Bonjour et bienvenue à toutes et tous. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’échanger pour ce podcast hebdomadaire avec Mathilde Saliou, journaliste spécialisée dans le numérique et autrice du livre Technoféminisme, comment le numérique aggrave les inégalités. Mathilde, je te laisse te présenter.
Bonjour, je suis Mathilde Saliou, journaliste spécialisée dans le numérique depuis une dizaine d’années. Je travaille principalement pour un média qui s’appelle Next, mais j’écris également pour d’autres supports. En début d’année 2023, j’ai publié mon premier livre, Technoféminisme.
Qu’est-ce que le technoféminisme ?
À l’origine, j’ai choisi le terme technoféminisme car il me semblait être un titre efficace pour exprimer rapidement le contenu de mon livre. On peut également considérer le technoféminisme comme un courant de pensée, même si je ne m’en réclame pas forcément. Mon objectif était avant tout d’être claire et explicite quant aux sujets abordés.
Dans le monde universitaire, le technoféminisme s’inscrit dans une réflexion à l’intersection du numérique et du féminisme. Cette approche m’a particulièrement intéressée en tant que journaliste, car elle permet d’explorer des problématiques complexes liées aux transformations sociétales induites par le numérique.
Le numérique impacte toutes les sphères de notre société :
- Il est utilisé pour consulter les résultats scolaires,
- Prendre des notes au travail,
- Gérer nos relations médicales,
- Échanger avec les banques ou l’administration, etc.
L’ajout d’un prisme féministe intersectionnel enrichit cette analyse sur le technoféminisme, car il permet de mieux comprendre les inégalités structurelles et les mécanismes qui les perpétuent. Cela nous amène à nous interroger sur plusieurs sujets autour du technoféminisme :
- Pourquoi l’industrie du jeu vidéo s’est-elle structurée comme elle l’a fait ? Aurait-elle évolué différemment si elle avait été plus inclusive ?
- Pourquoi les réseaux sociaux, devenus centraux, sont-ils aussi propices à la violence et à la radicalisation ? Une meilleure diversité dans leur conception aurait-elle changé la donne ?
- Comment rendre le numérique plus adapté aux besoins des utilisatrices et utilisateurs ?
Ces réflexions autour du technoféminisme ouvrent de nombreuses pistes pour imaginer un numérique plus inclusif et équitable.
Associer technologie et féminisme permet non seulement d’analyser les problématiques actuelles mais aussi de trouver des solutions adaptées. Trop souvent, lorsque nous faisons face à un problème lié au numérique, nous adoptons une approche binaire :
- Rejeter complètement la technologie,
- Appliquer une solution technique à un problème technique.
Par exemple, face à la radicalisation en ligne, une réaction typique consisterait à supprimer les algorithmes de recommandation au profit d’une modération humaine. Or, une analyse plus approfondie, prenant en compte les réalités vécues par différents groupes sociaux, permettrait d’élaborer des réponses plus adaptées et efficaces.
L’enjeu du technoféminisme est donc de proposer une lecture critique du numérique et d’imaginer des alternatives plus inclusives.
L’informatique : un secteur historiquement genré
Un autre aspect essentiel du technoféminisme concerne la place des femmes dans l’industrie du numérique. À ses débuts, l’informatique comptait une forte proportion de femmes. D’ailleurs, la première personne à avoir créé un algorithme était une femme : Ada Lovelace.
Comment expliquer ce revirement ? Pourquoi les femmes ont-elles été progressivement exclues du secteur ?
Dans mon livre sur le technoféminisme, j’essaie de vulgariser cet état des lieux en retraçant l’évolution du secteur :
- L’informatique est une industrie récente, qui s’est véritablement formalisée après la Seconde Guerre mondiale.
- Ses prémices remontent au siècle précédent, avec les travaux d’Ada Lovelace, qui a conçu le premier algorithme en échangeant avec Charles Babbage, concepteur d’une machine précurseur de l’ordinateur.
- À cette époque, la construction des machines était majoritairement confiée aux hommes, tandis que la programmation était considérée comme un travail d’exécution, souvent réservé aux femmes.
Peu à peu, à mesure que l’informatique gagnait en prestige et en valeur économique, la profession s’est masculinisée, excluant progressivement les femmes.
L’éviction progressive des femmes dans le numérique
Dans les années 1970-1980, l’informatique devient un secteur économique stratégique et un levier de pouvoir. Plusieurs évolutions contribuent alors à exclure les femmes du domaine :
- La formalisation des études en informatique : Pour devenir programmeur ou programmeuse, il devient nécessaire d’avoir suivi des études supérieures en mathématiques et en ingénierie, des filières où les femmes sont déjà sous-représentées.
- La valorisation sociale et économique du secteur : L’informatique commence à être associée à des carrières prestigieuses et bien rémunérées, attirant un nombre croissant d’hommes.
- Une modification des dynamiques de recrutement : Progressivement, les entreprises recrutent principalement des hommes, renforçant ainsi le déséquilibre entre les genres.
Selon la chercheuse Isabelle Collet, le nombre de femmes dans la tech est resté stable, mais la part d’hommes a explosé. Aujourd’hui, dans les pays occidentaux, les femmes ne représentent qu’un quart des effectifs du secteur numérique, et seule une fraction d’entre elles occupent des postes techniques.
Cette réalité illustre un phénomène central du technoféminisme : plus une industrie prend de la valeur, plus elle devient inaccessible aux femmes. Ce schéma s’est déjà observé dans d’autres domaines, et le numérique en est un parfait exemple.
Un numérique conçu sans diversité : quelles conséquences ?
Lorsque des produits technologiques sont développés par des équipes peu diversifiées, ils sont souvent pensés pour un public homogène, ce qui entraîne de nombreux biais et inégalités.
Un exemple frappant dans son livre technoféminisme, est celui de Siri, l’assistant vocal d’Apple. Lors de son lancement en 2010, Siri était capable de répondre à des requêtes telles que « Où trouver du Viagra ? » en proposant immédiatement une pharmacie à proximité. En revanche, si on lui demandait des informations sur l’accès à l’IVG, il était incapable de fournir une réponse pertinente. Ce biais algorithmique, dénoncé par plusieurs associations féministes, a conduit Apple à revoir ses algorithmes.
Autre exemple : le HealthKit, une application de suivi de santé développée par Apple en 2014. Cette application permettait aux utilisateurs de suivre de nombreux paramètres médicaux, y compris le nombre de pas quotidiens ou encore le suivi de certaines maladies chroniques. Pourtant, aucune fonctionnalité n’avait été prévue pour suivre le cycle menstruel, un aspect pourtant fondamental pour la moitié de la population mondiale.
Ces cas illustrent parfaitement l’un des enjeux du technoféminisme : l’impact direct de l’absence de diversité dans la conception des technologies sur les inégalités de genre. Lorsque les équipes de développement sont homogènes, les produits qu’elles créent reflètent leurs biais et excluent, parfois involontairement, des populations entières.
L’impact du manque de diversité dans la tech
Le technoféminisme met en lumière ces inégalités et plaide pour une meilleure représentation des femmes et des minorités dans l’industrie numérique. L’objectif n’est pas seulement d’atteindre une parité symbolique, mais bien de garantir que les outils technologiques soient conçus pour tous et toutes, en tenant compte de la diversité des besoins.
De la même manière qu’une personne valide ne peut pas comprendre pleinement les réalités du quotidien d’une personne en situation de handicap, une industrie homogène ne peut pas produire des outils véritablement universels. Intégrer des perspectives variées dès la conception est essentiel pour garantir une technologie équitable et adaptée à l’ensemble de la société.
C’est l’une des luttes majeures du technoféminisme : comprendre comment le numérique renforce les inégalités, et surtout, comment il peut devenir un outil d’émancipation et d’inclusion.
La domination masculine dans le secteur du numérique a des conséquences directes sur la conception des technologies et la manière dont elles sont perçues et utilisées. Un exemple frappant est celui des applications de running : certaines offrent une géolocalisation en temps réel, ce qui peut être rassurant pour certains utilisateurs, mais suscite de fortes inquiétudes chez les femmes.
Une application développée sans prise en compte des réalités du terrain peut engendrer des risques insoupçonnés. Ce type d’exemple montre l’importance d’intégrer plus de diversité dès la conception des produits. C’est un enjeu majeur du technoféminisme, qui analyse comment les biais de genre influencent l’expérience numérique et cherchent des solutions pour un numérique plus inclusif.
Le cyberharcèlement, un problème structurel
L’évolution des technologies s’accompagne aussi de nouvelles formes de violences, notamment le cyberharcèlement. Ce phénomène touche un large éventail de professions, des journalistes aux influenceuses, en passant par les scientifiques et les militantes.
Mais il existe une différence fondamentale dans la nature des attaques subies selon le genre :
- Les hommes reçoivent principalement des insultes et des attaques verbales.
- Les femmes et les minorités sont plus souvent victimes de menaces de viol, de mort, de deepfake pornographiques et de harcèlement ciblé sur leur apparence et leur vie privée.
Cette réalité a des conséquences graves sur la liberté d’expression et le bien-être des femmes qui travaillent dans le numérique. Certaines préfèrent abandonner certains sujets sensibles ou limiter leur présence en ligne pour se protéger.
Le technoféminisme pose donc une question centrale : comment protéger les utilisatrices du numérique sans leur demander de se censurer elles-mêmes ?
Un manque de réactivité des grandes plateformes
Le cyberharcèlement n’est pas un phénomène récent. Depuis la création des premiers réseaux sociaux grand public, dans les années 2006-2008, des signalements ont été faits concernant les violences en ligne. Pourtant, les réactions des plateformes ont été d’une lenteur extrême.
Prenons l’exemple de Twitter :
- Il aura fallu sept ans avant que le réseau social ne mette en place un outil de modération.
- Initialement, cet outil se limitait à un simple système de signalement, sans réelle prise en charge des victimes.
- Pendant cette période, des milliers de femmes ont dû supporter des campagnes de harcèlement, sans possibilité d’obtenir une véritable protection.
Imagine-t-on une autre industrie fonctionner ainsi ? Si un médicament était jugé dangereux, il serait immédiatement retiré du marché et étudié avant d’être éventuellement reformulé. Pourtant, dans le monde du numérique, des outils défaillants ou dangereux restent accessibles pendant des années sans aucune modification.
Le technoféminisme questionne cette inertie et milite pour une responsabilisation des plateformes afin qu’elles cessent de reporter la responsabilité sur les utilisatrices et prennent enfin des mesures adaptées pour limiter les violences en ligne.
Comment attirer plus de femmes dans la tech ?
La place des femmes dans le numérique reste faiblement représentée, en raison de plusieurs facteurs culturels et éducatifs :
- Les biais dans l’éducation : Dès l’enfance, les filles sont moins encouragées que les garçons à s’orienter vers des carrières scientifiques et technologiques. Les enseignants et même les familles, souvent inconsciemment, renforcent cette inégalité en orientant différemment leurs conseils selon le genre.
- Le poids du marketing genré : L’exemple de la Game Boy, sortie dans les années 1980, illustre bien cette dynamique. Pourquoi pas « Game Kid » ? Parce que le marketing du jeu vidéo s’est très vite tourné vers un public masculin, excluant progressivement les filles.
- Un manque de modèles féminins visibles : Les grandes figures du numérique mises en avant dans les médias sont majoritairement masculines. Pourtant, les femmes ont joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’informatique, comme Ada Lovelace ou Grace Hopper.
Le technoféminisme s’intéresse à ces freins systémiques et cherche des solutions pour encourager plus de femmes et de minorités à intégrer le secteur du numérique.
Si nous voulons un numérique plus inclusif, il est urgent que davantage de femmes investissent ce domaine. Il ne s’agit pas seulement d’un enjeu de représentation, mais aussi d’une nécessité pour garantir que les outils que nous utilisons répondent aux besoins de toutes et tous.
Les femmes doivent être actrices du changement, en analysant les outils numériques, en comprenant leurs effets sur la société et en dénonçant les dysfonctionnements lorsqu’ils apparaissent.
C’est là tout l’enjeu du technoféminisme : au lieu de subir passivement des outils pensés sans nous et pour nous, nous devons nous positionner en actrices du numérique, afin de construire un futur où la technologie bénéficie réellement à l’ensemble de la société.
L’une des clés pour un numérique plus inclusif et équitable est d’avoir plus de femmes et de minorités impliquées dans la conception et le développement des technologies.
Si certaines peuvent être découragées par les défis et les obstacles évoqués, il est essentiel de rappeler que le secteur du numérique offre aussi de nombreuses opportunités :
- Un secteur d’innovation et de créativité : C’est un environnement idéal pour celles qui aiment tester, concevoir et expérimenter.
- Des carrières bien rémunérées : L’écart de genre dans les salaires et l’accès aux postes à responsabilité est un enjeu majeur d’égalité.
- Un levier de pouvoir et d’influence : En intégrant ces métiers, les femmes peuvent modifier la culture de la tech de l’intérieur, et ainsi contribuer à un numérique plus juste.
- Une reconnaissance sociale : Travailler dans une grande entreprise technologique est encore perçu comme une réussite professionnelle prestigieuse.
Le technoféminisme ne se contente pas de dénoncer les inégalités ; il met aussi en avant les opportunités et les leviers d’action pour que les femmes puissent non seulement intégrer le numérique, mais aussi y évoluer et y prospérer.
Briser l’isolement : l’importance des cercles de soutien féminins
Face aux défis que rencontrent les femmes dans la tech, il est essentiel de créer des espaces de soutien et d’entraide. Heureusement, de nombreux réseaux et associations existent pour accompagner celles qui souhaitent se lancer dans le numérique.
Il existe aujourd’hui des cercles de femmes dans presque tous les sous-secteurs du numérique :
- Data science et intelligence artificielle
- Cybersécurité (où les femmes ne représentent encore que 11% des effectifs)
- Développement de logiciels
- Crypto-monnaies et blockchain
- Jeux vidéo et animation numérique
S’intégrer à ces réseaux permet non seulement d’échanger des conseils pratiques et professionnels, mais aussi de trouver un espace sécurisé pour partager ses expériences et briser l’isolement.
De nombreux groupes féminins dans la tech partagent aussi des stratégies pour négocier un salaire, décrocher un emploi dans une grande entreprise technologique, ou encore réussir dans l’entrepreneuriat numérique.
Le technoféminisme encourage la création et le développement de ces espaces, car ils permettent aux femmes de s’affirmer et de se soutenir mutuellement dans un secteur encore très masculinisé.
Le cyberharcèlement, simple prolongement des violences hors ligne
Un des grands mythes qui persistent autour du numérique est l’idée que le monde virtuel et le monde réel sont distincts. Cette distinction est souvent utilisée pour minimiser les violences en ligne, sous prétexte qu’il ne s’agit que de « simples mots » et non d’actes physiques.
Si l’on regarde l’histoire des mouvements féministes récents, on observe une continuité entre les luttes contre le harcèlement de rue, qui ont explosé dans les années 2010, et la prise de conscience progressive du cybersexisme.
De la même manière que les femmes dénonçaient les insultes et commentaires non sollicités dans l’espace public via des initiatives comme « Paye ta Shnek », elles alertent aujourd’hui sur la violence des interactions numériques. Ce que le technoféminisme met en lumière, c’est que les conséquences de ces attaques sont bien réelles :
- Perte de confiance en soi et dévalorisation,
- Auto-censure et retrait des espaces numériques,
- Impact direct sur la santé mentale, pouvant aller jusqu’au suicide dans les cas les plus graves, notamment chez les populations les plus jeunes et les personnes LGBTQ+, qui subissent un cyberharcèlement à forte dimension identitaire.
Face à ces constats, il est urgent de cesser d’opposer le monde numérique au monde réel. Le numérique fait partie intégrante de nos vies et les violences qui s’y déroulent ont des conséquences physiques, émotionnelles et sociales tout aussi graves que les violences hors ligne.
Pourquoi est-il si difficile d’identifier les cyberharceleurs ?
Une autre question centrale dans la lutte contre le cybersexisme concerne l’anonymat des harceleurs. Beaucoup pensent qu’il est impossible de les retrouver, notamment lorsqu’ils utilisent des comptes anonymes ou des réseaux privés virtuels (VPN).
Or, techniquement, il est tout à fait possible de remonter à l’identité des auteurs, même lorsqu’ils tentent de masquer leurs traces. Mais plusieurs obstacles se dressent :
- Un manque de financements et de temps : Les enquêtes sur le cyberharcèlement demandent des ressources importantes que la police et la justice ne peuvent pas toujours mobiliser.
- Une priorité donnée aux délits financiers : Les experts en cybercriminalité doivent gérer toutes les formes de délinquance numérique. Dans la plupart des cas, les arnaques financières ou les fraudes à grande échelle sont traitées en priorité, laissant peu de moyens pour les affaires de cyberharcèlement.
- Un manque de formation des forces de l’ordre : Même lorsque les lois existent, leur application reste compliquée faute de personnel formé aux nouvelles pratiques numériques.
Ce que le technoféminisme met en avant, c’est que le cyberharcèlement ne doit pas être considéré comme un problème secondaire. Il s’agit d’une violence systémique, qui s’inscrit dans un schéma plus large de domination et d’exclusion des femmes et des minorités du numérique.
Malgré ces défis, il est important de noter que des progrès ont été réalisés ces dernières années :
- Une législation plus stricte contre le cyberharcèlement, avec des sanctions plus sévères pour les agresseurs,
- Une sensibilisation croissante du grand public aux enjeux du sexisme en ligne,
- Un mouvement de solidarité et d’entraide entre les femmes et les minorités pour mieux se protéger et faire valoir leurs droits.
Le technoféminisme joue un rôle clé dans cette prise de conscience, en dénonçant les failles du système actuel et en proposant des solutions pour un numérique plus inclusif et plus sûr.
Que faire en cas de cyberharcèlement ?
Bien que les enquêtes puissent être longues et complexes, des recours existent pour les victimes :
- Se tourner vers des associations spécialisées, qui peuvent accompagner les victimes et les orienter vers les bonnes démarches juridiques.
- Faire appel à des avocats spécialisés dans le numérique, qui connaissent les lois en vigueur et peuvent aider à constituer un dossier solide.
- Signaler les contenus problématiques sur les plateformes : même si la modération reste insuffisante, plus un contenu est signalé, plus il a de chances d’être supprimé rapidement.
Le technoféminisme insiste sur la nécessité d’une réponse collective et systémique, car c’est en accentuant la pression sur les institutions et les plateformes qu’un changement durable pourra être obtenu.
Qu’est-ce que le masculinisme ?
Le masculinisme est un courant idéologique qui s’oppose directement au féminisme. Alors que le féminisme vise l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, le masculinisme prône, au contraire, une régression des droits des femmes, allant jusqu’à souhaiter leur exclusion de l’espace public.
Bien que ces idées ne soient pas nouvelles, elles ont pris une ampleur inédite avec Internet, qui a permis aux communautés masculinistes de :
- Se structurer à l’échelle mondiale, en connectant des individus partageant les mêmes idées,
- Diffuser massivement leurs discours sur des forums (ex : 4chan, Reddit) YouTube, TikTok ou Discord,
- Cibler des militantes féministes à travers des campagnes de harcèlement coordonnées.
Le technoféminisme s’intéresse particulièrement à ce phénomène, car il illustre comment le numérique amplifie des dynamiques de domination qui existent déjà hors ligne.
Le masculinisme trouve ses premières racines dans les années 1970-1990, notamment aux États-Unis. À cette époque, certains groupes de développement personnel destinés aux hommes émergent, avec l’objectif de les aider à retrouver confiance en eux et à “s’épanouir”.
Parmi ces communautés, les « pick-up artists » (PUA), spécialisés dans la séduction manipulatoire, connaissent un grand succès. Leur promesse ? Enseigner aux hommes comment multiplier les conquêtes féminines, en les traitant comme des objets à collectionner plutôt que comme des partenaires égales.
Si ces groupes semblaient relativement anecdotiques à leurs débuts, leur évolution a été marquée par une radicalisation progressive. Avec la montée d’Internet, les idées masculinistes se sont propagées à grande vitesse, et certaines communautés sont devenues de véritables foyers de haine contre les femmes.
Internet, un catalyseur de la haine masculiniste
Si le masculinisme était autrefois perçu comme une idée marginale, il est aujourd’hui un véritable enjeu sociétal. Plusieurs raisons expliquent cette montée en puissance :
- Une mise en réseau rapide des individus, même ceux qui partagent des idées extrêmes,
- Une amplification des discours haineux, grâce aux algorithmes qui favorisent les contenus sensationnalistes,
- Un effet de radicalisation, où des hommes en situation de fragilité personnelle trouvent des explications simplistes à leurs échecs et frustrations, souvent en blâmant les femmes.
Ces espaces sont devenus des foyers d’attaques contre les féministes, notamment via :
- Des campagnes de cyberharcèlement massives,
- La diffusion de deepfakes pornographiques pour décrédibiliser des militantes,
- Des appels à la violence, qui vont parfois jusqu’à inspirer des actes criminels.
Le technoféminisme alerte depuis plusieurs années sur le danger de ces communautés, qui ne se contentent pas de rester dans un univers virtuel, mais dont les idées se traduisent de plus en plus par des violences bien réelles.
Face à cette montée du masculinisme, il est essentiel de :
- Renforcer la régulation des plateformes pour éviter la diffusion massive de contenus haineux,
- Sensibiliser les jeunes générations aux dangers de ces discours,
- Encourager une présence plus forte des femmes dans le numérique, pour contrer ces idéologies de l’intérieur.
Le numérique peut être un outil d’émancipation ou de domination : il dépend de qui le contrôle et de quelles valeurs il véhicule. Le technoféminisme appelle à reprendre le pouvoir sur ces espaces, afin que le numérique ne devienne pas un terrain propice à la régression des droits des femmes, mais au contraire, un levier d’égalité et de progrès.
L’attentat de Polytechnique : le premier acte terroriste masculiniste
Un des premiers actes extrêmes liés à cette idéologie remonte à 1989, bien avant l’avènement du web. Cet événement tragique est souvent considéré comme le premier attentat masculiniste documenté.
Le 6 décembre 1989, à l’École Polytechnique de Montréal, un homme armé a séparé les hommes et les femmes d’une salle de classe avant d’ouvrir le feu uniquement sur les femmes. Avant de passer à l’acte, il a laissé une lettre où il expliquait explicitement vouloir tuer des féministes, qu’il accusait de prendre la place des hommes.
Cet attentat a marqué un tournant et est devenu, des années plus tard, une référence idéologique pour certaines communautés masculinistes en ligne. Avec l’émergence des forums et des réseaux sociaux, ces individus ont pu se regrouper, amplifier leurs discours et propager leur haine de manière plus efficace.
Le technoféminisme met en lumière cette évolution inquiétante : des idées longtemps marginales ont trouvé une audience massive grâce au numérique, ce qui a favorisé leur banalisation et leur diffusion à grande échelle.
Le Gamergate : un tournant dans la guerre culturelle en ligne
Si le massacre de Polytechnique est un symbole historique du masculinisme radical, un autre événement plus récent a marqué un tournant dans la structuration du cyberharcèlement masculiniste : le Gamergate.
Le Gamergate (2013-2014) a débuté dans la communauté du jeu vidéo, historiquement très masculine. À l’origine, cette campagne de harcèlement a ciblé des développeuses de jeux vidéo et des journalistes féministes, sous prétexte qu’elles menaçaient « l’identité masculine du gaming ».
Pourquoi le Gamergate est un tournant ?
- Il a rendu le cyberharcèlement visible : Ce phénomène a été massivement médiatisé, montrant pour la première fois l’ampleur des violences sexistes en ligne.
- Il a testé et perfectionné des techniques de harcèlement : Les attaques coordonnées, le doxxing (diffusion d’informations personnelles), les menaces de mort et de viol sont devenues des stratégies courantes des groupes masculinistes.
- Il a influencé d’autres mouvements politiques extrémistes : Dès 2015-2016, les mêmes tactiques ont été réutilisées pour propulser des figures politiques d’extrême droite, comme Donald Trump et son mouvement « Make America Great Again » (MAGA).
Le technoféminisme analyse ces phénomènes en montrant comment les outils numériques ont été détournés pour organiser des attaques massives contre les féministes et les minorités.
Les discours masculinistes aujourd’hui : un backlash contre les avancées féministes
Le technoféminisme met en avant une tendance préoccupante : alors que les féministes ont obtenu des victoires importantes ces dernières années (MeToo, luttes pour l’égalité salariale, dénonciation du harcèlement), un retour de bâton s’organise activement.
Depuis environ deux ans, les comptes et idées masculinistes gagnent du terrain sur les réseaux sociaux. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène :
- Une nostalgie des rôles de genre traditionnels, où les femmes avaient moins de place dans l’espace public.
- Une instrumentalisation du ressentiment masculin, notamment chez certains jeunes hommes en difficulté sociale ou affective.
- Une rhétorique populiste qui oppose les droits des femmes aux droits des hommes, comme si l’égalité était un jeu à somme nulle.
Le technoféminisme met en garde contre ce retour en arrière, qui ne menace pas uniquement les droits des femmes, mais aussi ceux des minorités raciales, LGBTQ+ et des groupes marginalisés.
Les parallèles historiques : de l’imprimerie à Internet
L’histoire se répète : lorsque l’imprimerie a été inventée, elle a permis de diffuser des idées progressistes, mais aussi de renforcer des discours réactionnaires.
Esthel Cozzi fait ici un parallèle intéressant avec la chasse aux sorcières :
À la fin du Moyen Âge, un ouvrage intitulé « Le Marteau des Sorcières » (Malleus Maleficarum, 1487) a été massivement imprimé et diffusé. Ce texte, rédigé par des inquisiteurs, expliquait comment identifier, traquer et punir les sorcières, contribuant à la persécution de milliers de femmes en Europe.
Le technoféminisme montre que nous assistons aujourd’hui à un phénomène similaire avec Internet :
- Une technologie qui devait être un outil de progrès devient aussi un vecteur d’oppression.
- Des idées extrêmes, autrefois limitées à des cercles restreints, se diffusent massivement, notamment grâce aux algorithmes des réseaux sociaux.
- Les masculinistes ont trouvé dans le numérique une arme redoutable pour imposer leur vision du monde et attaquer les féministes.
Le numérique est un champ de bataille idéologique : d’un côté, il permet de faire avancer les droits humains en donnant une voix aux opprimé·es, mais de l’autre, il est utilisé par des groupes réactionnaires pour renforcer des systèmes de domination.
Le technoféminisme appelle à une mobilisation collective pour éviter que l’histoire ne se répète :
- Renforcer la modération des plateformes pour éviter la propagation de discours haineux.
- Développer des outils de protection et de signalement plus efficaces contre le cyberharcèlement.
- Continuer à sensibiliser les jeunes générations aux dangers des idéologies masculinistes.
L’objectif n’est pas seulement de réagir aux attaques, mais de reprendre le contrôle du numérique, pour en faire un espace de progrès et d’égalité.
Le numérique est un outil : à nous de décider comment il façonne notre société.
QU’est-ce que le mouvement « trad wife » ?
L’une des préoccupations majeures du technoféminisme est la manière dont les avancées féministes sont sans cesse remises en question par des mouvements réactionnaires. Un bon exemple récent est la montée en puissance du mouvement « Trad Wife », où des femmes revendiquent un retour aux valeurs patriarcales traditionnelles.
- Il promeut une vision idéalisée de la femme au foyer, où celle-ci se consacre exclusivement à son mari et à ses enfants, sans carrière professionnelle.
- Il s’appuie sur une nostalgie artificielle d’un passé où les rôles de genre étaient plus rigides.
- Il se développe fortement sur TikTok, Instagram et YouTube, avec des vidéos où des femmes mettent en scène leur soumission volontaire.
Ce phénomène s’inscrit dans une stratégie plus large de backlash, qui va bien au-delà du simple choix de vie. Aux États-Unis, ce retour aux valeurs conservatrices s’accompagne d’une remise en question de droits fondamentaux, comme :
- Le droit à l’avortement, remis en cause par la révocation de l’arrêt Roe v. Wade en 2022.
- Les droits des personnes LGBTQ+, de plus en plus menacés dans plusieurs États.
Le technoféminisme souligne que ces attaques ne sont pas isolées, mais font partie d’un mouvement global, visant à restaurer une société patriarcale sous prétexte de « protéger les traditions ».
Le jeu vidéo : un miroir des inégalités systémiques
Le monde du jeu vidéo est un excellent révélateur des dynamiques de domination à l’œuvre dans la société. Son évolution est étroitement liée à celle du numérique, et il est devenu, au fil des décennies, un terrain de tensions entre progressistes et conservateurs.
Pourquoi le jeu vidéo est-il marqué par ces inégalités ? Selon l’analyse de Mathilde Saliou à travers son livre technoféminisme :
1. Une industrie née dans un contexte masculinisé
Le jeu vidéo est un loisir qui n’aurait pas pu exister sans le développement de l’informatique. Or, l’informatique elle-même a été progressivement monopolisée par les hommes à partir des années 1980.
2. Un marketing ultra-genré dès les débuts
Lorsque les premiers ordinateurs personnels apparaissent, le marketing cible principalement les hommes et les garçons.
Dans les publicités des années 80 :
- Les pères et fils sont mis en scène devant l’ordinateur, apprenant à coder.
- Les mères sont en arrière-plan, souvent associées aux tâches domestiques.
- Les femmes sont complètement exclues des campagnes de promotion des jeux vidéo.
Cette stratégie a contribué à façonner un imaginaire collectif où le jeu vidéo était un loisir masculin, alors qu’historiquement, les femmes avaient un rôle clé dans l’informatique.
3. Une industrie façonnée par des hommes, pour des hommes
L’absence de diversité dans la conception des jeux a eu des conséquences directes sur les représentations féminines :
- Hypersexualisation des personnages féminins, avec des stéréotypes réducteurs.
- Mise à l’écart des femmes dans les rôles de protagonistes, cantonnées aux second rôles ou objets de quête.
- Culture du « boys club » dans les studios de développement, où les femmes étaient sous-représentées et souvent mal accueillies.
Le technoféminisme critique ces tendances, non seulement parce qu’elles excluent les femmes de l’industrie, mais aussi parce qu’elles influencent la manière dont les joueurs perçoivent les rapports de genre.
Le Gamergate et la guerre culturelle dans le jeu vidéo
Le Gamergate, évoqué précédemment, est un exemple frappant de la résistance des masculinistes face à l’inclusion des femmes dans le jeu vidéo.
En 2013-2014, plusieurs développeuses et journalistes féministes reçoivent des menaces de mort et de viol après avoir dénoncé le sexisme dans le jeu vidéo.
Des campagnes de harcèlement coordonnées sont organisées via 4chan, Reddit et Twitter.
Les masculinistes accusent les féministes de vouloir détruire le jeu vidéo en demandant plus d’inclusivité.
Pourquoi le Gamergate a-t-il marqué un tournant ?
- Il a été le laboratoire de nouvelles techniques de cyberharcèlement, aujourd’hui utilisées dans de nombreux mouvements réactionnaires.
- Il a renforcé l’idée que le féminisme était une menace, un discours qui s’est ensuite étendu à d’autres sphères du numérique.
- Il a montré comment une minorité bruyante pouvait imposer son agenda, influençant durablement la perception du jeu vidéo.
Le technoféminisme considère cet épisode comme un avertissement : il montre que les espaces numériques peuvent être détournés pour renforcer des dynamiques d’exclusion et de violence.
Comment faire évoluer l’industrie du jeu vidéo ?
1. Diversifier les équipes de développement
Plus il y aura de femmes et de minorités dans la conception des jeux, plus les représentations seront variées et nuancées.
2. Encourager la création de contenus inclusifs
De plus en plus de jeux proposent des personnages féminins forts et bien écrits (ex : The Last of Us, Horizon Zero Dawn, Celeste), montrant qu’un autre modèle est possible.
3. Mettre en place des mesures contre le harcèlement dans l’industrie
- Lutter contre la culture du silence qui permet aux comportements sexistes de perdurer.
- Sanctionner les pratiques discriminatoires et protéger les femmes qui dénoncent les abus.
Le technoféminisme insiste sur l’importance de ces changements : les jeux vidéo sont une culture majeure, qui façonne les imaginaires collectifs et influence des millions de joueurs.
Le jeu vidéo n’est pas qu’un simple loisir, il reflète et façonne la société. En analysant ses mécanismes d’exclusion et de domination, le technoféminisme met en lumière des problèmes plus larges liés aux inégalités de genre dans le numérique.
Ce que nous devons faire pour un numérique plus inclusif sans les inégalités du technoféminisme :
- Continuer à dénoncer les biais sexistes dans l’industrie du jeu vidéo.
- Encourager les femmes à intégrer le secteur, en leur offrant des modèles et des opportunités.
- Exiger des politiques de modération efficaces sur les plateformes, pour lutter contre le cyberharcèlement.
Le numérique est un outil puissant : à nous de l’utiliser pour construire un monde plus égalitaire et plus juste.
Les stratégies des femmes pour contourner l’exclusion des jeux vidéo
Jouer sous pseudonyme masculin : Dans les années 2000, de nombreuses femmes choisissaient d’utiliser des pseudos masculins pour éviter le harcèlement lorsqu’elles jouaient en ligne.
Éviter les jeux en réseau : Pour ne pas subir de remarques sexistes, certaines joueuses préféraient se cantonner à des jeux solo, abandonnant ainsi les espaces communautaires qui façonnaient l’univers du gaming. Aujourd’hui, la situation du technoféminisme évolue :
- Les femmes jouent autant que les hommes, tous âges confondus.
- L’industrie commence à valoriser leur présence, notamment dans les compétitions d’e-sport.
- Les studios tentent d’attirer plus de joueuses, en proposant des personnages féminins plus diversifiés et en adoptant des politiques contre le harcèlement en ligne.
Le technoféminisme salue ces avancées, mais rappelle que la bataille est loin d’être gagnée : dans l’industrie du jeu vidéo, les inégalités persistent, notamment dans les studios de développement.
Les quotas en informatique : une solution qui divise
La question de la sous-représentation des femmes dans les métiers du numérique reste un défi majeur pour le technoféminisme. Certains établissements comme l’école 42 ont mis en place des stratégies pour rééquilibrer la balance, notamment en classant les candidatures en fonction du genre pour éviter que les filles soient automatiquement minoritaires.
Pourquoi les quotas sont-ils nécessaires dans l’informatique ?
- Sans intervention, le nombre de femmes reste très bas dans ces filières.
- L’informatique et le numérique façonnent les technologies de demain : plus elles seront inclusives, plus elles répondront aux besoins de tous et toutes.
- L’exclusion des femmes ne repose pas sur un manque de compétences, mais sur des barrières systémiques (éducation genrée, discrimination à l’embauche, culture de l’entre-soi masculin).
Contrairement à la politique ou à certains secteurs économiques, où les quotas sont de plus en plus acceptés, l’informatique reste un milieu qui résiste fortement à ces mesures.
Pourquoi tant de réticence ?
- Un attachement à l’idéal du « mérite pur », où l’on considère que seul le talent doit compter.
Un rejet des politiques « imposées », perçues comme une atteinte à la liberté du secteur. - Une culture profondément ancrée dans des valeurs de compétition, où certains voient l’intégration des quotas comme un signe de « nivellement par le bas ».
Le technoféminisme rappelle cependant que les quotas ne sont pas une faveur, mais un outil pour corriger une inégalité structurelle. Dans un monde où les biais sexistes freinent l’accès des femmes aux carrières technologiques, ces mesures ne visent pas à privilégier les femmes, mais à leur donner les mêmes opportunités que les hommes.
Conclusion de l’épisode technoféminisme
L’évolution du jeu vidéo et du numérique montre que les inégalités ne sont pas figées : elles sont le résultat de choix historiques, culturels et économiques, et peuvent être remises en question.
Ce qu’il reste à faire :
- Encourager les femmes à intégrer les secteurs du numérique et du jeu vidéo.
- Continuer à dénoncer les inégalités et le sexisme dans ces industries.
- Mettre en place des politiques volontaristes (quotas, mentorat, sensibilisation) pour accélérer le changement.
Le technoféminisme ne se contente pas de critiquer : il propose des solutions concrètes pour que le numérique soit un espace d’émancipation plutôt qu’un outil de domination.
Pour conclure cette discussion sur le technoféminisme, Mathilde Saliou rappelle un message essentiel : « N’ayez pas peur du numérique et n’ayez pas peur non plus des théories féministes. Les deux sont accessibles, les deux sont intéressantes, et les deux permettent de se poser plein de questions sur le monde qui nous entoure. »
Le technoféminisme montre que ces deux univers ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Comprendre le numérique permet de mieux l’analyser et d’en faire un outil d’émancipation. Comprendre les enjeux féministes permet d’identifier les biais et les mécanismes d’exclusion.
En explorant ces deux champs ensemble du technoféminisme, on peut mieux anticiper les défis futurs et agir pour une société plus inclusive.
Qui sont tes rôles modèles ?
Mathilde Saliou cite plusieurs personnalités qui l’inspirent dans ce podcast sur le technoféminisme, en particulier dans les domaines du numérique et du journalisme.
Meredith Whittaker – Présidente de Signal
- Figure engagée contre la surveillance de masse par les Big Tech.
- Défend une approche éthique et sécurisée des communications numériques.
- Analyse les dérives de l’intelligence artificielle et des algorithmes.
Nellie Bly – Pionnière du journalisme d’investigation
- A mené une enquête immersive sur les conditions des femmes internées dans les asiles psychiatriques au XIXe siècle.
- A prouvé qu’il était possible de faire un tour du monde en moins de 80 jours, défiant les stéréotypes sur les capacités des femmes.
- Représente un modèle de détermination et de courage pour les journalistes d’aujourd’hui.
Pourquoi ces figures sont-elles inspirantes ?
- Elles ont su dénoncer les inégalités et proposer des solutions.
- Elles ont utilisé les outils à leur disposition (journalisme, numérique, communication) pour porter des sujets essentiels sur la place publique.
- Elles démontrent l’impact des femmes dans des sphères dominées par des hommes.
Quelles ressources pour approfondir le sujet ?
Lectures recommandées pendant l’épisode de technoféminisme :
- « Technoféminisme, comment le numérique aggrave les inégalités » – Mathilde Saliou
- « L’Intelligence Artificielle, pas sans elles » – Isabelle Collet
- « L’Internet, un espace féministe ? » – Rébecca Amsellem
- « Atlas de l’intelligence artificielle » de Kate Crawford : Cet ouvrage, traduit en français il y a peu, est une référence incontournable pour comprendre les enjeux de l’intelligence artificielle sous un prisme sociologique. Kate Crawford, informaticienne, met en lumière les biais et discriminations présents dans ces technologies et leur impact sur les inégalités systémiques.
Podcasts et documentaires conseillés pendant le podcast technoféminisme :
- « Les couilles sur la table » – Victoire Tuaillon (sur la construction des masculinités et leur impact sur la société).
- « La poudre » – Lauren Bastide (interviews de femmes inspirantes sur leur parcours et leur engagement).
- « The Social Dilemma » – Documentaire sur les effets du numérique et des algorithmes sur nos comportements.
Ressources recommandées sur la cybersécurité pendant le podcast technoféminisme :
- « Combattre le cybersexisme » – Stop Ficha
- Le site de l’association Echappées
- Amnesty Tech. L’organisation travaille sur les questions de protection des données personnelles et de défense des droits numériques, un sujet clé dans le contexte politique actuel.
Quelle est ta définition du féminisme ?
Pour Mathilde Saliou, le féminisme est une défense des droits humains. Elle met en avant une dimension essentielle : la sororité.
- Le féminisme n’est pas seulement une lutte pour l’égalité, c’est aussi une expérience collective, un moyen de trouver du soutien et de la force dans un groupe partageant des valeurs communes.
- C’est aussi une manière de réfléchir à la diversité des expériences, en intégrant les spécificités sociales, culturelles et économiques qui influencent les inégalités.
« Pour moi, on ne peut pas être neutre sur ces sujets. Soit on est féministe, soit on cautionne, même inconsciemment, un système sexiste. » Le technoféminisme défend un féminisme inclusif et intersectionnel, qui prend en compte les expériences vécues par toutes les femmes, y compris celles issues de minorités sociales et de genre.
Qui aimerais-tu entendre au micro de Matrimoine Féministe ?
Pendant cet épisode de podcast sur le technoféminisme, Mathilde Saliou a cité :
- Lucie Ronfaut – Créatrice de la newsletter « Règle 30 », qui traite des enjeux numériques et féministes.
- Une membre de l’association Echappées – Pour approfondir les questions de cybersécurité.
- Amnesty Tech – Pour évoquer la protection des données personnelles dans un contexte politique de plus en plus hostile aux droits des femmes et des minorités.
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Ses rôles modèles et ressources mises en avant dans l’épisode technoféminisme
- Meredith Whittaker – Présidente de Signal
- Nellie Bly – Pionnière du journalisme d’investigation
- « Technoféminisme, comment le numérique aggrave les inégalités » – Mathilde Saliou
- « L’Intelligence Artificielle, pas sans elles » – Isabelle Collet
- « L’Internet, un espace féministe ? » – Rébecca Amsellem
- « Atlas de l’intelligence artificielle » de Kate Crawford
- Le podcast « Les couilles sur la table » – Victoire Tuaillon
- Le podcast « La poudre » – Lauren Bastide
- Le documentaire « The Social Dilemma »
- L’association Stop Ficha
- Le site de l’association Echappées
- L’organisation Amnesty Tech
Retrouvez Mathilde et son contenu autour du technoféminisme
- Sur LinkedIn
Épisodes complémentaires à écouter à technoféminisme
- Une IA égalitaire avec Hélène Deckx Van Ruys et Muriel Garnier
- Le harcèlement scolaire avec Caroline Peiffer
- Le cyberharcèlement avec Aurane K


