Léonore de Roquefeuil, la co-fondatrice de Voxe, a innové avec une approche unique pour informer rapidement et efficacement son public.
Voxe est une newsletter matinale, envoyée tous les jours à 6h30, qui résume l’actualité en cinq minutes. L’objectif de Voxe est de fournir une information accessible, rapide, divertissante, rigoureuse, et non stressante.
C’est pourquoi vous la retrouvez dans cette rubrique Numérique de la Féministhèque.
Source principale : “[SPOTLIGHT#15] Voxe – Le média info qui booste avec Léonore de Roquefeuil” du podcast J’peux Pas J’ai Business par TheBBoost.
Quel est le business model de VOXE ?
La newsletter Voxe
La cible principale de la newsletter Voxe est la femme millénaire active, née entre les années 1980 et 2000, âgée de 25 à 45 ans. Cette lectrice, souvent pressée, en a assez des actualités déprimantes et cherche des informations motivantes et pertinentes pour progresser dans sa vie.
La construction de cette newsletter quotidienne repose sur deux piliers principaux :
- Une partie informative : fournir des informations essentielles pour briller dans le milieu professionnel et avoir des conversations intelligentes.
- Une orientation vers des décisions éclairées : aider les lectrices à prendre des décisions judicieuses au quotidien, augmenter leur indépendance et liberté.
Cette partie met l’accent sur l’autonomie financière, expliquant comment l’actualité peut influencer la vie personnelle et les finances, par exemple les taux de crédit pour l’achat d’un appartement ou l’évolution des livrets d’épargne face à l’inflation.
La mission de Voxe est de créer une génération de femmes puissantes. C’est pourquoi la newsletter Voxe est une quotidienne gratuite, offrant un condensé essentiel pour rester informé sans investir beaucoup de temps.
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Le média école
Le modèle économique de la newsletter Voxe repose sur deux axes principaux :
- D’abord, Voxe se définit comme un média-école, avec la newsletter servant de produit phare pour la diffusion d’informations.
- Ensuite, Voxe se concentre sur l’offre de formations.
Léonore et son équipe ont innové en créant la première école pour enseigner ce qui n’est généralement pas appris à l’école.
Les programmes de formation, d’une durée de trois mois à un an, sont axés sur le renforcement des compétences professionnelles, la gestion financière et l’amélioration des relations interpersonnelles.
Ces formations en ligne, complétées par un accès à une bibliothèque de ressources et une cafétéria virtuelle pour l’échange entre élèves, visent à offrir une forme de micro-empowerment, avec un défi hebdomadaire qui prend moins de cinq minutes.
Un exemple concret est l’encouragement à discuter de salaire pour briser les tabous autour de l’argent, préparant ainsi les élèves pour des entretiens annuels.
Ce service est payant et vendu soit en tant que formation complète, soit en cours du soir pour celles et ceux qui ne peuvent pas rejoindre l’école, elles achètent le cours.
La stratégie B2B de la newsletter Voxe
La newsletter Voxe génère des revenus grâce à la publicité, avec une à trois annonces par jour.
Avec leur régie publicitaire interne, elles ciblent deux types d’entreprises : les jeunes TPE/PME qui visent un public de jeunes professionnelles conscientes et urbaines désireuses d’avoir un impact social, et des entreprises plus importantes.
Pour les jeunes entreprises, la publicité sur leur plateforme représente souvent leur première dépense publicitaire, avec un budget limité. Pour elles, il est essentiel que la newsletter reste gratuite.
Elles ont identifié que l‘accès à l’information est souvent un obstacle, surtout pour les femmes qui sont moins enclines à payer pour l’information.
En effet, si on examine la presse traditionnelle, comme Le Monde, L’Express, ou Le Figaro, on remarque que 60 à 70 % du lectorat est masculin, montrant un certain désintérêt des femmes. Leur mission est donc de fournir une information accessible à un large public.
L’évolution de la newsletter Voxe
La naissance de la newsletter Voxe
Léonore de Roquefeuil a une solide expérience de dix ans dans les médias, ayant travaillé sur divers sujets tels que les élections, la participation électorale des jeunes et l’information politique en général.
En 2019, elle a constaté que, bien que les femmes de son entourage soient intelligentes, très instruites et engagées, elles étaient largement absentes des événements politiques, où la majorité des participants et des intervenants étaient des hommes.
Cette observation l’a amenée à reconnaître un « trou dans la raquette » en termes de représentativité féminine.
Cette prise de conscience l’a poussée à se renseigner davantage et elle a découvert un véritable fossé informationnel entre les sexes : les hommes étaient majoritaires dans la consommation d’actualités.
Cependant, à cette époque elle travaillait sur son chatbot politique (Voxebot) pour les jeunes et elle a remarqué que 70% de celles qui utilisaient leur service une fois par semaine étaient des femmes, ce qui a souligné une exception dans la tendance générale.
Une étude de huit semaines menée auprès de 500 femmes engagées a révélé un besoin criant d’informations et de ressources pour les aider à se sentir plus puissantes et sereines dans leur vie d’adulte.
C’est ainsi que la newsletter Voxe a été conçue, avec l’objectif de combler ce manque.
La croissance de la newsletter Voxe
Leonore a voulu créer un produit qui lui parle personnellement et qui résonne également avec ses amies. À la trentaine, elle a observé un impact significatif de la maternité sur la carrière des femmes, un phénomène également étudié par la lauréate du prix Nobel, Goldin.
Consciente de l’importance de cette décennie dans la vie d’une femme, tant pour la retraite, la carrière que l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, Leonore a senti l’urgence d’outiller les femmes pour qu’elles puissent prospérer selon leurs propres termes, non seulement aujourd’hui, mais aussi à l’avenir.
Avec plus de 62 000 abonnées (chiffres de février 2024), la newsletter Voxe affiche une audience majoritairement féminine, avec 92% de femmes et 8% d’hommes.
Elles ont opté pour une communication majoritairement au féminin, reflétant la prédominance de leur lectorat féminin.
Cette approche a parfois surpris certains abonnés masculins, qui n’avaient pas immédiatement réalisé l’orientation féminine du contenu.
La newsletter Voxe privilégie un langage épicène plutôt que le point médian pour faciliter la lecture, une stratégie qui semble naturellement embrasser tous les lecteurs, sans distinction de genre.
Le succès de la newsletter Voxe
Léonore et son équipe attribuent leur succès grâce au travail approfondi réalisé avec leur audience. Elles ont élaboré huit questionnaires détaillés pour mieux comprendre leurs abonnées et n’ont jamais cessé de solliciter des retours quotidiens sur leur contenu.
Deux fois par an, elles réalisent également une étude exhaustive de leur audience pour s’assurer de répondre à ses besoins.
Elles sont particulièrement fières que 60% de leur lectorat les considère comme leur principale source d’information, et que 35% de leurs abonnées déclarent avoir effectué des changements dans leur vie grâce à la newsletter Voxe.
Elles admettent ouvertement leurs erreurs et demandent activement des feedbacks, recevant parfois jusqu’à 900 retours sur une seule newsletter. Leur volonté de prendre en compte les retours et de s’améliorer continuellement est un élément clé de leur réussite.
Elles accueillent même les erreurs avec humour, soulignant l’importance de la confiance et de la proximité avec leur audience, des qualités qu’elles estiment manquer dans les médias traditionnels.
Dans un contexte où la confiance dans les médias est en baisse, Voxe s’engage à apporter une nouvelle perspective et à faire les choses différemment, en restant toujours ouvertes et accessibles à leur lectorat.
Les conseils de Léonore de Roquefeuil
Se faire kiffer
Avec le recul, Léonore considère que la plus grande erreur commise dans le développement de la newsletter Voxe a été de se concentrer exclusivement sur leur produit, surtout durant l’année 2020, marquée par la pandémie de COVID-19.
Cette période a offert une opportunité unique de se focaliser sur les besoins de leur public, qui passait beaucoup de temps en ligne. Cependant, elle admet qu’il a été difficile de sortir de cette dynamique.
Elle pense qu’il aurait été bénéfique de chercher l’inspiration ailleurs, de s’ouvrir davantage en discutant avec des concurrents, en participant à des événements non directement liés à leur domaine, et en établissant des partenariats variés, y compris ceux qui semblaient ne pas apporter de bénéfices immédiats.
Ce n’est qu’en 2023 qu’elles ont commencé à explorer ces opportunités, en autorisant des écarts par rapport à leur ligne éditoriale habituelle et en ne se focalisant pas uniquement sur les désirs explicites de leur audience.
Se faire confiance
Elles ont lancé un Prix des lectrices Voxe, un projet qu’elles souhaitaient réaliser depuis deux ans mais hésitaient, craignant qu’il ne corresponde pas aux attentes directes de leur lectorat abonné.
Elle cite l’exemple de la demande de voitures plus rapides plutôt que de chevaux plus rapides pour illustrer la nécessité de dépasser les attentes conventionnelles.
Léonore reconnaît également les limites d’une communication qui se limite aux boîtes mail, soulignant qu’une interaction plus directe et visible peut être bénéfique.
Elle envisage l’importance de se faire confiance en tant que cheffe d’entreprise, en ne se concentrant pas uniquement sur son audience.
Elle mise sur son intuition, sa créativité et son innovation, en espérant que son audience la suive dans cette démarche.
Sortir de sa zone de confort
Au sein de VOXE, Léonore forme une équipe très créative, notamment avec sa co-fondatrice Charlotte Richard, rédactrice en chef.
Elles échangent régulièrement des idées, souvent spontanées et amusantes, pour des opérations éclair. Par exemple, pour le 8 mars, elles ont lancé une bibliothèque féministe en partageant leurs livres préférés et en encourageant les lectrices à les transmettre à une amie.
Ces initiatives, bien que ponctuelles, ne transforment pas nécessairement leur business de façon radicale.
Léonore souligne la nécessité de s’autoriser à réaliser des projets qui semblent n’avoir aucun but immédiat, suivant la règle du plaisir.
Elle croit qu’en sortant de sa zone de confort, elle peut trouver des idées novatrices qui contribuent à la différenciation de VOXE.
Elle reconnaît que pour chaque idée brillante, plusieurs autres peuvent s’avérer moins réussies, mais l’important est de les tester.
À propos des citations qui l’inspirent, elle cite « Less is more » (moins c’est mieux), une approche qui guide leur création de contenu.
L’idée est de condenser, de simplifier, en tenant compte de l’overload d’informations auquel les gens sont confrontés.
POUR CONCLURE CET ARTICLE SUR "LA NEWSLETTER VOXE"
Une autre citation qui a marqué Léonore de Roquefeuil est « Drown the puppy » (noyer le chiot), apprise lors d’une formation à Cambridge sur l’entrepreneuriat.
Cette métaphore suggère qu’il faut savoir abandonner les idées qui, bien qu’attrayantes, ne sont pas efficaces ou bénéfiques pour l’entreprise.
En parlant d’idées, qu’avez-vous pensé de cet article ? Êtes-vous abonné.e à la newsletter Voxe ? Si oui, n’hésitez pas à partager vos avis en commentaires !