Le cyberharcèlement avec Aurane K

Le cyberharcèlement - Aurane Krée
Sommaire

Bonjour, bonsoir aux personnes qui nous écoutent. Cet épisode fait partie de la thématique podcast hebdomadaire de Matrimoine Féministe. Je suis en compagnie d’Aurane du compte Aurane K avec qui nous allons parler de son expérience par rapport au cyberharcèlement. Aurane, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites.

Bonjour, tout le monde, et merci, Esthel, de me recevoir. Je suis Aurane du compte Instagram Aurane K. Je suis créatrice de contenu. On ne peut pas me mettre dans une niche particulière parce que depuis que j’ai commencé à créer du contenu, j’ai abordé plein de sujets différents sur mon compte. Ça peut aller de sujets de société à des sujets beaucoup plus légers comme de la skincare, du lifestyle et de ce genre de chose. Je parle aussi de cyberharcèlement.

Peux-tu nous définir le cyberharcèlement ?

OK, très bien, merci pour cette petite présentation. Ce que j’aime faire en début d’épisode, c’est définir le thème clé du sujet. Et on ne peut pas parler de cyberharcèlement, si tu peux nous définir ce que c’était pour les personnes qui nous écoutent, pour donner de bonnes bases pour commencer l’épisode.

Bien sûr, le cyberharcèlement, je ne vais pas donner ma définition, mais celle du site du gouvernement. Je l’ai partagé en story il y a quelque temps. Je vais tout simplement lire. Le harcèlement est le fait de tenir des propos ou d’avoir des comportements répétés ayant pour but ou effet une dégradation des conditions de vie de la victime. Cela s’est traduit par une dégradation de la santé physique ou mentale de la personne harcelée (anxiété, mot de ventre, etc.).

C’est la fréquence des propos et leur teneur insultante, obscène ou menaçante qui constituent le harcèlement. Le harcèlement en ligne est un harcèlement s’effectuant via internet, sur un réseau social, un forum, un jeu vidéo multijoueur, un blog ou autre. On parle aussi de cyberharcèlement. Les propos en cause peuvent être des commentaires d’internautes, des vidéos, des montages d’images, des messages sur des forums ou autres. Le harcèlement en ligne est puni que les échanges soient publics sur un forum par exemple ou privés entre amis sur un réseau social.

Quand as-tu commencé à être victime de cyberharcèlement ?

Merci pour ce partage de définition officiel du cyberharcèlement qui est très important pour poser les bases du sujet.

Ça mène à mes premières questions par rapport à l’épisode: toi qui es victime de cyberharcèlement, si tu pouvais potentiellement nous dire un peu depuis quand c’est arrivé, à partir de quel contenu. Parce que parfois il peut y avoir des contenus où il y a des haters qui sont plus méchants que d’autres pour qu’on puisse comprendre ton expérience par rapport à ça.

Moi j’ai été victime de cyberharcèlement plusieurs fois via les réseaux sociaux, via mon travail sur Instagram principalement. La dernière fois que c’est arrivé c’était aussi un peu sur TikTok, parce que je suis aussi un peu présente sur TikTok. Je ne peux pas définir un seul sujet de prédilection qui générait le cyberharcèlement sur mon compte. Parce que, si tu veux, pendant très longtemps, j’ai créé du contenu féministe, et créant du contenu féministe, j’ai été harcelée plus particulièrement par des hommes masculinistes, qui sont totalement contre les contenus qui luttent contre le sexisme, etc.

Et finalement, on assiste, je trouve, et je pense que beaucoup de créateurs, créatrices de contenus pourront le dire aussi, à une démocratisation, une banalisation du cyberharcèlement. Parce que ces derniers mois, pour moi, c’est devenu de plus en plus fréquent d’avoir des périodes de cyberharcèlement et sur plein de sujets différents. Pas seulement quand j’abordais des sujets féministes.

Par exemple, j’ai publié une vidéo qui expliquait que je ne suis plus vegan. Et suite à cette vidéo, j’ai été victime de cyberharcèlement. J’ai fait une vidéo sur le concept d’Abrège Frère. On a pu voir d’ailleurs que suite à la naissance de son compte Instagram et TikTok, beaucoup de personnes se faisaient cyberharceler par des personnes de la communauté d’Abrège Frère. J’ai aussi été cyberharcelée pour ça, notamment quand j’ai osé publier des vidéos sur le Pretty Privilege.

Quand je parle de métissage, si je parle de patriarcat et plus récemment parce que je me suis exprimée sur le mouvement Block Out où j’ai expliqué que pour moi il y avait des choses à redire. J’ai l’impression que maintenant beaucoup de choses sont prétexte au cyberharcèlement.

Je ne peux pas te donner un sujet précis. Les gens perdent surtout le sens des réalités du fait qu’on n’est pas des pseudos, il y a des humains et des humaines derrière les écrans et que si eux nous envoient un message méchant ou critique ou autre, certainement d’autres personnes l’ont fait aussi. Et c’est l’effet de masse qui fait que c’est du harcèlement et du cyberharcèlement, ça dure sur plusieurs jours.

Aline Dessine et autres victimes du cyberharcèlement

Merci pour ton partage, c’est vrai que c’est assez triste de se dire que de nos jours, on ne peut pas s’exprimer sur aucun sujet sans être victime de cyberharcèlement. C’est vrai que c’est quelque chose qui me pose toujours problème, cette haine qu’on a en ligne, alors que je me doute très bien que dans la vraie vie, aucune personne ne serait aussi haineux. Parce qu’ils voient justement qu’il y a un être humain en face alors que c’est vrai que derrière les écrans, surtout avec l’anonymat des pseudos, on va dire que ça peut être beaucoup plus compliqué.

D’ailleurs ça me fait penser à un compte que j’aime beaucoup qui s’appelle Aline Dessine. Et je sais qu’elle aussi elle est victime de cyberharcèlement et ce que j’aime bien dans sa manière de faire c’est qu’elle fait des vidéos où elle leur répond. Et quand c’est possible elle va essayer de retrouver quelqu’un de sa famille ou quelqu’un de ses proches pour lui faire comprendre son comportement.

Et en voyant les messages on remarque tout de suite le super harceleur, il change complètement de discours, ensuite il l’insulte, après elle a dit «D’accord c’est toi-même ça je suppose que c’est ta mère ça, je suppose, c’est quelqu’un de ton entourage, etc. ». Et là tout d’un coup il change de discours en disant « Je suis désolé c’était une blague ». Ce n’est pas une blague.

Non c’est clair, ce n’est pas drôle du tout. C’est du cyberharcèlement. Et je trouve que c’est une belle force de réussir à faire ce qu’elle fait. Parce que, via l’humour, elle prend du recul et à la fois elle sensibilise. C’est vraiment très bien. C’est vrai que toute personne n’a pas les ressources pour réagir comme ça. Face au cyberharcèlement, je ne sais pas si c’est juste une résilience, une capacité de résilience qu’elle a, ou si elle est accompagnée, ou ce genre de choses pour faire face à tout ça. Mais c’est vrai que le cyberharcèlement a de vrais impacts sur la santé mentale de manière générale, sur la qualité de vie, etc.

Peux-tu nous définir ce qu’est la santé mentale ?

Complètement. D’ailleurs, encore une fois, féministe éducative, est-ce que tu pourrais nous définir un peu ce que c’est la santé mentale pour les personnes qui nous écoutent ? Parce que je me dis qu’ils rapportent personnellement des personnes qui sont dans l’adolescence, ce genre de choses, ou des personnes qui ne se connaissent pas beaucoup, et je me dis que ça peut être chouette de leur donner des clés également.

Bonne question. Je n’ai pas de définition sous les yeux, mais tout simplement, on a ce qu’on appelle la santé, la santé physique. C’est-à-dire que si on est malade, si on a un rhume, si on se casse un os, quoi que ce soit, s’il arrive un problème à notre corps vraiment, en général, on va aller consulter, on va se soigner, on va chez le médecin, on va à l’hôpital si nécessaire.

Et c’est vrai que le sujet de la santé mentale a longtemps été tabou. Il l’est de moins en moins maintenant et je pense que les réseaux sociaux ont quand bien même participé à dé-tabouiser tout ça. Mais la santé mentale, ça va être tout ce qui relève de notre bien-être psychique de manière générale. Les problèmes de santé mentale, ça va être du stress chronique, ça peut être de l’anxiété, ça peut être de l’angoisse, des crises d’angoisse.

Et après, il peut y avoir des pathologies aussi plus prenantes ou plus impactantes, qui vont être plutôt des pathologies psychiatriques, ça peut être de la schizophrénie ou autre. Et la santé mentale, ça regroupe un peu tout ça. C’est quelque chose qu’on a tendance à beaucoup mettre de côté dans notre société et dont on s’occupe parfois un peu tard.

On ne nous apprend pas vraiment à en prendre soin. Je trouve qu’on devrait en parler dès nos plus jeunes âges, dès l’école, etc.. À détecter les signes de stress, d’anxiété, ce genre de choses. Et c’est vrai que pour en revenir au cyberharcèlement, par exemple, moi j’avais posté une story où j’expliquais l’impact du cyberharcèlement et c’est vrai que ça porte atteinte à la santé mentale.

Parce que tout simplement, ça génère de l’anxiété. Quand on est victime de cyberharcèlement par exemple sur Instagram, comme ça a été mon cas, et que c’est notre lieu de travail, ça crée de l’anxiété au travail. L’anxiété au travail, c’est quand même assez délétère, ça fait qu’on a de plus en plus de mal éventuellement à travailler, ça fait que ça nous demande beaucoup d’énergie de faire abstraction, etc.

Le cyberharcèlement a aussi une atteinte sur la santé physique, parce qu’on sépare souvent santé mentale et santé physique, mais les deux sont assez liés. Toute personne, par exemple, qui a de l’anxiété, a déjà pu constater que son anxiété se traduit très souvent par des symptômes physiques aussi, comme des maux de ventre, des vertiges, des tremblements, le cœur qui bat plus vite, une grande fatigue et ce genre de choses.

Et tout ça, finalement, ça entraîne une dégradation générale de la qualité de vie. Et c’est pour ça que c’est important de rappeler que le harcèlement, le cyberharcèlement, sur des personnes qui sont fragiles, qui ont peut-être déjà des conditions de santé mentale pas optimales, qui existaient déjà avant le harcèlement, ça peut avoir un fort retentissement et des impacts, et malheureusement, ça peut aller aussi jusqu’au suicide.

Merci d’avoir précisé tout ça et c’est vrai que ce qui manque profondément dans notre société, c’est vrai que je le dis dans beaucoup d’épisodes de podcasts, mais je me dis que la société se porterait tellement mieux s’il y avait plus d’empathie et plus de bienveillance. Et comme tu disais, il y a des choses qu’on n’apprend pas à l’école, comme les soft skills, et qui, pourtant, seraient vraiment essentielle pour la construction de tout individu.

Parce que c’est bien de faire des maths, du français et compagnie, ça, c’est sûr. Mais c’est aussi très bien d’apprendre à vivre avec l’autre, apprendre à gérer ses émotions, à prendre du recul, à développer son esprit critique, à ne pas réagir au quart de tour. Il y a plein de choses qui sont là pour s’apprendre et c’est vrai qu’on ne donne pas ce socle dès notre enfance. Et que par la suite ça va créer des problèmes de société vraiment conséquents.

Surtout sur les réseaux sociaux où on va dire qu’il n’y a pas de barrières, il n’y a pas de frontière, on n’imagine pas, on pense que c’est du virtuel et c’est vrai que c’est un gros souci de mise à la place de l’autre. C’est vraiment tout un sujet de société. J’espère que les choses iront dans le bon sens, en tout cas à l’école. Mais je sais qu’en Finlande, ils ont des méthodes pour générer de l’empathie.

L’école et le cyberharcèlement

Justement, j’avais eu un épisode avec Caroline Peiffer, on parlait du harcèlement scolaire et le cyberharcèlement. Je ne me rappelle plus du tout du nom de la méthode, mais quand il y avait du harcèlement scolaire, ils avaient une méthode à la finlandaise où ils allaient accueillir le cyberharceleur ou harceleur/harceleuse. Son entourage faisait des rendez-vous en face to face uniquement avec la personne pour pouvoir discuter et pour essayer de creuser, pour savoir quelle est sa façon de penser le pourquoi du comment. Et, vu que ce n’était pas leur professeur initial, c’était un genre de « Tu peux me dire, ne t’inquiète pas, rien ne va t’arriver». Ils essayent quand même de poser un cadre assez bienveillant.

Et cette méthode, en fonction de la gravité de la situation, fait quand bien même ses preuves et ça permet en tout cas de dénouer. Plus on repère tôt le harcèlement scolaire ou le cyberharcèlement de la camarade. Plus ça pourra avoir de bonnes conséquences par la suite, plus ça pourra permettre de le faire stopper, parce que je pense aussi ce qu’on disait avec Caroline, c’était que le harcèlement scolaire ou cyberharcèlement, ça venait aussi de l’effet de masse.

Parce que le cyberharcèlement, vu qu’il y a des gens qui sont autour et que ça prend de la fame, c’est ça qui va aussi provoquer ce retentissement. Par exemple, tout à l’heure tu parlais de masculinisme, et c’est vrai qu’il y a des groupes de masculinistes qui vont se regrouper, ces personnes, ces hommes notamment, qui ont une haine viscérale envers les femmes. Et ils vont se regrouper entre eux. Mais, bien sûr, il n’y a pas que les masculinistes, c’est sûr que c’est l’exemple que tu as cité, mais malheureusement, il y a plein de types de cyberharceleurs et cyberharceleuses. Mais, ça m’a fait penser à tout ça.

La place de la santé mentale dans la société

Mais, moi, ça me fait penser aussi à la productivité. Parce que pour moi, le fait que le sujet de la santé mentale pendant si longtemps n’ait pas été suffisamment considéré dans notre société et qu’aujourd’hui qu’il est assez peu considéré, on constate que beaucoup de personnes ne se voient ou ne mesurent leur valeur qu’à travers le prisme du fer. Ce qu’elles accomplissent, ce qu’elles font, ou ce qu’elles paraissent, ou ce dont elles ont l’air, ou ce genre de choses. Et moi, je relis vraiment ça à la productivité.

Avant d’envisager les êtres humains comme des êtres humains, des êtres avec des émotions, etc., je pense que dans cette société, on est envisagé comme des ressources, des êtres qui doivent être utiles à une société donnée. Et s’attarder sur sa santé mentale, prendre le temps d’enseigner l’empathie à l’école, etc., ça serait replacer l’humain, alors peut-être pas au centre, mais en tout cas lui donner plus d’importance.

Et dans une société qui fonctionne vraiment, dans une société capitaliste, qui fonctionne sur le modèle du travail, de la productivité, de comment on peut être utile en société, etc., et sur le modèle de la consommation, ça, ce n’est pas évident. C’est comme si tout était… C’est comme si on était, nous aussi, des produits, en quelque sorte. Parfois, c’est l’impression que j’ai.

Alors que oui pour le cyberharcèlement, ça serait tellement important et tellement bénéfique d’amener de l’empathie dès qu’on est jeune, de nous apprendre ce genre de choses et pas juste de nous apprendre à être productifs, pas juste de nous apprendre à travailler.

D’ailleurs, j’ai publié une vidéo sur Instagram il y a peu de temps où je parlais de la bienveillance, parce que j’avais vu pas mal de fois passer sur Instagram des posts expliquant que la bienveillance c’était factice, que c’était quelque chose d’une valeur un peu périmée, que c’était forcément hypocrite. Alors que pour moi la bienveillance c’est une valeur. Ne pas vouloir le mal des autres, vouloir le bien d’autrui, c’est quelque chose qui se travaille, qui se nourrit, qui s’apprend en effet.

Et c’est un travail qu’on devrait faire ensemble, à l’échelle de toute la société, parce que ça arrangerait beaucoup de choses. Dans le cadre du cyberharcèlement, on voit qu’il y a une déshumanisation, de toute façon. C’est qu’au moment où plusieurs personnes se mettent contre quelqu’un, ce quelqu’un, cette personne qui est harcelée. À ce moment-là, dans les yeux des autres, je pense, du moins c’est ce que moi j’ai ressenti, on perd de notre humanité, on n’est plus qu’une idée.

Véganisme et cyberharcèlement

Moi par exemple, quand j’ai publié cette vidéo qui expliquait que je ne suis plus vegan, j’ai été prise pour cible parce que j’ai avancé ce témoignage qui a déplu à des personnes elles-mêmes vegan, qui leur a fortement déplu, le mot est faible. Et à ce moment-là, je n’étais plus Aurane avec toute ma complexité, toute mon histoire, toute mon humanité. J’étais juste cette fille qui a publié cette vidéo et c’est un discours qu’on ne veut pas entendre et elle mérite d’être violentée pour ça.

Et je trouve ça très… j’allais dire intéressant, mais triste finalement de constater que pour certaines personnes le fait d’avancer certaines idées fait qu’on mérite d’être violenté. C’est vraiment le cyberharcèlement, c’est à la fois ce point de bascule où on décide que l’autre personne mérite de recevoir de la violence. Et aussi cette forme d’inconscience parfois, ce manque de lucidité sur le fait qu’on n’est pas la seule personne qui écrit ou ce genre de choses.

Parfois dans le cyberharcèlement il y a une lucidité, parfois les gens agissent de concert comme les groupes de masculinistes, etc.. Ils le savent très bien et parfois il y a plutôt un manque de lucidité et des personnes qui arrivent en masse et qui ne se rendent pas forcément compte qu’elles ne sont pas seules. Et que c’est extrêmement violent pour la personne qui reçoit tout ça d’être dans cette situation.

Oui, c’est très intéressant ce que tu nous dis et ça me fait vraiment penser dans le cyberharcèlement par rapport aux cyberharceleurscyberharceleuses. Je pense que le problème de notre société, en plus de la bienveillance, c’est le manque d’esprit critique, parce que j’ai l’impression que le monde est très complexe, mais que les gens ne voient que leur propre biais, que leur propre vision du monde. Par exemple, l’exemple de la vegan, elle n’est plus vegan : ça engendre plein de haine.

Alors qu’ils ne vont pas se poser la question, pourquoi elle est pas pourquoi elle a arrêté de devenir vegan. Alors que par exemple, si tu as des problèmes de santé, oui, si avec toute la bonne volonté du monde, si ton corps ne peut pas, tu dois écouter ton corps parce que soit tu meurs (je caricature, pour bien comprendre l’idée) soit tu vis. Il faut choisir sa propre survie, ce qui nous correspond le plus. plus à nos propres choix, nos propres valeurs.

Et ça aussi, j’ai l’impression que les gens ne comprennent pas. Et c’est aussi pour ça, dans le cyberharcèlement, je pense qu’il y a toute cette haine qui existe, parce qu’on a nos propres systèmes de valeurs, nos propres systèmes de pensées, notre propre système d’éducation, notre propre vécu. Tout le monde est unique et différent à la fois. C’est sûr qu’on ne peut pas ressembler, on ne peut ressembler à personne. Et c’est vrai, ça me fait penser aux réseaux sociaux.

Parce que les réseaux sociaux et le cyberharcèlement, et dans le monde de l’entreprise plus largement, il y a toujours dans cet esprit de compétition, on va être plus performant, on veut par exemple sur Instagram, « J’ai une vie de rêve, je gagne X euros par compte, X euros par jour, enfin j’exagère, mais je voyage tout le temps ». Et dans la phase émergée de l’iceberg, on ne voit pas l’individu dans toute sa complétude. Et oui, ça, je pense que ces gens-là manquent de curiosité. On parlait de ça aussi avec mon invité Minetou, de l’association Énergie Femmes.

Mais, le manque de curiosité, ça fait que tu te fermes, tu as un carcan, tu es fermé d’esprit. Alors que, nous, on a besoin de cette ouverture entre être humain, on connecte entre être humain et c’est important de cultiver la différence au lieu de se poser, surtout que ça me fait aussi penser par rapport à ce que tu me dis, que oui, on est différent, et alors. On est des êtres humains, on peut tomber amoureux, on mange, on respire, on écoute de la musique, enfin, il y a mille et un points communs et, les êtres humains, ils se concentrent que sur ce qui nous rend différents.

Totalement. Et ce que tu dis, ça m’amène à un sujet proche du cyberharcèlement et c’est quelque chose qui m’a beaucoup peiné ces derniers mois. C’est que, par exemple, pour en revenir au cyberharcèlement que je me suis pris de la part de plusieurs personnes vegan. Moi, je comprends le veganisme parce que je l’ai été. Je comprends les enjeux éthiques, je comprends les enjeux écologiques, je comprends beaucoup de choses. J’ai été vegan pas seulement pendant un mois, je l’ai été pendant un peu plus de trois ans.

Et puis ensuite, j’ai été végétarienne pendant quelque temps, etc. Ce sont des sujets que je connais bien. Ce n’est pas comme si j’étais en totale résistance face à leurs arguments ou ce genre de choses. Mais les valeurs écologiques, les valeurs éthiques, les valeurs féministesantiracistes et j’en passe, ce sont des valeurs que je partage. Et pourtant, j’ai constaté que ces derniers mois, en effet, quand je produis du contenu qui est nuancé, quand j’aborde certains sujets de société, mais pas sous l’angle sous lesquels on les voit aborder, de manière générale sur les réseaux sociaux par les comptes engagés, on me tombe dessus.

Et c’est vrai que je me suis rendu compte là que les cyberharcèlements que je me prenais pendant très longtemps, ça venait plutôt de personnes qui seraient situées politiquement à droite ou à l’extrême droite, pendant un moment plutôt à l’extrême droite, puis droite. Et puis ces derniers temps, ça vient plus de la gauche.

Je trouve en effet qu’il y a une montée d’intolérance qui est assez préoccupante, et on s’en prend à des personnes du camp «de droite ». Non pas que ce soit légitime d’aller harceler des personnes qui sont à droite, je pense juste que ce n’est pas une solution. Si on peut être en total désaccord avec leurs idées ou certaines de leurs idées, eh bien je pense juste que ce n’est pas une solution et que ce n’est pas vraiment comme ça qu’on fait changer le monde en étant violents et en harcelant. Mais en tout cas, des personnes qui sont engagées en viennent aujourd’hui à marcher sur des œufs, sur les réseaux sociaux.

Réseaux sociaux et cyberharcèlement

Et moi, quand j’ai fait mes stories sur le cyberharcèlement, j’ai eu plusieurs personnes de comptes militants, par exemple, qui m’ont écrit et qui m’ont dit « Moi aussi, je vis dans la peur d’être tout le temps du cyberharcèlement, attaqué par mon propre camp, etc. » Ça questionne ces mécanismes d’identification si forts à une parole, à une idée qui peuvent être sortis de leur contexte.

Et ces effets de groupe qui existent finalement, pour moi maintenant, des deux côtés, autant à droite qu’à gauche, et qui consistent à justifier le fait d’utiliser la violence contre quelqu’un quand la personne ne fait pas exactement ou ne dit pas exactement ce qu’on veut qu’elle fasse ou qu’elle dise. C’est du cyberharcèlement, c’est des phénomènes qui ont des noms en anglais. On a appelé ça le call-out ou le dog-pile ou ce genre de choses.

Oui, c’est inquiétant, l’avenir de la société et le cyberharcèlement. Je pense qu’ils se démocratisent via les réseaux sociaux et via ces groupes de personnes qui utilisent de plus en plus ça comme un moyen de faire entendre leurs idées.

Alors que pour moi, le cyberharcèlement ce n’est pas fécond et ce n’est pas vraiment comme ça qu’on change les choses. Et pour parler plus spécifiquement du milieu militant, je saisque ça décourage beaucoup de personnes, malheureusement, à continuer à poster des contenus engagés. Parce que ce n’est pas une vie, de devoir surveiller chaque parole qu’on dit au risque de se prendre de la violence. Je sais que la pédagogie, ce n’est pas quelque chose dont on arrive tout le temps à faire preuve. Mais je pense que quand on n’arrive pas à en faire preuve, utiliser la violence ou le harcèlement à la place, ce n’est pas pertinent.

Oui, je suis totalement en phase avec tout ce que tu viens de nous dire. C’est vrai que le fait de recevoir des attaques de personnes qui sont de son propre camp, ça freine complètement le mouvement. Et comme tu dis, ça décourage les personnes. Et finalement, c’est quelque chose de très contre-productif, alors que finalement, par exemple, on a des valeurs. Pourquoi, on n’utilise pas ces valeurs pour aller vers quelque chose de plus juste, pour aller vers quelque chose de positif ?

Plutôt que se tirer des balles dans les pieds avec le cyberharcèlement, alors que ça n’apporte rien. Enfin c’est aussi mon point de vue, mais c’est vrai que les réseaux sociaux, j’ai l’impression que pour certaines personnes, c’est une sorte de vrai exutoire. Ils ont passé une mauvaise journée, ils se lâchent, ils font du cyberharcèlement. Mais non, enfin ce n’est pas une bonne façon de faire, encore une fois, mais c’est pour ça. Enfin, c’est ma position, puisque j’ai lancé un podcast.

Je me dis qu’un podcast, c’est quand même quelque chose de plus sûr, parce qu’un réseau social, on va dire. Il y a un vrai biais de conformité, et surtout qu’encore une fois, la construction de l’esprit critique, elle est très compliquée parce qu’on a des vidéos de X secondes. Bon, sur TikTok, maintenant, ça va jusqu’à X minutes, j’ai vu, mais après, qui fait des vidéos de X minutes sur TikTok ? Je ne sais pas. Mais, il y a X secondes en vidéo Instagram, X slides, on ne peut pas entrer en profondeur dans un sujet, on peut juste à peine l’effleurer.

Un teasing et le podcast ça permet vraiment d’entrer en profondeur dans le sujet et ces personnes-là il faudrait qu’elles aillent écouter des podcasts, ou regarder des vidéos, des documentaires d’une heure parce que ça donne un avis sur tous les sujets. Les gens se prennent pour des experts du sujet. Par exemple, n’importe quel conflit qui se passe dans le monde, ils ont leur propre avis parce qu’ils ont vu trois slides dessus. Mais non, les sujets sont compliqués.

Et on ne peut pas prendre position sur un sujet tant qu’on ne l’a pas exploré en continu. Et puis les sujets, c’est des sujets qui s’explorent. Par exemple, le féminisme, c’est un sujet qui est un travail de toute une vie. Parfois, je suis un peu surprise par les êtres humains qui font des raccourcis rapidement sur ça.

Comme tu dis, le cyberharcèlement ne peut pas être exhaustif en une minute trente ou en dix slides, c’est impossible.

Fin du militantisme sur les réseaux sociaux

Oui, moi, ce que je constate maintenant dans les divers cyberharcèlements que j’ai vécus, des reproches qui reviennent régulièrement, c’est justement que des arguments manquent dans mes posts. Ou que je n’ai pas abordé ceci de cette manière, ou que je n’ai pas abordé ça comme ça. Et c’est comme si on avait de moins en moins le droit à l’erreur. Pour moi, ça rejoint vraiment totalement cette déshumanisation, cette… comment dire ? Comme si la moindre faille pouvait être un prétexte de cyberharcèlement pour s’engouffrer dedans et se permettre de critiquer de manière plus ou moins violente.

Malheureusement c’est vrai que concernant le milieu militant, ça démobilise assez largement. Moi j’ai fait un live il y a quelque temps où j’ai expliqué que j’arrête de militer définitivement sur les réseaux sociaux. Ça, c’est un choix qui m’a fait du bien, qui limite le cyberharcèlement, mais qui, je sais, va être, à mon avis, jugé assez négativement par beaucoup de personnes. Mais qui va être aussi compris par beaucoup de personnes, parce que, justement, ça devient irrespirable.

Et moi, comme d’autres personnes, on a depuis plusieurs années questionné les méthodes justement, de cyberharcèlement, de call-out, de dogpile, etc., qui sont employés dans certains milieux, sur les réseaux sociaux. Que ce soit de la part de groupes masculinistes, enfin, antiféministes, ou alors que ce soit de la part de personnes militantes LGBT, ou alors antiracistes, ou alors féministes, ou alors que sais-je.

Je suis désolée, ça ne va pas être optimiste que je vais dire, mais il n’y a pas d’amélioration. Voire l’inverse parce que je vais dire moi au début je me faisais cyberharceler tous les quelques mois et là ces derniers mois ça devenait une fois par mois environ une fois par mois. Vraiment des masses de commentaires, de messages, des stories, des trucs, des vidéos. Et oui, c’est ça qui m’a fait lâcher. Et je dois dire aussi que le cyberharcèlement perpétré par les masculins me touchait moins et maintenant m’atteignent moins que forcément quand c’est des personnes dont je partage les valeurs, mais juste avec lesquelles je ne suis pas entièrement d’accord sur tout.

Je partage certaines valeurs, évidemment que je suis contre les guerres, les génocides, etc. Mais ce n’est pas pour autant que je suis totalement d’accord avec le mouvement Block Out et avec le fait qu’on adresse des injonctions aux créateurs et aux créatrices de contenu à s’exprimer sur certains sujets.

Impact du cyberharcèlement sur la santé mentale des créateurs/créatrices de contenu

Tout simplement parce que je peux faire un lien avec mon histoire. Moi, par exemple, on m’a demandé de m’exprimer. Les choses que les personnes qui nous demandent de nous exprimer soit ignorent, soit sous-estiment, c’est que dès qu’on prend position, on s’expose à de la violence en ligne. C’est-à-dire que pour le cyberharcèlement, moi j’ai publié, maintenant je vais prendre le sujet qui est absolument évidemment dramatique et d’actualité, qui se passe en Palestine.

Moi, j’ai publié une story sur ce sujet et je me suis tout de suite pris des DM, etc. Et ça va faire le lien avec la santé mentale qu’on a abordé avant. En ce moment, je vis une période de ma vie qui est assez difficile, où pas mal de traumatismes remontent à la surface, etc. Et je suis assez fragile sur le plan de la santé mentale comme de la santé physique en ce moment. Et je sais qu’actuellement, je n’ai pas les ressources pour faire face à la violence en ligne ou au cyberharcèlement.

Et quand j’ai publié cette story et que j’ai vu que tout de suite, ça a déclenché des choses dans mes DM, etc., j’ai dit, OK, ce n’est pas la peine. Je n’ai pas la force actuellement. Je n’ai pas envie d’être plus angoissée encore. Je n’ai pas envie de ne plus réussir à travailler parce qu’en l’occurrence, moi, créatrice de contenu, c’est mon métier. C’est aussi comme ça que je gagne de l’argent, que je subis mes besoins, etc. Il y a un enjeu de survie aussi qui est tout basique et tout bête, de réussir à travailler pour se nourrir, etc.

Et je n’avais pas envie de mettre ma survie en jeu, je n’avais pas envie de me sentir menacée, je n’avais pas envie. Et cette raison n’est pas suffisante pour certaines personnes qui font du cyberharcèlement. Et je sais que là, dans le live que j’ai fait où j’explique pourquoi j’arrête de militer, j’explique aussi que c’est déjà arrivé qu’une personne, un homme qui me faisait du cyberharcèlement me retrouve dans la vraie vie, a trouvé mon adresse, et s’est rendu chez moi. C’est du cyberharcèlement.

Alors lui, il avait une pathologie, il était érotomane, c’est une pathologie psychiatrique. Mais c’est quelque chose qui m’a fortement traumatisée, forcément, victime du cyberharcèlement. Étant une femme qui vit seule, ça m’a beaucoup choquée, je me suis sentie en danger chez moi, pas en sécurité, etc. Et ça m’a laissé un syndrome de stress post-traumatique. Et ce que j’ai retenu de cette expérience de cyberharcèlement, c’est qu’on a tendance à se dire que le virtuel c’est que du virtuel et que ce n’est pas grave.

C’est faux, et parfois ce n’est pas que du virtuel. Ça arrive que malheureusement il y ait des personnes soit qui ont un problème vraiment psychiatrique, soit juste qui sont mal intentionnés, parce qu’il ne faut pas pathologiser la malveillance. Il y a des personnes qui sont juste malveillantes, violentes, méchantes, etc., qui n’ont aucune pathologie et qui font du cyberharcèlement.

Et des personnes qui ont des pathologies qui ne sont pas du tout malveillantes, évidemment. Mais, ça peut se traduire dans la vraie vie. Et c’est en ça aussi que le cyberharcèlement est assez dangereux. Moi, j’ai en tête le cas d’une créatrice de contenu que j’aime beaucoup, qui s’appelle Leslye Granaud, et qui, elle, a été agressée physiquement par un masculiniste, victime de cyberharcèlement parce qu’elle crée du contenu féministe, et elle… Alors, Dieu merci, ce n’était pas grave, dans le sens, je veux dire, elle n’a pas eu de séquelles physiques. Mais elle s’est pris un coup, et j’imagine que le sentiment d’insécurité pour elle a dû être grand suite au cyberharcèlement.

Nous envoyer des injonctions à nous exprimer, c’est aussi nous exposer au cyberharcèlement. Et c’est aussi savoir qu’on est seul face à ça. Il y a de plus en plus de choses qui sont mises en place au niveau de la justice, des lois, etc., pour essayer de parer au cyberharcèlement. Mais la réalité, c’est que les plateformes manquent encore cruellement d’efficacité concernant la modération et le cyberharcèlement. Et que nous, ensuite, on est seuls avec les séquelles de ces cyberharcèlements, de ces violences en ligne qu’on se prend.

Et auxquelles les femmes sont d’ailleurs beaucoup plus exposées au cyberharcèlement. Et ça me fait penser que les femmes reçoivent plus d’injonctions d’ailleurs à s’exprimer que les hommes. Toujours aussi ce devoir d’exemplarité qui pèse sur les épaules des femmes. Et c’est assez ironique et contradictoire de constater que ça vient de milieux qui se disent justement engagésféministes, etc. Cette pression vient de ces milieux et cette pression, qui est mise principalement sur les épaules des femmes, est quand même fondamentalement sexiste.

En tout cas, merci d’avoir pris la parole sur ce sujet du cyberharcèlement et d’être venue témoigner à mon micro alors que ta santé mentale est encore fragile. Je te souhaite que tout arrive bien, que tu arrives à reconstruire, avoir une très bonne santé mentale par la suite. Je pense que, malheureusement, ça prendra du temps, mais en tout cas, je t’envoie plein de bonnes ondes pour t’aider par rapport à tout ça.

En tout cas, je te souhaite vraiment que du bien, que du bonheur. Je t’envoie tout mon soutien et c’est chouette que tu viennes témoigner ici, pour le coup un podcast. C’est vrai que c’est plus une safe place qu’un réseau social parce que pour que les gens puissent commenter il faut qu’ils écoutent l’épisode de podcast. Déjà ça fait ça met déjà une barrière à l’entrée qui est assez conséquente par rapport à tout ça.

Prioriser sa santé et sa survie

Mais en tout cas aussi par rapport à ce que tu disais sur le militantisme sur les réseaux sociaux, tu as bien fait de t’écouter, de te prioriser toi de ta santé, ta survie, parce qu’encore une fois c’est ton travail. Et, je comprends complètement ta décision de ne plus vouloir parler de militantisme sur les réseaux sociaux comme tu pouvais le faire jusqu’à présent. Après bien sûr, comme c’est tes valeurs, je pense qu’il y aura toujours un peu de toi dans tes vidéos, mais c’est vrai que c’est un toi qui va être plus caché.

Parce que je comprends que tu n’as pas envie qu’on vienne te cyberharceler parce que tu existes, tu es toi-même. Oui, je pense qu’on a le droit d’exister, on a le droit d’être qui on est, d’être comme on est, on a le droit de faire des erreurs aussi. C’est comme tu disais, le droit à l’exemplarité. Les gens jugent, maiseux, tout le monde fait des erreurs. Je ne connais pas une seule personne qui n’a pas fait d’erreur.

C’est être humain, on fait des erreurs tout le temps et c’est comme ça qu’on apprend. Et comme ça me fait penser aussi, c’est vrai qu’à l’école, quand on est petit, on apprend à avoir de bonnes notes. Mais quand on a une mauvaise note, on dit que c’est mal, alors que non, ce n’est pas mal d’avoir une mauvaise note. Ce n’est pas grave, ce n’est pas la fin du monde.

Tu te rattraperas la prochaine fois ou pas. Enfin, ça dépend de toi, tes objectifs. Où est-ce que tu veux aller dans ta vie ? Si pour toi, à l’école, ce n’est pas important et que tu veux entrer dans la vie active directement. Pourquoi pas, c’est ton choix, on n’a pas à juger si l’important c’est d’être aligné avec soi.

Pourquoi est-ce important de prôner la bienveillance ?

Oui, totalement. Mais c’est une posture de douceur. Et j’en reviens à la bienveillance dont j’ai parlé avant, la bienveillance vis-à-vis de soi-même, pour éviter le cyberharcèlement, la bienveillance vis-à-vis des autres, et une posture de douceur. Et c’est aussi, quelle société on veut mettre au monde quelque part ? Quelle société on veut construire ? Quelle société on veut bâtir ensemble ? Est-ce que dans cette société, il devrait planer une menace comme ça au-dessus des gens ? Est-ce que les gens dans cette société qu’on veut construire, vont mériter d’être violentés, quand ils ne diront pas exactement ce qu’il faut ?

Moi c’est ça aussi qui me questionne, c’est ça aussi qui fait que j’ai dit que j’arrêtais de militer. Parce que finalement je ne me reconnais plus là-dedans. Parce que moi, mes valeurs, mon éthique, sont aussi empreintes du fait que si j’ai tous ces engagements, c’est parce que j’espère voir un monde qui sera plus humain, plus doux, plus bienveillant. Où tout le monde serait respecté, où chacun serait libre, en sécurité.

Et je ne suis pas certaine qu’on le construise avec toujours plus de violence. Après, la violence peut être un outil utilisé dans les milieux militants. Et je pense notamment à la cancel culture ou block out etc., qui normalement doivent être des outils, mais utilisés contre des structures étatiques ou alors des entreprises. Mais pas contre des individus qui sont tous seuls derrière leurs écrans.

C’est là où ça perd totalement tout son sens. Je pense que c’est important de garder ça à l’esprit, en tout cas.

Oui, non, tu fais bien de nous le rappeler. Et ça me fait toujours penser au fait qu’on est là sur Terre pour X ans, on va dire si tout se passe bien. Et, c’est vrai quemoi, je me demande pourquoi toute cette haine, pourquoi le cyberharcèlement, pourquoi tout ça ? Pourquoi cette haine dirigée, et pourquoi le cyberharcèlement ?

Populations en souffrance et colère sur les réseaux sociaux

Enfin, la colère, ça peut être utile, c’est vrai, comme tu disais, à être dirigée vers les gouvernements. Vers les grandes entreprises qui, pour le coup, peuvent impacter beaucoup plus la vie, que ce soit positivement ou négativement, de la société que juste une seule et personne. Comme tu dis, on est tout seul. Enfin, on est créateur, créatrice de contenu ou autoentrepreneuse, ce genre de choses. Et c’est vrai que les mobilisations, ça sert, mais sur des choses à plus grande envergure et des choses qui ont du sens. C’est, comme tu disais, faire le Block Out, parce qu’on ne s’est pas positionné sur ce qui s’est passé en Palestine.

Oui, mais ce n’est pas parce que tu vas partager ça que ça va améliorer la situation en Palestine. Il faut aussi voir ce qu’on peut faire. En plus, comme tu disais, il faut aussi avoir la santé mentale, avoir les ressources disponibles pour le faire. Et puis, quand tu as les ressources, tu te sens impuissant. Peut-être qu’au lieu de diriger cette haine, autant donner de l’argent à une association qui est sur place, qui peut aider.

Plutôt que faire vouloir que ce soient les influenceurs, influenceuses qui portent ces messages-là. Alors qu’encore une fois, on n’est pas en Palestine, on peut agir vraiment concrètement que si on est dans le pays. Ou si, par exemple, on a des relations, on fait des choses genre relations internationales avec des gens, des gouvernements.

Là, oui, on peut avoir une action parce qu’il y a un pouvoir. On est lié à un pouvoir décisionnaire qui est là-bas. Mais quand on est hors de tout ça, autant donner de l’argent à une association. Il paraît que des choses ont été mises en place sur Bookstagram avec des ventes de livres, il y a de l’argent reversé à des associations. Ça marche pour la Palestine et je pense que ça marche pour d’autres conflits. Mais après, je ne le connais juste pas pour la Palestine, je ne me prononce pas pour les autres sujets.

Mais, il y a des façons d’agir sans pouvoir. Briser la santé mentale des créateurscréatrices de contenus qui n’y sont pour rien. Et c’est leur choix de ne pas vouloir prendre position sur le sujet. Moi-même, par exemple, je ne me suis pas exprimée à ce sujet parce que j’estime que ce n’est pas mon rôle.

Moi, je préférerais plus faire intervenir, par exemple, au micro, une personne experte du sujet ou une personne qui a vécu là-bas et qui peut raconter son histoire. Mettre en avant l’humain, c’est ça qui est le plus pertinent que juste de faire des stories. La situation qui se passe là-bas, c’est triste, mais après il y a des médias dont c’est le job de faire ça.

Totalement. Pour la Palestine, je sais que par exemple, il y a des cagnottes, etc. Je pense que ça, c’était aussi attendu de moi, que je partage des cagnottes ou ce genre de choses. Et il y a une chose que je comprends, c’est que les gens peuvent se dire : ce n’est quand pas grand-chose de faire une story.

Oui, mais ce n’est quand pas grand-chose de partager ceci, de partager cela, etc. Il faut savoir que quand on a une audience, on est extrêmement sollicité pour partager plein de choses différentes. Il se trouve que les drames n’arrivent pas qu’en Palestine, au Congo et en Inde. Je veux dire que la liste est vraiment très longue de pays où les populations souffrent grandement. Aussi les Ouïghours, etc.

Enfin, où est-ce qu’on s’arrête ? Qui est le plus à même de déterminer quelles sont nos capacités, nos limites, à part nous-mêmes et éventuellement notre psychologue, si on en a un ou une ? Mais les gens se disent que ce n’est quandpas grand-chose de partager ceci ou de partager cela.

La déshumanisation derrière les réseaux sociaux

Mais un cyberharcèlement ou alors se prendre de la violence en ligne… il faut le vivre pour comprendre le cyberharcèlement, ce que c’est et ce que ça fait. Et il y a ce que c’est et ce que fait le cyberharcèlement. Et il y a aussi ce que c’est et ce que ça fait sur une personne qui peut être déjà fragile.

Encore une fois, les réseaux sociaux, il y a ce côté déshumanisation, on oublie qu’il y a des humains derrière les écrans, on ne connaît pas les histoires des gens. Moi, ce n’est pas écrit sur mon front, par exemple, que je me suis retrouvée par un homme qui m’a fait du cyberharcèlement et que ça m’a créé un PTSD. Ce n’est pas un syndrome de stress post-traumatique. Les gens vont juste prendre une toute petite portion de ce qu’ils voient de moi et créer du cyberharcèlement.

Ce n’est pas une petite portion de moi, c’est une petite portion de ce qu’ils voient de moi. Ils vont interpréter, ils vont greffer des choses dessus : « Elle ne sait pas exprimer, ça veut dire qu’elle ne s’en préoccupe pas, ce n’est pas un bon être humain, etc. Puisque ce n’est pas un bon être humain, elle mérite qu’on la violente, elle mérite qu’on lui envoie des choses méchantes, etc. » Et les raisonnements sont simplistes. Ils sont dénués d’esprits critiques, de nuances. Et pour certaines personnes, ce n’est pas grand-chose.

Comprendre et respecter le vécu des autres

J’ai été à cette place « Ça ne lui coûterait rien de partager une story. » On ne sait pas ce que ça coûte à la personne. On ne sait pas ce que ça coûte en termes de santé mentale. On ne sait pas ce que ça coûte en termes de violences et de cyberharcèlement qu’on va se prendre derrière. Et beaucoup de personnes n’ont tout simplement jamais vécu du harcèlement ou du cyberharcèlement.

Et beaucoup de personnes ne savent pas du tout ce que ça fait. Tu sais, c’est comme les problèmes de santé mentale où on va dire «Oui, mais c’est bon, va juste prendre l’air, ça ira mieux. » Les problèmes de santé physique quand tu as une migraine : «Oui, mais peut-être qu’il faut juste que tu ailles marcher. » Tu vois, les gens qui ne l’ont pas vécu ne savent pas.

Et je pense que le plus sage et le plus pertinent à cet égard c’est d’écouter les personnes qui sont concernées par ces situations et de dire : elle dit que c’est difficile, elle dit que c’est ça. Moi je ne l’ai pas vécu le cyberharcèlement, mais OK, je n’entends son vécu. Et c’est aussi ce genre de société que j’ai envie de participer à construire, une société où on peut quand accorder du crédit et de l’importance au vécu des gens.

On ne balaye pas juste ça d’un revers de la main en disant que mes considérations sont absolument supérieures aux tiennes parce qu’elles sont supérieures moralement. Je trouve ça important et il y a une notion aussi de validisme pour moi là-dedans parce que les problèmes de santé mentale, les problèmes de santé physique, etc.

Encore une fois, ils ne sont pas toujours visibles sur nos visages. Ils ne sont pas forcément détectables, peut-être qu’on arrive très bien à faire semblant. Par exemple, aujourd’hui, je n’étais pas bien, mais on va écouter ce podcast, on ne va peut-être pas avoir l’impression que je ne suis pas bien. Parce que je fais l’effort d’être compréhensible, de bien m’exprimer. Mais on ignore totalement les réalités des gens, et c’est quelque chose d’important dont on devrait se rappeler.

Le cyberharcèlement, de toute manière, c’est cette forme de déshumanisation, c’est des manières de justifier une violence et ça arrive maintenant dans tous les milieux. J’espère que cet épisode pourra sensibiliser un peu là-dessus parce que c’est trop important de faire prendre conscience aux gens que ce n’est pas de bons outils. Ce n’est pas des bons outils ni pour faire avancer le monde.

Et j’ai envie de dire que c’est tout simplement méchant le cyberharcèlement. Tu sais, d’une manière un peu niaise, c’est tout simplement méchant. Mais ça, de toute façon, la méchanceté, c’est une chose qui est tellement difficile à comprendre pour moi que je ne veux pas pouvoir m’exprimer là-dessus. Parce que je ne comprends toujours pas pourquoi certaines personnes sont, comme tu dis, dans la haine et dans la méchanceté. Mais je sais que c’est possible que certaines de ces personnes qui font du cyberharcèlement aujourd’hui prennent un jour du recul et se rendent compte.

Je pense que c’est possible parce que j’ai moi-même, à un certain moment, peut-être, par le passé, il y a plusieurs années dans mon militantisme… J’ai pu penser que c’était légitime d’envoyer des DM à telle personne, si je ne l’ai jamais trop fait. J’ai fait une fois une story sur une personne qu’on qualifie de terf dans les mouvements féministes, trans exclusionariesradicalesféministes. Les personnes qui considèrent qu’il n’y a pas de genre, qu’il n’y a que le sexe biologique et qui sont en général transphobes. J’ai fait une story une fois pour demander à ma communauté de se désabonner d’une personne. Tu vois, ça m’est arrivé une fois et je le regrette encore.

Parce que j’ai cette capacité de recul et de remise en question, etc., autour du cyberharcèlement. Mais je ne dois pas être la seule à l’avoir. Je sais que c’est possible, par l’effet de groupe, de se sentir attirée par certains mécanismes, par certaines dynamiques comme ça et de changer après. Et j’espère qu’en sensibilisant comme on le fait, de plus en plus de personnes vont remettre ça en question et revoir leur position peut-être là-dessus.

Planter des graines d’éveil féministes

Je suis sûre qu’avec cet épisode de podcast, tout comme tous ceux du Matrimoine Féministe, contribue à planter des graines d’éveil féministe. Parce que les sujets de société sont quelque chose de très large. Et c’est important de pouvoir sensibiliser sur vraiment pas mal de sujets avec l’angle féministe, comme le cyberharcèlement. Parce que c’est avec l’angle de nos valeurs et c’est quelque chose qui me semble tellement important. Et je suis sûre que ça finira par bourgeonner et si ça ne bourgeonne pas, ce n’est pas grave. Ça pourra bourgeonner plus tard ou pas du tout. L’important c’est d’être dans cet élan, de vouloir changer les choses à son échelle, un pas à la fois.

Moi je crois vraiment à ça et comme tu dis, on peut évoluer, on peut changer, ça prend du temps, c’est vrai, mais après il faut se donner le pouvoir d’agir pour après ne pas avoir de regrets, on essaye des choses. Ça plante, ça ne plante pas, mais l’essentiel c’est d’avoir fait cette action de planter des graines, parce qu’on finira forcément par trouver un public ou impacter la vie des gens contre le cyberharcèlement.

Parce que c’est ce que j’aime beaucoup avec ce que je fais, et je pense que tu pourrais partager avec moi ce ressenti. Moi, j’aime bien avoir de l’impact dans la vie des gens, pouvoir les permettre de se transformer, avoir des transformations intérieures. Et, comme tu dis, pour avoir ces transformations intérieures, c’estimportant de pouvoir écouter d’autres expériences que moi, par exemple, je n’ai pas vécu. Et que toi, tu as vécues, que d’autres personnes n’ont pas vécues, mais que d’autres ont vécues. Et, ça peut faire vraiment des échos.

Et puis si tu n’as pas vécu l’expérience, tout ça, tu peux comprendre le ressenti de l’autre. Si tu l’as vécu, tu peux avoir un «je suis pas seule, j’ai un soutien, je peux contacter Aurane pour qu’elle puisse échanger ». Parce que, ça peut créer des cercles de paroles, ça peut vraiment créer de très belles choses. Et, merci, tu contribues aussi à cet écosystème pour pouvoir impacter la vie des femmes, des gens en profondeur et c’estessentiel contre le cyberharcèlement.

Merci à toi Esthel. Pour moi le mot de la fin autour du cyberharcèlement, il y a en tout cas une chose que j’ai envie de dire, c’est que le temps passe vite. Et là, ce que je fais en général à chaque fin d’épisode, c’est de réserver un temps pour la conclusion. On va passer à la conclusion de l’épisode sur le cyberharcèlement.

Quel serait ton mot de la fin ?

Par rapport au cyberharcèlement et aux mouvements de masse assez dynamiques qu’on a décrits avant, c’est de vraiment bien se questionner sur nos valeurs et de vraiment garder nos valeurs comme boussole. Et de se dire : est-ce que parce que tout le monde fait du cyberharcèlement, c’est juste ? Est-ce que, vu que telle personne a fait une story sur elle, moi aussi je devrais le faire ? Est-ce que vraiment ça coïncide avec mes valeurs ?

Parce qu’on a vraiment tendance parfois, et c’est totalement humain, à se laisser embarquer justement dans ces mouvements de foule. Et à perdre de vue le fait que non, ce n’est pas du tout comme ça que j’ai envie d’être, ce n’est pas du tout ce que j’ai envie d’incarner. Ce n’est pas du tout ce que j’ai envie de donner comme exemple. Ce ne sont pas les outils que je veux utiliser, ce n’est pas moi.

Et moi, c’est ce cheminement à propos du cyberharcèlement que j’ai eu où je me suis dit : non, ce n’est pas moi. Je me détache de ces méthodes de cyberharcèlement. J’aimerais surtout inviter les gens à être proches de leur cœur, à être proches de leur valeur contre le cyberharcèlement, que ça soit vraiment votre boussole. Je pense que ça évite beaucoup de violence et de choses négatives. Ça évite de mettre des choses négatives dans le monde.

Je suis entièrement d’accord avec toi. Ce que j’aime bien dire aussi contre le cyberharcèlement, c’est que c’est important de faire de l’introspection et de découvrir son trésor intérieur parce qu’on a un but à accomplir dans la vie. C’est le but qu’on se donne. Et pour le savoir, il faut essayer de se chercher, il faut essayer de se trouver et apprendre à se connaître. Je pense que c’est notre plus grande force de savoir ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas, nos valeurs, où est-ce qu’on veut aller.

Comment on va impacter le monde, ousi on ne veut pas l’impacter, ce n’est pas grave. Mais ce que tu as envie de faire à ton échelle (et il y a mille et une façons de mener sa vie). Il faut juste trouver la manière qui nous correspond le plus sans être influencée par les autres. Parce qu’encore une fois, ce n’est pas parce que quelqu’un fait ça, que toi tu as envie de le faire forcément. Et ça, c’est sur tous les sujets, important et précieux comme conseil pour lutter contre le cyberharcèlement.

Qui sont tes rôles modèles ?

Merci, on m’a plusieurs fois posé cette question, je n’en ai pas. Enfin si, j’en ai, mais ils sont fictifs. C’est-à-dire que les personnes humaines sont des personnes humaines, et j’avoue que j’ai beaucoup de mal à idéaliser les gens. Je n’ai pas de figure historique où je me dis : cette personne incroyable. Il y a plein de personnes dont j’apprécie les idées et je pioche ce qui m’intéresse de-ci de-là.

Mais mes vrais rôles modèles, ils seront plutôt fictifs. Je vais parler des deux œuvres qui sont le plus chères à mon cœur, c’est Le Seigneur des Anneaux et Naruto. Je pense que mon rôle modèle dans Le Seigneur des Anneaux, ce serait sûrement Gandalf. C’est une réponse originale, mais c’est une réponse honnête.

Je l’adore pour sa sagesse, pour sa nuance, pour son discernement, pour sa volonté, pour le fait qu’il ait toujours gardé ses valeurs et sa combativité. Pour moi, il est super ! Et dans Naruto, tout simplement, j’adore le héros Naruto. Dans ce manga, on appelle ça un Nindo, ce qui signifie « la voix du ninja», c’est-à-dire que c’est la chose qui le guide à travers toute sa vie et toutes ses actions. Lui, veut aider ses amis, aider son village, rendre le monde meilleur, devenir meilleur.

C’est quelqu’un qui trouve sa valeur à travers son utilité pour les autres et c’est quelqu’un dont le parcours me touche beaucoup parce qu’il a été beaucoup rejeté. Il a été d’ailleurs harcelé, victime de cyberharcèlement. Les personnes qui ont vu Naruto le savent, il a été harcelé. Et il n’a pas répondu à la haine par la haine. Il a choisi de répondre à la haine par le fait d’évoluer et de montrer à tout le monde qui il est. Et il a fait changer d’avis tout le monde. C’est une belle œuvre. Ce n’est pas que pour les enfants.

J’adore ta présentation. C’est la première fois que j’ai des personnages fictifs qui sont en réponse. Il n’y a pas de mauvaises réponses, mais je trouve ça intéressant. C’est vrai que ces personnages se reconnectent à ton parcours, tes valeurs. Et c’est vrai que c’est ça qui est important pour notre construction : avoir des personnes qui sont passées par les phases où on est passé, potentiellement, pour se dire « Tu prends ce que tu as envie de prendre dans, par exemple, Naruto, il a fait pour pouvoir te l’appliquer à toi. » Et c’est vrai que c’est enrichissant et inspirant.

Quelles ressources tu recommanderais aux personnes qui nous écoutent ?

Quelles ressources je vous recommanderais autour du cyberharcèlement ? Alors, sur le thème du cyberharcèlement, il y a le reportage… Alors attention, ça va être une insulte. Un reportage, je ne sais plus si c’était Arte ou autre, mais ça s’appelle Hashtag Sale pute qui parle du cyberharcèlement vécu par les femmes sur les réseaux. Parce qu’on sait que les femmes sont particulièrement concernées.

Il y a un film que j’avais vu il n’y a pas longtemps, mais par contre je ne saurais pas te retrouver le titre comme ça. Il était au cinéma il y a quelque temps et je crois qu’il y avait… non, je saurais plus te retrouver le titre. Je crois qu’il y avait le terme « salope » dedans. Enfin, c’était aussi un film sur le cyberharcèlement. Si je retrouve le titre, je te l’enverrai. Comme ça, tu pourras peut-être le mettre dans les références du podcast.

Mais, pour moi, c’était… difficile à voir. C’est difficile aussi de constater l’impact du harcèlement et du cyberharcèlement sur les femmes, de voir que les femmes sont particulièrement concernées et qu’il n’y a pas grand-chose qui est fait pour nous aider face à ça. Mais c’est nécessaire pour se rendre compte de l’ampleur du problème et pour se rendre compte que ce n’est vraiment pas féministe de participer à tout ça.

Merci pour ces partages autour du cyberharcèlement, et oui, quand tu retrouveras le titre du documentaire sur le cyberharcèlement, je l’ajouterai dans les ressources de l’épisode contre le cyberharcèlement. Comme ça les personnes pourront le consulter, tout comme le reportage Hashtag Sale pute. C’est important pour forger son esprit critique de voir ce genre de témoignages. Si c’est dur, ça a un impact sur soi ensuite, c’est important.

Que signifie le terme féminisme pour toi ?

Alors, que signifie le terme féminisme pour moi ? Pour moi, le féminisme, dans son essence, c’est vouloir la sécurité et la liberté de toutes les femmes, les personnes aussi qu’on dit les personnes sexisées. Et moi je dirais de tout le monde, parce que je relis quandle féminisme au fait de, encore une fois, mettre au monde une société qui soit bien meilleure pour les hommes parce que les femmes sont les premières victimes du patriarcat.

Mais les hommes en souffrent aussi et c’est aussi un avis qui peut être sujet à controverse. Mais je trouve qu’on aurait intérêt à intégrer plus les hommes dans le féminisme personnellement, parce qu’on ne peut pas faire société sans eux. Mais pour moi, le féminisme, c’est vraiment ça, c’est la sécurité et la liberté pour tout le monde et l’équité, je dirais, que notre société prenne en compte.

Ce que c’est de naître aussi avec un corps de femme, ce que ça implique dans le cyberharcèlement. Parce que pour moi, nous demander de travailler et de dormir autant qu’un homme… Je ne sais pas si c’est pertinent, par exemple. Non pas que l’on soit incapable ou illégitime ou ce genre de choses, mais force à constater que quand la société est calquée sur le modèle masculin.

Par exemple, on nous dit qu’on a besoin d’heures de sommeil, il se trouve que les femmes ont besoin de plus d’heures de sommeil, on n’a pas les mêmes cycles hormonaux. Enfin, il y a beaucoup de choses comme ça où je trouve qu’une meilleure considération des femmes, des personnes sexisées créerait un monde plus équitable et plus juste.

Je suis entièrement d’accord avec toi. Et je te rejoins complètement par rapport au fait qu’il faut intégrer les hommes dans le combat. Parce que ce que j’aime bien dire, c’est que si on a eu le droit de vote, si on a eu le droit d’avortement, c’est parce que des hommes étaient aussi dans l’équation. Parce que si avec eux, les femmes, malheureusement, n’avaient pas le pouvoir décisionnaire, ça aurait été impossible de faire changer les mentalités.

Moi mon féministe éducatif, je veux que les hommes se sentent féministes, alliés, comme ils veulent. Ils peuvent s’appeler comme ils veulent. Il n’y a aucun souci là-dessus. Et surtout, l’important, c’est juste d’être une personne engagée. Et, je trouve ça très bien. Et je te rejoins aussi que ce seraitimportant que la société prenne en compte nos spécificités de femmes. Parce que comme tu dis, on a nos règles, on donne la vie, et ce n’est pas des choses que les hommes vivront en tout cas.

C’est important de pouvoir prendre en compte notre spécificité et pas, comme tu disais, la productivité et la performance. C’est vrai qu’à les calquer sur le modèle des hommes. On ne prend pas en compte le fait que nous, les femmes, avec le cycle hormonal, on a des hauts et des bas. C’est normal, mais ce n’est pas valorisé. Et pareil, quand une femme revient de congé maternité, on veut qu’elle soit autant performante qu’un homme alors qu’elle a donné la vie. C’est normal que ça prenne plus de temps. C’est logique. On est des êtres humains différents, pas inférieurs, mais différents, complémentaires, et c’est important de le valoriser.

Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?

Oui. Alors attends, ça je vais réfléchir. Qui j’aimerais voir au micro de Matrimoine Féministe ? Tu sais quoi, j’aimerais bien voir Leslye Granaud, qui pourrait nous parler du fait qu’elle a particulièrement à faire au masculiniste sur TikTok. Elle arrive à les répondre d’une manière que j’admire parce que vraiment elle est très courageuse, elle fait des vidéos, parfois elle répond à leurs commentaires TikTok, elle se moque d’eux, etc. Et elle a une force que j’admire beaucoup.

C’est aussi elle qui a créé le compte SPM Ta Mère qui, pour moi, a été un game changer parce qu’elle m’a appris ce qu’étaient les SPM. Pendant très longtemps, je ne savais juste pas, on ne m’avait juste pas informée parce quand on est des femmes, le milieu médical, ce n’est pas toujours facile. Et ils ne sont pas toujours très aidants. Ça dépend, bien sûr, mais je pense qu’elle aurait plein de choses intéressantes à dire.

C’est un plaisir d’interviewer les interviewers sur mon micro. C’est déjà la fin de cet épisode, merci beaucoup, Aurane, pour ton témoignage et merci aux personnes qui nous ont écouté jusqu’au bout.

Merci, Esthel, merci de m’avoir invitée !

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