Les violences conjugales avec Greta Guzman

Violences conjugales
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Je suis en compagnie de Greta Guzman, avec qui nous allons parler de violences conjugales. Greta, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites.

Je m’appelle Greta Guzman, je suis originaire du Mexique, de la ville de Mexico, et j’habite en France depuis 2010. Comme beaucoup de femmes latino-américaines du Mexique, je suis venue ici par amour, ce qu’on appelle la migration rose. Et finalement, je ne suis pas avec la personne avec qui je me suis mariée.

Je suis restée en France et j’ai adopté la France comme un pays d’amour. Et je suis là. Et je travaille avec les femmes victimes de violences conjugales.

Quelle est la situation des femmes victimes de violences conjugales en France et au Mexique ?

En France, les violences conjugales sont assez graves, malgré ce fait qu’on pourrait penser. Mais avec ça, en France, la violence faite aux femmes est assez pressante. Quand je suis arrivée en France, les gens ne parlaient pas des violences conjugales. C’est la seule chose que je vois au fur et à mesure on est avancé par rapport aux violences conjugales.

Mais, par exemple, en 2020, juste pour vous donner une petite idée, en France, 102 femmes ont été tuées par leurs partenaires ou ex-partenaires, on parle de féminicides. Il y a eu 14 enfants mineurs qui sont décédés.

La première différence, c’est la question qu’on pourrait faire par rapport à comment la violence faite aux femmes est même typifiée en France et au Mexique, c’est que la notion de féminicide n’existe pas en France. Or, les associations féministes parlent de ça, parce que les chiffres sont assez parlants, et donc c’est une violence qui va crescendo.

En 2020, il y avait 100 femmes qui ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint, ex-petite amie, petite amie, enfin la personne avec qui elle partageait leur vie. En 2021, on est arrivés à 113 femmes. En 2022, on est arrivés à 118 femmes.

Et en 2023, les associations, encore une fois, ont compté 134 féminicides. Mais le gouvernement a uniquement compté 96 parce que la notion qu’il n’existe pas de féminicide ne permet pas aux uns et aux autres de se mettre d’accord. Or, quand on a une définition vraie de ce qui se passe, la donnée pourrait changer. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas en France.

Quelle est la définition du féminicide ? Comment l’inscrire à la loi ?

Par rapport à ce que tu viens de dire, j’ai envie de rebondir avec deux questions. Qu’est-ce qui explique cette augmentation des féminicides ? Et également, si je comprends bien, le terme féminicide n’est pas inscrit dans la loi. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour l’inscrire. Quelle est la bonne définition d’un féminicide ? qui pourrait aider le gouvernement à faire la bonne comptabilisation par exemple des chiffres des femmes tuées malheureusement.

Le féminicide, c’est un mot qui a été inventé au Mexique par Marcela Lagarde de los Ríos, parce qu’elle a mis dans cette définition le meurtre d’une femme et d’une fille en raison de son sexe. Et c’est une notion qui est reconnue, c’est une notion aujourd’hui qui est reconnue dans plusieurs pays d’Amérique latine et du Mexique.

Ces pays sont le Mexique, l’Argentine, la Bolivie, le Chili, le Pérou et notamment cette notion est inscrite dans le Code pénal. Ce n’est pas le cas en France. Et donc, aujourd’hui, on ne sait pas encore comment on va la faire figurer dans la loi. Mais c’est Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le Féminisme qui en 2017, à essayé de mettre cette notion dans la loi.

Elle a dit : c’est la reconnaissance que le fait de s’en prendre à quelqu’un en raison de son sexe, son orientation sexuelle ou identité de genre vrai ou supposé. Mais aujourd’hui en France, ce n’est pas le cas. Franchement, je ne sais pas quand ça pourrait passer.

J’ai croisé un jour dans un événement maître Steyer, je lui ai posé cette question, elle m’a dit je ne sais pas. Et donc je me dis que si maître Steyer ne le sait pas, c’est parce que ce n’est pas tout de suite.

Pourquoi le sujet des violences conjugales est important pour toi ?

C’est compliqué de faire avancer les choses, en tout cas si ce n’est pas défini. Par rapport à ça, je voulais te poser la question, pourquoi le sujet des violences conjugales est un sujet qui te tient tant à cœur ?

Alors moi, je suis une survivante des violences conjugales du couple. J’ai vécu ça pendant cinq ans et demi. Et lorsque je suis arrivée à m’en sortir, j’ai découvert une force chez moi qui était grandiose. Cette force, on l’a toute chez nous. Et surtout les femmes victimes des violences conjugales.

Quand il y a une relation oppressante et non égalitaire, souvent c’est la femme qui s’est faite toute petite. Et j’aimerais que les femmes découvrent cette force qui est innée chez nous, et aussi parce que finalement on est la moitié de la population.

Et pour moi il est inconcevable que la moitié d’une population soit maltraitée et continue à l’être depuis des siècles, ce n’est pas possible. Moi j’estime que nous sommes arrivés à un moment où cela devrait arrêter, tout simplement. Et ici, en France, quand je suis arrivée en France, je ne m’attendais pas à ce que le nombre de femmes victimes de violences conjugales de couple soit aussi élevé pour un pays, encore une fois, entre guillemets, de premier monde.

Et j’étais épatée d’entendre ça et de savoir ça. Et surtout, il y a beaucoup de femmes migrantes qui viennent d’ailleurs, qui en sont aussi victimes de violences conjugales. Et ces femmes-là, c’est encore la double ou triple peine parce que parfois elles ne parlent pas la langue, parfois elles ne comprennent pas comment les choses se passent, on a tendance à confondre culture et façon d’être.

Elles me disent parfois oui, mais les Français sont un peu ronchons. Non, il y a des mots à placer là-dessus, c’est la violence à leur égard et la culture n’est plus rien dans cette histoire. Et donc c’est aussi la raison pour laquelle je me suis investie ici en France, un peu pour défendre mes concitoyennes et les femmes d’Amérique latine, mais pas que.

J’accompagne bénévolement des femmes victimes de violences conjugales issues de tous les coins du monde qui sont en France et parfois aussi d’autres femmes aujourd’hui qui sont en Espagne, en Italie. Donc c’est un travail que je fais avec un groupe des femmes qui sont placées dans ces pays et on essaye de le rendre au divorce d’études violences. Je pense que le sujet des violences conjugales c’est une affaire qui devrait importer beaucoup de monde.

Tes conseils à une femme victime de violences conjugales ?

En tout cas, je te trouve très courageuse d’avoir transformé ce traumatisme des violences conjugales en quelque chose de beau. C’est une vraie résilience que tu as d’avoir fait ça, d’être sortie de ces violences conjugales pour pouvoir à ton tour aider d’autres femmes. C’est vraiment un cercle vertueux de la sororité, je trouve, pour aider d’autres femmes à sortir de ces violences conjugales.

Ça m’amène à une question. Qu’est-ce que tu conseillerais à une femme qui est victime de violences conjugales? Comment faire pour s’en sortir ? Enfin, je sais que par exemple, il existe des violentomètres, donc si jamais tu peux aussi nous expliquer quel est le concept du violentomètre pour les personnes qui nous écoutent, qui ne savent pas ce que c’est.

Si jamais il y a une femme ou une fille qui nous écoute est victime de violences ou qui soupçonne une proche être est victime de violences conjugales de couple, il est très important de s’arrêter à cette notion de violences domestiques, violences conjugales et violences de couple.

Avant, on parlait de la violence domestique, quand on parle de la violence domestique, ça lance une image uniquement de ce qui se passe dans le foyer, c’est-à-dire une image peut-être hétérosexuel patriarcale traditionnelle, mère, père, enfant. Et aujourd’hui, la violence n’a pas besoin d’être dans un cadre d’une maison avec des enfants et une couple marié pour qu’elle existe.

Donc ça peut être au niveau des lycéens, même au niveau des collégiens, quand elle commence à se relationner avec les garçons, c’est là où on commence peut-être à découvrir les sensations et qu’on puisse plaire à quelqu’un d’autre ou se mettre en petit couple avec quelqu’un. Au lycée, ça commence à être un petit peu plus sérieux. Et à l’école supérieure, c’est là où il y a la concrétisation de la chose, ou sinon entre les 20, 25, 26 ans. Donc il est important de dire que la violence n’affecte pas uniquement le cadre domestique, elle peut s’installer au sein du couple aussi.

Et donc, c’est justement ce qui s’est passé en 2009 au Mexique. L’Unité des genres de l’Institut Polytechnique National, l’IPN, a réalisé une étude sur la dynamique de la relation de couple dans la communauté totale de l’IPN. L’IPN, c’est comme les polytechniques ici, c’est une école d’études supérieures aussi importante. Et donc, cette enquête a été réalisée auprès des 14 000 jeunes, de 15 à 25 ans, du collège, du collège au lycée.

Et les buts étaient de savoir comment les gens s’engageaient dans leur relation amoureuse. Et les résultats étaient alarmants parce qu’à l’intérieur de la dignité des jeunes de l’IPM, ils se rendaient compte que la violence commençait à s’installer dans les couples sur les formes des blagues, des choses un petit peu plus pas trop visibles et que les femmes, les jeunes femmes banalisaient.

C’est-à-dire qu’ ils commençaient à parler de la façon dont elles s’habillaient, ou d’interdire certaines choses. Et les filles, parce que l’éducation aussi au Mexique fait que nous les femmes, on a normalisé des siècles de maltraitance, elles n’arrivaient pas à voir qu’en effet de ces relations, aussitôt avec les garçons comme ça, c’était la violence

Et donc le violentomètre, le milieu de genre a décidé de créer le violentomètre, je te le disais en 2009, c’est une échelle qui va, à différence de celle-là en France, le mexicain ne dit pas ce qui va bien. Le violentomètre, le vrai, l’original, parle des notions, des violences au moment qu’il y a des blagues sexistes.

Ils partent de là le violentomètre, les blagues sexistes, jusqu’à la notion des féminicides. Et dans le violentomètre, tu le vois, il va d’un petit peu d’orange, passe un point à l’air rouge, et il finit en bleu, en simulant les couleurs des agressions. Et le bleu, pourquoi le bleu ? C’est parce que quand t’es morte, t’es bleu quoi. Tu vois, donc là, l‘île de France s’est inspirée de cet outil pour faire le sien.

Donc, comme l’IPN avait dit que si n’importe quel pays voulait prendre le violentomètre et le traduire à leur langue, il suffisait de faire la demande et juste afficher le logo de l’IPN. Le violentomètre, il est en anglais, il est en chinois, il est en danois, enfin il est en beaucoup de langues.

Mais je pense qu’en France, on a décidé de s’inspirer plutôt et de ne pas le demander tel qu’il était, peut-être parce que cette notion de féminicide n’existait pas en France, peut-être. Je ne sais pas pourquoi ils ne l’ont pas pris comme ça. Mais en tout cas, c’est un outil ludique, pédagogique, qui aide à placer la violence dans une échelle qui va crescendo, et qui, le véloïntomètre va dire, dans certains moments, stop, la violence va augmenter, ou « Attention, t’es en danger » ou « Vigilance-stop, protège-toi, demande de l’aide ».

Le violentomètre en France, il commence par « Profite », il te dit « Oui, tout va bien, il n’y a pas de soucis ». Ce qui est bien, mais pour moi, il est important de commencer à utiliser le violentomètre le moment qu’il dit « Vigilance stop, il y a violence quand il te fait de chantage, si tu refuses à faire quelque chose, rabaisse tes opinions, tes projets, se moque de toi en public.

Il y a certains types de violences qui sont dans le violentomètre et donc il va à l’échelle rouge en France, l’échelle la plus grave va dire protège-toi, demande de l’aide, t’es en danger. Et donc ça s’arrête, le violentomètre en France te menace avec une arme.

Or, la violence ne s’arrête pas là, et on le sait. La violence s’arrête une fois que la personne est décédée, quand il y a un féminicide. Donc, pour moi, le violentomètre, c’est un très bon outil pour n’importe quelle personne de se repérer dans cette échelle de violence et voir à quelle étape de sa relation cette personne est et demander de l’aide.

Si jamais on soupçonne qu’on est victime de violences conjugales, on peut le faire confirmer par le violentomètre, c’est un processus qui est assez complexe parce que c’est dur de se rendre compte qu’on est victime de la personne qu’on aime, parce que finalement, on se met avec quelqu’un, non pas parce qu’il nous a maltraités de début, mais parce que tout allait bien, quoi. Et c’est là où il est important de connaître le mécanisme de la violence, le cycle de la violence et comment ça opère ?

Je trouvais ça très intéressant ce que tu nous disais sur cette thématique des violences conjugales. Sur les origines du violentomètre, je ne savais pas du tout que la France avait une inspiration au Mexique et que tout le monde a repris ou a adapté comme la France.

J’aurais aimé, franchement, écrire à la France, et ça c’est ma coupe de gold tout le temps, à chaque fois que j’ai l’opportunité de le dire, je le dis parce que j’estime qu’il faut donner le crédit à l’unité de genre de l’Institut de politique nationale au Mexique, parce que cet outil existe depuis 2009, c’est une invention, c’est une création de cet organisme d’éducation, et j’estime qu’il fallait leur donner leur crédit.

Après maintenant, l’outil n’appartient à personne. Si l’outil appartient à l’IPN, ils ont clairement dit, si vous voulez l’utiliser, vous nous demandez. L’outil n’appartient pas à la France, il n’appartient pas à un centre, à qui que ce soit. Donc c’est très bien qu’il soit distribué partout, mais j’estime aussi qu’il fallait commencer dans une échelle où les choses ne vont pas bien et finir avec le potentiel féminicide. C’est important que la France soit inspirée par cet outil et je suis très reconnaissante. Maintenant j’aurais aimé qu’ils donnent les clés.

Est-ce qu’il existe d’autres outils comme le violentomètre ?

Tu as complètement raison. Tu fais très bien de mentionner ce crédit, c’est très important. Je voulais juste savoir, est-ce qu’il y a d’autres outils que le violentomètre à l’ordre du jour pour détecter les violences conjugales ou pas ?

Après le succès de violentomètre, il y a sur la page de l’IPN, tu vas voir, c’est incroyable tout ce qu’ils ont fait. Ils ont créé l’harcèlomètre, de l’harcèlement, pour l’harcèlement digital aussi, et pas uniquement pour l’harcèlement dans les écoles. Ils se sont basés sur des outils pour développer beaucoup de choses, il y a d’autres outils qui sont importants. Ils sont vraiment très en avance par rapport à ces outils ludiques, surtout pour que les gens jeunes puissent savoir de quoi il s’agit d’être victimes de violence.

Comment identifier et reconnaître les mécanismes de violences conjugales ?

Ça marche, merci de ces précisions je voulais rebondir sur ce que tu as dit juste avant, c’était comment on fait pour identifier et reconnaître les mécanismes de violences conjugales, les cycles de la violence et comment ça opère.

Alors, comment reconnaître une personne  ? Donc, quel endroit ? À l’école, à l’entreprise, auprès de nos amis, de notre famille, dans les hôpitaux, dans les lycées, dans les écoles des études supérieures. Il ne faut pas oublier que les violences conjugales de couple touchent l’intime.

Et donc, les femmes victimes de violences conjugales ne sont pas à l’air partout en disant je pense que je suis victime de violence, ça ne passe pas comme ça. La plupart des femmes ne parlaient pas spontanément de ces violences comme ça avec les gens. Malheureusement, il n’y a pas vraiment une symptomatologie spécifique au sein de femmes, auprès des femmes victimes de violences conjugales.

Néanmoins, on a tous peut-être entendu dire, notre amie, notre tante, notre mère, il est totalement jaloux. Ne laisse pas faire si. Il s’énerve aussi si je ne fais pas ci, si je ne fais pas ça. Je ne peux pas être en retard parce que sinon, intel n’est pas content. Je ne me coupe pas les cheveux parce que intel ne veut pas que je me coupe les cheveux.

Il y a des petits signes comme ça qui pourraient donner des indices comme quoi la personne qui en est en face est victime de violences conjugales. Il y a des mécanismes qui ont été bien identifiés et ce n’est pas moi qui les dis.

En l’occurrence, je me base tout le temps sur le collectif, Nous Toutes pour parler des mécanismes de violence parce que je pense que la façon dont elles ont exprimé et mis à plat, mis par terre ce concept est assez facile à comprendre. Donc il y a la dévalorisation, il y a l’inversion de la culpabilité, il y a l’instauration de la peur et il ne faut pas oublier que la personne qui exerce de violence va assurer qu’elle est impunie.

Et donc, ces mécanismes font que tout ce qui tombe sur la personne fait qu’elle ne peut pas facilement s’en sortir. Donc l’isolement, c’est le mot, il le dit, c’est isoler la personne de ses proches, de ses amis, de son entourage de travail afin qu’ils puissent être le seul à la contrôler.

La dévalorisation de quelqu’un. Il y a des mots, des phrases qui rabaissent la personne, et notamment quand il y a des enfants, ce qui marche très bien pour le secteur de violence, c’est une mauvaise mère. Les femmes ne supportent pas ça. Elles ne supportent pas entendre de leurs compagnons qu’elles sont une mauvaise mère.

Donc ça, c’est dévalorisé en permanence ou sinon par le physique. tu es grosse, tu es laide, tu es idiote, tu ne sers à rien, personne ne t’aime. Dans ton travail, ils te gardent parce que sinon, voilà. Enfin, des choses comme ça pour rabaisser la personne.

Après, on a l’inversion de la culpabilité. C’est-à-dire qu’on va dire, voilà, si je suis comme ça, c’est parce que toi, tu m’exaspères, c’est ta faute. Tu parles lentement. Tu m’énerves avec ta façon de parler. C’est comme si la personne avait la faute de l’énervement du conjoint. Or, ce n’est pas tout ça. Une façon de parler ne devrait pas déclencher une agression. Surtout pas si cette personne, finalement, on s’est mise en couple avec lui. Il nous a connus comme ça. Donc, renverser la culpabilité sur la personne, c’est juste un peu, c’est une stratégie de contrôle quoi.

Et après, il y a la peur qui s’installe, parce qu’il y a des cris, il y a des coups, il y a des menaces. Encore une fois, quand il y a des enfants, c’est si tu me quittes, si tu fais, si tu portes plainte, je vais te tuer, je vais tuer des enfants. Ou je vais partir avec les enfants, tu ne le verras plus jamais. Ou sinon, je te donnerai plus d’argent. Ou si tu ne me donnes pas ton salaire, je vais envoyer des nudes que j’ai pris de toi à ton chef. Ça peut aller jusqu’à là. Je vous donne des exemples comme ça parce que parfois, on n’arrive pas à imaginer quels sont les mots que les agresseurs occupent ou disent aux femmes pour les mettre dans cette cage où elles ne peuvent pas sortir.

Et après, il va assurer son impunité. Il va tout faire pour que la parole de la victime ne soit pas entendue. Il va peut-être être le gentil gendre ou le gentil voisin. Au travail, il est impeccable, il a gagné des prix. Parmi les amis, les amis adorent comme il est. Quand on est ensemble, ils ne se montrent pas comme ça, évidemment.

Moi j’ai toujours une petite fièvre quand je vois certains couples je me dis il y a un souci et je me trompe rarement. Mais après ça fait 20 ans que je travaille avec les femmes et je fais ce travail depuis très très longtemps donc on commence par développer une petite fièvre où on se rend compte des choses quoi.

Mais en tout cas si jamais vous que nous entendez vous pensez que votre cousine, votre grand-mère, votre meilleur ami, votre tante, votre collègue est victime de violences conjugales, il faut poser la question quoi, comme ça. Il faut juste poser la question avec beaucoup de bienveillance, avec beaucoup de tact peut-être, ça dépend du niveau de confiance qu’on a, mais genre comment ça va à la maison? Comment se comporte t-il avec toi ?

Si tu veux discuter, ça se passe comment ? Les rapports intimes, ça se passe comment ? Parce qu’aujourd’hui des viols conjugaux sont importants à remarquer. Est-ce que tu as peur pour toi et tes enfants ? Est-ce que tu ne penses pas que tu es victime des violences conjugales ? Et là, c’est là où peut-être on pourrait s’informer, violences physiques, verbales psychologiques, sexuelles, administratives, financières… Donc là, il faut poser la question. C’est un moment un petit peu froid, mais dans mon expérience, les victimes de violences conjugales ont besoin de parler. Et une fois qu’on devient un peu leur allié, ils se confient rapidement.

Comment accompagner une personne victime de violences conjugales ?

C’est très important tout ce que tu dis, c’est vrai que l’agresseur va faire du chantage psychologique comme tu l’expliquais, il va mener un double jeu et je trouve ça top le conseil que tu donnes pour une personne qui veut aider quelqu’un qui pense qu’il est victime de violences conjugales, c’est bien de poser la question et d’entrer dans tout ce que tu nous as dit, dans tous types de questions pour voir si tout se passe bien dans sa vie avec lui et dans d’autres domaines.

Je voulais savoir aussi comment on fait. Une fois qu’on a posé la question et que la personne nous a répondu oui, je suis victime de violences conjugales, comment on fait pour l’aider concrètement ? Les étapes à suivre pour qu’elle se sente entourée, écoutée.

Là, quand la personne nous a avoué que oui elle est victime des violences conjugales du couple, il faut toujours la croire, cette personne, il faut toujours croire ce qu’elle nous dit. Écoutez, mais ne pas la juger, ne pas lui donner des conseils en se mettant soit comme exemple.

Moi je ferai en tête, moi je ferai ici, moi je ferai là. Mais comment est-ce possible que tu ne ne quittes pas le foyer ? Alors, notre situation à nous, personnelle, n’est pas du tout la même que celle de la personne qui est victime de violences conjugales. On ne peut pas se mettre nous comme exemple. Ça, il faut arrêter de le faire. Il faut juste essayer d’accompagner.

Peut-être taper une petite recherche Google quoi faire, il y a pléthores de sites qui disent quoi faire, où aller. Il y a le 3919 qui existe toujours, heureusement, et qui, tout simplement, on dit à la personne, appelle ces numéros, peut-être qu’ils vont donner plusieurs orientations.

Mais pas juger, ni pas dire, mais oh là là, mais pourquoi tu quittes pas ? Si jamais la violence conjugale du couple domestique finit avec un conseil de pourquoi tu ne pars pas. Aujourd’hui, on ne serait pas là, toi et moi, en train de parler de ça. C’est trop facile. Ça serait trop facile juste de quitter, quoi. Et ça ne sera pas un problème de santé globale, mentale et physique sur la planète, quoi. C’est un problème de santé globale, les violences faites aux femmes. Et donc, ça ne s’élimine pas en disant, moi, je ferai ici, moi, je ferai là. Non, il faut juste écouter, croire à la victime de violences conjugales.

Et encore une fois, nous nous basons sur les conseils de Nous Toutes. Si l’agresseur y solde la victime, il faut dire « je te crois ». Si l’agresseur dévalorise la victime, tu dis « t’as bien fait de me parler ». Si l’agresseur inverse la culpabilité de la victime, il faut dire « tu n’es plus rien, c’est lui qui est coupable ». S’il fait des menaces, on dit que la loi est de ton côté.

Alors, certes la loi est lente en France, certes, tous les gendarmes ne sont pas formés, parfois la femme va porter plainte une ou trois mille fois et il n’y a rien qui se passe normalement, mais c’est le seul moyen encore qu’on a pour que justice soit faite. On ne peut pas se plaindre ou essayer que les choses avancent sans pousser une action qui est reconnue par la loi.

Donc, pour te plaindre, il faut beaucoup de courage et de beaucoup de disposition. Il faut prendre énormément sur soi. Ce n’est pas facile, c’est pour ça que les femmes laissent passer 20 ans quand il y a des histoires ou des actions, des soucis, des problèmes, des viols. Je ne sais pas comment dire, je vais la trouver. Le lieu, c’est tellement quelque chose, c’est tellement fort.

Quand il y a un crime de viol, on va dire comme ça que les femmes prennent leur temps à porter plainte parce que c’est dur, ce n’est pas facile d’aller comme ça. Ça nécessite beaucoup, beaucoup de courage. Donc nous en tant qu’alliés, on a qu’à écouter, on a qu’à accompagner, on a qu’à nous renseigner de quoi dire, quoi faire et surtout être là à l’écoute de la personne qui a besoin.

Tu as des conseils pour aider les femmes à porter plainte ?

C’est des très bons conseils et je peux comprendre pour une femme en tout cas que ce soit compliqué pour porter plainte parce que la justice peut aussi ne pas être aussi bienveillante qu’elle devrait l’être, enfin les policiers, les personnes qui sont en charge de la loi, donc c’est sûr que ça peut rebuter et puis après le temps… La lenteur administrative aussi, c’est quelque chose qui peut vraiment décourager.

Mais du coup, je voulais savoir si tu connais par exemple des noms d’associations pour aider les femmes à porter plainte ou si tu as des conseils pour aider les femmes à aller porter plainte parce que c’est quelque chose de difficile pour elles.

Il y a beaucoup d’associations qui peuvent aider les femmes à porter plainte ou à s’y résigner. Mais même au sein de l’industrie commerciale et police, il y a des informations, des associations qui accompagnent les femmes pour porter plainte. Donc, si on n’est pas prête à y aller, et porter plainte, on peut juste aller demander quelles sont les associations qui aident les femmes à porter plainte.

Je connais beaucoup d’associations, mais je ne sais pas si toutes elles ont ces services-là. Franchement, je ne peux pas te dire, je ne veux pas donner de fausses informations. En revanche, je sais que si à la gendarmerie, il y a des affiches, il y a des choses normalement qui devraient donner toutes les informations, ils sont obligés de les donner afin qu’ils puissent être accompagnés.

Et c’est possible de se faire accompagner par quelqu’un. C’est possible de venir accompagné soit d’un proche, soit d’un ami, soit d’un avocat. C’est complètement possible. Et aussi si la personne ne parle pas français, demander un traducteur aussi c’est possible. Et donc les services de police et la gendarmerie sont obligés de recueillir le récit de femmes qui souhaitent porter plainte.

Et si jamais ils ne le font pas, il faut savoir que c’est notre droit et qu’on peut exiger quoi. Mais c’est compliqué parce que parfois les femmes viennent pour porter plainte et ils se trouvent dans des situations déjà assez compliquées et complexes. Si après ils sont ré-victimisés au sein des services de police ou de la gendarmerie, c’est encore plus compliqué. C’est pour ça que c’est un acte très courageux. Il ne faut pas se faire dévaloriser, baisser les bras, il faut continuer à le faire si vraiment on a envie de le faire.

Quels sont les droits à prendre en compte quand on porte plainte ?

Ça me fait penser que tu parlais de droits que le policier n’a pas le choix, il doit prendre ta plainte, qu’une personne qui ne parle pas forcément le français, parce qu’on est en France, pourrait faire appel à un interprète. Mais est-ce qu’il y a d’autres droits à prendre en considération quand on veut porter plainte ?

Justement, je viens de faire un post par rapport à ça. C’est une petite liste non exhaustive, mais il y a beaucoup de droits que les femmes peuvent avoir. Donc, comme je le disais, bénéficier d’un accompagnement gratuit et confidentiel pour connaître les droits, ces droits et soutenir dans les démarches. Les officiers sont obligés à recevoir la plainte même si le fait n’a pas lieu dans la zone géographique de leur compétence. À la fin du procès-verbal, la personne qui a porté plainte doit relire ses propos, le signer et à la gendarmerie ils doivent leur rendre une copie de ce qu’elle a dit.

Qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Oui, très important, en cas de violences conjugales, vous avez le droit de quitter le foyer et d’amener vos enfants avec vous. Mais évidemment, pour ne pas être accusé d’abandon de foyer, il faut informer la gendarmerie avec une main courante, qui n’est pas une plainte, mais c’est juste pour que les faits soit poussé quelque part.

Et ensuite, saisir le JAF pour obtenir la dérogation de vie séparément. Il y a un panel de droits, il y a une multitude de choses qu’on peut faire. Mais comme nous, on ne connaît pas nos droits, parfois on se laisse aller par la limite des choses. Je ne peux pas quitter le foyer parce que sinon ils vont me retirer mes enfants.

Non pas tout le temps, enfin non, il y a une manière de faire les choses et surtout la notion de violences conjugales. Si une femme étrangère est victime de violences conjugales qui n’a pas de papiers et qui a un enfant français, elle a le droit d’avoir un titre de séjour, vie privée et familiale pour pouvoir travailler par exemple.

Donc il y a beaucoup de choses qui ont été mises en place par rapport aux violences conjugales et que parfois on ne connaît pas. La loi est lente ici en France. Peut-être qu’on devrait avoir plus de choses. Mais aussi je pense que tout d’un coup, depuis les cinq ou six dernières années, les femmes ont énormément libéré la parole.

Et maintenant, le gouvernement doit être à l’auteur de cette prise de parole sur les violences conjugales. Mais il faut aussi de notre côté connaître nos droits afin d’exiger ce qu’on pourrait avoir. On ne peut pas exiger quelque chose qu’on ne connaît pas.

Comment sensibiliser les entreprises aux violences conjugales ?

Je suis complètement d’accord avec toi, on ne peut pas exiger quelque chose qu’on ne connaît pas, et c’est pour ça que je trouve très important ce que tu fais, la sensibilisation sur tes réseaux, dans ton travail, et je voulais en savoir plus, toi comment tu fais pour sensibiliser les entreprises à la violence domestique, pas violence domestique, aux violences conjugales, parce que tu m’avais dit que la violence domestique c’était plus large que ça.

Tu peux dire qu’il y a des violences domestiques, conjugales et de couple. C’est juste pour ne pas laisser les gens de côté. Moi, je m’étais dit en 2019 qu’il y avait quelque chose à faire. Parce qu’au sein de l’entreprise où je travaillais, je partageais le bureau avec deux personnes. Toutes les deux étaient victimes de violences conjugales.

Une d’elles était mariée et la deuxième non, mais ils avaient déjà trois enfants, une dizaine d’années ensemble, mais toutes les deux étaient victimes de violences conjugales de couple. Et comme nous on est devenus assez proches et je savais ce qui se passait, donc je me suis dit, et si l’entreprise, pourrait être au courant de ce qui se passe dans ces petits bureaux. Parce que nous on parlait et j’essayais de l’aider, mais on était venus amies, donc ça ne marche pas terrible quand t’es déjà amie avec la personne. Et donc j’ai monté un programme afin de sensibiliser l’entreprise parce qu’il y a des choses à mettre en place pour les femmes qui sont victimes de violences conjugales du couple au sein de l’entreprise juste pour leur aider à s’en sortir.

Et donc, je crée un programme, je crée une entreprise, un atelier sur les violences conjugales. Je parle aux entreprises, aux dirigeants, aux RH, au département de la communication, de l’importance de pourquoi on devrait se sensibiliser à ces sujets-là. Et si possible, aller plus loin, mettre en place des démarches à l’échelle de l’entreprise, avec la culture de l’entreprise, avec la façon dont l’entreprise parle, dans l’éventuel cas qu’une collaboratrice soit victime de violences conjugales. Je prépare comment je suis, comment c’est moi qui crée mon contenu et comment c’est moi qui a créé cet atelier, ces formations.

Donc, je peux l’adapter plus ou moins à la taille de l’entreprise et on peut aller aussi loin où l’autre puisse le souhaiter sur le sujet des violences conjugales. Et donc, typiquement, en ce moment, je fais partie du collectif femmes de santé. On essaie de sensibiliser les hôpitaux, très important, parce que les médecins pourraient croire qu’ils sont formés, mais non. Quand on est victime de violences conjugales et s’il y a de la violence physique, il y a beaucoup de choses qui sont touchées.

Mais même s’il n’y a pas de violence physique, on n’a pas besoin d’avoir des coups pour être atteinte. Je parle de ça parce que les médecins qui auscultent les patients peuvent poser des questions, peuvent croiser plus loin. Il y a des choses qui envoient apparaître dans tous les cas. Par exemple, s’il y a des hématomes au niveau de la mâchoire, certaines choses qui peuvent donner des indices aux médecins à toute profession de que la femme qu’ils ont en face est victime des violences conjugales. Pendant que je faisais mes études, Dr Gilles Lassini a parlé des conséquences graves dans la santé des femmes. Il y a quelques maladies et symptômes qui révèlent des violences verbales, psychologiques.

J’estime que les médecins doivent s’informer afin que, éventuellement, s’il se pose des questions, s’il y a une femme qui vienne le revoir, elle puisse peut-être soupçonner une violence quelque part.

Ton plan d’action pour les femmes victimes de violences conjugales ?

Ça m’amène à une autre question. Tu parles des médecins qui doivent se former pour qu’ils puissent repérer les femmes victimes de violences conjugales. Je me demandais aussi d’autres exemples de plans d’action pour mieux soutenir les femmes victimes de violences conjugales dans le milieu professionnel.

D’abord, il faut que la société en question, l’entreprise, ait vraiment l’envie d’être sensibilisée sur le sujet des violences conjugales. Il y a beaucoup d’actions, c’est facile. Moi, ce que je propose, c’est, numéro un, sensibiliser les RH, les dirigeants, les managers. Numéro deux, faire un atelier avec les femmes afin qu’elles puissent reconnaître les mécanismes de la violence, les violentomètre aussi. J’ai développé moi-même certains outils assez ludiques afin qu’ils puissent comprendre comment ça se passe. J’ai des ateliers qui sont pour les femmes uniquement, mais sinon aussi mixtes.

Mais d’abord, il faut que la société soit vraiment intéressée à mettre en place cette démarche et pas juste uniquement pour cocher la caisse de responsabilités sociales d’entreprise ou parce qu’on a la semaine de la QVT, on a fait un petit atelier. C’est quelque chose qui devrait les intéresser parce qu’il y a une énorme perte de budget en Europe à cause des violences faites aux femmes et ça passe par l’absentéisme dans les entreprises ou le présentéisme aussi dans les entreprises. Donc une femme qui est victime de violences conjugales ne peut pas performer.

Ce n’est pas possible. Donc là, mieux mettre en place certaines choses, initiatives, je répète, à l’échelle des entreprises afin d’aider les femmes. Et le numéro 2, parler aux femmes. Numéro 3, peut-être sensibiliser tous les collaborateurs et trouver à l’échelle des entreprises des initiatives qui peuvent parler à leurs collaborateurs dans le cadre de leur culture.

Parce qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de programmes qui sont faits en général pour les sociétés. Mais moi, je suis pour quelque chose de plus organique afin de vraiment trouver une bonne méthode ou une bonne initiative à l’échelle de l’entreprise par rapport à leur culture, parce que déjà les violences sont assez complexes. Il faut trouver la manière de parler.

Donc c’est le cas, par exemple, du consulat du Mexique en France et de l’ambassade du Mexique en France. Tous les ans, on met en place un atelier afin de sensibiliser les personnels parce que les femmes étrangères, les femmes mexicaines viennent à l’ambassade pour demander de l’aide. Il y a des cas assez complexes et il doit être formé n’empêche que pour leur propre bien à eux, parce que parler avec une femme qui est victime de violences conjugales, c’est costaud quoi. Il faut avoir une vraie écoute et il faut avoir de bonnes réponses. Donc déjà, je pense que sensibiliser les ambassades, c’est une bonne chose.

Et, deuxièmement, là où il y a les femmes, que les femmes viennent, c’est les médecins, les écoles, la population des femmes dans les entreprises, dans les usines. Voilà, il y a énormément d’endroits où on pourrait mettre à bien ses ateliers afin de sensibiliser le personnel.

Les différences culturelles entre la France et le Mexique ?

Ça me fait penser, tu as parlé de culture et pour qu’on puisse bien se rendre compte quelles sont les différences culturelles par exemple entre la France et le Mexique par rapport aux violences conjugales par exemple ?

Je pense que la violence faite aux femmes au Mexique et en France est la même. Les agresseurs, les auteurs des violences agissent de la même manière. Il n’y a pas vraiment de différence. Là où il y a une différence, c’est qu’ au Mexique, par exemple, pour se dire, on donne un chiffre, tous les jours il y a 10 femmes assassinées au Mexique. (Source : Amnesty International)

Il y a dix féminicides tous les jours. Je pense qu’on a passé à onze, mais bon, je vais rester dans dix. En France, ce n’est pas du tout la même chose. En France, on est à, il me semble, à un féminicide tous les trois jours (source : Ministère de l’Intérieur). Donc, c’est-à-dire l’échelle des violences conjugales n’est pas la même, mais les moyens sont les mêmes, les conduites sont les mêmes. C’est la seule chose qui change.

Aujourd’hui, pour moi, c’est le nombre de personnes, des femmes assassinées. Mais, comme on a pu voir dans les chiffres que je t’ai donnés, ce n’est pas crescendo. Je ne sais pas si tu te rappelles, il y a cinq ans, jamais on n’aurait pu entendre, par exemple, une Judith Godrèche

parler comme ça au Sénat.

C’est juste incroyable ce qui se passe en ce moment par rapport aux violences conjugales. C’est qu’il y a vraiment une ouverture de la chose partout. On ne peut plus continuer à nous cacher comme ça. C’est plus possible. On n’est pas dans la même culture, certes. On n’est pas dans la même façon d’agir. Au Mexique, on est très avancé par certaines choses. N’empêche que le violentomètre en est la preuve.

Que veux-tu ajouter à notre discussion ?

Vous savez que c’est assez impressionnant la différence entre le Mexique et la France par rapport au nombre de féminicides. Je ne savais pas du tout que dix par jour, c’est énorme. Et comme tu dis, c’est vraiment un sujet qu’on ne peut plus rester à ne pas en parler. Il faut libérer la parole sur les violences conjugales. Il ne faut pas que les politiciens de tous les pays puissent prendre le pouvoir sur ce sujet et éviter au maximum ces drames qui arrivent.

Ce que je veux te proposer, là il nous reste 5 minutes avant la conclusion, donc je voulais savoir si tu avais quelque chose à ajouter à notre discussion autour des violences conjugales.

Si ça vous intéresse, informez-vous, allez chercher, croisez des informations. Il y a énormément d’associations qui parlent des violences conjugales. Si vous êtes une entreprise et que vous souhaitez sensibiliser votre personnel, approchez-vous de moi ou des personnes qui font la même chose. Franchement, c’est toujours une bonne idée. C’est toujours vraiment une bonne idée parce que tôt ou tard vous allez vous confronter à une situation en lien avec les violences conjugales.

Et surtout si vous êtes une femme victime de violences conjugales, protégez-vous et informez-vous. Vous avez des droits et approchez-vous des associations qui peuvent vous aider, parler à votre entourage. Vous n’êtes pas seule. On est beaucoup de femmes en train de travailler afin de vous libérer de cette violence. Et si ce n’est pas moi, il y aura une autre approche de vous qui va, je pense, volontairement vous aider sur le sujet des violences conjugales.

Le mot de la fin sur les violences conjugales

Très très bonne remarque ajoutée. Pour terminer sur le sujet des violences conjugales, je voulais savoir un dernier conseil que tu pourrais donner, le vrai mot de la fin sur les violences conjugales. Tu as dit tes dernières remarques que tu voulais ajouter, mais si tu as vraiment un dernier conseil à donner, une dernière chose, une dernière action à mettre en place pour lutter contre les violences conjugales, ce serait quoi ?

D’accord, la dernière phrase pour finir, alors j’adore dire ça parce que c’est pas moi qui le dis, mais je le pense vraiment, elle n’a pas tort quand elle a dit ça, il y a une écrivaine mexicaine qui s’appelle Marina Castañeda, elle a rédigé plusieurs livres mais dans un de ses livres elle a dit, pour que toute la société soit machiste, il faut que toute la société y contribue. Mais pour que la société arrête de le faire, c’est pareil.

C’est-à-dire que c’est un travail de tout le monde. Ça nous concerne tous. Les violences faites aux femmes, c’est quelque chose qui nous concerne tous. On est tous concernés. On ne peut pas penser que ça ne nous affecte pas. Et j’invite vraiment la société, les gens qui nous écoutent, à se mobiliser à leur échelle.

Tes rôles modèles sur les violences conjugales

Très belle phrase qui conclut tout ce qu’on a pu dire. Est-ce que tu as d’autres modèles hormis Marina sur le sujet à partager avec nous ?

Oui, je suis groupie de certaines femmes. Je pense à Andreea Gruev-Vintila, elle vient de publier un livre qui s’appelle “Le contrôle coercitif”, très important dans les notions de violences conjugales de couple. Caroline de Haas a écrit le manuel d’action “En finir avec les violences sexistes et sexuelles”. Vraiment, c’est un manuel qu’il faut lire, vous le lisez dans une journée, même pas plus, vous prenez des notes et vous êtes prêts.

Marcela Lagarde y de los Ríos C’est la gourou féministe par excellence au Mexique. Il y a aussi Rita Segato, aussi en Argentine. Elle a écrit un livre qui s’appelle “La guerre aux femmes”. Et ici en France, il y a Christelle Taraud qui vient de sortir un livre qui s’appelle “Féminicides: une histoire mondiale”

Voilà, ce sont les femmes que je suis, il y en a d’autres, mais dans cette thématique des violences conjugales du couple, je pense qu’elles sont top de top.

Tes ressources sur les violences conjugales

Merci de ces partages. Maintenant, autre question, tu nous as donné pas mal de lectures et je veux savoir si tu avais d’autres ressources sur les violences conjugales à nous partager, que ce soit des documentaires, films, séries, podcasts.

Il y a un site qui s’appelle « Violence que faire ? » de nos amis en Suisse. C’est en français. Franchement, ils font un travail monumental. Ils ont des podcasts, des affiches, des concepts. Après, tout est appliqué à la Suisse parce qu’ils sont là-bas. Mais si on enlève tous les data des téléphones d’urgence et tout ça, franchement, il faut balayer ce site de A à Z. Il y a énormément d’informations là-dessus. Je vous conseille vraiment d’écouter les podcasts et d’aller voir leur site.

Parle-nous de ton podcast sur les violences conjugales

Merci de ton conseil. Et je sais que toi aussi tu as un podcast sur les violences conjugales donc n’hésite pas aussi à me toucher un petit mot à ce sujet.

Alors, j’ai un podcast qui s’appelle, mais il est en espagnol, si vous parlez espagnol. Enfin, il y a un podcast qui s’appelle Libérar la Palabra. C’est libérer la parole, mais en espagnol. Alors, en espagnol on ne dit pas ça. Libérar la Palabra n’existe pas. Ça, c’est tellement français que…

Mais ça veut dire tellement de choses que je l’ai mis au Castillon pour le donner un peu d’hommage à la France, dans cette langue que j’adore, et aussi essayer de libérer la parole avec des femmes latino-américaines qui sont en train de faire des choses énormes par rapport aux violences conjugales subies par les femmes. On parle un peu de violence, on parle un peu de l’éducation, on parle un peu aussi de l’homosexualité des femmes. Il n’y a pas beaucoup d’épisodes, mais il est toujours là.

Que signifie le féminisme pour toi ?

J’espère que les auditeurs et auditrices iront l’écouter, comme tout ce que tu as donné, que tout le monde ira se renseigner par rapport au sujet des violences conjugales, parce que c’est tellement important ces sujets-là, le savoir est une forme de pouvoir pour pouvoir agir. La dernière question que j’aimerais te poser, c’est que signifie le féminisme pour toi ?

Alors, le féminisme déjà pour moi c’est un cadeau énorme que j’ai découvert, je pense, quand j’avais 23 ans et depuis j’essaie de me former, de comprendre de quoi il s’agit, d’adhérer à ces principes et plus récemment j’essaie de me déconstruire, je pense que là il faut toujours se déconstruire.

Dans le féminisme surtout, tant que femme, je pense qu’il ne faut jamais rester avec ce qu’on sait. Il y a tellement de choses et il y a tellement de possibilités. Et en ce moment, je suis un peu plongée dans le féminisme décolonial. D’après mes origines aussi, d’après toute l’introspection que je suis en train de faire avec moi-même, parce qu’on est en Europe, c’est vrai, et donc on parle beaucoup de féminisme blanc, ce qui est normal, parce qu’on est en Europe, et en Europe, il y a les femmes qui habitent là, et qui s’est rendu compte qu’il fallait faire des choses pour combattre surtout le patriarcat,

Mais de l’autre côté, il y a aussi toute la partie du colonialisme qu’on a vécu en Amérique latine, qui déjà elle s’appelle pas Amérique latine, elle s’appelle Elabi Ayala.Les féministes, une grande partie des féministes qui ne l’appellent plus comme ça, l’Amérique du Sud, l’Amérique latine, elle n’existe pas. C’est un continent qui a été découvert par quelqu’un qui a donné son nom à une pièce, à un endroit qui existait déjà, avec des personnes qui existaient déjà.

On l’appelle Elabi Ayala. Les féministes de Elabi Ayala essayent d’avoir une autre notion du féminisme, beaucoup plus décoloniale, qui remet en question les structures de pouvoir héritées de la colonisation et qui reconnaît les multiples formes d’oppression intersectionnelles auxquelles se sont confrontées les femmes indigènes et noires.

Donc, c’était un choc pour moi parce que, même si je ne suis pas européenne, si je le suis aujourd’hui parce que j’ai ma nationalité française, je ne suis pas européenne. Je suis arrivée en France il y a 14 ans, mais j’ai toujours vécu ma vie comme une personne blanche, quoi.

Et je ne le suis pas. Ou je le suis ? Il y a un conflit vraiment en moi qui est assez révélateur qui j’ai reposé cette question aujourd’hui, de par à mes origines, parce que quelque part, je pense que quelque part, dans mes ancêtres, il y a des indigènes, que je ne connais pas, que je ne sais pas qui sont, et donc j’essaye de me déconstruire dans le féminisme aujourd’hui, en intégrant le féminisme décolonial, mais c’est très dur, et c’est un exercice tous les jours, mais de toute façon, moi, je pense que le féminisme, c’est quelque chose qui nous a beaucoup aidé à faire avancer la mentalité et la pensée pour l’égalité et la liberté des femmes.

Très belle conclusion sur le féminisme et ce que tu dis par rapport au féminisme décolonial ce serait carrément même l’objet d’un autre épisode à faire parce que c’est un sujet qui s’annonce passionnant en tout cas à explorer pour que tout le monde puisse avoir cette connaissance sur le sujet. En tout cas je te remercie beaucoup d’avoir répondu à toutes mes questions et de nous avoir fourni un épisode vraiment riche qui pourra aider un maximum de personnes.

Je mettrai les liens où te suivre dans la description comme ça pour les personnes qui ont des questions sur les violences conjugales il faut qu’ils viennent vers toi pour en savoir plus.

Merci à toi bon en revoir tout le monde adios

C’est ça. Merci. Merci, Esthel. Adios.

Pour contacter Greta Guzman

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