Bonjour, bonsoir aux personnes qui nous écoutent. Je suis en compagnie de Caroline Peiffer, avec qui nous allons parler de harcèlement scolaire et de cyberharcèlement. J’en profite pour remercier ta maison d’édition Beta Publisher de m’avoir invité le 8 mars 2024 à la soirée de lancement de leur nouvelle collection Asaé à Sexe Égale, dont ton livre « C’était juste une blague » fait partie. Caroline, je te laisse te présenter de la manière dont tu le souhaites.
Bonjour à toutes et à tous, merci à toi de m’avoir invitée pour parler de harcèlement scolaire, ça me fait très plaisir. Et comme tu l’as dit, je m’appelle Caroline Peiffer, je suis professeure d’histoire-géographie dans la vie réelle, et sinon je suis aussi autrice, donc j’ai déjà publié des romans, notamment historiques, j’écris aussi de l’imaginaire, mais là, pour la collection à Sexe Égale, c’est un roman contemporain engagé sur le harcèlement scolaire et celui dont on va parler, qui s’appelle effectivement « C’était juste une blague ».
Quelle est la situation du harcèlement scolaire ?
Super, merci pour cette présentation. Pour entrer dans le vif du sujet, je voudrais savoir quelle est la situation du harcèlement scolaire et du cyberharcèlement à l’heure actuelle.
Alors donc effectivement je n’ai pas mentionné aussi mais je suis au sein de mon établissement scolaire référente du programme pHARe qui est le programme mis en place par l’éducation nationale de lutte contre le harcèlement scolaire mais avant ça je m’intéressais déjà à la lutte contre le harcèlement scolaire parce que ça fait six ans que je travaille sur ça dans mon établissement.
Et on a très vite avec des collègues été faire des formations notamment sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement donc là dans l’état actuel des choses sur les chiffres qui en ressortent déjà faut savoir que la majorité des cas de harcèlement scolaire sont à l’école primaire.
Ce que la plupart des gens ignorent parce que les médias se concentrent très souvent sur les cas graves de harcèlement scolaire, ce qui est logique, c’est ce qui ressort le plus, mais il y a énormément énormément de micro situations de harcèlement, c’est-à-dire de harcèlement qu’on va appeler ordinaire quotidien, c’est-à-dire que le cas le plus grave qui est l’incitation au suicide et le suicide, c’est finalement le cas le plus rare du harcèlement scolaire, et tant mieux !
Par contre, des situations de harcèlement scolaire où les élèves commettent entre eux des actes répétitifs, qui soient verbaux, physiques, même sexuels, dès l’école primaire, j’insiste, des attouchements, ce genre de choses, alors pas forcément conscients pour certains enfants, ou encore que. Des fois, ça peut révéler des choses aussi dans les familles. Ça on le voit beaucoup à l’école primaire.
Et ensuite, ça continue surtout au collège. Parce qu’au collège, ils sont ce mélange entre adolescents et enfants. Donc au niveau du harcèlement scolaire, on considère qu’il y a aujourd’hui 700 000 enfants par an qui sont victimes de situation de harcèlement scolaire, encore une fois plus ou moins grave. Et au niveau du cyberharcèlement, là, c’est pareil. La différence qu’il peut y avoir, c’est que le harcèlement scolaire, ce n’est pas un fait qui est totalement nouveau. C’est un fait qui a toujours existé. Je pense que c’est un fait dont on parle davantage aujourd’hui, mais ce n’est pas une nouveauté de l’école.
La nouveauté, c’est le cyberharcèlement, qui est qu’aujourd’hui, le harcèlement scolaire ne s’arrête plus à l’école. On a des situations de harcèlement scolaire qui commencent sur les réseaux sociaux. Des situations de harcèlement scolaire qui commencent à l’école, qui continuent sur les réseaux. Il n’y a plus d’espace où les élèves peuvent un peu souffler quand ils rentrent chez eux.
Au niveau du cyberharcèlement, ce qui est un peu compliqué, c’est que, techniquement, les élèves ne sont pas censés être sur les réseaux avant 13 ans. Dans les faits, comme ils nous l’ont dit plusieurs fois en formation, j’aime bien ce terme (avec des guillemets) que les élèves sont des clandestins des réseaux sociaux, c’est-à-dire qu’ils trichent sur l’âge comme nous avons tous certainement dû le faire à l’adolescence.
Donc le cyberharcèlement, les chiffres c’est encore une fois compliqué à avoir un vrai chiffre, on considère qu’il y a quand même 30-40% qui peuvent avoir été victimes de situations de cyberharcèlement plus ou moins variées. Par contre ce qui est sûr c’est qu’on constate quand même que le cyberharcèlement, comme dans la vraie vie, les insultes sont genrés. Et qu’il y a plus de filles qui sont victimes de cyberharcèlement que de garçons. Et quand c’est des garçons, souvent ce sont des garçons à qui on va attribuer des critères propres au féminin.
Notamment des garçons qui souvent peuvent être homosexuels par exemple, mais parce que le cyberharcèlement est beaucoup basé sur le revenge porn, des images à caractère pornographique, les rumeurs, et c’est beaucoup plus, entre guillemets, vicieux finalement que le harcèlement scolaire où on voit beaucoup de cas de je te tape dessus, machin, qui est plus assimilé finalement aux garçons. Mais en même temps, ça se retrouve dans les chiffres et dans la manière aussi dont les élèves se harcèlent les uns les autres.
Qu’est-ce que le revenge porn ?
Merci pour cette présentation sur la situation du harcèlement scolaire. C’est vrai que je n’avais pas conscience moi non plus que la majorité des cas de harcèlement scolaire sont réalisés à l’école primaire, donc c’est super que tu puisses libérer la parole à ce sujet. Et avant de continuer, je voulais juste, parce que moi j’aime bien, avec mon féminisme éducatif, pouvoir définir les mots clés ici dans notre épisode sur le harcèlement scolaire.
Et je sais que revenge porn, c’est quelque chose qu’on peut voir beaucoup, quand on veut sensibiliser au cyberharcèlement. Est-ce que tu pourrais nous donner la définition avant d’aller plus loin pour les personnes qui écoutent ce podcast sur le harcèlement scolaire, qui n’ont pas conscience, qui ne connaissent pas ce terme tout simplement ?
Oui, alors c’est vrai qu’effectivement, même moi, qui ai fait de la formation pour adultes auprès de mes collègues pour leur expliquer les termes liés au cyberharcèlement, déjà, il y en a tous les jours qui émergent de nouveau. Alors tous les jours, j’exagère peut-être un peu, mais quand on leur a mis avec mon collègue le vidéoprojecteur avec tous les termes, ils auraient dû voir leur tête. Vraiment, ils ne sauraient pas de quoi on parle.
Quand on parle de revenge porn, on est sur le partage d’images intimes. Là, notamment, par exemple, ce n’est pas quelque chose qui ne se fait pas ou de rare qu’une jeune fille ou un garçon envoie à sa copine, bon c’est souvent plutôt l’inverse, mais on va dire un garçon envoie à sa copine des photos de son torse dénudée ou la copine va faire pareil en envoyant des photos de sa poitrine.
Dans le cadre d’une relation intime, comme on dit aux élèves, ça vous regarde, c’est votre vie privée. Maintenant, il ne faut pas oublier que sur Internet, la vie privée, malheureusement, elle a tendance vite à déraper et que surtout il arrive très régulièrement que la photo soit partagée. Alors, elle a été partagée sans faire exprès, même si le « sans faire exprès » est à mettre avec des guillemets.
Je n’ai pas fait exprès, je me suis fait voler mon téléphone, il y avait une photo de toi dedans, c’est mon copain qui l’a partagé. Ou alors, la relation s’est finie et puis pour me venger de ma petite copine ou de mon petit copain, mais c’est plutôt souvent pour me venger de ma petite copine, je fais tourner sa photo sur les réseaux sociaux ou sur le grand truc des élèves, les groupes WhatsApp de classe, qui sont tout sauf pour travailler. Et qui sont très compliqués pour nous à gérer parce que techniquement on n’a pas le droit d’y avoir accès, on n’a pas le droit d’exiger normalement de voir les groupes classes.
WhatsApp, ça ne dépend pas de l’éducation nationale. Donc quand on parle de revenge porn, on parle du partage d’image intime sans consentement. Mais il y a plein de termes qui sont liés au cyberharcèlement, notamment des pratiques qui sont liées au cyberharcèlement. Par exemple, il y a tout ce qui concerne des messages qui sont violents, qui sont insultants. Il y a tout ce qui concerne aussi le fait, ça s’appelle des dick pick, le fait d’envoyer son pénis en érection à des jeunes filles.
Alors je ne comprends toujours pas quel est l’intérêt parce que je ne comprends pas la personne à partir du moment où elle envoie ça comment elle peut se dire super ça va plaire. Non mais qui est une forme finalement d’agression sexuelle parce que quand on ouvre le message on ne s’attend pas à voir ce genre de choses là.
Il peut y avoir aussi… Alors moi je suis très nulle en anglais donc désolée pour les termes. Alors ça s’appelle le slut-shaming. Ce sont des messages violents qui sont relatifs à l’apparence physique ou à la tenue vestimentaire, notamment des jeunes filles qui vont être jugées inappropriées. Comme tu étais habillé comme ça, ça sous-entend qu’on a le droit de t’insulter.
Et après bon il y a aussi un nouveau truc ça, ça s’appelle le happy slapping. En gros, c’est une violence filmée. On filme un fait de violence, ça accroît la popularité de la personne. Parce qu’apparemment, c’est super chouette de partager ce type de vidéo. Et la personne qui l’a filmée, ça accroît sa popularité. Les gens trouvent ça super génial que t’aies partagé des photos, des vidéos, de tout type de violence que ça peut être. Mais voilà, il y a plein de termes liés au cyberharcèlement.
Et puis, moi, il y a encore un mois, j’étais en formation, la formatrice, elle a sorti un mot, je me suis dit de quoi parle-t-elle ? J’ai une collègue qui m’a dit, mais oui, évidemment ! Ah bah oui, évidemment ! Bah non, je ne sais pas, tu parles de quoi !
Merci d’avoir défini ces termes-là pour notre podcast sur le harcèlement scolaire. Comme tu dis, oui, il y en aura forcément plein d’autres qui vont émerger au fil du temps. C’est quelque chose de continu. Mais en tout cas, c’est bien. C’est ce que je vois régulièrement sur les réseaux sociaux quand il y a de la sensibilisation. C’est chouette que tu me les aies partagées, donc merci. Et pour continuer dans la suite de mes questions pour cet échange sur le harcèlement scolaire.
Quelles sont tes observations dans ton collège ?
Quelles sont les observations sur le harcèlement scolaire que tu fais dans ton collège et est-ce que ça t’a inspiré pour écrire ton roman sur le harcèlement scolaire : C’était juste une blague ?
Alors oui, alors déjà parce que juste pour préciser pour cet épisode sur le harcèlement scolaire, ça s’appelle c’était juste une blague parce qu’à chaque fois que mes élèves font “une bêtise”, moi je trouve ça grave mais pour eux c’est des bêtises, c’est-à-dire que quand ils s’insultent, quand ils se tapent dessus, quand ils s’agressent mutuellement, leur justification c’est toujours de dire non mais madame on s’amusait c’était juste une blague.
Et vraiment cette phrase, le « c’était pour rire », « c’était juste une blague », c’est aussi compliqué pour nous enseignants, des fois, de faire la part des choses entre « est-ce que vraiment c’était une blague ? » ou c’est du harcèlement scolaire ?
Ils sont deux copains. Ils sont insultés. Moi personnellement, si on m’insulte, la personne n’est plus mon amie. Mais à cet âge-là, apparemment, s’insulter, c’est une forme de salut et de politesse pour certains. Donc vraiment, moi, j’ai vu des jeunes filles arriver le matin et dire salut, “sale pute”, comment ça se passe ? Comment tu vas et tout ? Moi, j’étais là, alors moi, si ma meilleure amie me salue comme ça, c’est plus mon amie. Mais elles étaient totalement ok.
Alors, nous, on retombe dessus, genre tu sais ce que ça veut dire quand même ? Prostituée, enfin… Toi tu passes un peu pour la relou qui passe à côté ou machin, parce que c’est un peu ton rôle, mais en même temps, pour le coup, elles n’étaient pas en train de ni s’insulter, ni se harceler, selon elles.
Après ce qui pose question sur la violence banalisée et sur les insultes qui sont devenues un peu trop banales pour certaines. Quand j’ai écrit ce texte-là sur le harcèlement scolaire, j’étais surtout dans l’idée de pouvoir avoir un roman sur le harcèlement scolaire qui s’intéresse au point de vue des témoins.
Parce que dans mon histoire sur le harcèlement scolaire, on n’a jamais le point de vue de la victime, ni vraiment du bourreau principal, bien qu’on soit sur un phénomène de groupe, donc il y en a un qui est un peu plus ciblé, mais ça reste un phénomène de groupe le harcèlement scolaire. Il y a deux types de témoins, il y a ceux qui sont les témoins actifs, donc ils vont participer parce qu’ils vont rigoler, parce qu’ils vont repartager une photo, parce que si, parce que ça.
Et il y a les témoins passifs, c’est-à-dire tous ceux qui écoutent, qui ne disent rien, alors pas forcément, c’est-à-dire pas de les blâmer en disant t’aurais dû faire quelque chose parce qu’on sait que, enfin je pense qu’on a tous été témoins à l’école dans une classe d’insultes, ce genre de choses, et on est beaucoup à s’être tue à certains moments parce qu’on a peur aussi des conséquences pour soi-même, ou parce qu’on n’est pas à l’aise, ou parce que si, parce que ça.
Donc oui, c’est vraiment inspiré de ce que je vois au quotidien par rapport au harcèlement scolaire, parce que ce qui m’intéressait c’était vraiment ces différents élèves, de voir comment ils réagissent, ou pas que les élèves, parce qu’il y a aussi le point de vue d’enseignants, et moi la première, pour voir la réaction de certains collègues de travail face au harcèlement scolaire.
Quand on est confronté à des cas de harcèlement scolaire, il y a celui qui ne veut surtout pas en parler, il y a celui qui veut partir au combat, il y a celui qui veut tout de suite aller faire la grève, parce qu’il faut faire la grève, c’est un principe de vie. On est prof, faut faire grève. On ne sait pas pourquoi on ne fait pas grève. Il y a le proviseur qui est hyper engagé ou le proviseur qui est hyper désengagé parce qu’il se cache en se disant : oh là là, mon Dieu, je vais me faire taper dessus avec cette situation de harcèlement scolaire.
Je trouvais ça intéressant de m’inspirer de ce que je vois sur le harcèlement scolaire. Alors, ce qui est très drôle, c’est que j’ai une élève à moi qui est en train de lire le livre. Et alors j’ai eu beau changer le nom des enseignants, elle m’a dit “ah c’est machin”. Non, du tout, absolument pas. Si, j’étais là. Non. Oui elle a raison. Après les élèves, bon il y en a certains où ce n’est pas forcément que des observations sur le harcèlement scolaire.
Pour le coup, je vais dire de terrain parce qu’il y avait une volonté pour moi aussi de montrer des fois une diversité de points de vue sur le harcèlement scolaire avec quelque chose aussi d’un peu inclusif que j’avais peut-être pas forcément aussi sous les yeux. Maintenant, la plupart du temps, je ne vais pas dire c’est un élève spécifiquement, mais c’est un mélange d’élèves, ou de réactions d’élèves que j’ai pu voir ou entendre en rapport avec le harcèlement scolaire.
C’est hyper intéressant tout ce que tu nous racontes sur ton livre sur le harcèlement scolaire, de ce que je comprends. On voit une multitude de points de vue, d’expériences, de réactions différentes parce qu’on est tous et toutes différents et c’est important de montrer cette diversité de réactions parce qu’en même temps, ça peut sensibiliser au harcèlement scolaire parce que si on n’est pas confronté à ces situations ou qu’on ne les connaît pas très bien ou que sais-je, au moins on peut voir qu’est-ce qui peut exister.
Et même si on a tendance à connaître pour le harcèlement scolaire, on va dire, les deux extrêmes victimes et bourreaux, on ne connaît pas trop les points de vue annexes du harcèlement scolaire, comme tu dis, ils ont été témoins, ils peuvent être actifs ou passifs, mais s’il y avait pu avoir une réaction des témoins, potentiellement la situation aurait pu changer.
Oui et ce qu’il y a aussi c’est que nous ce qu’on constate dans les formations que j’ai eues qui sont liées au harcèlement scolaire ou cyberharcèlement, c’est qu’on a tendance à catégoriser très vite en disant il y a le bourreau, il y a la victime.
Dans les faits, les rôles du harcèlement scolaire sont très poreux. Déjà parce qu’on a d’anciennes victimes qui deviennent elles-mêmes harceleurs, d’anciens harceleurs qui deviennent eux-mêmes victimes. Finalement il y a quand même une porosité des profils sur le harcèlement scolaire et des rôles que chacun peut tenir. Et aussi, il ne faut pas oublier une chose, et ça j’avais trouvé ça très intéressant dans la formation que j’avais eue, c’est qu’on visualise le harceleur. Alors déjà nous on n’utilise pas ce terme à l’école parce que le harceleur est un terme juridique.
Un harceleur vraiment c’est un terme juridique qui t’amène à un délit et une peine potentiellement de prison. Nous on parle d’intimidateur parce qu’on part du principe qu’à partir du moment où on va mettre le mot harceleur c’est que là on est déjà sur la plainte. L’intimidateur ça montre que, parce qu’on est souvent dans des situations d’intimidation quand on passe dans le harcèlement scolaire pur, là on est vraiment très grave et là même nous enseignants on arrive à nos limites et moi la première je dis aux parents portez plainte.
L’éducation nationale a ses limites, nous on n’est pas à la police, à un moment, il y a des fois, il faut porter plainte. Les deux peuvent être en adéquation, l’éducation nationale peut avoir son rôle à jouer, et la police avec aussi le harcèlement scolaire. Parce que la police attend des fois que l’école réagisse, et nous on attend que la police réagisse, donc on est tous là on attend quoi ?
Et on nous avait montré vraiment dans la formation que l’image qu’on a de l’intimidateur, c’est celle du pervers méchant qui veut vraiment être méchant contre l’élève victime. Ça c’est 2% des cas. Le cas du sociopathe pervers, alors quand tu tombes dessus, tu es très mal parce que tu ne pourras rien faire. Ce qui est un peu affolant, mais c’est très rare. La plupart du temps, le harcèlement scolaire, ce sont des phénomènes de groupe. On est au collège, on est au lycée, on est à l’école primaire, on est à l’école. On cherche à exister. On cherche à se faire voir.
Et souvent, même celui qui se moque d’un élève, il n’a pas conscience. Sauf encore une fois s’il est sociopathe, mais il n’a pas forcément conscience de faire vraiment du mal. Ou alors il y a une conscience, mais il y a la recherche de je fais rire les autres, j’attire l’attention, j’ai un phénomène de popularité. Et il y a aussi toutes ces dynamiques qui entrent en compte et c’est pour ça que dans la prise en compte du harcèlement scolaire, on ne peut pas exclure le groupe.
Et il faut casser la dynamique de groupe pour développer l’empathie, pour pouvoir réussir à avoir vraiment quelque chose qui sur le long terme peut amener à des résultats. Parce que la sanction, tu sanctionnes vraiment parce qu’à un moment on est obligé de sanctionner, mais dans les faits ça n’empêche pas que ça recommence le harcèlement scolaire.
Comment développer l’empathie ?
C’est super intéressant ce que tu nous dis sur le harcèlement scolaire, c’est vrai que j’aurais bien creusé ce point parce que tu parlais casser la dynamique de groupe et développer l’empathie et comment on fait concrètement pour mettre ça en place ?
Alors nous aujourd’hui, on utilise dans les écoles depuis deux ans ce qu’on appelle la MPP. Alors la MPP, c’est l’acronyme. On adore les acronymes dans l’éducation nationale. Des acronymes partout, ça nous fait notre journée. J’ai fait la blague tout à l’heure à mes élèves, j’ai dit c’est encore un acronyme. Donc la MPP, c’est la méthode de préoccupation partagée.
C’est une méthode qui est adaptée de la méthode PIKAS qui est une méthode scandinave qui vise à développer l’empathie chez les jeunes, chez les élèves. Ça peut marcher chez les adultes aussi. Mais l’idée c’est surtout de s’être rendu compte que, encore une fois, le harcèlement scolaire est un phénomène de groupe.
Donc ce qu’il faut, c’est prendre le groupe, réaliser des entretiens avec les élèves pour pouvoir, justement, essayer de développer cette empathie. Alors la MPP fonctionne d’une façon… Alors, j’allais dire très simplement. Sur le terrain, logistiquement, ce n’est pas évident à mettre en œuvre, mais quand c’est mis en œuvre, quand ça marche, vraiment, ça apporte des résultats. Je ne dis pas qu’on a démêlé et qu’on a réglé tous les problèmes du harcèlement scolaire, loin de là.
Et ça marche quand c’est pris en amont et tôt. À partir du moment où on est sur une situation vraiment de harcèlement scolaire, ça a dépassé, ça fait longtemps que ça dure et tout, la MPP, on peut le prendre en compte, mais il faudra quand même passer par une sanction, parce qu’on ne pourra pas laisser le fait impuni de ce qui s’est passé. Par contre, quand on repère des dynamiques, on commence à voir que untel est moqué, c’est répétitif, on a un signalement sur le harcèlement scolaire qui nous est fait, qui peut être fait par des parents, des autres élèves, des enseignants.
À ce moment-là, nous, je te dis comment ça fonctionne dans mon établissement par rapport au harcèlement scolaire. Nous on a une espèce de forum sur lequel on reçoit l’alerte. On va d’abord recevoir la victime, c’est-à-dire qu’on nous demande d’abord de recevoir l’élève pour recevoir la parole de la personne sur sa situation du harcèlement scolaire. Alors c’est plutôt des personnes qui sont formées à l’écoute, notamment l’infirmière, psychologue scolaire, qui vont les recevoir, ou des enseignants qui ont vraiment cette aspiration-là.
C’est un peu différent de l’écoute, parce que quand quelqu’un est victime, il ne s’agit pas de dire, j’ai cours là, ça va sonner, donc dépêche-toi. Il faut vraiment qu’il y ait quelqu’un qui ait du temps pour pouvoir écouter la personne sur le harcèlement scolaire subi. Une fois qu’on a recueilli la parole, l’idée c’est de dire, on va mettre en place la MPP, on informe la victime, les parents aussi, généralement, parce qu’ils sont inquiets de ce qu’on va faire.
Et on lui explique surtout que notre méthode à nous, elle est basée sur le développement de l’empathie et la non-sanction. Parce que souvent, ce qu’attendent les parents vis-à-vis du harcèlement scolaire, c’est une sanction. Les victimes ont souvent peur. Ce sont les répercussions que je vais avoir, moi, si jamais j’ai parlé. Les parents, souvent, c’est comment vous allez sanctionner le harcèlement scolaire. C’est vrai que déjà leur expliquer… Alors nous, on ne sanctionne pas. Mais on va faire en sorte que le harcèlement scolaire s’arrête. On sanctionne si vraiment on a atteint notre limite. C’est-à-dire que ça ne marche pas contre le harcèlement scolaire.
Ça marche pas contre le harcèlement scolaire, il faut passer à la sanction. Une fois qu’on a informé ça, la plupart des familles comprennent. Vraiment, ils nous laissent faire. On n’a pas eu de gros problème. D’autant que vraiment, quand on n’arrive plus à faire cesser le harcèlement scolaire, on passe à la sanction et là, ils voient bien qu’on ne s’acharne pas non plus. Et ensuite, à partir de là, on va recevoir par rapport au harcèlement scolaire, des élèves à la fois qui ont été témoin des situations et également les élèves qui ont été cités par la victime, comme étant des intimidateurs présumés.
Et là ce sont des entretiens qui sont très courts. Alors, c’est vraiment une technique qui s’apprend. On a eu des simulations d’entretiens. C’est un peu comme des jeux de rôle.
Moi, j’aime bien faire les entretiens d’intimidateurs parce que vraiment, c’est un jeu de rôle. Tu arrives, tu as l’élève en face de toi, tu lui dis, je suis très inquiète pour telle personne. Est-ce que tu as remarqué quelque chose ? Je ne suis vraiment pas là pour te juger. Toi, tu sais tout ce qu’il a fait. Non, non, je ne suis pas là du tout pour te juger. Mais est-ce que tu as remarqué quelque chose ? Parce que je suis vraiment très inquiète.
Tu as plusieurs profils pendant ces entretiens contre le harcèlement scolaire. Tu as celui qui vraiment est très stressé, qui te regarde, qui est là oui peut-être mais ce n’est pas moi. Et alors tu as celui qui dénonce tous les autres. Alors celui-là, à chaque fois qu’il arrive, ce n’est pas moi, c’était lui, il te cite tous les noms, mais par contre ce n’était pas moi. C’est tous les autres ici, il a tout sorti. Et l’idée c’est surtout de leur dire qu’on va se revoir. Même heure, même endroit la semaine prochaine.
Je te confie une mission, pendant une semaine, tu observes ta camarade, tu t’assures qu’elle va bien, ou qu’il va bien. Et de fil en aiguille, ces élèves-là, comme on les revoit de manière très régulière, se sentent observés. En plus, on ne reçoit pas des élèves qu’on a en classe. Ces élèves-là, c’est incroyable.
Quand ils me croisent dans les couloirs, bonjour madame, bonjour. C’est marrant parce qu’ils sont un peu déstabilisés. Ils sont là, c’est qui cette personne qui, à chaque fois qu’elle me voit, me dit, je ne vais pas te punir. Je veux juste qu’on discute. Comment ça va ? Parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’on fait. Donc ils se disent, mais c’est quoi ces gens ? Et on est là genre, non, on est la brigade pour savoir si les gens vont bien. Est-ce que la personne va bien ?
Et au fur et à mesure du temps ils finissent par se dire mais moi par exemple je l’ai insulté mais je ne pensais pas que ça allait lui faire de la peine tu vois et cette technique-là est censée leur faire comprendre que si tu lui as fait de la peine elle était triste elle était pas bien. La plupart du temps, quand ce sont des petites situations, ça se règle le harcèlement scolaire. Encore une fois ce n’est pas magique non plus contre le harcèlement scolaire.
Et l’empathie le problème c’est que ça devrait se travailler dès la maternelle. Et ça commence, il y a maintenant des ateliers qui sont faits pour l’expression des émotions et ce genre de choses. Mais je pense que c’est vraiment là le nœud du souci du harcèlement scolaire. Et c’est pour ça qu’aussi on se base sur des techniques scandinaves, parce que les pays scandinaves, dans les classements internationaux qui sont faits, sont considérés comme les pays les plus heureux. Mais surtout, ils sont considérés comme haut niveau de l’école.
Pas ceux qui ont les mêmes résultats en termes de performance au scolaire. Ça c’est la Chine et le Japon. Ils ont aussi les plus hauts taux de suicide d’ailleurs au passage. Une corrélation je ne sais pas. Les pays scandinaves ils sont considérés comme les pays où le bien-être scolaire est le plus important et pour eux le développement de l’empathie c’est aussi apprendre à exprimer ses émotions, et moi je pense qu’en France un des grands problèmes qu’on a c’est que les élèves ils expriment leurs émotions mais ils l’expriment d’une mauvaise manière parce qu’on ne leur a pas appris à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent.
Et ils sont à l’adolescence, forcément, ils arrivent, ils explosent, il y a les hormones en plus, ils ne savent même pas ce qu’ils font eux-mêmes. Encore ce matin, j’ai un gamin, il a balancé son stylo et j’ai dit pourquoi t’as fait ça ? Je ne sais pas. Et vraiment, je pense qu’il ne sait pas. Il ne sait pas. Oh, il était énervé, il a jeté le stylo, tu vois. Peut-être que si on lui avait appris, quand tu es en colère, tu peux juste dire, je suis en colère aujourd’hui, je ne suis pas bien, tu n’es pas obligé de te balancer le stylo sur le mur.
Tout ce que tu me dis en rapport avec le harcèlement scolaire, c’est hyper intéressant. Et ça me fait aussi des liens. Ce que tu disais aussi en début d’épisode sur le harcèlement scolaire, comme quoi c’est plus les garçons qui sont des intimidateurs. Et dans la société (il y a des exceptions évidemment) mais en grande généralité c’est vrai que ce sont plus les hommes qui refoulent leurs émotions, parce qu’un homme qui pleure, ce n’est pas bien, tu n’es pas un vrai mec, c’est ce qu’on peut leur dire alors que c’est complètement faux.
Mais c’est un discours ou une éducation qu’ils reçoivent qui est complètement biaisé, et après sur leur construction, ça va complètement les pénaliser par la suite, puisque ne pas exprimer ses émotions, les garder pour soi, je pense qu’il n’y a rien de pire pour exploser d’un coup ou faire des actions qui n’aurait pas eu lieu si tu avais pu les exprimer avant parce que ça fait un peu un effet cocotte minute où tu gardes, tu gardes, tu gardes et tu exploses.
Et en tout cas, je suis très contente d’apprendre pendant cet épisode de podcast sur le harcèlement scolaire que cette méthode existe. Je trouve ça super parce que c’est vrai que je dis ça aussi pendant mes épisodes de podcast que je pense que le monde se porterait tellement mieux si on avait plus d’empathie et de bienveillance et que si c’était appris dès l’école au même titre que des cours de mathématiques français et compagnie qui sont importants. Mais le développement des soft skills et tout simplement d’être un être humain avec d’autres êtres humains, je pense que c’est aussi quelque chose de très important.
Et les émotions, la gestion du stress, tout ce qui est empathie avec les autres, avec autrui, ce sont des choses qui manquent cruellement et qu’on peut voir encore plus sur les réseaux sociaux notamment avec tous les accès de haine qu’on peut avoir où les gens ils s’énervent tout de suite, ils voient un truc qui ne leur plaît pas, bim, ils sont tout de suite odieux, enfin tout de suite, les méchants, les haters, pas les personnes gentilles comme nous, on peut être évidemment, mais c’est comme tu dis, depuis longtemps, ça aurait dû être réglé, on aurait dû mettre en place des choses le plus tôt possible. Ici notamment une prévention du harcèlement scolaire.
L’éducation genrée
Le problème c’est que notre système scolaire est basé sur la connaissance. On va t’apporter des connaissances et un savoir. Alors c’est très bien, je suis pour avoir de la connaissance et du savoir. Mais on t’apprend pas le savoir-être et le savoir-vivre et le vivre ensemble surtout. Et on te dit si ça c’est l’école. Tu es à l’école, tu es mélangé au milieu des autres. Oui mais tu fais l’école tout seul. Tu apprends à survivre à l’école.
Mais on te donne pas ton kit de survie. On te dit juste, on te balance dans l’arène, on te dit vas-y survit, mais on t’a pas donné de sacoche avec des choses remplies dedans pour t’aider. Alors pour l’anecdote, ça n’a pas trop de rapport, mais je vais quand même faire un lien. Non, c’est un lien quand même.
Tout à l’heure, je vais voir ma direction, je dis, il y a des graffitis partout sur les tables. Je ne suis pas prude, mais à un moment donné, excusez-moi, des élèves de 12 ans, vous croyez que voir des pénis à longueur de journée gravés sur des tables, ça leur fait plaisir. Moi j’ai un élève, il m’a dit qu’il était choqué. Alors il a joué le grand choqué. Je ne pense pas qu’il était vraiment choqué. Et mon chef adjoint me dit : ça fait partie du folklore de la vie collégienne.
Je lui dis qu’il faut qu’on vive tous le moment où on va être confronté à un pénis sur notre table. Enfin, vraiment, il faut traverser ça, quoi. Tu vois, c’est l’étape essentielle. Et je me dis, mais non. Enfin, je veux dire, à quel moment on a dit aux élèves, au contraire, on aurait dû avoir un moment où on dit, alors les enfants, déjà, on respecte le matériel scolaire. Ensuite, je t’explique. Oui, c’est très mignon, tu as un zizi entre tes jambes. Mais déjà, moi, je ne sais pas, je ne vois jamais une femme bizarrement graver une vulve.
Non mais bon, c’est quoi ce délire ? Je ne comprends pas, c’est quoi ? D’où le folklore ? Et puis c’est un truc qui est purement masculin ça. C’est quoi le message derrière ? Et c’est vrai qu’on n’apprend pas à vivre ensemble aux enfants. Le respect des uns et des autres, ça devrait faire partie. Après, comment dire ? C’est aussi techniquement la base de l’éducation.
Mais tous nos élèves qui arrivent à l’école, ce qu’on appelle l’éducation nationale, dans les faits, on n’est pas des éducateurs. On ne devrait pas s’appeler l’éducation nationale, on devrait s’appeler l’enseignement national. Mais on devient de plus en plus éducateur, parce que comme on a plein de parents démissionnaires, on va dire, où on a des élèves, juste dire bonjour, c’est un concept abstrait.
Par rapport à ce que tu me dis sur notre épisode sur le harcèlement scolaire, ce que tu disais que c’est vrai qu’il n’y a pas de fille qui va graver une vulve sur la table, et encore une fois on en revient au problème de l’éducation genrée, parce qu’on ne donne pas de limites aux garçons, on en donne plein aux filles. Ou de faire attention aux garçons justement, mais les garçons on ne leur dit pas de faire attention aux filles. On leur dit rien alors que les petites filles, on apprend à avoir peur des garçons parce qu’ils peuvent avoir des comportements complètement dangereux.
Mais on ne va pas faire de la prévention à un garçon en disant attention, si tu vois un garçon faire quelque chose de dangereux, il faut que tu ailles porter secours à la personne ou que tu agisses. Ils sont en rôle passif et vu qu’on est dans une société patriarcale et qu’ils ont beaucoup plus de privilèges que les femmes sur tous les sujets, même si les choses changent et qu’il y a plein d’hommes qui viennent rejoindre le combat et c’est chouette et c’est super il faut qu’on soit de plus en plus nombreux et nombreuses pour faire agir mais fondamentalement problème je pense que l’essence de tout ça c’est ça.
Ça me fait penser aussi à un livre je ne l’ai pas lu mais je sais qu’on me l’a beaucoup conseillé je crois que c’est le coût de la virilité qui explique comment ça coûte cher, toutes ces bavures, enfin, tout ce qui aurait pu être… Je ne l’ai pas lu, donc c’est vrai que c’est difficile de dire un avis dessus, mais c’est ce que j’avais compris.
En tout cas, je recommande aux personnes de lire ce que je sais qu’on me l’a beaucoup conseillé. Mais tout ce que ça crée, on va dire, comme problème, ces comportements, ces comportements qui peuvent être violents ou que sais-je, alors que si dès le début ça avait été pris en charge ou expliqué, la société se porterait mieux.
Oui, puis comme tu dis, le phénomène du harcèlement scolaire se retrouve à être complètement genré. Parce que quand on a du harcèlement scolaire qui est plus basé sur les rumeurs qu’on se lance les uns les autres, les petites insultes, les petits machins, on a plus de filles. Mais quand on tombe sur des faits de violence, des faits plus liés à des agressions sexuelles ou des remarques à caractère sexuel, c’est des garçons sur des filles.
Et je pense que, comme tu dis, on tolère aussi beaucoup plus certains comportements chez un garçon, notamment quand ils se tapent dessus, parce que c’est normal, un garçon qui frappe, de la même manière que, par exemple, on parlait aussi du développement des émotions, c’est normal un garçon qui se met à crier, qu’il est en colère, il est énervé. Une fille si elle fait ça, tu la regardes, tu fais hésitant, enfin, pourquoi tu hurles là comme ça ? Mais après, c’est aussi comme ça que nous, il y a certaines choses qu’on ne repère pas.
Par exemple, l’hyperactivité, on le voit beaucoup chez les garçons. Mais est-ce qu’on ne le voit pas chez les filles ? Parce que les filles, elles ont “naturellement” ce truc… Enfin, naturellement, ce n’est pas naturellement, mais… L’environnement, la société a fait qu’elles se sont réprimées. Elles répriment leur hyperactivité, alors que le garçon, finalement, est expansif.
On l’a laissé être expansif, tu vois. Il y a plein de choses comme ça aussi où on se dit, est-ce qu’on l’a pas vu ? On s’est fait aussi la réflexion, est-ce qu’on travaillait sur les bulletins et sur nos appréciations on s’est rendu compte que…
Par exemple, une fille, on va dire, elle a fait de son mieux. Elle a 12, elle a fait de son mieux, bon, elle pourrait, machin. Et les garçons, souvent, on remarque, n’a pas exploité toutes ses capacités. Parce qu’on considère que, voilà, il a préféré s’amuser, faire son truc et tout. Mais ça se trouve, la fille, elle n’a pas exploité ses capacités aussi. Spontanément, on dit des garçons, il n’est pas à son plein potentiel, on le sait. Et pourquoi on le sait ? Juste parce qu’on s’est dit, c’est parce qu’ils s’amusent. Alors qu’une fille, on se serait pas dit ça.
Ça ne m’étonne pas que les filles, elles ont davantage le syndrome de l’impostrice, parce que finalement, on ne les valorise pas, on ne les encourage pas, on ne leur présente pas trop le modèle.
Alors qu’avec un garçon, ce n’est pas pareil. J’ai l’impression que pour les gens, c’est plus simple, par exemple, de donner des rôles modèles garçons, voire même plus simplement, puisque dans l’histoire de l’humanité, même dans les manuels scolaires, j’espère que ça a changé depuis. Je sais qu’au collège, moi, j’avais été très choquée parce que j’avais eu une dispute avec un mec de ma classe qui m’avait dit que les femmes n’avaient pas marqué l’histoire, sinon ça se saurait. Et je savais au plus profond de mon être qu’il avait tort.
Mais au collège, je n’avais appris que trois noms de femmes. C’était Rosa Park, Marie Curie et Jeanne d’Arc. C’était les trois seuls que j’ai pu lui citer comme noms parce que je n’en connaissais pas d’autres.
Je n’en peux plus de Jeanne d’Arc moi. Cette figure-là, toujours qu’on nous sort à chaque fois… Alors oui, ça a changé. Je le précise quand même parce que je vois beaucoup tourner sur les réseaux sociaux le « à l’école, on n’enseigne pas les femmes ». Alors vraiment, ça a changé. J’insiste ou alors je suis tombée dans un établissement scolaire où nous sommes révolutionnaires. Alors, je pense qu’à l’inverse, il y a des établissements scolaires qui sont encore rétrogrades et conservateurs.
Dans les programmes scolaires, je ne vais pas dire qu’on est à égalité, qu’il y a la parité totale, on n’est pas non plus dans un monde idéal, mais dans les nouveaux manuels scolaires qu’on reçoit, il y a toujours des parts de manuels consacrés à l’histoire féminine, on fait beaucoup de choses axées sur l’histoire des femmes si bien que ça nous est assez reproché aussi souvent du on va encore faire un truc spécialement sur les femmes, tu as envie de dire déjà on serait pas obligé de le faire si vous nous aviez pas volé la moitié de l’histoire.
C’est vrai que je crois qu’on les bassine un peu beaucoup après moi je sais que j’ai un établissement aussi difficile de comparer complètement avec le reste parce que nous sommes tellement géniaux, non ce n’est pas ça, on fait beaucoup de choses.
Mes points de comparaison sont un peu limités, mais en tout cas c’est dans les manuels scolaires. Au niveau historique, il est vrai qu’on étudie, on va quand même toujours dire 70%, voire 80% de figures masculines, mais moi j’essaye en tout cas toujours d’apporter une figure féminine, ou en tout cas s’il n’y en a pas, d’expliciter pourquoi il n’y a pas.
Pas parce que ça n’a pas existé, juste parce que l’histoire est écrite d’un point de vue masculin, parce que quand on étudie la royauté, on étudie d’un point de vue militaire et politique, et que les femmes étaient exclues de la vie politique et militaire, que l’histoire a très longtemps été une histoire bataille, donc encore une fois du point de vue des hommes.
Et que tout un courant historiographique remet les femmes au centre de l’histoire. Surtout que les femmes ont été sur plein de courants historiques. C’est juste que quand tu gommes les gens de l’histoire, tu ne les vois pas apparaître. Par exemple, en ce moment, je travaille avec les quatrièmes sur le suffrage, la mise en place des votes, et je parle du suffrage universel.
Dans le texte, il y a marqué « suffrage universel » et les enfants me disent tout le monde vote ? Alors déjà l’universalité on se calme parce qu’en réalité déjà les mineurs tu les enlèves et la femme dans les textes de loi au XIXe siècle elle est considérée comme éternellement mineure. Ils me disent que ce n’est pas universel. Non c’est universel masculin mais pour les textes de l’époque ils ne te marquent même pas universel masculin parce que pour eux c’est logique que la femme ne soit pas dedans puisqu’elle ne vote pas de facto parce que pour eux la femme n’a pas de lien avec la politique.
Mais il faut tout replacer dans un contexte pour pouvoir faire comprendre et que l’histoire n’est qu’une réécriture et qu’un point de vue. Les programmes de l’éducation nationale sont liés à des courants politiques. Il n’y a pas plus de politique que l’histoire géographie en plus. C’est le grand combat des politiciens quand ils arrivent à l’éducation nationale.
Pardon, je dérive un peu là de l’épisode sur le harcèlement scolaire, je suis partie sur ma matière.
Développer son esprit critique
Il n’y a aucun souci. Ce que tu dis dans ce podcast sur le harcèlement scolaire, c’est hyper important et c’est quelque chose, c’est une partie des valeurs de mon podcast Matrimoine Féministe que je trouvais essentielle. C’est forger son esprit critique et c’est important de donner un contexte justement pour comprendre le pourquoi du comment. Et ça me fait penser forcément aux réseaux sociaux que d’un côté, je trouve ça bien, mais de l’autre côté, pas trop pour certaines choses parce que, tu as un biais de conformité.
Et puis en 10 slides sur Instagram, comment tu peux te faire un esprit critique ou un réel de 90 secondes. Après sur TikTok maintenant c’est un peu plus long, ça peut aller jusqu’à 10 minutes, ça concurrence YouTube c’est vrai, mais ce que j’entends c’est que c’est très compliqué de se faire un point de vue avec si peu d’éléments en main.
Donc super ce que tu fais comme travail par rapport au harcèlement scolaire et plus largement donc bravo et je pense qu’il faudrait que plus de personnes fassent ça après de toute façon ça vient progressivement, il y a plein de personnes que ce soit sur les réseaux sociaux ou les professeurs comme toi qui essaient d’apporter leur expérience, leur valeur, leur engagement. Et ça, je trouve ça bien, surtout quand on travaille avec des enfants. Moi, c’est des enfants, même si c’est des ados, mais ils sont encore jeunes.
Oui je dis ça. Ils n’aiment pas ça, mais chaque fois j’aime bien faire ça. Les enfants, on n’est pas des enfants. Un peu quand même.
Mais oui, c’est hyper important parce pour moi, la posture d’être prof, être professeur, professeuse, c’est un très beau métier, malheureusement, qui n’est pas valorisé à sa juste valeur parce que ça permet quand même la construction des futurs citoyens, citoyennes dans notre société et c’est quand même un rôle assez important, surtout, comme tu disais, quand il y a des parents qui sont démissionnaires et qu’ils ne prennent pas leur rôle au sérieux. Malheureusement, ce sont les profs qui doivent prendre le relais et essayer de faire quelque chose pour aider la construction de cet enfant.
Oui puis il y a des choses qu’ils n’entendront qu’à l’école. Moi c’est que des fois je me dis le discours que je vais peut-être pouvoir leur apporter, notamment par exemple quand je fais des cours de MC sur les discriminations, qui sont des cours très sportifs. J’ai l’impression de partir à la guerre à chaque fois. Mais parce que je sais qu’aussi il va falloir que je prenne sur moi parce que je vais être confrontée dès fois à des remarques d’élèves qui risquent, moi, de me heurter, parce que je suis plus avancée qu’eux.
Et en plus, eux, ils ne me parlent même pas forcément avec ce qu’ils pensent, mais ce qu’ils entendent à la maison à 12 ans. J’ose espérer que ce ne sont pas ce qu’ils pensent réellement. Bon, peut-être que c’est ce qu’ils pensent aussi, mais souvent ils vont balancer des choses, des stéréotypes, des clichés.
Et si moi, je réponds par l’agressivité à ce moment-là, je me dis mon discours est inaudible. Ils se rappelleront juste d’un prof super énervé qui va les sermonner en leur expliquant qu’ils ont eu tort. Et l’idée ce n’est pas tant de leur expliquer qu’ils ont tort, c’est de les amener à réfléchir sur pourquoi tu dis ça ? Qu’est-ce que tu penses ? Est-ce que tu penses que c’est vrai ? Est-ce que vraiment quand tu dis en rigolant la place de la femme est à la cuisine ?
Bon, c’est leur grand truc. Ce que j’aime bien dans ce cas-là, c’est que toutes les filles s’insurgent, donc je suis là genre, alors, mesdemoiselles, allez-y, je vous en prie. Mais tu vois vraiment, tu dis, mais t’es sûre ? Une fois que t’as fait ta petite blague, c’est bon, allez, on a rigolé trois minutes. Est-ce que la place des femmes est à la cuisine ? Et déjà, tu vois, tu sens que, passé leur petit moment de gloire où ils se sont fait rire, ils sont là genre, non madame.
Et c’est les amener à réfléchir aussi à la bêtise qu’ils peuvent avoir. Tu vois, un gamin, la dernière fois, j’étais en train de faire les LGBTphobies, et j’ai passé le clip de Hoshi Amour Censure, et donc on voit deux femmes qui s’embrassent. Et il me fait moi, de toute façon, les lesbiennes, ça me dégoûte. Je dis, ah bon ? Pourquoi ?
Parce que ce n’est pas très normal. Mais c’est quoi la normalité ? C’est un homme et une femme. En quoi elle te dérange ? Ça me dérange. Mais pourquoi ? Je ne sais pas. Ah ! Tu ne sais pas. Ça te dérange mais tu ne sais pas pourquoi. Il était là tout penaud.
Je dis oui il faut que tu réfléchisses, moi je veux bien que ça te dérange, mais donne moi des arguments. Je ne sais pas enfin tu t’es sentie agressée là dans l’écran. Tu vois décomplexer le truc et tu vois tu parlais des réseaux sociaux et moi ce que je reproche un peu aux réseaux sociaux c’est que les gens démarrent au quart de tour.
Et surtout, je vois beaucoup de personnes qui sont dans l’agressivité. Notamment ceux qui sont dans le militantisme. Il y a deux formes de militantisme qui prouvent qu’il y a vraiment ceux qui sont un peu très pédagogiques. Et je comprends vraiment que ces personnes des fois, soient épuisées de faire de la pédagogie. Vraiment, je compatis, je comprends. Mais si à un moment donné, on en vient à crier sur les gens…
Je veux dire, moi, je ne supporte pas quand un gamin me dit, ça me dégoûte que deux femmes s’embrassent. J’ai qu’une envie de traverser la classe, l’attraper, lui dire maintenant tu sors de ma salle. Mais je me dis si je le sors de ma salle, je lui envoie quel message. Je ne suis pas sûre qu’il aimera plus les personnes lesbiennes si je l’ai viré de cours. Tu vois, plutôt que si je les gardais et que j’ai discuté avec lui. Mais je prends sur moi. Je suis contente que ce soit fini quand cela sonne.
Ce que tu me dis pendant cet épisode sur le harcèlement scolaire, j’ai l’impression quand même limite, c’est du coaching, ce que tu peux appliquer.
C’est épuisant. Mentalement, c’est épuisant, ils ne s’en rendent pas compte, mais c’est fatigant. Parce que c’est vraiment de la pédagogie. Et c’est compliqué de lutter contre des stéréotypes ou des clichés, ou des images préconçues, ou des discriminations. Parce que ce sont des gamins qui ont grandi dans cet environnement, c’est la société qui nous a construit ainsi, et c’est ton cerveau aussi, qui quand on lui a répété ça toute la vie, ou qu’il a entendu ça tout le temps, qui pense ainsi aussi. Donc c’est une question de reformater le cerveau. C’est comme un GPS qui est en mode automatique, il répète, il répète, et toi tu es là, tu dis maintenant, tu passes en mode manuel. Allez, réfléchis par toi-même, arrête de suivre !
C’est intéressant parce qu’il faut faire un pas de recul pour pouvoir construire son esprit critique. Mais d’ailleurs, toi, comment fais-tu pour construire ton esprit critique ? Vu que tu es là pour pouvoir aider les élèves, c’est que toi aussi, tu dois passer par un processus pour apprendre à réfléchir par toi-même et mettre le GPS au mois de manuel.
Alors déjà l’image du GPS, alors là en tombant dans la confidence personnelle, moi j’ai eu de gros problèmes d’anxiété et de troubles alimentaires pendant plusieurs années, donc psychiatre, psy, tous les trucs thérapeutes qui existent, je les ai tous faits.
Sauf l’acupuncture parce que les clous dans les oreilles j’avoue que ce n’est pas mon truc mais si tu veux tous les thérapeutes et notamment quand tu fais beaucoup de thérapies comportementales sont basées aussi sur justement cette métaphore un peu du reprend ton cerveau il est piloté dans un sens, c’est à toi de repasser en mode manuel donc pour le côté un peu plus forme c’est les psychiatres qui m’ont appris déjà à penser comme ça.
Après pour le côté plus contenu déjà. On a des formations en tant que prof alors qui ne sont pas obligatoires. D’un autre côté on avait eu ce débat aussi avec des collègues sur : doit-on rendre obligatoire la formation égalité filles garçons. D’un côté tu as envie de dire oui parce que ce serait bien que tout le monde le fasse.
D’un autre côté, pour avoir vu des collègues quand ils sont dans une formation obligatoire où ils ne veulent pas être, tu n’en tires rien. Tu n’en tires rien à part que les gens sont hyper braqués, qu’ils font la tête toute la journée, et qui sont hyper virulents, parce que les profs, c’est des ados. Il ne faut pas oublier une chose, le prof, il n’a pas quitté l’école. Il est toujours dans la récréation, vraiment. Et en plus, c’est un adulte. Faire changer d’avis un adulte, c’est compliqué.
A titre personnel, j’aime bien m’inscrire sur des formations parce que j’adore me rasseoir et redevenir une élève. Moi, j’adorais l’école. Moi, tu peux m’asseoir, tu peux me parler pendant 8 heures, je t’écoute. Donc ça, j’aime bien parce que les formations, égalité filles garçons, on en a eu une super là sur le genre. C’était trop drôle de voir certains collègues qui étaient là devant les mots genre coming out, outing, machin.
Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Moi j’étais trop contente, j’étais là, attends, je connais tout, vas-y, je peux les mettre dans les cases. Je jouais à un jeu là-bas, c’était mon meilleur jour. Mais même là, tu vois, ils nous apprennent plein de choses. Et après sinon, c’est à titre personnel, c’est mes lectures, c’est ma vie personnelle aussi, c’est les réseaux sociaux aussi, parce que les réseaux sociaux, ils ont formé.
J’ai dit tout à l’heure, ça m’énerve les réseaux sociaux pour des raisons. D’un autre côté, une grande partie de ma formation vient des réseaux sociaux. De l’action militante. Alors, moins dans le côté des associations féministes, mais moi, j’ai longtemps, quand j’étais étudiante, été avec l’association du Magen LGBT. Donc voilà, une grande partie de l’apport vient de là aussi, pour tout ce qui est la lutte contre les LGBTphobies, par exemple, ou le militantisme vis-à-vis de ça.
Merci d’avoir répondu à cette question dans le cadre de notre échange sur le harcèlement scolaire. De ce que je comprends, c’est que chaque expérience de notre vie, qu’elle soit positive ou négative, elle va t’apprendre quelque chose. C’est comme ça. Tu ne fais qu’apprendre dans une vie. Et de toute façon, peu importe les étapes dans lesquelles tu traverses, l’important, c’est d’essayer de faire de son mieux.
Et puis comme tu dis, tu ne cesses jamais d’apprendre. Enfin, à un moment donné, on peut toujours te faire évoluer. Et puis tu peux toujours te rendre compte que tu pensais, d’une certaine manière, tu pensais que tu avais vachement évolué dans ta conscience. Puis d’un coup, tu dis pas tellement. Finalement, j’étais encore bloquée dans mes biais ou dans ma manière de penser. On cesse jamais d’apprendre. C’est chouette.
Quand tu vois le chemin parcouru, après tu te dis que tu as bien progressé et que tu as encore plein de choses à découvrir et vivre. C’est trop bien ! C’est clair que c’est un bon mindset. C’est vrai que le temps passe vite pour cet épisode sur le harcèlement scolaire. On va passer à la conclusion de l’épisode sur le harcèlement scolaire pour continuer d’apprendre pendant ces dernières minutes sur le harcèlement scolaire.
Le mot de la fin “le harcèlement scolaire”
Quel serait ton mot de la fin sur le harcèlement scolaire par rapport à tout ce qu’on s’est dit ?
Je vois la tête des gens quand je pose cette question et là je suis en train de me dire flute. Je suis pris à mon propre piège. Non, alors déjà par rapport aux derniers mots qu’on a eus sur le harcèlement scolaire, c’est qu’effectivement on ne cesse jamais d’apprendre et je pense qu’il ne faut pas s’enfermer dans une croyance en se disant c’est bon, je suis arrivé à mon plein potentiel. Il faut rester ouvert, il faut rester à l’écoute des gens parce que les gens qui sont confrontés à des situations ont toujours aussi des choses à nous dire et à nous apprendre.
Après si on revient plus pour centrer ça sur ce qu’on parlait au départ donc sur le harcèlement scolaire là à titre plus de mon rôle d’enseignant de référent ou de ce que je veux porter avec mon livre le harcèlement scolaire c’est un problème qui est sociétal l’école ne peut pas tout régler la police ne peut pas tout régler.
L’empathie, on peut essayer de le développer à l’école, mais ça se développe aussi dans l’éducation, dans les familles. Pour faire cesser le harcèlement scolaire, il faut se grouper. Il faut que tout le monde prenne en compte une chose, c’est qu’il faut arrêter de considérer que quand on insulte quelqu’un, c’est une blague. Il faut arrêter de considérer que la violence ordinaire, c’est normal. Il faut arrêter de considérer qu’à l’école, on est balancé dans la cour. Vas-y, débrouille-toi, survis pendant tes 16 années d’école.
Non, ce n’est pas la fin, on va faire le calcul pour voir si t’as bien survécu, bravo, les Hunger Games sont passés, tu es le survivant, félicitations. Non, non, non, non. Un élève qui réussit, c’est un élève qui va bien. Et il faut vraiment garder à l’esprit que les élèves qui sont victimes de harcèlement scolaire, souvent, n’osent pas en parler. Ils ont honte. Ils ont l’impression que c’est eux qui sont responsables.
Mais ce ne sont pas eux qui sont responsables, c’est déjà les intimidateurs, les harceleurs, les autres. Et tous ceux qui voient, qui observent, qui ont peur, il ne faut pas oublier une chose, c’est qu’en réalité, ils sont majoritaires. Il faut arrêter de laisser une minorité, se dire juste parce qu’ils sont un peu populaires et qu’ils font rire les autres. Parce qu’à partir du moment où on retourne la tendance en disant, finalement, si je n’interviens pas, c’est non-assistance à personne en danger.
Et de dire, ce n’est pas drôle ce que tu as dit. Généralement, ça souffle la personne. La personne, elle n’est pas si forte que ça en face. Elle n’est forte, la personne qui intimide, que parce que les autres lui donnent cette légitimité, cette force. Si les autres retournent ça contre lui ou elle, en général, il continuera pas longtemps.
C’est une très belle conclusion de cet épisode sur le harcèlement scolaire. De ce que tu nous dis et il faudrait plus d’adelfité entre nous pour que les choses aillent mieux. J’espère qu’on se dirigera vers un monde comme ça où sororité et fraternité puissent coexister et que ça rende un ensemble de personnes meilleures. En tout cas, on contribue à notre échelle. Chaque pas compte, c’est tout ce qui compte.
Qui sont tes rôles modèles ?
Dans la suite de mes questions pour clôturer l’épisode sur le harcèlement scolaire, qui sont tes rôles modèles sur le sujet de la prévention, sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement ?
Mes collègues de travail. Si après il faut que je cite des scientifiques, je vais dire ceux de la méthode PIKAS, Monsieur PIKAS, du développement de la… Alors ça s’appelle pas la méthode de préoccupation partagée, mais c’est celui dont c’est adapté, qui prône, ça fait un peu gourou, le développement de l’empathie et vraiment, moi j’ai dit l’éducation des pays scandinaves, la Finlande, la Norvège, vraiment, c’est des pays dont il faut le bien-être, de ces ministères, de ces écoles, de ces pays qui ont investi des milliards d’argent dans le bien-être à l’école.
Ils cherchent une solution pour savoir comment faire en sorte pour que les élèves réussissent mieux. Ils ont la solution. Il faudrait peut-être juste mettre l’argent où il faut. Ces gens-là, je trouve qu’ils sont admirables dans ce qu’ils font parce qu’ils ont bien compris que c’était le bien-être qui comptait avant la performance. C’est bien d’être performant, mais si on est malheureux…
C’est bien dit, c’est tout que moi j’ai eu la chance de faire un Erasmus en Finlande et j’ai testé le meilleur système éducatif au monde et pour le coup c’est vrai que j’en garde un très très bon souvenir, même moi j’étais vraiment bluffée parce que pour expliquer rapidement, en Finlande, tu as le droit, par exemple, d’avoir ton cours pendant les interros. ils s’en moquent. L’important, ce n’est pas ton cours d’être un perroquet, de répéter, cracher ce que tu dis, mais l’important, c’est faire des connexions, de voir ta réflexion que tu peux avoir avec toutes les connaissances et faire un tissage de liens.
Et ça, je trouvais ça vraiment incroyable d’avoir vécu ce système et j’étais en mode bluffée. Et en plus ce qui était incroyable c’était que t’es noté de 1 à 5 et à partir de 2 tu valides. Donc il ne faut vraiment rien faire pour pas avoir 2. Et 5, c’est vraiment, tu donnes tout. Ce qui est bien, c’est qu’il n’y a pas de jugement. Tu peux faire le strict minimum, ils te laissent vivre ta life et tu peux faire le maximum. Tu veux tout cravacher. Tu es complètement libre.
Pendant les interrogations, tu peux partir au bout de 20 minutes ou au bout d’une heure. L’important, c’est que toi, que tu es en adéquation avec toi-même, avec tes propres définitions de la réussite, ton ambition. Et c’est très bien. Et ça, je trouvais ça vraiment chouette, cette ouverture d’esprit.
C’est super et moi j’avais vu aussi dans je crois que j’avais dû voir une une émission sur Arte sur la Finlande et c’était trop bien les élèves ils avaient des petites vignettes, et en fonction de leur émotion, par exemple, si aujourd’hui ça n’allait pas, ils mettaient un petit nuage qui pleurait, ou alors, si ça allait, ils mettaient un grand soleil. Et en fonction de l’émotion affichée, le prof savait que c’était peut-être pas le moment d’aller interroger cet élève, parce qu’il n’était pas vraiment ouvert émotionnellement, et le prof, il mettait aussi, parce que nous aussi, on est des êtres émotifs.
Et moi, par exemple, il y a trois jours, j’avais une migraine, j’étais très énervée, ça s’est ressenti. Je ne supportais pas grand-chose ce jour-là. Une élève m’a même dit, rien vous dire, à vous, de toute façon. On va se calmer. Du coup, je l’ai virée parce que j’étais énervée. Ce n’était pas bien, tu vois, je n’étais pas empathique avec elle. Mais c’est parce que, peut-être que si elle avait vu que j’avais un petit orage, elle aurait évité la remarque.
Ah mais j’adore, c’est tellement mignon ces petites émotions, j’adore. Je suis fan du concept.
Moi aussi mais franchement je me suis dit il faut trop que je le fasse. Par contre je serais embêtée s’ils ont tous des orages un jour.
Quelles ressources recommanderais-tu ?
Dans la suite de mes dernières questions pour terminer cet épisode sur le harcèlement scolaire, il y aurait quelles ressources en lien avec le harcèlement scolaire tu recommanderais aux personnes qui nous écoutent ?
Allez lire mon livre avec l’histoire basée sur harcèlement scolaire, il est génial. C’est mon instant auto-promotion. C’est parce que j’aimerais vraiment beaucoup que mon livre puisse servir de support pédagogique à des enseignants, donc ça me fait très plaisir. Des enseignants mais pas que, des parents d’élèves ou des élèves, justement pour travailler sur ça, mais si je m’exclus moi-même parce que ça fait très narcissique ce que je suis en train de dire. J’aurais moins tendance à vous conseiller d’aller lire les livres très spécifiques sur le harcèlement scolaire, ce genre de choses parce que c’est du très scientifique et théorique.
Il y a le film qui est sorti, qui s’appelle Marion, 13 ans pour toujours, qui est adapté de l’histoire de Marion, qui a mis fin à ses jours chez elle, qui m’a inspirée aussi pour mon histoire. Il y a la série 13 reasons why, qui parle aussi de harcèlement scolaire. La difficulté qu’il y a, c’est que ces séries-là mettent encore une fois toujours des cas de harcèlement scolaire qui sont très lourds. Je trouve que ça serait intéressant qu’on montre vraiment à la télé ce qui est le harcèlement ordinaire et le plus quotidien auquel on peut être confronté.
Sinon, il y a de plus en plus de livres, et notamment, il y a la maison d’édition Scrineo, qui a une collection de romans engagés. Et ils ont justement un roman qui s’appelle Harceleur. Il y en a un qui s’appelle #Trahie, je crois, qui est sur le cyberharcèlement, sur le harcèlement scolaire. Et pour le coup, pour les avoir lus, vraiment, c’est ancré sur ce qui se fait dans les écoles. C’est très actuel et moi, je trouve qu’ils sont très bien.
J’avais fait une vidéo sur ma chaîne YouTube, qui s’appelle Histoire d’une prof, quand je parle et que je présente la sortie de mon roman et je leur montre ces livres-là, si jamais certains veulent les retrouver. Je trouve qu’ils sont très bien. Voilà, la collection de chez Scrineo, je trouve qu’elle est très bien. Ce n’est pas ma maison d’édition, mais je trouve qu’elle est chouette. Mais Beta Publisher fait des trucs très bien aussi. J’étais sur la question du harcèlement scolaire.
Non mais tu as raison de t’auto-citer, je te souhaite que ton livre devienne un support pédagogique après, c’est chouette de te faire un instant promo et n’hésite pas à me donner le lien de ta vidéo YouTube où tu présentes ton livre et tu parles de la maison Scrineo parce que je mettrai en description de l’épisode pour que les personnes puissent aller l’écouter et te découvrir sous un autre format.
Du coup, merci pour ces ressources en lien avec le harcèlement scolaire qui ont l’air très chouettes.
Que signifie le terme féminisme pour toi ?
Pour moi le féminisme c’est la recherche de l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce n’est surtout pas l’idée que l’un prenne le pas sur l’autre parce que je pense que c’est juste un équilibre qu’il faut trouver.
Que les hommes comprennent que quand les femmes elles se disent féministes elles ne sont pas en train de vouloir partir au combat contre eux qu’au contraire l’idée c’est juste qu’on soit tous des alliés au même niveau et qu’il n’y en est pas un qui domine l’autre.
Très bonne définition que je rejoins complètement durant notre épisode sur le harcèlement scolaire.
Qui aimerais-tu voir au micro de Matrimoine Féministe ?
Il faut que tu invites Sophie Gliocas. Je sais pas si tu connais. Elle a publié une série de romans jeunesse chez Hachette Roman qui s’appelle Les Enchanteresses, mais ce n’est pas pour ça que tu dois aller la voir. Après, ils sont super, donc tu peux aussi parler, parce qu’il y a une touche très féministe aussi dans ses romans jeunesse. Mais c’est surtout qu’elle a tenu pendant des années un blog qui s’appelle Tout est politique.
Et elle a aussi un podcast J’ai pas sommeil, où elle analyse les séries, les films justement sur un biais féministe. Elle avait aussi sur un podcast où elle parlait justement de propos, de la politique de l’analyse en expliquant, mais sur un point de vue très féministe et très engagé.
Elle est très chouette. Personnellement, je ne la connais que pour l’avoir vu en dédicace, mais pour avoir écouté plein de podcasts d’elle, elle est très bien, je trouve.
Merci de m’avoir recommandé cette Sophie que j’irai suivre parce qu’on partage plein de valeurs et c’est tellement chouette d’être entouré de personnes qui nous ressemblent mais en tout cas l’épisode sur le harcèlement scolaire touche déjà à sa fin. Merci à toi pour ce moment échangé avec nous et merci aux éditeurs et auditrices qui nous ont écouté jusqu’au bout cet épisode sur le harcèlement scolaire.
Merci beaucoup, merci à toi pour l’invitation pour parler du harcèlement scolaire en tout cas.
Avec plaisir, ciao ciao tout le monde !
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Les sources de l’épisode “le harcèlement scolaire”
- Ton roman c’était juste une blague aux éditions Beta Publisher.
- Ta chaîne YouTube Histoire d’une prof.
Les rôles modèles et ressources mises en avant dans “le harcèlement scolaire”
- Mes collègues de travail.
- Monsieur PIKAS.
- Reportages Arte sur les pays scandinaves.
- Marion 13 ans pour toujours.
- 13 reasons why.
- Harceleur et #Trahie des éditions Scrineo.
Retrouvez Caroline Peiffer
Episodes complémentaires
- Le petit guide fun et simple du féminisme avec Samantha Feitelson.
- Le cyberharcèlement avec Aurane K.