Les clés pour vivre une sexualité libre et consciente avec Aina Razafini-Manana

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Sommaire

Bonjour et bienvenue à toutes celles et ceux qui nous écoutent dans ce podcast hebdomadaire. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’être en compagnie de Aina Razafini-Manana, avec qui nous allons explorer les clés pour vivre une sexualité libre et consciente.

Avant de commencer, je tiens à rendre hommage à Clémence Mouelé-Moukouri, présidente de l’association Find Yourself. C’est grâce à elle que j’ai eu l’opportunité de rencontrer Aina. Une rencontre qui semblait presque irréelle, car je suivais déjà son travail sur les réseaux sociaux et j’appréciais énormément ses contenus. Pouvoir échanger aujourd’hui en personne est donc une belle opportunité.

Aina, je te laisse te présenter comme tu le souhaites.

Bonjour Esthel, je suis ravie d’être avec toi aujourd’hui. Cette rencontre est précieuse, et j’admire également ton travail. Le projet que tu portes autour de la féminité et de l’intimité est, selon moi, d’intérêt public.

Je m’appelle Aina, j’ai 34 ans et je suis sexothérapeute ainsi que coach en neurosciences. Mon rôle est d’accompagner toutes les personnes, femmes comme hommes, qui rencontrent des difficultés dans leurs relations, qu’elles soient intimes ou affectives. Beaucoup cherchent à comprendre les schémas relationnels qu’ils répètent inconsciemment.

Transformer ces schémas est un véritable défi. Mon travail consiste justement à aider chacun à déconstruire et reconstruire ses schémas relationnels afin de créer des relations stables et épanouissantes.

Mon approche repose sur trois piliers fondamentaux :

  • L’esprit
  • Le corps
  • Le mental

C’est une vision globale et holistique de l’accompagnement, qui permet de travailler en profondeur sur la connaissance de soi et l’alignement personnel.

Définition d’une sexualité libre et consciente

Ce que tu expliques est passionnant, car cela touche au développement personnel et à la construction de soi. Comprendre qui nous sommes permet ensuite de définir nos limites, notre place dans la société et, bien sûr, notre sexualité.

J’aime commencer mes épisodes en définissant les termes clés. Selon toi, qu’est-ce qu’une sexualité libre et consciente ?

C’est une excellente question, car la liberté est propre à chacunUne sexualité libre et consciente repose sur deux notions essentielles :

  1. La conscience : Il s’agit d’un véritable éveil. Comprendre quelle est notre sexualité, comment elle se manifeste, et surtout, comment elle nous correspond.
  2. L’alignement : Une sexualité consciente est celle qui est en accord avec nos désirs, nos valeurs et notre bien-être.

Cela peut être un partage avec l’autre, mais aussi une reconnexion à soi. Ce qui importe, c’est d’être aligné avec sa propre vision de la sexualité, que ce soit dans une relation de couple ou en tant qu’individu.

Comment trouver une sexualité qui nous correspond ?

Ce que tu dis est très éclairant. Mais comment fait-on pour trouver une sexualité qui nous correspond ? Ce n’est pas toujours évident, d’autant plus qu’il existe une grande diversité de sexualités. Expérimenter est essentiel, mais comment savoir à l’avance ce qui nous attire si nous n’avons jamais eu l’occasion de le découvrir ?

C’est une interrogation qui revient souvent. D’ailleurs, beaucoup de personnes qui viennent me consulter me posent cette question.

Dans un monde idéal, nous aurions une réponse immédiate et précise à cette interrogation. Mais en réalité, il n’y a pas de méthode unique. Il existe différents types de sexualité, qui évoluent au fil du temps et des transformations sociétales.

Alors, comment savoir ce qui nous correspond ? Voici trois étapes essentielles :

  1. Se connaître : La première étape est de faire un travail sur soi. Comprendre nos désirs, nos peurs, nos attentes.
  2. S’instruire : Il est important d’explorer ce qui existe. La culture, les échanges, la lecture permettent d’élargir notre vision.
  3. Pratiquer l’introspection : Nos expériences passées influencent notre rapport à la sexualité. Il est essentiel de déconstruire certains schémas pour avancer.

Cette démarche demande du temps et de la bienveillance envers soi-même.

Merci beaucoup Aina pour ces explications. Elles apportent une vraie réflexion sur la sexualité et permettent de mieux comprendre l’importance d’être en harmonie avec soi-même.

S’éduquer à la sexualité et déconstruire les tabous

De la théorie à la pratique : un passage essentiel

Ensuite, il y a un aspect fondamental : la pratique. Beaucoup de personnes accumulent des connaissances théoriques, lisent énormément sur la sexualité, explorent des ressources variées… Mais il y a une différence essentielle entre savoir et comprendre.

C’est un point que je travaille beaucoup en thérapie : comment intégrer réellement ces connaissances ? Ce n’est pas parce qu’on a lu ou entendu quelque chose que cela résonne en nous ou correspond à notre réalité. L’essentiel est donc de trouver sa propre définition de la sexualité qui nous correspond pleinement.

Comment s’éduquer à la sexualité ?

Ta réflexion est très intéressante et soulève une question importante. Comment s’éduquer à la sexualité ? Certains couples, par exemple, peuvent ressentir une certaine routine, en restant dans les mêmes pratiques sans oser sortir de leur zone de confort. Lorsqu’on est habitué à quelque chose qui nous convient, il peut être difficile d’explorer d’autres aspects.

Oui, absolument ! L’éducation à la sexualité peut se faire de multiples façons. Aujourd’hui, nous avons accès à une multitude de ressources :

  • Internet offre des articles, des forums, et des vidéos éducatives.
  • Les podcasts (comme le tien !) permettent d’aborder des sujets de manière plus intime et authentique.
  • Les livres et les ouvrages spécialisés fournissent une approche plus approfondie.

Il y a encore quelques années, les ressources sur la sexualité étaient rares. Les bibliothèques ne proposaient que peu d’ouvrages sur l’éducation affective et sexuelle. Heureusement, les choses évoluent et la parole se libère.

L’apprentissage peut aussi passer par les échanges avec nos proches. Discuter avec des amis permet parfois de découvrir des perspectives nouvelles et d’identifier ce qui nous attire ou non. La communication joue un rôle central dans cette démarche : échanger avec les autres, mais aussi communiquer avec soi-même.

On peut également explorer sa propre sensorialité, en prenant le temps de se reconnecter à son corps, de comprendre ses ressentis et ses envies.

Enfin, il est essentiel d’avoir une ouverture d’esprit. L’éducation demande une certaine disposition au changement, car découvrir de nouvelles choses peut être intimidant. Sortir de sa zone de confort est parfois nécessaire pour évoluer et mieux comprendre sa propre sexualité.

Le rapport au corps et la place du plaisir dans la sexualité

Ce que tu dis est extrêmement enrichissant. Cela me fait penser à un autre point essentiel : le rapport au corps. Dans notre société, il semble de plus en plus difficile d’écouter son corps et de lui faire confiance. Nous sommes en permanence plongé·es dans une logique de performance, où il faut réussir, être efficace, atteindre des objectifs… Ce rythme nous déconnecte de nous-mêmes.

Face à cette multitude de choix et de stimulations, il devient parfois compliqué de se recentrer sur soi, d’apprendre à se faire du bien sans culpabilité. J’ai même l’impression que pour les femmes, certaines pratiques comme la masturbation restent encore taboues. Alors que ce devrait être un moyen naturel d’explorer sa sexualité.

Tout à fait. Et j’irais même plus loin. Historiquement, les femmes ont subi une répression importante autour de leur sexualité. Pendant longtemps, l’idée dominante était que la sexualité féminine devait être liée uniquement à la reproduction et non au plaisir. Ce n’est pas un hasard si la révolution sexuelle des années 60 a été un moment clé pour revendiquer une autre vision de la sexualité.

Aujourd’hui, nous avons une nouvelle approche. Nous commençons à poser les bonnes questions, à repenser ce qu’est une sexualité épanouie et libre. Mais nous sommes encore dans une période de transition.

Un exemple révélateur : ce n’est qu’en 2017 que les manuels scolaires ont commencé à représenter correctement l’anatomie génitale féminine. Cela montre bien à quel point nous avons été privés d’une véritable éducation à la sexualité.

Il est donc essentiel de continuer à démystifier ces sujets, à encourager la transmission de savoirs fiables et accessibles sur la sexualité, afin que chacun et chacune puisse se réapproprier son propre corps et son propre désir.

Entre surcharge d’informations et manque de repères : comment trouver sa propre sexualité ?

Un paradoxe moderne : trop peu d’informations hier, trop d’informations aujourd’hui

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où tout est accessible rapidement. Tu parlais du téléphone et de la multitude d’informations auxquelles nous avons accès instantanément. Beaucoup de gens pensent que si l’on s’intéresse à la sexualité, il suffit de chercher pour avoir toutes les réponses immédiatement.

Mais la réalité est bien différente. Il existe encore peu d’informations claires et structurées sur la sexualité. Nous sommes habitué·es à une action-réaction immédiate, mais dans ce domaine, l’apprentissage prend du temps. De plus, il n’existe aucune règle universelle : chaque individu construit sa propre vision de la sexualité, influencée par son éducation, son vécu et son environnement.

L’histoire joue aussi un rôle majeur. Entre les traditions, les croyances religieuses et l’association entre la femme et la pureté, l’accès à une éducation ouverte sur la sexualité a longtemps été entravé. Toutes ces barrières rendent encore aujourd’hui complexe la découverte de ce qui nous correspond vraiment.

Trop d’informations, un autre frein à l’épanouissement

À l’inverse, nous faisons maintenant face à une surabondance d’informations. On est passé d’un vide total à un excès, où chacun peut donner son avis, partager son expérience ou imposer une vision de la sexualité.

Ce contraste est déroutant :

  • Hier, la sexualité était un sujet tabou, réservé à la sphère intime.
  • Aujourd’hui, on trouve des milliers de contenus, parfois contradictoires.

Alors, où se situe la vérité ? Comment savoir ce qui nous correspond vraiment ? C’est l’un des défis majeurs de notre époque : trouver un équilibre entre ouverture et repères solides.

Construire sa confiance en soi et assumer ses préférences

C’est un vrai paradoxe. Nous avons accès à toutes ces informations, mais il est difficile de trouver son propre chemin. En plus, à l’école, on ne nous apprend pas à nous faire confiance. Il est donc parfois compliqué d’oser affirmer ses préférences. Comment peut-on prendre confiance dans sa sexualité et assumer pleinement ce qui nous plaît, même lorsque cela sort des normes établies ?

C’est une excellente question. Déjà, s’accepter soi-même, c’est apprendre à assumer ses goûts et ses désirs. Mais entre la théorie et la pratique, il y a une grande différence.

L’un des éléments essentiels est le détachement. Se libérer de ce que l’on croit être la norme est un premier pas vers une sexualité épanouie. Nous avons tous et toutes grandi avec des standards imposés, notamment par la société et la pornographie.

Le détachement nous permet de comprendre que :

  • Chaque corps est différent, et il n’y a pas une seule manière d’être attirant ou désirable.
  • Chaque plaisir est unique, ce qui fonctionne pour une personne ne conviendra pas forcément à une autre.
  • Chaque sexualité est légitime, et il existe une multitude de pratiques et d’orientations valides.

Changer de perception sur ce qui est considéré comme « normal » est libérateur. Lorsque l’on s’autorise à voir la diversité comme une richesse, on réalise que nos préférences existent et sont partagées par d’autres.

Dépasser ses blocages et déconstruire les schémas limitants

Mais parfois, ce changement de vision ne suffit pas. Nous avons tous et toutes des peurs et des blessures profondes, ancrées dans notre système nerveux. Ces blocages peuvent freiner l’acceptation de soi et empêcher de gagner en confiance sexuelle.

C’est ici que l’accompagnement thérapeutique peut être précieux. Parfois, il ne s’agit pas seulement de changer son état d’esprit, mais d’aller plus en profondeur pour déconstruire des croyances limitantes et se réapproprier son rapport à la sexualité.

Comment se déroule un accompagnement en sexothérapie ?

Justement, comment accompagnes-tu les femmes et les hommes qui rencontrent ces blocages et n’arrivent pas à s’en libérer ?

Il faut d’abord comprendre que le travail sur soi est un processus de long terme. On peut le comparer à la musculation :

  • Au début, les résultats sont subtils, mais on sent un changement intérieur.
  • Avec le temps et la régularité, on gagne en assurance et en bien-être.
  • Mais si l’on arrête de travailler sur soi, les anciennes habitudes peuvent reprendre le dessus.

Mon approche repose sur plusieurs étapes clés :

  1. L’écoute et l’analyse des blocages : comprendre quelles expériences ont façonné la vision de la sexualité de la personne.
  2. La déconstruction des croyances limitantes : identifier les idées reçues qui empêchent d’accéder à une sexualité épanouie.
  3. La reconnexion à soi : explorer ses sensations, ses désirs et apprendre à s’écouter sans jugement.
  4. Le passage à l’action : mettre en place des pratiques concrètes pour intégrer ces apprentissages au quotidien.

Ce processus aide à reprendre le pouvoir sur sa sexualité et à gagner confiance en soi, sans culpabilité ni pression extérieure.

Comment transformer son rapport à la sexualité ?

Un travail sur soi de long terme

Lorsqu’on travaille sur soi, les résultats ne sont pas toujours immédiats. C’est comme la musculation : au début, les changements sont subtils, mais avec le temps, ils deviennent visibles et impactants. Cependant, si l’on arrête le travail sur soi, certaines choses peuvent stagner ou régresser.

L’essentiel est de continuer à avancer, à son rythme, car chaque effort mène à une transformation, qu’elle soit rapide ou progressive.

Comment fonctionne un accompagnement en sexothérapie ?

J’accompagne les personnes à travers deux formats :

  • Des consultations à l’unité pour des problématiques ponctuelles.
  • Un accompagnement sur six mois pour un travail plus en profondeur.

Dans ces accompagnements, nous explorons l’histoire personnelle de chacun, car nos expériences de vie laissent des empreintes sexuelles. Ces empreintes influencent nos mécanismes inconscients, nos schémas relationnels et nos préférences.

Si une personne est alignée avec ses désirs, nous travaillons sur la confiance en soi et la perception de sa propre sexualité. Sinon, nous explorons ensemble comment déconstruire ce qui freine son épanouissement.

Trois axes essentiels : le mental, le corps et l’esprit

Mon approche repose sur trois composantes essentielles :

  1. Le mental : Il influence nos pensées et nos croyances. Certaines pensées limitantes empêchent d’oser ou d’évoluer dans sa sexualité. Travailler sur cet aspect aide à déconstruire les blocages et à gagner en liberté.
  2. Le corps : Nos émotions et expériences laissent des mémoires corporelles. Certains blocages physiques proviennent d’expériences passées non résolues. L’écoute du corps est essentielle pour avancer.
  3. L’esprit : Il englobe nos désirs profonds, nos aspirations et la connexion que nous avons avec nous-mêmes. Parfois, nos pensées ne sont pas en accord avec ce que nous voulons réellement.

En travaillant sur ces trois niveaux, nous permettons une véritable transformation intérieure et sexuelle, en accord avec ce que chacun souhaite pour son propre bien-être.

La sexualité et le lien entre corps et émotions

J’ai l’impression que notre intérieur reflète notre extérieur. Lorsqu’on se sent bien intérieurement, cela se projette dans nos relations et notre sexualité. C’est un processus d’alignement entre énergie et sensualité.

Cela me fait penser à un élément que tu avais mentionné : la danse. Est-ce que la danse peut être un moyen de travailler sa sexualité ?

Pour certaines personnes, oui. La danse est une thérapie en soi et de nombreuses pratiques, comme l’art-thérapie, intègrent le mouvement corporel pour libérer les émotions.

Le mouvement est une clé importante dans le travail sur le corps et les émotions. Dans le tantra, par exemple, le mouvement est utilisé pour faire circuler l’énergie et débloquer certaines tensions.

Les émotions sont à la base de nos relations. Étymologiquement, le mot « émotion » vient du latin motio, qui signifie mouvement. Une émotion doit circuler pour être libérée.

C’est pourquoi la danse peut être un excellent moyen de :

  • Se reconnecter à son corps.
  • Développer sa sensualité et sa confiance en soi.
  • Comprendre ses émotions et les réguler.

Cependant, la danse ne convient pas à tout le monde. Certaines personnes préfèreront d’autres outils pour se reconnecter à leur sexualité, selon leur propre sensibilité et niveau de confort.

L’impact du regard des autres sur la confiance en soi

Ce que tu dis est très intéressant. Mais il me semble que notre rapport au corps est aussi influencé par la comparaison avec les autres. Beaucoup de personnes n’aiment pas leur corps parce qu’elles se comparent en permanence à des standards irréalistes.

J’ai l’impression que ce phénomène est particulièrement pesant pour les femmes, qui subissent des pressions esthétiques constantes. Cette comparaison permanente peut fragiliser l’estime de soi et impacter la manière dont on vit sa sexualité.

Tout à fait. Le regard des autres influence grandement notre perception de nous-mêmes. Nous vivons dans une société où les corps sont souvent idéalisés à travers les médias et les réseaux sociaux.

Cela pousse à une forme de dévalorisation de soi, où l’on pense ne pas être assez bien, assez désirable, assez séduisant·e… Ce qui peut générer un véritable blocage sexuel.

Le défi est donc d’apprendre à se recentrer sur soi, au lieu de toujours chercher la validation extérieure. Chaque corps est unique et légitime, et c’est en l’acceptant que l’on peut se sentir pleinement en confiance dans sa sexualité.

La performance et la comparaison : des obstacles à une sexualité épanouie

L’impact de la société sur l’identité sexuelle

Ce que tu dis, Estelle, me fait penser à un point essentiel : la manière dont notre société façonne notre identité sexuelle. Bien sûr, il ne s’agit pas de tout lui attribuer, mais elle joue un rôle majeur dans notre éducation sexuelle et notre perception de nous-mêmes.

Lorsque nous parlons de sexualité, nous parlons aussi d’identité sexuelle. Or, nous grandissons dans un système de comparaison constante. Dès l’école, nous devons obtenir les meilleures notes, être dans la moyenne, suivre un parcours valorisé. Plus tard, dans le monde professionnel, la logique est la même : pour réussir, il faut avoir fait la bonne école, avoir les bonnes références.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux amplifient encore ce phénomène. Ils nous exposent en permanence à des standards de beauté et de corps idéalisés. On a l’impression que tout le monde va à la salle de sport, que tout le monde a un corps parfait, qu’on retrouve ce même idéal dans la pornographie et dans les médias.

Tout cela contribue à façonner un prisme biaisé de la sexualité et du corps. Cette quête de perfection et de performance est omniprésente.

La sexualité sous pression : une recherche constante d’excellence

Cette logique de performance ne s’arrête pas aux études ou au travail, elle s’étend aussi à la sexualité. Nous avons intégré inconsciemment l’idée qu’il faut être le meilleur partenaire, le plus séduisant, le plus performant au lit.

Dans notre culture, tout est basé sur l’idée que pour être choisi, il faut être le meilleur :

  • Meilleur physiquement, en se conformant aux standards en vigueur.
  • Meilleur émotionnellement, pour plaire et être désiré.
  • Meilleur sexuellement, en répondant aux attentes implicites dictées par la société et les médias.

Cela crée une pression énorme et renforce l’idée que, pour être aimé et désiré, il faut cocher toutes les cases.

Nous sommes conditionné·es à rechercher la validation des autres et à nous comparer. Or, cette comparaison permanente empêche d’être pleinement soi-même et de vivre une sexualité alignée avec ses propres désirs et ressentis.

La peur de l’échec et du rejet

Je suis totalement en phase avec ce que tu dis. On grandit avec cette pression sociale de réussir et, inévitablement, cela nous pousse aussi à nous auto-saboter. Trouver son propre chemin dans un monde où tout le monde est censé réussir est un vrai défi.

Cela rejoint aussi la peur de l’échec. Parce qu’on voit la performance partout, ne pas y parvenir devient une source de frustration. Par exemple, si l’on ne ressent pas de plaisir lors d’un rapport sexuel, ou si l’on n’atteint pas l’orgasme, on peut se dire :
« Pourquoi ça ne marche pas pour moi alors que les autres y arrivent très bien ? »

On finit par croire que l’on a un problème, alors qu’en réalité, la sexualité est un chemin personnel et unique.

Exactement. Cette peur de l’échec est souvent liée à la peur du rejet. Depuis toujours, nous avons associé l’échec au rejet social.

Dans certaines familles et cultures, échouer, ce n’est pas être à la hauteur. On grandit avec l’idée que si l’on n’excelle pas, on ne sera pas accepté. Et cette peur s’ancre profondément dans notre psychisme.

Il y a aussi une autre notion forte : la honte. L’échec est parfois vécu comme une humiliation. C’est un poids qui peut être très difficile à porter, surtout dans le cadre de la sexualité, où tout devrait être naturel et fluide… mais où la réalité est souvent bien plus complexe.

La honte et son origine profonde

Cela me rappelle un point intéressant abordé par Nathalie Giraud, une sexothérapeute que j’apprécie beaucoup. Elle parle de l’expression « mourir de honte », qui trouve son origine dans notre histoire.

Autrefois, dans les sociétés tribales, ne pas coller aux valeurs du groupe pouvait mener à l’exclusion. Or, à l’époque, être exclu d’une tribu signifiait un danger de mort. L’humain étant un être social, son survie dépendait de son appartenance au groupe.

Cette peur ancestrale de l’exclusion et du rejet existe encore aujourd’hui, bien que sous une forme différente. Nous avons intégré l’idée que ne pas réussir, ne pas être désiré, ne pas performer… c’est risquer d’être mis à l’écart.

C’est pourquoi il est essentiel de déconstruire cette peur et d’apprendre à s’autoriser à être soi-même, sans chercher constamment à répondre à des attentes extérieures.

La peur du rejet et son impact sur la sexualité

Pourquoi la peur du rejet est-elle si profondément ancrée en nous ?

Ce que tu dis, Esthel, me fait penser à une réalité ancestrale. Autrefois, être rejeté d’une tribu signifiait être livré à soi-même, sans protection, face aux dangers extérieurs. À cette époque, l’appartenance à un groupe était une question de survie.

C’est pourquoi, aujourd’hui encore, la peur du rejet est associée à une peur existentielle profonde. Nous avons hérité de ce schéma : être rejeté peut être vécu comme une menace, une mise à l’écart, une exclusion qui renvoie à cette ancienne idée de « mourir seul ».

Dans la pyramide de Maslow, qui classe les besoins humains, le besoin d’appartenance arrive juste après les besoins physiologiques de base (manger, dormir, survivre). Ce n’est pas un hasard : être accepté par un groupe est un besoin fondamental.

Pourquoi est-il si difficile d’être pleinement soi-même ?

C’est pour cela que tant de personnes ont du mal à s’affirmer. Elles préfèrent rester dans leur zone de confort, même si cela signifie renoncer à une partie de leur identité.

Il est parfois plus facile de se conformer aux attentes extérieures que de s’autoriser à être différent. L’incertitude fait peur, car elle nous confronte au risque d’être rejeté.

Ça me fait penser aux personnes trans. Elles possèdent une identité propre, mais la société peine souvent à la reconnaître. Leur démarche d’affirmation est essentielle pour leur bien-être, mais elle s’accompagne souvent d’un rejet social et d’une souffrance supplémentaire. Être soi-même est un combat, notamment lorsque la société ne valide pas notre existence.

Exactement. Il est très difficile d’assumer une identité lorsque celle-ci est marginalisée ou incomprise. L’inconnu fait peur à beaucoup de gens, et cela entraîne des résistances face à ce qui sort des normes établies.

Cela rejoint un point fondamental : l’humain cherche toujours à maîtriser ce qu’il ne comprend pas. Cette peur de l’imprévu alimente de nombreuses tensions, que ce soit dans nos relations ou dans des enjeux sociaux plus larges.

La peur de la mort et son influence sur nos choix de vie

La peur de l’inconnu me fait aussi penser à la peur de la mort. Nous avons tendance à vouloir tout contrôler, car l’idée de perdre le contrôle est angoissante.

C’est la peur principale qui guide inconsciemment beaucoup de nos comportements. Certaines personnes passent tellement de temps à anticiper la mort, qu’elles finissent par ne plus vivre pleinement.

L’un des plus grands défis est d’accepter cette réalité inévitable sans qu’elle ne nous empêche de profiter du présent. Il ne s’agit pas d’ignorer la peur, mais d’apprendre à vivre avec.

Un exercice souvent proposé en thérapie consiste à se poser une question simple, mais puissante :

Comment aimerais-tu que l’on se souvienne de toi le jour de ton enterrement ?

Que souhaites-tu que tes proches disent de toi ? Veux-tu qu’ils retiennent ton courageta bienveillanceton engagement ?

Cette réflexion permet de donner du sens à notre vie. Elle nous pousse à faire des choix alignés avec nos valeurs, plutôt que de nous laisser guider par la peur.

Construire sa propre sexualité au fil du temps

Pour être présent pour les autres, il faut d’abord être bien avec soi-même. Cela commence par se poser les bonnes questions :

  • Qu’est-ce que je veux vraiment dans ma sexualité ?
  • Qu’est-ce que je cherche dans mes relations amoureuses ?
  • Quel sens ai-je envie de donner à ma vie ?

Ce qui est fascinant (et parfois déstabilisant), c’est que ces réponses évoluent au fil du temps.

Notre sexualité n’est jamais figée. Elle change avec l’âge, les expériences, les rencontres. À 14 ans, nous avons une vision de la sexualité différente de celle que nous aurons à 30, 50 ou 80 ans.

Nos désirs et nos attentes évoluent en fonction :

  • De notre vécu personnel.
  • Des influences extérieures (société, partenaires, découvertes).
  • De notre propre développement intérieur.

C’est cette évolution constante qui rend parfois la sexualité complexe, car il n’y a jamais de réponse définitive.

Pourquoi le changement est-il si difficile, notamment en matière de sexualité ?

S’habituer au changement pour mieux l’apprivoiser

Ce dont nous pouvons être certain·es, c’est que le changement est constant. Plus nous nous familiarisons avec cette réalité, plus il est facile de comprendre où nous en sommes et ce que nous voulons à chaque étape de notre évolution.

La peur du changement et ses manifestations

Oui, je suis totalement d’accord avec toi. J’avais entendu une phrase qui disait qu’on n’oublie pas ce que les gens ont dit ou fait, mais on se souvient de ce qu’ils nous ont fait ressentir. Cela rejoint cette idée de réflexion sur soi-même :

  • Comment ai-je envie de vivre ma vie ?
  • Comment est-ce que je veux impacter le monde autour de moi ?

Mais si le changement est une chose naturelle, pourquoi est-il si difficile à vivre ? Cela me fait penser au passage de l’enfance à l’âge adulte. Certains enfants refusent de grandir, car être adulte implique des responsabilités et une perte de l’insouciance.

Le même phénomène existe avec le vieillissement, particulièrement pour les femmes. La société valorise la jeunesse, notamment à travers les médias et le cinéma, où les actrices âgées sont sous-représentées. La ménopause, par exemple, reste un sujet tabou. Ce rejet du vieillissement est profondément ancré, car il touche à notre rapport à la beauté et à notre désirabilité.

Les mécanismes scientifiques derrière la peur du changement

Absolument. Et pour comprendre pourquoi il est si difficile de transformer sa vie amoureuse et sa sexualité, il faut s’intéresser à cinq faits scientifiques.

1. La neuroplasticité : reprogrammer son cerveau prend du temps

Imagine ton cerveau comme un réseau d’autoroutes. Plus tu empruntes les mêmes routes, plus elles deviennent naturelles et faciles à parcourir.

Ainsi, nos comportements et habitudes sont ancrés dans ces circuits neuronaux. C’est pourquoi changer une habitude est difficile : il faut créer de nouvelles connexions et cela demande de la discipline et du temps.

Il faut en moyenne 66 jours pour adopter un nouveau comportement de manière durable. C’est une rééducation mentale, et cela ne se fait pas du jour au lendemain.

2. Le biais de confirmation : voir uniquement ce qui conforte nos croyances

Notre cerveau préfère valider ce qu’il connaît plutôt que de remettre en question ses schémas.

Prenons un exemple en relation amoureuse :
Si tu as toujours vécu des relations passionnelles et chaotiques, ton système nerveux s’y est habitué. Avec le temps, ton cerveau a enregistré cette intensité comme la norme.

Même si ce schéma te fait souffrir, il est difficile d’en sortir, car ton cerveau le perçoit comme “naturel”.

Cela explique pourquoi certaines personnes pensent que l’amour doit être intense et conflictuel pour être “vrai”, ou pourquoi elles restent bloquées dans des schémas qui ne leur conviennent pas.

3. La peur de l’inconnu : un stress naturel

Notre cerveau préfère la certitude, même inconfortable, à l’incertitude.

Le changement signifie explorer un territoire inconnu, ce qui génère du stress et de l’angoisse. En réaction, nous avons tendance à revenir à nos habitudes, même si elles ne nous conviennent pas totalement.

C’est l’une des raisons pour lesquelles certaines personnes restent dans des relations ou des habitudes sexuelles qui ne les épanouissent pas, par crainte de l’inconnu.

4. L’intégration du changement : un processus en plusieurs étapes

Entre savoir que l’on doit changer et réussir à changer, il y a un fossé.

Le travail thérapeutique consiste à :

  • Observer ses croyances et comportements.
  • Remettre en question ce qui ne nous convient plus.
  • Pratiquer de nouvelles habitudes pour créer de nouveaux circuits neuronaux.

Comme apprendre une nouvelle langue, la transformation personnelle demande du temps, de la patience et de la pratique.

5. L’expérimentation : la clé du changement

La meilleure façon d’intégrer un changement est de l’expérimenter concrètement.

Même si cela semble inconfortable au début, l’action permet de redéfinir nos schémas et de créer de nouvelles références.

En matière de sexualité, tester de nouvelles pratiques, explorer d’autres formes de relation ou simplement apprendre à mieux écouter son corps peut être un levier puissant de transformation.

L’autocompassion : un outil puissant pour accompagner le changement

Comment hacker notre cerveau pour mieux traverser les transitions de vie ?

Ce que tu dis est fascinant, et finalement, il faut apprendre à hacker notre cerveau pour l’aider à adopter de nouveaux comportements et à ne plus être en mode « pilote automatique ».

J’ai suivi plusieurs masterclasses sur l’autocompassion, et je pense que c’est un outil puissant pour accompagner le changement avec plus de douceur et de fluiditéSe traiter comme son propre meilleur ami permet de savoir que l’on peut toujours compter sur soi-même.

D’ailleurs, si tu veux nous en parler un peu plus, n’hésite pas !

Qu’est-ce que l’autocompassion et pourquoi est-elle essentielle ?

L’autocompassion est trop souvent sous-estimée, alors qu’elle a un impact immense sur notre bien-être mental et émotionnel.

Tu as suivi cette masterclass : qu’est-ce que tu en as retenu et comment cela t’aide au quotidien ?

Ce que j’ai aimé, c’est réaliser que nous ne sommes pas seul·es à traverser des difficultés. Parfois, on a tendance à croire que l’on est la seule personne à souffrir après une rupture amoureuse, alors que ce n’est pas le cas.

Nous sommes souvent plus sévères avec nous-mêmes que nous ne le serions avec un ami. J’ai donc décidé d’intégrer deux outils dans mon quotidien :

  • Un journal de gratitude, pour me concentrer sur ce qui va bien.
  • Un journal de bord émotionnel, pour mieux gérer mes émotions et les canaliser.

Quand je me sens dépassée, je me rappelle :
« Tu fais de ton mieux, avance à ton rythme, en fonction de ton énergie. Tu n’as pas à te mettre une pression excessive. »

C’est une démarche très intéressante. Le travail intérieur est un processus de toute une vie.

Pourquoi les transitions de vie sont-elles si difficiles ?

Ce qui est difficile, c’est surtout les changements de transition de vie.

Personnellement, je traverse une rupture amoureuse après six ans et demi de relation. C’est un changement brutal, et mon cerveau est en mode « alerte rouge », parce que je dois réapprendre à vivre autrement.

Complètement ! Et encore une fois, cela rejoint le fonctionnement du cerveau : il cherche du sens et de la stabilité.

Nos habitudes sont des repères. Plus elles sont ancrées, plus notre cerveau résiste au changement. C’est pourquoi les ruptures, les deuils, et toute transition importante génèrent de l’anxiété et de la confusion.

L’autocompassion, une ressource pour mieux vivre les changements

L’autocompassion repose sur trois piliers fondamentaux :

  1. Reconnaître notre humanité commune
    • Quand nous traversons une épreuve, nous avons tendance à croire que nous sommes seul·es au monde.
    • Or, il s’agit d’une expérience universelle : tout le monde connaît un jour une rupture, un deuil, une perte.
  2. Pratiquer la bienveillance envers soi-même
    • Nous avons souvent un discours intérieur très dur envers nous-mêmes.
    • Imagine que tu réconfortes un·e ami·e dans la même situation. Tu serais sûrement bien plus doux·ce avec lui/elle qu’avec toi-même.
  3. Trouver du soutien et rompre l’isolement
    • Se sentir seul·e aggrave la souffrance.
    • Participer à des cercles de parole, des groupes de soutien, des discussions collectives permet de voir que l’on n’est pas seul·e et d’échanger avec des personnes qui traversent la même chose.

Rejoindre un groupe de parole est une ressource précieuse pour surmonter les moments difficiles.

L’importance de la solitude et du respect de ses propres limites

Se sentir seul·e est l’un des plus grands facteurs de mal-être.

Quand on traverse une période difficile, on peut facilement s’isoler et se culpabiliser en pensant : « Je n’aurais pas dû faire ça, c’est de ma faute… »

L’autocompassion aide à briser ce cercle vicieux. Elle nous apprend à :

  • Prendre du recul sur nos émotions.
  • Ne pas se juger trop sévèrement.
  • Accepter que l’on fait de son mieux.

L’auto-bienveillance permet aussi de fixer des limites saines et de renforcer notre résilience émotionnelle.

Construire une culture du consentement

Pourquoi le consentement est-il essentiel ?

En parlant de limites et de respect de soi, cela me fait penser à un sujet que j’aimerais aborder : le consentement.

Comment peut-on intégrer la culture du consentement dans nos relations et notre quotidien ?

C’est une excellente question ! Et avant de parler du consentement envers les autres, il est important de parler de son propre consentement.

Comment cultiver le consentement dans son quotidien ?

Personnellement, j’essaie toujours de demander avant d’agir. Je préfère prendre la température plutôt que de supposer ce qui convient à l’autre.

Bien sûr, je fais parfois des erreurs, comme tout le monde. Mais lorsque c’est le cas, je :

  • Reconnais mon erreur.
  • Présente mes excuses.
  • Cherche une solution ensemble.

C’est un processus de co-construction où chaque personne doit pouvoir exprimer ses besoins et ses limites.

Le consentement n’est pas qu’un « oui ou non » : c’est un dialogue constant qui doit être respecté et évolutif.

Intégrer une culture du consentement dans la sexualité et le quotidien

Une compréhension théorique du consentement

Lorsque j’interviens dans des établissements scolaires pour parler de l’éducation à la vie affective et à la sexualité, je commence souvent par des questions ouvertes pour comprendre le niveau de connaissance des élèves.

Quand j’aborde la notion de consentement, les réponses sont excellentes en théorie :

  • « C’est le fait de demander à l’autre. »
  • « Si c’est non, c’est non. »

Sur le papier, tout semble parfait. Mais lorsqu’on passe à la pratique, c’est une autre histoire…

Un jeu pour tester la perception du consentement dans la sexualité

Pour illustrer les différentes étapes d’un rapport sexuel, je propose un jeu de cartes. Chaque carte représente une étape de la sexualité :

  • S’embrasser
  • Se tenir la main
  • Utiliser une contraception
  • Recevoir ou donner du plaisir

Le mot « consentement » apparaît plusieurs fois sous différentes formes.

Lorsque les élèves doivent organiser ces étapes selon leur vision d’un rapport sexuel, la majorité omet totalement le consentement.

Je leur demande alors :
« Pourquoi avez-vous enlevé cette carte ? »

Et là, certaines réponses sont révélatrices :

  • « Si elle est là, c’est qu’elle est d’accord. »
  • « Ça va de soi, non ? »

Cela montre bien l’écart entre savoir et comprendreBeaucoup connaissent la définition du consentement, mais ne pensent pas à l’appliquer concrètement dans la sexualité.

Pratiquer le consentement au quotidien

Pour intégrer une culture du consentement, il ne suffit pas de connaître la règle. Il faut la pratiquer.

Prenons un exemple simple :

  • Si ton partenaire te dit : « Je n’ai pas envie d’aller au cinéma. »
  • Et que tu boudes ou insistes lourdement, est-ce encore du consentement respecté ?

Quand un « non » entraîne une punition émotionnelle (bouderie, culpabilisation), ce n’est plus un consentement libre.

C’est pourquoi il est essentiel de :
Apprendre à respecter le « non » sans y voir un rejet personnel.
Ne pas considérer le consentement comme acquis. Il doit être réitéré et adapté en fonction du contexte.
Développer une communication claire et bienveillante dans toutes les sphères de la vie (amicale, familiale, intime, professionnelle).

Sensibiliser dès le plus jeune âge à la sexualité et au consentement

L’apprentissage du consentement peut commencer très tôt et doit faire partie de l’éducation à la sexualité.

J’ai vu une vidéo sur les réseaux où un père demande la permission à son bébé avant de lui changer sa couche. Bien sûr, le nourrisson ne peut pas répondre, mais l’idée est de poser un cadre respectueux dès l’enfance.

Cela permet à l’enfant d’intégrer inconsciemment que :

  • Son corps lui appartient.
  • Il a le droit de donner ou de refuser son accord.
  • Les autres doivent respecter ses limites.

Plus le consentement est intégré jeune, plus il devient naturel de l’exiger et de le respecter à l’âge adulte, notamment dans la sexualité.

Pratiquer le consentement dans la sexualité et au quotidien

Une pratique essentielle dans toutes les sphères de la vie

Il n’existe pas de bonne ou de mauvaise manière de pratiquer le consentement, l’essentiel est de l’intégrer dans son quotidien.

À chaque interaction, on peut se poser la question :

  • Où est le consentement dans cette situation ?
  • Est-il explicite ou implicite ?
  • Est-ce que je respecte réellement la décision de l’autre ?

Ce qui est frappant, c’est que beaucoup de personnes savent ce qu’est le consentement, mais ne le mettent pas en pratique. Comme pour beaucoup de choses dans la vie, il y a un fossé entre savoir et faire.

Le consentement, bien au-delà de la sexualité

Merci pour ces exemples, ils montrent bien que le consentement ne se limite pas uniquement à la sexualité.

Il faut aussi apprendre à réfléchir à ses propres comportements. Par exemple, si on boude parce que son ou sa partenaire refuse une sortie au cinéma, on peut se demander :

  • Pourquoi j’ai réagi ainsi ?
  • Comment puis-je mieux gérer ma frustration la prochaine fois ?
  • Comment puis-je respecter la décision de l’autre sans créer une pression implicite ?

L’idée n’est pas d’être parfait, mais de s’améliorer progressivement en trouvant des solutions adaptées à chacun.

Érotiser le consentement dans la sexualité

Une idée reçue que j’entends souvent, c’est que demander le consentement « tue le désir ».

Or, le consentement peut être intégré de manière érotique. Il ne s’agit pas seulement de poser une question formelle, mais de créer un échange sensuel :

  • « Est-ce que tu veux ça ? »
  • « Est-ce que ça te plaît ? »
  • « Tu aimerais que je continue ? »

Dans le BDSM, par exemple, le consentement est une base fondamentale. Les pratiquants ont souvent des règles très strictes pour assurer que chaque interaction se déroule dans un cadre sécurisé et mutuellement consenti.

Chaque couple peut donc s’approprier le consentement à sa manière, tant que le respect des limites est toujours au centre de l’échange.

Vers une société où le consentement est une norme

Qui sait, peut-être qu’un jour, il y aura des coachs en consentement, ou même des « masters en consentement ».

L’intégration de cette notion nécessite du temps, surtout dans une société qui prône la rapidité et l’instantanéité. Or, changer ses habitudes demande une véritable intégration mentale et physique.

Que ce soit dans la sexualité, les relations amoureuses ou le quotidien, le changement ne se fait pas en un jour. Il faut :

  • De la patience
  • De la discipline
  • De la pratique

Et surtout, ne pas hésiter à se faire accompagner.

Mot de la fin

Pour conclure cet échange, je voudrais simplement vous dire n’ayez pas peur d’être vous.

Nous avons parlé de confiance en soi, de sexualité, de consentement, d’ouverture au changement… L’essentiel est d’oser être soi-même et de chercher les environnements qui nous font du bien.

Les transformations commencent d’abord à l’intérieur avant de se manifester à l’extérieur. Quand on change sa perception, on change aussi sa vie.

S’ouvrir à de nouvelles perspectives, que ce soit sur nos désirs, nos relations ou notre sexualité, nous permet d’évoluer en harmonie avec nous-mêmes.

Il y a une vidéo qui m’a marquée, celle d’un papa et de sa fille. Il la posait sur un bar de cuisine, à environ deux mètres de lui, et l’encourageait à sauter dans ses bras.

Au début, la petite hésitait, car elle ne voyait que le vide entre elle et son père.

Mais il lui a dit :
« Tout ce qu’il y a entre toi et moi, c’est l’inconnu. Ce qui compte, c’est ton objectif. Tant que tu sais où tu vas, même si l’inconnu te fait peur, garde toujours ton cap. »

Finalement, elle a sauté.

C’est exactement ça dans la vie. L’inconnu fait peur, mais c’est en avançant qu’on construit ce qui nous ressemble vraiment.

Sans vous, vos projets ne verront pas le jour. La sexualité que vous rêvez d’avoir, le couple que vous désirez, la vie que vous imaginez… tout cela ne peut exister sans vous.

Alors, n’ayez pas peur d’explorer, d’oser, d’évoluer.

Tes rôles modèles inspirants

Et pour toi, Aina, quelles sont les personnes qui t’inspirent ?

C’est drôle que tu poses cette question, car juste derrière toi, je vois Frida Kahlo, qui en fait partie.

J’admire les personnes qui ont dû se battre pour se faire entendre, celles à qui on a mis des bâtons dans les roues, mais qui ont persisté malgré tout.

Un autre exemple ? Steve Jobs.
Personne ne croyait en lui. On lui a mis des obstacles à chaque étape.
Et pourtant, il a révolutionné tout un secteur en s’accrochant à sa vision.

Les rôles modèles sont ceux qui nous montrent que, même face aux doutes et aux critiques, nous pouvons avancer et bâtir ce qui nous correspond.

Tes Ressources

Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir la réflexion sur l’amour, la sexualité et le développement personnel, voici quelques livres inspirants recommandés par Aina :

« L’Art d’aimer » – Erich Fromm

Pourquoi le lire ?
Un essai sociologique et philosophique sur la notion de l’amour et des relations dans notre société.
Explique pourquoi il est parfois difficile de construire des relations épanouissantes en raison des injonctions sociales.

À savoir : Ce livre peut être un peu complexe, mais il est très enrichissant pour comprendre l’amour sous un nouvel angle.

« Les 5 langages de l’amour » – Gary Chapman

Pourquoi le lire ?
Un grand classique qui aide à comprendre comment nous exprimons et recevons l’amour.
Idéal pour mieux communiquer dans son couple et dans ses relations en général.

Accessible à toutes et tous, ce livre peut vraiment transformer la manière dont on perçoit l’amour et la manière dont on interagit avec nos partenaires.

« Sexploratrices : À la conquête du plaisir » – Dalida Kershush

Pourquoi le lire ?
Récit d’une journaliste qui part à la rencontre de femmes aux doubles vies : avocates, médecins, mais aussi danseuses burlesques, escort girls, strip-teaseuses…
Montre comment la quête du plaisir a mené ces femmes à une libération personnelle et identitaire.
Illustre comment la sexualité est un véritable chemin de développement personnel.

Un livre inspirant qui déconstruit les tabous autour de la sexualité féminine et de l’exploration du plaisir.

Que signifie le terme féminisme ?

Le féminisme est un terme qui peut être difficile à définir, car il a été, selon moi, galvaudé ces dernières années. Certains mouvements l’ont utilisé comme un moyen de revanche sur les injustices passées subies par les femmes, ce qui peut parfois donner une image biaisée du combat féministe.

Pourtant, je considère que le véritable féminisme repose sur une notion d’humanisme. Il s’agit d’un mouvement qui vise à créer un équilibre harmonieux et respectueux entre les femmes et les hommes, et non une opposition. Il existe une multitude de courants et d’approches, mais ce que je retiens, c’est cette volonté de coexister dans une société plus juste et égalitaire.

Nous existons, mais nous devons coexister sans que l’émancipation des femmes ne se fasse au détriment de la santé mentale ou du bien-être des hommes. Il ne s’agit pas d’un rapport de force, mais plutôt d’une coopération. Il est important de trouver une façon d’évoluer ensemble, main dans la main, pour un monde plus équilibré.

Un des aspects essentiels de cette évolution est aussi la sexualité. Cette dernière fait partie intégrante de la construction de soi, du rapport au corps et aux autres. Elle est souvent marquée par des normes et des injonctions qui ont longtemps été imposées, particulièrement aux femmes. L’un des enjeux du féminisme est aussi de permettre à chacun de s’approprier librement sa sexualité et de déconstruire les tabous qui l’entourent.

Il est fondamental que les individus puissent explorer et comprendre leurs désirs en dehors des pressions sociales. Cette liberté d’exploration passe par une éducation positive et bienveillante, mais aussi par une réappropriation du corps et du plaisir.

Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?

C’est une question intéressante ! J’ai réfléchi et je pense qu’il serait pertinent d’inviter une personne du milieu du théâtre ou de la comédie. Ce sont des domaines où la parole est libre, où les artistes peuvent porter des messages forts sur des sujets de société, y compris ceux liés au féminisme et à la sexualité.

Une personne qui me vient en tête est Kamie Curve, une femme inspirante qui est à la fois mannequin grande taille et humoriste en one-woman show. Elle aborde avec authenticité des sujets liés au corps, à la féminité et à l’acceptation de soi. Son travail est particulièrement intéressant, car il touche à des thématiques qui résonnent avec les préoccupations féministes contemporaines.

En parallèle, elle organise régulièrement des événements dédiés aux jeunes filles, notamment lors de la Journée de la Femme, où elle invite diverses intervenantes : sexothérapeutes, coachs de vie, artistes… Ces rencontres permettent d’échanger sur des sujets essentiels comme la confiance en soi, le rapport au corps et la sexualité.

Son engagement en faveur d’un féminisme inclusif, basé sur la transmission et l’empowerment, en fait une invitée idéale pour ton podcast.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Ses rôles modèles et ressources mises en avant dans l’épisode

  • Frida Kahlo

  • Steve Jobs

  • « L’Art d’aimer » – Erich Fromm

  • « Les 5 langages de l’amour » – Gary Chapman

  • « Sexploratrices : À la conquête du plaisir » – Dalida Kershush

Retrouvez Aina 

Épisodes complémentaires à écouter

  • xxx

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