Bienvenue à toutes et à tous. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’échanger avec Audrey Randriamandrato sur un sujet essentiel : l’empouvoirement à Madagascar. Avant de lui donner la parole, je souhaite rendre hommage à Clémence Mouellé-Moukouri, présidente de l’association Find Yourself. C’est grâce à son événement, le mois de l’Empowerment , que j’ai eu l’opportunité de rencontrer mon invitée du jour.
Audrey, je te laisse te présenter comme tu le souhaites dans cet épisode sur l’empouvoirement à Madagascar.
Bonjour à toutes et à tous, je m’appelle Audrey Randriamandrato. En malgache, cela se prononce Randriamandjat.
Je suis la fondatrice de l’association Malagasy Women Empowerment (MWE), dont je suis la présidente depuis 2018. Sur les réseaux sociaux, je suis connue sous le prénom Audrey. J’aime dire que je crée d’abord et je réfléchis ensuite.
Dans mon engagement associatif, je m’attache particulièrement à l’empouvoirement à Madagascar, en créant des espaces où les femmes peuvent s’exprimer librement, s’entraider et se construire ensemble.
Qu’est-ce que la sororité ?
Qu’est-ce que la sororité pour toi, Audrey ? Et peux-tu nous expliquer la différence entre la sororité et la rivalité féminine, qui en est l’opposé ?
La sororité, à mes yeux, repose sur la capacité des femmes à créer des dynamiques collectives pour se soutenir et évoluer ensemble. Elle implique de mettre son ego de côté afin de privilégier l’intérêt collectif plutôt que l’intérêt individuel.
À l’inverse, la rivalité féminine se manifeste par la concurrence et la jalousie entre femmes. Elle est souvent nourrie par des facteurs sociaux qui nous poussent à nous comparer et à nous mesurer les unes aux autres, que ce soit en termes d’apparence physique, de carrière, d’opportunités personnelles ou encore de relations interpersonnelles.
Dans le cadre de l’empouvoirement à Madagascar, ces mécanismes de rivalité féminine sont particulièrement visibles. En raison de normes sociales rigides, les femmes sont souvent poussées à entrer en compétition plutôt qu’à collaborer. C’est pourquoi il est essentiel d’éduquer et d’encourager des modèles de solidarité et de coopération.
L’origine de cet engagement pour la sororité
Pourquoi cet engagement autour de la sororité ? Comment peut-on déconstruire la rivalité féminine pour favoriser plus de solidarité entre femmes ?
Ayant grandi à Madagascar, j’ai été témoin de cette rivalité exacerbée. Dès l’enfance, nous sommes éduquées à nous juger mutuellement : la manière dont une femme s’habille, sa place dans la société, son rôle de mère, ses relations, ou encore ses résultats scolaires sont autant de critères soumis à l’évaluation collective.
Lorsque j’ai déménagé en France, j’ai remarqué que cette rivalité existait aussi, mais de manière plus subtile, souvent sous forme de remarques déguisées ou implicites. Ce contraste m’a amenée à réfléchir sur les mécanismes de la rivalité féminine et de la sororité.
Dans le cadre de l’empouvoirement à Madagascar, il est nécessaire de promouvoir une prise de conscience collective pour briser ce schéma et encourager des dynamiques plus inclusives et solidaires.
Comment désamorcer la rivalité féminine ?
Nous devons nous détacher de cette idée selon laquelle une femme perçue comme plus belle, plus compétente ou plus accomplie représente une menace pour notre propre réussite. La réussite des unes ne signifie pas l’échec des autres.
Dans une démarche de l’empouvoirement à Madagascar, il est fondamental d’apprendre à voir la réussite des autres femmes comme une source d’inspiration et non comme une concurrence.
Un des facteurs qui entretient la rivalité féminine est la recherche de la reconnaissance masculine. Ce phénomène, souvent désigné par le terme « pick-me », illustre comment certaines femmes cherchent à se distinguer des autres en valorisant l’approbation des hommes. Or, cette quête de validation ne devrait pas être un moteur de notre identité. Dans le contexte de l’empouvoirement à Madagascar, il est primordial de revaloriser l’estime de soi des femmes, en leur permettant d’exister et de s’épanouir indépendamment du regard masculin.
L’une des caractéristiques de la rivalité féminine est la tendance de certaines femmes, notamment celles occupant des positions de pouvoir, à exercer une domination sur les plus jeunes ou les moins expérimentées. Par peur d’être remplacées, elles cherchent à maintenir leur statut en entravant la progression des autres. Pourtant, il est essentiel de comprendre que le succès collectif bénéficie à toutes.
Dans une démarche d’empouvoirement à Madagascar, nous devons encourager un leadership bienveillant qui favorise le mentorat et l’accompagnement des nouvelles générations plutôt qu’une compétition stérile.
Comprendre la rivalité féminine à Madagascar
C’est très intéressant tout ce que tu partages pour cet épisode sur l’empowerment à Madagascar, Audrey. J’aimerais que tu approfondisses davantage la situation à Madagascar, notamment les différences avec la France. Beaucoup de personnes qui nous écoutent ne connaissent peut-être pas ce contexte, et cela permettrait d’éclairer les spécificités culturelles et sociales.
Par ailleurs, je partage totalement ton analyse de la rivalité féminine. Il est essentiel de rappeler que les femmes ne sont pas un danger les unes pour les autres, bien au contraire. Pourtant, certaines peuvent être tentées d’adopter des comportements compétitifs, notamment en raison des difficultés systémiques imposées par le patriarcat.
Dans une société où les obstacles sont nombreux, il est compréhensible qu’une femme ayant lutté pour gravir les échelons ne souhaite pas voir une autre progresser plus rapidement qu’elle ne l’a pu. C’est un mécanisme de protection inconscient, mais qui doit être déconstruit pour permettre un véritable l’empouvoirement à Madgascar.
L’égalité des genres à Madagascar : un concept encore émergent
Je suis d’accord avec toi. Revenons sur le contexte de Madagascar. L’égalité des genres est un sujet qui a pris de l’ampleur grâce à l’action des associations, dont la mienne.
À Madagascar, il existe un retard important en matière de politiques publiques liées à l’égalité des genres. Je préfère parler de retard structurel plutôt que de faire une comparaison entre pays du Nord et du Sud. Ce que je veux souligner, c’est que certaines notions qui semblent plus accessibles en France, bien qu’encore incomplètes, restent très floues pour la population malgache.
Par exemple :
- La santé sexuelle et reproductive est un sujet peu abordé et tabou.
- Le consentement est une notion encore mal comprise.
- L’éducation populaire sur ces sujets est quasi inexistante.
Dans le cadre de l’empouvoirement à Madagascar, il est nécessaire de rendre ces sujets plus accessibles et compréhensibles pour le plus grand nombre.
La rivalité féminine dans l’espace public
À Madagascar, la rivalité féminine est assumée et exacerbée dans l’espace public. Contrairement à la France, où certaines tensions sont plus subtiles, les critiques entre femmes sont souvent affichées ouvertement.
Cela est particulièrement visible à travers :
- Le traitement médiatique des femmes publiques et artistes : Les femmes qui réussissent sont souvent la cible de commentaires négatifs et de jugements sévères.
- Les réseaux sociaux : On observe une majorité de critiques venant d’autres femmes, qui alimentent cette dynamique toxique.
- Les interactions sociales : À Antananarivo, la capitale, il est courant de ressentir une pression sociale forte exercée par d’autres femmes.
Lorsque je suis arrivée en France, j’ai ressenti une libération. Marcher dans la rue sans me sentir constamment jugée était une expérience nouvelle et apaisante. Cela ne signifie pas que tout est parfait ici, mais la pression sociale pesant sur l’image et la place des femmes est différente.
Dans le cadre de l’empouvoirement à Madagascar, il est essentiel de sensibiliser sur l’impact de cette rivalité et de proposer des modèles alternatifs de solidarité.
Les actions de l’association Malagasy Women Empowerment
Tu mentionnais ton association à Madagascar. Peux-tu nous en dire plus sur les actions que vous menez pour favoriser l’égalité des genres ?
Bien sûr ! Notre association lutte pour l’amélioration des conditions et des représentations des femmes malgaches et des minorités de genre, aussi bien à Madagascar que dans les diasporas.
Nous avons deux axes d’intervention :
1. L’amélioration des conditions de vie des femmes
Nous avons des antennes en France, à Madagascar et au Luxembourg. Nos actions incluent :
- Le financement d’initiatives pour la santé sexuelle et reproductive.
- Des campagnes de sensibilisation destinées aux jeunes filles et aux garçons pour changer les mentalités dès l’adolescence.
- L’éducation aux droits des femmes, notamment sur les violences basées sur le genre (violences conjugales, physiques, morales, financières).
- Des actions sur Internet pour informer et sensibiliser un public plus large.
Dans le cadre de l’empouvoirement à Madagascar, il est indispensable d’offrir aux femmes des ressources concrètes pour qu’elles puissent mieux se défendre face aux injustices et aux inégalités.
2. La lutte contre les représentations stéréotypées
Le second volet de notre travail concerne la représentation des femmes malgaches. Il suffit de taper « femmes malgaches » sur Google pour tomber sur une avalanche de contenus dévalorisants et stéréotypés :
- Des sites mettant en avant l’image des femmes malgaches comme vénales.
- Des articles et forums relayant l’idée que les femmes malgaches ne s’intéressent qu’aux hommes blancs.
- Très peu de visibilité des femmes malgaches inspirantes et engagées.
Dans le cadre de l’empouvoirement à Madagascar, il est primordial de changer cette perception et de valoriser des rôles modèles féminins positifs.
Leur association Malagasy Women Empowerment a travaillé pendant des années pour modifier cette représentation et mettre en avant des parcours inspirants. Aujourd’hui, grâce à un travail de référencement et de visibilité, nous apparaissons dans les premiers résultats de recherche, un pas important pour l’empouvoirement à Madagascar.
Nous ne cherchons pas à dissimuler les réalités difficiles, mais à offrir une vision plus juste et plus variée. Car si les défis sont réels, les femmes malgaches sont aussi porteuses d’initiatives et d’ambition.
Un des grands défis de l’empouvoirement à Madagascar est le manque de rôles modèles visibles.
Pour une jeune fille malgache, grandir en voyant peu de figures féminines inspirantes peut restreindre son champ des possibles. Si elle n’a pas accès à des représentations positives, comment peut-elle croire en son potentiel et se projeter dans l’avenir ?
Notre travail consiste à :
- Valoriser des parcours féminins variés : de l’entrepreneuriat à la politique, en passant par l’art et le sport.
- Créer du contenu qui déconstruit les stéréotypes et met en avant des femmes qui réussissent sans renier leur identité malgache.
- Encourager les jeunes générations à croire en elles, en leur offrant des modèles concrets sur lesquels elles peuvent s’appuyer.
Dans une société où les inégalités de genre persistent, visibiliser ces modèles est une étape clé de l’empouvoirement à Madagascar.
Des figures féminines inspirantes
Parmi les femmes malgaches que nous avons mises en avant, certaines ont marqué l’histoire et l’actualité par leur engagement et leur contribution.
Gisèle Rabesahala
Gisèle Rabesahala est une figure politique incontournable. Elle a joué un rôle clé dans l’indépendance de Madagascar et a été la première femme ministre du pays. Son engagement en faveur des droits des femmes et de la justice sociale fait d’elle un symbole fort de l’empouvoirement à Madagascar.
Richianny Ratovo
Artiste contemporaine malgache, Richianny Ratovo explore des thématiques liées à l’identité et au bonheur. Son travail, à la croisée des influences malgaches et internationales, illustre l’importance de l’art dans la construction d’une société plus inclusive.
Sidonie Fiadanantsoa
Première athlète malgache à avoir décroché une médaille aux Jeux de la Francophonie, Sidonie Fiadanantsoa est une figure emblématique du sport féminin malgache. Son parcours prouve que l’empouvoirement à Madagascar passe aussi par la promotion des talents féminins dans le sport.
Ces femmes sont des figures de réussite, non seulement à Madagascar mais aussi à l’international. Elles prouvent qu’il est possible d’avoir une influence bien au-delà des frontières, en participant activement à la transformation des mentalités.
L’empouvoirement à Madagascar ne se limite pas aux figures publiques. Il est aussi important de mettre en lumière celles qui, dans l’ombre, participent au fonctionnement de la société.
Nous travaillons à visibiliser des métiers essentiels, souvent exercés par des femmes et pourtant peu valorisés :
- Les lessiveuses, qui lavent le linge des familles dans les rivières et les lacs.
- Les artisanes, qui perpétuent des savoir-faire traditionnels tout en développant des sources de revenus autonomes.
- Les vendeuses de rue, qui assurent une grande part du commerce local.
Leur travail, bien que discret, soutient des centaines de foyers et contribue à l’économie locale. L’empouvoirement à Madagascar passe aussi par la reconnaissance de ces contributions invisibilisées.
Les lessiveuses de Madagascar : un métier méconnu
Peux-tu nous en dire plus sur les lessiveuses, qui semblent jouer un rôle central dans la vie quotidienne ?
Bien sûr ! À Madagascar, les lavomatiques sont rares. Pour beaucoup de familles, la solution repose sur les lessiveuses, des femmes qui offrent un service de lavage et de repassage.
Leur travail fonctionne ainsi :
- Elles récupèrent le linge des clients dans un grand bac.
- Elles le lavent à la main, généralement dans un cours d’eau.
- Elles le font sécher et le repassent, avant de le rapporter aux familles.
Certaines travaillent directement chez leurs clients, tandis que d’autres lavent et repassent à domicile avant de livrer le linge propre.
Ce métier, bien que fondamental pour de nombreuses familles, est souvent peu valorisé et mal rémunéré. Pourtant, ces femmes assurent un service indispensable, contribuant à l’économie et au bon fonctionnement des foyers.
Le travail des lessiveuses est bien plus qu’une simple tâche ménagère. Ces femmes assurent un service essentiel à la population, souvent dans des conditions physiques exigeantes. Elles doivent porter de lourds bassins, frotter à la main des kilos de linge et supporter de longues heures sous le soleil.
Ce qui est frappant, c’est que ce métier traverse les générations. Une lessiveuse peut être jeune, âgée ou entre les deux. Ce travail est souvent transmis de mère en fille, conservant une dimension traditionnelle qui participe à l’empouvoirement à Madagascar.
De plus, l’accès limité aux équipements modernes, comme les machines à laver, explique la pérennité de cette profession. Entre les coupures fréquentes d’électricité et le coût élevé des appareils électroménagers, les méthodes traditionnelles de lavage restent privilégiées.
Ce qui est fascinant, c’est que les lessiveuses créent de véritables cercles de solidarité. Elles travaillent exclusivement entre femmes, et ces espaces deviennent des lieux d’entraide et d’échange.
Dans ces communautés, la sororité prend une forme concrète :
- Elles partagent leur matériel, comme le savon ou les bassines, lorsqu’une d’entre elles en manque.
- Elles discutent de leurs vies personnelles, se conseillent sur des sujets variés et échangent des informations sur leurs droits et leurs conditions de travail.
- Elles abordent même des sujets sensibles, comme les violences conjugales, offrant un espace où celles qui subissent des abus peuvent en parler sans crainte d’être jugées.
Cette entraide entre lessiveuses illustre un aspect méconnu de l’empouvoirement à Madagascar. Ce sont des espaces de parole libres, où les femmes se soutiennent mutuellement dans un quotidien souvent difficile.
Les métiers féminins en bord de mer
À Madagascar, d’autres professions, exclusivement féminines, participent également à l’empouvoirement des femmes et à leur indépendance financière.
Sur les côtes et dans les provinces, on retrouve :
- Les masseuses de plage, qui proposent des soins traditionnels aux touristes et locaux.
- Les vendeuses de « masonjoany », une poudre naturelle utilisée comme protection solaire et soin de la peau.
- Les commerçantes ambulantes, qui offrent des services spécifiques aux vacanciers.
Ces métiers, bien que précaires, permettent à de nombreuses femmes de subvenir à leurs besoins sans dépendre d’un homme. À l’inverse, les activités liées à la pêche, aux pirogues ou à la vente d’huîtres sont principalement exercées par des hommes. Cette répartition des rôles reflète encore une segmentation genrée du travail, où les métiers du soin et du service sont largement occupés par les femmes.
Violences conjugales : un sujet tabou, mais présent
En parlant de la sororité des lessiveuses, tu évoquais aussi les discussions autour des violences conjugales. Comment cela est-il perçu à Madagascar ?
C’est un sujet encore très tabou, mais qui commence à émerger dans certaines communautés féminines. Les lessiveuses, comme d’autres travailleuses précaires, en parlent entre elles, ce qui permet à certaines de prendre conscience de leurs droits et d’éventuelles solutions.
Cependant, porter plainte reste un parcours difficile pour de nombreuses femmes malgaches. Déjà, en France, il existe des obstacles structurels dans la prise en charge des plaintes, mais à Madagascar, la situation est encore plus complexe :
- Les forces de l’ordre ne prennent pas toujours les plaintes au sérieux.
- Les normes sociales pèsent fortement, considérant encore que la violence conjugale relève du domaine privé.
- Le manque d’accompagnement juridique et psychologique empêche de nombreuses victimes d’entamer des démarches.
L’un des enjeux majeurs de l’empouvoirement à Madagascar est donc de favoriser la sensibilisation et la protection des femmes victimes de violences. Les initiatives associatives jouent un rôle essentiel dans l’accès à l’information et au soutien.
Les violences conjugales sont une problématique de l’empouvoirement à Madagascar, tout comme en France. Déjà en France, les plaintes sont rarement prises au sérieux, les victimes peinent à être protégées et les procédures sont longues. À Madagascar, ces difficultés sont amplifiées par un système judiciaire instable et des normes sociales pesantes.
Le traitement des violences conjugales oscille entre deux extrêmes :
- Une absence totale de justice, où la famille tente de gérer le conflit en interne sans porter plainte.
- Des sanctions extrêmement sévères, comme la castration chimique ou physique pour les violeurs d’enfants ou des peines de prison à vie.
Dans un pays où la structure familiale est au cœur de la société, les violences domestiques sont souvent considérées comme des affaires privées. La justice ne s’applique que si la famille le décide, ce qui bloque l’empouvoirement à Madagascar et empêche de nombreuses femmes de briser le cycle de la violence.
À Madagascar, il existe un adage fort qui influence ces décisions et peut entraver l’empouvoirement à Madagascar :
« Le foyer doit être préservé avant tout. »
Cela signifie qu’avant d’envisager une plainte, la famille va tenter de régler le conflit en interne. Lorsqu’une femme est battue par son mari, les proches préfèrent généralement :
- L’accueillir temporairement pour « calmer les tensions ».
- Négocier avec l’agresseur plutôt que de faire appel à la justice.
- Encourager la femme à retourner dans son foyer, considérant la séparation comme un échec.
Ce système décourage les victimes, qui comprennent rapidement que leurs souffrances sont minimisées. Ce modèle ne contribue pas à l’empouvoirement à Madagascar, car les femmes doivent endurer sans réelle solution de protection.
Même lorsque la famille accepte qu’une plainte soit déposée, les obstacles restent nombreux. Les forces de l’ordre et la justice posent les mêmes questions culpabilisantes qu’ailleurs :
- « Qu’avez-vous fait pour provoquer cela ? »
- « Vous êtes sûre que ce n’est pas une dispute de couple ? »
- « Il faut essayer de pardonner, c’est votre mari. »
Ces attitudes renforcent le silence des victimes et freinent l’empouvoirement à Madagascar, car peu de femmes osent affronter un système qui ne les protège pas.
Dans les cas extrêmes où une plainte aboutit, le procès peut conduire soit à une condamnation ferme, soit à un abandon des charges si l’homme a les moyens de soudoyer les juges ou la police.
Un système carcéral déshumanisant
Lorsqu’un homme est condamné, le système carcéral malgache pose un autre problème dans l’empouvoirement à Madagascar.
La corruption est omniprésente. Un homme ayant commis des violences peut :
- Sortir après une nuit en prison, s’il a les moyens de payer.
- Bénéficier de relations influentes pour éviter la condamnation.
À l’inverse, un homme condamné à une peine de prison se retrouve dans des conditions inhumaines.
Les prisons malgaches sont surpeuplées et insalubres. Un reportage de Konbini a mis en lumière ces réalités :
- 40 détenus entassés dans 20 à 30 m².
- Un manque total d’hygiène et de nourriture.
- Aucune perspective de réinsertion après la détention.
Dans un tel contexte, la prison ne permet ni justice ni réhabilitation. Certains hommes ressortent plus violents qu’avant, renforçant le climat d’insécurité et de domination patriarcale qui freine l’empouvoirement à Madagascar.
Le traitement des violences conjugales reste un défi majeur pour l’empouvoirement à Madagascar. Entre le poids des traditions, les institutions peu réactives et un système judiciaire inégalitaire, les victimes se retrouvent souvent livrées à elles-mêmes.
Face à cette réalité, il est urgent de repenser l’accès à la justice et la protection des victimes. L’empouvoirement à Madagascar passe par :
- Une sensibilisation des institutions, pour que les plaintes soient prises au sérieux.
- Une amélioration du suivi des victimes, en leur offrant des solutions concrètes.
- Une lutte contre la corruption judiciaire, qui permet aux agresseurs d’échapper aux sanctions.
- Une réforme du système carcéral, pour éviter que la prison ne devienne une école de la violence.
Actuellement, beaucoup de femmes malgaches vivent dans la peur et l’isolement. Sans un changement structurel, il sera difficile de garantir leur sécurité et leur autonomie.
Le traitement des violences conjugales illustre les contradictions d’un système à la fois répressif et permissif. Entre le silence familial, la justice corrompue et les conditions carcérales extrêmes, les victimes se retrouvent souvent sans issue.
Soutenir les associations malgaches
À Madagascar, les femmes victimes de violences se retrouvent souvent sans solution concrète pour fuir leur foyer. Entre les pressions sociales, l’absence d’indépendance financière et la corruption judiciaire, l’accès à la protection est extrêmement limité.
Il y a quelques années, il était encore possible de recommander des foyers d’accueil, des associations spécialisées ou des structures médicales capables de prendre en charge ces femmes. Mais aujourd’hui, la situation est devenue de plus en plus compliquée.
Le manque de financements, les restrictions administratives, et les nouvelles lois entravant le travail associatif ont freiné de nombreuses initiatives. Pourtant, ces structures sont indispensables à l’empouvoirement à Madagascar, car elles offrent un refuge aux femmes en détresse et une alternative à la dépendance familiale.
Certaines associations continuent malgré tout à lutter contre les violences faites aux femmes :
- FITIA, l’association de la Première Dame de Madagascar, avait mis en place un numéro d’urgence, mais il est souvent surchargé et difficile à joindre.
- Women Breaks the Silence, une initiative dédiée à la lutte contre la culture du viol, tente de sensibiliser et accompagner les victimes.
- D’autres petites associations locales proposent des aides ponctuelles, mais sans garantie d’un suivi sur le long terme.
Aujourd’hui, trouver un lieu sécurisé et stable pour une femme en danger est un véritable défi pour l’empouvoirement à Madascar. La discrétion est devenue essentielle, car trop de structures sont menacées par des restrictions ou manquent cruellement de ressources.
L’empouvoirement à Madagascar nécessite de renforcer ces structures, en leur donnant les moyens financiers et logistiques nécessaires pour assurer une protection durable aux victimes.
Face à ces défis pour l’empouvoirement à Madagascar, le soutien extérieur est essentiel pour permettre aux associations de continuer leur travail et d’aider davantage de femmes.
Si vous souhaitez soutenir une initiative à Madagascar, voici plusieurs façons d’aider :
- Faire un don financier
- L’association Malagasy Women Empowerment accepte des dons directement via ses réseaux sociaux.
- Ces dons permettent de financer les actions sur place et d’offrir une assistance aux femmes vulnérables.
- Participer à des événements de soutien
- Des événements caritatifs sont organisés en France, au Luxembourg et ailleurs, permettant de récolter des fonds pour financer les projets.
- Acheter des produits solidaires
- L’association vend des produits dont les bénéfices sont reversés aux actions en faveur des femmes malgaches.
- Cela permet d’intégrer une source de financement durable pour les projets d’empouvoirement à Madagascar.
- Se renseigner sur d’autres causes
- Si vous souhaitez aider au-delà des questions de violences conjugales, il existe aussi des associations engagées pour l’environnement, la protection des réfugiés ou des enfants.
- Malagasy Women Empowerment peut vous orienter vers ces initiatives si vous souhaitez diversifier votre engagement.
Chaque contribution, même petite, participe à faire avancer l’empouvoirement à Madagascar et à offrir des perspectives d’avenir aux femmes qui en ont besoin.
Le Nouvel An Malgache, un héritage méconnu
Le Taombaovao, ou Nouvel An malgache, est une célébration encore peu connue à l’international, contrairement au Nouvel An chinois. Pourtant, il repose sur un calendrier lunaire similaire et marque une période de renouveau et de rassemblement pour la communauté malgache.
Traditionnellement, le Taombaovao se tient lors de la quatrième semaine du cycle lunaire. En 2024, il a coïncidé avec le Ramadan, illustrant encore une fois l’universalité des cycles lunaires dans différentes cultures.
L’objectif du Festival Taombaovao est de remettre en lumière cette tradition, qui a longtemps été une fête clandestine durant la colonisation. À l’époque, les Malgaches se retrouvaient secrètement en famille pour célébrer, partager un repas, danser et discuter de leurs conditions de vie sous l’occupation.
Aujourd’hui, ce festival symbolise la résilience et la transmission d’un héritage culturel, tout en portant un message fort pour l’empouvoirement à Madagascar.
Le Festival Taombaovao se déroule sur trois jours, avec une programmation mêlant fête, engagement sociétal et mise en avant des talents malgaches.
Une première soirée festive dédiée à la lutte pour les droits des femmes et l’empouvoirement à Madagascar.
- Mise en avant d’artistes et DJ malgaches.
- Création d’un espace inclusif et bienveillant, où chacun peut se sentir à l’aise.
Deux journées d’animations et de sensibilisation
- Marché artisanal : exposition et vente de produits malgaches.
- Escape games et ateliers ludiques pour sensibiliser à l’histoire et aux traditions malgaches.
- Conférences et rencontres avec des personnalités engagées.
- Plateau podcast avec des figures marquantes comme l’autrice Marie Ranzanour.
Une valorisation des initiatives locales
- Stand de street food malgache, pour faire découvrir les spécialités culinaires du pays.
- Rencontres avec des associations malgaches engagées dans la culture, l’éducation et l’empouvoirement à Madagascar.
L’un des grands enseignements du Festival Taombaovao est son impact sur la diaspora malgache et les associations engagées.
Les visiteurs ont particulièrement apprécié :
La redécouverte de leur propre culture, à travers la gastronomie, la musique et l’histoire.
L’opportunité de consommer malgache, en soutenant directement des artisans et des créateurs locaux.
La rencontre avec des associations, permettant d’en apprendre plus sur les initiatives menées pour l’empouvoirement à Madagascar.
Une immersion culturelle, où même ceux qui ne sont pas d’origine malgache peuvent apprendre et découvrir une autre facette du pays.
Ce festival montre qu’il est possible de rassembler les communautés autour de leur patrimoine, tout en ayant un impact social fort.
Si cette première édition a été un succès, des améliorations et de nouvelles ambitions sont prévues pour les prochaines éditions :
- Développer encore plus d’ateliers et de conférences pour approfondir la transmission culturelle.
- Attirer une audience plus large, notamment auprès des non-malgaches intéressés par la culture et l’empouvoirement à Madagascar.
- Structurer l’événement comme un rendez-vous annuel incontournable, avec des partenariats solides.
La gastronomie malgache
La gastronomie malgache est profondément influencée par ses racines asiatiques et africaines. Le riz est l’aliment central de presque tous les repas, accompagné de viandes, de légumes ou de condiments spécifiques.
Voici quelques spécialités incontournables :
- Le bœuf effiloché accompagné de riz, de tomates et de carottes.
- Le poisson grillé, très populaire dans les provinces côtières, servi avec des légumes et toujours du riz.
- Les nems et samosas, héritage des influences asiatiques.
- Les petits gâteaux de riz sucrés, parfois préparés avec des cacahuètes et dégustés avec du café après le repas.
Ces plats sont très présents dans les festivités, notamment lors du Festival Taombaovao, où les traiteurs malgaches proposent un large éventail de saveurs traditionnelles.
La découverte de la cuisine est un élément essentiel de l’empouvoirement à Madagascar, car elle permet de préserver un patrimoine culinaire et de valoriser les artisans locaux.
La langue malgache
Le malgache est une langue riche et variée, avec de nombreux dialectes selon les régions. Cependant, le dialecte officiel, utilisé dans les documents administratifs, est le dialecte Merina, parlé dans la capitale.
Le malgache intègre des mots issus de l’arabe, du malaisien et de l’indonésien. Par exemple :
- Pour dire bonjour, on utilise le mot « Salama », proche de l’arabe Salam alaykum.
- Les jours de la semaine, comme « Alahady » et « Alatsinainy », rappellent les termes malaisiens et arabes.
Pendant longtemps, certaines expressions malgaches ont véhiculé des stéréotypes sexistes.
- « Fanaka malemy » (meuble mou), désignait une femme silencieuse et soumise, censée « meubler » un foyer sans faire de bruit.
- Aujourd’hui, le mouvement féministe malgache a remplacé ce terme par « Ampela Mahery », qui signifie « femmes fortes », mettant en avant la résilience et l’empouvoirement à Madagascar.
Le mot de la fin sur l’empouvoirement à Madagascar
La sororité ne doit pas être qu’un simple mot affiché sur les réseaux sociaux ou une idée théorique. Elle doit être incarnée et appliquée au quotidien. Il est essentiel d’aller au-delà des discours et d’agir réellement lorsqu’on est témoin d’une situation où une femme ou une personne minorisée est en difficulté.
L’empouvoirement à Madagascar et ailleurs passe par des actions concrètes, qu’elles soient petites ou grandes.
La solidarité ne doit pas être conditionnée par l’identité ou l’origine des personnes concernées. Elle doit s’étendre à toutes les femmes, mais aussi aux Adelphes, c’est-à-dire aux personnes LGBTQIA+, qui subissent les mêmes oppressions systémiques liées au patriarcat.
- Tendre la main à une femme ou un Adelphe en difficulté, sans hésitation.
- Intervenir lorsqu’on voit une situation inquiétante, par exemple en soirée ou dans l’espace public.
- Créer des espaces bienveillants où chacun·e peut s’exprimer et être en sécurité.
Ce sont ces petites actions du quotidien qui permettent de construire une solidarité réelle et durable. Et ainsi mener vers l’empouvoirement à Madagascar.
Il est parfois plus facile de détourner le regard, mais le vrai engagement consiste à agir lorsqu’on en a la capacité.
Bien sûr, la prudence est nécessaire. Mais dans certaines situations, mieux vaut être deux en danger plutôt que de laisser quelqu’un seul face à l’adversité. La solidarité est un bouclier collectif qui protège les plus vulnérables.
L’empouvoirement à Madagascar et ailleurs ne se construit pas uniquement par des lois ou des discours, mais par des gestes concrets et un engagement de chaque instant.
Tes rôles modèles
Parmi les figures féminines marquantes, Gisèle Rabesahala est une source d’inspiration majeure. Elle a marqué l’empouvoirement à Madagascar, notamment avec cette phrase forte :
« Je préfère être au service de ma nation que d’un homme. »
Cette déclaration a déclenché de nombreuses réactions, certains critiquant son choix de prioriser l’engagement collectif sur les attentes traditionnelles liées aux femmes.
Mais cette vision illustre une conviction profonde :
- Se battre pour le bien collectif plutôt que de se conformer aux attentes patriarcales.
- Refuser d’être limitée par les conventions sociales imposées aux femmes.
- Défendre activement l’empouvoirement à Madagascar, en soutenant celles qui veulent s’émanciper.
Une autre figure marquante est Ange, chanteuse du groupe Tark, qui a dédié un album entier au féminisme, intitulé Bon Négal.
Son style et son apparence défient les normes conventionnelles de la féminité à Madagascar. Avec le crâne rasé sur les côtés et une coupe courte, elle incarne une autre vision de la femme, loin des standards traditionnels. Elle contribue à l’empouvoirement à Madagascar.
Son combat est une source d’inspiration, car il montre que l’empouvoirement à Madagascar passe aussi par la liberté d’être soi-même, sans avoir à répondre aux attentes sociales oppressives.
Ce qui influence un parcours militant, ce ne sont pas seulement les figures médiatisées, mais aussi les valeurs qu’elles incarnent. Peu importe l’apparence ou la conformité aux standards, ce qui compte, c’est l’engagement et l’impact.
Michelle Obama m’a profondément inspirée par son parcours et sa force, bien qu’aujourd’hui je préfère me tourner vers des modèles issus de ma propre communauté.
Le combat pour l’empouvoirement à Madagascar et ailleurs repose sur des personnalités qui osent briser les normes et montrer d’autres voies possibles.
Tes ressources
Pour approfondir la lutte et mieux comprendre les réalités intersectionnelles, voici quelques livres et podcasts essentiels :
La Moitié du Ciel – Nicolas Kristof et Sheryl WuDunn
Témoignages de femmes à travers le monde sur les violences qu’elles subissent, mais aussi sur leur résilience.
Le Cœur sur la Table – Victoire Tuaillon
Un regard critique sur les relations amoureuses hétéronormées et la place des femmes dans ces dynamiques.
Podcasts recommandés :
- Tétons Marrons
- Décolonisons le féminisme
- Décolonisons-nous
- Kiffe Ta Race, qui aborde les questions de privilèges et d’intersectionnalité.
Ces ressources permettent de déconstruire les normes patriarcales et raciales, et participent à l’empouvoirement à Madagascar et ailleurs.
Ta définition du féminisme
Le féminisme, c’est donner la parole à celles et ceux qu’on tente de faire taire. C’est une lutte pour l’égalité des droits, pour l’inclusion des minorités et pour l’émancipation des oppressé·es.
Le féminisme, c’est aussi remettre en lumière les luttes invisibilisées, qu’il s’agisse des femmes musulmanes, des personnes LGBTQIA+ ou des communautés racisées.
Qui inviter au micro de Matrimoine Féministe ?
Deux militantes méritent une place au micro de Matrimoine Féministe :
Fatima Bent, présidente de l’association Lallab, qui lutte pour les droits des femmes musulmanes et dénonce leur absence dans les débats qui les concernent.
Jessica Mwiza, militante de la mémoire du génocide contre les Tutsis au Rwanda, qui aborde aussi les luttes féministes et antiracistes.
Leurs engagements incarnent la diversité des combats féministes et renforcent la nécessité de lutter ensemble pour un monde plus juste.
C’est la fin de cet épisode sur l’empouvoirement à Madagascar !
Informations complémentaires
Les rôles modèles et ressources de l’épisode l’empouvoirement à Madagascar
- Gisèle Rabessahal, figure historique de la vie politique malgache.
- Rishiani Ratov (Ratovaux), artiste contemporaine.
- Sidonie, athlète malgache.
- Le livre “La moitié du ciel”, de Nicholas Kristof et Sheryl WuDunn.
- Le livre “Le cœur sur la table”, de Victoire Tuaillon.
- Les podcasts Kiffe Ta Race, Tétons Marrons, Décolonisons le féminisme.
Retrouvez Audrey Randriamandrato :
- Sur LinkedIn
- Sur Instagram
- Lors d’événements associatifs et festivals liés à l’empouvoirement à Madagascar.
- Son association Malagasy Women Empowerment
Episodes complémentaires à l’empouvoirement à Madagascar
- Les violences conjugales avec Greta Guzman
- Les femmes d’outre-mer avec Meyeti Payet et Martine Nourry
- Le guide violentomètre avec Eva Fiorini