Les comics trouvent leurs origines dans les années 1890, à travers les journaux. À cette époque, les récits abordaient des mystères policiers et ciblaient un lectorat majoritairement masculin. En conséquence, les héros étaient presque exclusivement des hommes, permettant aux lecteurs de s’identifier plus facilement. Les femmes, quant à elles, étaient reléguées à des rôles de demoiselles en détresse ou de compagnes, servant surtout à mettre en valeur les héros masculins.
Parmi les 146 Comic Strips publiés jusqu’à la fin de 1936, seulement 25 % mettent en avant des protagonistes féminins, qu’ils soient seuls ou en équipe. Cela se répartit ainsi : 75 % des récits présentent des héros masculins, 15 % des héroïnes, et 10 % des histoires incluent les deux genres. On est encore loin de l’égalité sur les comics et féminisme.
Malgré ces débuts inégaux, certains rôles principaux étaient tout de même attribués à des femmes. Cependant, ces personnages féminins étaient souvent cantonnés à des stéréotypes tels que l’épouse parfaite, la mère de famille ou la working girl, tandis que les hommes occupaient des positions avantageuses comme celles de pompiers, aviateurs ou détectives. Les héroïnes courageuses affrontant de véritables dangers restaient rares. En plus de 80 ans, les comics et féminisme ont toutefois évolué.
Depuis Superman jusqu’à des œuvres modernes comme Stillwater, en passant par Watchmen, les comics ont exploré une large palette de personnages et de genres, allant de l’horreur à la romance. Leur popularité s’étend aujourd’hui à tous les supports, que ce soit en librairie, au cinéma ou en série. Pourtant, cet univers reste largement dominé par des figures masculines, qu’il s’agisse des héros ou même des méchants.
Historiquement, chez Marvel comme chez DC Comics, les femmes occupaient principalement des rôles secondaires, souvent conçus comme des déclinaisons féminines de héros existants : Batwoman, Spider-Woman, She-Hulk… Les personnages féminins maléfiques étaient également rares. Cette réalité illustre combien les comics et féminisme reflètent les mentalités et pratiques de leur époque tout en contribuant à les façonner.
Ainsi, Superman et Captain America affrontaient les nazis et les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, tandis que les Quatre Fantastiques et Hulk incarnaient les craintes liées à la menace nucléaire durant la guerre froide. Plus tard, Green Lantern et Green Arrow dénonçaient les problèmes sociaux des années 1970. La diversité, bien que timide, émerge dans les années 1960 avec les premiers personnages afro-américains et continue de progresser jusqu’à inclure des figures comme un Superman bisexuel dans les récits actuels.
Sources de l’article sur la culture féministe : M42 volume 2, Slate, Sanctuary, La boîte de comics, Nouvel Obs, IUT Paris Seine
Les femmes durant et après la Seconde Guerre
Les comics atteignent leur âge d’or entre 1938 et 1953 avec l’apparition des super-héros, un genre innovant dans l’univers de la bande dessinée. Ces personnages, emblématiques de cette période, s’impliquent directement dans la Seconde Guerre mondiale, combattant les ennemis des États-Unis, à la fois sur le front et dans l’imaginaire collectif.
Pendant que les hommes sont mobilisés au front, les femmes prennent leur place dans les espaces professionnels, notamment dans les usines et les services, gagnant ainsi une indépendance économique et sociale. À l’arrière, elles deviennent un pilier fondamental de la société. Cet engagement marque une évolution des comics et féminisme, mettant en lumière leur rôle actif dans une période de bouleversements.
Pour encourager les femmes à participer à l’effort de guerre, les États-Unis lancent une propagande qui célèbre leur contribution. Parmi les symboles marquants, l’affiche réalisée par le photographe John Howard Miller, intitulée « We Can Do It ! » (On peut le faire !), montre une femme brandissant son biceps avec détermination. Ce personnage, connu sous le nom de Rosie la riveteuse, incarne la force et la résilience féminine, et s’inspire de Naomi Parker Fraley, ouvrière devenue un emblème de l’époque. Cette image a également influencé les comics et féminisme en popularisant des figures féminines fortes.
Dans les comics de la Seconde Guerre mondiale, les femmes commencent à être mises en avant, notamment pour leur contribution dans divers secteurs professionnels. Cependant, leur rôle reste souvent limité à celui de compagnes ou épouses des héros masculins, principalement dédiées à les soutenir. Cette représentation reflète les mentalités de l’époque, tout en ouvrant une porte à de nouvelles perspectives pour les comics et féminisme

Dans les années 1940 : Wonder Woman, les débuts pleins de promesses
Si les spécialistes s’accordent à dire que Superman est le premier super-héros masculin moderne, apparu dans Action Comics #1 en 1938 sous la plume de Jerry Siegel et Joe Shuster, la création d’une super-héroïne est une histoire plus complexe. Avant l’arrivée de Wonder Woman, des tentatives comme Sheena, Reine de la Jungle, The Mighty Woman, Lady Luck, Amazonia, ou encore Fantomah ont vu le jour, mais aucune n’a eu l’impact de Superman. Ce contraste souligne un déséquilibre initial dans les comics et féminisme, où les personnages féminins peinaient à s’imposer dans un univers dominé par les figures masculines.
Il faut attendre 1941 pour qu’une véritable super-héroïne marque les esprits : Wonder Woman, créée par le psychologue William Moulton Marston, apparaît pour la première fois dans le numéro 8 de All-Star Comics. Issue d’une île isolée des hommes, où échoue un aviateur américain, Wonder Woman est une princesse Amazone redoutable, utilisant ses super-pouvoirs et des technologies avancées pour vaincre ses ennemis. Cette publication, coïncidant avec l’attaque de Pearl Harbor, suscite un engouement considérable et marque une étape importante dans l’histoire des comics et féminisme en proposant une figure féminine forte et emblématique.
Marston, professeur à Harvard, passionné par la philosophie, l’histoire et la psychologie, a conçu Wonder Woman comme un symbole féministe. Inspiré par l’Antiquité et sa fascination pour la vérité — il est l’inventeur du détecteur de mensonge, précurseur du lasso magique de Wonder Woman — il voulait combattre l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes. Le communiqué de presse de l’époque est explicite : « Wonder Woman a été conçue pour promouvoir un modèle de féminité forte, libre et courageuse, inspirant confiance et réussite dans les sports, les activités et les métiers traditionnellement réservés aux hommes. » Cette initiative place Wonder Woman au cœur des discussions sur les comics et féminisme.
L’engagement féministe de Marston trouve ses racines dans sa vie personnelle : il partageait son existence avec deux féministes militantes, Elisabeth Holloway et Olive Byrne, à une époque où le mouvement des suffragettes battait son plein. La lecture des œuvres de Margaret Sanger, notamment Women and the New Race, lui a inspiré l’idée de Wonder Woman. L’essayiste Jill Lepore explore brillamment cette genèse dans son ouvrage The Secret History of Wonder Woman, mettant en lumière l’intersection entre les comics et féminisme dans la création de ce personnage.
En 1942, Wonder Woman fait ses débuts au sein de la Société de Justice d’Amérique, sous la plume du scénariste Gardner Fox. Toutefois, elle y passe rapidement du statut de super-héroïne à celui de secrétaire, une rétrogradation révélatrice des tensions entre l’idéologie féministe de Marston et les normes de l’époque. Malgré cela, sous la direction de Marston, Wonder Woman explore des thématiques féministes audacieuses, de la lutte pour le pouvoir politique au contrôle des naissances. Elle incarne même la présidence des États-Unis dans certaines aventures. Sa période de gloire s’achève cependant avec la mort de son créateur en 1947, marquant un tournant dans l’histoire des comics et féminisme, et laissant un héritage durable en matière de représentation féminine.
Des années 1950 aux années 1960 : la fiction rattrapée par la réalité
À la fin de la guerre, la société tente de réinstaurer des valeurs traditionnelles en encourageant les femmes à quitter leurs nouveaux rôles professionnels pour retourner à des fonctions plus conformes à l’idéal d’avant-guerre. Cependant, en réaction à cette tendance, des personnages féminins refusant de se soumettre à ces normes commencent à émerger dans les comics et féminisme, incarnant une volonté de défier le statu quo et de proposer des figures de femmes plus indépendantes et audacieuses.
Lorsque les équipes créatives reprennent le personnage de Wonder Woman, elles cherchent à l’ »assainir », la jugeant trop sulfureuse et provocante. Elle se voit assignée des emplois plus féminins et stéréotypés, comme baby-sitter, modèle, et toujours secrétaire de Steve Trevor. Son désir croissant de fonder une famille avec Steve la rapproche davantage de l’archétype de la femme au foyer, aligné sur les attentes sociales de l’Amérique d’après-guerre. Ce recul dans la représentation de Wonder Woman illustre un tournant problématique dans l’histoire des comics et féminisme, où des figures féminines fortes sont souvent réduites à des rôles traditionnels.
Les personnages féminins des années 1940 et 1950 reflètent ces stéréotypes, notamment dans leurs activités en dehors de leur costume. Chez DC Comics, Catwoman, introduite en 1940 dans Batman #1, devient un personnage emblématique oscillant entre méchante et anti-héroïne, notamment grâce à sa relation complexe avec Bruce Wayne. Cependant, lorsqu’elle abandonne son identité de Catwoman pour redevenir Selina Kyle, elle est reléguée à des métiers stéréotypés comme hôtesse de l’air, gérante d’un magasin animalier, ou esthéticienne. Bien que Catwoman soit une figure forte dans son costume de voleuse, cette puissance s’efface souvent dans sa vie civile. Cette dualité met en lumière les tensions entre les représentations héroïques et les attentes sociétales dans les comics et féminisme.
En 1954, l’instauration de la Comics Code Authority, fortement influencée par le psychiatre Fredric Wertham et son livre Seduction of the Innocent, marque un tournant majeur dans l’industrie. Accusant les comics d’encourager la violence et la perversion chez les jeunes, ce mouvement conduit à une réglementation stricte qui aseptise drastiquement les contenus. Cette période voit disparaître non seulement la représentation de la sexualité et de la nudité, mais aussi une grande partie des thématiques féministes. Les comics et féminisme subissent alors un coup d’arrêt significatif, entravant temporairement les progrès réalisés dans la représentation des femmes.
Voici l’une des nouvelles règles instaurées chez DC Comics après l’arrivée du Comics Code : « L’intégration de femmes dans les histoires est particulièrement déconseillée. Les femmes, lorsqu’elles sont utilisées dans des intrigues, devraient avoir une importance secondaire et être dessinées de manière réaliste, sans exagération des atouts physiques féminins. » Le résultat est sans appel : la majorité des personnages féminins sont relégués au rôle de petites amies des héros pendant plus d’une décennie. Lois Lane pour Superman, Iris West pour Flash, Carol Ferris pour Green Lantern, et bien d’autres sont cantonnées à des rôles secondaires. Cette règle souligne les tensions entre les comics et féminisme, freinant les progrès vers une meilleure représentation des femmes.
En 1968, en plein mouvement féministe, Dennis O’Neil, scénariste chez DC Comics, reprend Wonder Woman avec l’ambition de moderniser le personnage et d’en faire une héroïne plus indépendante. O’Neil décide de supprimer ses pouvoirs, attribués à son père Zeus, pour qu’elle réussisse par elle-même. Il remplace également son costume emblématique par des vêtements contemporains et fait d’elle l’élève d’I-Ching, un maître d’arts martiaux. Cependant, cette nouvelle version de Diana est critiquée par les féministes, car son indépendance est remise en question par la présence d’un mentor masculin. O’Neil reconnaîtra plus tard avoir mal géré cette évolution. Cet épisode illustre bien les difficultés d’équilibrer innovation et attentes sociétales dans l’univers des comics et féminisme.
À contre-courant de DC Comics, Atlas Comics, futur Marvel Comics, se distingue en introduisant de nouveaux personnages féminins. Dans The Fantastic Four, Susan Storm, alias Invisible Girl, devient l’un des premiers exemples de super-héroïnes modernes chez Marvel. Ce choix marque une avancée notable pour les comics et féminisme, même si les personnages féminins restent encore minoritaires dans l’univers des super-héros.
Des années 1970 aux années 1980 : la décennie des contre-attaques
Les années 1850-1950 ont marqué la première vague féministe, centrée sur des revendications comme le droit de vote et le droit au travail. Les années 1960-1970, en revanche, marquent la seconde vague féministe, axée sur la liberté des femmes à disposer de leur corps, que ce soit par l’habillement, l’avortement, la contraception ou la sexualité, tout en contestant ouvertement le machisme ambiant. Cette évolution sociétale se reflète également dans les comics et féminisme, où ces luttes influencent la représentation des femmes dans la bande dessinée.
Dans les années 1970, les mouvements féministes ont un impact significatif sur l’univers des comics, entraînant l’émergence de nombreuses super-héroïnes. Cependant, certaines représentations restent caricaturales, comme Thundra, la « haïsseuse d’hommes », ou Man-Killer, une parodie féministe volontairement exagérée. Ces personnages mettent en lumière les tensions entre une réelle volonté d’inclusion et des stéréotypes encore bien ancrés dans les comics et féminisme, qui peinent parfois à dépasser les clichés.
Une lueur d’optimisme apparaît néanmoins avec les comics underground, notamment en 1970 avec la publication du one-shot It Ain’t Me, Babe. Cette œuvre rassemble des personnages féminins issus de divers éditeurs et est publiée par The Women’s Liberation Basement Press. Elle donne naissance à l’anthologie Wimmen’s Comix (1972-1992), exclusivement réalisée par des artistes féminines. Ces œuvres explorent les problématiques des femmes de l’époque et abordent sans détour des sujets controversés, offrant un espace de liberté inédit dans les comics et féminisme.
En 1973, Wonder Woman récupère ses pouvoirs et son costume, grâce à son apparition un an plus tôt sur la couverture du magazine Ms., dirigé par Gloria Steinem, une figure majeure du féminisme des années 1960. Cette renaissance de Wonder Woman incarne un moment clé des comics et féminisme, réaffirmant son statut de symbole féministe tout en réhabilitant sa puissance et son indépendance.
Parallèlement, Marvel enrichit son univers en introduisant des personnages féminins noirs comme Misty Knight, Claire Temple et Ororo Munroe (Tornade). Ces héroïnes incarnent des femmes fortes et indépendantes : Misty possède un bras bionique, Claire est docteure, et Tornade contrôle le climat. Elles marquent une avancée importante dans les comics et féminisme, en offrant une représentation plus diversifiée à une époque où Marvel avait déjà introduit des héros noirs masculins comme Sam Wilson (le Faucon) et Black Panther. Ces personnages féminins enrichissent l’univers des comics en brisant les frontières de genre.
L’intégration de personnages noirs dans les comics s’inscrit dans un contexte historique marqué par la fin officielle de la ségrégation aux États-Unis en 1964, l’indépendance de plusieurs pays africains et la poursuite des luttes pour les droits civiques. Angela Davis, figure emblématique de ces mouvements, critique alors l’absence de soutien à la cause des femmes dans certains combats pour les droits des Noirs. Ces dynamiques influencent également les comics et féminisme, en poussant les éditeurs à introduire des personnages reflétant une société en mutation.
Le personnage de Carol Danvers illustre bien les tentatives maladroites des grands éditeurs de donner une place aux personnages féminins dans cet univers. Introduite par Marvel en 1968 comme pilote de l’armée américaine sans super-pouvoirs, elle subit une transformation majeure en 1977, en pleine montée du mouvement féministe. À la suite d’une explosion d’un engin Kree, elle devient un hybride humaine/Kree doté de super-pouvoirs et adopte le nom symbolique de Ms. Marvel. Elle travaille alors comme éditrice pour Women Magazine, un clin d’œil évident à Ms. Magazine, qui avait également mis Wonder Woman en couverture. Ces éléments témoignent d’un effort pour intégrer les luttes féministes dans les comics et féminisme.
Malgré ces avancées, des erreurs viennent ternir ces efforts. Une controverse éclate autour d’une intrigue impliquant Carol Danvers, souvent associée à une histoire de viol. Elle est enlevée par un personnage nommé Marcus, emmenée dans une dimension parallèle, les Limbes, et tombe enceinte de lui sous manipulation. De retour sur Terre, elle accouche d’un enfant qui grandit rapidement avant de repartir dans les Limbes.
Ce récit, clairement présenté comme un acte non consenti, a suscité de vives critiques. Le scénariste Chris Claremont expliquera plus tard que cette intrigue résulte du refus de Marvel de permettre à Carol de devenir une mère célibataire « normale »; Cette polémique illustre les tensions entre progrès et maladresses dans l’évolution des comics et féminisme, où les représentations féminines doivent encore surmonter des stéréotypes profondément enracinés.
Marvel et les années 1980 : le théâtre de l'émancipation de deux personnages féminins
Malgré le faux pas mentionné, Chris Claremont s’impose comme l’un des principaux artisans de l’émancipation des personnages féminins dans les comics et féminisme des années 1980, notamment au sein de la franchise Uncanny X-Men. Sous sa plume, les héroïnes prennent une nouvelle envergure : Jean Grey passe de Marvel Girl à Phoenix, tandis que Lorna Dane devient Polaris. De nouveaux pouvoirs, costumes et rôles viennent enrichir des personnages comme Storm, Kitty Pryde, Emma Frost, Psylocke, Rogue, Rachel Summers, et bien d’autres. Les X-Men deviennent un espace où les femmes brillent par leur force et leur complexité, un véritable tournant pour les comics et féminisme.
Les années 1980 marquent également l’émancipation de deux figures féminines majeures de l’univers Marvel : Susan Storm (la Femme Invisible) et Janet van Dyne (la Guêpe). Bien qu’elles soient présentes depuis les années 1960, elles avaient souvent été reléguées à des rôles secondaires dans leurs équipes respectives, les Quatre Fantastiques et les Avengers. Ces évolutions témoignent d’une volonté de réévaluer la place des personnages féminins dans les comics et féminisme, en leur offrant davantage de profondeur et d’autonomie.
Susan Storm, initialement cantonnée au stéréotype de la femme en détresse et à son rôle d’épouse et mère, connaît une transformation notable dans les années 1980. Son pouvoir s’intensifie, et elle prend même brièvement la tête des Quatre Fantastiques. Il est intéressant de souligner que la première super-héroïne de l’univers Marvel était invisible, un détail révélateur des tensions entre visibilité et représentation dans les comics et féminisme. Avec cette évolution, Susan devient un symbole de puissance et de leadership, rompant avec les clichés de ses débuts.
Janet van Dyne, la Guêpe, incarne elle aussi un parcours d’émancipation. Unique femme parmi les membres fondateurs des Avengers, elle était initialement décrite comme superficielle, centrée sur son apparence et ses relations amoureuses, notamment avec Henry Pym. Au fil des années, Janet gagne en profondeur et assume le rôle de leader des Avengers. Pourtant, son apparence physique reste significative : elle est rarement représentée sous sa forme géante, mais presque exclusivement dans sa forme miniature de Guêpe. Ce détail illustre une forme de limitation symbolique encore présente dans les comics et féminisme, malgré les progrès réalisés.
De 1990 à nos jours : modernité et diversité
La troisième vague féministe, apparue dans les années 1990, s’est concentrée sur les luttes des groupes minoritaires, incluant les minorités ethniques et religieuses, les prostituées, les femmes fortes, ainsi que les personnes homosexuelles et transgenres. Cette période marque une ouverture vers une représentation féminine plus diversifiée, en écho aux avancées sociétales comme la légalisation du mariage homosexuel. Dans le cadre des comics et féminisme, cette évolution se traduit par l’introduction de personnages homosexuels, apportant une diversité plus authentique à cet univers.
Depuis les années 2000, des héroïnes homosexuelles ont commencé à apparaître dans les publications de DC Comics, avec des figures comme Batwoman et Anissa Pierce, la fille aînée de Black Lightning. Cependant, cette période est également marquée par des controverses, notamment la mort brutale de Stephanie Brown lors du crossover War Games en 1999. Cet événement devient un symbole du mauvais traitement réservé aux personnages féminins, soulignant les problématiques persistantes dans les comics et féminisme.
C’est dans ce contexte que Gail Simone, future scénariste renommée, lance le site Women in Refrigerators. Ce projet, d’abord une simple chronique en ligne, vise à répertorier les nombreuses morts de personnages féminins, souvent utilisées uniquement pour faire avancer l’intrigue d’un héros masculin. Ce site devient une critique majeure de la manière dont les comics et féminisme interagissent, révélant un schéma problématique dans la narration.
Le titre du site fait référence à l’histoire tragique d’Alex DeWitt dans Green Lantern #54. Petite amie de Kyle Rayner, elle est brutalement assassinée et son corps est placé dans un réfrigérateur, un acte destiné uniquement à traumatiser Kyle et à justifier sa transformation en Green Lantern sérieux. Ce sort, emblématique des tropes problématiques dans les comics et féminisme, illustre comment les personnages féminins sont souvent sacrifiés au profit du développement des personnages masculins.

De nos jours, et depuis les années 2000, l’évolution de la société continue d’influencer la représentation des femmes dans les comics et féminisme. À mesure que les mentalités s’ouvrent et que la diversité gagne en reconnaissance, les héroïnes des comics suivent un chemin similaire. Elles deviennent des symboles de cette transformation, reflétant des changements sociétaux majeurs tout en participant activement à leur diffusion.
En 2006, Batwoman fait son retour sous l’identité de Kate Kane et devient immédiatement une figure emblématique LGBTQ+ chez DC Comics. Ce personnage incarne une évolution significative dans les comics et féminisme, s’imposant comme un porte-drapeau pour les lecteurs en quête de représentations plus inclusives. Cet engagement envers la diversité s’intensifie, notamment avec des relations comme celle d’Harley Quinn et Poison Ivy, dont la popularité, d’abord issue de la série animée, a conduit à leur intégration dans les comics.
La tendance actuelle met également en avant des personnages féminins ciblant un nouveau public féminin, en particulier adolescent et jeune adulte, attiré par les comics et féminisme. On observe ainsi l’émergence de jeunes héroïnes reprenant parfois le flambeau des héros masculins, comme Ms. Marvel/Kamala Khan, Hawkeye/Kate Bishop, Ironheart, et America Chavez. DC Comics n’est pas en reste, misant sur des versions plus jeunes et modernes de ses personnages phares, comme Harley Quinn, Raven, Catwoman, ou encore des créations originales comme Naomi et Whistle, dans sa nouvelle ligne de romans graphiques Young Adult.
L’univers des super-héros a parcouru un long chemin depuis les années 1940, évoluant en parallèle des changements sociétaux et jouant parfois un rôle précurseur dans la révolution des mœurs. Dans les comics et féminisme, cette évolution promet de se poursuivre, avec l’apparition de super-héros et super-héroïnes représentant l’humanité dans toute sa diversité. Cette progression, bien qu’inégale, reflète une volonté croissante de rendre cet univers accessible et inclusif.
Statistiquement, la progression des femmes dans les comics est notable. En août 2014, sur 247 comics publiés, 45 % incluaient un protagoniste féminin agissant seul ou en équipe. Parmi ces œuvres : 56 % mettaient en avant un personnage masculin, 18 % un personnage féminin, et 27 % des équipes mixtes. Bien que les femmes soient davantage représentées aujourd’hui (45 % contre 25 % à l’époque des Comic Strips), elles restent minoritaires par rapport aux hommes. Une analyse approfondie révèle que cette progression est surtout due à la montée en importance des équipes mixtes, témoignant des efforts des comics et féminisme pour refléter une diversité plus équilibrée.