Simone Veil est la cinquième femme à être honorée au Panthéon.
Elle demeure une figure emblématique de la V République grâce à son rôle dans la promulgation de la loi sur l’IVG.
Cependant, la vie de Simone Veil ne s’arrête pas là. Elle a également œuvré pour améliorer les conditions des prisonniers et a contribué à la construction de l’Europe. En outre, elle porte en elle la mémoire de la Shoah, une tragédie qu’elle a personnellement vécue.
À la fois élégante et puissante, déterminée, fière et exigeante, elle incarne un modèle féminin novateur du XXe siècle. Ceci explique sa présence dans la rubrique femmes inspirantes de ce site.
Naissance : 13 juillet 1927
Décès: 30 juin 2017
Activité : femme politique
Ambition : Améliorer le sort des démunis
Préjugé : certains catholiques intégristes pensent que sa loi sur l’IVG est une attaque contre leur religion
Source principale : “Les Ambitieuses : 40 femmes qui ont marqué l’Histoire par leur volonté d’exister” de Virginie Girod, publié 2021. Portrait choisi : Simone Veil, des combats pour la vie.
Crédits de la photo de couverture : ALL ACCESS, Alamy Stock Photo
Les racines de la résilience : la jeunesse de Simone Veil face à l’adversité
Les racines de la rébellion : L'éducation et la jeunesse de la vie de Simone Veil
Simone Veil possède un tempérament naturellement rebelle. Lorsqu’on lui donne un ordre, elle a tendance à répliquer par un « non », tout en laissant toujours la possibilité de négocier et de discuter. Les traits de caractère qui feront de Simone Veil une figure emblématique sont déjà présents chez la jeune Simone Jacob.
Simone Jacob est la benjamine d’une fratrie de quatre enfants. La vie de Simone Veil commence à Nice le 13 juillet 1927. Son père, André Jacob, est un architecte talentueux avec une grande passion pour la culture, les livres et les classiques littéraires.
À la maison, les enfants sont encouragés à lire les grands auteurs, et les lectures légères et les romans populaires ne sont pas tolérés.
Sa mère, Yvonne, est une femme aussi belle que brillante, rayonnant auprès de ses enfants après avoir mis fin à ses études en chimie pour se consacrer à son rôle de mère de famille. La famille Jacob, tout en se considérant culturellement juive, est profondément laïque et patriote, fière de son identité française.
L'assombrissement de l'horizon : la crise et les lois de Vichy
Les années 1930 voient la famille Jacob, autrefois aisée, connaître des temps plus modestes en raison de la crise de 1929. André est déçu par l’armistice de 1940, mais il ignore encore les tragédies à venir. La vie de Simone Veil et de se famille sera bouleversée à jamais.
Le régime de Vichy, dirigé par Laval et le Maréchal Pétain, prend le pouvoir avec des pouvoirs quasi absolus. Ces deux dirigeants ne montrent aucune sympathie envers les Juifs.
À partir d’octobre, une série de mesures restrictives cible la communauté juive, exigeant leur déclaration aux autorités. Simone, alors âgée de 13 ans, s’oppose vigoureusement à cette démarche par indignation, mais son père finit par obtempérer aux ordres de l’État. Dès lors reconnu comme Juif, il perd immédiatement le droit d’exercer son métier.
Un tournant sombre : l'arrestation de Simone Veil sous l'occupation
À partir de 1942, le port de l’étoile jaune devient obligatoire, et Nice est occupée par les Allemands l’année suivante. Pour échapper à la stigmatisation, la famille Jacob adopte le nom de « Jacquier » et envoie les enfants vivre chez des amis.
Simone est accueillie par sa professeure de lettres du lycée Masséna, Mme de Villeroy, et parvient à passer son baccalauréat en 1944. Bien sûr, à 16 ans, elle souhaite célébrer la fin des épreuves avec ses amis. Sa famille la met en garde, mais sa détermination est inébranlable. Pour une adolescente de 16 ans, il est hors de question de renoncer à la vie.
Hélas, la vie de Simone Veil bascule. Elle est arrêtée par les Allemands, contrôlée, puis conduite à l’hôtel Excelsior, utilisé comme point de rassemblement pour les Juifs appréhendés.
Elle tente de se défendre du mieux qu’elle peut, demande à Mme de Villeroy de prévenir ses parents et de les aider à fuir. Malheureusement, ses efforts sont vains. Bientôt, tous les membres de la famille Jacob, à l’exception de l’une des aînées engagée dans la Résistance, sont réunis et conduits au camp de triage de Drancy.
Le parcours de survie de Simone à travers Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen
La vie de Simone Veil dans l'enfer des camps de concentration
En avril 1944, Simone, aux côtés de sa mère et de sa sœur Madeleine, embarque dans le convoi 71 en direction d’Auschwitz-Birkenau. Parmi les passagers du même train, se trouve Marceline Rozenberg, qui deviendra plus tard Marceline Loridan-Ivens.
Une profonde amitié se noue entre les deux jeunes filles, qui se surnommeront plus tard « les filles de Birkenau« . Cependant, à ce moment-là, elles n’ont pas encore conscience des horreurs qui les attendent.
Après un voyage éprouvant de plusieurs jours, Simone arrive à l’entrée du camp d’extermination. On lui conseille de mentir sur son âge en prétendant avoir 18 ans pour échapper à la chambre à gaz, ce qu’elle fait.
Son bras est marqué du matricule 78651, et ses cheveux sont coupés, bien que sa tête ne soit pas totalement rasée, ce qui la réconforte quelque peu. À seulement 16 ans, Simone est confrontée à la cruelle réalité de la déshumanisation.
Cette expérience marquera la vie de Simone Veil, et elle s’efforcera toujours de lutter contre les idées fausses qui présentent parfois une vision trop angélique des camps de concentration. Elle témoignera que, même si l’entraide existe, les plus forts volent souvent la nourriture et les vêtements des plus faibles.
Lueur d'humanité : le transfert salutaire de la vie de Simone Veil et sa famille
Simone se positionne rapidement en protectrice de sa famille en raison de sa nature rebelle, développant ainsi une forme de résilience qui la servira plus tard dans sa carrière politique.
Les journées de travail sont épuisantes, les femmes du camp portant des haillons et effectuant des tâches souvent inutiles. Un jour, une kapo, une ancienne prostituée détenue de droit commun promue gardienne, s’adresse à Simone en lui disant qu’elle est « trop belle pour mourir ici ».
Elle transfère alors la jeune fille avec sa mère et sa sœur dans une autre partie du camp, ce qui pourrait bien lui avoir sauvé la vie de Simone Veil. Cette kapo sera pendue après la libération.
En 1944, les forces allemandes perdent du terrain dans la guerre, et les gardiens des camps de concentration cherchent à accélérer les exterminations. Les déportés sont massivement gazés, affamés ou transférés. Simone, bien que considérablement affaiblie, est déplacée à Bobrek en juillet 1944.
Résister au désespoir : Le parcours de Simone Veil vers Bergen-Belsen
Le 18 janvier 1945, les SS ordonnent l’évacuation du camp. Commence alors une marche de la mort de 70 km à travers un hiver glacial. Simone décrit cette épreuve comme particulièrement difficile, mais curieusement, les femmes semblent mieux résister que les hommes.
Cependant, les plus faibles s’accrochent aux plus forts, risquant de les épuiser. Simone doit plusieurs fois arracher les mains décharnées de sa mère déjà très affaiblie. Les trois femmes passent par Dora, puis voyagent en train pendant huit jours pour arriver à Bergen-Belsen.
Les Allemands ne se donnent plus la peine de nourrir les détenus, qui boivent de la neige fondue et se disputent les croûtons de pain jetés par des habitants compatissants dans les gares des villages.
La déshumanisation atteint son paroxysme. Les baraquements deviennent des lieux où les corps sans vie côtoient les détenus à l’agonie. Le typhus fait des ravages parmi les plus vulnérables, et c’est ainsi que Yvonne succombe.
Simone, qui occupe un poste aux cuisines, bénéficie d’une certaine protection, ce qui lui permet de survivre aux côtés de sa sœur Madeleine jusqu’à ce que le camp soit libéré le 15 avril 1945.
Il est important de souligner que la vie de Simone Veil doit son salut à Felix Kersten. Le 7 avril 1945, il a sauvé tous les détenus du camp de Bergen-Belsen par un appel téléphonique avec Heinrich Himmler (Source : Fabien Olicard).
Simone Veil : survivante de la déportation et pionnière de la justice en France
Après les ténèbres : le nouveau départ de la vie de Simone Veil
Le retour en France s’avère être un défi considérable pour les survivants de la déportation, accueillis avec réserve, voire avec indifférence. L’Holocauste demeure un sujet tabou que personne ne souhaite évoquer.
À son arrivée à Paris, Simone Jacob a douloureusement découvert que son père et son frère n’étaient pas revenus des camps, tandis que sa sœur Denise avait été déportée à Ravensbrück, mais avait survécu.
Malgré les traumatismes de la vie de Simone Veil, elle a réussi à poursuivre ses études, ayant réussi son baccalauréat, elle a pu intégrer la faculté de droit ainsi que l’IEP.
C’est lors d’une excursion au ski avec d’autres étudiants qu’elle a rencontré Antoine Veil, son futur mari. Le couple s’est marié en 1946 et a construit une vie ensemble, marquée par la persévérance et la détermination. Simone a continué ses études, donné naissance à trois enfants et a suivi son mari lors de son affectation à Stuttgart.
Simone avait une perspective particulière sur l’Allemagne de l’après-guerre et insistait sur la distinction entre les nazis et les Allemands. Elle était en faveur de la réconciliation entre les peuples, contribuant ainsi à façonner l’Europe d’après-guerre.
La vie de Simone Veil incarne un combat continu pour l'humanité et la justice
En 1956, Simone a réussi le concours de la magistrature et a commencé à travailler au ministère de la Justice, au sein du service de l’administration pénitentiaire.
Son expérience l’a amenée à visiter des prisons, et grâce à la présence d’anciens déportés sensibles à la question de la détention, elle a contribué à l’amélioration des conditions carcérales.
Simone Jacob était profondément engagée en faveur de la justice et de l’humanisme. Pendant la guerre d’Algérie, elle a fait interner en France des femmes algériennes victimes de violences de la part de l’armée française, ainsi que des membres du FLN condamnés à mort.
C’est à cette époque qu’elle a rencontré l’avocate Gisèle Halimi, avec qui elle a partagé un engagement commun pour la défense des plus vulnérables, ce qui a forgé leur solide amitié.
Simone Veil était une femme exigeante et acharnée au travail. En 1970, elle est devenue la première femme secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature, alors que seulement 40 % des femmes travaillaient à l’époque.
L’année suivante, elle a rejoint le conseil administratif de l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) et s’est distinguée en s’opposant à un documentaire qu’elle jugeait trop doux sur la Shoah.
Durant la vie de Simone Veil, elle n’a jamais cessé de rappeler la réalité brutale des camps de concentration, même si elle était confrontée au silence des survivants qui refusaient de témoigner, ainsi qu’à l’indifférence d’une jeune génération qui préférait ignorer cette sombre histoire.
La Loi Veil permet une révolution pour les droits des femmes
En 1974, Simone est devenue ministre de la Santé. Elle a joué un rôle clé dans l’adoption d’une loi historique : la dépénalisation de l’avortement. Son discours devant l’Assemblée nationale, composée en grande partie d’hommes, a été mémorable dans la vie de Simone Veil et des femmes, affirmant que « aucune femme ne recourt de gaîté de cœur à l’avortement ».
Durant la vie de Simone Veil, elle a plaidé pour que la France règle un problème de santé publique. Bien qu’elle ait fait face à l’hostilité des ultra-catholiques et de l’extrême droite, ainsi qu’à des menaces de mort, la loi a été adoptée en 1975. Cette avancée significative a permis aux femmes de reprendre le contrôle de leur corps et de leur destin, marquant une véritable libération.
Simone Veil est devenue une figure incontournable de la Cinquième République. Malgré sa notoriété, elle trouvait le temps de retrouver son amie Gisèle Halimi dans des cafés populaires, où elles pouvaient rire et discuter en toute simplicité.
Simone a poursuivi sa carrière politique, défendant avec conviction des valeurs de centre-droite tout en plaidant en faveur de la liberté et de la protection des plus vulnérables.
Elle a même été élue présidente du Parlement européen en 1979 après avoir occupé divers postes en France. En 1986, elle est apparue dans une émission télévisée où elle a accepté de défaire son célèbre chignon, devenant ainsi une icône de féminité et de puissance.
Pour conclure cet article sur "la vie de Simone Veil"
À partir de 2007, la vie de Simone Veil change car elle entame progressivement sa retraite de la vie publique tout en continuant son engagement en faveur de la mémoire de l’Holocauste.
Elle occupe notamment la présidence de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. La même année, elle publie son autobiographie , « Une vie », qui connaît un immense succès avec 550 000 exemplaires vendus. Elle figure régulièrement parmi les femmes préférées des Français dans les sondages.
En 2008, Simone Veil accède à l’Académie française, devenant ainsi une Immortelle. Sur son épée sont gravées la devise de la République française, celle de l’Europe, et son numéro de déportée, symbolisant toute son histoire, la vie de Simone Veil.
Le 30 juin 2017, quelques jours avant son 90e anniversaire, la vie de Simone Veil s’éteint. Conformément à sa volonté, la prière juive du Kaddish est prononcée lors de ses funérailles, liant ainsi cette figure laïque à sa culture juive, à son intimité, et à la raison de sa déportation.
Son destin extraordinaire et son humanisme lui valent un hommage national au Panthéon en juillet 2018, où elle repose aux côtés de son mari. Si la nation lui est reconnaissante, les femmes lui sont particulièrement reconnaissantes pour avoir rétabli leur droit sur leur propre corps.
2 Responses
Admirable article ! Tu relates très bien la vie de Simone Veil, j’aime bien ton style, simple et très compréhensible ! Je connaissais la vie de cette grande dame et j’ai apprécié lire cet article, tu vas à l’essentiel ( tu arrives à capter l’attention de tes lecteurs !)
Continue, ne change rien !
Merci de ton soutien papa !
J’admets que depuis le lancement de mon podcast Matrimoine Féministe, j’ai dû mal à prendre le temps pour écrire des articles classiques, puisque chaque semaine je travaille sur mes retranscriptions d’épisodes haha
Il faut que j’arrive à bien m’organiser pour tout concilier !