Les violences sexuelles avec Léa Bauchet

Violences sexuelles
Sommaire

Bonjour, bonsoir aux personnes qui nous écoutent. Je suis en compagnie de Léa Beauchet, avec qui nous allons parler dans ce podcast hebdomadaire de violences sexuelles et sexistes. Léa, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites.

Bonjour à toutes et à tous, et merci de m’avoir invitée. Je suis Léa, j’ai 21 ans et je suis étudiante, alternante et entrepreneuse. Je suis ici aujourd’hui pour partager avec vous le combat de ma vie contre les violences sexuelles.

La cause des femmes me tient particulièrement à cœur, en particulier la lutte contre les agressions et crimes sexuels. Il faut savoir que j’ai été victime, il y a deux ans, d’un double viol. J’ai choisi de transformer ce traumatisme en force et en résilience, et depuis, je me bats pour un avenir meilleur, un pays plus juste, et surtout une vie plus sûre. Ce combat contre les violences sexuelles est essentiel pour moi.

Merci beaucoup pour ta présentation, et je t’adresse tout mon soutien. Je suis profondément peinée par ce qui t’est arrivé, mais je trouve ton parcours et ta résilience incroyables. Avoir surmonté cela et en faire quelque chose de positif est admirable. Tu peux être fière de toi, et c’est formidable de voir comment tu agis contre les violences sexuelles.

Merci beaucoup. Il est vrai qu’il est essentiel d’utiliser les expériences de vie, aussi difficiles soient-elles, comme une source de force et de ne pas se laisser abattre. Je me dis que, malgré l’horreur de ce qui s’est produit, je peux en faire quelque chose de constructif, et lutter contre les violences sexuelles est un moyen pour moi d’y parvenir.

Qu’est-ce que les violences sexuelles et la situation ?

J’aime bien poser les bases pour les personnes qui nous écoutent. Est-ce que tu pourrais d’abord nous expliquer ce que sont les violences sexistes et sexuelles, et nous présenter quelques chiffres à ce sujet ?

Bien sûr. J’ai donc fait des recherches pour partager avec vous des données que j’ai trouvées particulièrement alarmantes. Je me suis concentrée sur des rapports de l’État français, principalement des années 2023 et 2024, qui traitent des violences sexuelles et sexistes.

Comme vous allez le constater, la situation en France en matière de violences sexistes et sexuelles est très préoccupante. J’ai sélectionné quelques chiffres issus du rapport annuel du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, dont vous avez peut-être entendu parler, notamment le rapport de 2024 sur l’année 2023. Le chiffre le plus marquant est que les femmes sont toujours aussi nombreuses à déclarer avoir déjà personnellement vécu une situation de sexisme en 2023 : près de 9 femmes sur 10, soit 86%, ce qui est particulièrement alarmant. Les violences sexuelles persistent dans la société.

Ensuite, un autre chiffre significatif montre que les violences sexuelles et sexistes ne reculent pas : 37% des femmes déclarent avoir vécu une situation de non-consentement, un chiffre qui atteint plus de 50% chez les 25-34 ans. Cela met en lumière l’ampleur des violences sexuelles subies.

Malheureusement, les données officielles révèlent que le nombre de violences sexuelles enregistrées entre 2017 et 2022 a doublé. Les statistiques de 2023 montrent cette augmentation inquiétante par rapport aux années précédentes.

Enfin, plus de neuf femmes sur dix ont déjà renoncé à des actions ou modifié leur comportement pour éviter d’être victimes de sexisme, que ce soit dans l’espace public ou personnel. J’aimerais également évoquer une tendance dont j’ai pris connaissance dans ce rapport, que je trouve préoccupante en matière de violences sexuelles et d’inégalités : c’est une tendance assez conservatrice nommée « Trades Wifes » ou « Stay at home girlfriends », que l’on voit émerger sur les réseaux sociaux.

C’est vraiment une tendance qui valorise le modèle de l’épouse traditionnelle ou de la petite amie qui reste à la maison, s’occupant des tâches ménagères. Cela rappelle une époque presque médiévale en matière de rôles sociaux et de violences sexuelles sous-jacentes.

Pour la majorité de ces personnes, il est considéré normal, voire positif, de rester chez soi pour cuisiner chaque jour pour sa famille ou pour son mari. C’est une vision particulièrement conservatrice, surtout répandue en Amérique, qui gagne en visibilité sur les réseaux sociaux. Cette tendance, qui renforce les violences sexuelles et les inégalités de genre, continue de prendre de l’ampleur.

En 2023, une autre étude a montré que plus d’une femme sur quatre a subi des violences psychologiques de la part d’un partenaire, et une femme sur six a vécu des violences physiques. Ces chiffres demeurent alarmants, et j’aimerais vraiment voir ces indicateurs de violences sexuelles et de violences domestiques baisser de manière significative.

Il me reste deux autres statistiques que je trouve essentielles. Tout d’abord, en ce qui concerne les attentes de la population envers les pouvoirs publics, 84% des personnes estiment que la prévention et la lutte contre le sexisme, ainsi que les violences sexuelles, devraient être des priorités de l’agenda public en France, ce qui n’est toujours pas le cas.

De plus, le sentiment d’impunité des actes et propos sexistes reste élevé, atteignant 75%. Pour conclure ces chiffres, il faut noter qu’environ 90 000 viols sont déclarés chaque année par des femmes, mais moins de 1% des auteurs sont condamnés. Cette donnée montre à quel point le combat contre les violences sexuelles et pour la justice est essentiel, bien qu’il reste très difficile et souvent frustrant en termes de résultats concrets.

Pourquoi il y a moins d’1% des agresseurs condamnés ?

Merci beaucoup pour tous ces chiffres. C’est vrai qu’ils sont horribles. C’est incroyable de constater qu’avec le temps, comme tu l’as mentionné, ces chiffres ont doublé, notamment le nombre de femmes victimes de violences sexuelles. Je dois avouer que je ne comprends pas pourquoi cela ne diminue pas.

Et pourquoi y a-t-il moins d’un pourcent des auteurs qui sont condamnés ? C’est aberrant. J’imagine que c’est un problème structurel, car il est déjà très difficile pour une victime de violences sexuelles de porter plainte. Elle peut ne pas être prise au sérieux, et le système judiciaire est très mal conçu. Parfois, un dealer est davantage sanctionné qu’un violeur, ce qui est scandaleux.

C’est démoralisant, en fait, et je dirais même alarmant. C’est le terme que j’emploierais le plus : démoralisant. Étant moi-même en pleine procédure judiciaire, je sais de quoi je parle. Je peux vous assurer que c’est extrêmement difficile et que c’est un combat de tous les jours pour les victimes de violences sexuelles. Il faut savoir, par exemple, qu’une affaire de viol prend en moyenne cinq ans à être jugée.

C’est énorme, et il faut vraiment tenir bon. Ce n’est pas donné à tout le monde, et je comprends tout à fait à quel point cela peut être épuisant. Personnellement, c’est très dur à supporter au quotidien.

En tout cas, tu es très courageuse, et ton énergie est admirable, car tu te bats au quotidien pour surmonter cette épreuve. Franchement, c’est incroyable ; tu es une véritable lumière pour les autres victimes de violences sexuelles.

Comment tu fais pour retrouver l’espoir ?

Cela m’amène à poser une question : comment fais-tu pour retrouver cet espoir et inspirer potentiellement les personnes qui nous écoutent, qui ont elles aussi été victimes de violences sexuelles ? Comment fait-on pour surmonter cette épreuve, même si je suis certaine qu’il y a des hauts et des bas ? Cela ne doit pas être facile tous les jours, c’est certain.

Encore une fois, je t’adresse tout mon soutien, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont été victimes de viols, d’agressions sexuelles ou d’autres épreuves terribles de ce type. Je suis de tout cœur avec elles.

Tu veux savoir si tu cherches davantage des conseils concrets ou si tu aimerais que je parle de la façon dont j’aurais aimé être accompagnée ? Est-ce que tu veux des conseils pour aider une femme victime de violences sexuelles ou des éléments sur mon propre parcours et les soutiens que j’aurais aimés ?

Commençons par des conseils, car il est important de pouvoir guider les personnes concernées. Dans mon entourage, je remarque que de nombreuses amies, et beaucoup de femmes en général, ont vécu des violences sexuelles sans en parler, par peur de ne pas être prises au sérieux.

Il est essentiel d’avoir au moins une personne de confiance à qui se confier. Si quelqu’un partage son expérience de violences sexuelles, le plus important à lui dire est « on te croit« . Ce simple mot est important, car cela aide la personne à éviter de sombrer dans un combat intérieur destructeur.

Le combat est avant tout intérieur, et c’est pourquoi il est si important de dire à quelqu’un « on te croit » et de lui rappeler de se pardonner. Il est essentiel de ne pas laisser les auteurs de violences sexuelles gagner en nous détruisant de l’intérieur.

Tu es la seule personne qui puisse choisir comment transformer cette douleur. Il est indispensable de l’utiliser comme une source de force et de ne pas laisser ces expériences t’enlever le sourire. Personnellement, j’ai la chance d’être quelqu’un de très positif dans la vie quotidienne, et cela m’a beaucoup aidée.

Cependant, il ne faut pas croire que je n’ai pas souffert ; ça a été une épreuve terrible pour moi aussi. J’ai simplement réalisé que le temps, bien qu’il n’efface pas tout, peut être un allié pour transformer ce traumatisme en une force. Cela est essentiel pour son propre bien-être et sa santé mentale, malgré les séquelles des violences sexuelles.

Quels conseils donnerais-tu aux victimes de violences sexuelles ?

Eh bien, si je pouvais partager quelque chose, j’aimerais dire à ces personnes qu‘elles ne sont pas seules. J’aurais aimé qu’on me dise cela, car, personnellement, cela m’est arrivé dans une petite ville de France où il y avait peu de soutien, peu de groupes de parole. J’aurais aimé avoir ce type de soutien pour surmonter les violences sexuelles. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, il est possible de trouver un grand nombre de soutiens, et il faut vraiment en profiter.

Il est important d’être présent pour ses proches, mais aussi de se soutenir mutuellement, car personne ne devrait rester seule face aux violences sexuelles. Trop souvent, la justice se concentre sur des questions inappropriées, cherchant à comprendre pourquoi les agresseurs ont agi ainsi, en posant des questions déplacées comme « Comment étais-tu habillée ? », « Flirtais-tu ? », ou « Avais-tu bu ? » C’est ce qui m’est arrivé, et cela ne devrait pas être le cas.

Ce qui devrait être dit, c’est simplement « On te croit, on ne te juge pas. » Il est nécessaire de faire comprendre à la personne qu’elle n’est pas fautive, car ce n’est pas de sa faute. Ce message est souvent oublié, et il serait nécessaire de former le personnel dans les commissariats pour qu’ils comprennent l’importance de dire « on te croit, on ne te juge pas » aux victimes de violences sexuelles.

S’entourer des bonnes personnes est tout aussi fondamental. Il faut être avec des personnes qui vous élèvent, qui vous soutiennent sans condition ni jugement. L’entourage est très important pour affronter les violences sexuelles. L’une des grandes raisons pour lesquelles j’en parle est de sensibiliser mon entourage et d’empêcher que cela se reproduise, et surtout de ne pas me laisser faire, car de nombreuses personnes ont essayé de me faire taire.

Il y a une pression sociale pour faire taire ces situations, car tant que cela ne nous concerne pas personnellement, on tend à l’ignorer. Mais il est essentiel de crier haut et fort la vérité, de ne jamais avoir honte, ni de se sentir coupable. Je ne le répéterai jamais assez : c’est absolument essentiel.

Je veux vraiment insister sur le fait que ce n’est pas de ta faute et que tu n’es pas seule. Il faut être solidaire, unis face aux violences sexuelles, et lutter ensemble pour changer les choses. Voilà donc mes conseils, pour aider et pour encourager à en parler, pour toutes les personnes qui ont vécu cela.

Comment accompagner une victime de violences sexuelles ?

Ensuite, en ce qui concerne l’accompagnement détaillé d’une victime de violences sexuelles, il existe plusieurs manières de soutenir une femme. La première étape est de l’encourager à porter plainte. On sous-estime souvent l’impact psychologique positif que cela peut avoir. Pouvoir se dire « Je l’ai fait » peut être une étape importante dans le processus de guérison.

Soutenir la victime est essentiel, mais il est important de comprendre que le déclic pour entreprendre ce combat est personnel. Peu importe ce que l’on peut dire, il s’agit avant tout d’un combat contre soi-même, et c’est fondamental de le savoir. Il faut donc être présent et éviter que la personne ne s’enferme sur elle-même à cause des violences sexuelles.

Il est également conseillé d’encourager la personne à évacuer ses émotions, que ce soit par le sport ou avec l’aide d’un psychologue. J’ai moi-même consulté une spécialiste des traumatismes en EMDR, une thérapie spécifique aux traumatismes. Cependant, chaque personne réagit différemment aux violences sexuelles, et il est indispensable de ne jamais sous-estimer ni juger ses émotions. Il faut être dans la compréhension.

Un autre point très important est de trouver un échappatoire, que ce soit à travers une passion, un sport ou une activité qui apporte du bonheur. Cela peut grandement aider à retrouver confiance en soi. Par exemple, cette année, j’ai repris des cours de self-defense pour femmes, ce qui m’a fait énormément de bien. Ce type d’activité peut aider les victimes de violences sexuelles à se reconnecter avec leur propre force et à renforcer leur confiance en elles.

Si vous connaissez une victime de violences sexuelles qui hésite à en parler, aidez-la à franchir ce pas. Et si vous êtes vous-même victime, je vous encourage à ne pas rester seul(e) avec cela. Il existe des thérapies, et des personnes autour de vous qui vous aiment et vous soutiendront. L’important est de bien s’entourer et de ne pas garder ce fardeau pour soi. Voilà, c’est vraiment mon conseil.

Parle-nous de ton projet entrepreneurial

Merci beaucoup pour tous ces conseils et pour tout ce que tu as partagé. C’était vraiment enrichissant, et je suis totalement d’accord avec toi. Il est essentiel de libérer la parole, car sensibiliser est fondamental. Comme tu l’as dit, il ne faut pas laisser le pouvoir aux agresseurs de briser notre vie. Il est décisif de se réapproprier ce pouvoir, car nous le méritons, et c’est légitime. Ils ont tenté de nous détruire, mais ils ont échoué, car il n’y a même pas de mots pour décrire l’horreur de leurs actes. Ils mériteraient vraiment de payer pour les violences sexuelles qu’ils ont infligées.

J’espère de tout cœur qu’un jour, la justice française sera davantage du côté des victimes de violences sexuelles, et non des agresseurs. Ce n’est plus possible de continuer ainsi. C’est pour cela que la sensibilisation est, comme tu l’as souligné, extrêmement importante. Tu as parlé de former les personnels dans les commissariats, et je pense également que ce serait une initiative formidable. Je me demande même si tu envisages de lancer des formations de ce type.

Je sais que tu as un projet entrepreneurial, notamment MySelf Key, qui inclut des cours de self-defense pour femmes. Si tu veux nous en parler, ce serait avec grand plaisir, surtout pour savoir comment cela contribue à la prévention des violences sexuelles.

Bien sûr. Oui, j’ai lancé MySelfKey suite à mon traumatisme. En dehors des cours de self-defense, c’est avant tout une solution de sécurité personnelle. En fait, MySelfKey propose un moyen rapide et efficace de se défendre grâce à des porte-clés multifonctions, offrant ainsi différentes possibilités pour se protéger en cas de violences sexuelles ou de situations dangereuses.

Pour vous expliquer, chaque porte-clé inclut une chaîne regroupant plusieurs gadgets. Par exemple, il y a une alarme puissante, et souvent, lorsque les gens voient mon porte-clé, ils me demandent à quoi cela sert. C’est une manière pratique d’avoir des outils de défense à portée de main en cas d’agression ou de danger.

Le porte-clé comporte une alarme de 140 décibels, ce qui est assez élevé, équivalent au bruit d’un avion au décollage. Je ne sais pas si vous avez déjà pris l’avion, mais imaginez une alarme de cuisine, c’est cette référence qui me vient. Cette alarme permet vraiment d’alerter les alentours et de faire fuir un agresseur, en cas de violences sexuelles ou de danger immédiat.

Ensuite, il y a un brise-vitre qui a une double utilité : il sert aussi de coupe-ceinture. Cela permet de se libérer rapidement et de casser un carreau si l’on est coincé dans un véhicule ou enfermé quelque part, comme cela pourrait arriver avec un chauffeur de VTC mal intentionné. Ce gadget peut être une aide précieuse en cas de violences sexuelles ou de mise en danger.

Il y a également une lampe pour s’éclairer, ce qui m’a sauvé la vie plus d’une fois. Imaginez que vous n’avez plus de batterie et que vous êtes dans le noir. La lampe répond à un besoin quotidien de sécurité, notamment face aux risques de violences sexuelles ou autres dangers.

Le porte-clé comprend aussi un poing américain pour se défendre, ainsi qu’un petit pompon et une lanière pour pouvoir le porter facilement autour du bras. Je suis actuellement en pleine recherche pour développer d’autres gadgets, uniques et efficaces, qui pourraient répondre rapidement à des situations d’urgence, y compris face aux violences sexuelles.

Je travaille en ce moment sur le premier QR code d’urgence. En scannant ce QR code avec n’importe quel téléphone, on pourrait accéder aux contacts d’urgence personnalisés de la personne. Si on vous a volé votre téléphone, ou si vous n’avez plus de batterie, ce QR code pourrait être une solution en cas de violences sexuelles ou d’autres urgences, surtout lorsque l’on ne connaît pas les numéros par cœur de nos proches.

Mon objectif est de démocratiser ces outils pour créer un sentiment de sécurité dans la société, notamment contre les violences sexuelles, grâce à ces petits gadgets. Ces porte-clés multifonctions incarnent ce concept.

Pourquoi ai-je lancé ce projet ? Après mon agression, j’ai vécu seule pendant un an dans une petite ville, où je ne me suis jamais sentie en sécurité. Je me retournais constamment le soir et j’évitais de m’habiller d’une certaine manière. J’ai acheté plusieurs gadgets sur Internet et j’ai créé ce porte-clé pour moi-même. Ce porte-clé m’a sorti de deux situations embarrassantes, et je me suis dit qu’il pourrait être utile à mes amies.

L’idée a rencontré un franc succès, et je me suis dit : pourquoi ne pas en faire un business ? Cela pourrait aider d’autres personnes à éviter les situations dans lesquelles je me suis trouvée. Mon objectif est d’offrir des solutions de sécurité contre les violences sexuelles et d’aider les personnes à se sentir plus en sécurité au quotidien.

Les cours de self-défense dans ton projet

Par la suite, j’ai rencontré Yves, qui m’accompagne quotidiennement dans mon projet. Il est le directeur d’une association basée à Paris, appelée La Française Athlétique, qui propose des cours de self-defense pour femmes. Ce partenariat est né de notre volonté commune de lutter contre les violences sexuelles et de renforcer la confiance en soi des femmes.

Nous cherchons à démocratiser ces cours de self-defense, car ils apportent une véritable assurance. Nous avons également pensé à une formation pour les entreprises. L’idée serait d’organiser un atelier de sensibilisation en B2B, où des employés participeraient à des mises en scène de situations d’agression. Cet atelier viserait à sensibiliser autant les hommes que les femmes aux violences sexuelles, car il est essentiel de prendre le problème à la racine et de rappeler que la sensibilisation doit concerner tout le monde.

Le projet est en pleine expansion, et cela fait du bien d’avoir un objectif, un but de vie, quelque chose qui donne du sens. Actuellement, mes porte-clés ne sont pas encore disponibles ; je suis en train de lever des fonds pour créer des prototypes adaptés à différents besoins. J’aime comparer ces gadgets aux outils de Totally Spies, car ils sont pratiques et pensés pour répondre aux situations d’urgence, y compris en cas de violences sexuelles.

En parallèle, je poursuis mes études, où je mène une enquête de documentation et de recherche sur le harcèlement et les agressions sexuelles dans le monde du travail et dans les espaces publics en France.

Ce sujet constitue d’ailleurs le thème de mon mémoire de fin d’année. Mon objectif est de m’informer autant que possible pour sensibiliser les autres et proposer des solutions concrètes face au problème du sexisme et des violences sexuelles en France. C’est vraiment le but que je poursuis en ce moment.

C’est formidable, tu as donné un véritable sens à ta vie avec ce projet, et tu peux en être fier. Tout ce que tu as mis en place est incroyable. D’ailleurs, n’hésite pas à me tenir informé lorsque ta cagnotte sera lancée, j’imagine que ce sera sur Ulule.

Dès que tu l’auras partagée, je mettrai le lien dans la description de l’épisode et le partagerai également sur mes réseaux sociaux, car c’est un projet qui mérite vraiment d’avoir de la visibilité. Bien sûr, je participerai à la cagnotte, c’est certain, car je veux soutenir cette initiative pour qu’elle se concrétise et puisse aider à prévenir les violences sexuelles.

Ton idée de QR code d’urgence est géniale. C’est quelque chose auquel on ne pense pas toujours, mais c’est une fonctionnalité qui devrait être plus accessible, car que fait-on lorsqu’on n’a plus de batterie ? Avec les nouveaux téléphones qui n’ont pas une autonomie très élevée, cela devient une vraie problématique en cas de violences sexuelles ou d’autres situations d’urgence.

Se retrouver sans téléphone dans une situation délicate est un scénario auquel on devrait être préparé. J’essaie souvent de réfléchir aux problèmes que l’on pourrait rencontrer au quotidien, notamment en lien avec les violences sexuelles, et je pense qu’en répondant à ces questions, on pourrait éviter de nombreuses situations à risque.

La prévention est essentielle, car elle permet de se protéger et de protéger d’autres femmes, ainsi que les hommes qui pourraient être confrontés à des violences sexuelles. Il est important de faire de cette cause un sujet de solidarité pour tout le monde.

Comment rejoindre ces cours de self défense ?

Cela me faisait penser que tu collaborais avec La Française Athlétique pour des cours de self-defense. J’avais l’impression que tu organisais également des sessions en B2C, car tu m’avais invité, mais malheureusement, je n’étais pas disponible. J’aurais vraiment aimé y participer. Pour les personnes qui nous écoutent et qui sont des particuliers, comment peuvent-elles rejoindre ces cours de self-defense pour se protéger des violences sexuelles ?

Alors oui, en effet, pour recontextualiser, j’ai démarré cette initiative en lien avec une communauté d’entrepreneurs appelée Minkey Gang, une communauté récente que l’on peut trouver en ligne. Elle réunit un groupe d’entrepreneurs à Paris, et d’autres membres viennent également de l’extérieur. Ce partenariat a été l’occasion d’organiser un événement entre entrepreneuses et femmes intéressées par le self-defense, pour prévenir les violences sexuelles.

Cet événement, qui ressemblait à un meet-up, a permis de créer une rencontre originale autour d’un cours de self-defense. C’était vraiment agréable, et j’espère que nous pourrons réorganiser ce type de rencontre régulièrement. Après le cours, nous avons pris un petit apéro pour discuter et faire connaissance.

Rencontrer d’autres femmes passionnées par différents sujets est tellement enrichissant, surtout pour des entrepreneuses qui cherchent à se soutenir face aux défis, y compris ceux liés aux violences sexuelles.

En plus de ces événements pour les entrepreneurs, nous proposons un cours de self-defense tous les jeudis soirs, à partir de 19h, pour éviter les conflits avec les horaires de travail. Ce cours est notre moment hebdomadaire, où Yves nous apprend à nous défendre dans des situations réelles, comme en sortant de boîte ou même en talons.

C’est vraiment dommage que ce type de cours ne soit pas plus connu et démocratisé. Beaucoup de femmes hésitent à y aller par crainte, mais une fois lancées, elles y prennent goût. C’est une belle manière d’apprendre à se défendre face aux violences sexuelles tout en se sentant soutenues. Voilà comment vous pouvez nous retrouver.

Du coup, c’est sur Paris que vous êtes basés ?

Oui, tout à fait, nous sommes basés sur Paris. Mais je suis persuadée qu’il doit y avoir d’autres cours de self-defense pour femmes dans d’autres villes. C’est quelque chose qui commence à se faire connaître et qui gagne en popularité, bien que ce ne soit pas encore suffisamment répandu, notamment face aux risques de violences sexuelles.

C’est intéressant, car j’entends souvent parler de Krav Maga. Quelle est la différence entre le Krav Maga et le self-defense ?

Alors, pour ma part, Yves, qui nous donne les cours, pratique le jiu-jitsu – j’espère bien le prononcer – mais je ne connais pas exactement la différence, n’ayant jamais pratiqué le Krav Maga. Ce ne sont pas les mêmes arts martiaux, et en plus, Yves va au-delà des techniques de self-defense classiques pour nous préparer psychologiquement à réagir en cas de violences sexuelles.

Il ne s’agit pas seulement de s’entraîner physiquement, mais de réussir à se défendre en situation réelle, car un blocage peut survenir lors d’une agression. Ce blocage, souvent présent chez les femmes et d’autres personnes en situation de danger, peut nous paralyser. Yves nous apprend donc à surmonter ce blocage et à oser riposter.

Il nous donne également des cours sur nos droits, sur la façon de réagir face aux violences sexuelles, sans nécessairement recourir à la violence, mais en utilisant des gestes appropriés et en adoptant la bonne posture. C’est bien plus qu’un simple cours de self-defense ; c’est un enseignement pour apprendre à gérer les situations de danger de manière globale.

Et en apprenant quelques gestes de self-defense, des postures, ou simplement comment tomber correctement, on se prépare à diverses situations. Par exemple, on se pose des questions comme : « S’il y a un frotteur dans le tram, comment je réagis ? Comment puis-je me défendre ? » Ou encore : « Si quelqu’un m’insulte ou adopte une posture agressive, comment dois-je réagir ? » Ce sont des scénarios concrets face aux violences sexuelles et autres agressions, et c’est vraiment enrichissant.

C’est une expérience très agréable, et il faut essayer au moins une fois. Cela ne coûte rien de tenter, et on peut vraiment y trouver quelque chose de positif, surtout dans un contexte de prévention contre les violences sexuelles.

En tout cas, tu m’as convaincue, j’aimerais beaucoup découvrir les cours de Yves ! Ce serait d’ailleurs une bonne idée de partager ses coordonnées dans la description de l’épisode pour les femmes et les hommes qui souhaitent apprendre à se défendre. La façon dont tu le décris est engageante, car on y travaille le mental, le physique, et on apprend à donner des coups.

L’éducation au self défense devrait être obligatoire

Il est vrai que nous avons souvent le préjugé que les femmes manquent de force et que l’autodéfense est une affaire d’hommes. Cette barrière mentale et psychologique empêche parfois les femmes de frapper, alors que se défendre face aux violences sexuelles ne dépend pas uniquement de la force.

Exactement. Cela vient en partie de notre éducation, qui nous encourage à être douces et non agressives. Cela me fait sourire, car se défendre n’a rien à voir avec le poids ou la capacité à se battre. Tout repose sur la technique : comment on place ses coups, la posture, et la manière de se défendre.

Aujourd’hui, j’ai une perception bien différente de la manière dont je vais me défendre. Je ne fonce plus dans le tas ; j’ai appris à gérer mon équilibre et ma posture. Cela m’a permis de découvrir des choses sur moi-même, et c’est pourquoi je recommande vraiment ce cours. Cela m’a rendue plus confiante face aux risques de violences sexuelles, car je sais que je peux me défendre sans avoir besoin d’être forte ou imposante. Il suffit d’apprendre la bonne technique, et c’est accessible à toutes.

Oui, exactement, c’est avant tout une question de technique, bien plus que de force.

Exactement, et c’est très important de le souligner. Il est essentiel d’avoir une pratique régulière pour harmoniser les gestes, car cela permet de rendre la technique efficace en situation réelle, notamment en cas de violences sexuelles.

Oui, c’est normal, il faut mémoriser, car apprendre à se défendre est un véritable apprentissage. Cela fait partie de la société dans laquelle nous vivons, et je trouve dommage que des cours de self-defense ne soient pas intégrés au programme du collège ou du lycée.

Ces cours devraient être inclus dès le collège. Je ne suis qu’au début de mon combat pour cela, mais je vais me battre pour que des cours de self-defense deviennent obligatoires, au moins au lycée, sinon dès le collège. Comme pour l’éducation sexuelle, il manque une éducation à l’autodéfense, et cela pourrait littéralement réduire les taux de violences sexuelles dans les espaces publics de manière significative. Je vais me battre pour démocratiser cette cause, c’est l’objectif de ma vie.

Je te soutiens pleinement dans cet objectif de vie. Je souhaite également que les cours de self-defense soient démocratisés. Personnellement, je n’ai jamais suivi de cours de self-defense, bien que j’aie essayé un peu de Krav Maga. Mais entre mes autres activités, il était difficile de trouver un rythme hebdomadaire. C’est une habitude à prendre, c’est sûr, et je suis certaine que c’est plus motivant quand on y va entre amies.

Exactement, c’est tout à fait ça. Le problème, c’est qu’on se dit souvent : « Je suis seule, c’est difficile d’y aller toute seule. » C’est un pas à franchir. Moi, j’ai appris à me lancer, à foncer sans trop réfléchir. Tester et expérimenter est essentiel, et cela mène souvent aux plus belles rencontres et expériences.

Je t’invite d’ailleurs jeudi prochain, pas ce jeudi-ci mais celui d’après, à venir assister à un cours de self-defense. Ce sera un cours très spécial, et ce serait super que tu puisses y participer.

Ok, je pense que je serai disponible ! Bien sûr, les personnes qui écouteront cet épisode ne pourront pas rejoindre ce cours précis, mais je vous dirai ce que j’en ai pensé.

Pour tous les autres jeudis, il suffit de me contacter ou de visiter le site de l’association, La Française Athlétique Club, où toutes les informations sont bien expliquées pour rejoindre les cours de self-defense et se préparer à se défendre contre les violences sexuelles.

La sensibilisation devrait aussi concerner les hommes

Yves gère très bien son cours de self-defense et, en plus de cela, il représente pour moi le type d’homme qui redonne confiance en la gent masculine.

C’est le genre d’homme que l’on pourrait qualifier de « personnage écrit par une femme« , une expression que je trouve très belle. Les hommes féministes, qui soutiennent les femmes dans leur lutte contre les violences sexuelles et pour l’égalité, sont essentiels. Le féminisme n’est pas réservé aux femmes, et il est important de souligner que les hommes peuvent et doivent également être concernés.

Je partage exactement la même vision. Il y a des hommes féministes et des femmes féministes, et les deux sont indispensables. Quand on pense aux droits de vote ou au droit à l’avortement, ces avancées ont été possibles parce que des hommes ont rejoint la lutte aux côtés des femmes. Sans eux, nous n’aurions probablement pas obtenu ces droits, et il est nécessaire que tout le monde prenne en main ces sujets, notamment en matière de prévention des violences sexuelles.

La majorité des agresseurs, selon les statistiques, sont des hommes. Il est donc primordial qu’ils sensibilisent leur entourage, leurs amis, leur famille, et qu’ils sèment des « graines d’éveil féministe« , comme j’aime le dire, pour changer les mentalités sur les violences sexuelles et l’égalité des genres.

Tout à fait. Nous vivons dans une société où la définition et le message du féminisme sont parfois déformés. Pour moi, le féminisme n’est pas réservé aux femmes. C’est une lutte que les femmes et les hommes doivent mener main dans la main. Peut-être qu’une grande partie des reculs actuels dans nos droits vient du fait qu’on oublie que les hommes sont aussi importants que les femmes dans la cause féministe et la lutte contre les violences sexuelles.

Le féminisme n’est pas une question de genre. Il est important de dire que nous devons travailler ensemble, non pas contre les hommes, mais avec eux. C’est un point essentiel pour moi.

Je suis entièrement d’accord. Je ne me rappelle plus qui a dit cela, mais il me semble que c’était une actrice, peut-être celle de The Last of Us. Elle avait dit : « Soit on est féministe, soit on est sexiste. » Cette phrase me parle beaucoup, car qui, en ayant une conscience normale, pourrait être contre l’égalité et l’équité entre les genres ? Cela paraît insensé, surtout face aux réalités des violences sexuelles et des inégalités de genre.

Oui, c’est en fait une société où nous grandissons avec des normes et des valeurs, souvent transmises par les parents, mais pas uniquement. Ces normes et valeurs sont également véhiculées par d’autres sources et peuvent parfois poser problème. C’est pourquoi je tenais à mentionner dans cette discussion l’ouvrage de Lucile Pétavin, Le coût de la virilité, qui a suscité beaucoup d’intérêt récemment.

Je recommande ce livre à tout le monde, car il aide à prendre conscience que ce n’est pas une cause perdue. C’est très important de se rappeler que nous pouvons collectivement attaquer les racines du sexisme, ce qui inclut de prévenir les violences sexuelles dès la petite enfance et tout au long de la vie. L’éducation, tant dans les aspects privés que publics, est essentielle.

Lucile Pétavin, que j’ai eu la chance de rencontrer, est vraiment passionnante, tout comme ses travaux. J’ai relevé quelques chiffres importants dans son livre. Par exemple, il est souligné que les hommes sont responsables de la majorité des comportements asociaux. Ils représentent 84 % des auteurs d’accidents de la route mortels92 % des élèves sanctionnés pour atteinte aux biens et aux personnes au collège, 90 % des personnes condamnées par la justice, et 96 % des mises en cause pour meurtre. Ces chiffres montrent qu’il y a du travail à faire en matière de sensibilisation aux violences sexuelles et au respect des autres.

Le chiffre le plus frappant reste celui concernant les violences sexuelles : 97 % des auteurs sont des hommes. C’est un pourcentage énorme. Si nous éduquions les hommes avec autant de rigueur que les femmes, nous pourrions, sans doute, vivre dans un monde plus harmonieux. Bien sûr, j’exagère en disant que ce serait le « monde des bisounours », mais il serait certainement plus égalitaire et moins empreint de violences sexuelles.

Cela montre bien qu’il s’agit avant tout d’un problème d’éducation. Ce n’est pas une cause perdue, mais il est vital d’apprendre à éduquer filles et garçons de manière équitable pour espérer un monde meilleur.

Ta définition du consentement

Je te rejoins totalement, et encore une fois, ces chiffres sont édifiants et vraiment tristes, mais ils peuvent changer. Quand tu évoques le chiffre de 97 % des auteurs de violences sexuelles qui sont des hommes, il me semble essentiel de leur enseigner les bases du consentement. Pour les personnes qui nous écoutent, pourrais-tu nous donner ta définition du consentement ?

Définir le consentement est en effet très complexe, car même la justice a parfois du mal à le cerner précisément. Je vais donc partager la définition du consentement avec mes mots, et non une définition juridique stricte, pour éviter toute confusion. Pour moi, le consentement, c’est quand une femme, ou toute personne, a le droit de dire non. Par exemple, si une femme dort ou est alcoolisée, elle n’est pas en mesure de consentir. Forcer une relation dans de telles circonstances s’inscrit dans les violences sexuelles.

Il s’agit de ne pas abuser d’une situation où une personne est en état de faiblesse ou de vulnérabilité. Lorsqu’une personne est dans une position de contrainte, elle peut se trouver dans un état où elle ne peut pas donner un consentement éclairé, et toute relation dans ce contexte est une forme de violence sexuelle.

Il y a actuellement un travail en Europe pour redéfinir le consentement, et bien que cela suscite des débats, c’est une discussion essentielle. Le consentement, pour moi, signifie que forcer un rapport sexuel, une agression sexuelle ou tout attouchement, que ce soit sous une contrainte morale, physique ou verbale, sans consentement explicite, est une violence sexuelle. Un non est un non, et un « peut-être » n’est pas un oui. Une personne qui dort, est alcoolisée ou droguée ne peut pas dire oui.

Les hommes ont parfois du mal à comprendre cela, car certains disent que si elle dit non, cela peut vouloir dire oui. Non, non, c’est non, et il faut le souligner. Une personne qui montre des signes de détresse, comme des larmes, exprime clairement son refus. Dans l’expression des émotions, le non reste un non, et c’est essentiel à comprendre pour éviter les violences sexuelles.

Ce que tu me dis me fait penser à plusieurs choses. Notamment, j’avais vu une excellente vidéo qui expliquait le consentement à travers la métaphore du thé. C’était une série d’animations, simple et accessible pour tout le monde, que je mettrai en lien dans la description. Je trouvais cette approche très percutante, surtout face aux enjeux des violences sexuelles.

Dans cette vidéo, ils posent la question : « Forceriez-vous quelqu’un qui dort à boire du thé ? » L’image est parlante : personne ne forcerait une personne endormie à boire du thé, et pourtant, cela semble évident dans ce contexte. Ce que j’aime dans la conclusion de cette vidéo, c’est qu’elle montre qu’on comprend le consentement lorsqu’il s’agit de thé, mais pourquoi ne le comprend-on pas aussi simplement avec les êtres humains ?

C’est vraiment une vidéo importante à voir pour saisir l’essence du consentement et la prévention des violences sexuelles

L’influence négative de la pornographie

Et aussi, avant de te laisser la parole, cela me fait penser que la culture, notamment la pop culture et le cinéma, joue un rôle important dans cette perception erronée selon laquelle un « peut-être » ou un « non » pourrait signifier « oui ». On voit souvent dans les livres, les séries, les films, des scénarios qui normalisent ces ambiguïtés. Cela influence énormément les imaginaires, et je pense que la pornographie contribue aussi beaucoup à brouiller la réalité, surtout quand il s’agit de violences sexuelles et de consentement.

C’est un sujet important sur lequel je travaille et me documente beaucoup en ce moment. Il faut savoir que pour les trois quarts des adolescents, et même des enfants, l’éducation sexuelle passe par la pornographie, ce qui est extrêmement problématique. La pornographie est accessible à tous, y compris aux très jeunes. Par exemple, l’âge moyen de la première exposition à des images pornographiques se situe maintenant entre 7 et 9 ans, ce qui est aberrant. Même en jouant à de petits jeux en ligne, on peut tomber sur des images à caractère sexuel, ce qui renforce ces perceptions autour des violences sexuelles.

La pornographie donne une vision complètement déformée de la sexualité, une manière de faire qui ne correspond en rien à la réalité. Dans ma propre vie, je constate que certaines personnes ont du mal à distinguer le réel de l’irréel, en grande partie à cause de cette « éducation » par les images pornographiques. Notre perception de la sexualité est façonnée par ces images, souvent violentes, et elles brouillent les lignes du consentement, laissant croire qu’un « non » pourrait être un « oui ». Cela contribue grandement aux violences sexuelles et à la confusion autour du consentement.

Les adolescents se tournent vers ce type de contenu parce qu’on ne leur explique pas les notions essentielles comme le consentement ou la manière dont un rapport devrait se dérouler. Si ces bases étaient enseignées, il y aurait sans doute moins de malentendus et de violences sexuelles. J’ai récemment regardé un reportage qui m’a vraiment ouvert les yeux sur ce sujet.

Dès le collège, certains enfants expriment une angoisse par rapport à ce qu’ils croient devoir faire dans une relation. Par exemple, un petit garçon avait écrit sur un bout de papier : « J’ai peur de tout ce que je vais devoir lui faire. » Cela m’a énormément frappée, de penser qu’à seulement 9 ans, un enfant se pose déjà ces questions liées aux violences sexuelles et à une sexualité déformée par la pornographie.

De même, une jeune fille a demandé si c’était normal de ne pas ressentir de plaisir « comme la fille sur les vidéos ». Ces enfants n’ont pas les outils pour comprendre ce qu’ils voient, car ces images ne reflètent en rien le monde réel. C’est pourquoi il est si important de rappeler que la pornographie n’est pas une forme d’éducation sexuelle et qu’elle ne montre pas la réalité. Beaucoup d’actrices le disent elles-mêmes : ce qu’elles font dans les films n’a rien à voir avec leurs relations intimes dans la vie réelle. Ce n’est que du cinéma. Il est essentiel de souligner cette différence, car cela pourrait contribuer à réduire les malentendus et les violences sexuelles. Ce phénomène m’inquiète énormément.

Merci pour ces éclaircissements, je suis tout à fait d’accord avec toi. Il y a quelque chose que je tiens à souligner : j’ai découvert il y a quelques années une alternative au porno traditionnel, appelée « porno éthique« . Ce genre de contenu valorise le consentement, met en avant des relations diversifiées entre des personnes de tous âges, ethnies, et orientations. C’est un moyen d’éviter les stéréotypes souvent véhiculés par le porno traditionnel et de montrer une sexualité respectueuse pour prévenir les violences sexuelles.

Le problème, cependant, est que le porno éthique est souvent payant. Les gens, en recherchant du contenu, tombent plus facilement sur des plateformes comme Pornhub, qui sont gratuites et facilement accessibles avec un simple clic confirmant « J’ai 18 ans ». Cela pose un véritable problème d’accès et de régulation, surtout pour les jeunes qui, en accédant à ces sites, risquent de se confronter à des représentations fausses et potentiellement dangereuses de la sexualité et des violences sexuelles.

Même si j’ai entendu parler d’une réflexion à ce sujet, je ne sais pas exactement où cela en est. À un moment donné, il a été question de demander une carte d’identité ou de mettre en place un autre moyen de contrôle d’accès pour limiter l’accès des mineurs aux sites pornographiques. Mais, à mon avis, il serait plus judicieux de financer les plateformes de porno éthique pour les rendre gratuites, tout en les référençant mieux sur Google. Cela pourrait permettre de présenter une vision plus saine des relations et aider à prévenir les violences sexuelles.

Tout à fait, je n’avais jamais pensé à cela, mais je suis très heureuse d’en entendre parler. Il est vrai que des mesures ont été mises en place, comme l’obligation d’ajouter un petit avertissement du type « Avez-vous bien 18 ans ? », qui n’était pas toujours présent sur toutes les plateformes. En Europe, et notamment en France, il est maintenant obligatoire d’avoir cet avertissement, qui est censé limiter l’accès aux contenus inappropriés pour les mineurs et réduire l’exposition précoce aux violences sexuelles.

Cela dit, ce type de message ne ralentit que partiellement l’accès, car il suffit de cliquer « oui » sans véritable vérification. Ce n’est pas une solution définitive, et cela ne freine pas vraiment l’accès aux sites, surtout pour les jeunes. Cela montre bien que des solutions plus poussées sont nécessaires pour vraiment protéger les mineurs des violences sexuelles et des représentations biaisées de la sexualité.

Le problème de la diffusion de la pornographie

Mais oui, il y a bien quelque chose qui a été mis en place, et je suis totalement d’accord avec toi. Le porno éthique, que je ne connaissais pas du tout, semble vraiment intéressant, surtout avec le problème des références. Aujourd’hui, tout et n’importe quoi peut être mis en ligne, et cela touche aussi aux violences sexuelles, malheureusement.

Il suffit de se faire filmer à son insu, et la vidéo peut être diffusée et rediffusée. J’avais vu un reportage sur une jeune fille qui avait été filmée sans son consentement. Elle avait entrepris toutes les démarches possibles pour retirer la vidéo, avait porté plainte, mais dès qu’elle était supprimée d’un site, elle réapparaissait ailleurs. C’était un véritable cauchemar, et cela montre l’ampleur des violences sexuelles en ligne. Il est important de faire très attention.

Je crois qu’il existe une plateforme de signalement, quelque chose qui s’appelle Faros, si je ne me trompe pas. C’est un site où on peut signaler du contenu violent, et des policiers ou des enquêteurs y sont mobilisés pour tenter de faire disparaître ce type de contenu d’internet. Bien que je ne connaisse pas bien le sujet, leur mission est de dédier leur temps à aider les victimes de violences sexuelles en ligne et de faire leur possible pour supprimer ce contenu.

Tout à fait, mais le problème, c’est que certains gardent ces contenus sur des disques durs et les relancent une fois supprimés. C’est pourquoi il est important de ne pas envoyer de photos ou de vidéos intimes, même pour faire plaisir à quelqu’un. Ce qui est sur internet devient très difficile à supprimer. Cette jeune fille s’est battue, mais n’a jamais réussi à totalement effacer cette vidéo, et cela peut vite tourner au cauchemar. Les violences sexuelles en ligne sont une réalité, et il est essentiel d’être prudent.

Je me dis cela aussi pour moi-même, que ce soit pour mon quotidien ou sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas seulement un problème lié à la pornographie, mais une question de prudence dans tout ce qu’on publie. Nous vivons dans un monde digital, ce qui rend les choses compliquées, mais la prudence reste essentielle.

Ton mot de la fin

Oui, il n’y a malheureusement pas encore toute la réglementation nécessaire. Le temps est passé très vite, merci pour cet échange. Nous allons conclure l’épisode avec mes dernières questions. Alors, quel serait ton mot de la fin ?

Mon mot de la fin… Qu’est-ce que je pourrais dire pour résumer tout cela ? Je dirais simplement : vous n’êtes pas seul(e)s. C’est quelque chose de très important pour moi. Il y a des personnes, comme moi, qui se battent pour vous, pour faire évoluer les choses face aux violences sexuelles. Vous pouvez également me rejoindre sur Instagram si vous souhaitez suivre mon combat. Il suffit de taper « My Self key », et vous me trouverez facilement.

Battez-vous pour les droits des femmes, c’est essentiel. Nous sommes dans un pays où certains droits sont en train de régresser. Sensibilisez vos proches, et si possible, engagez-vous dans une association, qu’elle soit liée aux droits des femmes ou à d’autres causes. Heureusement, je suis bien entourée. Il y a tant de personnes dont vous pouvez vous inspirer.

Je suis loin d’être la seule dans ce combat. J’ai choisi de transformer mon traumatisme en lutte, et ce n’est pas facile. Je ne dis pas que c’est toujours simple, mais il faut rester fort(e)s, surtout face aux violences sexuelles.

C’est une très belle conclusion. Je n’ai rien à ajouter, car tu as parfaitement exprimé les points essentiels. J’espère que tu seras un modèle pour les personnes qui nous écoutent.

Merci à toi de m’avoir accueillie. Cela compte beaucoup pour moi de pouvoir m’exprimer et de donner une voix à toutes ces femmes qui ont subi des violences sexuelles. J’espère avoir pu aider certaines d’entre elles, et j’espère en aider d’autres encore. C’est le combat de ma vie, de pouvoir soutenir celles qui, comme moi, n’ont pas eu cette chance de se protéger elles-mêmes.

Qui sont tes rôles modèles ?

Ah oui, j’ai noté quelques modèles. Bien sûr, certains sont assez connus, comme Emma Watson, évidemment. Pour moi, Emma Watson a toujours été une figure emblématique dans la lutte contre les violences sexistes et pour l’égalité des genres. Son discours à l’ONU, que j’ai regardé maintes fois, est très inspirant. Et la campagne qu’elle a menée, HeForShe, est un magnifique exemple de son engagement.

Michelle Obama est également une grande source d’inspiration pour moi. Son livre, Devenir, aborde le sexisme, le racisme et les défis qu’elle a rencontrés en tant que femme, surtout aux côtés de Barack Obama. Son engagement en faveur de l’égalité des genres et son soutien aux femmes sont exemplaires, et elle a contribué à sensibiliser le monde aux violences sexuelles et aux inégalités.

Une autre figure très inspirante est Tarana Burke, qui a lancé le mouvement MeToo. Ce hashtag a permis à de nombreuses femmes de sortir du silence et de mettre en lumière les violences sexuelles, créant ainsi une prise de conscience mondiale. Elle a véritablement donné une voix à celles qui en avaient besoin.

Sur un plan plus personnel, Yves Cappelaire est un modèle important pour moi. C’est lui qui m’aide à reprendre confiance en moi et m’accompagne dans mon parcours. Son engagement pour l’autonomisation des femmes est sincère, et il incarne pour moi l’image de l’homme féministe. C’est très important pour moi de voir des hommes se battre aux côtés des femmes contre les violences sexuelles.

Enfin, une personne qui m’inspire énormément au quotidien est Marie-Ange Le Bouler. C’est une femme incroyablement forte, avec un parcours similaire au mien. Elle est conférencière et a publié un livre intitulé Le viol, où elle raconte son vécu et son expérience. À mes yeux, elle a accompli des choses admirables, et elle m’encourage à partager mon histoire pour sensibiliser et soutenir les autres face aux violences sexuelles.

Que signifie le terme féminisme pour toi ?

En ce qui concerne le féminisme, on en a déjà un peu parlé. Pour moi, c’est vraiment un mouvement qui promeut l’égalité entre les hommes et les femmes. Le féminisme n’est pas réservé aux femmes ; il inclut également les hommes.

Le féminisme, c’est tout ce qui cherche à créer un monde où hommes et femmes sont traités de manière égale, avec les mêmes opportunités, salaires, libertés et, surtout, la même dignité. Cette égalité de traitement est aussi essentielle pour lutter contre les violences sexuelles et toutes formes de discriminations.

Le féminisme est un combat universel, un combat qui doit être mené main dans la main, pour que chacun puisse vivre dans un monde juste et respectueux.

Qui aimerais tu voir au micro de matrimoine féministe ?

C’est vraiment, du coup, je dirais, Lucile Peytavin, parce qu’elle a fait un travail remarquable avec son livre basé sur sa thèse, où elle développe largement ses recherches. J’ai eu l’occasion d’en parler plus longuement, et je pense que cela peut vraiment être très intéressant.

Je recommande ce livre autant pour toi que pour tout le monde, pour entendre son point de vue sur les violences sexuelles et les autres impacts sociétaux liés à la virilité. Sa thèse est assez récente, ce qui rend le sujet d’autant plus pertinent.

Je vous encourage vraiment à lire son livre. Ce n’est pas de la publicité, je n’ai absolument pas été payée pour en parler, mais j’ai été profondément touchée par son ouvrage. C’est une lecture qui apporte une prise de conscience énorme, notamment sur les violences sexuelles et l’impact des comportements genrés dans notre société. C’est très important.

Quelles ressources recommanderais-tu aux personnes qui nous écoutent ?

Merci, et avant que j’oublie, tu conseilles souvent le livre de Lucile Peytavin. As-tu d’autres ressources à recommander avant de conclure cet épisode ?

Eh bien, au niveau des ressources, le livre de Lucile Peytavin est l’un des derniers que j’ai lus, et je le recommande vraiment. Il y a aussi Le Viol de Marie-Ange Le Bouler, qui est un ouvrage très intéressant. Ce livre aborde l’histoire d’un violeur en série très connu – le nom m’échappe, mais c’est fascinant et percutant. C’est une lecture puissante sur les violences sexuelles, et je la recommande vivement.

Je conseille aussi un documentaire que j’ai vu récemment, intitulé La Meute, que l’on peut trouver sur Netflix. Ce documentaire raconte une affaire survenue en Espagne, une des histoires les plus émouvantes que j’ai vues sur les violences sexuelles. Il s’agit d’un groupe d’hommes ayant violé une jeune femme, et au fil de la procédure judiciaire, d’autres victimes ont été identifiées. L’histoire se déroule pendant une fête très connue en Espagne – les Ferias, peut-être ? Je ne me rappelle plus exactement, mais cela a lieu pendant les festivités avec les taureaux.

Super, merci beaucoup pour toutes ces recommandations. Je mettrai toutes ces ressources et les personnes inspirantes dans la description de l’épisode. Ce documentaire m’intrigue énormément, car j’avais entendu parler de cette histoire, mais j’ignorais qu’il y avait un documentaire. Je vais aller le voir, même si ça risque de me faire pleurer.

Oui, et ça énerve aussi. Ce documentaire fait intervenir les vraies victimes et décrit une histoire 100% vraie, avec les témoignages exacts. On a les points de vue de la police, de l’opinion publique, des victimes, et même des agresseurs. C’est un documentaire qui soulève une colère profonde et se termine avec une morale puissante. Rien que d’en parler, ça me donne des frissons. C’est vraiment un documentaire magnifique et poignant sur les violences sexuelles.

Quel teasing ! Je pense que les personnes qui nous écoutent auront envie de voir ce documentaire.

Merci beaucoup pour cet épisode, c’était vraiment agréable de discuter avec toi.

À bientôt, tout le monde ! Ciao ciao ! N’hésitez pas à vous inscrire à la newsletter de Matrimoine Féministe.

Merci, salut !

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Sources de l’épisode

Ses rôles modèles et ressources mises en avant

  • Emma Watson
  • Michelle Obama et son livre Devenir.
  • Tarana Burke
  • Yves Cappelaire
  • Marie-Ange Le Bouler et son livre Le viol
  • Lucile Peytavin et son livre le coût de la virilité
  • Le documentaire La Meute, que l’on peut trouver sur Netflix.

Retrouvez Léa

Episode complémentaires

Notez l'article
Notez-le post

À découvrir également

Cet article vous a plu ? Partagez-le !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *