Bonjour, bonsoir aux personnes qui nous écoutent. Je suis en compagnie de Martine Nourry et Meyeti Payet avec qui nous allons parler du sujet « Les femmes d’outre-mer ».
Mais avant de leur laisser la parole, je voudrais rendre femmage à Asli Ciyow, avec qui j’ai enregistré un épisode de podcast sur le féminisme intersectionnel.
C’est grâce à son calendrier de l’avent digital que j’ai pu connaître votre travail sur les femmes d’outre-mer. Martine et Meyeti, je vous laisse vous présenter de la manière dont vous le souhaitez.
Bonjour, Martine, je suis réunionnaise, faisant partie des femmes d’outre-mer et je vis de nouveau à La Réunion, après un passage dans l’Hexagone et en Afrique.
Je suis féministe de naissance, j’ai envie de dire, puisque j’ai été élevée en tant qu’enfant d’agriculteur, sans avoir d’assignation de genre, puisque quand on est enfant d’agriculteur, on fait tout ce qu’on a à faire dans une ferme, qu’importe qu’on soit fille ou garçon, et on fait tout aussi à la maison, qu’importe qu’on soit fille ou garçon.
Bonjour à toutes et à tous je suis Meyeti Payet, je suis aussi réunionnaise, je fais aussi partie des femmes d’outre-mer. J’ai 28 ans cette année et j’ai toujours été un peu féministe j’ai commencé on va dire mon intérêt pour les questions décoloniales de femmes et d’émancipation aussi culturelle il y a bien une bonne dizaine d’années.
Et j’ai concrétisé avec mon métier puisque je suis experte en genre et en question intersectionnelle donc c’est l’occasion pour moi de mettre un peu en avant tout ça.
On tombe un peu dedans sans savoir trop comment on a commencé à réfléchir à toutes ces questions. Parce que je pense que quand on est réunionnaise, femme, femmes d’outre-mer et qu’on voit ce qui se passe sur notre île, on n’a pas vraiment le choix que de devenir un peu féministe quelque part.
Pouvez-vous définir les DROM-COM associés à l’outre-mer ?
Et du coup, vous savez que moi le sujet des femmes d’outre-mer, c’est quelque chose qui m’intrigue parce que je ne connais pas, je ne suis pas allée dans les drom-com.
Du coup, comme première question, je voudrais vous poser déjà, c’est est-ce que vous pouvez me définir les départements, régions et collectivités associées à l’outre-mer ?
Et par exemple, là, dans le cas, ce que vous m’avez dit à l’instant avec La Réunion, comment ça se passe ? Comment est la société pour qu’on puisse bien comprendre ?
Parce que je suis métropolitaine, c’est quelque chose que je ne connais pas et du coup, ça m’intéresse vraiment de connaître.
Les territoires et les départements d’Outre-mer, donc maintenant c’est les drom. On va avoir La Réunion, Mayotte, je commence par l’océan indien parce que c’est le plus proche de moi, on va basculer ensuite côté Caraïbes avec les Antilles, donc Martinique Guadeloupe et la Guyane, donc là ce sont les départements et régions d’outre-mer.
Ensuite, on va aller jusqu’au total de 11 territoires d’outre-mer si on part sur des collectivités qui ont des statuts différents, parmi lesquels la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie, Saint-Pierre et Miquelon, les TAF, donc tout ce qu’il y a de terre australe, aussi antarctique. J’en ai zappé quelques-unes parce qu’on est censé arriver à 11.
C’est vraiment tout cet archipel de territoires océaniques, plus Guyane qui est continentale, qui vont être une extension de la France continentale, même si je n’aime pas ce côté un peu extension. En Europe on nous appelle des territoires, des régions ultrapériphériques, donc vraiment très très loin de la périphérie et du centre.
Ultramarins, ça va être le côté outre-mer, donc ça montre bien qu’il y a une centration sur le continent français, et qu’on est considérés comme des outre-mer, donc un peu plus loin, ce qui est un peu relégué au banc de la centralité, qui est la France continentale. En ce cas, moi, c’est la lecture que j’ai, parce qu’effectivement, Meyeti en parlait de la question décoloniale. Je pense que c’est hyper important, quand on parle des outre-mer, de penser décolonialité.
Encore plus, quand on voit aujourd’hui ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, en Kanaky, parce qu’il y a une histoire qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’on est là aujourd’hui dans un présent, mais qui est un héritage d’un passé colonial qui a fait que la France en tant qu’empire, s’est emparé de nos territoires et a minoré les populations qui sont présentes sur ces territoires pour servir des fins de puissance, de pouvoir, d’industrialisation et de richesse. On a des défis assez structurels qu’il faut relever.
Je pense qu’il y a aussi une notion vraiment d’éloignement, t’en as parlé, mais d’histoire. Entre nous, on n’est pas construit, les Outre-mer. Chaque territoire a sa spécificité. On vient de Saint-Pierre-et-Miquelon, on vient de La Réunion, on a des histoires de territoires qui sont complètement différentes.
Et la centralité c’est la France et c’est la colonialité. Mais qui est construite de façon très différente à travers les territoires et elle s’exprime aussi de façon très différente, parce que par exemple entre ce qu’on voit, ce qui est en train de se passer en Kanaky, ce qui est en train de se passer à La Réunion ou ce qui peut être à l’œuvre actuellement en Martinique, en Guadeloupe ou en Guyane.
Pour moi c’est différent parce que justement dans la Caraïbe on a peut-être cette perception qu’il y avait potentiellement des peuples autochtones qui étaient présents, quand les premiers explorateurs européens sont arrivés sur ces territoires. Ils n’ont pas découvert mais ils ont rencontré des populations autochtones par exemple dans la Caraïbe.
Alors qu’à La Réunion, ça ne va pas être cette histoire, non plus celle des femmes d’outre-mer et ce ne sera pas non plus le cas . En Kanaky, il y avait par exemple déjà un peuple autochtone. Donc, la façon dont nous, on se construit en tant que territoire et en tant qu’histoire, en tant qu’outre-mer va vraiment différer selon de qui était présent au départ. Et à La Réunion, il n’y avait pas de peuple autochtone. Mais par contre, à Mayotte, par exemple, il y en a donc entre deux territoires de l’océan Indien qui sont quand même assez proches géographiquement, et bien, on a quand même deux histoires de vie, on va dire, de territoires très différents.
L’histoire du féminisme à La Réunion
C’est hyper intéressant ce que vous nous racontez dans notre épisode sur les femmes d’outre-mer ! Je trouve ça important de donner la parole aux personnes concernées pour nous raconter leur histoire, et c’est vrai que ça m’intrigue un peu l’histoire du féminisme qu’il peut avoir à la Réunion avec les femmes d’outre-mer.
Et des femmes inspirantes, des femmes d’outre-mer aussi à mettre en avant qu’on ne connaîtrait pas parce qu’il y a beaucoup de femmes et beaucoup de femmes d’outre-mer qui ont été invisibilisées dans toute l’histoire de l’humanité et c’est chouette de pouvoir mettre un projecteur dessus pour montrer qu’elles ont fait des choses, qu’elles ont marqué le monde également. Et pas que pour les hommes, c’est pour tout le monde.
Quand on a fait ce calendrier pour le 8 mars sur les femmes d’outre-mer, en ce cas pour ma part, je me suis questionnée sur c’est qui ces figures de femmes qu’on va avoir des outre-mer et dont on ne parle pas souvent, parce qu’aujourd’hui si je devais poser la question à plein de gens à La Réunion, c’est qui les femmes inspirantes que tu connais de La Réunion ou des outre-mer en dehors des espaces d’art, de culture, c’est compliqué à en avoir.
Et moi je suis remontée, notamment parce que c’est aussi une trajectoire personnelle, il y a un peu plus d’un an maintenant, j’ai fait un TEDx où je parlais de tout ce qui est inégalités, privilèges et tout, et à l’intérieur je disais que l’OCDE nous dit qu’il nous faut 6 générations pour passer d’une famille très pauvre à une famille moyenne en France. Et je suis remontée sur mon arbre généalogique cette génération au-dessus.
Du côté de mon père qui est un blanc réunionnais, j’ai pu trouver des couples, des parents, etc., des arrières-grands-parents et tout, facilement. Du côté de ma maman, qui est une cafrine, qui est noire, afrodescendante, cette génération en dessous de moi je ne trouve que des femmes esclaves, que des prénoms et pas de nom de famille pour ces femmes d’outre-mer.
Et je me suis dit, qu’est-ce que je fais avec ça ? Et il y a eu ce questionnement sur ces femmes esclaves dont on n’a pas le nom, qu’on ne connaît pas, qui n’ont pas de sépulture, à part Toinette. C’était la première femme esclave qui était enterrée dans un cimetière de blanc, parce qu’elle était appréciée de ses maîtres.
Et sur sa sépulture, alors qu’elle était maman, il y a été écrit quelque chose autour d’une servante qui a honoré ses maîtres ou quelque chose comme ça. Elle a été décrite par rapport à sa relation de servitude avec des maîtres et non pas en tant que femme, en tant que mère, etc.
Dans mon cheminement, je trouve ça hyper important de mettre en avant les femmes marronnes. Les marronnes étaient ces femmes qui étaient en esclavage et qui ont choisi d’aller marron, d’aller rejoindre, d’aller avec les hommes, reconstituer des royaumes de l’intérieur.
On peut parler d’Héva, qui était la campagne d’Anchaing. Marianne, qui était la compagne de Cimendef, ou la reine Sarlave, qui était la compagne du roi Laverdure, et Simangalove, qui était aussi une guerrière redoutable. Et moi, si je devais commencer là-dessus, c’est sur ces femmes marronnes qui ont ouvert un chemin… il n’y avait pas que les hommes qui sont allés reconquérir la liberté.
Et les femmes qui sont allées reconquérir la liberté n’étaient pas qu’assignées à la gestion domestique, mais elles étaient aussi des féroces guerrières et des combattantes. Et moi j’aime bien me dire, je me revendique aussi de cette ascendance parce que ça parle aussi de comment je me tiens aujourd’hui debout dans le monde et dans la société.
J’adore. Je trouve que c’est hyper inspirant ce que tu dis Martine par rapport aux femmes d’outre-mer parce que c’est vrai. Peut-être pour faire un retour en arrière quand on grandit à La Réunion et dans les outre-mer, moi je sais que par exemple mon père m’a toujours dit, on nous apprenait l’histoire de France, les Gaulois, nos ancêtres, sauf que nos ancêtres ne sont pas gaulois.
Enfin une partie oui parce qu’il y a beaucoup de métissage à la Réunion et ça fait partie justement de notre histoire du territoire de dire qu’on a ce métissage, c’est à dire que comme je parlais auparavant d’avoir différentes populations et les femmes d’outre-mer qui sont arrivées au fur et à mesure sur l’île de La Réunion, d’abord une île qui n’était pas habitée particulièrement qui était une île de passage avec les peuples, on va dire de la région.
On a aussi eu après cette vague de colonisation avec les français qui se sont installés et puis après les vagues d’indigenat, donc des travailleurs qui étaient on va dire importés d’autres colonies après l’abolition de l’esclavage pour remplacer cette main d’oeuvre servile qui avait été libérée à l’abolition. Et aujourd’hui on a des nouvelles communautés et des femmes d’outre-mer qui nous ont rejoints sur notre territoire.
C’est important peut-être de resituer ça pour aussi ancrer, parce que j’ai envie de parler d’ancrage, ce que dit Martine, c’est-à-dire que notre histoire, on nous l’a volé. Notre histoire, on ne la connaît pas, et on a très peu de moyens de la connaître. Et je trouve que c’est très admirable ce qu’a pu faire comme travail Martine, à la fois dans ces posts d’Instagram qu’on a mis en avant des femmes inspirantes, ces femmes d’outre-mer, mais aussi un héritage d’histoire locale, ce qui est un travail qu’on doit constamment faire par nous-mêmes, pour nous-mêmes, pour se réancrer, pour se ré identifier.
Et je pense aussi géographiquement, ça a son importance parce qu’on est dans des îles et on est une île qui est un peu seule. Parce qu’on est le seul territoire français de la zone, il y a Mayotte mais qui est bien plus loin, on a Maurice qui est à côté, et donc c’était une colonie britannique, c’est différent comme type de colonialisme qui a pu se passer là-bas, et fondamentalement nos sociétés sont des sociétés sans ancrage historique et géographique parce que tout le monde a été importé.
Et donc quand tout le monde a été importé, comment on s’est construit en tant qu’identité, comment on se construit comme femme ? comme femmes d’outre-mer ? On fait comme Martine, un TedX incroyable pour parler de nos anciennes reines-esclaves qui étaient là, et c’est un matrimoine qu’on doit revendiquer, et donc on a besoin de se saisir et de connaître. Je pense que maintenant peut-être les institutions culturelles du muséographique le font à La Réunion.
Mais c’est avant tout un chemin qui est très personnel et qu’on fait par rapport à nous-mêmes parce que justement qui sont nos grands-mères, ces femmes d’outre-mer ? Et ça remonte à pas plus loin que ma grand-mère par exemple de savoir qu’elle n’a pas d’état civil ça veut dire que c’est des personnes qui sont trafiquées entre des colonies parce qu’elle vient de l’île Maurice qui est anglaise.
L’île Maurice a des liens avec la France au niveau de la Réunion. Et donc ma grand-mère, visiblement, est arrivée à La Réunion sans papier, donc il n’y a pas de trace de son passage, je n’ai aucune idée de qui est ma famille sur l’île Maurice. Donc, comment on s’ancre historiquement, identitairement ? par rapport à cette histoire et l’histoire des femmes d’outre-mer qui est invisible ?
Cette histoire qui est fondamentalement pas traçable parce que les femmes, les femmes d’outre-mer sont le cœur de ce matrimoine comme on en discute et que nos grand-mères n’ont pas d’histoire parce que nos reines n’ont pas d’histoire et nos peuples n’ont pas eu le droit à cette histoire et on n’a pas le droit d’apprendre notre histoire.
Je sais vraiment que fondamentalement, le besoin de faire ces posts sur les femmes d’outre-mer est aussi né de ce besoin de se réancrer, de se réidentifier et de tracer ses lignées, comme disait Martine, de savoir qui on est et d’où on vient.
Quel a été votre cheminement pour faire cette quête identitaire ?
C’est très puissant ce que vous nous dites dans notre épisode femmes d’outre-mer et je vois que vous avez commencé ce chemin de quête identitaire et je le trouve vraiment beau et merci pour ce que vous faites. Mais je me demandais aussi, quel a été votre cheminement pour faire cette quête identitaire et jusqu’à produire les posts sur les femmes d’outre-mer que vous avez fait sur le calendrier de l’Avent avec Asli ?
Je vais faire à mon tour un petit femmage à Jessica Oublié qui est cette autrice qui a écrit Tropiques toxiques, Le scandale du chlordécone. C’est grâce à elle et son travail sur les femmes noires en France qu’elle a commencé. Après qu’il y a eu George Floyd, elle a commencé à se poser un questionnement pour raconter l’histoire des femmes noires et métisses de France.
Moi j’ai rejoint son projet et j’ai eu pendant un an des liens avec des femmes noires et métisses de France et on a partagé notre histoire justement. Et donc ce questionnement identitaire moi je le lis à Jessica parce que grâce à ces groupes de parole que j’ai pu faire en safe space avec des femmes qui me ressemblaient, j’ai pu avoir le courage de creuser et de demander à mes parents de vraiment d’assumer cette histoire et de dire on est qui et vers quoi on peut remonter.
C’est vrai que j’ai eu besoin de ces groupes de parole et que j’ai dû m’expatrier puisqu’il n’y avait pas de groupe de parole que je connaissais pour les jeunes femmes réunionnaises, les femmes d’outre-mer pour parler justement de notre histoire ou des problèmes communs qu’on pourrait rencontrer et donc je me sentais vraiment très seule dans justement mon identité, mon histoire et je ne savais pas où aller chercher et donc c’est en m’expatriant près de ces françaises noires et métisses que j’ai pu retrouver un bout de mon chemin.
Et grâce à ça comprendre que vraiment c’est la raison pour laquelle moi personnellement je suis toujours fascinée par les voyages, par on va dire aller dépasser des limites, aller autre part dans un territoire un peu inconnu c’est aussi peut-être grâce à mes grand-mères, ces femmes d’outre-mer qui elles aussi ont fait ça.
Et que mon envie et mon souhait de me battre contre le trafic d’êtres humains, surtout des femmes, pour les femmes qui viennent de minorités, d’histoires, on va dire de backgrounds minorisés, et bien il vient peut-être de là et c’est pour ça que j’ai une telle passion et que je suis légitime à avoir cette parole.
Parce qu’au au cœur de cette question de pourquoi j’ai cherché tout ça à défiler sur les femmes d’outre-mer, à filer ce fil, et bien c’était surtout parce qu’il fallait que je me sente légitime à porter ces paroles dans ma vie professionnelle. Tout est lié quelque part pour moi avec les femmes d’outre-mer.
Oui, ce côté congruent, je le partage aussi beaucoup, parce que je suis en train de réfléchir quand est-ce que ça a commencé, mais je crois que ça a toujours commencé, ça ne se termine pas, parce que ce que je suis, transparaît dans ce que je fais, que ce soit d’un point de vue associatif, d’un point de vue professionnel et d’engagement différent.
Je suis un peu plus âgée que Meyeti, et c’est vrai que je trouve ça hyper chouette que les jeunes de moins de 30 ans, mais à 12-13 ans de différence, ça fait une vraie différence, parce que moi j’ai beaucoup de gratitude quand je vois des filles de ta génération, des femmes de ta génération, des femmes d’outre-mer qui ont ces espaces sécures et qui peuvent se poser à votre âge en disant « ok, on a fait ce parcours, on est jeune, mais on est légitime à le faire parce qu’on a grandi en déconstruisant et reconstruisant la chose.
Sur ma génération, le rapport aux femmes d’outre-mer c’était un peu compliqué, parce que moi, ma mère, elle a 66 ans. Elle est très jeune, mais il y a un gap dans l’espace où elle a vécu, elle a grandi et moi. Elle était la fille aînée avec des garçons dans sa famille, par exemple, et c’était elle et sa sœur qui continuaient à aller à la rivière pour laver les vêtements des frères.
Et c’était surtout elle qui était assignée aux tâches domestiques en plus de devoir être bonne élève. Et quand on parlait des questions aussi d’identité et de comment on se situe par rapport à d’autres en tant que femme noire, maman quand elle était jeune, elle pensait que les blancs ne faisaient pas caca. Et ça c’est hyper important à poser. Ça peut paraître totalement prosaïque, mais elle pensait que les blancs n’allaient pas à la selle. Si c’était sale, c’était réservé au noir comme elle.
Et les Noirs comme elles, donc de la ville du port, qui était une ville où les Noirs après l’esclavage, l’abolution de l’esclavage, sont partis parce qu’il y avait du travail, quand ils ne voulaient pas continuer à travailler dans les champs et être redevables envers un ancien maître, donc beaucoup sont allés au port pour devenir docker et ont vécu dans des bidonvilles jusqu’à il n’y a pas longtemps.
Donc ces résorptions d’habitants insalubres et tout, c’est très récent et ça continue encore. Donc moi j’ai une maman qui était très bonne élève, qui est partie dans un collège un peu de blanc, donc à Saint-Denis, et où on lui demandait par exemple de faire des rédactions, de raconter des sorties à la montagne en forêt, et elle a raconté la forêt qu’elle voyait dans les livres. Et elle s’est fait sanctionner durement en disant qu’elle se moquait du monde.
Et la petite fille qui vient de son bidonville, qui essaie de bien faire son travail, est sanctionnée parce qu’elle n’a pas le même contexte culturel. Et donc maman n’a pas eu le droit de poursuivre ses études. Ses frères sont partis faire leurs études à Aix-Marseille, puisqu’il n’y avait pas d’université à La Réunion, il y avait ce rattachement à Aix-Marseille, et maman, mémé, lui a dit « Sois institutrice, ce sera déjà bien, pour toi en tant que mère ».
Alors qu’elle voulait plus, elle voulait être professeure, elle voulait tout ça, mais elle a été arrêtée dans son parcours parce qu’elle était femme. Elle a rencontré mon père et ils font partie des premiers couple-mixes aussi à La Réunion, donc papa blanc, pauvre, mais blanc quand même, et maman noire.
Et mémé du côté de papa, cette fois, quand elle était saoule, parce que mes grands-parents ont aussi une histoire en lien avec l’alcoolisme qui est très prévenant à La Réunion, en lien avec aussi la précarité, etc., disait à papa « mais si ça va pas, t’as qu’à aller rejoindre ta négresse ».
Donc mémé qui disait à papa d’aller rejoindre sa “négresse” qui était ma maman. Donc moi je grandis comme ça, où on sent bien qu’avec mémé on n’a pas la même relation que les autres cousins, cousines et tout, mais on ne met pas forcément de mots dessus. De là moi je pars, je vais faire mes études à Paris, et on me demande qu’est-ce que je suis ?
Je suis réunionnaise, faisant partie des femmes d’outre-mer mais vraiment c’était un « dialogue de sourds », et je dis aux gens « mais je ne comprends pas ce que vous me demandez », ouais mais tu n’es pas très noire, tu n’es pas très blanche, mais tu es quoi ? Je ne sais pas, je suis réunionnaise, j’ai un papa blanc, une maman noire, donc ton père il est français, ta mère est africaine. Non, je suis réunionnaise, parmi les femmes d’outre-mer et je suis restée butée comme ça. Je suis allée en Afrique, j’ai vécu au Burkina, au Tchad, et j’étais la blanche de service.
Et à un moment je me suis dit mais qu’est-ce que je suis ? Et je crois qu’effectivement toutes ces rencontres-là qui font un miroir t’amènent aussi à te questionner en disant « quelle est ta spécificité et qu’est-ce qui fait dans ton essence que ton parcours est tel qu’il est ? » Et le fait d’être femme et noire, parmi les femmes d’outre-mer apportent beaucoup d’explications. Et c’est horrible, parce que tu te dis « mais je ne suis pas que ça ».
Et en grandissant à La Réunion parmi les femmes d’outre-mer, moi j’avais pas cette histoire de couleur. On a des Chinois, on a des Arabes, des choses comme ça. On voit qu’il y a de la communauté, mais on n’a pas de couleur parce qu’on est tous réunionnais. Et c’est la confrontation à l’altérité et à l’extérieur, moi qui m’a menée à me dire « mais quelle est la place que j’occupe dans cette société du fait d’être une femme noire d’outre-mer ? ».
Et comment est-ce que ça définit ma place pour d’autres ? Comment définir l’espace que je peux occuper, la place que je peux convoiter ou même construire pour moi, compte tenu des normes sociales qui sont autour et de l’héritage des femmes d’outre-mer ?
Donc moi je pense que c’est vraiment là-dessus que ça s’est construit, et notamment parce que j’ai eu cette chance de bosser avec des femmes assez extraordinaires et des femmes d’outre-mer que ce soit au Tchad, à La Réunion, etc., et je me suis dit… et c’est souvent des femmes non blanches, et là je me suis dit « mais il y a aussi ça, on a des femmes puissantes.
Tu peux vouloir me définir en tant que femme, mais moi ce qui me définit c’est la mission et c’est ce que je fais sur ce territoire, à ce moment de ma vie, et ça ne doit pas être en frein. J’ai conscience que ça peut freiner, mais moi ce n’est pas un frein.
Comment trouver sa place dans la société ?
Merci pour vos témoignages à toutes les deux pour cet épisode les femmes d’outre-mer, enfin c’est vrai de ce que je comprends, malheureusement le racisme a une place énorme dans vos vies, dans vos héritages, et c’est vrai que moi c’est quelque chose que je ne comprends pas à titre personnel puisque on est juste des êtres humains, donc peu importe qu’on soit de couleurs de peau différentes, de religions différentes, on reste des êtres humains, on fait de chair, on a un cœur qui bat, on peut être amoureux, on peut avoir des amis.
Pour moi, c’est vrai que les différences devraient être tellement valorisées au lieu d’être pris comme de la peur et d’engendrer toute cette haine. C’est vrai que moi c’est quelque chose qui à chaque fois me sidère, mais plus que sidéré, je n’ai même pas les mots pour dire ça, mais je penserais tellement que le monde se porterait tellement mieux avec plus de bienveillance et plus d’empathie.
La société est vraiment très difficile. Et ça m’amène à une question, parce qu’en vous écoutant pour cet épisode les femmes d’outre-mer, ça m’a amené à penser, comment trouver sa place dans la société qui, peut être très compliquée, justement, avec par exemple, le racisme ou même plein d’autres choses, parce que malheureusement, dans ce bas monde, il y a mille et une façon de discriminer. Je me dis que ça peut être vraiment challengeant, encore plus quand on est à toutes ces intersections-là.
Alors j’ai essayé de faire une réponse très courte là-dessus, et là c’est vraiment un petit femmage aussi à Ericka Bareigts qui est la maire de la ville de Saint-Denis, et qui était ministre des outre-mer, secrétaire d’État et qui est réunionnaise, elle aussi parmi les femmes d’outre-mer et sur une discussion qu’on avait dernièrement, elle me disait « moi maintenant je vais là où on ne m’attend pas ». Et c’est quelque chose qui me correspond bien, c’est de dire « je suis là où je dois être et que tu m’y attendes ou pas, ce n’est pas grave.
Si c’est bon pour le parcours que je fais et pour ouvrir des chemins, je vais y être. Et je crois qu’il y a cette affaire de l’inscription dans « être une bonne ancêtre », c’est un peu comme ça que j’ai envie de le dire, parce que ma mère, comme femmes d’outre-mer a subi un certain nombre de choses à cette génération.
Et j’ai envie que le chemin qui s’ouvre, il soit plus simple pour des générations comme celle de Meyeti, comme des générations comme celle de ma fille, et que pour moi c’est une responsabilité qui est importante. C’est que j’accepte aujourd’hui de prendre des coups dans des espaces, d’y aller.
Parce que je sais que je suis capable de le supporter, parce que j’ai les outils et parce que j’ai aussi l’entourage qui va avec et qui me permet à un moment de me poser en disant « c’était dur là », je fais « vas-y pose-toi un moment », parce que là où je vais prendre des coups, ça sera moins fort pour celles qui viendront après, et c’est ok.
Je pense que moi personnellement je suis reconnaissante envers des femmes comme Martine qui nous ouvrent aussi un peu les portes et la voie. Et en même temps, je pense qu’aussi à mon échelle, je vois aussi celle de mes cousins-cousines qui sont plus jeunes et celle que j’aimerais aussi léguer à mes enfants dans le futur, la question de la légitimité, pour moi elle est 100% présente parce qu’il y a de la discrimination.
Parce qu’à chaque événement mine de rien on te fait quand même sentir que tu n’es pas censé être à ta place dans ces espaces que tu décides d’occuper et c’est un travail qui est très personnel et qui ne peut pas se faire seul.
Comme je vous l’ai dit, je suis reconnaissante parce qu’on a des mentors, des personnes qui nous ouvrent la voie et souvent c’est des femmes. Moi je sais que dans un milieu professionnel, je serais pas là si j’avais pas eu des femmes qui me disent tu veux faire un bon travail vas-y continue de le faire et va plus loin encore parce que tu as les capacités et ne laisse pas ce que la société te susurrer à l’oreille te limiter il y a d’autres espaces qu’on construit aussi mais où il y a toujours des femmes fortes pour nous ouvrir la voie que ce soit dans le milieu associatif, dans le milieu familial et aussi on doit se battre constamment contre des préjugés ou des limites imposées à soi-même.
Et donc la légitimité elle est à la fois à construire avec justement les personnes qui nous ont entouré et précédé et en même temps à arracher chaque jour pour ne pas se faire déstabiliser et parfois c’est assez dur et je pense qu’au milieu de tout ça il y a quand même l’espoir de dire : on regarde derrière son épaule et on voit les générations d’avant et ce que disait Martine, avant c’était des femmes esclaves du côté de mon père, c’était du côté de ma mère, des personnes qui réduisaient d’autres en esclavage, c’est ça cette histoire de métissage à La Réunion aussi, par rapport aux femmes d’outre-mer.
Et finalement au travers de toutes ces histoires différentes, il y a un point commun c’est que les femmes restent indénombrables, invisibilisées et toujours minorisées, discriminées. Notamment les femmes d’outre-mer. Et donc par rapport à ces générations, par rapport à ce que ma grand-mère a réussi à faire de sa vie, à ce que moi, ma mère a réussi à faire de sa vie, est-ce que je voudrais faire de la mienne ? On est obligé d’avoir de l’espoir et de se dire qu’on est légitime dans ces espaces, qu’on a envie de les occuper aussi parce qu’on le mérite. C’est incroyable. Mais quelque chose sur lequel on insiste c’est que ce sont des vies de combat.
Et ça demande de l’énergie, ça demande de la régularité, ça demande du soutien permanent, c’est un peu limite de ne jamais baisser la garde et d’être toujours en hypervigilance. Et c’est pour ça que c’est important d’avoir des safe places, pour pouvoir un moment juste se poser et se dire : j’ai juste besoin de me poser, là, j’ai plus envie d’être en mode combat et de sortir des crocs, parce que on est des femmes d’outre-mer racisées, mais on va aussi nous prêter le côté femme. Donc ça veut dire que femme de combat, hystérique, jamais contente, etc.
Donc ça veut dire qu’on doit prendre sur nous les préjugés qui sont liés à l’origine, au genre et à la couleur. Et ça fait vraiment ce côté intersectionnel qui demande d’être encore plus outillé, et je crois que l’idée c’est un peu ça aussi pour les femmes d’outre-mer.
À La Réunion, pour les femmes d’outre-mer, on dit qu’on a un peu la tête courbée, qu’on est un peu en mode guette à terre, c’est-à-dire qu’on regarde par terre et qu’on bat et qu’on demande en souplé pardon, et c’est le dire « non, non, c’est juste, je suis là et j’arrête de dire souplé pardon ».
Et j’arrête d’incarner cet héritage, parce que je pense aussi beaucoup à la mémoire des cellules, la mémoire de l’ADN et l’épigénétique, qui fait qu’on a une propension à la servitude, à la servilité, qui va être d’autant plus forte que l’environnement ne nous offre pas d’exemples et des espaces de se tenir debout.
De se tenir en homme debout, en femme debout, en femmes d’outre-mer debouts, et de regarder loin l’horizon, en disant « mon horizon, il n’est plus cassé, il n’est plus juste réduit à la barre d’immeuble qui est là et au projet que tu as fait pour moi, mais je suis capable de me lever et de bomber le torse et de regarder loin devant ».
Oui, c’est très important ce que tu nous dis dans cet épisode sur les femmes d’outre-mer, c’est vrai que c’est des bouts de combat et ça rappelle une citation de Simone de Beauvoir, enfin je ne l’ai plus exactement en tête, mais c’était du style il suffit d’une crise politique, économique, religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question, rien malheureusement n’est jamais acquis, tout peut toujours basculer, on ne sait jamais ce qui peut se passer.
C’est super ce que vous faites pour les femmes d’outre-mer, bravo, parce que ça inspire les générations à venir. De toute façon, on a besoin de rôles modèles qui font des choses impactantes pour pouvoir changer les choses. Il faut donner de l’espoir, parce que sans espoir, je pense qu’on n’a rien envie de faire. Alors que là, la façon dont le combat est mené et transmis, c’est hyper important.
Comment trouver des safes places ?
Et ça se me dit qu’on pense toujours à quelle planète on veut laisser à nos enfants. Mais il faut aussi se poser la question, quels enfants on veut laisser à cette planète. Et c’est important d’avoir de l’engagement. Et ça amène aussi à une autre question pour cet épisode les femmes d’outre-mer par rapport aux safes places. Comment fait-on en tant que femmes d’outre-mer pour trouver ces safe places ? Comment on fait si, par exemple, une personne qui nous écoute a besoin de safe place et comment elle peut s’y prendre ? Comment avez-vous fait pour trouver ces safes places pour les femmes d’outre-mer ?
Moi, en tant que jeune femme réunionnaise, parmi les femmes d’outre-mer, qui est racisée mais sur lequel on ne peut pas vraiment mettre une race ou deux, on peut en mettre quatre si vous voulez, du fait du métissage, je trouve que c’est très dur de trouver sa safe space parce que moi ce qui m’avait amené justement à intégrer le groupe de parole de femme avec Jessica Oublié c’était aussi parce que j’avais personne qui me ressemblait autour de moi en tant que femmes d’outre-mer.
Et ça, pour moi, c’est une réalité du métissage, une réalité de la conversation, une réalité qui est très ultramarine et potentiellement très réunionnaise. Je me garderai de parler pour d’autres territoires d’outre-mer. Mais nos métissages sont tellement différents que je vais être la seule à ressembler à moi-même en tant que femmes d’outre-mer.
Et par ailleurs, je n’ai jamais eu besoin de savoir à quoi je ressemblais avant de partir en France métropolitaine. Mais c’est quand même des questions auxquelles on n’arrive pas à échapper. Et donc, on a besoin de se créer un safe place et de se dire, il y a des questions, par exemple, de ma mère en tant que jeune femme, pour mon cas, ma mère elle peut pas répondre à ça parce que de toute façon elle est blanche et ne fait pas partie des femmes d’outre-mer. Et donc quand je lui parle de féminisme, elle me dit mais est-ce que vous avez besoin de féministes pour les jeunes femmes de la Réunion ? On ne veut pas juste être des femmes, juste des femmes d’outre-mer.
Et c’est normal parce qu’elle n’a pas appris à réfléchir comme une féministe, elle a appris à réfléchir comme quelqu’un qui voulait faire aussi bien que la vie pouvait lui permettre de faire et elle s’est battue pour là où elle est. Je suis hyper impressionnée par son parcours, mais forcément, elle n’a pas rencontré les mêmes réalités que moi.
Donc moi, je me suis retrouvée en tant que seule fille de la famille qui me ressemblait comme femmes d’outre-mer, avec une grand-mère qui était racisée d’une façon très différente de moi. Et de l’autre côté de ma famille, c’était aussi des gens blancs. Donc au final, j’étais un peu seule en tant que femmes d’outre-mer.
Et avoir un safe space, c’est avoir un safe space à se créer et je pense que maintenant on a les outils via les réseaux sociaux mais aussi il y a pour moi chaque espace est un espace politique, et donc les réseaux sociaux c’est aussi un départ de mouvement de se rassembler ensemble c’est la liberté d’association c’est vraiment important parce que ça veut dire qu’on peut se créer nos safe space que ce soit digital ou en personne. Ici pour les femmes d’outre-mer.
Ça permet justement de briser des barrières et d’avoir des conversations avec des gens qui nous ressemblent parce que dans nos territoires avoir cette conversation, dire moi je me sens hyper seule dans ce à quoi je ressemble, et je ne peux pas en discuter avec des gens autour de moi que je connais et qui je sais que serait très bienveillant mais juste ils comprennent pas ma réalité.
Et juste dire ça, ça peut être malvenu. Donc pouvoir briser un peu ces tabous et ces barrières via d’autres espaces qu’on peut se créer avec ici des femmes d’outre-mer, c’est hyper important. Et j’irais plutôt en faveur de la création de son propre espace.
Oui, il y a de la création, clairement, et je crois qu’il faut qu’on soit aligné avec le fait de dire qu’une « safe place » à un moment peut ne plus l’être à un autre moment, parce qu’on évolue dans notre déconstruction et reconstruction, et que ce dont on avait besoin à ce moment-là n’est plus ce dont on a besoin aujourd’hui.
Et pourquoi j’ai ça, c’est qu’on est sur de l’intersectionnalité, on ne peut pas adresser tous les enjeux en même temps parce qu’à un moment on va vraiment péter un câble, on devient schizophrène en disant « mais il y a ça, il y a ça et ça, mais qu’est-ce que je serais en premier ? » C’est juste, comme à la façon dont je chemine, d’abord d’une manière assez inconsciente et maintenant je suis capable de le dire, c’est que là où je sens qu’il y a trigger, c’est là où j’ai creusé et j’ai allé me poser un endroit pour avoir les clés.
Parce que mon fonctionnement demande à ce que je sois capable de poser un maximum de mots, un maximum de concepts, un maximum d’intellectualisations sur des choses, pour sortir de l’expérience qui abîme mes cellules. Et j’ai besoin de ce retour « intellectualisant ».
Moi pour ma part, pour comprendre les processus, pour comprendre ce qui se joue, et profiter du parcours que d’autres femmes d’outre-mer ont fait avant moi et qui sont un peu en avance, et donc qui ont déjà fait de la littérature et tout ça, et donc dans ces nouveaux espaces, et c’est souvent sur les réseaux sociaux que je les ai trouvés, j’arrive et je dis « il y a déjà ça, tac tac tac, ça me challenge un peu et tout », et en même temps ça me permet de dire « la ressource est là ».
Et je me nourris de là. Et je sais qu’après, il y a un moment où je vais totalement me couper de ces espaces-là, parce que c’est quelque chose d’autre qui est important pour moi, parce qu’effectivement j’ai aussi du mal à trouver ces espaces totalement intersectionnels.
Parce que c’est hyper compliqué de trouver des gens qui portent autant de choses de cette intersectionnalité, des femmes d’outre-mer. Et je me dis aussi que c’est hyper intéressant, parce que ça permet d’aller dans ces espaces où on va sur de la radicalité, et on pousse, on pousse, on pousse, on pousse, parce que c’est assez spécifique. J’ai eu accès à des réflexions hyper poussées sur une thématique, et c’était ok pour moi, parce que ça fonctionne bien pour moi comme ça.
Et quand je vois que ça c’est à peu près géré, ou que j’ai la ressource pour, il y a un autre espace que je suis allé co-créer, que j’ai co-construire, ou que je suis allée habiter pendant un moment. Et je crois que c’est important que les gens et que les femmes et les femmes d’outre-mer qui écoutent ça ne se disent pas « pour tout le temps je vais être dans cet espace-là ».
C’est que ça à un moment, le temps de soigner quelque chose, le temps de réparer quelque chose, le temps de déconstruire quelque chose, le temps de se poser à un moment, et que c’est ok à un moment de fermer la porte de cet espace-là, et d’aller ailleurs et de le faire sans culpabilité, en disant « ah mais je me suis nourrie à ce groupe-là, maintenant je pars, c’est pas juste et tout », non mais là on est aussi sur prendre soin de soi, et on est tout le temps dans le care, et le care en anglais c’est aussi le care créole,
Mais à un moment, il faut aussi prendre soin de soi d’un point de vue individuel, et que le collectif, c’est ok de le quitter pour continuer à se construire et à penser un peu son parcours.
Peut-être pour rebondir directement sur ton expérience en tant que femmes d’outre-mer, j’aime bien ton image de co-créer des espaces pour soi et aussi de continuer, on n’est pas une même personne toute sa vie et ça je pense que c’est quelque chose, pour moi quand j’étais jeune je n’avais pas compris ça ça m’a mis beaucoup de temps à comprendre, qu’on n’est pas une seule personne toute sa vie.
Et fondamentalement, par exemple, être jeune, s’identifier comme jeune, c’est l’identité number one qu‘on ne ressentira pas toute sa vie, mais autant pour laquelle c’est un espace de grande instabilité parce que justement, les gens qui prennent les décisions, ils sont plus jeunes. C’est un espace qu’on est amené justement à en voir la fin.
Et donc co-créer cet espace ça me fait penser aussi à la question de la légitimité et à la question de dire si je ne trouve pas l’espace qui me correspond parce qu’il n’existe pas, et bien j’ai aussi le droit de dire que mon identité ou la chose que je veux créer elle est légitime à exister parce qu’on soit personne d’autre n’a le même point de vue que moi.
Et c’est aussi de là que vient beaucoup cette légitimité, c’est de dire que dans quelques espaces que je sois, je suis la seule à avoir cette pensée-là. Mais ça ne veut pas dire que j’ai toute la science, ça veut juste dire que je suis la seule à penser de cette façon-là et que j’ai le droit d’apporter ma pierre à l’édifice et justement à co-construire cet espace qui est un peu safe
Intergénérationnel et femmes d’outre-mer
C’est très bien dit puisque j’ai l’impression qu’on est légitime parce qu’on est unique à sa manière et qu’il y a le côté intergénérationnel qui est hyper important pour qu’on puisse chacun et chacune s’apporter mutuellement des choses de ce qu’on n’a pas et justement on est très complémentaires et ça permet de créer des belles choses par la suite
Je trouve que les questions de la transgénérationnelle, elle est hyper importante aussi pour des espaces comme l’outre-mer, les femmes d’outre-mer où justement chaque génération est en train de construire un modèle différent de celle qui a été avant parce que justement contrairement à la métropole, il n’y a pas eu d’esclavage en métropole alors que là nos ancêtres ont dû sortir de cet état d’esclave, sortir de leur état d’engagisme, sortir de leur état de petits colons, sortir de leur état de réunionnais pauvres ou autre et qu’au final on arrive à une société qui est un peu construite comme réunionnaise mais où on a effacé un peu cette histoire et en même temps.
On a besoin de se l’avoir rappelé et de discuter avec des générations au-dessus pour voir que le féminisme réunionnais par les femmes d’outre-mer il n’a pas commencé tout seul, il n’a pas commencé avec les petites jeunes de 20 ans, il a commencé avec Martine, avec nos mères, avec nos grand-mères qui étaient déjà là et qui ont fait des trucs incroyables pour leur époque et qui sont toujours en train de le faire.
Oui, qui sont toujours en train de casser des plafonds. Ils sont toujours en train d’ouvrir des portes toujours et d’ouvrir de nouveaux horizons, parce que je pense qu’il y a quelque chose dont on ne parle pas assez sur les outre-mer, pour les femmes d’outre-mer en général, c’est qu’il y a un moment où collectivement il faut faire face au trauma collectif lié à la colonisation, lié à l’esclavage, lié aux relations asymétriques dans la société.
Mine de rien, la maman, ça reste cette fonction phorique qui tient à des espaces de socialisation domestique, et qu’elle doit faire accélérer un certain nombre de choses.
Et mine de rien, toutes les mères d’outre-mer, toutes les femmes d’outre-mer c’est ce qu’elles font, elles sont résilientes, elles font face à des conditions de vie qui sont hyper compliquées, et dans l’idée de « il faut que la prochaine génération ait des conditions qui soient meilleures que la mienne », et donc même si on va les considérer pas comme des actrices politiques, ce sont clairement des autrices de la politique et de comment on mène une cité.
Le mot de la fin sur “les femmes d’outre-mer”
C’est très puissant ce que tu nous dis sur les femmes d’outre-mer. C’est vrai que j’aurais aimé continuer encore davantage ma discussion avec vous sur les femmes d’outre-mer, mais vu que vous êtes deux, je me dis que c’est quand même mieux de se diriger doucement vers la conclusion de cet épisode sur les femmes d’outre-mer, comme ça vous pouvez toutes les deux nous partager vos points de vue sur les différentes questions que je pose toujours en fin d’épisode.
Par rapport à ça, par rapport à tout ce qu’on s’est dit, ce serait quoi le mot de la fin pour vous sur les femmes d’outre-mer ? De ce que je comprends avec Martine, tu parlais de résilience. Donc, si tu veux approfondir cet épisode sur les femmes d’outre-mer, Meyeti, si tu veux ajouter d’autres choses, n’hésite pas.
Pour moi, on a un défi culturel à relever, parce que la culture, c’est aussi ce qu’on se transmet, et c’est ce qui fait qu’on est et qui nous permet d’avoir cet ancrage pour pouvoir s’élever et se projeter. Et donc il y a cette idée de réussir à se reconnecter au savoir ancestral, écologique, à toute cette tradition orale, à tout ce qui n’est pas écrit, et ce qui est retenu par des femmes, ici les femmes d’outre-mer, souvent, et qu’elles ne pensaient pas assez puissant, assez fort, assez intelligent, assez normatif pour être transmis et qui pourtant permettent de créer ce lien, cette transmission.
Et pour moi, ça c’est quelque chose qui est hyper important, c’est donc créer ce côté « on va redécouvrir des choses, on se connecte à ça », ce qui nous permet d’adresser à la question décoloniale, pour savoir vers quel projet on veut créer collectivement et quelle place on donne à chacun en ne laissant personne derrière, et ce qui permet sur une troisième étape de repenser la formation et la transmission.
Qu’est-ce qu’on transmet, comment on transmet et à qui on transmet sur nos territoires pour permettre une résilience qui soit au temps du territoire, au temps de la société et au temps de l’individu.
Et pour moi la résilience est malheureusement un peu galvaudée, mais ça veut juste dire comment est-ce qu’on revient et on retrouve un équilibre qui soit acceptable pour continuer à avancer et à construire des choses.
C’est vrai que c’était hyper important ce que j’avais à dire, c’est pour ça. Moi je choisirais comme mot de la fin, en plus de résilience et tout ce que ça coûte comme réalité, aussi transgénérationnel. Pour moi, parce qu’on a besoin de transmission en tant que femmes d’outre-mer.
Et un élément qui est pour moi une base de réflexion sur les défis culturels, la transmission, c’est vraiment la question de la langue. Parce que je crois qu’il y a deux jours, il y a un artiste, qui a un journal local, qui publiait le pourcentage de personnes qui parlaient créole, réunionnais. Soit 50% qui l’utilisent tous les jours, 80% qui ne parlaient que créole, 8% qui ne parlait que français… Moi je fais partie des 8% qui ne parlent que français.
Parce qu’en tant que transmission générationnelle et culturelle, on a décidé que c’était la meilleure chose à m’offrir que de ne pas parler créole. Donc mes parents ont fait ce choix pour justement me léguer à un meilleur futur.
Je suis très reconnaissante, j’ai plein de belles choses avec ma langue française, mais maintenant je reviens vers cet ancrage identitaire et culturel que je n’ai pas pu avoir de ce côté-là qui est la langue créole. C’est très difficile d’apprendre le créole quand on ne l’a pas parlé. Si je le comprends très bien, c’est une autre chose que de parler vraiment cette langue. Et donc il y a plein de politiques qui sont mises en place actuellement au niveau régional et local pour encourager et pour mettre en avant la langue créole.
Et pour moi, d’un point de vue identitaire et culturel, la transmission de la langue doit être une politique qui est cruciale pour l’avenir. Parce que si on ne continue pas à encourager les familles à parler créole chez eux, et si on ne continue pas à encourager à parler créole dans l’espace de la République française à l’école et bien c’est une langue qui va être amenée à disparaître.
Et parce qu’elle fait déjà l’objet de tellement de violences parce qu’on dit que c’est pas une vraie langue parce qu’elle ressemble trop aux français déjà. Mais ça c’est parce qu’on a francisé le créole en tant que politique coloniale et donc pour le mot la fin il est vraiment vers cette transmission transgénérationnelle qui doit se faire à travers nos cultures, à travers nos histoires et nos histoires elles se racontent dans nos langues et donc gardons nos langues gardons notre passé et transmettons-le. Je pense que c’est la clé pour qu’on s’unisse ensemble pour un futur.
Sur cette question de la langue, parce que c’est vrai que Meyeti, tu mets le doigt sur quelque chose d’essentiel, c’est que quand une langue disparaît, toute une manière de concevoir le monde disparaît aussi. Et la langue, c’est aussi la garantie de cette pluralité, de cette diversité, de manière de considérer le monde, de considérer notre rapport aux choses, au temps, aux gens et aux autres qu’humains.
Et c’est hyper important que dans des espaces français, on puisse conserver cette manière de considérer le monde autrement, de faire société autrement, et ça demande peut-être de repenser comment est-ce qu’on fait peuple dans une république avec autant de signifiants, compte tenu de la diversité des langues, et là ce n’est pas que des outre-mer, mais aussi de la bretagne, du breton, des corses, des basques, etc.
Complètement. C’est vrai que c’était un sujet aussi très intéressant qu’il faudrait approfondir, donc peut-être qu’il faudrait que ça fasse l’objet d’un nouvel épisode de podcast, car c’est vrai, tout ce qui est rapport avec la langue, c’est passionnant.
Qui sont les femmes d’outre-mer qui vous inspirent ?
Pour continuer avec l’épisode et mes dernières questions, qui sont les femmes d’outre-mer qui vous inspirent ?
Moi j’ai commencé à comprendre qu’on avait le droit d’exister en tant que femme noire grâce à Christiane Taubira. Et je trouve ça incroyable qu’elle vienne de Guyane. Elle fait partie des femmes d’outre-mer. Donc voilà, je l’ai rencontré personnellement et ça a changé ma vie. Donc je suis hyper heureuse d’avoir pu faire ça. Et donc voilà, il y a plein d’autres femmes d’outre-mer qui m’ont inspirée. Il y a une des femmes d’outre-mer sur l’écran.
Oui je crois qu’il y a des femmes d’outre-mer comme Christiane Taubira, toutes ces femmes qui prennent leur place, mais je crois qu’il y a aussi pour moi toutes ces femmes qui, malgré les tentatives d’effacement, ont réussi à préserver les savoirs ancestraux, écologiques, indigènes.
Et pour moi ça fait vraiment partie, ça montre une force assez extraordinaire, continuer à perdurer, continuer à faire vivre quelque chose, quand bien même c’est en danger, parce qu’il y a quelque chose de viscéral à le garder et à le transmettre. Donc toutes ces détentrices de ce type de savoir.
Pour moi, ça rejoint la question du lien à la Terre, on parlait de transmission, de génération, de résilience, et c’est notre droit à la Terre, à notre droit, à notre chez nous, à notre langue et à notre histoire. C’est aussi ça, de repeupler notre terre de plantes comme il y en avait dans le jardin de nos grands-mères.
Oui, cet épisode sur les femmes d’outre-mer ça me donne l’idée d’un épisode sur l’écoféminisme, ce serait aussi essentiel en tout cas. Ça donne des idées de discuter, c’est ça qui est bien, qui est merveilleux.
Quelles ressources recommanderiez-vous ?
Et pour continuer la petite suite des questions, quelles ressources en lien avec les femmes d’outre-mer recommanderiez-vous aux personnes qui nous écoutent ?
Je crois qu’on en avait listé quelques-unes sur nos posts sur les femmes d’outre-mer. C’est vrai que, en tout cas, moi j’ai vu ces difficultés quand on a voulu faire ces posts-là sur les femmes d’outre-mer, c’est de compiler un maximum de ressources parce qu’elles sont hyper éloignées les unes des autres. Il y a des ouvrages un peu tout publics, des vies de combat autour de la place des femmes noires et tout, ça peut être de belles entrées, et ensuite se laisser peut-être la magie des rencontres et des recommandations.
Moi je sais qu’avec mon association, ce qu’on a essayé de commencer à mener comme action, c’est aussi une réflexion sur c’est quoi un féminisme des outre-mer ?, c’est quoi un féminisme réunionnais ? Est-ce lié aux femmes d’outre-mer ? comment on va définir tous ces termes pour recréer un féministe qui correspondrait à une réalité qui n’est pas métropolitaine, qui n’est pas afro-féministe, qui est tout à fait autochtone à nous-mêmes et indigène.
Comme on n’a pas cette base de ressources, on s’est rendu compte qu’on manquait de mots, on manquait de savoir comment nommer nos propres réalités. Mais une base, pour moi, c’est déjà, vous voyez, tout le travail de Jessica Oublié, parce que ça met en lumière une réalité des Outre-mer que beaucoup de Français ne connaissent pas sur le chlordécone, sur les pollutions liées à cet empire colonial français et à ses héritages.
Et il y a aussi tous les romans de Christiane Taubira et après effectivement comme dit Martine d‘aller creuser par soi-même selon les sujets qui nous intéressent parce que je pense que chaque sujet pour chaque territoire d’outre-mer doit être redéveloppé localement parce qu’on a besoin que nos réalités propres, on se les approprie, nos politiques des transports, nos politiques pour le futur écologique, nos politiques économiques, féminismes, tout doit être repensé pour nos niveaux locaux.
Que signifie le terme féminisme pour vous ?
Merci pour ces partages dans cet épisode sur les femmes d’outre-mer, on a besoin de curiosité pour approfondir et transmettre ce que je comprends. Que signifie le féminisme pour vous ?
Je crois que ça fait vraiment le lien avec ce que Meyeti vient de dire. Le féminisme peut être vu comme un gros mot. Si je devais essayer de le définir, c’est ce qui permet à chaque femme de se rapprocher au plus près de ce qu’elle est fondamentalement, sans les assignations de la société. Et pour moi, c’est ça ma définition en tant que femmes d’outre-mer.
C’est aussi un parcours individuel mais également dans une considération collective. C’est un cheminement, c’est un acte politique d’être au monde en disant qu’en tant que femme et en partageant mon formeté, le fait d’être femme avec d’autres femmes dans l’humanité, je ne peux pas juste me satisfaire de l’amélioration de ma condition.
Mon féminisme ira jusqu’à ce que chaque femme ait effectivement ce droit effectif de décider du parcours qu’elle veut être et de qui elle veut être. Et donc ça veut dire penser les colonisations, penser la décolonisation, penser les guerres, penser ces espaces aussi qui sont beaucoup moins démocratiques, beaucoup moins bienveillants.
Pour moi le féminisme c’est vraiment ça, ce sont des espaces qui nous obligent à penser les relations sociales, la transformation de la société, pour que chaque femme puisse se rapprocher au plus près de ce qu’elle est fondamentalement.
Je suis 100% d’accord, je vais plutôt utiliser des mots-clés rapidement. Pour moi le féminisme c’est une lutte, une joie, un espoir. C’est fondamental. Comme tu dis Martine, parce que si on n’est pas féministe, c’est-à-dire si on ne lutte pas pour la libération de chacune, de faire choix , d’être au monde et de choisir comment être au monde, je ne vois pas comment continuer d’avancer dans la vie. C’est une beauté, un tout.
Qui aimeriez-vous voir au micro de Matrimoine Féministe ?
Je rejoins complètement vos définitions, merci de les avoir partagées dans le cadre de cet épisode sur les femmes d’outre-mer. Et la dernière question de l’épisode sur les femmes d’outre-mer, qui est-ce que vous aimeriez voir au micro de Matrimoine Féministe ?
J’avais réfléchi, j’avais des réponses, et là avec nos discussions, je reviens sur les femmes détentrices de savoir. Je crois que c’est hyper important, parce qu’en plus il y a cette tradition orale, qu’elles puissent être sur ce type de podcast, parce que ça donne aussi notre façon d’entendre le matrimoine.
C’est-à-dire que concrètement, on intellectualise ce qu’on dit, en tout cas moi là d’où je me situe, mine de rien, même si je reste ancrée, et pour moi j’aurais vraiment aussi envie d’entendre ces femmes, parce que ça permet de capitaliser, de documenter et de les garder, de les transmettre au plus grand nombre, ces sagesse matrimoniale des femmes, des outre-mers, des femmes, des peuples autochtones, des gens du voyage, avec ce formidable collectif Da So Vas, des femmes du voyage vers Lille, par exemple, parce que ça nous donne des images d’autres façons d’être femmes, d’être mères et de transmettre ce matrimoine.
Moi j’adorerai avoir une discussion autour de la maternité ultramarine. J’ai l’impression que le fait de donner naissance et d’avoir de devenir mère, ça nous change fondamentalement. Et l’UNESCO a reconnu que les femmes des Outre-mer avaient des savoirs ancestraux sur la maternité et moi j’adorerais connaître ces personnes qui ont donné ces clés de savoir à l’UNESCO qui les a enregistrés comme un trésor immatériel de l’humanité et j’aimerais qu’on les interroge et qu’elles nous disent culturellement signification il y a derrière tout ça.
Parce qu’on enfante un nouveau monde j’ai l’impression à chaque fois et j’aimerais aussi avoir au micro des filles, des jeunes femmes vraiment parce que je pense que la voix des enfants est cruciale aussi pour construire le monde d’après. Et qu’on doit entendre leurs espoirs déjà et qu’ils ne sont pas à mettre de côté parce que dans toute leur beauté, leurs mots simples, ils ont toujours des choses belles à nous dire. Je pense que ce serait intéressant de les inclure dans cette discussion.
Merci pour ces partages. En tout cas, je me note de chercher des invités, des filles et des femmes, détentrice de savoirs, ancestraux, ces femmes d’outre-mer parce que c’est important de montrer la pluralité du féminisme, qu’il y a mille et une façons de l’être et de donner des rôles modèles tout simplement aux personnes qui vont nous écouter.
Merci beaucoup pour ce moment avec les femmes d’outre-mer. C’était vraiment très chouette, cette discussion s’est passée très vite, comme avec tous les épisodes de Matrimoine Féministe.
Merci beaucoup pour cet épisode sur les femmes d’outre-mer.
Merci à toi de créer ces espaces. Ravie d’avoir pu participer à ton épisode sur les femmes d’outre-mer.
Avec plaisir, c’est normal, c’est ma mission de vie en tout cas, celle que je me suis décidée. En tout cas, merci également aux personnes qui ont écouté jusqu’au bout l’épisode sur les femmes d’outre-mer et je vous dis à la prochaine pour un prochain épisode. Ciao ciao !
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Les sources de l’épisode “les femmes d’outre-mer”
Norme, privilèges et inégalités | Martine Nourry | TEDxSaintDenisWomen
Les rôles modèles et ressources mises en avant
- Christiane Taubira
- Les femmes d’outre-mer
- Toutes les femmes qui prennent leur place
- Toutes ces femmes qui, malgré les tentatives d’effacement, ont réussi à préserver les savoirs ancestraux, écologiques, indigènes.
- Le calendrier de l’avent digital sur les femmes d’outre-mer de Martine Nourry et Meyeti Payet sur le compte de Asli Ciyow.
Retrouvez mes invitées de l’épisode les femmes d’outre-mer
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