La matrescence avec Soleyne Joubert 

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Bonjour et bienvenue à celles et ceux qui nous écoutent dans ce podcast hebdomadaire. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’échanger avec Soleyne Joubert, avec qui nous allons parler de la matrescence. Solène, je te laisse te présenter comme tu le souhaites.

Bonjour, je m’appelle Solène Joubert. Je suis mère de deux petits garçons et j’ai traversé des difficultés maternelles après la naissance de mon deuxième enfant. J’ai rapidement pris conscience que je n’étais pas la seule à vivre cela, et qu’il s’agissait même d’un phénomène systémique et sociétal.

Face à ce constat, j’ai commencé à recueillir de nombreux témoignages de mères autour de moi et j’ai réalisé à quel point un silence pesant entourait ces difficultés et, plus largement, la maternité. Cette prise de conscience a éveillé en moi une profonde envie de donner la parole aux femmes et de mettre en lumière ces sujets encore trop souvent tabous.

C’est dans cette dynamique que j’ai écrit mon roman La Toile des femmes, qui explore notamment les réalités du postpartum et des difficultés maternelles telles que la dépression postpartum ou encore les psychoses maternelles. Mais au-delà de ces thématiques, ce livre parle aussi de résilience, de puissance féminine et de lignée de femmes fortes. Mon objectif est de faire reconnaître la dépression postpartum comme un véritable enjeu de santé publique et de justice sociale.

Qu’est-ce que la matrescence ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aime poser une base commune en définissant certains termes clés. Tu as mentionné la matrescence, mais aussi la dépression postpartum. Peux-tu nous expliquer ces concepts pour que tout le monde puisse bien les comprendre ?

Le terme matrescence est la fusion des mots maternité et adolescence. Il désigne la profonde transformation qu’une femme traverse lorsqu’elle devient mère pour la première fois. C’est un moment de passage, où l’ancienne identité de la femme disparaît pour faire place à une nouvelle. Ce bouleversement peut durer quelques semaines, plusieurs mois, voire même plusieurs années. Certaines sages-femmes estiment aujourd’hui que ce processus peut s’étendre jusqu’à trois ans.

Si, pour certaines, la matrescence est une période d’épanouissement, pour d’autres, elle peut être marquée par une grande violence émotionnelle et un chamboulement profond. Mon livre raconte précisément comment ce passage peut être vécu de manière difficile, et combien il est essentiel d’en parler ouvertement.

Qu’est-ce que la dépression postpartum ?

On confond souvent la dépression postpartum avec le baby blues, alors qu’il s’agit de deux réalités très différentes. Là où le baby blues est un phénomène passager lié à la chute hormonale et disparaît en quelques jours, la dépression postpartum est une condition bien plus profonde et persistante. Elle touche entre 10 et 15 % des mères après l’accouchement et se caractérise par :

  • Une tristesse intense et des pleurs fréquents
  • Un sentiment d’être dépassée par la situation
  • Une difficulté à créer un lien d’attachement avec son enfant

Ce dernier point est d’ailleurs central dans mon livre, car il est rarement abordé et pourtant très présent dans les vécus maternels. Il est essentiel de comprendre que la dépression postpartum n’est pas simplement un passage difficile. Elle survient généralement entre deux et huit semaines après l’accouchement et peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années si elle n’est pas prise en charge.

La difficulté de créer un lien avec son enfant

Tu évoquais dans ton livre la façon dont la matrescence peut être vécue de manière chamboulante et parfois violente. Peux-tu nous en dire plus sur la difficulté à créer un lien avec son enfant ?

Certaines mères se retrouvent face à un nouveau-né qu’elles ne reconnaissent pas ou qu’elles avaient imaginé différemment. D’autres ne ressentent aucune affection immédiate pour leur bébé, ce qui est extrêmement culpabilisant. On nous inculque l’idée que l’amour maternel est inné, alors que, dans la réalité, ce lien se construit progressivement.

Cette difficulté est encore très invisibilisée car elle est associée à une grande honte et à un fort tabou. Pourtant, de nombreuses mères témoignent aujourd’hui sur les réseaux sociaux, dans des livres et dans des espaces de parole dédiés, pour lever le voile sur cette réalité. Heureusement, ce manque de lien initial n’est pas une fatalité : il évolue avec le temps, et la plupart des mères finissent par tisser une relation profonde et authentique avec leur enfant.

Les lieux-ressources pour les mères en difficulté

Face à cette culpabilité, comment peut-on avancer ? Comment une mère peut-elle se libérer de ce sentiment et retrouver un lien avec son enfant ?

L’une des premières étapes essentielles est d’oser demander de l’aide. Lorsqu’on devient mère pour la première fois, on ne connaît pas toujours les ressources disponibles et il est parfois difficile de savoir vers qui se tourner.

Voici quelques structures vers lesquelles il est possible de se diriger :

  • La PMI (Protection Maternelle et Infantile) : Un espace clé où l’on peut consulter une psychologue, un pédiatre ou encore un médecin traitant. Ces professionnels sont formés aux problématiques du postpartum et peuvent orienter vers un spécialiste si nécessaire.
  • Le Réseau Mère-Enfant : Présent dans certaines grandes villes, ce réseau fait le lien entre les maternités et les services psychiatriques afin d’accompagner les mères en détresse psychologique.

Malheureusement, ces structures sont encore trop peu développées et subissent régulièrement des coupes budgétaires. Il est donc crucial de défendre ces dispositifs et de sensibiliser davantage aux réalités de la matrescence et de la santé mentale maternelle.

La matrescence et la solitude maternelle : une réflexion à travers le roman la toile des femmes

Un chiffre alarmant : 10 à 15 % des mères concernées

La dépression postpartum touche entre 10 et 15 % des mères, un chiffre particulièrement élevé qui montre l’urgence d’un meilleur accompagnement et d’une prise de conscience collective. Cette réalité est intimement liée à la matrescence, ce processus de transformation profonde qui accompagne l’entrée dans la maternité. Il est essentiel d’offrir du soutien aux mères qui traversent cette période de bouleversements intenses, aussi bien sur le plan émotionnel que psychologique.

Merci pour ces partages, Solène. J’ignorais totalement l’existence du réseau mère-enfant et le rôle essentiel que peuvent jouer les PMI de quartier. Ces ressources sont précieuses pour celles qui, en pleine matrescence, se sentent isolées et ne savent pas toujours où chercher de l’aide. Cette période de transition peut être déroutante, et il est fondamental de donner aux jeunes mères des repères pour mieux traverser ce passage.

Un roman né d’un choc émotionnel

Tu as mentionné ton roman La Toile des femmes. Comment t’est venue l’idée d’écrire ce livre ? Était-ce un moyen de mettre des mots sur ce que tu avais vécu et ressenti pendant ta matrescence.

Ce livre est directement inspiré de l’onde de choc que j’ai ressentie lorsque je suis devenue mère, il y a cinq ans. J’ai vécu mon entrée dans la maternité comme un véritable électrochoc, un moment où j’ai rencontré une colère profonde dont je n’avais pas conscience auparavant.

Cette colère n’était pas seulement la mienne : elle était collective, partagée par d’innombrables femmes à travers le monde. Elle découle d’une violence systémique qui pèse sur nous en tant que femmes, et qui est encore plus exacerbée lors de la matrescence. Mon besoin d’écrire ce roman est né de cette colère, mais aussi du désir de mettre en lumière ce que tant de femmes vivent en silence.

L’histoire de mon livre repose sur une idée centrale : le soutien des femmes entre elles. J’ai imaginé une lignée de femmes qui accompagne et protège la jeune mère, car lorsqu’on traverse la matrescence, une ressource précieuse peut tout changer : le village.

Nous avons, en grande partie, perdu cette notion dans nos sociétés modernes, alors qu’elle existe encore dans de nombreuses cultures. Ce village n’est pas nécessairement constitué de la famille biologique : il peut être composé d’amies, de sages-femmes, de professionnels de santé ou encore d’autres mères qui partagent des expériences similaires. Ce réseau de soutien permet aux femmes de ne pas se retrouver seules face aux défis du postpartum et de la matrescence.

J’ai moi-même ressenti une solitude immense lorsque je suis devenue mère. Mais en prenant du recul, j’ai compris que cette solitude n’était pas une exception, elle était systémique. Comme mon personnage principal dans La Toile des femmes, j’ai appris à m’appuyer sur la force des femmes de ma lignée, et c’est grâce à elles que j’ai pu me reconstruire et avancer.

Un personnage inspiré d’une histoire réelle

Dans ton roman, le père de l’enfant est absent, laissant la mère seule face aux défis de la maternité. Pourtant, dans ta propre histoire, tu es accompagnée par ton compagnon. Pourquoi avoir choisi cette trame narrative ?

Le personnage d’Esther, l’héroïne du roman, est inspiré d’une histoire vraie. Une amie d’amie s’est retrouvée seule avec son enfant, confrontée à une grande détresse psychologique.

En entendant son récit, j’ai ressenti une profonde colère, mais aussi une immense incompréhension. Comment une femme pouvait-elle subir une telle situation sans réagir ? Pourquoi semblait-elle passive face à ce qu’elle traversait ? Ces interrogations ont nourri la création du personnage d’Esther, qui incarne la fragilité mais aussi la puissance silencieuse de celles qui traversent la matrescence dans des conditions particulièrement difficiles.

Tout au long du livre, on a l’impression qu’elle est débordée par les événements, qu’elle ne cherche même pas à reprendre le contrôle de sa vie. Mais derrière cette apparente passivité, se cache en réalité un combat intérieur, une lutte que de nombreuses mères traversent sans oser en parler.

Reprendre le pouvoir sur sa vie

Ton roman soulève une question essentielle : comment reprendre le pouvoir sur sa propre vie lorsque l’on traverse une période de grande vulnérabilité ? Que conseilles-tu aux femmes qui se retrouvent dans la situation d’Esther ?

Lorsqu’on est en pleine matrescence, demander de l’aide est une étape fondamentale, bien que souvent difficile. Beaucoup de mères ne savent pas vers qui se tourner ni quels sont les dispositifs d’accompagnement disponibles.

Pour celles qui se sentent isolées, voici quelques pistes pour sortir de l’isolement et mieux vivre la matrescence :

  • Se rapprocher d’un réseau de soutien : Que ce soit la PMI, des groupes de parole entre mères, ou encore le réseau mère-enfant, il existe des lieux où l’on peut être accompagnée et écoutée sans jugement.
  • S’autoriser à verbaliser ses émotions : Exprimer ses ressentis à une personne de confiance permet de briser le silence et d’éviter que la solitude ne s’installe durablement.
  • Accepter que l’attachement à son enfant prenne du temps : Il n’y a pas de règle universelle, chaque lien mère-enfant se construit à son propre rythme.
  • Se rappeler que la maternité n’est pas un chemin linéaire : Il y aura des moments de doute, de fatigue, mais aussi des instants de joie et de découverte.

Dans les grandes villes, le réseau mère-enfant fait le lien entre les maternités et les services psychiatriques, permettant d’offrir une prise en charge adaptée aux mères en détresse. Malheureusement, ce type de structure est encore trop peu développé et subit des restrictions budgétaires. Il est donc essentiel de défendre ces dispositifs, car ils peuvent faire toute la différence pour une mère en pleine matrescence.

Se créer son « propre village » pendant la matrescence

Lorsqu’on traverse la matrescence, il est souvent compliqué d’accepter l’aide des autres. On peut se sentir submergé, enfermé dans sa propre situation, incapable de tendre la main. Comment alors amorcer ce travail sur soi pour accepter du soutien et avancer ?

Le travail psychologique est une étape clé, et il se fait souvent avec l’aide d’un psychologue ou d’un psychiatre. Dans notre société, on part du principe que la matrescence est une évidence, un passage naturel, alors que dans de nombreuses cultures, la maternité est enseignée. Ce sont les générations précédentes qui transmettent leur savoir, qui accompagnent la jeune mère, qui la soutiennent et prennent soin de son bébé lorsqu’elle est épuisée.

Aujourd’hui, dans nos sociétés modernes, nous avons perdu ce rapport au village. L’éloignement géographique des familles, le mode de vie individualiste et l’absence de transmission culturelle ont laissé beaucoup de mères livrées à elles-mêmes dans leur matrescence.

Même si le modèle traditionnel du village maternel s’est effacé, il est toujours possible de se recréer un cercle de soutien. Ce réseau ne se limite pas à la famille biologique : il peut être composé d’amis, de personnes ressources, d’une sage-femme, ou encore d’autres mères avec qui partager ses expériences.

L’idée est de ne pas rester seule avec ses doutes et ses questions. La matrescence s’apprend au fil du temps, mais l’apprentissage est plus fluide lorsqu’on est entouré et non isolé.

La matrescence et la charge mentale des parents

La matrescence est une période de transformation où l’on endosse de nouvelles responsabilités. Face à l’arrivée d’un enfant, il est naturel d’éprouver une certaine peur, notamment face à l’ampleur de la tâche. Comment gérer cette responsabilité sans se laisser submerger ?

Quand un enfant naît, il faut tout lui apprendre, l’éduquer, lui inculquer des valeurs, et l’accompagner vers l’autonomie. Cette tâche est immense et peut être source d’angoisse.

Tous les parents ressentent une forme d’incertitude, une peur latente qu’il puisse arriver quelque chose à leur enfant. C’est une épée de Damoclès qui peut générer un stress constant, en particulier dans les premières années de vie du bébé.

Il n’existe pas de mode d’emploi unique pour être parent. Parfois, on gère comme on peut. Et parfois, on ne gère pas, ce qui peut mener à des difficultés maternelles.

Ces difficultés peuvent être physiques ou psychologiques, mais une chose est sûre : la matrescence s’accompagne souvent d’une multitude d’émotions intenses, parfois contradictoires.

Quand la matrescence se heurte à l’inattendu : les épreuves de la vie

Certaines situations amplifient encore plus cette peur. Par exemple, lorsque mon fils était bébé, il a dû subir une opération lourde pour traiter une craniosténose. J’avais déjà peur en tant que mère, mais cet événement a décuplé mon anxiété.

Ces épreuves de la vie nous mettent face à nos propres limites émotionnelles. Si l’on a la chance de traverser ces moments à deux, ou en étant accompagné d’un cercle de soutien, cela fait toute la différence. Mais si l’on est seul, cela peut devenir un véritable poids, difficile à porter.

C’est pourquoi il est essentiel, au cours de la matrescence, de ne pas rester isolé. Trouver un réseau d’entraide, accepter le soutien des autres et apprendre à demander de l’aide sont des clés pour surmonter ces moments difficiles.

Nous avons parlé de la dépression postpartum, mais elle n’est pas la seule difficulté maternelle que peuvent rencontrer les jeunes mères. Peux-tu nous partager d’autres exemples de ce que peuvent vivre certaines femmes pendant leur matrescence ?

Il y a de nombreuses difficultés maternelles, et chacune peut les vivre de manière différente.

Une fatigue intense et l’isolement social

L’une des premières difficultés est la fatigue immense. Les nuits entrecoupées, le rythme effréné des premiers mois, le manque de sommeil accumulé… Tout cela joue sur l’humeur et la capacité à faire face aux émotions.

L’isolement social est également très courant. De nombreuses mères se retrouvent coupées de leur vie d’avant, notamment à cause du congé maternité ou du temps passé à s’occuper du bébé. Cet isolement peut accentuer la solitude et le sentiment de ne pas être comprise.

La perte d’identité et la charge mentale

Une autre difficulté souvent rencontrée est la perte d’identité. Pendant la matrescence, on peut avoir l’impression de ne plus être la personne que l’on était avant. Le rôle de mère prend tellement de place qu’il devient difficile de se reconnecter à soi-même.

À cela s’ajoute la charge mentale, qui repose encore majoritairement sur les femmes. Cette charge invisible, qui inclut la gestion du quotidien, l’organisation familiale et les responsabilités éducatives, peut devenir une pression énorme.

Les psychoses du postpartum : un tabou à briser

Parmi les difficultés les plus méconnues, il y a les psychoses puerpérales. Ces troubles psychiatriques graves peuvent amener certaines mères à perdre contact avec la réalité.

Certaines femmes rapportent avoir des visions violentes, où elles se voient en train de faire du mal à leur enfant. C’est une expérience extrêmement troublante, qui peut provoquer une grande culpabilité et une peur d’être une mauvaise mère.

Or, ces visions ne signifient pas qu’elles vont passer à l’acte. Il s’agit d’un mécanisme de protection du cerveau, qui cherche à anticiper un danger pour mieux le prévenir. Lorsqu’on en parle, on réalise que ces pensées ne sont pas uniques, et qu’elles font partie des nombreuses manifestations possibles de la matrescence.

Les difficultés maternelles sont nombreuses et complexes. Certaines sont connues, comme la dépression postpartum, d’autres restent encore méconnues ou taboues.

Ce qui est certain, c’est que la matrescence est un passage intense qui bouleverse profondément celles qui la traversent. Il est essentiel d’en parler, de partager son vécu et de chercher du soutien lorsque cela devient nécessaire.

Chaque mère a un parcours unique, mais aucune ne devrait traverser ces épreuves seule. En recréant un village de soutien, en brisant les tabous et en mettant des mots sur ces expériences, il devient possible d’alléger la charge mentale et de retrouver une sérénité dans la maternité.

Ne pas rester seule : l’importance du soutien pendant la matrescence

Briser le silence et demander de l’aide

Il est essentiel que les femmes ne restent pas seules face aux difficultés qu’elles peuvent rencontrer pendant la matrescence. Si une mère reconnaît des éléments de son vécu dans un livre ou un podcast, elle ne doit pas hésiter à en parler. Mais au-delà des échanges avec ses proches, il est important de consulter un professionnel de santé.

Malheureusement, tout dépend de la personne en face. Certains médecins restent encore très ancrés dans des discours minimisant la souffrance des mères. J’ai moi-même fait face à un praticien qui m’a répondu : « Oh, c’est juste un baby blues, ça va passer. » Ce type de réaction peut être extrêmement culpabilisant et empêcher de chercher de l’aide au bon moment.

Le poids des attentes sociales sur les mères

Il est frappant de constater à quel point la société attend beaucoup des mères, bien plus que des pères. Lors d’un précédent épisode du podcast, Manon Verbeke, maman solo et entrepreneuse, expliquait cette pression immense qui pèse sur les femmes dès lors qu’elles deviennent mères.

Prenons un exemple concret : une mère qui rentre du travail et trouve son conjoint sur le canapé, regardant la télévision avec les enfants et mangeant des pizzas. La société perçoit cela comme une scène anodine. En revanche, si une mère faisait la même chose, elle serait jugée pour son manque d’implication.

De la même manière, lorsqu’un père emmène son enfant au parc, il est souvent admiré et perçu comme un père investi, alors qu’une mère dans la même situation est considérée comme faisant simplement son devoir.

Cette différence de perception illustre le déséquilibre des attentes en matière de parentalité. La matrescence s’accompagne déjà d’une transformation physique et émotionnelle intense, mais en plus, la société en demande toujours plus aux mères.

La mère doit être maternelle, mais aussi active professionnellement. Elle doit être fémininesportiveménagère, une épouse parfaite, une amie présente. Dès mes premiers jours de matrescence, je me suis demandé : « Comment vais-je pouvoir être tout ça à la fois ? »

Un système qui valorise le rôle du père au détriment de la mère

J’ai vite remarqué que mon conjoint ne subissait aucune de ces injonctions. Au contraire, il semblait toujours bénéficier du beau rôle. Quand il sortait avec la poussette, ma famille s’extasiait :

« C’est formidable, il est tellement impliqué ! »

On me disait même que j’avais de la chance d’avoir un conjoint qui cuisinait. Comme si c’était un exploit et non un partage des tâches normal.

Ce décalage m’a mise en colère, car en tant que femme, on nous fait comprendre qu’il faut satisfaire toutes les attentes, alors qu’un homme qui remplit une tâche basique est immédiatement valorisé.

Lorsque j’explique cela à ma famille, je passe pour « celle qui n’est jamais contente », alors que tout ce que je demande, c’est une égalité réelle. Nous voulons simplement être les égales des hommes, pas des héroïnes multitâches épuisées.

Le corps de la mère : une autre injonction

Le poids des attentes sur le corps post-accouchement

Un autre aspect souvent négligé de la matrescence, c’est la relation au corps. Après un accouchement, la question qui revient souvent est :

« Est-ce que mon corps va retrouver son apparence d’avant ? »

Les femmes se demandent si leur vie d’avant est définitivement terminée. Cette pression ne concerne quasiment jamais les hommes.

La charge mentale liée au corps féminin est omniprésente : il ne s’agit pas seulement de retrouver la forme, mais aussi de répondre aux attentes sociales.

Une société qui juge encore trop le corps des femmes

Ce phénomène va bien au-delà de la matrescence. Une étude a montré qu’en tapant « présentateur » sur Google, les résultats mettent en avant les sujets traités par les hommes. En revanche, pour « présentatrice », les premiers résultats concernent le physique :

« Les 50 plus belles femmes journalistes. »

Cela illustre bien la manière dont la société définit encore les femmes par leur apparence, tandis que les hommes sont valorisés pour leurs compétences.

La matrescence est une période bouleversante où les femmes doivent faire face à des attentes excessives, à un manque de reconnaissance, et à des inégalités persistantes dans la parentalité.

Il est temps de changer de regard :
– Reconnaître que les mères ne peuvent pas tout porter seules.
Encourager un véritable partage des responsabilités entre les parents.
Ne plus idéaliser un père qui remplit simplement son rôle.
Laisser les mères exister en dehors de la maternité, sans injonctions à la perfection.

Parler de la matrescence, c’est permettre aux mères de prendre conscience des schémas injustes, de revendiquer leur place et de trouver des solutions pour alléger leur charge mentale.

Déconstruire les stéréotypes de genre dès la matrescence

Dès le plus jeune âge, les filles et les garçons ne sont pas perçus de la même manière. On entend souvent dire à une petite fille : « Tu es belle », alors qu’un garçon recevra des compliments sur ses actions plutôt que sur son apparence.

Ces messages, ancrés dès l’enfance, façonnent les représentations sociales et influencent la perception de soi. La matrescence, ce moment de transformation où l’on devient parent, est une occasion précieuse pour questionner ces schémas et élever nos enfants avec des valeurs plus justes.

L’un des défis majeurs pour les parents engagés est de transmettre une éducation en accord avec leurs valeurs féministes, tout en confrontant leur enfant aux différences qu’il pourra observer dans la société.

Il peut être frustrant de voir son enfant évoluer dans un monde où d’autres familles ne partagent pas les mêmes principes. Cette dissonance peut créer des interrogations pour l’enfant, qui ne comprend pas toujours pourquoi certaines règles s’appliquent chez lui mais pas ailleurs.

L’influence du milieu social sur l’éducation

Lorsque l’on élève son enfant avec des valeurs d’égalité et de respect, on peut se heurter au regard des autres, notamment au sein de la famille élargie ou du quartier.

Certaines familles vivent dans des environnements où les modèles éducatifs sont relativement homogènes. Par exemple, dans mon quartier, les parents adoptent des pratiques similaires aux nôtres : ils prônent une éducation positive, évitent la violence éducative ordinaire, et cherchent à respecter le rythme de leurs enfants.

Mais cela n’est pas le cas partout. Il y a encore d’importantes différences de perception selon les milieux sociaux, les traditions et les croyances familiales.

Élever ses enfants avec une vision féministe

Déconstruire les modèles genrés dès l’enfance

Élever des garçons féministes est un défi passionnant, d’autant plus que jusqu’à récemment, les livres et jouets étaient extrêmement genrés.

  • Les garçons étaient des héros, des aventuriers, des explorateurs.
  • Les filles étaient des princesses, fragiles et en attente de protection.

Aujourd’hui, les choses évoluent. Il existe de plus en plus de ressources éducatives, comme les livres jeunesse qui déconstruisent ces clichés.

J’ai découvert une maison d’édition engagée, Bonbon Citron, créée par une féministe influenceuse, Je suis une sorcière. Elle publie des ouvrages qui permettent aux enfants de grandir avec des représentations plus variées, sans enfermer les filles et les garçons dans des rôles figés.

Faire face aux réactions de l’entourage

Malgré ces avancées, les stéréotypes ont encore la peau dure. L’autre jour, mon fils jouait avec des Polly Pocket et un ami lui a lancé :

« Mais ça, c’est un jeu de pédé. »

C’est insupportable d’entendre ce genre de remarques en 2024. Heureusement, les mentalités évoluent et de plus en plus de parents prennent conscience de l’importance de lutter contre ces biais.

Des ressources pour une éducation plus Inclusive

J’ai eu l’occasion d’inviter dans mon podcast Charlène de Mon Fils en Rose, qui propose une bibliothèque en ligne de ressources inclusives et décoloniales pour aider les parents à élever leurs enfants en accord avec leurs valeurs.

J’ai aussi reçu Sylvie Li, qui a écrit des livres éducatifs bilingues français-chinois. Son premier ouvrage expliquait à son fils son parcours de PMA, car il était essentiel pour elle qu’il comprenne son histoire.

Ces initiatives montrent à quel point la matrescence est un moment clé pour questionner, apprendre et transmettre des valeurs d’ouverture.

Offrir des modèles positifs et variés

En tant que mère féministe, j’essaie de donner à mes enfants des ressources adaptées, qu’il s’agisse de livres, de jeux, ou même de films et séries qui sortent des schémas classiques.

Mon fils aîné a les cheveux longs, et c’est une fierté pour moi de le laisser exprimer son identité sans lui imposer des normes restrictives.

Il voulait des barrettes à paillettes, et même si j’ai eu un instant d’hésitation en pensant aux moqueries potentielles, j’ai choisi de lui faire confiance.

Aborder les sujets difficiles sans peur

Certaines thématiques, comme la transidentité ou l’homosexualité, ne sont pas forcément faciles à aborder avec les enfants. Pourtant, elles font partie du monde et il est essentiel de ne pas éluder ces conversations.

Même en étant profondément féministe, j’ai parfois ressenti une réticence inconsciente à aborder ces sujets trop tôt. Mais je me suis efforcée de dépasser ces craintes pour être une mère alignée avec mes valeurs.

La matrescence, c’est aussi cela : une remise en question constante, un travail d’introspection pour élever des enfants en accord avec les principes que l’on souhaite transmettre.

La matrescence est une période de transformation intense, non seulement sur le plan personnel mais aussi dans la manière dont on perçoit l’éducation et la transmission des valeurs.

L’évolution des mentalités ne se fait pas en un jour, mais chaque petit geste compte. La matrescence est l’occasion idéale pour déconstruire, apprendre et transmettre une vision plus égalitaire du monde.

Éduquer dans la bienveillance pendant la matrescence

L’éducation des enfants est une responsabilité immense, et certains sujets, comme la transidentité ou la non-binarité, peuvent sembler complexes à aborder. La manière dont ces thématiques sont introduites dépend beaucoup de l’âge de l’enfant et du contexte dans lequel elles sont évoquées.

Avec mon fils aîné, qui a 5 ans, j’aborde ces sujets principalement à travers les livres. Il existe aujourd’hui de nombreux ouvrages qui permettent d’expliquer la diversité des identités et des parcours de manière accessible et bienveillante.

Mais parfois, ces discussions émergent aussi de situations fortuites. Par exemple, après l’incident où un ami de la famille a fait une remarque déplacée sur le fait que mon fils jouait avec des Polly Pocket, j’ai saisi cette opportunité pour lui expliquer ce qu’est une insulte, pourquoi certains mots sont blessants, et comment certaines personnes utilisent ces termes pour exclure ou rabaisser les autres.

Les enfants sont capables de grandes choses, et si l’on prend le temps d’expliquer, ils développent une compréhension bien plus nuancée qu’on ne le pense.

Cela demande un effort particulier en tant que parent, mais c’est aussi une formidable opportunité d’éveiller des esprits ouverts et respectueux.

Éduquer un enfant dans une démarche inclusive et bienveillante est un travail constant, mais heureusement, l’école peut être un appui précieux.

De plus en plus d’établissements scolaires sensibilisent les enfants aux questions d’égalité et de diversité.

L’école devient un espace où les enfants sont exposés à d’autres modèles et où ils apprennent à vivre avec la différence.

Bien sûr, tous les établissements ne sont pas au même niveau sur ces sujets, mais il est rassurant de savoir que l’éducation évolue vers plus d’inclusivité.

Dès le plus jeune âge, les enfants sont exposés à des discours qui influencent leur vision du monde. Par exemple, les remarques sexistes et homophobes peuvent marquer durablement leur perception des autres et d’eux-mêmes.

Si un enfant entend des insultes ou des stéréotypes de manière répétée sans qu’on lui explique pourquoi ils sont problématiques, il risque de les intégrer inconsciemment et de les reproduire plus tard.

L’éducation parentale joue un rôle clé pour aider l’enfant à prendre du recul sur les discours qu’il entend.

La matrescence est une période où les parents eux-mêmes se remettent en question et apprennent à adapter leur posture éducative.

Le plus important est de laisser un espace de parole où l’enfant peut poser ses questions sans crainte d’être jugé.

Être parent : une responsabilité immense, mais pas un poids

Élever un enfant est une tâche complexe, bien plus exigeante qu’on ne l’imagine avant de devenir parent. Entre les difficultés maternelles, les choix éducatifs et la pression sociale, on peut parfois avoir l’impression de dépeindre un tableau négatif de la parentalité.

Pourtant, la matrescence n’est pas qu’un moment de doute ou de questionnement : c’est aussi une période riche d’apprentissage et de transformation.

L’un des meilleurs outils pour vivre la matrescence de manière plus sereine, c’est le savoir.

Écouter des témoignages d’autres parents permet de mieux comprendre les réalités de la parentalité.

Lire sur le sujet aide à anticiper certains défis.

S’informer sur les différents parcours possibles permet d’être mieux préparé aux imprévus.

Je pense notamment à deux podcasts qui abordent ces thématiques :

Bliss, qui recueille des témoignages de mères sur leurs expériences de la maternité.
La Matrescence de Clémentine Sarlat, qui offre des outils et réflexions autour de l’éducation et du bien-être parental.

L’idée derrière ces contenus est simple : plus on sait, mieux on peut faire face aux défis de la parentalité.

Comment être un bon parent pour son enfant ?

L’amour comme pilier fondamental

S’il y a une seule clé essentielle, c’est l’amour. Ce lien fondamental est la base de tout.

Il est naturel de chercher les bonnes méthodes éducatives, mais au final, ce qui compte le plus, c’est l’attention, la bienveillance et la présence qu’un parent offre à son enfant.

L’exemple, plus Fort que les mots

L’une des plus grandes leçons de la matrescence, c’est que les enfants n’écoutent pas seulement ce qu’on leur dit, ils observent ce qu’on fait.

Un parent qui s’excuse quand il se trompe enseigne l’humilité.

Un parent qui montre du respect aux autres apprend à son enfant à en faire de même.

Un parent qui gère ses émotions avec bienveillance donne à son enfant un modèle sain à suivre.

Les règles et les principes sont importants, mais ce sont les comportements quotidiens qui marquent le plus un enfant.

L’importance de lâcher prise

Être parent ne signifie pas être parfait. La matrescence est une période d’apprentissage où l’on réalise qu’on ne peut pas tout contrôler.

  • Accepter de faire des erreurs.
  • Se pardonner quand on ne fait pas « parfaitement ».
  • Se rappeler que chaque parent fait de son mieux avec les moyens dont il dispose.

C’est en adoptant une posture ouverte et bienveillante envers soi-même que l’on transmettra ces mêmes valeurs à son enfant.

La matrescence n’est pas seulement la transformation d’une femme en mère, c’est aussi une période où l’on apprend autant que son enfant.

Chaque parent a son propre parcours, ses valeurs et sa manière de voir le monde. Mais une chose est certaine : être parent, c’est accepter de grandir avec son enfant, d’évoluer avec lui et d’apprendre chaque jour un peu plus.

S’épanouir en tant que mère : trouver un équilibre pendant la matrescence

Ne pas s’oublier en tant que mère

Pendant la matrescence, il est facile pour une mère de s’oublier complètement. Entre les besoins des enfants, le quotidien à gérer et la charge mentale, certaines femmes finissent par mettre leurs propres aspirations de côté.

Le problème, c’est qu’en faisant cela, elles transmettent un message implicite à leurs enfants, notamment à leurs filles :

Être une mère, c’est s’effacer.
Une femme doit se sacrifier pour sa famille.

Ce schéma est souvent reproduit de génération en génération. Pourtant, une mère qui continue de vivre pleinement, de se réaliser à travers ses projets, d’être amoureuse et passionnée, offre à ses enfants un modèle inspirant.

Une fois que les besoins primaires des enfants sont remplis, il est essentiel de penser à soi.

Prendre du temps pour soi est une nécessité, mais cela reste un défi pour beaucoup de mères.

Demander de l’aide sans culpabiliser

L’un des premiers blocages, c’est la difficulté à demander de l’aide.

On se dit qu’une heure de repos n’est pas suffisante pour en valoir la peine.

On n’ose pas demander trop, de peur d’être un fardeau.

On se convainc que l’on peut tout gérer seule.

Mais il n’y a pas de « petits moments » insignifiants. Même une heure de solitude peut suffire à se ressourcer.

Il faut aussi s’organiser et anticiper ces moments de répit, en les planifiant dans son emploi du temps.

Les inscrire dans l’agenda comme un rendez-vous important.

S’y tenir, sans culpabilité.

Cela demande de l’effort mental, car lorsqu’on est débordée, on ne pense pas forcément à prendre ce temps pour soi.

L’image symbolique du café froid

Il y a une image que j’aime beaucoup et qui illustre bien ce que vivent les mères : Le café froid.

Une mère prépare un café. Elle est interrompue par son enfant. Elle revient vers sa tasse, mais est encore interrompue. Elle finit par le réchauffer plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle ne le boive jamais chaud.

Cette scène est un symbole fort de la charge mentale maternelle :

Toujours en train de répondre aux besoins des autres.

Jamais le temps de savourer un moment pour soi.

Depuis cinq ans, je n’ai jamais bu un café chaud, sauf quand je travaille.

Prendre du temps pour soi demande de s’organiser et de s’entourer.

Les femmes sont souvent conditionnées à être dans le care, c’est-à-dire à prendre soin des autres avant elles-mêmes.

Mais en s’oubliant, elles risquent de se frustrer, d’accumuler du ressentiment et, à terme, de s’épuiser complètement.

Apprendre à dire non

Se préserver, c’est aussi savoir dire non :

  • Non aux attentes irréalistes de la société.
  • Non à la culpabilité permanente.
  • Non à l’idée qu’une « bonne mère » doit tout faire seule.

Un parent qui sait poser des limites montre à son enfant l’importance du respect de soi.

Si une mère s’oublie, son enfant apprendra que c’est normal pour une femme de s’effacer.

Si une mère se respecte, son enfant apprendra qu’une femme mérite aussi du temps pour elle.

L’ambivalence permanente de la matrescence

Pendant la matrescence, tout est paradoxal :

On rêve de s’échapper de la maison, mais dès qu’on est dehors, on pense à ses enfants.

On culpabilise de ne pas être avec eux, mais dès qu’ils sont là, on est épuisée.

On veut du temps seule, mais dès qu’on l’a, on se sent vide.

Ces contradictions sont normales. La matrescence est une période où l’on cherche constamment un équilibre entre son rôle de parent et sa propre identité.

Accepter cette ambivalence fait partie du lâcher-prise.

Le lâcher-prise est essentiel, mais ce n’est pas si simple.

S’entourer est un premier pas.

S’accorder des moments de solitude aide à se retrouver.

Certaines pratiques, comme la méditation ou le yoga, peuvent être utiles.

Mais encore faut-il trouver le temps de les faire. Souvent, on se dit qu’on va méditer le soir, mais une fois les enfants couchés, on est trop fatiguée.

Un parent épanoui élève un enfant épanoui.

L’Écriture comme outil de lâcher-prise pendant la matrescence

Pour moi, l’écriture a été un véritable exutoire.

J’écris depuis la naissance de mes enfants.

Je raconte la maternité, ses joies et ses difficultés.

Mon roman sur la maternité a été une thérapie en soi.

L’écriture est un moyen de poser ses émotions, de prendre du recul et de se reconnecter à soi-même.

Trouver son propre moyen d’expression – que ce soit l’écriture, la peinture, la danse ou toute autre forme d’art – est une façon efficace d’apprendre à gérer ses émotions.

L’écriture a été pour moi une véritable thérapie pendant la matrescence. Elle m’a permis d’économiser des années de thérapie, car en posant mes pensées sur le papier, j’ai pu mettre des mots sur mes émotions et mieux comprendre ce que je traversais.

Mais au-delà de mon propre apaisement, ce qui a été le plus fort, c’est de voir la résonance de mon récit auprès d’autres mères.

Hier encore, une maman est venue me voir à la sortie de l’école pour me dire qu’elle avait lu mon livre en une nuit et que c’était son histoire.

Se sentir comprise et comprendre que l’on n’est pas seule, c’est déjà un premier pas vers le lâcher-prise.

Un nouveau roman qui aborde un autre passage féminin

Mon premier roman parlait de la matrescence, des difficultés maternelles et du postpartum. Mais aujourd’hui, j’ai terminé un nouveau manuscrit, qui devrait sortir dans les prochains mois.

Cette fois-ci, je ne parle plus de maternité.
Mais je m’intéresse toujours aux grands passages dans la vie des femmes.

Ce roman aborde le premier amour, cette expérience qui peut être violente et marquante pour certaines, et qui peut conditionner la suite de leur vie.

Actuellement, il est en phase de bétalecture, c’est-à-dire qu’il est lu par des lecteurs inconnus qui me font des retours.

C’est une étape difficile, car il faut accepter la critique pour améliorer son texte. Mais c’est aussi un processus passionnant, qui me permet de me remettre en question et d’affiner mon écriture.

L’écriture a toujours été ma voie.

J’ai travaillé longtemps dans la presse, et dès l’enfance, j’étais passionnée par les mots.

Une institutrice m’a un jour dit que l’écriture était « mon truc », et cette phrase m’a marquée à vie.

Aujourd’hui, voir ce rêve d’enfant se concrétiser est une immense fierté.

C’est une preuve qu’on peut se réaliser même en devenant parent, qu’il est possible de poursuivre ses rêves tout en traversant la matrescence.

La transparence psychique : comprendre les changements du cerveau maternel

Il y a un sujet dont je voulais absolument parler, car il permet d’expliquer beaucoup de choses sur ce que vivent les femmes pendant la matrescence : la transparence psychique.

C’est un phénomène scientifiquement reconnu, qui se produit :

  • Pendant la grossesse
  • Dans les mois qui suivent l’accouchement

Il s’agit d’un état de fragilité émotionnelle et psychologique, causé par un cocktail hormonal puissant, qui modifie le fonctionnement du cerveau.

Parce que cela explique pourquoi certaines mères sont plus vulnérables au stress, à l’anxiété et aux troubles de l’humeur après l’accouchement.

Parce que cela permet de mieux comprendre pourquoi des souvenirs enfouis, des traumas ou des émotions intenses peuvent resurgir à ce moment-là.

Parce que cela aide à déculpabiliser : ce n’est pas « dans la tête », c’est biologique.

Lorsque j’ai découvert ce concept, cela m’a permis d’accepter ce que j’avais vécu. Je comprenais enfin que ma détresse n’était pas une faiblesse, mais une conséquence normale de la matrescence et des transformations profondes qu’elle implique.

Lors de ma deuxième grossesse, j’ai bénéficié d’un accompagnement renforcé, car j’avais déjà traversé une période difficile après la naissance de mon premier enfant.

J’ai été suivie de près par des professionnels de santé.

J’ai accouché dans une unité spécialisée, appelée « unité kangourou« , qui encadre les mères ayant vécu des difficultés maternelles.

Les sages-femmes étaient informées de mon histoire et ont été particulièrement vigilantes à mon bien-être.

C’est une prise en charge essentielle pour éviter que des mères ne sombrent dans l’isolement ou la dépression postpartum.

J’ai pu être accompagnée grâce au réseau mère-enfant, un dispositif qui :

  • Fait le lien entre la maternité et l’hôpital psychiatrique (sans que cela signifie que l’on est « malade », mais pour assurer un suivi adapté).
  • Permet une prise en charge précoce des difficultés maternelles.
  • Offre des unités spécifiques pour les mères qui ont besoin d’un accompagnement renforcé.

Comment trouver de l’aide ?

Parler à son médecin traitant ou à sa sage-femme pour évoquer d’éventuelles difficultés.

Se renseigner sur l’existence d’unités spécialisées dans sa ville.

Consulter une psychologue ou une psychiatre spécialisée en périnatalité.

Rejoindre des groupes de parole de mères vivant des situations similaires.

L’objectif est d’éviter l’isolement, de briser les tabous et d’offrir aux mères un espace où elles peuvent être entendues et accompagnées.

Parler de ces sujets, écrire, témoigner, c’est une façon de libérer la parole et d’aider d’autres femmes à mieux comprendre leur propre vécu.

Merci à toutes celles qui osent partager leur histoire. C’est en mettant des mots sur ce que l’on vit que l’on crée des espaces d’écoute et de compréhension essentiels.

Mot de la fin sur « la matrescence »

Une mère qui vient d’accoucher n’a pas besoin qu’on vienne lui offrir une peluche. Elle a besoin qu’on lui facilite la vie.

  • Apporter des plats cuisinés pour qu’elle n’ait pas à se soucier des repas.
  • Faire une lessive, ranger un peu la maison, au lieu de juste passer dire bonjour.
  • Proposer de garder le bébé une heure pour qu’elle puisse dormir.
  • Ne pas donner de conseils non sollicités sur l’allaitement, le sommeil du bébé ou son éducation.
  • Éviter les comparaisons du type « Moi, je n’ai jamais eu ce problème » ou « Tu verras, ça va passer ».

L’entourage doit être un véritable village de soutien, sans jugement ni injonctions.

Lorsqu’une mère exprime une souffrance, il est essentiel de :

  • L’écouter sans minimiser ce qu’elle traverse.
  • L’orienter vers une PMI ou un professionnel de santé.
  • Chercher les ressources pour elle (car une mère en détresse n’a souvent pas l’énergie de le faire seule).

Un simple geste, comme chercher le numéro d’une PMI pour elle, peut tout changer.

Accompagner une mère, c’est lui montrer qu’elle n’est pas seule et que son bien-être compte.

Tes rôles modèles

Clémentine Galey (Podcast Bliss) et Clémentine Sarlat (Podcast La Matrescence) font un travail extraordinaire pour libérer la parole autour de la maternité.

Bliss met en avant des témoignages de mères sur leurs expériences.

La Matrescence propose des outils et des réflexions sur l’éducation et la parentalité.

Leur travail m’a énormément aidée à titre personnel.

Tes ressources

Les livres de Catherine Gueguen : Cette pédopsychiatre explique comment fonctionne le cerveau de l’enfant et propose des outils pour mieux comprendre et gérer ses réactions émotionnelles.

L’application May : Une révolution dans ma parentalité et ma matrescence!

  • Un chat direct avec des sages-femmes pour poser toutes les questions du quotidien.
  • Des ressources adaptées à l’âge de l’enfant, envoyées sous forme de notifications.
  • Une mine d’or pour les parents qui veulent des conseils bienveillants et validés par des pros.

Que ce soit pour une question sur le sommeil, l’allaitement, ou un simple doute sur une éruption cutanée, cette appli est un vrai soutien.

Un concept clé à comprendre : les « tempêtes émotionnelles ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, un enfant ne fait pas de caprices ni de crises de colère. Son cerveau est encore immature, et il ne sait pas encore gérer ses émotions. Lorsqu’il est submergé, il a besoin d’être rassuré et accompagné, et non réprimandé.

Grâce aux neurosciences, on sait aujourd’hui que l’enfant ne manipule pas, mais qu’il exprime un trop-plein émotionnel.

Ta définition du féminisme

Devenir mère m’a rendue féministe, mais avant tout, cela m’a mise en colère.

J’ai compris que mes difficultés n’étaient pas personnelles, mais systémiques.

Que les mères sont isolées, invisibilisées, et qu’on exige d’elles d’être parfaites sans leur donner les moyens de l’être.

Que la société impose des injonctions irréalistes aux femmes, tout en moquant leurs souffrances.

Le féminisme, pour moi, c’est comprendre que nos luttes sont collectives, et qu’en brisant le silence, on peut changer les choses.

Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?

Alice du compte « Je suis une sorcière » Une féministe engagée, mère d’un petit garçon, qui parle avec passion de parentalité et d’éducation féministe. Elle partage sans filtre ses questionnements et ses coups de gueule sur Instagram.

Un échange avec elle serait passionnant !

Merci à toutes celles et ceux qui écoutent la matrescence, qui partagent et qui s’engagent pour une parentalité plus humaine et plus égalitaire.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Études et ressources mentionnées pendant l’épisode la matrescence

  • Neurosciences et parentalité : Catherine Gueguen, spécialiste du développement de l’enfant.
  • Application May (M-A-Y) : Outil d’accompagnement parental avec accès direct à des sages-femmes.
  • Éducation positive : Idées basées sur les travaux de Françoise Dolto et sur les avancées des neurosciences.

Ses rôles modèles et ressources mises en avant pendant le podcast la matrescence

  • Clémentine Galey
  • Clémentine Sarlat
  • Alice Ferber (Je suis une sorcière)
  • Catherine Gueguen 
  • Podcast Bliss
  • Podcast La Matrescence
  • Application May

Retrouvez Soleyne Joubert 
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Épisodes complémentaires à la matrescence à écouter

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2 réponses

  1. Merci pour ce super épisode sur la matrescence que j’ai beaucoup aimé enregistrer avec toi.

    1. Avec grand plaisir ! J’ai beaucoup aimé moi aussi car je t’ai trouvé très touchante et je ne connaissais même pas les PMI avant que tu m’en parles, tout comme l’unité kangourou !

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