Elle est connue sous le surnom de la « Madone de Montgomery » pour son rôle emblématique dans la lutte contre la ségrégation. Bien que son nom soit largement reconnu, l’histoire de Rosa Parks à travers son acte de résistance est souvent entourée de diverses versions contradictoires.
Est-elle la douce dame âgée qui a simplement refusé de céder sa place à un passager blanc dans un bus d’Alabama, ou bien une jeune femme révoltée ? En réalité, Rosa Parks était bien plus que cela. Elle était une militante engagée pour les droits civiques, une femme modeste et éduquée qui était pleinement consciente de son rôle en tant qu’icône de la lutte pour l’égalité. C’est ce que nous allons voir dans cet article de femmes inspirantes retraçant l’histoire de Rosa Parks.
Naissance : 4 février 1913
Décès : 24 octobre 2005
Activité : Militante
Ambition : participer à l’abolition de la ségrégation
Préjugé : elle était une vieille dame fragile. En réalité, elle était une femme dans la force de l’âge.
Avant d’aller plus loin, voici la source principale de cet article sur l’histoire de Rosa Parks : “Les Ambitieuses : 40 femmes qui ont marqué l’Histoire par leur volonté d’exister” de Virginie Girod, publié 2021, Portrait choisi : l’histoire de Rosa Parks, contre la ségrégation.
L’histoire de Rosa Parks : une enfance marquée par la ségrégation
Le contexte historique de l'histoire de Rosa Parks
Les États-Unis sont confrontés à des problèmes persistants de racisme structurel, une réalité difficile à ignorer lorsqu’on étudie le pays. Cependant, il est important de noter que les concepts utilisés pour analyser la société américaine et son racisme ne peuvent pas être directement transposés à la France, un pays qui se considère comme le défenseur des droits de l’homme.
Il est crucial de souligner que la France n’a jamais connu l’esclavage sur son territoire métropolitain, ni n’a mis en place des lois de ségrégation odieuses qui discriminent les individus en fonction de leur couleur de peau.
Cela étant dit, nous pouvons commencer à explorer l’histoire de Rosa Parks, plongeant ainsi dans l’histoire des militants, qu’ils soient noirs ou blancs, qui ont lutté pour les droits civils aux États-Unis et qui ont apporté un souffle d’air frais dans cette atmosphère sombre.
Les lois Jim Crow instaurent la ségrégation

Lorsque Rosa Louise McCauley naît en 1913, les États-Unis sont encore marqués par les séquelles de l’esclavage aboli en 1865. Douze ans plus tard, les lois Jim Crow instaurent la ségrégation, principalement dans le Sud du pays. Alors que le Sud rural demeure profondément raciste, le Nord industrialisé est un peu plus accueillant envers les Afro-Américains.
Cependant, de manière générale, la vie des Noirs a moins de valeur que celle des Blancs, en particulier dans les États du Sud. Une bourgeoisie noire émerge, mais la majorité des descendants d’esclaves reste en marge de la société, vivant dans des quartiers marqués par la pauvreté et la dépendance à l’alcool.
Dans le Sud, le Ku Klux Klan, une organisation secrète et suprémaciste blanche tristement célèbre, se forme à la fin de l’esclavage. Ses membres sont unis par la haine de la différence et la peur de perdre leur statut. Le film La Main Droite du Diable de Costa-Gavras en 1988 illustre bien les motivations psychologiques qui sous-tendent l’idéologie du KKK au XXe siècle.
Rosa Parks a vécu son enfance dans la peur
Le Ku Klux Klan a l’habitude d’organiser des attaques violentes dans les quartiers afro-américains et de commettre des lynchages en toute impunité. Pendant son enfance, Rosa vit dans la crainte de ces actes de violence, parfois dormant toute habillée pour être prête à fuir en cas d’attaque.
Fille d’un charpentier et d’une institutrice, et arrière-petite-fille d’un colon irlandais, Rosa reçoit une éducation solide et fréquente l’école secondaire, bien qu’elle doive interrompre ses études après son mariage. Elle fait partie des 7 % d’Afro-Américains diplômés du secondaire.
Après le divorce de ses parents, elle passe une partie de son enfance dans la ferme de ses grands-parents, où elle voit souvent son grand-père monter la garde la nuit, armé d’une carabine.
Rosa grandit dans un monde où sa couleur de peau la met constamment en danger, où elle est privée du droit de boire à la même fontaine que les Blancs et où les bus scolaires ne sont réservés qu’aux enfants blancs.
L’histoire de Rosa Parks : son parcours vers le boycott des bus de Montgomery
Le chemin vers l’engagement de Rosa Parks
En tant que jeune adulte, Rosa a occupé un emploi sur la base aérienne de Maxwell, près de Montgomery, la capitale de l’Alabama. Dans le milieu militaire où les lois fédérales prévalent, la ségrégation est moins présente. Cette expérience dans l’histoire de Rosa Parks lui a ouvert les yeux sur les possibilités d’égalité.
En 1932, elle épouse Raymond Parks, un coiffeur militant pour les droits civiques. Son mariage l’a incitée à s’engager dans l’activisme en soutenant diverses causes et mouvements visant à défendre les droits des Noirs et leur droit de vote.
Elle a notamment apporté son soutien à l’affaire tristement célèbre des Scottsboro Boys. Ces jeunes Noirs avaient été injustement accusés par deux jeunes femmes blanches d’agression sexuelle, ce qui avait conduit à leur condamnation.
En 1943, Rosa rejoint la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Cette organisation avait pour objectif de lutter pour l’égalité en changeant les lois et en les contestant devant les tribunaux pour mettre fin à la ségrégation. La ségrégation a été déclarée inconstitutionnelle en 1954 grâce à une décision de justice, bien que son application concrète ait pris du temps.
À cette époque, les femmes étaient actives au sein de la NAACP, mais elles étaient souvent reléguées à des rôles logistiques, tandis que les hommes étaient en première ligne. Cependant, Rosa continuait à se battre pour dénoncer les affaires de viol, bien que la loi n’ait pas permis aux femmes noires d’être reconnues comme victimes de viol.
Vers la fin des années 1940, Rosa a travaillé pour un couple blanc, l’avocat Clifford Durr et sa femme Virginia, qui étaient des défenseurs des droits civiques. Ils ont encouragé Rosa à suivre une formation à l’activisme et à l’égalité raciale au Highlander Research and Education Center. C’est là qu’elle a rencontré Septima Clark, une militante légendaire.
Après cette formation, Rosa savait qu’elle devait agir, même si elle ne savait pas encore où ni quand. L’histoire de Rosa Parks était sur le point de se produire.
L’événement déclencheur du boycott des bus de Montgomery

Le 2 mars 1955, Claudette Colvin, âgée de 15 ans, fut expulsée d’un bus par la police de Montgomery après avoir refusé de céder sa place à un passager blanc. Elle criait: « Ce sont mes droits ! » alors qu’elle était conduite au poste de police. Désireuse d’apporter son aide, Rosa Parks se dirigea vers le bureau de la NAACP à Montgomery.
Cette situation n’était pas inédite, de nombreuses femmes dont les noms ont été oubliés dans les méandres de l’histoire avaient déjà refusé de céder leur siège dans un bus. Cependant, Edgar Nixon, l’un des leaders de la NAACP, préféra éviter tout scandale. Claudette était enceinte d’un homme marié, ce qui rendait son cas trop controversé pour représenter leur lutte.
Le 19 décembre 1955, à l’âge de 42 ans, Rosa Parks monta à bord d’un bus après sa journée de travail en tant que couturière dans un grand magasin. Le bus était divisé en deux sections, l’avant réservé aux passagers blancs et l’arrière aux passagers noirs. Les rangées du milieu servaient d’espace tampon. L’histoire du Rosa Parks était sur le point de débuter.
Selon les règles, tous les passagers noirs d’une rangée devaient se lever pour laisser un seul passager blanc s’asseoir, afin d’éviter les rangées mixtes. Cependant, ce jour-là, Rosa reconnut le chauffeur de bus qui l’avait déjà expulsée de force quelques années auparavant. Était-ce un signe du destin ? Peut-être. Après quelques arrêts, un homme blanc monta à bord.
Le chauffeur ordonna aux passagers noirs de libérer la rangée où se trouvait Rosa. Tout le monde se leva, sauf elle. La tension monta. Rosa Parks refuse de se lever. À cet instant, elle comprit qu’elle pouvait devenir le symbole de la lutte contre la ségrégation pour la NAACP. L’histoire de Rosa Parks était en route.
Le combat de Rosa Parks et de Martin Luther King

Dotée d’une vie bien ordonnée, d’une éducation et appartenant à la classe ouvrière majoritairement noire de Montgomery, Rosa pouvait également rallier la petite bourgeoisie noire à sa cause, car elle leur ressemblait. C’était le moment qu’elle attendait. Face à son obstination calme, le chauffeur appela la police. Rosa demeura déterminée et digne, ce qui lui valut le surnom de la « Madone de Montgomery » dans l’histoire de Rosa Parks.
En réaction, les femmes de la NAACP organisèrent la logistique du boycott des bus de la ville, tandis que le jeune Martin Luther King, en prenant la défense de Rosa Parks, émergea comme un leader de la lutte contre la ségrégation, préconisant la non-violence et la désobéissance civile. Edgar Nixon et Clifford Durr les soutinrent en plaidant la cause de Rosa devant les tribunaux et en lançant des actions judiciaires contre la ségrégation dans les transports. L’histoire de Rosa Parks était soutenu.
Le 13 novembre 1956, la Cour suprême des États-Unis déclare la ségrégation dans les bus anticonstitutionnelle. Les décisions de cette cour s’appliquent à l’échelle fédérale. Après cette victoire historique, le boycott des bus à Montgomery prit fin, après avoir duré 381 jours.
Cependant, cette année de lutte s’achève sur une victoire coûteuse. Une consigne circula à Montgomery, interdisant à Rosa Parks de trouver un emploi en raison de son rôle d’agitatrice. Le KKK posa des bombes devant la maison de Martin Luther King et dans des églises fréquentées par des Noirs. Rosa et son mari déménagèrent vers le nord pour trouver du travail. Malgré cela, la « Madone » continua à s’engager dans la lutte pour les droits civiques, bien que sa notoriété issue de l’histoire de Rosa Parks commença à s’estomper.
Le legs de Rosa Parks : Une icône de la lutte contre l'injustice
Dix ans après son acte héroïque, Rosa Parks est ignorée par la nouvelle génération d’activistes lors d’une marche pour les droits civiques. Certains estiment que les partisans de Martin Luther King ont échoué et que la révolution doit se faire par la voie de la violence et des protestations dans les rues.
Rosa a passé ses dernières années dans une grande précarité et s’est éteinte en 2005, mais l’héritage de l’histoire de Rosa Parks demeure impérissable. La légende l’a transformée en une figure de petite dame âgée et fragile, rappelant les mamas noires qui prenaient soin des femmes et des enfants blancs, suscitant ainsi naturellement la tendresse.
Pourtant, elle l’a affirmé avec force : son refus de se lever dans ce bus n’était pas dû à une fatigue physique, mais à une lassitude morale face à l’injustice constante. Elle était profondément engagée dans la lutte pour les droits civiques, prônant la dignité et la non-violence, en parfaite cohérence avec les idéaux promus par Martin Luther King.
En 1964, le Civil Rights Act a interdit la discrimination dans tous les lieux publics, suivi l’année suivante par le Voting Rights Act qui a accordé le droit de vote à tous. Malgré ces avancées législatives, les États-Unis demeurent aux prises avec leur racisme profondément enraciné. Le terme « racisme » s’est imposé dans les années 1950 pour décrire ce problème, remplaçant progressivement le concept de ségrégation.
Cependant, de nombreuses personnes ayant vécu l’ère de la ségrégation aux États-Unis ne changeront pas facilement leurs convictions racistes, même avec l’évolution des lois. La pauvreté, la ghettoïsation, le mythe de l’ascension sociale à laquelle seules quelques personnes ont accès, ainsi que les traditions racistes, continuent de peser sur ce vaste pays.
À sa mort en 2005, Rosa Parks a reçu un hommage public du président de l’époque, George W. Bush, qui a présenté l’histoire de Rosa Parks comme une icône de la lutte contre l’injustice.
En 2013, le président Barack Obama a inauguré une statue la représentant, assise avec dignité, dans le Statuary Hall du Capitole. Elle est ainsi devenue la seule personne issue de la société civile à être ainsi honorée, reflétant parfaitement son caractère calme et déterminé de l’histoire de Rosa Parks, des qualités essentielles dans les luttes pour l’égalité, qui transcendent la haine.
