Hindouisme et féminisme avec Vinola

Hindouisme et féminisme
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Bonjour, bonsoir à toutes celles et ceux qui nous écoutent dans ce podcast hebdomadaire. Aujourd’hui, je suis en compagnie de Vinola de Passion Apsara et Parampara, pour parler de sujets qui me tiennent à cœur, à savoir hindouisme et féminisme, ainsi que la question du féminisme et de la place des femmes dans certains milieux culturels et spirituels. Avant de lui laisser la parole, je souhaite adresser un fémage tout particulier à Clémence Mouélé-Moukouri, présidente de l’association Find Yourself. Grâce à son événement, appelé le Mois de l’Empowerment, j’ai eu la chance de rencontrer mon invitée d’aujourd’hui.

Ceci étant dit, Vinola, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites, afin que toutes les personnes intéressées par hindouisme et féminisme puissent découvrir ton parcours, tes convictions et tes actions.

Je m’appelle Vinola, je suis une femme d’origine indienne, plus précisément franco-tamoule. Le Tamil Nadu est une région située au sud de l’Inde. Il se trouve qu’environ cinq ans se sont écoulés depuis le moment où j’ai commencé à militer sur les réseaux sociaux et à faire de l’activisme, notamment par le biais de la danse.

J’essaie de travailler sur les représentations dans le monde des danses indiennes, en particulier sur la représentation des femmes. Mon objectif est de mettre en avant hindouisme et féminisme à travers ce travail. Cela fait plusieurs années que je suis investie dans cet univers, en passant beaucoup de temps à faire connaître la culture du sud de l’Inde, avec ses multiples dimensions historiques, religieuses et artistiques.

Aujourd’hui, je suis vraiment ravie de pouvoir discuter avec toi, car hindouisme et féminisme sont des sujets qui méritent d’être explorés en profondeur. Je me réjouis de pouvoir partager ce qui me passionne : la manière dont je me suis découvert une passion pour la danse, mais aussi la façon dont j’en suis venue à questionner la place de la femme, et à observer que hindouisme et féminisme peuvent parfois sembler antagonistes alors qu’ils peuvent aussi se rejoindre.

Lien entre religion et féminisme

Merci beaucoup, Vinola, pour cette présentation. Pour rentrer dans le vif du sujet, j’aimerais que tu nous exposes la définition que tu te fais de la religion, ainsi que celle du féminisme. Ensuite, tu pourrais expliquer comment, dans ton histoire personnelle, tu as découvert cette passion pour la danse. Je sais que hindouisme et féminisme se croisent dans ton parcours et dans tes réflexions, et j’aimerais comprendre comment.

Pour être franche, hindouisme et féminisme sont des questions qui me traversent depuis toujours, car la religion a toujours été très présente dans ma vie. Dans ma famille, on pratique la religion hindouiste : mes parents sont hindouistes, et j’ai grandi dans cet environnement.

Dès l’enfance, j’ai pu constater que hindouisme et féminisme pouvaient soulever des interrogations sur la place des femmes. Avant de préciser le lien, je dois dire que la religion hindouiste est complexe, dans la mesure où il ne s’agit pas d’une religion monothéiste disposant d’un texte unique et unifié. Il existe des prières, un culte, des offrandes, mais aussi de nombreuses coutumes locales, diverses divinités, et une grande variété d’histoires.

Souvent, quand on parle de hindouisme et féminisme, des questions se posent : qu’est-ce qui relève de la culture, de la coutume ? Qu’est-ce qui est réellement un précepte religieux ? Très vite, j’ai eu envie de clarifier ces points. Par exemple, dans ma famille, nous pratiquons des rituels pour la naissance d’un enfant : on va raser sa tête, percer ses oreilles au temple. C’est une façon de consacrer l’enfant à une divinité, parfois associée au village d’origine de la famille.

Puis, en grandissant, j’ai découvert que certains interdits concernaient particulièrement les femmes et se trouvaient justifiés par la religion (ou la tradition), ce qui m’a poussée à entamer une réflexion sur hindouisme et féminisme. L’une de ces questions se présentait au moment de la puberté. Lorsque les règles apparaissaient, on me disait qu’il fallait s’éloigner des lieux de prière, comme si j’étais déclarée impure à ce moment-là. Sur le coup, je ne l’ai pas forcément contesté, et honnêtement, comme je n’étais pas vraiment pratiquante à fond, cela pouvait m’arranger de ne pas devoir participer à certains rituels.

Néanmoins, en y regardant de plus près, je me suis demandé : pourquoi considère-t-on qu’une femme indisposée n’a pas le droit d’approcher une zone sacrée ? Quel est le fondement de cette prescription ? Cela relève-t-il d’un texte précis, d’une coutume sociale, ou simplement d’une déformation historique ?

Par ailleurs, j’ai été frappée de voir, lors des grandes fêtes religieuses, que la femme portait la charge de tout préparer (nettoyage, cuisine, organisation), pendant que l’homme endossait le rôle d’officiant au moment crucial. C’est ainsi que hindouisme et féminisme se sont retrouvés mêlés dans mon esprit. Je voyais bien que toute la charge pratique retombait sur les femmes, alors que le père officiait en tant que « chef de famille », agissant comme si c’était sa fonction naturelle.

À mes yeux, cette situation illustre un patriarcat ancré, où la femme n’occupe pas la place officielle la plus honorifique. Cela a renforcé mon envie d’explorer hindouisme et féminisme, de voir dans quelle mesure il était possible de concilier mes valeurs féministes avec la dimension spirituelle, en me demandant si la culture patriarcale ne déformait pas les textes.

En ce qui concerne la danse, mon parcours est lié à hindouisme et féminisme de manière plus subtile. J’ai pratiqué et je pratique toujours une danse classique appelée Bharatanatyam, qui vient du sud de l’Inde. Historiquement, cette danse était assurée par des femmes qu’on appelait devadâsî (servantes de Dieu), qui offraient leur danse dans les temples. Elles jouissaient d’un statut particulier, parfois envié, parfois méprisé. Avec la colonisation, ces femmes ont été qualifiées de « prostituées », ce qui a conduit à l’interdiction ou la marginalisation de leur art. Par la suite, des brâhmanes (caste supérieure) se sont réapproprié cette danse, la renommant Bharatanatyam. Elle est alors devenue une pratique valorisée pour les « bonnes familles ».

Cette double histoire de la danse, d’une part sacrée, d’autre part stigmatisée, m’a interpellée. J’ai souhaité comprendre comment hindouisme et féminisme pouvaient se rejoindre à travers la danse. Aujourd’hui, pour beaucoup, la Bharatanatyam est un art noble, mais on oublie parfois ses racines. Cet exemple montre bien les paradoxes liés à la religion et à la culture : vénération d’un côté, rejet ou déformation de l’autre.

Approfondissement sur la divinité familiale

Tu parlais d’une divinité propre à chaque famille, à chaque village. Pourriez-vous expliquer davantage en quoi cela consiste ? Quelle est la place de hindouisme et féminisme dans ce rapport à la « divinité tutélaire » ? Qu’est-ce que cela change dans la vie de tous les jours ?

Je dois dire que hindouisme et féminisme s’entrelacent souvent dans cette question, car, comme je l’ai mentionné, on peut avoir une déesse tutélaire au sein d’un village ou d’une lignée familiale. Ce n’est pas nécessairement le père qui « choisit » la divinité. En réalité, le père hérite de la divinité de son père, et ainsi de suite.

Prenons mon exemple personnel : dans le village de mes ancêtres, la famille de mon père vénère Shridhala Devi, une déesse censée protéger la maisonnée. On considère que si l’on honore la divinité, elle nous accorde prospéritéfertilitébien-être, etc. Le fait que ce soit une déesse est intéressant, car dans le cadre de hindouisme et féminisme, cela montre l’existence d’un culte autour de figures féminines.

Cependant, malgré la référence à une déesse, la société demeure très patriarcale. Il y a une contradiction apparente : on prie une force féminine considérée comme puissante, mais on nie aux femmes de la famille la place de prendre des décisions religieuses ou officielles. Les pûjâ (cérémonies) sont généralement dirigées par un prêtre ou par le père, tandis que la mère reste en retrait, hormis pour toute la partie logistique (préparer les plats, nettoyer la maison, etc.).

Concernant la place de hindouisme et féminisme au quotidien, je note une certaine confusion : certains rituels liés à la tradition se mélangent à des règles plus ancestrales ou tribales, et la limite n’est pas toujours bien définie. Par exemple, on retrouve la Trimûrti dans les textes sacrés (Brahma, Shiva, Vishnu), puis d’innombrables autres divinités locales. La transmission se fait souvent par voie orale, et on ne sait pas toujours distinguer ce qui vient de l’une ou de l’autre.

Pour en revenir à mon père, il hérite de Shridhala Devi, ma mère adhère à cette vénération car elle est mariée dans la famille, et moi, je m’y suis intéressée pour comprendre la façon dont hindouisme et féminisme pouvaient coexister. Malheureusement, je n’ai pas tous les écrits officiels, car beaucoup d’informations se transmettent par des témoignages familiaux, des coutumes souvent imprécises.

Les restrictions liées aux règles

Tu as mentionné que pendant tes menstruations, tu ne pouvais pas accéder aux temples ou participer à certaines prières. Pourquoi considère-t-on que la femme est alors impure ? Comment le justifie-t-on, d’après tes recherches ?

Je me suis beaucoup interrogée là-dessus, car hindouisme et féminisme sont en tension sur ce point précis. Le sang menstruel est perçu comme impur, et la femme qui a ses règles doit rester en marge des pratiques sacrées. Certaines familles plus conservatrices poussent cette logique très loin, en isolant la femme, voire en la faisant dormir à part.

Les justifications varient. Quelques-unes, plus « modernes », avancent l’idée que c’est pour protéger la femme en lui évitant de surcroît des tâches pénibles pendant cette période plus fatigante. D’autres mettent en avant un discours sur les « microbes » ou « risques sanitaires », mais c’est parfois incohérent : un homme qui saigne d’une plaie n’est pas traité de la même manière. On met rarement un homme blessé dehors en prétextant une impureté sacrée.

Dans la pratique, j’ai pu constater que beaucoup se contentent de répéter : « C’est la tradition. Tu es indisposée, tu ne touches pas l’espace sacré. » Malheureusement, cela renforce une vision négative de la femme, la montrant comme un être qui, une fois par mois, n’est pas « digne » de côtoyer le sacré. Dans mon cas, je me suis amusée (pour ne pas dire révoltée) à retourner cette situation à mon avantage, en profitant de ces jours pour me soustraire à certaines corvées. Mais au fond, le problème reste entier : on écarte la femme de la vie spirituelle au motif de la menstruation.

En approfondissant, j’ai lu des thèses selon lesquelles, dans l’hindouisme primitif, les règles étaient considérées comme un moment sacré, mais qu’avec le temps, le patriarcat a déformé ces croyances pour renforcer un contrôle sur le corps féminin. J’ignore précisément où se trouve la vérité, mais je crois sincèrement que hindouisme et féminisme doivent se pencher sur cette question, de manière à distinguer ce qui relève d’un possible souci de santé, d’une superstition archaïque ou d’une instrumentalisation patriarcale.

Les officiantes dans les temples

Tu parlais également de l’absence d’officiantes femmes dans les temples. En quoi cela contribue-t-il au patriarcat ? Que se passe-t-il pour celles qui veulent malgré tout assumer ce rôle ?

La question de la place des officiantes féminines montre vraiment comment hindouisme et féminisme peuvent entrer en contradiction. En théorie, rien dans les textes sacrés ne dit qu’une femme ne peut pas officier. Toutefois, la tradition et la coutume ont imposé la présence d’hommes au poste de prêtre.

À chaque fête religieuse, au sein de ma famille, c’est systématiquement le père qui officie. J’ai déjà pensé : « Pourquoi pas ma mère ? » Mais on me répondait que le père est le chef de famille, qu’il a la légitimité de guider la prière. Certaines fois, on prend un prêtre extérieur, et c’est invariablement un homme. Or, là encore, s’ajoutent les interdits liés aux règles : on objecte qu’une femme ne peut pas se couper du temple une partie du mois, d’où l’idée qu’elle serait moins adaptée.

J’ai découvert qu’il existe des groupes de femmes qui se forment à la prêtrise, en Inde, dans le but d’exercer la fonction d’officiantes. Mais elles rencontrent une hostilité certaine. On leur reproche de dévoyer la religion, de ne pas être dans leur rôle, voire de provoquer ou d’aller contre la « nature » du culte. Ces réactions traduisent un fort patriarcat, dans la mesure où on mobilise hindouisme et féminisme pour les opposer artificiellement : on prétend protéger la pureté du culte, alors que, dans les faits, on protège surtout la domination masculine.

Pourtant, la présence de déesses dans l’hindouisme pourrait laisser penser que la figure féminine est reconnue comme sacrée. Mais le passage à la pratique religieuse concrète nous renvoie à un univers masculin : le prêtre, le patriarche, etc. Quelques-unes parviennent à exercer en tant qu’officiantes, notamment dans certains mariages « progressistes », mais cela reste minoritaire et souvent mal perçu.

L’exemple du temple interdit aux femmes

Peux-tu détailler l’exemple du temple qui interdit l’accès aux femmes, alors que tu as mentionné des groupes de femmes essayant d’y pénétrer pour prier ? Comment est-ce justifié, et pourquoi cela engendre-t-il de telles réactions ?

Il existe un célèbre temple dans le Kerala, je crois qu’il s’agit de Sabarimala (j’espère ne pas me tromper), où les femmes entre la puberté et la ménopause n’ont pas le droit de s’aventurer. Cette interdiction est justifiée par toutes sortes d’arguments : on avance notamment que le dieu local est un dieu célibataire, qu’il ne faudrait pas qu’une femme en période d’activité menstruelle le perturbe. D’autres évoquent une forme de pureté du lieu, qui serait menacée par la présence féminine.

Chaque année, des pèlerins masculins effectuent une marche de plusieurs jours pour atteindre ce temple, en respectant certaines règles : pas de viande, pas d’alcool, pas de relations sexuelles. Ils se revêtent de vêtements spécifiques et adoptent un mode de vie plutôt austère. Ils considèrent que la présence d’une femme pourrait casser cette austérité, ou susciter un désir qui les distraie de leur dévotion.

Maintenant, on voit quelques femmes tenter de franchir cette interdiction, soit parce qu’elles veulent honorer la divinité, soit pour dénoncer l’injustice de ce protocole. Les réactions sont violentes : ces femmes sont repoussées, menacées. On les accuse de « profanation », de chercher à provoquer inutilement. Pourtant, hindouisme et féminisme ne sont pas incompatibles : si l’on considère que la dévotion est un acte intérieur, pourquoi une femme ne pourrait-elle pas la vivre ?

Le plus ironique, c’est que ce culte est censé émanciper l’individu de ses pulsions, or la solution trouvée est d’écarter les femmes plutôt que de demander aux hommes de gérer leur self-control. Cela ressemble à la culture du viol, où l’on rend la femme responsable du désir masculin. Les hommes se soustraient à l’effort de maîtriser leurs impulsions, en faisant reposer la responsabilité sur les femmes qui, elles, doivent se tenir à distance.

Ainsi, dans ce cas, hindouisme et féminisme se confrontent brutalement : les femmes qui aspirent à prier sont traitées en intruses, alors que, si l’on suivait l’esprit d’égalité, on admettrait qu’elles ont tout autant le droit de vouloir honorer la divinité.

Des initiatives féministes au sein de l’hindouisme

Existe-t-il des mouvements ou des initiatives visant à reformuler la religion hindouiste dans un sens plus féministe ? Comment sont-elles perçues ?

Oui, on trouve quelques groupes qui cherchent à faire évoluer hindouisme et féminisme de manière plus harmonieuse. Par exemple, certaines associations regroupent des femmes officiantes, d’autres encouragent la mixité dans les temples, etc. À l’occasion, on a vu des mariages célébrés par des femmes prêtresses, comme celui d’une actrice indienne qui avait pris la décision de se marier selon un rite revisité, sans patriarcat.

Ces actions suscitent souvent des réactions contrastées : d’un côté, un enthousiasme de la part de personnes ouvertes d’esprit, de l’autre, une franche hostilité de la part des conservateurs. Certains estiment que c’est « contre-nature », alors que, paradoxalement, rien ne prouve que la femme n’a jamais eu le droit d’officier. C’est plutôt la norme patriarcale qui s’est imposée.

Par ailleurs, je suis au courant d’un mouvement plus discret, mené par des femmes d’âge mûr qui, dans leurs propres villages, se sont mises à officier lors de cérémonies locales, par manque de prêtre ou par choix. Cela se fait dans la marge, sans publicité médiatique, mais ça existe. Malheureusement, elles peuvent être mal vues par certains fidèles, accusées de ne pas respecter les usages.

Parmi les militant(e)s, on constate un vrai débat : faut-il lutter dans le cadre de la religion, ou sortir complètement de hindouisme et féminisme ? Certaines préfèrent développer une forme de spiritualité détachée des règles officielles, tandis que d’autres considèrent que c’est en transformant de l’intérieur qu’on parviendra à faire évoluer les mentalités.

La culture du viol et la religion

Tu as évoqué la culture du viol comme toile de fond. Peux-tu développer comment elle se manifeste, et en quoi la religion peut servir de prétexte au patriarcat ?

La culture du viol repose sur l’idée qu’une femme serait toujours responsable des agressions qu’elle subit, ou qu’elle devrait se rendre invisible pour ne pas « provoquer » les hommes. Dans le cadre de hindouisme et féminisme, on voit des mécanismes similaires : la femme serait une tentation, une source de perturbation pour l’homme en pleine quête spirituelle.

Concrètement, cela aboutit à des règles d’exclusion : les femmes n’ont pas le droit d’accéder à tel temple, ou ne doivent pas prier pendant leurs règles. Elles sont jugées impures ou, dans d’autres cas, considérées comme un objet de désir qu’il faut éloigner pour que l’homme reste pur. Cette façon de penser, c’est exactement la culture du viol : on ne demande pas à l’homme de faire preuve de maîtrise, on exige de la femme qu’elle se tienne à distance.

Cette violence symbolique se double parfois d’une violence concrète : lorsque des femmes enfreignent l’interdit, elles se font insulter, voire menacer de coups. Dans ce sens, la religion devient un vecteur de patriarcat. Les hommes se justifient en disant : « Nous n’avons rien contre les femmes, mais la tradition exige qu’elles restent à l’écart. C’est pour préserver la pureté. »

Or, comme je le soulignais, ces mêmes personnes qui disent « Not all men » (ce ne sont pas tous les hommes qui agressent) restent souvent les premières à imposer aux femmes de se voiler, de ne pas sortir tard, ou de porter des tenues couvrantes pour éviter les regards. Cette contradiction montre bien que la culture du viol imprègne les mentalités, et que hindouisme et féminisme se heurtent à un système patriarcal profondément ancré.

Le regard sur la société et le monde

Ton analyse dépasse le cadre purement religieux. Je t’entends souvent dire qu’on retrouve ce patriarcat partout, dans le sport, dans la société civile, à l’école. Peux-tu donner un exemple concret, comme tu l’as fait avec ta classe ?

Oui, je suis professeure de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre), et je vois, dans la vie scolaire, à quel point les comportements genrés apparaissent tôt. J’ai vécu une scène marquante où nous travaillions pendant une « semaine projet » sur un documentaire traitant des inégalités de genre dans le sport, ce qui rejoint aussi la question de hindouisme et féminisme par le prisme du patriarcat universel.

Une élève fille a pris la parole pour souligner que les garçons sur le terrain de foot se plaignaient beaucoup pour un simple choc, alors qu’ils traitaient les filles de faibles. Immédiatement, un groupe de garçons s’est mis à l’attaquer verbalement, à lui dire de se taire. Elle s’est défendue, courageusement, en faisant valoir son point de vue, mais c’était saisissant de voir la façon dont dix garçons passaient à l’offensive contre une seule fille.

J’ai voulu réagir, en soulignant l’injustice de leur réaction disproportionnée. J’ai demandé aux garçons de se calmer, leur rappelant que j’étais la professeure, l’adulte, et qu’il était déplacé de hurler ainsi sur une camarade. Or, leur réponse, c’était essentiellement de bouder. Ils n’avaient aucune intention de se remettre en question, persuadés d’avoir raison.

Cela montre que le patriarcat et la violence symbolique sont ancrés très tôt. Ces garçons ont à peine 12 ans, et déjà, ils manifestent un réflexe d’agression lorsqu’une fille émet un avis contrariant. Cette même logique se retrouve dans le monde des adultes, avec des proportions plus graves parfois (violences sexuelles, harcèlement, etc.). Il est évident qu’on ne parle pas ici spécifiquement de hindouisme et féminisme, mais du patriarcat qui touche toutes les sphères de la société.

Être féministe au sein d’une religion sexiste

Pour résumer, si la religion est un outil du patriarcat, comment fait-on pour être féministe et religieuse ? Ou, autrement dit, comment concilies-tu hindouisme et féminisme ?

Il n’y a pas de réponse simple. Pour ma part, je ne pratique pas la religion de manière très assidue. Je m’intéresse à sa dimension culturelle, à certains rituels par habitude ou par respect familial, et je m’efforce d’avoir une lecture critique. Je me dis que si hindouisme et féminisme doivent coexister, il faut d’abord remettre en cause les normes patriarcales imposées sous couvert de religion.

Beaucoup de mes amies ont choisi de s’éloigner de la pratique religieuse, préférant développer une spiritualité personnelle. Elles estiment que l’essentiel de l’hindouisme réside dans la relation au divin, pas dans les interdits ou les rituels figés. D’autres s’engagent au contraire dans des mouvements de réforme interne, tentant de créer des espaces mixtes ou d’autoriser l’entrée aux femmes en période de règles, etc.

Cependant, tout cela suscite controverses et hostilité. Les fervents traditionalistes voient ces réformes comme de la provocation. En fin de compte, concilier hindouisme et féminisme suppose un travail personnel, une remise en question collective, et beaucoup de courage face aux critiques.

Le patriarcat comme racine, la religion comme prétexte

Tu répètes souvent que ce n’est pas la religion en soi qui crée le patriarcat, mais que celui-ci s’appuie sur la religion pour se légitimer. Pourrais-tu clarifier ce point ?

Oui, je crois profondément que hindouisme et féminisme ne sont pas intrinsèquement opposés. Le patriarcat, lui, est un système de domination. Au fil du temps, ce système a investi toutes les structures sociales, y compris la religion. Il est bien plus facile de dominer lorsqu’on dit : « C’est la volonté de Dieu » ou « C’est la tradition sacrée », au lieu d’assumer : « C’est mon désir personnel de dominer ».

Dans l’hindouisme, on trouve des récits exaltant des déesses puissantes, la féminité divine, etc. Pourtant, la pratique concrète peut devenir sexiste parce que, historiquement, des hommes ont pris le contrôle des cérémonies et des structures de pouvoir pour assoir leur autorité. On observe le même schéma dans d’autres religions monothéistes (catholicisme, islam, judaïsme).

Lorsque je discute avec d’autres femmes venues d’autres confessions, nous remarquons que le patriarcat est souvent le point commun, plus que la religion. Ainsi, quand on me parle de hindouisme et féminisme, j’aime rappeler que la racine du problème n’est pas le culte des divinités, mais la manière dont les hommes se sont appropriés le culte, ont instauré des règles défavorables aux femmes et ont effacé l’histoire de leurs rôles.

La danse comme moyen d’expression et d’activisme

Comment ta pratique de la danse, notamment la Bharatanatyam, s’inscrit-elle dans ta volonté de conjuguer hindouisme et féminisme ? Est-ce un activisme artistique ?

Tout à fait. Dans le Bharatanatyam, je danse sur des thèmes souvent tirés de la mythologie hindoue, qui mettent en scène des dieux, des déesses, des épopées. Je veille à interroger la façon dont on raconte ces histoires. Très souvent, on représente la femme comme une Shakti (énergie divine) soumise, ou alors comme une déesse punissant les méchants. J’essaie de rendre compte de la complexité de ces personnages, soulignant qu’il y a un potentiel féministe dans ces mythes.

Par exemple, je peux chorégraphier un épisode où la déesse affronte un démon, mais j’y ajoute un propos : comment cette énergie peut-elle se manifester dans la vie d’une femme ordinaire ? Comment hindouisme et féminisme peuvent-ils converger dans la mise en scène du pouvoir féminin ?

Aussi, j’explique souvent que la danse classique indienne a été reprise par les castes supérieures, qui ont effacé la mémoire des devadâsî. Or, ces dernières vivaient une indépendance relative, un statut social particulier. La colonisation et le patriarcat indien les ont diabolisées. En ressuscitant leur histoire, je montre que hindouisme et féminisme peuvent s’allier autour d’un art rituel. C’est une forme d’activisme culturel, où je milite pour rendre justice à ces femmes artistes qui n’étaient ni des saintes parfaites ni des prostituées indignes, mais des figures complexes et libres.

Dans mes spectacles, je n’hésite pas à dire que j’interprète une déesse qui, face au patriarcat, se rebelle. Le public n’est pas toujours habitué à entendre un discours politique dans un contexte de danse sacrée, mais j’assume cette démarche : l’art peut être un vecteur de remise en question.

La pression exercée sur les femmes au quotidien

En dehors de la sphère religieuse et artistique, comment ressens-tu la pression du patriarcat dans la vie courante ? Est-ce que hindouisme et féminisme te protègent parfois, ou au contraire t’exposent davantage ?

La pression est omniprésente, sous différentes formes. Par exemple, je suis récemment devenue mère, ce qui a encore augmenté mes prises de conscience. On me disait auparavant que « les femmes sont faibles ». Or, en passant par une grossesse difficile, je me suis rendu compte à quel point c’était l’un des actes les plus physiques et extrêmes qu’on puisse imaginer, et j’ai pensé : « Qui oserait encore prétendre que les femmes sont fragiles ? »

En même temps, en étant mère d’une fille, j’ai réalisé la responsabilité qui m’incombe : je ne veux pas qu’elle grandisse dans un monde où elle subit sans broncher des interdits imposés par la religion ou le patriarcat. Je ne veux pas qu’elle se sente moins libre que les garçons. Face à cela, je dois parfois m’opposer aux coutumes, y compris dans ma propre famille, en soulignant que hindouisme et féminisme peuvent autoriser d’autres modèles de vie.

Le poids des stéréotypes se manifeste aussi dans l’éducation : si j’avais un garçon, peut-être me sentirais-je tentée de le surprotéger, de ne pas l’éduquer correctement à la responsabilité, par peur qu’il soit marginalisé. Mais je sais qu’il faut absolument briser ce cercle : si l’on veut que nos filles soient heureuses dans un monde plus égalitaire, il faut former des garçons conscients et respectueux.

Quant à hindouisme et féminisme, je dirais que je ne me sens pas protégée par la religion en elle-même. C’est plutôt mon réseau de personnes féministes, ma lucidité, mon sens de la remise en question qui me soutiennent. La religion peut parfois me soutenir spirituellement, mais pas dans la lutte contre le patriarcat.

Le rôle des hommes dans le changement

Parlons justement du rôle des hommes : comment pourraient-ils amorcer un changement ? Qu’est-ce qui leur permettrait de prendre conscience de la culture du viol ou du sexisme autour d’eux ?

C’est une question complexe. Au fil de mes expériences, j’ai tenté d’« éduquer » des hommes autour de moi, mais certains restent hermétiques. C’est comme s’il fallait une volonté personnelle. Soit on a cette ouverture, soit on ne l’a pas. J’ai l’impression qu’il y a deux profils :

  1. Ceux qui se remettent en question continuellement, prêts à reconnaître des erreurs, et à progresser.
  2. Ceux qui, par égo, rejettent toute remise en cause, se contentent de dire « pas moi » et ne changent rien.

hindouisme et féminisme n’aident pas forcément ces hommes si leur environnement les conforte dans l’idée d’être supérieurs ou d’être protégés par la tradition. D’autant plus que la société pardonne beaucoup de comportements masculins violents. Ainsi, un homme qui fait des blagues sexistes ou qui harcèle légèrement sera peu inquiété. La justice elle-même est laxiste pour les violeurs, ce qui n’incite pas à la prise de conscience.

Mon constat, sans vouloir être pessimiste, est qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à changer. Ceux qui s’ouvrent d’eux-mêmes sont rares, et souvent ils l’ont fait parce qu’ils y avaient un intérêt émotionnel ou parce qu’ils ont rencontré des femmes qui leur ont donné envie de comprendre. Mais si le désir de changement ne vient pas d’eux, c’est difficile.

En tant que femmes, nous avons déjà tant à faire pour nous protéger, nous affirmer, nous reconstruire, qu’il est épuisant de devoir aussi faire la pédagogie aux hommes. À mon sens, hindouisme et féminisme ne peuvent apporter une solution que si les hommes se décident à se responsabiliser, à réellement écouter, et non simplement à se dire « pas moi, pas moi ».

Prendre conscience de sa propre valeur

Tu insistais sur la nécessité que les femmes haussent leurs critères et ne se contentent plus de peu. Peux-tu développer ?

Oui, je pense que hindouisme et féminisme nous enseignent à valoriser la déesse en nous, si on veut parler métaphoriquement. Nous sommes puissantes, nous portons la vie, nous sommes capables de réaliser des prouesses physiques, intellectuelles, émotionnelles. Or, la société nous a inculqué l’idée que c’était déjà formidable qu’un homme nous parle poliment, ou ne nous harcèle pas. Comme si c’était un exploit.

Nous sommes parfois conditionnées à accepter des situations médiocres : on s’enthousiasme pour un comportement normal (« Il ne m’a pas insultée aujourd’hui ! »). Je dis : arrêtons de nous satisfaire de cette norme si basse. Nous valons bien mieux. Nous pouvons exiger une véritable égalité, un respect profond, pas seulement l’absence d’agression.

Dans mon propre parcours, j’ai compris, après l’arrivée de mon enfant, qu’il était urgent de ne plus me plier à des micro-agressions permanentes ou à des inégalités subtilement justifiées par la religion. Je me suis dit : « Je veux le meilleur pour ma fille, et le meilleur pour moi-même. » Cela implique une posture plus ferme, où l’on décline tout ce qui nous semble dégradant.

Ce n’est pas toujours facile, parce que la pression sociale est forte, et parce qu’on craint d’être taxée d’« excessive ». Mais je crois que c’est un objectif : ne plus tolérer ce qui nous blesse ou nous rabaisse, et inciter d’autres femmes à faire de même.

Mot de la fin sur « Hindouisme et féminisme »

Nous arrivons vers la conclusion de cet échange. Quel serait ton mot de la fin au sujet de hindouisme et féminisme, de l’égalité homme-femme et de notre position personnelle dans tout cela ?

Je dirais que hindouisme et féminisme doivent nous rappeler que nous avons un pouvoir que nous avons parfois tendance à minimiser. Par exemple, dans mon expérience, j’ai vu que trop de femmes consentent à des compromis. Elles rendent d’énormes services, prennent beaucoup de responsabilités, et laissent l’homme endosser les honneurs.

Je souhaite encourager chacune à élever son niveau d’exigence et à assumer sa valeur. C’est vrai que cela nous renvoie un surplus de travail mental, mais personne ne fera ce travail à notre place. Nous vivons dans une époque où les mentalités bougent, où l’on commence à dénoncer le patriarcat dans les sphères familiales, religieuses, politiques. Profitons-en pour réclamer notre place, sans nous contenter d’une reconnaissance symbolique.

Quant à la religion hindouiste, elle peut être belle, profonde, mystique. Mais il ne faut pas qu’elle serve d’alibi pour perpétuer l’injustice. Les divinités féminines méritent d’être honorées, mais toutes les femmes du quotidien aussi. Elles sont importantes, elles sont fondamentales. Alors, défendons cette idée, en repérant ce qui, dans la tradition, relève du patriarcat et en le déconstruisant.

Bref, exigeons plus, car nous le valons.

Tes rôles modèles

C’était un échange très riche. Souvent, j’aime demander à mes invitées de citer des rôles modèles. As-tu des personnes qui t’inspirent particulièrement ?

Honnêtement, je n’ai pas de rôle modèle précis. Je me suis rendu compte que tout individu peut être inspirant sur un aspect, mais décevant sur un autre. Nous avons tendance à idéaliser certaines personnalités, puis à réaliser qu’elles ont des comportements problématiques (notamment en matière de sexisme). Du coup, je préfère me nourrir de toutes les petites inspirations que je croise, piocher dans les actes de courage ou de bonté que je vois chez diverses personnes.

Chacune et chacun peut m’apporter quelque chose. Je préfère cette démarche que de placer un individu sur un piédestal. Je suis trop méfiante pour croire à la perfection de quiconque. En fait, je prends ce qui me parle chez les uns, ce qui me chagrine chez les autres, et je construis mon propre chemin.

Ressources à recommander

Aurais-tu des ressources (podcasts, livres, sites) à conseiller à celles et ceux qui voudraient creuser hindouisme et féminisme ou la question du patriarcat ?

Mon conseil principal : faire un travail d’introspection, s’interroger, remettre en cause nos certitudes. Bien sûr, on peut regarder des documentaires sur la représentation des femmes dans le sport, la religion ou la société en général. On peut écouter des radios ou des médias orientés à gauche, ou d’extrême gauche, car souvent ils abordent ces sujets.

Toutefois, je ne citerai pas un ouvrage ou une vidéo en particulier, car je pense qu’il faut explorer de multiples sources, voire des témoignages contradictoires. Il est possible de lire des thèses sur la danse, sur les devadâsî, ou des réflexions sur hindouisme et féminisme pour approfondir, mais aucune ne contient la vérité absolue.

L’essentiel, c’est de cultiver la remise en question. Chaque fois qu’on se sent inconfortable ou heurté par une situation, on devrait se demander : « Pourquoi ? Quel est l’enjeu derrière ? » On pourrait faire appel à un psychologue, à un groupe de parole, etc. Bref, c’est un processus permanent de questionnement, plus que la lecture d’un livre précis.

Définition personnelle du féminisme

Comment définirais-tu, en quelques mots, le féminisme, notamment dans le cadre de hindouisme et féminisme ?

Pour moi, le féminisme ne se limite pas à l’égalité homme-femme. Il inclut une dimension intersectionnelle, c’est-à-dire une recherche d’équité qui prenne en compte les discriminations liées à la couleur de peau, à la classe, à l’orientation sexuelle, etc. hindouisme et féminisme nous rappellent que nombre d’injustices touchent spécifiquement les femmes indiennes, ou d’autres groupes, et on ne peut pas faire l’impasse sur ces différences de vécu.

Le féminisme est la lutte pour que chaque personne, quel que soit son sexe ou son genre, puisse vivre librement sans subir de domination. C’est un combat collectif, mais aussi une transformation intime, car on doit se défaire de nos propres stéréotypes.

Propositions d’invitées pour Matrimoine Féministe

As-tu un nom à proposer pour un éventuel futur épisode de Matrimoine Féministe ?

J’aimerais beaucoup que tu reçoives une amie réalisatrice nommée Sushila Lenny. Elle est adoptée, elle évolue dans le milieu de l’audiovisuel, et elle exprime beaucoup de choses à travers l’image. Comme elle est timide, elle reste souvent en retrait, mais je suis convaincue qu’elle aurait énormément de choses à dire sur hindouisme et féminisme, ou plus largement sur les questions d’appartenance, d’identité, et les récits qu’elle porte dans ses créations.
Merci beaucoup, Vinola, pour cet échange si enrichissant autour de hindouisme et féminisme. Nous avons parcouru beaucoup de thématiques : les interdits liés aux règles, le patriarcat qui s’infiltre dans la sphère religieuse, la culture du viol, la question de la danse comme moyen d’expression militante, etc.

Je remercie également toutes les personnes qui nous ont écoutées jusqu’au bout. J’espère que ce partage d’expériences vous aura inspiré et incité à vous questionner encore plus sur hindouisme et féminisme, la place des femmes, l’importance de se sentir légitime et de prendre conscience de sa valeur.

Nous nous retrouvons très bientôt pour un nouvel épisode de Matrimoine Féministe. En attendant, prenez soin de vous, et ne cessez pas de vous interroger ni de faire grandir vos exigences quant à la façon dont on traite les femmes dans la société, que ce soit dans le cadre de hindouisme et féminisme, ou dans d’autres domaines. Ciao ciao tout le monde !

Merci beaucoup pour l’invitation pour parler du sujet hindouisme et féminisme. J’ai été ravie de pouvoir échanger, et j’espère que cela permettra à chacun(e) de réfléchir à sa propre place dans ce vaste univers. À bientôt, et je vous souhaite de poursuivre votre route avec confiance.

Informations complémentaires

Rôles modèles et ressources mises en avant dans l’épisode Hindouisme et féminisme : Pas de rôle modèle unique, mais une préférence pour un patchwork d’inspirations.

Après cet épisode sur hindouisme et féminisme, Retrouvez Vinola :

Épisodes complémentaires à Hindouisme et féminisme :

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