticité. Il y a quelque chose qu’elle masque, il y a un pansement quelque part, voire plusieurs, il y a des blessures qui font que la personne n’ose pas peut-être être elle-même totalement.
Pour répondre à ta question, c’est que ce tabou il faut le déconstruire, il faut oser parler de soi, oser ne pas forcément mettre de filtres. C’est important d’extérioriser, sinon ça reste en soi et ça devient du poison émotionnel.
Je suis tellement en phase avec tout ce que tu dis. En plus, comme tu disais, réussir à cohabiter avec ce qu’il se passe à l’intérieur de nous. Déjà, il peut y avoir à l’extérieur de nous tellement d’actualités, de changements qui peuvent être vraiment néfastes. Donc si l’extérieur, ça ne va pas, l’intérieur, ça ne va pas, c’est très compliqué en tant qu’être humain après de pouvoir s’en sortir, parce qu’il faut qu’on puisse avoir un espace cocon en soi pour se retrouver, parce qu’en plus on ne peut pas aider les autres, on ne peut pas s’aider soi-même.
Si on a des difficultés et qu’on peut avoir une bonne santé physique, mais s’il y a une mauvaise santé mentale, rien ne marche. Et bien sûr, et inversement. Mais c’est vrai que la santé mentale, ça a un poids tellement important qu’on commence à s’en rendre compte, puisque du coup, comme tu l’évoquais avec Vice Versa 2, qui est vraiment super. Je recommande à vos personnes qui nous écoutent d’aller le voir. Moi j’ai adoré le 1, j’ai adoré le 2 aussi.
Et c’est vrai que c’est super d’avoir ces moments-là, et par exemple je sais qu’avec Anxiété, je pense que la vidéo a tourné sur les réseaux sociaux, quand Riley fait une crise d’angoisse et qu’Anxiété elle est comme folle parce qu’elle tourne autour du tableau de bord, parce que ça ne va pas du tout, mais je trouvais que c’était tellement bien imagé.
Même à l’intérieur du cerveau, comment c’est pensé et tout, je trouvais ça assez incroyable et plutôt fidèle à la réalité parce qu’ils étaient quand même très bien renseignés. Ils avaient fait appel à plein de spécialistes pour pouvoir construire le film. Donc ce sont des pointures et tu apprends en t’amusant et c’est vraiment top.
Quels sont les outils que tu proposes ?
Avant de passer à la deuxième partie de l’épisode consacré pleinement à la psychologie transculturelle, je voulais juste rebondir un peu. Tu disais que les personnes n’ont pas forcément des outils pour s’approprier. Donc toi, par exemple, qu’est-ce que tu proposes comme outil à tes patients ?
Comme ça les personnes pourront en savoir plus. Je me rappelle à l’événement de Find Yourself, tu avais dit que la psychologie était partout, et notamment dès la maternelle, au secondaire, autour de nous, et du coup, c’est quelque chose que, vu que c’est partout, c’est important de pouvoir se l’approprier.
J’ai envie de dire, je vais rebondir sur ce que tu disais tout à l’heure, on ne peut pas soigner les autres quand on n’est pas soigné soi-même. Finalement, c’est valable aussi pour les professionnels de santé mentale. Moi je ne peux pas soigner mes patients et mes patientes si moi-même, je n’ai pas mon espace à moi. C’est super important et à chaque fois, j’ai hâte d’aller voir ma psychologue pour déposer plein de choses parce que ça me fait du bien aussi. On n’est pas des machines.
Donc pour répondre à ta question de quels outils on a finalement ? Parfois il faut soi-même les créer. Moi j’essaie, à mon échelle, d’en créer certains en lien avec la psychologie transculturelle, plus spécifiquement sud-asiatique, parce que je fais partie de cette ère culturelle-là. Mais je pense que c’est important d’aller, d’être curieux et d’être curieuse. Vice Versa, c’est super important. Comme je te disais tout à l’heure, il faudrait de plus en plus de médias comme ça.
Quand on se pose des questions, ici on a la chance en France en tout cas d’avoir aussi des librairies, des bibliothèques, des rayons des personnes qui ont écrit des livres des rayons entiers avec des livres en lien avec par exemple des émotions en lien avec des psychopathologies moi j’ai envie de dire c’est important de lire, c’est important d’écouter dans des podcasts, c’est important de se nourrir aussi de ne pas rester seul avec ces questionnements-là.
Je pense que la solitude entraîne beaucoup de maux, beaucoup de malheurs. Alors ça peut être bien, je ne veux pas dire qu’il ne faut pas non plus jamais être seul, mais quand on se pose ces questionnements-là et qu’on est seul, finalement c’est comme une cassette qui tourne à l’intérieur de toi, on ne s’en sort pas forcément, se nourrir des expériences des autres, se nourrir des scientifiques, Vice Versa.
Parfois on n’a pas le temps ni le courage, on a un peu la flemme, c’est-à-dire après une journée de travail, après tout ce qu’on a à faire, après notre vie quotidienne, d’aller lire un livre sur les traumas ou les blessures, je comprends tout à fait, les réseaux sociaux des fois ça peut aider.
Moi à travers mon média justement j’essaie de vulgariser tout ce qui est santé mentale bien sûr avec cet angle de psychologie transculturelle puisque c’est ma spécialité, mais il y a d’autres comptes qui peuvent être très intéressants. Je donne plein de conseils dans cet épisode sur la psychologie transculturelle, mais attention à ne pas être envahi d’informations, je trouve que c’est important.
C’est-à-dire que la santé mentale elle est partout finalement, là on emploie des grands termes pour dire des choses qui existent partout, qui sont invisibles, qui sont là depuis le jour un, qui existent même avant nous, avant notre conception, dans les membres de notre famille, mais on n’en parle pas souvent, on n’en parlera presque pas, mais je pense que c’est important qu’il y ait un dosage.
Comme je disais tout à l’heure, si une personne vient faire des séances de psychologie tous les jours, je ne suis pas sûre que ce soit bon finalement pour la personne. Il faut qu’il y ait des dosages, il faut qu’il y ait un équilibre, se dire là je m’intéresse aux émotions, en l’occurrence si on parle de Vice Versa, je vais explorer un peu les émotions, et puis je me permets de me laisser tranquille aussi.
Ça c’est super important parce qu’on est dans des sociétés où on est dans la performance, il faut aller vite de plus en plu, aller vite sur les réseaux sociaux.
Tout va très très vite, tu as les gens qui vont publier quelque chose, après publier un livre tout va très très vite, alors qu’il y a quelques années ça prenait tellement de temps et on a tendance à se comparer et se dire mince elle a fait tout ça à mon âge et moi j’en suis là je ne me suis pas mariée, je n’ai pas d’enfant, je n’ai pas écrit de livre, mais non chaque parcours est singulier et l’idée ce n’est pas une course la vie.
Prenez le temps, c’est ce que j’ai envie de dire. Chacun son rythme.
Oui c’est un très beau conseil que tu nous dis. En effet la vie ce n’est pas une course, c’est plus un marathon et il faut bien sûr être en bonne préparation pour faire le marathon. Et si forcément ta santé mentale ne va pas, se blâmer, il ne faut pas. De toute façon, la vie est faite de haut et de bas. Il y a des périodes où ça va et des périodes où ça ne va pas et on ne peut pas y faire…
C’est la vie, on ne peut pas avoir que des moments de bonheur. C’est illusoire parce qu’on sera forcément, à un moment donné, déçus ou tristes. Et c’est normal on est des êtres humains, des êtres sensibles, donc c’est important de le valoriser.
Pourquoi avoir choisi cette dimension culturelle ?
Et sinon on va passer dans la deuxième phase de l’épisode de podcast sur la psychologie transculturelle. La première question que je vais te poser est évidente, vu que tu es docteur en psychologie transculturelle, pourquoi as-tu choisi cette dimension culturelle dans ta profession ?
Alors la dimension culturelle dans ma profession, je ne l’ai pas choisie. Elle s’est un peu imposée à moi et c’est grâce à elle que je suis docteur. Je précise, le titre docteur, c’est parce que j’ai eu un doctorat en psychologie transculturelle. Donc j’ai à la fois cette casquette de psychologue clinicienne avec mes patients, mes patientes au cabinet. Donc j’exerce, je ne l’ai pas dit tout à l’heure, mais sur la ville de Bobigny et aussi en visio. Mais je suis aussi chercheuse en psychologie.
La psychologie pour refaire rapidement le cursus, c’est une licence, donc trois ans plus un master, deux ans. À la fin de mon master, j’étais encore intéressée un peu par les études de psychologie, donc je me suis dit que je vais me lancer un peu dans la recherche, j’ai fait un master recherche. Et en parallèle de mon master recherche, j’ai commencé à travailler puisque j’étais professionnelle avec mon M2 pro et j’ai travaillé dans des structures qui n’étaient pas du tout en lien avec la psychologie transculturelle.
Je ne connaissais même pas cette dimension de la psychologie puisque j’ai fait mes études dans une école qui n’était pas spécialisée dans cette branche-là, c’était il y a dix ans, il faut savoir qu’il y a dix ans, la psychologie transculturelle c’est une toute petite partie de la psychologie au sens large. La psychologie c’est énormément de domaines, c’est ce qu’on évoquait tout à l’heure, la neuropsychologie, la psychologie du travail, la psychologie du développement, il y a plein de choses, la psychologie du vieillissement…
Et la psychologie transculturelle finalement elle est toute petite dans cet espace-là, dans cet univers-là. Ça c’est une chose et quand j’ai commencé à travailler je me suis rendu compte que j’avais du mal à faire le lien entre la Mélanie “de la maison” et la Mélanie du monde professionnel. C’est-à-dire qu’à chaque fois il fallait que je coupe une partie de mon identité culturelle notamment pour rencontrer les personnes que je suivais et je trouvais que c’était un peu délicat et c’était un peu inconfortable à force.
J’avais envie de réunir ces deux parcelles de moi. Et la psychologie transculturelle était la meilleure façon de faire. Et je me suis dit que finalement on va faire des recherches. Et il y a une thématique en particulier en M2 recherche qui m’intéressait, c’est la question du mariage. J’avais 24 ans à l’époque, je me posais moi-même ces questions par rapport à moi, mon propre avenir et se dire comment on se marie quand on est né en France, de parents venus d’ailleurs et notamment de l’Asie du Sud.
Moi je suis originaire du Sri Lanka, j’appartiens à la communauté de Tamoul et dans notre communauté on pratique ce qu’on appelle les mariages arrangés et je suis une femme. C’est vrai qu’il y a plusieurs facteurs qui font que ce mariage arrangé, je ne savais pas trop quoi en faire étant donné que j’étais née en France mes parents ne m’en avaient pas trop parlé.
Je sais que ça représentait une pression pour beaucoup de filles de ma communauté, de ma génération autour de moi et en même temps il n’y avait aucun écrit par rapport à ça et je me suis dit allez là c’est une manière d’allier mes deux identités la psychologie transculturelle. Je vais faire un doctorat en psychologie sur cette thématique de ma communauté parce que j’appartiens à cette communauté, parce que j’ai envie d’apporter aux autres personnes, qui ne sont pas forcément de la communauté, des personnes de la recherche, des connaissances sur cette thématique-là, et en plus, j’ai envie de répondre à cette question.
Comment font concrètement les filles ? Donc c’est comme ça que je suis rentrée, j’ai mis un pied dans le monde de la psychologie transculturelle, où j’ai interviewé plein de filles, plein de jeunes femmes, de la communauté autour de leur stratégie d’alliance, leur stratégie de mariage.
Et petit à petit, cette partie de la recherche sur la psychologie transculturelle a pris de plus en plus de place dans ma vie. Et en 2020, j’ai soutenu ma thèse, un sari rouge en héritage. En 2020, j’ai justement commencé à inaugurer mon média de psychologie transculturelle : Les Mondes de Parvati. Je me suis rendu compte que c’est vraiment ce que je voulais faire la psychologie transculturelle. Je suis présente uniquement sur Instagram, parce que gérer tous les réseaux sociaux, je t’avoue que c’est fatigant.
Et j’ai mon site internet et c’est un espace qui regroupe toutes mes activités parce que je suis aujourd’hui docteur en psychologie transculturelle donc j’ai mon cabinet, je propose mes prises en charge psychologiques notamment. Et j’ai tout le média qui va autour, justement, pour essayer de vulgariser la santé mentale, la psychologie transculturelle.
Parce que santé mentale, dans le cadre de la psychologie transculturelle, moi quand je fais des consultations en Tamoul, déjà traduire ce terme c’est hyper compliqué, il faut passer par plein de mots simples. Et je trouve que c’est très important d’employer des mots simples. Parfois, on se complique la vie à employer des mots hyper compliqués. Il suffit de prendre le manuel des psychopathologies pour voir qu’il y a tous les deux mots. Il n’y a que des mots compliqués.
Et même moi, parfois, je ne les comprends pas. C’est comme le Larousse qu’on ouvrait, quand on était petit, et que le mot compliqué, on renvoyait un autre mot compliqué. Et du coup, tu ne t’en sors pas, et je trouve que c’est important de s’exprimer avec des mots très simples. Encore plus en psychologie transculturelle.
Pour répondre à la question, justement dans notre échange sur la psychologie transculturelle, c’est la recherche qui m’a amené à la psychologie transculturelle et la transculturalité qui m’a amené à mon média Les Mondes de Parvati qui fait que depuis 2020, je suis en libéral et j’adore ça parce que ce n’est pas juste être sur son fauteuil devant ses patients, c’est faire plein de choses pour la communauté, pour la société en général et pour la psychologie transculturelle.
Que signifie Les Mondes de Parvati ?
Merci pour cette présentation sur la psychologie transculturelle, c’est une très belle chronologie que tu nous fais là et clairement avec toutes tes actions, tu as un vrai impact positif sur la société donc c’est vraiment super et je suis très contente pour toi que grâce à la psychologie transculturelle tu aies pu apporter ton bout de toi pour pouvoir faire ce que tu aies envie de faire maintenant et pouvoir être 100% toi-même, parce que forcément, si au début, tu te privais d’une partie de ton identité, c’était compliqué de concilier un travail où on n’est pas 100% soi-même.
Grâce à la psychologie transculturelle, tu es 100% aligné avec tes valeurs, avec qui tu es, et c’est vraiment top. Donc bravo pour ça. Et forcément, vu que tu as évoqué ton média, les mondes de Parvati, je me suis dit, ce serait intéressant que tu nous dises qu’est-ce que ça signifie, pourquoi ce nom en particulier ?
Les Mondes de Parvati, il faut savoir que Parvati c’est une déesse en hindouisme, une déesse qui représente la féminité, c’est la déesse mère, c’est une déesse qui est puissante, qui représente la femme et les mondes de Parvati c’est aussi mettre en avant les parcours de ces femmes dans ces communautés-là parce qu’elles sont plurielles.
Les femmes sont plurielles, il n’y a pas de femmes qui se ressemblent, elles sont plurielles dans leur richesse et les mondes de Parvati ça fait surtout référence à mon premier article scientifique. Quand tu es chercheuse (ici en psychologie transculturelle) tu as publié des articles scientifiques notamment et en 2017 j’avais publié en lien avec ce que je te disais avant la question du mariage mon premier article qui s’appelle les noces de Parvati. J’avais envie de montrer à quel point c’était important aussi dans les titres déjà, d’avoir des titres un peu poétiques.
Alors moi c’est un peu ma signature dans le monde de la recherche en lien avec la psychologie transculturelle. C’est vrai que les personnes qui m’encadraient n’étaient pas forcément d’accord pour ces titres, parce que justement, c’était les titres qui n’avaient pas des mots compliqués, etc. Mais pour moi, c’est un peu ma signature de dire : on peut faire des trucs poétiques et des trucs hyper profonds. Ça n’empêche pas. On peut employer des mots simples, mais que ça parle aux personnes.
Alors Parvati, quand tu ne la connais pas, c’est vrai, tu as l’impression que ça ne veut rien dire. Mais il y a tout un historique derrière, c’est-à-dire que les mondes de Parvati, dans ce média-là, j’explore les mondes psychologiques, la psychologie transculturelle, principalement des femmes de la communauté sud-asiatique. Alors communauté, ça ne veut pas dire forcément que les femmes qui sont restées là-bas, c’est la diaspora aussi, les femmes qui sont ici, qui sont multiculturelles, biculturelles. Essayer de comprendre un peu quelle est leur psychologie, quelle est leur construction identitaire, etc.
Quel rôle joue la culture dans la santé mentale des personnes tamoules ?
En effet c’est très poétique, même le nom de ton média, les mondes de Paravati. Je trouve ça chouette aussi que tu aies pu faire ce petit clin d’œil à ton premier article de thèse en psychologie transculturelle. Je trouve ça mignon et très beau et très profond. Et ça me fait penser, forcément, qu’on parle des femmes et qu’on parle de la santé mentale et qu’on parle de la culture tamoule.
Quel rôle joue la culture dans la santé mentale des personnes qui ont quitté leur terre-mère pour intégrer des pays d’accueil ? Et même question pour leurs descendants. Après les descendants, tu avais commencé à parler en début d’épisode sur la psychologie transculturelle du fait que c’était plus les enfants qui incitaient leurs parents à aller faire des consultations, mais potentiellement les parents, ils ne comprenaient pas trop l’intérêt parce qu’ils n’ont pas été éduqués ainsi. Donc voici ma question sur la psychologie transculturelle.
Oui, j’ai lu un article là récemment qui disait que la culture c’est comme un dictionnaire. Alors de plus en plus maintenant, puisque bon, ça fait 10 ans que je suis diplômée, ça fait trois ans et demi que j’exerce vraiment à plein de temps en tant que docteure en psychologie transculturelle, je me rends compte que c’est impossible de rencontrer une personne en la dissociant de sa culture d’origine. Parce qu’elle a grandi dans une culture donnée.
Alors la culture, ce n’est pas forcément une culture venue d’ailleurs hyper loin, ça peut être une culture familiale aussi. Elle a grandi dans une culture donnée avec des valeurs, une éducation spécifique, et arrivant en consultation, elle a dissocié totalement de ça, je trouve que c’est limite dangereux. Cette culture, alors là, d’un aspect culturel, vraiment géographique, traditionnel, c’est un peu les premières graines de la psyché, de la construction psychologique de la personne.
Souvent les enfants, donc les enfants qui ont notre âge, les enfants de notre génération, ont une méconnaissance de ces cultures-là. Parce qu’il y a eu une cassure avec la migration. Alors par rapport à l’aspect transculturel, finalement c’est vrai que c’est assez complexe dans le sens où ce n’est pas que de la psychologie, c’est aussi de la sociologie, c’est aussi de la géographie, c’est aussi de la politique.
Parce qu’il faut savoir aussi comment sont venues ces personnes jusqu’à nous. Rarement les personnes sont venues ici en disant que la France ce sera mes vacances et puis je m’installerai. Non souvent ce sont des contextes de guerre, de génocide, des contextes où on ne pouvait plus rester dans les pays d’origine. Et il faut essayer de comprendre la psychologie transculturelle, pourquoi ces personnes-là spécifiquement sont venues ici. Parfois ce sont des personnes qui voulaient aller dans un autre pays mais qui n’ont pas pu ou qui se retrouvent en France.
Parfois il y a un regroupement familial, parfois les personnes ont aussi envie de venir ici. Je trouve que c’est important de resituer la personne en psychologie transculturelle, et ça il n’y a que la personne, le patient ou la passante qui peut nous apporter ces réponses-là. Et souvent il y a une cassure parce qu’accoucher, faire naître ses enfants dans un pays qui n’est pas le sien, ce n’est pas évident.
Alors déjà quand c’est ton pays je trouve que c’est hyper pas évident parce que ce sont des nouveaux chapitres de ta vie. Mais quand c’est encore moins ton pays avec des professionnels qui ne parlent pas la même langue, c’est beaucoup plus compliqué de réaliser de la psychologie transculturelle. Il y a cette cassure et on se retrouve avec une génération d’enfants qui ne connaissent pas vraiment leurs parents.
Parce que les parents, ils ont opté pour des stratégies soit d’assimilation, c’était le cas pour ma part, moi je suis l’aînée de ma famille, mes parents ont toujours dit il faut que tu sois la première de la classe à l’école, il faut que tu réussisses parce que nous quelque part on est des migrants, il y a eu ce déclassement social, il faut que tu réussisses un peu pour nous. Et je crois qu’il y a cette pression qui peut y avoir avec la psychologie transculturelle.
Alors moi je suis l’aînée comme je le disais, ils ont beaucoup délaissé leur culture dans leur transmission pour m’élever et par la suite élever mon petit frère. Alors après on a des parcours qui sont très différents parce que je suis une fille, c’est un garçon.
Moi c’est la psychologie transculturelle, encore une fois, qui m’a permis de renouer avec ma culture d’origine. C’est ma stratégie à moi, mon histoire à moi. Je ne dis pas à tout le monde, de renouer avec votre culture d’origine. Chacun a son histoire. Mais c’est pour te dire que moi, à 24 ans, avant de découvrir la psychologie transculturelle, j’étais à deux doigts de perdre ma culture d’origine.
Parce que je ne pouvais pas la pratiquer à 100%, déjà parce que je n’avais pas le temps. Et aussi parce que le monde autour de moi n’est pas un monde tamoul. Ma famille oui, quand je vois des mariages, des fêtes, oui. Mais au quotidien non pas du tout. Donc il y a ce déséquilibre qui peut être présent.
Maintenant l’autre souci c’est que je crois que la santé mentale est universelle et ça on l’a un peu oublié. On se dit que nos parents ne prennent pas soin de leur santé mentale non mais ils ne font attention à rien. J’essaie d’apporter une nuance sur la psychologie transculturelle en tant que professionnelle de santé mentale. C’est-à-dire qu’ils prennent soin de leur santé mentale mais à leur manière.
Eux ils ont leurs rituels, ils vont au temple par exemple, ils ont leurs rituels religieux, ils ont leurs pratiques médicales notamment l’ayurveda, ils vont se faire masser, ils vont prendre des tisanes, des choses à base de plantes et c’est leur thérapie finalement et on ne peut pas leur enlever ça. Eux ils ne vont pas forcément aller voir un psychologue ou une psychologue dans un cabinet payer 60 euros et faire leur consultation de psychologie transculturelle.
Nous ici ça nous paraît bizarre de dire je suis en dépression je vais prendre une tisane ça paraît limite un peu dérisoire tu vois parce qu’on a d’autres outils je pense que pour bien s’entendre quand il y a cette diversité culturelle il faut respecter tout le monde. Je pense que le respect c’est la clé de beaucoup de choses finalement il faut respecter aussi que les parents puissent se soigner comme ça, il faut respecter que nous on puisse se soigner autrement.
Et on peut se permettre de faire des passerelles, de se dire maman c’est bien tu te soignes comme ça et moi je connais une personne qui fait tel type de thérapie en psychologie transculturelle, viens on essaie d’une fois et tu n’es pas obligé parce que souvent c’est ça, c’est que les personnes elles apportent, elles amènent les mamans et les papas (alors c’est plutôt des mamans pour être honnête en consultation en tout cas ce qui me concerne) et au début c’est extrêmement dur de créer cette alliance thérapeutique pour la psychologie transculturelle.
Après une fois qu’on l’a créé ça se passe super bien et limite ce sont ces mêmes personnes qui voulaient pas venir qui ne veulent plus lâcher les consultations en psychologie transculturelle, donc c’est pour te dire qu’il n’y a pas vraiment de tabou c’est une question de traduction et de comment ça se manifeste une fois que la personne a trouvé son espace où elle peut extérioriser elle l’investit super bien.
C’est comme quand tu as trouvé la super masseuse ou la super coiffeuse, finalement tu as juste envie d’y retourner parce que tu sais que c’est ton espace à toi. Est-ce que je réponds à ta question en lien notre épisode sur la psychologie transculturelle ?
Oui, tu réponds très bien à ma question de notre podcast psychologie transculturelle et de ce que je retiens, c’est important d’avoir un espace à soi. Je pensais clairement à Virginia Woolf, avoir une chambre à soi et un peu d’argent. Ce que tu dis c’est important et on comprend bien qu’il peut avoir un décalage et perdre sa culture, ça peut être très problématique aussi pour sa construction personnelle et du coup c’est important de pouvoir s’y reconnecter, bien sûr si on en a envie, parce qu’après s’il y a des personnes qui préfèrent tout simplement se délier de leurs origines, c’est aussi leur choix.
Mais ce que tu dis, c’est très important, il faut respecter le choix de l’autre. Et je pense que c’est ça qui manque aussi dans notre société, parce que je dis souvent dans mes épisodes de podcasts, parce que c’est quelque chose où je pense tellement. Je suis un peu bisounours, mais je me dis toujours que le monde se porterait tellement mieux s’il y avait plus de bienveillance et d’empathie, plutôt que de chercher à vouloir se concentrer sur ce qui nous sépare plutôt chercher à se concentrer sur ce qui nous réunit, sur quoi on est complémentaires et ça c’est hyper fondamental.
Parce que ce que tu disais avec l’exemple de ta maman oui elle peut boire ce qu’elle a envie de boire ça lui fait du bien mais après toi si tu veux lui proposer une consultation en psychologie transculturelle, et si jamais elle accepte, vous êtes complémentaires, vous avez deux approches différentes, tu n’as pas une qui est moins bien que l’autre, parce que c’est en fonction de soi, de fonction de son état psychologique, mental, tout ce que tu veux, et c’est un cadeau qu’on s’offre, qu’on offre aux autres, et c’est hyper important et formateur, constructeur.
Présente-nous tes ouvrages de psychologie transculturelle
Ça me fait aussi penser, parce que là c’est vrai qu’on approche bientôt la fin de l’épisode sur la psychologie transculturelle avec les conclusions de l’épisode de psychologie transculturelle, et je me disais que ça pourrait être sympa que tu nous présentes tes ouvrages, on va commencer par le sari rouge en héritage, mais de mémoire tu en as d’autres, donc si tu pouvais nous les présenter.
Oui avec plaisir et merci de me proposer cet espace de psychologie transculturelle. Alors moi j’adore faire de la recherche en psychologie transculturelle. Je trouve que c’est comme ça qu’une professionnelle, en tout cas telle que je me concevais quand j’étais étudiante, s’épanouit finalement. Parce que sinon on peut vite tomber dans un truc où être psychologue c’est sympa mais c’est très dur comme métier parce que vous côtoyez des personnes qui ne vont pas forcément bien toute votre carrière.
Et je pense que me nourrir moi j’aime beaucoup me nourrir de ma recherche sur la psychologie transculturelle pour faire justement des rencontres comme celle-ci aujourd’hui avec toi et celle je pense que c’est très important et j’aime bien écrire aussi écrire parce que c’est thérapeutique d’écrire et écrire pour partager c’est aussi l’objet de ma thèse c’est pour ça que j’avais fait une thèse pas pour la garder avec moi puisque c’est 500 pages, c’est lourd et c’est beaucoup de jargon. C’est aussi pour partager, oui c’est ça aussi qui est beau, partager ses trésors.
Moi j’ai publié plusieurs ouvrages en lien avec la psychologie transculturelle. Pour les adultes, tout d’abord, un série rouge en héritage en 2020, qui est l’adaptation un peu vulgarisée on va dire de ma thèse sur la psychologie transculturelle , avec des mots simples, avec un contexte théorique pour expliquer un peu pourquoi c’est important de faire du mariage un sujet de santé mentale, parce que comme ça, on n’associe pas forcément le mariage qui peut être un événement, vu par beaucoup de personnes comme un événement heureux, joyeux.
On a du mal à le mettre en lien avec ta santé mentale. Comment est-ce que ce moment-là peut être un sujet de psychologie ? Voire de psychologie transculturelle ? Moi j’avais envie de déconstruire ça en disant non dans les coulisses quand tu tires les rideaux c’est plus compliqué que ça et ça tu ne le vois pas sur les photos de mariage par exemple où tout le monde est super content.
C’est un livre vulgarisé de psychologie transculturelle qui est vraiment en lien avec ma thèse de doctorat que j’ai traduit en 2021 en langue tamoule, parce que moi je travaille vraiment avec le transgénérationnel, je crois que c’est important dans la psychologie transculturelle, qu’il y ait toutes les générations qui soient représentées, qu’on puisse donner des outils à toutes les générations, et notamment via la langue.
J’ai traduit le sari rouge en héritage en langue tamoule pour que les parents se saisissent aussi de nos réalités, parce que finalement on est dans beaucoup de communautés, même dans beaucoup de familles de manière générale, on a du mal à parler de certaines choses, parce qu’on pense qu’elles sont tabous, et on a du mal à évoquer la santé mentale justement.
Donc ce livre en psychologie transculturelle, c’est un médiateur pour dire dans notre communauté, il y a des personnes qui divorcent, il y a des personnes qui se remarient, il y a des personnes qui font un choix de mariage arrangé, il y a des personnes qui font un mariage d’amour, il y a des personnes qui ne se marient pas, il y a plusieurs configurations qui sont possibles et finalement c’est ok. Le mot-clé, je crois, d’aujourd’hui, c’est le respect.
Pour respecter aussi les autres, il faut aussi se respecter soi. Souvent les personnes qui n’arrivent pas à respecter les autres, on voit que ce sont des personnes qui ne se respectent pas soi-même qui n’ont pas été respectées donc ce sont des blessures d’enfance, des blessures de l’âge adulte et je trouve que c’est là que la psychologie intervient.
Donc principalement deux ouvrages adultes en lien avec ma thèse (donc la psychologie transculturelle), après j’ai aussi fait des ouvrages coordonnés, plutôt des ouvrages en lien avec d’autres personnes pour la maison d’édition l’art matin, donc deux numéros de la revue de l’Inde où j’ai le numéro 20 je crois de tête.
C’est un ouvrage qui est consacré aux femmes indiennes sud-asiatiques en francophonie pour montrer que c’est plein d’identités, plein de parcours différents.
Souvent on a des représentations clichées la femme indienne elle est comme ça alors que femme indienne par définition ça ne veut rien dire.
Même si tu dis femme indienne d’où en Inde ?
Parce qu’en Inde on est tellement pluriel encore une fois et c’est pour ça que les Mondes de Parvati, j’essaie de travailler avec la pluralité.
Et heureusement qu’on n’est pas toutes pareilles parce que sinon ce sera compliqué.
Deux numéros pour la revue de l’inde un sur les femmes, un sur les hommes parce que je trouve que c’est même en tant que femme je trouve que c’est important de mettre en avant le parcours, les parcours des hommes et leur santé mentale qui est parfois très très abîmée mais eux encore moins d’espace pour en parler et je le vois en consultation.
Moi je suis une femme donc je pense que dans l’alliance thérapeutique ça joue aussi.
C’est plus facile pour les patients de faire du lien avec moi par rapport à la psychologie transculturelle que certains hommes surtout quand c’est des papas tu vois ils se retrouvent face à une personne qui peut avoir l’âge de leur fille et ils ont du mal à évoquer certaines blessures parce qu’ils se sentent pas peut-être. On parlait d’espace safe, d’espace où il y a ce feeling. Et je crois que c’est important en tant que professionnel aussi de reconnaître ses limites, on n’est pas tout puissant, on ne veut pas soigner tout le monde et c’est important de s’entourer.
Juste pour finir par rapport à mes ouvrages sur la psychologie transculturelle, moi j’aime beaucoup le monde de l’enfance, Vice Versa et même tous les dessins animés, même quand j’étais étudiante je me nourrissais beaucoup de la littérature jeunesse, je trouve que c’est très important parce que c’est là qu’on voit les bases, les bases de la société, les valeurs, le respect etc. où on ne les voit pas parfois.
Et moi j’essaye de de créer une collection en psychologie transculturelle, une collection qui n’existe pas encore, une collection qui est biculturelle, bilingue, français et tamoul, parce que ce sont les deux langues que je maîtrise, autour de certains rituels de nos communautés, notamment des rituels religieux.
Moi je suis de religion hindouiste, mes parents sont hindouistes, ma famille aussi, et c’est vrai que quand j’étais petite, dans ma construction, il y a plein de fêtes, j’adore. J’adore les fêtes, j’adore ce qui est festif, je n’ai pas choisi le mariage comme sujet de thèse par hasard.
Mais je ne comprenais pas pourquoi on faisait telle ou telle fête, pourquoi on célébrait ça là, surtout que ça ne correspondait pas du tout au calendrier français. Nous on ne fêtait pas forcément le nouvel an le 1er janvier, on le fêtait aussi, mais on avait notre nouvel an à nous le 14 avril ou 15 avril et je ne comprenais pas pourquoi il y avait cette différence. Et les parents, comme beaucoup de parents de nos communautés, n’ont jamais transmis le sens de ces choses-là, de ces pratiques-là.
Moi en tant que chercheuse en psychologie transculturelle c’est super important de trouver le sens, de dire pourquoi c’est comme ça, pourquoi c’est le 14 ou 15 avril, parce que c’est en lien avec le soleil, c’est très en lien avec la nature finalement. J’essaie de faire mes recherches de psychologie transculturelle qui sont purement jargonneuses de base avec des mots compliqués et de les traduire.
Alors pour le monde de l’enfance avec des dessins, se dire qu’on peut transmettre des choses. Je le fais aussi pour ma descendance, mes enfants à moi, parce que ça me tient à cœur qu’ils aient leurs outils, qu’ils n’oublient pas d’où ils viennent, parce que je trouve que quand on est en situation transculturelle, il suffit que mes parents disparaissent demain, qu’il n’y ait plus d’aîné dans ma famille pour que je sois coupée de tout ça.
Et j’ai envie de laisser des traces en psychologie transculturelle, je pense que c’est important, nos parents ont laissé des traces à leur manière, par voie orale, en nous transmettant des choses de la culture, en nous montrant, nous faisant manger des choses, en nous parlant tamoule. Moi j’ai envie de participer à mon échelle, à laisser des traces, peut-être de manière écrite, parce que j’adore écrire, parce que je suis chercheuse.
J’ai envie de combiner à chaque fois les différents univers auxquels j’appartiens.
Merci pour cette très belle présentation de psychologie transculturelle et c’est vrai que je comprends cette démarche car les écrits restent alors que les paroles c’est plus compliqué s’il n’y a pas d’écrit parce que ça peut être déformé par la suite parce que c’est la vie. C’est normal, on n’a pas forcément toute la compréhension du sujet surtout comme tu l’évoquais quand tu ne vis pas dans ton pays d’origine donc c’est des choses très importantes et bravo pour ton travail. Ça donne envie de tout découvrir sur la psychologie transculturelle.
Le mot de la fin sur “la psychologie transculturelle”
Là on va passer à la conclusion de l’épisode sur la psychologie transculturelle. Il me reste quelques petites questions, notamment le mot de la fin sur la psychologie transculturelle par rapport à tout ce qu’on s’est dit, même si c’est vrai que tu avais commencé dans une lancée, ne pas oublier d’où on vient. Donc je ne sais pas si tu as des choses à rajouter par rapport à ça.
Ne pas oublier d’où l’on vient je pense que c’est oui c’est important ses racines c’est important de les explorer. Ça ne veut pas dire qu’on va forcément prendre telle ou telle direction mais je voulais rebondir sur quelque chose en lien avec justement ce mot de la fin de se dire chacun à son parcours, nous avons notre parcours qui est singulier ce n’est pas parce que la voisine à côté fait comme ci qu’on doit faire comme elle.
On peut s’écouter s’inspirer de cette personne si on veut mais s’écouter et faire les choses à notre manière. C’est un challenge de s’écouter. Il faut prendre le temps. Mais je crois que le fait d’apprendre à se connaître, faire ce travail d’introspection, ça peut résoudre beaucoup de questionnements finalement et peut-être beaucoup de problèmes aussi. C’est aussi s’assumer.
Je suis tellement d’accord avec toi dans cette conversation sur la psychologie transculturelle. On a un trésor qui est en nous. Il faut juste trouver cette clé et la chercher. Après si on ne la trouve pas, ce n’est pas grave. Mais si on est dans cette démarche de la chercher, la clé que tu recherches, ce sera ta construction intérieure. Et c’est tellement puissant et tellement important de découvrir tout le potentiel qu’on a. Comme tu disais, on est tous et toutes uniques et on a toute cette singularité. Donc, c’est important de pouvoir essayer de l’explorer.
Qui sont tes rôles modèles en psychologie transculturelle ?
Et du coup il me reste quelques questions pour notre épisode sur la psychologie transculturelle. Qui sont tes rôles modèles en psychologie transculturelle ?
Alors, moi c’est vrai que c’est un terme qui est un peu spécifique parce que je pense quand j’avais la vingtaine, quand je commençais mes études, j’avais plein de rôles modèles. Et surtout quand j’ai découvert Instagram, j’ai tout découvert un peu en retard par rapport aux autres. J’entendais les copains, copines, ils en parlaient et puis moi je ne connaissais pas trop, je n’étais pas trop au réseau social et tout.
J’avais beaucoup de personnes, notamment des personnes de ma communauté, mais en Amérique du Nord qui crée beaucoup de choses, qui osaient prendre la parole sur des thématiques précises ou qui se permettaient de vivre de leur passion.
Mes rôles modèles ce ne sont pas des personnes spécifiques c’est plutôt des parcours on va dire et puis après je trouve que j’avais besoin de déconstruire ça parce que quand on a des rôles modèles.
On a du mal à s’écouter soi on se dit ah la personne elle est comme ça et j’avais l’impression que je rentrais dans un truc un peu un cercle vicieux où j’admirais tellement ces personnes-là que ça me minimisait moi et dire moi est-ce que j’en suis capable de faire ça ?
Moi ce qui m’a toujours plu c’est de rencontrer des personnes, j’aime bien les gens sur les réseaux sociaux, qui se racontent entièrement, même dans leurs “imperfections”.
Je trouve que ça fait du bien parce que souvent les réseaux c’est des personnes qui sont parfaites, avec plein de filtres. Tu vois par exemple, moi j’ai accouché il n’y a pas longtemps et on a beaucoup de personnes, des influenceurs, des influenceuses qui parlent de leur postpartum, de leur accouchement.
Dans la réalité c’est beaucoup plus compliqué ça, ça ne veut pas dire que c’est imparfait, c’est plus réaliste. Ce sont des personnes qui m’inspirent. Après moi je crois que ma définition du rôle modèle c’est qu’on peut tous être des rôles modèles et je crois que c’est important, c’est important, on est notre propre définition nous-mêmes, il n’y a pas de mauvaise réponse. J’ai envie de dire qu’il n’y a pas forcément quelqu’un en particulier. Je trouve que c’est important qu’on se réapproprie aussi nos histoires, nos êtres et qu’on soit en phase avec ça, sans avoir de moules, de modèles autour.
Je comprends tout à fait ce que tu veux dire et aussi dans le sens où, parce que quand tu disais que tu avais des rôles modèles et que toi tu te sentais moins bien par rapport à ça, je pense aussi à tout ce qui est comparaison, alors que je pense que la seule personne avec qui on peut se comparer, c’est soi-même, c’est moi la Esthel du passé, toi la Mélanie du passé, la personne qui nous écoute, la personne du passé appropriée.
Parce qu’il n’y a que nous qui peut connaître réellement toute notre authenticité et tout le parcours qu’on a pu mener, tous les obstacles qu’on a franchis, ce qu’on a réussi à faire, à ne pas faire, tous nos échecs, nos réussites. On ne peut pas que faire des réussites de toute façon c’est normal d’échouer. Et c’est important de le valoriser. Je suis tellement en phase avec toi pour cette conversation sur la psychologie transculturelle.
Quelles ressources recommanderais-tu en psychologie transculturelle ?
Et dans la suite de mes questions pour cet épisode sur la psychologie transculturelle, quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui nous écoutent ? Bien sûr il y a tes ouvrages de psychologie transculturelle, ton média les mondes de Parvati, mais si tu as d’autres ressources en rapport avec la psychologie transculturelle, n’hésite pas.
Oui moi j’ai envie de dire que c’est important. Alors j’ai beaucoup rebondi dans cet épisode sur la psychologie transculturelle sur la question de singularité. C’est important oui d’explorer les ouvrages, les épisodes de podcast qui font sens pour vous. Je pense que c’est important c’est-à-dire que moi je suis quelqu’un de très volubile je ne vais pas te mentir, il y a beaucoup de choses qui m’intéressent en lien avec la psychologie transculturelle, mais pas tout en même temps.
Il y a des choses sur un instant T, je me dis que je vais lire tout ça, ça va être trop bien et puis la semaine d’après il y a un autre qui m’intéresse et je chope l’idée en pleine route et c’est ça ma manière de fonctionner, et ça me fait du bien de ne pas avoir un planning précis avec des choses à écouter, des choses à lire de me dire a c’est un best-seller il faut à tout prix que je le lise. Peut-être que ça ne va pas du tout faire sens pour moi.
Moi je pense que ce qui me dérange un peu des fois dans les librairies etc. C’est de dire on catégorise, c’est-à-dire ces livres si vous voulez en savoir plus sur l’hyperactivité par exemple, il faut absolument lire ce tas de livres. Peut-être qu’il y a d’autres ressources ailleurs, faites-vous confiance, je pense qu’encore une fois on va revenir sur la question du feeling, il y a un titre qui va te parler, il y a un titre qui va te dégoûter, on va parler des émotions aussi, je pense que c’est important de saisir ce qui se passe en nous.
Ça peut paraître très abstrait ce que je dis mais c’est ce que j’ai envie de dire de manière authentique.
Il faut se permettre d’aller à la découverte de soi-même. Et ce n’est pas moi qui peut… Alors je peux le faire en consultation quand je connais le profil précisément de la personne, mais de manière générale, dans un épisode de podcast, c’est dur de faire des généralités. Pas parce qu’on a peur de se tromper, mais parce que je trouve que ça ne peut pas du tout faire sens ce qu’on peut donner comme outil, en tout cas en ce qui me concerne. C’est mon point de vue que je te partage aujourd’hui dans le cadre de notre discussion en psychologie transculturelle.
Je comprends complètement ce que tu veux nous transmettre c’est important de s’écouter soi et encore une fois c’est ce que tu dis c’est important de faire au feeling et faut s’écouter parce que comment dire tout le monde on est tous et toutes différentes donc on n’a pas forcément les mêmes affinités.
Par exemple il y a des personnes qui n’aiment pas lire donc c’est sûr que pour eux ça ne va pas faire sens mais qui adorent regarder des séries donc pour eux ça fait sens donc c’est vrai qu’il faut trouver ce qui nous anime.
Et comme tu disais, il y a des périodes où on peut lire beaucoup, après tout arrêté parce qu’on regarde plein de séries, il ne faut pas se mettre des challenges du style il faut que je lise 100 livres cette année sinon j’ai raté ma vie.
Il faut juste faire en fonction de soi et pas parce qu’il y a des autres qui le font, qui arrivent à lire 100 livres dans l’année que. La personne qui va écouter cet épisode sur la psychologie transculturelle est peut-être une super lectrice ou pas. Il faut vraiment prendre en compte ses propres capacités, son temps, son énergie, sa santé mentale. Il y a plein de critères qui évoluent tout au long de la vie, puisque la vie n’est faite que d’évolutions.
Que signifie le féminisme pour toi ?
Moi avec mes mots, simplement, j’ai envie de parler de la réalité des femmes de manière générale. Quelle que soit leur culture, quelle que soit leur migration, quelle que soit leur identité.
Je pense que c’est important d’envisager de penser le féminisme comme étant intersectionnel, que ça concerne toutes les femmes et qu’il faut entendre leur voix, entendre leur parcours, entendre leur santé mentale aussi, parce que les études montrent qu’on est beaucoup plus impacté en tant que femmes, de par notre santé mentale, que d’autres personnes, que les hommes en particulier, parce qu’il se passe beaucoup de choses.
Alors il y a cette charge mentale qui est en lien avec tout ce que nous met sur les épaules de la société, mais tout ce qu’on peut vivre tout au long de notre vie et c’est encore plus accentué quand on appartient à certaines cultures où la pression est plus forte cette pression est plus forte sur les femmes. Donc je pense que c’est ça que j’irais faire entendre nos réalités et faire entendre nos voix porter notre santé mentale parce qu’il n’y a que nous qui pouvons parler de nous je pense que c’est très important.
Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?
J’ai envie de parler des femmes, peut-être d’autres générations. Je pense que c’est important parce que souvent, alors là aujourd’hui on est en 2024, il y a les réseaux sociaux, mais je trouve qu’il y a toute une génération de femmes qu’on n’a pas pu entendre, qui n’a pas pu s’exprimer.
Moi ça me tenait à cœur de par mes ouvrages de donner la parole aussi à nos aînées parce que je trouve qu’elles ont énormément de choses à nous transmettre. Elles nous transmettent beaucoup de choses, mais pas de manière publique. Et je trouve que c’est toujours aussi enrichissant de les écouter, qu’on soit d’accord ou pas avec leurs valeurs, avec ce qu’elles nous transmettent.
Et je trouve que c’est aussi notre mission peut-être de leur donner la parole avec nos outils d’aujourd’hui pour qu’elles aussi puissent laisser des traces. Je ne sais pas si c’est dans tes projets, d’avoir des aînées, des personnes d’autres générations s’exprimer.
En tout cas je suis très contente de t’avoir eu mon micro pour parler de psychologie transculturelle parce que comme ça tu as pu faire porter ta voix à ton échelle sur le micro du Matrimoine Féministe à travers un féminisme intersectionnel. Et pour la question des aînées, j’avoue que je ne sais pas trop, parce que je ne connais pas l’âge des personnes que j’interviewe en général.
J’essaie de faire représenter la diversité sous toutes ses formes. Donc bien évidemment que j’aimerais avoir aussi à mon micro des personnes d’un âge plus avancé que le mien. Déjà, j’aimerais beaucoup avoir ma maman, mais elle n’est pas encore partante pour intervenir sur le micro Matrimone Féministe, j’espère qu’un jour elle sera en phase.
Parce que ça pourrait être intéressant d’avoir aussi son expérience vu qu’elle est handicapée et du coup c’est important de représenter la diversité sous toutes ses formes, handicap compris. Mais en tout cas, merci beaucoup Mélanie pour cet épisode ensemble sur la psychologie transculturelle, c’était très chouette, c’est passé très vite et merci aussi aux personnes qui nous ont écouté jusqu’au bout notre échange sur la psychologie transculturelle.
Merci pour l’invitation Esthel, c’était un chouette moment à discuter de la psychologie transculturelle. À bientôt !
Ciao ciao tout le monde ! J’espère que vous avez passé une bonne écoute sur cet épisode de la psychologie transculturelle !
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Les rôles modèles et ressources mises en avant dans “la psychologie transculturelle”
- Les ouvrages de Mélanie en psychologie transculturelle
- Aller à la découverte de soi-même
- Ses rôles modèles ce ne sont pas des personnes spécifiques c’est plutôt des parcours en lien avec la psychologie transculturelle
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